Extrait de l’entretien avec Milène TOURNIER publié dans DISSONANCES #49
Milène TOURNIER (petite)
Votre ego d’écrivaine vous gêne-t-il pour marcher ?
Parfois je le pense : Milène arrête d’écrire, vis. Vraiment vis. Et même si c’est un conseil pour, en fait, écrire plus, écrire mieux, plutôt que pour vivre. Je crois que l’ego d’écrivaine gêne pour écrire, encore plus que pour marcher. L’albatros que ses ailes gêneraient aussi pour voler. Je crois qu’écrire c’est un minuscule vertige. Le vertige des après-midis, d’être dans la ville, en semaine, l’après-midi (étrangement, je crois que le vertige est tout aussi grand, peut-être encore plus, que la ville la nuit). Le vertige de l’ordinaire. Je crois qu’écrire c’est marcher parce que ce sont de très grandes heures de silence, mais d’un silence qui serait fait comme de chantonner tout le temps. C’est quelque chose, marcher, comme de me bercer moi. Il n’y a pas de danger, et en même temps il se passe des choses, il s’en passe plein partout, qui ne me concernent pas et que je regarde.
Qu’est-ce que la poésie ?
Soudain une adéquation, et peu importe si elle est de disharmonie, entre la lumière et soi. Des larmes qui viennent à cause ou devant une certaine heure, ou à l’arrivée des saisons, parce que ce jour-là on a le temps, ou on a besoin, de le voir arriver, le printemps, voir l’été revenir, voir l’hiver redouté, somptueux redouté.
Trois œuvres (littérature, cinéma, musique, peinture …) qui vous ont sidérée…
Au Petit Palais une œuvre immense, à voir en grand en vrai, de Fernand Pelez : La parade des humbles.
Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, de JP Jeunet.
Si c’était le dernier, de Diam’s.
Les sketchs de l’… »
…intégrale de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #49
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BIO (MT PAR MT)
Née en 1988 à Nice, Milène Tournier est poétesse, dramaturge et docteure en études théâtrales. Sa thèse s’intitule Figures de l’impudeur : dire, écrire, jouer l’intime 1976-2016. Elle aime les villes et marcher. Elle réalise des vidéos-poèmes (qu’elle poste sur YouTube) où elle explore le lien entre les images et l’écriture.
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BIBLIO SÉLECTIVE (OCT. 2025)
De la disparition des larmes (éd. théâtrales, 2022)
Se coltiner grandir (éd. Lurlure, 2022)
Et m’ont murmuré les campagnes (éd. Le Castor astral, 2025)