LABIZZE Souad | Brouillons amoureux

Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Brouillons amoureux de Souad LABIZZE
DISSONANCES #48

Avec ses Brouillons amoureux, Souad Labizze capte en une succession de fragments poétiques la fugacité des instants d’amour, le flux et reflux des sentiments, explorant et entrelaçant désir et perte, rêves et désillusions, attente, séparation. Les métaphores, omniprésentes, sont le moyen d’expression privilégié pour filer les méandres de l’âme humaine, saisir l’intangible, rendre les émotions palpables, visuelles, charnelles : « tes mains sont un bocal / de bonbons moelleux / je suis l’enfant / derrière la vitre ». Par définition inachevé, le brouillon suggère une écriture en gestation, tout comme la relation amoureuse toujours en devenir, en chantier (« tes baisers raccommodent / ma bouche entrouverte / sur l’indicible » ; « ton amour est un atelier / de cordonnier occupé »), en questionnement : « m’attendras-tu dans le rêve / où je te cherche à l’aube / quand le sommeil vient se glisser entre nous ». Alternant entre des tonalités légères et graves, l’autrice porte parfois un regard d’enfant sur l’amour et l’on pense à Prévert dans la simplicité du vocabulaire, le traitement du langage et le choix des images : « je prends par la main / les mots que tu ne dis pas / les emmener en balade / leur ferait du bien ». À travers ce texte qui prend la forme d’un collage poétique, un univers intime s’esquisse et s’anime par les personnifications des objets du quotidien, comme ce panier à linge attendant « une lessive qui rappelle l’alchimie de nos corps ». Au-delà, c’est l’universalité de l’amour, de ses émerveillements et tourments, qui émane de ce recueil, comme un miroir tendu au lecteur se demandant ce « que fait le bonheur quand il rentre le soir dans une chambre vide ».

traduit de l’arabe par Mais-Alrim KARFOUL & Souad LABIZZE
éd. des Lisières, 2017
64 pages
12 €