Extrait de l’entretien avec Perrine LE QUERREC publié dans DISSONANCES #36
Perrine LE QUERREC (petite)
Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
Pour. Pour les innocents, pour les humiliés, pour les victimes, pour les pendu.e.s, pour les suicidé.e.s, pour les maltraité.e.s, pour les fragiles, pour les différent.e.s, pour les boiteux, pour les invisibles, pour les marges, pour les fous, pour les originaux, pour briser les silences, pour dénoncer les injustices, pour déchiqueter le cynisme, pour faire face à la honte, pour tenter d’ouvrir les yeux, pour sauver de l’oubli ceux et celles que j’aime.
Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
C’est la part humaine. Respecter absolument mes personnages, réels, irréels. Ne pas être en surplomb. Ne pas être imprécise. Ne pas interpréter. Ne pas faire semblant. Ne rien retenir. Ne me réserver aucune zone de confort.
Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Je rêve beaucoup. J’arpente. Je découpe des images pour créer d’autres images, je chantonne, je me nourris d’art, je visite des inconnus.
Qui est votre premier lecteur ?
Mon personnage. Mes héroïnes, mes héros. Comme ils ont vécu, ou vivent encore, ce sont eux pour lesquels j’écris en premier lieu, et qui me lisent d’abord. S’ils sont morts, je les sens à côté de moi, attentifs, et ma vigilance est en alerte ; s’ils sont vivants, je leur donne mes pages, ou leur lis.
Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Celui qui relève vos défis, qui vous accompagne jusqu’au bout.
Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
D’être patient ! De prendre les refus avec légèreté et les incivilités avec courage.
Quelle fut votre première grande émotion de lectrice ?
Les lettres noires qui s’animent et soudain forment un mot. Et ce mot je le vois, je le comprends. J’ai trois ans, une encyclopédie pour enfant déployée en grand sur les jambes, jusqu’alors il y avait les images, les signes noirs, l’odeur du papier, et soudain il y eut le sens, les définitions, et ce…
…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #36
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BIO
Perrine Le Querrec est née en 1968 à Paris. Après des études de lettres et d’histoire de l’art, elle s’établit comme recherchiste indépendante (travaillant pour France Télévisions, Canal Plus, Seuil, la Cimade…), publie en 2007 son premier roman (Coups de ciseaux – éd. Carnets du Dessert de Lune), souffle un peu puis revient (2011) par la porte poésie (No Control – éd. Maison Dagoit) pour ensuite enchaîner (recueils, pamphlets, romans) au rythme hallucinant d’entre une et quatre publication(s) par an (vingt-deux à ce jour) dans l’urgence absolue d’une écriture-vie qui est comme une transe d’amour et de douleur : un chant autant qu’un cri.
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BIBLIO SÉLECTIVE (2019)
poésie
Bacon le cannibale (éd. Hippocampe, 2018)
Les tondues (Z4 éditions, 2017)
Ruines (éd. Tinbad, 2017)
La Patagonie (éd. Les Carnets du Dessert de Lune, 2014)
L’Initiale (éd. Derrière la salle de bains, 2014)
Silence je me noie (Maison Dagoit, 2013)
roman de prose et de poésie
La Construction (éd. art&fiction, 2018)
Le Plancher (éd. Les Doigts dans la prose, 2013 / rééd. L’Eveilleur, 2018)
Jeanne L’Étang (éd. Bruit Blanc, avril 2013)
pamphlet
Pieds nus dans R. (éd. Les Carnets du Dessert de Lune, 2015)
Bec & Ongles (éd. Les Carnets du Dessert de Lune, 2011)