BOUTREUX Julien (extraits)

DISSONANCES #45 | TOXIQUE
Herbier des poisons mortels (extrait)
« ACONIT : Commune dans les lieux humides englués de pénombre et de vibrations morbides, cette renonculacée se développe en hautes touffes de feuilles vert sombre. Ses fleurs violettes disposées en grappe évoquent un casque prussien. Sa racine est un vieux tubercule charnu à l’aspect repoussant. Si l’aconit prospère innocemment dans les jardins, elle les transformera pourtant bien vite en cimetières – car c’est de loin le végétal le plus toxique de nos climats. En respirant son parfum acide, l’amateur qui herborise inconscient du danger sera d’abord pris de migraines et de vomissements, puis d’une tachycardie foudroyante qui l’expédiera ad patres. Pour une mort encore plus rapide, c’est-à-dire instantanée, on préfèrera l’infusion du tubercule.
ADONIDE : Fleur solitaire aux huit sépales glabres d’un rouge éclatant taché d’une lunule noire à leur base. L’adonide s’élève depuis une souche brune et ligneuse, surmontant une tige parfaitement lisse. Ses feuilles d’abord en écailles se changent vers le sommet en lanières filiformes délicatement dentelées. Ses graines disposées en épi sont pourvues d’un curieux bec pointu. Elle affectionne les sol calcaires, se plaît en compagnie des cultures céréalières. Sa… »

DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Épicurisme
« Quand je me lève, c’est toujours le cœur léger. Il est presque dix heures en général. Je ne mange pas vraiment, n’ai jamais faim avant midi. Je vais consulter mes messages sur Gmail. Le plus souvent, je n’en ai pas, ou seulement du spam. Ensuite, je vais sur YouPorn. Je suis plutôt du matin pour l’amour. Je me masturbe, et recommence en cas de grande forme, bien que je veille à préserver mon énergie pour la journée qui m’attend. Ensuite, si la météo s’y prête, je choisis un t-shirt à l’effigie d’un groupe de metal que plus personne n’écoute. Ainsi paré, je suis disposé à déjeuner, c’est-à-dire que je sors acheter mon kebab. Je le mange en déambulant dans la ville. Il ne s’agit pas d’une très grande ville, ni très intéressante ; elle est plutôt jolie et calme, un peu bourgeoise. Enfin, cela dépend des quartiers, mais moi je préfère la joliesse et la quiétude, qui s’accordent mieux au cours de mes pensées. J’erre sur les places et dans les lieux publics, je détaille les affiches des salles de cinéma devant lesquelles je passe. Je n’ai guère d’amis à qui rendre visite. Je n’ai guère d’amis. Les plus proches, je les côtoie sur internet, je ne les connais pas vraiment. Cela n’est pas bien gênant, et c’est… »

DISSONANCES #29 | TABOU
Near death experience
« L’autre jour, pour m’amuser, au lieu d’enculer ma fille avec ma bite, j’ai voulu lui fourrer mes couilles. C’est pas facile, parce que c’est un peu mou, mais son anus est tellement dilaté que je finis par y arriver. Le problème, c’est quand ensuite il se resserre d’un coup : je n’arrive plus à les retirer, et ça me fait un mal de chien. Elle appelle le SAMU et on nous emmène aux urgences comme ça, collés par son sphincter. Là-bas, ils disent qu’il n’y a que deux solutions : ouvrir ma fille en deux par le cul, au risque de la perdre, ou bien me…. »