Coup-de-cœur de Nicolas LE GOLVAN pour Nuits de noces de Violaine BÉROT
DISSONANCES #47
Cela n’arrive pas tant que la simplicité vous cueille, je veux dire, qu’une voix vraiment univoque s’incarne illico en vous, possédé, malgré tous les traquenards inhérents à son sujet. Alors oui, à dix-neuf ans, elle aime un prêtre contre la violence d’un père et de tous les Dieu-le-père « l’adversaire suprême », un prêtre à moto qui plus est, ben voyons !, alors oui, ça va défroquer, bouh !, mais après six ans d’attente, vache !, et oui, un couple puis des gosses et un vieux couple et voilà la vie qui finit, « guimauve et violons » ! Alors oui, il y aurait bien de quoi ricaner sous cape du « fleur bleue », et prendre de la hauteur, faire son snob, son détaché, son littéraire ! Mais attendez ! C’est tellement plus simple : « Je vais t’aider / et j’ai compris / je vais t’aimer. »
Ce qui se lit là n’est ni de la poésie malgré l’apparence des vers, ni un roman psychologique malgré son sujet bouclé. C’est mieux, c’est une voix intime qui parle, touche, encore brûlante des stigmates du vide, encore saignante de cette chose que vous ne saviez plus trop comment nommer sans faire de posture, prêtre ou pas : la divine peau d’amour. « Cette peau / rien qu’à vous / consacrée / pauvre Dieu / qui n’en saviez rien faire. »
Cela n’a même rien d’un livre à joliment citer ici en gras (de quoi foutre ma chronique à l’index !), c’est la confidence d’une intime au confessionnal de nos âmes engoncées de vivre. Et, puisqu’on y est justement, à vivre… « Parce que je la connais / la réalité toute crue. »
Et même si en toute fin on vous avait menti, je veux dire, ici même ou à la si littéraire Contre Allée, qui se parjure du contraire en ligne, confessez que c’est si bon d’y avoir cru.
éd. La contre allée, 2023
96 pages
15 €