Coup-de-cœur de Julie PROUST TANGUY pour Compléter les blancs de Keiichirô HIRANO
DISSONANCES #47
Un homme meurt et réapparaît, trois ans plus tard, dans son ancienne vie. Il ne sait plus comment il est mort et doit trouver comment se réinsérer dans son couple, dans sa vie familiale et dans sa vie professionnelle. Il lui faut également enquêter, pour comprendre les origines de sa mort (suicide, comme on lui a raconté ? meurtre, comme il s’acharne à le démontrer ?) et surtout gérer les conséquences de celle-ci sur son entourage : comment renouer des liens, quand le deuil a été fait ? Comment reconquérir la confiance de ceux qui se sont sentis trahis par une mort volontaire et qui ont dû affronter le rejet d’une société qui refuse les personnes et les événements hors-norme ?
Le lecteur ne sait plus bien, à force, s’il lit un polar, un récit fantastique ou un roman qui ausculte les facettes les plus sombres de la société japonaise (la pression sociale, les disparitions, le suicide, le vieillissement de la population, la dénatalité, la difficulté à exister en dehors du groupe, le karôshi, à savoir la mort au travail par surmenage…).
Mais peu importe, au final : Keiichirô Hirano propose une narration fascinante et dont l’écriture, fort juste, résonne longtemps après la lecture : « Personne ne peut nier le droit des êtres humains au tourment. C’est cruel. Nous nous empressons toujours trop vite de consoler autrui, nous essayons à tout prix de le protéger de la moquerie du monde et du mépris pour la vie. Ce faisant, nous oublions souvent de respecter sa souffrance. […] Un être dont la souffrance est niée est acculé à la montrer de manière dramatique. »
traduit du japonais par Corinne ATLAN
éd. Actes Sud, 2017
448 pages
23 €