Coup de cœur d’Anne VIVIER pour Louve en juillet de Gabrielle FILTEAU-CHIBA
DISSONANCES #49
Louve en juillet, c’est d’abord une belle couverture crème au bandeau couleurs d’été indien représentant d’un côté une louve et de l’autre une femme. Pour introduire l’ouvrage, une citation de 1903 de la journaliste libertaire et féministe Séverine donne le ton : « Parce que je ne suis « qu’une » femme, parce que tu n’es « qu’un » chien ».
Au départ, une femme adopte une animale hybride, moitié chienne, moitié coyote : Séquoia. « Cela m’effraie : j’ai beau choisir les revêtements les plus robustes, à l’épreuve du temps, jamais je ne me sens à l’abri ». Cette adoption apporte à la narratrice un certain sentiment de sécurité mais surtout le sens des responsabilités et d’acceptation de la part de sauvagerie du monde, de l’autre et de soi-même. Le sentiment d’insécurité s’estompe au fur et à mesure d’un chemin pourtant semé d’embûches : mauvais froids, mauvaises rencontres, mauvais mari, mauvais voisins, mauvais conducteurs… Et il faut un accident de voiture pour comprendre qu’une métamorphose a eu lieu. « Bientôt, j’aurais besoin d’écrire ma fierté, d’avoir aussi senti monter en moi la douceur, là où loge normalement la colère. »
Louve en juillet est un roman initiatique : qu’est-ce qui nous rend humain, ou plutôt comment le devient-on et comment trouver sa place dans le monde ? Portée par une écriture à la fois prosaïque et sauvage, c’est une histoire de violence et d’apaisement, une espèce d’anti-manuel de développement personnel dans lequel le chemin vers soi et vers le monde passe par l’altérité, l’autre n’étant pas ici un humain mais une chienne hybride. Que chacun ait la chance de suivre un tel chemin.
éd. dépaysage, 2025
112 pages
14 €