DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Cadeau
« On cherche une idée de cadeau pour Bonnard. Il prend sa retraite. On se rapproche de Viviane, sa femme. Elle conseille : Un bras, ça lui ferait plaisir j’en suis certaine, sinon je ne vois pas ; une perceuse électrique, il en déjà une. Donc, un bras. En chair humaine bien sûr, pas une imitation en plastique ou en résine époxy, ni une prothèse. Homme, femme, enfant ? Femme de préférence, elle dit ; c’est plus gracieux. Et il faudra le faire embaumer ? Viviane pense que oui, embaumé c’est plus chic. Ça se conserve mieux, elle dit. Donc, on cherche un bras. C’est assez difficile. Aucun magasin ne vend des bras. La demande est trop faible, observe un commerçant. On passe des annonces dans les journaux. Le résultat n’est pas probant. Un type vend un bras de sa vieille mère qu’une maladie incurable menace d’emporter sous huitaine ; il est un peu amaigri, dit-il, mais a encore de la gueule. Ça paierait les funérailles, il ajoute. Les autres réponses ne sont pas moins fantaisistes. Quant aux trafiquants de bras étrangers, ils sont très chers et n’offrent aucune garantie de qualité. Je revois Viviane. Je lui fais part de… »