Coup-de-coeur de David MARSAC pour Pr’Ose d’Onuma NEMON
DISSONANCES #23
Le sens a-t-il vocation à déserter la littérature ? Onuma Nemon, écrivain sans nom, illustre en l’interrogeant le nom sens dans l’espace texte de la littérature enfin réduite au mot-seconde, au souffle que sa matière déplace, à sa dissolution sportive dans le mouvement sonore d’un texte, par accélération et saturation : « Ces Voix prennent en écharpe l’Histoire des Peuples et des Arts ce qui permet littéralement de les déporter, d’ouvrir l’anecdote en la brisant, d’élargir au plus vaste le propos. » Confrontée à la vitesse, la littérature se déroute du sens tracé, dégonde la phrase de son axe sémantique, pour se jeter dans un hors-champ cosmique : alluvions culturelles, remblai de l’Histoire et lambeaux d’humanité recréent une sorte de phénoménologie de la perception. Élaborées à partir des années 69 comme un Chant Général, ces pr’Oses prennent de vitesse le sens et imposent au lecteur une obturation lente (entendez : une lecture attentive). La littérature devient accident de la circulation d’un sens indéfiniment ajourné, avec « persistance d’un morceau d’histoire dans sa mâchoire […] “J’ouis ! J’ouis ! crie-t-elle, une fois l’oreille nettoyée.” Les deux mains jointes, la boule, Marie (Revoir les dates de l’esprit). »
éd. Urdla, 2012
206 pages
20 euros