DISSO #41 : Christophe ESNAULT

Extrait de l’entretien avec Christophe ESNAULT publié dans DISSONANCES #41

    Christophe ESNAULT (petit)

Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors, « malgré » ou « à propos de » ?
J’écris depuis le lieu de mon assassinat, et plus sûrement de celui de mes plus beaux éclats de rire.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
La contrainte, comme la haine chez Genet, est stimulante (et nécessaire).

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Après 18h (avant, c’est le cachot salarié), je lis les livres – parfois allongé dans l’herbe et près de la rivière (au bruit de la chute d’eau), sous un arbre et les merveilleux nuages – que je n’aurai plus besoin d’écrire. L’hiver, je ne vois pas le jour et je mange des pâtes sans beurre ni sauce tomate (sans les cuire (y a plus de gaz (je les laisse tremper dans de l’eau chaude))) car j’ai acheté trop
de livres (dèche party).

Qui est votre premier lecteur ?
Je ne donne pas leurs noms, ces êtres me sont trop chers. S’il fallait être honnête (ce qui n’est pas utile), j’en ferais l’aveu : ce sont eux qui écrivent mes livres.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Celui qui vous dit : « On y est presque, il reste deux mois de travail de réécriture et de retouches pour dégraisser le bidule, ensuite je relis sous psilocybes, je te fais des suggestions au plus près
du texte, tu y passes trois mois de plus et je refais la dernière lecture avant l’envoi à un correcteur pro qui est auteur chez Corti. On n’est pas là pour vendre cinq livres après une pleine page dans Le Matricule, Art Press ou Libé. Je t’emmène chez Emmaüs dimanche, on va te trouver une belle chemise pour ton interview en apesanteur à bord de l’Airbus A310 Zero-G pour le 52 minutes que j’ai initié pour toi auprès d’Arte. »

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
Pour écrire une phrase valable il faut avoir lu 2000(0) livres. Et aussi : quand on croit que le texte est fini, tout commence. Ce n’est pas avec un texte que l’on ouvre les portes d’une maison d’éditions, mais ça peut parfois aider. Montrez vos merveilles à Laurent Collin des éditions Æthalidès pour la collection Freaks. Venez de ma part, vous me remercierez plus tard.

Quelle fut votre première grande émotion de lecteur ?
La pornographie.

Que faut-il lire de vous ?
Les lignes de ma main pour me dire : « Tu n’es pas fini, tu peux encore couler d’autres éditeurs. » Lettre au recours chimique est à 1.67 euro chez Rakuten et personne n’en veut, mais si je m’immole devant Radio France, je sens que ça peut activer la vente. Ai vraiment tout donné quand j’ai écrit Au-dessous du volcan et Les carnets du sous-sol.

Votre ego d’écrivain vous gêne-t-il pour marcher ?
Je marche beaucoup, nombril face au vent, en pestant contre les vendeurs de romans qui tardent à faire de moi un produit, puisqu’il ne saurait exister plus conséquente consécration littéraire.

Qu’est-ce que la poésie ?
Je préfère nommer un poète qui m’a récemment rendu envieux de son…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #41

BIO

Christophe Esnault est né dans la maison Dissonances, lieu où s’est décidée la première publication d’un de ses textes. Il est co-fondateur avec Lionel Fondeville du projet littéraire, musical et cinématographique Le Manque. Collaborations euphorisantes avec des dizaines d’artistes, musiciens, écrivains, poètes… 5 albums dont 20e fan et Nichon chaton (la compil) chez La Souterraine. 200 films sur YouTube dont Œdipe casserole, Je veux un enfant médiocre, Ce qu’il reste à détruire, Le mort du jour.

BIBLIO (HIVER 2021)

Mollo sur la win (avec L. Fondeville – éd. Le cactus inébranlable, 2021)
Lettre au recours chimique (éd. Æthalidès, 2021)
L’enfant poisson-chat (éd. Publie.net, 2020)
Poète né (éd. Conspiration, 2020)
Ville ou jouir et autres textes navrants (éd. Louise Bottu, 2020)
Mordre l’essentiel (éd. Tinbad, 2018)
Mythologie personnelle (éd. Tinbad, 2016)
Correspondance avec l’ennemi (éd. Les doigts dans la prose, 2015)
Isabelle à m’en disloquer (éd. Les doigts dans la prose, 2011)

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