SCHLECHTER Lambert | Inévitables bifurcations

Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Inévitables bifurcations de Lambert SCHLECHTER
DISSONANCES #31

Page 119 (texte 56) : « il ne s’est jamais rien passé dans ma vie, il n’y a aucune biographie à écrire, seulement quelques centaines, quelques milliers de minuscules biographèmes » et c’est bien là ce qu’est ce quatrième tome (après deux publiés chez le Castor Astral et un chez les Vanneaux) du Murmure du monde : soixante-dix-sept courts textes d’une densité rare et d’une puissance égale à leur simplicité (ça se lit comme du petit lait), faits d’éclats de pensée et de fragments de vie d’un poète philosophe érudit amoureux libre humain énervé dosant parfaitement le désordre apparent de cette « encyclopédie permanente & portative que je construis par bribes & lambeaux » qui dans l’époque actuelle (délétère, régressive, mortifère, anxiogène) détonne splendidement : intelligence pure et luminosité, et puis il y a ceci : il fait chaud (c’est l’été), peau à peau elle et moi étendus côte à côte, irradiés du plaisir que nous nous sommes offert, nous écoutons nos cœurs peu à peu se calmer et soudain elle demande tu lis quoi en ce moment ? je lui réponds Schlechter, elle me dit tu m’en lis ? et je prends le bouquin que je commence à lire là où il s’est ouvert et elle prend ma main libre qu’elle plaque entre ses cuisses où mon majeur s’étend très naturellement tout du long (bouleversant) de son sexe inondé, je poursuis ma lecture, elle referme ses cuisses, imprime à son bassin un va-et-vient très doux puis de plus en plus fort, je lis je lis je lis, elle palpite maintenant et d’un coup elle s’arcboute, elle crie, puis se détend : je repose le bouquin, je la regarde : elle pleure (et j’ai envie aussi) ainsi, mon cher Lambert, vos mots avec ma voix ont fait jouir mon amie : c’était de toute beauté (je vous en remercie).

éd. Les doigts dans la prose, 2016
162 pages
20 euros