Coup-de-cœur d’Antoinette BOIS DE CHESNE pour Un hamster à l’école de Nathalie QUINTANE
DISSONANCES #45
Avouer d’emblée le plaisir rare et infiniment jubilatoire procuré par Un hamster à l’école. Avouer, oui, car on a toutes et tous été élèves à défaut d’être profs, et parfois les deux : « 53 ans que, élève, étudiante, enseignante, je suis dans l’Éducation nationale » précise l’autrice en 4ème de couv.
Cette exploration et ce démontage en règle des rouages qui font tourner la roue du hamster (« C’est en tant que hamster que j’ai pu tenir aussi longtemps dans ce contexte parce que je fais tourner très vite la roue et que je / [suis /extrêmement concentrée sur l’effet d’optique que produit la vitesse au niveau des rayons ») et celle de l’institution (« L’institution, pour moi, ç’a longtemps été une / [bobine : /tu la fais rouler sous un meuble, et comme ça elle existe pas ») et, par rebonds, celle de la société (« on parlait pas encore de / [« compétence » / ni d’« évaluation » – il aura fallu que les mots de l’entreprise pénètrent bien profondément toute la société pour qu’elle nous les refilent comme on refile la chtouille ») provoquent au fil de la lecture un sentiment bien particulier qui pourrait se traduire par un « je le savais ! » vengeur.
Égrenées en 48 brefs chapitres, les absurdités et incohérences du Mammouth (estrade ou pas estrade, oraux (du brevet, du bac, de l’agrég), mythes (« la 4e c’est la pire »), classes Segpa et j’en passe) sont pointées avec une gouaille et une férocité amusées, portées par une voix singulière et syncopée qui parle à l’oreille, qui fait confidence ou s’exclame, qui s’étonne et détonne, démonte la syntaxe et laisse couler une oralité vive et fraîche, bien loin du morne des cours carrées.
éd. La fabrique, 2020
198 pages
13 €