Coup-de-cœur de Jean AZAREL pour Calendrier de sonnets & autres poèmes d’Helen HUNT JACKSON
DISSONANCES #48
Amie d’Emily Dickinson, saluée par Ralph Waldo Emerson, Helen Hunt Jackson commence à écrire à 35 ans en 1865 après la mort prématurée de son fils Rennie. Femme engagée, militante de la cause amérindienne, célèbre pour son roman Ramona et son plaidoyer Un siècle de déshonneur, elle s’attache ici à célébrer la beauté de la nature lorsqu’on s’accorde à la contempler et la respecter : « Septembre. Ô cœur souviens-toi, les vendanges sont perdues / Si tu n’attends pas que les raisins gèlent la nuit. Pense, pendant que tu rayonnes dans le domaine de la Joie / Que, peut-être, tu ne peux pas mûrir sans gelée ». D’une apparente simplicité, ces sonnets nous invitent à goûter au grand luxe gratuit de l’entendement du monde. Ils mobilisent tous nos sens pour nous éblouir d’une spiritualité dont l’évidence n’a pas besoin de grands discours pour exister : « Décembre. Les lacs de glace brillent d’un éclat plus bleu / Que les lacs d’eau sous le soleil d’été… / Nous ceignons contre le vent froid d’hiver / Nos reins avec de puissantes bandes de sommeil ». Les autres poèmes du recueil poursuivent la quête d’une ruralité aussi apaisée qu’incisive, dont l’observation minutieuse est propice au questionnement et à la remise en question, les entrelacs cycliques du territoire contraignant l’humain à vivre en harmonie avec des inspirateurs parfois imprévisibles, y compris dans la relation amoureuse : « Mon cœur insensé, à cause de toi, est devenu si fou / Qu’il a germé, mon bien aimé ! » Magnifiquement traduit (et présenté) par Lydia Padellec, cet ouvrage nous fait découvrir une poète pionnière de son temps qui trouva dans l’écriture un exutoire aux événements tragiques ayant jalonné sa vie.
traduit de l’anglais (États-Unis) par Lydia PADELLEC
éd. La Part Commune, 2024
96 pages
15 €