DISSONANCES #49 | L’ENFER
Kénose
« Je ne sais pas comment je suis arrivé là. Il n’y a pas eu de chute, pas de hurlement céleste, pas d’éclairs dans le ciel. Seulement un silence si épais qu’il m’a déchiré les tympans, suivi d’un froid si noir qu’il m’a brûlé la chair. Puis cette porte. Haute comme un souvenir d’enfance mal enterré. Sculptée non pas en bois, mais en os, en dents, en serments.
Elle s’est ouverte sans bruit.
Derrière, le monde n’existait plus. Il avait été déchiré, vidé, renversé. Ce n’était pas l’enfer des livres, des prêtres, des peintres. Ce n’était pas le feu, ce n’était pas le soufre. C’était bien pire : c’était la vérité sans filtre. La conscience mise à nu. L’âme écorchée jusqu’à l’os.
Je suis entré. Ou plutôt : j’ai été aspiré.
Le sol était fait de visages. Des milliers. Tous figés dans des expressions de regrets éternels. Certains pleuraient, d’autres souriaient encore, comme s’ils n’avaient pas compris. Je marchais sur eux et sentais sous mes pieds la mémoire de leur douleur. À chaque pas, une voix. À chaque pas, une phrase dite autrefois, un cri, un… »