RAMBOUR Jean-Louis | La vie crue

Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour La vie crue de Jean-Louis RAMBOUR
DISSONANCES #25

vie crue - nb

Vingt proses poétiques de vingt-quatre lignes chacune : optique de haute précision pour explorer, contenir le flux de vingt encres hallucinantes. L’œil du poète, fasciné par les fantasmagories du noir, y voit ses apocalypses : la féérie sablonneuse du Rio Negro, un nanisme à tête d’oiseau, des galaxies renversantes, des algues tueuses emportées par Coriolis, les chrysanthèmes noirs à feuilles succulentes de Renoir…
Rêver devant des encres, comme devant d’infernales nuées devient, sous la plume de Rambour, secret poète du Nord, mais témoin délirant d’un vaste savoir scientifique, historique et esthétique, un exercice vertigineux de l’évidence, au sens littéral de vision irrécusable. Les encres de Tréfois sont augures de catastrophes passées et à venir, énoncés sur le ton d’un flegme paradoxalement ému. Un petit rire parfois s’échappe de la profération d’évidences si confondantes : il faut bien lâcher quelques caillots de ces bouches d’ombre. Il débouche aussi, tout à la fin, sur un espoir désabusé : « nous espérons finir notre vie en bordure du grand Nord et de sa blancheur où foisonne la vie ».
Ce recueil, préfacé par Ch’Vavar, a impressionné ma rétine : j’en pleure un sang d’encre.

Encres de Pierre TRÉFOIS.

éd. Corps Puce, 2011
49 pages
11 euros