Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Sorcières de Julie PROUST-TANGUY
DISSONANCES #30
L’auteure nous avait déjà régalés de Pirates. Elle nous offre cette fois-ci une somme d’érudition, un travail de plusieurs années, une immersion totale dans tous les documents disponibles. Julie Proust-Tanguy a fait le voyage jusqu’au musée de Rothenburg pour une série de photographies (chaise de torture et autres joyeusetés) : marque de son implication… Ovide, Virgile, Bosch, Hugo, Walt Disney, Voltaire, Balzac, Blake, Baudelaire, les Rita Mitsouko, le Marteau des sorcières et pas moins de trois cents autres références (mon affection allant particulièrement à Jules Michelet qui fut le premier à réhabiliter (tardivement) la sorcière : je passe commande d’un de ses livres) : Julie Proust-Tanguy vous donnera envie d’aller plus loin parce qu’elle sait rendre merveilleusement euphorisante sa passion pour le littéraire et que l’iconographie (très riche) est superbe. Ainsi, grâce à de larges extraits d’œuvres littéraires ou historiques et des apports cinématographiques nombreux – entre autres sources – on découvre que la sorcière est le bouc émissaire d’une époque lointaine (mais nous avons les nôtres) et que les persécutions et atrocités commises sur elle nous parlent de notre société (et des hommes) confrontée à la peur de ses désirs : la sorcière n’est autre que la première des féministes. Ce livre devient en creux une boîte à outils pour la femme qui souhaite comprendre son parcours et accéder à l’émancipation. Aux hommes (la honte d’en être un nous a submergé à la lecture de certains passages du livre) de les aimer davantage et plus follement.
éd. Les Moutons électriques, 2015
244 pages
23 euros