JOURDREN Didier | Cette porte qui bat

Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Cette porte qui bat de Didier JOURDREN
DISSONANCES #23

cette porte

Dans Cette porte qui bat résonne l’échec annoncé du discours, et l’irrépressible nécessité pour le narrateur de traduire ce qu’il a vu un jour dans un verger, au moment où la lumière allait bientôt disparaître. Il l’énonce d’ailleurs très bien, le récit entier pourrait tenir en une phrase seule, et il n’en resterait alors rien, rien que la dimension exacte de quelques mots mis côte à côte. Didier Jourdren construit patiemment l’épaisseur du temps qu’il faut pour s’assurer de la réalité d’un instant et de l’émotion qu’il contient : « Même si j’en ai nommé tous les éléments […] le plus subtil de ce qui m’a touché risque de demeurer hors de prise.  » Dès lors, il lui faudra y revenir sans cesse, dans cette lumière de fin d’après-midi, et reformuler inlassablement le lieu, les arbres, la valeur de la clarté, avec le risque de ne jamais pouvoir habiter totalement la mémoire du moment. Ce qui se joue là, en définitive, c’est une réflexion sur la rêverie et la matière qu’elle engendre, où la perception des objets confine à une forme de croyance, d’intuition qui nous échappe.

éd. La Part commune, 2012
179 pages
16 euros