Coup de cœur de Jean AZAREL pour Pronostic vital engagé de Jacques CAUDA
DISSONANCES #49
« Quel bonheur de conjuguer sous les lumières d’artifice la jeunesse, la goinfrerie, la métaphysique, la volupté, l’impudeur, l’intelligence, la sauvagerie et le rire ! Une entrecôte et un Moulis. Suivi d’un autre millefeuille au chocolat. Une merveille, l’amer et doux de Baudelaire. »
Où il est question de Léa Seydoux, devenue auteure sous le nom de Léa Doucey et accessoirement Ella Issweet, d’un peintre iclonique prénommé Paul-Mario, d’une Marianne plantureuse doublée, comme au cinoche, d’une Albertine qui adouble le gras du Sarrazin, et même de Jean-Pierre Chevènement (le chevesne, dégueulasse poisson de rivière, ment comme il expire).
À ce sextet vaquant des rues crades de Paris à l’eau bleue de la Corse dans un cul-cul clan moins trash qu’à l’accoutumée (aucun livre de Cauda n’est sans queue ni tête) s’adjoint le peintrécrivain himself pour instruire le procès d’une société dont le pronostic vital est engagé. Délaissant la pratique littéraire céruléenne pour virer à la tourmaline philosophale, Jack the killer élève le racontar au rang des Beaux-Arts au fil de pages subtilement érudites sur les secrets de l’iridologie, la peinture (vue comme une perversion masculine), les chinois et les chinoiseries, l’O de Rimbaud, les airs de jazz, les magouilles électorales et autres chairs d’orpin – de celles qui se mangent, se boivent et se baisent : « Depuis la vision de ses hanches et plus bas, je vois comme une vision de feu, avec une fulguration autour, comme la vision de l’arc qui est dans la nuée. »
Bref, on ne cesse de se pour-lécher jusqu’à l’extrême ponction d’un tel roman poético-foutraque qui nous laisse dans l’œuf d’un plaisir dont nous sommes l’œil et la coquille !
éd. Sans Crispation, 2024
134 pages
16 €