Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Quelque chose de l’ordre de l’espèce de Guillaume LEBRUN
DISSONANCES #21
« Mon avenir pue la classe moyenne ». Texte hybride, entre poésie et flux narratif. Le genre est incertain, l’étiquette se décolle et tant mieux. « Je suis rescapé de ma propre vie, mais ignore sens et pardon, errant metastatique porte sur ses épaule tous les meurtres à venir ». Le père a la haine du juif (présent partout, responsable de tout : « et la radio / et la télé / infestées »). Une ballade ludique & pédagogique avec le fils. Prendre la voiture et en buter un. Il doit payer pour les autres (en attendant le revival des fours) : « tous les matins / heil au soleil / heil au jardin / heil aux poules dans le jardin / et il fallait astiquer les croix gammées qu’il avait récupérées je ne sais où ». Une mère sous cacheton (elle va mieux sous Urbanyl®. « Je parle / je parle mais sous la surface je suis calcinée ». Papa déteste les tapettes, alors face à un trouble devant un beau garçon, se trancher les veines. Ou décrocher le fusil et tuer papa ? Admettre : il a gagné ( ?). Guillaume Lebrun parvient à s’exclure de la masse des productions vite lues vite oubliées. Il y a là un véritable écrivain.
éd. joca seria, 2011
102 pages
15 euros