Coup-de-cœur de Julie PROUST TANGUY pour Utopia Avenue de David MITCHELL
DISSONANCES #46
Écrire la biographie vibrante d’un groupe rock-folk-psychédélique des années 1960 en le resituant dans l’histoire tumultueuse de la musique (on croisera donc, le plus naturellement du monde, Syd Barrett, Brian Jones, John Lennon, Frank Zappa, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Leonard Cohen, Bob Dylan, Joan Baez…) tout en l’intégrant à un projet romanesque global (puisque l’amoureux de Mitchell pourra faire des liens avec Les mille automnes de Jacob de Zoet et L’âme des horloges)…
Tel est le projet ambitieux que propose Utopia Avenue, fresque immersive qui suit, pas à pas, l’essor d’un groupe à la carrière de météore : rencontres entre les membres, composition de chansons, enregistrements, concerts, rapports avec le public, les médias et les labels, découverte de la drogue, influence de la géopolitique (la guerre du Vietnam, la ségrégation, mai 1968…) ou de la vie privée (la schizophrénie, l’homosexualité, la paternité, l’amour libre, le deuil, la filiation…) sur la musique…
Mitchell décrit avec passion et minutie l’évolution de ce quatuor tout droit sorti des Swinging Sixties londoniennes, et ce pour le plus grand bonheur des amoureux du rock, qui finiront ce délectable page-turner avec une monstrueuse envie de réécouter une grande partie de leur musicothèque et le regret dévorant de ne pouvoir écouter les compositions, si finement décrites, de ce groupe utopique, qui répond si intensément à la question : « Qu’obtient-on en croisant un jeune bassiste en colère, une doyenne de la scène folk, un demi-dieu de la Stratocaster et un batteur jazz ? »
traduit de l’anglais par Nicolas RICHARD
éd. du Rocher, 2022
750 pages
25 €