Coup-de-coeur d’Alban ORSINI pour La vieille au buisson de roses de Lionel-Édouard MARTIN
DISSONANCES #20
La Vieille au Buisson de Roses conte l’histoire de trois solitudes rurales : celle de la Vieille, personnage haut en couleurs, indubitable écho des aînées respectées, résurgence de ces recluses acariâtres et bigotes dont on se souvient si bien, celle du Comte, richissime isolé de terres immenses métronomiquement rappelées au klaxon complice du facteur, figure emblématique et mystérieuse d’une campagne désertée, celle du cabot galeux et malaimé Diurc, un chien qui a l’étrange faculté de chanter la messe en latin et d’importuner son petit monde. Entremêlé de chats que l’on noie, de volailles que l’on déplume et que l’on bout sur le devant de la porte, de lampes à pétrole chéries comme des saintes, le livre se déploie dans toute sa mesure non plus dans l’histoire seule mais dans la langue même, et au-delà, par la langue et pour la langue. Qu’il s’agisse des réflexions sur le pourquoi du langage, sur le pouvoir des objets à raconter l’histoire, du talent érudit de Lionel-Edouard Martin à choisir le mot juste, tout contribue dans ce roman à faire de l’écrit un plaisir gourmand tant tout y coule admirablement : à recommander chaudement.
éd. Le Vampire Actif, 2010
204 pages
Prix : 15€