THIERY Lola (extraits)

DISSONANCES #37 | IMPUR
Le parfum de la crasse
« Il y a mon visage, il y a la fenêtre. Il y a l’extérieur.
Non.
Ce n’est pas tout à fait ça, ce n’est pas tout à fait cette image.
Il y a l’extérieur. Il y a mon visage. Une partie seulement. Il y a une partie de mon visage, mais il n’y a pas de fenêtre, c’est autre chose. Une partie du visage seulement, mes tempes.
Quand la fenêtre est fermée, ça n’en n’est plus une.
Une fenêtre je l’imagine ouverte – ouverte sur un ciel bleu, parfois un ciel orageux, gris, orangé, la terre est sèche, les volets claquent – une fenêtre ne peut être fermée. Une fenêtre laisse communiquer l’intérieur et l’extérieur. Dans cette image, ils ne communiquent pas, ils ne doivent pas communiquer.
La fenêtre ne fonctionne pas.
Mes tempes me démangent.
Cela ne fonctionne pas. Qui plus est, ce n’est pas une fenêtre puisque les… »

DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
Mange tes pâtes

« Tout ce que je vis est inspiré de faits réels.
Aujourd’hui je ne m’amuse pas.
J’ai la greffe du délire au corps et je bois un thé boisé, épicé, charpenté.
Un Mokalbari Golden Tips par exemple, aux parfums fragmentés.
Je délire. Tandis que les vérités ont autant de notes de tête, de cœur ou de fond, qu’il y a de fractales sur une fougère, la réalité elle, n’ a qu’une tonalité. Son chant tresse chaque mensonge éhonté.
Comment puis-je tirer ma langue aux vieux quand mon sourire se contracte sous le poids des faits réels. Le réel médiocre et décevant. Le mokalbari golden Tips qui n’a pas l’effet réel du café. La saveur est trompeuse et la vapeur d’eau tapisse mes parois nasales d’un simulacre vaniteux. Petit à petit, j’enduis mes gencives d’amertume. Ma salive est acariâtre. Les arômes ont le goût d’un mauvais baiser.
Au rayonnage thé du supermarché, la chorale des… »