Hélène BAUTISTA a illustré DISSONANCES #36 (thème : LA VÉRITÉ)
Née à Rodez en 1974, Hélène Bautista a grandi à Toulouse en gribouillant – depuis toujours – dans les marges. Nourrie de Gustave Doré, Honoré Daumier, Félix Vallotton, elle s’est formée à la gravure sur cuivre et aux techniques d’illustration-narration puis son amour des livres l’a très vite poussée à explorer les potentialités de l’édition. Cela dit, même si aujourd’hui ses gravures sèchent sur des étendoirs fixés à sa bibliothèque, elle ne souhaite pas que ses images illustrent de manière littérale. Des contrastes intenses, des lumières tranchées, incisives, découpent la page. L’ombre semble rafler les volumes mais ces derniers émergent grâce aux jeux d’éclairages. Inscrite dans la page, la marge joue avec l’image puis finit par l’intégrer : l’aplat noir de l’encre s’ajuste en fonction de celui, blanc, qui circonscrit le sujet tout en le révélant et c’est ce jeu qui permet au spectateur d’imaginer l’avant et l’après de l’image qu’il a sous les yeux. C’est par la suggestion que l’imaginaire fonctionne et réagit à ces atmosphères à la fois inquiétantes et familières : le spectateur n’est plus confronté à une seule image mais à une succession de plans imaginaires. Se ferait-il un film ? Peut-être, mais c’est le sien.
Hélène Bautista prend quant à elle autant de plaisir à appliquer les techniques très particulières de la gravure (toujours penser en négatif (manipuler gouges et pointes de manière à ce que la forme émerge du vide), encrer, essuyer, humer les encres et solvants, écouter la matière qui s’en va, voir l’image devenir elle-même) qu’à suggérer par des éléments narratifs attentivement dosés et inviter à enquêter dans et au-delà de l’image, l’équilibre du noir et du blanc naissant au coeur d’indices graphiques et formels, sur le fil des contrastes, dans la force subtile des contraires.
Hélène BAUTISTA, mai 2019
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