BENTKOWSKI Louise | Constellucination

Coup-de-cœur de Justine ARNAL pour Constellucination de Louise BENTKOWSKI
DISSONANCES #47

Louise Bentkowski signe ici un premier livre à l’écriture resserrée autour de la complexité et de la diversité de tout ce qui fait héritage, de tout ce qui est transmission. Le pacte de lecture qu’elle propose est donné d’emblée (« Je voudrais élargir ma parenté depuis mes propres histoires, les relier à des mondes aussi lointains que possible, fouiller le passé et l’histoire de cette fiction de famille, chercher loin de moi, dans d’autres cultures, d’autres mythes et coudre ensemble tout cela. ») et c’est bien la force de ce livre que de ne jamais résumer la parenté à ce qui se trame dans la sphère familiale et son lot habituel de tragédies. Car c’est tout autant en allant chercher loin, dans d’autres cultures et mythes (la Genèse, les Inuits, les Aztèques, la Grèce antique…) que la narratrice trouve à se raconter : « Toutes les histoires que je vais écrire ne sont pas tout à fait les miennes et tout à fait les miennes à la fois. »
Composé de dix-huit chants assez brefs, Constellucination avance « par analogies naïves » (comme dans la comptine « bout d’ficelle, selle de ch’val… ») et c’est ainsi par associations libres que la constellation hallucinée se forme.
À partir de quoi et par qui les êtres sont-ils nommés ? ne cesse de se demander l’autrice dont le texte s’émaille d’histoires graves ou loufoques de nominations (à commencer par la sienne) et dont l’écriture, faite de multiples coutures et sutures entre des fragments de choses lues, vues, entendues, offre à voir un vaste réseau rhizomique où tous les espaces et les temporalités s’enchevêtrent, et où microcosme et macrocosme ne cessent de se conjuguer et de résonner l’un pour l’autre.

éd. Verdier, 2024
128 pages
17 €