Coup de cœur de Nicolas LE GOLVAN pour J’étais dans la foule de Laura TIRANDAZ
DISSONANCES #49
Making of & spoiler de cette chronique.
Je rêvais de chroniquer un livre que je n’aurais pas encore lu, un livre les yeux fermés, d’un bleu prémonitoire, gouttelé ou vérolé au tout premier abord, fantasmé à l’instinct. Je rêvais ni plus ni moins de découvrir à mesure Mon livre : y « coudre ma main / Que je ne puisse plus m’en détacher / et tomber dans le vide ». Je rêvais de lancer en l’air et au petit bonheur les bulles ineptes de l’imposture littéraire, convaincu que, une fois crevées, elles seraient vives de moi : « Elle a ce visage / qu’on a une fois le rideau tiré », narratives, symbiotiques : « Qu’est-ce qu’un corps sans une petite morsure ? ». Je rêvais la chance de ce grand bonheur d’une rencontre les mains libres !
M’y coller d’abord distrait : « Toutes ces minutes / J’écoutais le bruit de ma pluie / J’habitais une étrangère », comme on fréquente, comme on se croise dans la foule, « sentir cette odeur dessous les bras », puis m’y fondre éperdument : « Je n’ai rien gardé d’autre / que quelques terreurs / et le goût des portes qui fermaient mal », amoureux !
Finalement, n’y lire d’autre main que la mienne : « Il faudrait dire quelque chose des pas / Trop harmonieux / pour ne pas être une menace / Les flèches changent souvent de cible » et m’aimer tout en lui, perdu comme dans cette foule, et en danger sûrement : « Ils sortent de la grotte nus / rêvant d’autres naissances ».
Je rêvais d’être un critique (in)digne, quoi : laisser seul ce texte briller dur, jusqu’à la guerre : « Régner sur des vies qu’une phrase peut éteindre ».
Lecteur quand même…
éd. Héros-Limite, 2025
72 pages4
16 €