Gisèle BONIN a illustré DISSONANCES #25 (thème LA PEAU)
Les productions graphique et picturale de Gisèle BONIN déclinent l’une comme l’autre avec conviction une démarche de plasticienne aussi sensible et méthodique que conceptuelle […]. L’image du corps l’inspire, du corps tel qu’il est de l’extérieur, à vue de peau et de surface si on peut dire, et tel qu’il peut être suggéré par le biais d’un détail ou d’une zone précise. Son travail est figuratif, analogique, d’une précision littérale et presque hyperréaliste par ses moyens. […] Le grain, la coloration quasi monochrome des matières et des effets de colorations translucides ajoutent aux œuvres une aura de radiographies. Tout semble clair ; en réalité, tout est mystérieux. D’autres images, à la fois mentales et corporelles, s’imposent de fait avec l’apparence photographique et par nature inobjective des œuvres. Ces vues sont des agrandissements et ce sont des micromondes humains. Ce sont des sélections et des enveloppes. […] Par ses manipulations plastiques, sa capacité à faire que le regard se méprend allusivement à vouloir départager les deux statuts de la toile et de l’image, le travail de Gisèle BONIN requestionne l’identité foncière des supports d’expression aussi bien matériels qu’immatériels. Elle réinvente une histoire en transposant les surfaces conjointes du support et de l’œuvre en vraies peaux visuelles. Gisèle BONIN fait de l’image une enveloppe diaphane, une présence étendue, un tissu et un territoire presque sans autre objet qu’une apparence visuelle. Et au-delà, une empreinte aérienne.
Alain BOUAZIZ, 2011