LEVY Jean-Charles | Marge occupée

Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Marge occupée de Jean-Charles LEVY
DISSONANCES #20

D’entrée à fond de train, Jean-Paul Sartre à vélo, enragé (E.P.O ?), sprinte à mort sur Céline qui, dans une véronique d’un style oral parfait, évite le missile qui s’écrase à ses pieds : olé ! Mais l’attentat déjoué dès les premières lignes de ce roman foutraque n’est qu’une mise en bouche, et bouchées doubles donc (voire triples) à la suite car nous sommes à Paris en pleine Occupation, c’est l’été 42 et un bordel sans nom : entre autres personnages échappés à leurs pages et pipoles déjantés (ça fourmille de partout), Julien Sorel cavale sans lâcher son échelle, Madame de Rênal et la Princesse de Clèves attaquent la Milice (chassent-croisent BHL, Gavroche ou Chevillard), Dieu tombe sur une patrouille et Grégoire Samsa se fait remettre en place par Freud le pornographe – entre autres je disais : c’est comme ça sans arrêt ! Méta-littérature bouffonne et électrique, érudite, sarcastique, Marge occupée attaque, concasse mythes et bon goût, mêle outrancièrement jouissance langagière, jeux avec le lecteur (ses nerfs, ses convictions), nihilisme et santé : c’est la panique au Flore et c’est diantrement bon !

éd. Les doigts dans la prose, 2010
148 pages
12 euros