Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Ta façon d’être au monde de Camille ANSEAUME
DISSONANCES #30
C’est l’histoire d’une amitié de gosses, devenue une amitié d’ados puis une amitié d’adultes. De deux copines qui n’ont au départ comme point commun qu’une nouvelle petite sœur, « une petite sœur qui s’appelait pareil, enfin « pareil » c’était pas son prénom, disons qu’elles avaient le même, de prénom, et aussi d’âge. Tu lui as dit que la tienne était trisomique, elle a répondu que la sienne était Capricorne. » C’est l’histoire d’un groupe d’amis qui s’agrègent petit à petit, au gré des vacances, des rentrées scolaires, des coups de cœur des uns et des autres puis de l’inévitable montée à Paris. Et puis c’est l’histoire de la mort bête de l’un d’entre eux. Et soudain on comprend que toute la première partie du livre n’était qu’un long prologue sucré et somme toute un peu banal, une mise en place des protagonistes pour ces quelques dizaines de pages extraordinaires sur le deuil. Deuil d’un ami, d’un amant, deuil d’une vie qui démarrait, d’une légèreté perdue. « Chez H&M, tu as trouvé une petite veste noire et un petit haut gris. Pourquoi dit-on toujours « petit » pour qualifier les choses du quotidien ? On échange un petit mot, on boit un petit verre, puis un matin un petit café, on se rend de petits services, on passe de bonnes petites soirées, on se présente nos petits amis, et un jour on choisit une petite tenue pour aller les enterrer. » Comme dans son premier roman Un tout petit rien, Camille Anseaume arrive à mettre des mots lumineux sur le vague à l’âme, à décrire une tristesse toujours pleine de fous rires malgré tout, de maladresses et de non-dits. Le genre de livre que l’on rouvre à peine terminé, à la recherche de toutes les clés que l’auteure avait semées çà et là.