DISSONANCES https://revuedissonances.com création littérature Mon, 09 Oct 2023 12:53:53 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.4.15 https://i0.wp.com/revuedissonances.com/wp-content/uploads/2015/10/cropped-logo_512.png?fit=32%2C32&ssl=1 DISSONANCES https://revuedissonances.com 32 32 100381443 REYNAUD GUIDEAU Manuel (extraits) https://revuedissonances.com/reynaud-guideau-manuel-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:58 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5783 DISSONANCES #45 | TOXIQUE Oil Fields « La plaine était et est encore sous le grand ciel. Grande aussi, la plaine, vert radiant. Les troupeaux sauvages faisaient résonner, sous leurs sabots et leurs laines déchiquetées, l’immensité ondoyante. Les troupeaux de bustes et de cornes ne sont plus. De longues routes parallèles espacées de dix lieues organisent…Lire la suite REYNAUD GUIDEAU Manuel (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
Oil Fields
« La plaine était et est encore sous le grand ciel. Grande aussi, la plaine, vert radiant. Les troupeaux sauvages faisaient résonner, sous leurs sabots et leurs laines déchiquetées, l’immensité ondoyante. Les troupeaux de bustes et de cornes ne sont plus. De longues routes parallèles espacées de dix lieues organisent rationnellement l’espace. Et sur le bord de la piste, des sorties, comme des voies de garage sablonneuses, des périmètres désherbés, terres terrassées révélant l’ocre. Petites tonsures régulières le long des autoroutes. Souvent au centre de la zone stérilisée, la bascule métallique d’une foreuse, le va-et-vient grinçant du chevalet de pompage. Autour, réparties, quelques cuves et cabines logistiques. Certaines fois, la plateforme (le rig) est gigantesque. Une sorte de petite ville. Les camps de préfabriqués enserrent une tour qui monte défier les nuages rapides du ciel. Mais généralement le long de la voie rapide se reproduit la même installation : zone tondue dans la prairie verte, un derrick au centre, quelques cuves en bordure. Et ça se répète à l’infini, grille virtuelle qui marque au laser l’étendue herbeuse. Flammes jetées en haut des mâts, hantent le ciel. Et repartent chargés, soulevant des… »

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NDALA Blaise | Sans capote ni kalachnikov https://revuedissonances.com/ndala-blaise-sans-capote-ni-kalachnikov/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:57 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5707 Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour Sans capote ni kalachnikov de Blaise NDALA DISSONANCES #45 Il y a l’Afrique, un pays imaginaire pauvre, bourré de diamants et de coltan, une guerre puis un traité de paix, un camp de démobilisation et un hôpital. Il y a ensuite Fourmi rouge, ex-enfant soldat, son cousin Corneille, un humanitaire basque,…Lire la suite NDALA Blaise | Sans capote ni kalachnikov

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Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour Sans capote ni kalachnikov de Blaise NDALA
DISSONANCES #45

Il y a l’Afrique, un pays imaginaire pauvre, bourré de diamants et de coltan, une guerre puis un traité de paix, un camp de démobilisation et un hôpital. Il y a ensuite Fourmi rouge, ex-enfant soldat, son cousin Corneille, un humanitaire basque, une star du football et une réalisatrice québécoise. Fourmi Rouge écrit son journal à l’hôpital du camp de démobilisation dans lequel il est soigné d’un mystérieux « jongleur ». Fan de foot et de télé-réalité, il raconte sans filtre son quotidien, son histoire, l’Histoire de son pays dans un récit à tiroirs foisonnant, débordant et fascinant.
L’écriture luxuriante de Blaise Ndala embarque le lecteur dans un tourbillon, le malmène, et déploie des trésors d’humour, à la fois potache et hautement corrosif. Sous l’énergique plume de Fourmi Rouge ce pays d’Afrique inventé devient symbole de ce qui dérape, déraille, dégringole partout dans le monde, et révèle les désastres engendrés par la misère et ses gestionnaires.
Réflexion mordante sur la culture occidentale de l’image et de la communication qui s’infiltre jusqu’aux tréfonds de l’Afrique, sur la fin et ses moyens, sur la marchandisation de la pauvreté (« les pauvres seront toujours parmi nous, faisant de la misère une ressource éternelle, un produit sûr, une valeur refuge, l’or noir réinventé »), Sans capote ni kalachnikov nous offre une fin en pied de nez, esquissant une issue à la spirale de la violence par la culture et la philosophie. Et comme dit Corneille (le cousin) : « Un jour, les riches auront tellement baisé les pauvres que ces derniers, affamés et diminués, n’auront d’autre choix que de manger leurs bourreaux. »

éd. Mémoire d’encrier, 2023
376 pages
13 €

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VIEUJEUX Gaston (extraits) https://revuedissonances.com/vieujeux-gaston-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:55 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4443 DISSONANCES #45 | TOXIQUE Infiltrés « nitrates et phosphates qu’ils sortent l’air hautain en costume cravate d’une usine à zinzins ou pour les plus modestes du cul des intestins en espérant la sieste et la fosse à purin nitrates et phosphates partent à quatre pattes vers la mer sa… » DISSONANCES #40 | CONFLITS Guerre civile « j’ai…Lire la suite VIEUJEUX Gaston (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
Infiltrés

« nitrates et phosphates
qu’ils sortent l’air hautain
en costume cravate
d’une usine à zinzins

ou pour les plus modestes
du cul des intestins
en espérant la sieste
et la fosse à purin

nitrates et phosphates
partent à quatre pattes
vers la mer sa… »

DISSONANCES #40 | CONFLITS
Guerre civile

« j’ai poussé la porte
et je suis entré
la femme était morte
et l’homme enterré

j’ai donné l’alerte
je suis ressorti
dans la rue déserte
un chat m’a souri

j’ai repris la route
au matin sans doute
ils auront ma… »

DISSONANCES #39 | MUTATIONS

Magma man
« on a semé partout
des règles de grammaire
du sirop pour la toux
et des implants mammaires

on a fait s’accoupler
des bons dieux en plastique
au refrain des couplets
au pas des gymnastiques

mais le four a fondu
les subjonctifs ont dû
sauter de la… »

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GUERRY Philippe (extraits) https://revuedissonances.com/guerry-philippe-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:55 +0000 http://revuedissonances.com/?p=963 DISSONANCES #45 | TOXIQUE Poison lent « L’habituation au travail procède par une lente précoce et constante mithridatisation. L’habituation au travail procède par autorité parentale par instruction par inscription par renouvellement d’inscription par formulaire par assurance par adhésion. L’habituation au travail procède par carte scolaire par découpage par ramassage par classe par niveau par groupe par…Lire la suite GUERRY Philippe (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
Poison lent

« L’habituation au travail procède par une lente précoce et constante mithridatisation. L’habituation au travail procède par autorité parentale par instruction par inscription par renouvellement d’inscription par formulaire par assurance par adhésion. L’habituation au travail procède par carte scolaire par découpage par ramassage par classe par niveau par groupe par sous-groupe par option. L’habituation au travail procède par devoir par notes par récompenses et punitions par carotte et par bâton par acquisition par validation par compétences par orientation par avis du conseil de classe par passage dans la classe supérieure. L’habituation au travail procède par stages par convention par diplôme par brevet par certificat par attestation par équivalence par compensation par mention par félicitations par unanimité du jury. L’habituation au travail procède par acceptation des cookies par vœux par saisie par enregistrement par algorithme par sélection par classement par proposition par acceptation. L’habituation au travail procède par recrutement par profil par candidature par curriculum par motivation par rejet par entretien par valeur ajoutée par qualité par défaut. L’habituation au travail procède par signature par contrat par… »

DISSONANCES #41 | OPIUM
Tartine d’opium

« Opium, c’est le nom du chien. Il pue, il a la langue toujours pendante au ras du sol, ses poils font des nœuds. Le temps qu’il lui reste à vivre, il le passe à dormir sur sa vieille couverture sale. Il n’a jamais été très vif, même quand c’était un jeune chien. C’est une bonne pâte, comme on dit. Opium, c’était un nom pour lui.

La maison est chargée des senteurs d’Opium. Son halètement fétide, son pelage qui déplace la poussière, ses pattes qui traînent la misère, et sa queue en diffuseur d’ambiance. Quand des gens viennent à la maison, on les voit à coup sûr tordre le bec, et chercher discrètement un coin où ça sentirait moins, près d’une fenêtre qu’ils entr’ouvrent en prétextant avoir trop chaud, « si ça dérange pas ». Ils s’assoient du coin des fesses sur un coin de canapé, ils trouvent des ruses pour se cacher le nez dans un foulard, ou dans une écharpe, ou en se pinçant discrètement les narines. On le voit, nous, évidemment, ça nous fait marrer, on en plaisante. On charge le clebs. Les gens font mine de rire, par politesse, mais on sent bien qu’ils le… »

DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
Palais d’émail

« La vérité, c’est que le Père Noël n’existe pas, que la petite souris n’existe pas non plus et que ton père, n’insiste pas, n’existe plus. Voilà : tu voulais savoir et maintenant tu sais. Le pôle Nord n’existe pas, les lutins n’existent pas, les palais d’émail laiteux constellés de petites tâches de plomb vert bouchant les caries n’existent pas non plus, et ton père se repose, oui, mais d’un repos éternel, tu vois ? Pas du repos réparateur d’une croisière au soleil, le dos lové dans un transat plein sud et la sieste par-dessus le marché. C’est ça la vérité, c’est dur, et c’est dur tous les jours pour moi aussi, pour moi surtout, parce que je n’en peux plus, je ne peux plus étendre davantage, tirer davantage de grands draps blancs mensongers, je ne peux plus la masquer, la vérité, plus l’occulter, elle déborde, elle est plus grande que moi et j’ai beau vouloir la contenir, elle est là qui veut te tomber dessus, qui veut te fondre dessus et te battre comme linge, et alors, la vérité, je n’en peux plus de l’affronter, de lui faire rempart de mon corps, de m’arc-bouter sur des fadaises érodées chaque jour par tes yeux implorants. La vérité, c’est que je m’effondre, que je cède, que je vais la laisser s’abattre sur toi et que tu vas en prendre ta part et t’en débrouiller, de cette… »

DISSONANCES #27 | ORGASMES
Par où tu passes

« Tu me parles toujours des mêmes paysages. Un ruisseau qui serpente, qui te chatouille les orteils, puis des ruisseaux, arrivant de partout, qui se concentrent pour faire des vagues, des petites vagues d’abord, qui font frémir tes mollets et font te mordre les lèvres, puis des vagues moyennes – et tu mimes alors de tout ton corps le mouvement de ces vagues – puis de grosses vagues – et ton corps dessine l’ample mouvement d’une onde – et puis tu me parles d’un torrent que forment ces ruisseaux, un torrent qui déplace des cailloux, un torrent puissant qui déborde ses berges, qui emporte tout, qui submerge, qui inonde, qui visiblement te fait perdre pied et – je ne comprends pas par où tu passes – toute cette quincaillerie fluviale débouche sur un volcan, un monstre éruptif, grondant, tellurique, qui après les pieds te fait perdre la tête, tu dis n’importe quoi, tu te crois n’importe où, des fumées blanches t’arrachent des larmes, tu cherches aveuglément ton… »

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BRAULT Pierre (extraits) https://revuedissonances.com/brault-pierre-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:54 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5814 DISSONANCES #45 | TOXIQUE Structures amorphes « Ça tape. Ça tape. Ça tape fort dans les oreilles. Il est 7 heures. Les bouchers d’en dessous commencent à mêler leurs forces au flux métallique du faubourg Saint-Denis. Je les entends et ma mémoire me rappelle leurs gestes. Ça part d’en haut. Coude légèrement fléchi au-dessus de la…Lire la suite BRAULT Pierre (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
Structures amorphes
« Ça tape. Ça tape. Ça tape fort dans les oreilles. Il est 7 heures. Les bouchers d’en dessous commencent à mêler leurs forces au flux métallique du faubourg Saint-Denis. Je les entends et ma mémoire me rappelle leurs gestes. Ça part d’en haut. Coude légèrement fléchi au-dessus de la tête. Et ça s’abat. Ça s’abat sur les carcasses. Ça vise d’abord l’épaule pour séparer la cuisse et récupérer le jarret. C’est régulier, j’ai calculé. Deux coups en trois secondes. Et ça sue. Ça sue sur les carcasses. La scie à os se met en route, la découpe de la poitrine va commencer. Ça gueule en hindi. Ou en bengali, j’en sais rien. Ça doit se demander :
« Où qu’il est le désosseur ? »
« Comment qu’elle va la femme à Shalini ? »
« Qu’est-ce qu’on met sur la pancarte aujourd’hui ? » Hier c’était « 4 kilos de VIANDE : 20 € ». Aujourd’hui, peut-être plus, la VIANDE est arrivée ce matin.
Ces porcs vont m’empêcher de me rendormir. Tant pis, de toute façon, y’a le man qui ne veut pas que je me télébranle ce matin. Le man, c’est celui qui me… »

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ARNAUD Pascal (extraits) https://revuedissonances.com/arnaud-pascal-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:53 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4832 DISSONANCES #45 | TOXIQUE Des gravats dans le bortsch « KHERSONsssssssssssss le marchand de sable ODESSAsssssssssssssss n’a plus le temps pour les enfants KYIVssssssssssssssssisssil remplit des sacs des sacs des sacs KHARKIVssssssssssssss et les empile face et pile ORIKIVsssssssssssssssssla vie se joue à pile ou face lance-roquettes Smerch BM-30 ▸ lance-roquettes Panzerfaust ▸ un enfant sur…Lire la suite ARNAUD Pascal (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
Des gravats dans le bortsch
« KHERSONsssssssssssss le marchand de sable
ODESSAsssssssssssssss n’a plus le temps pour les enfants
KYIVssssssssssssssssisssil remplit des sacs des sacs des sacs
KHARKIVssssssssssssss et les empile face et pile
ORIKIVsssssssssssssssssla vie se joue à pile ou face

lance-roquettes Smerch BM-30 ▸ lance-roquettes Panzerfaust ▸ un enfant sur la route soulève la poussière de tous les exodes ▸ Soukhoï-35 ▸ Mig-29 ▸ enfants tombés plus tôt que leurs dents de laitenfants greffés de force aux branches noires ▸ drones kamikazes Geran-2 boutures de drones kamikazes Shahed-136 ▸ les géraniums sentent la poudre poudre noire du lait en boîte ▸ missiles Kalibr ▸ missiles AGM-84 Harpoon ▸ chaque maison qui flambe est un livre qui brûle ▸ bombardiers Tu-160-M ▸ missiles antiaériens S-300 ▸ du sang dans le chernozemdes cœurs accrochés aux arbres ▸ missiles 9-C-77604 ▸ missiles ATACMS ▸ des gravats dans le bortsch des pluies acides dans l’horilka ▸ missiles sol-air 9K38 Igla ▸ missiles air-sol Brimstone ▸ de… »

DISSONANCES #44 | SILENCES
Soheila

« Sur l’image
la première image
la première fraction de seconde
du plan fixe qui durera 53 secondes
un homme
grand costaud barbu brun cheveux courts
blouson ou sweat noir, pantalon ou treillis gris
le tout se précisera au fur et à mesure que
la vidéo passera en boucle
avec à chaque fois l’immuable demi-seconde
cette amorce de feu froid feu quand même
de l’homme
qui apparaît ? non qui est là / d’emblée
qui s’impose / d’entrée
qui fait que votre / mon regard ne.. »

DISSONANCES #43 | TRANS-
Cette fille-là

« Cette fille qui vide son sac
(elle le vomit un doigt dans la bouche qui n’est pas le sien)
sur la pierre noire d’un cul-de-basse-fosse ordinaire parmi les culs-de-basse-fosse que l’on peut aussi appeler les alvéoles de la justice pour peu que l’idée de ruche productive ou d’enruchement normatif cristallise une certaine pensée de l’ordre et calme temporairement l’angoisse du vide de la pensée

Cette fille qui met son sac cul par dessus tête
en transfère le contenu de sa douce obscurité exclusivement tapissée de soi
à la lumière acérée d’une guillotine aux aveux dont le fer découpe en tranches l’unité composite d’un corps intime qui
normalement
ne se montre jamais dans sa totalité mais n’apparaît que par… »

DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE !
Juste le temps d’en siffler une

« Je bois
à toi
fille d’un morceau de lune rousse atterri sur le zinc
écalé par le bruit de l’œuf dur que tu ne m’as pas
envoyé me faire cuire
un grésillement d’yeux et on a fui les fumeroles des
mégotiers qu’alimentaient sans relâche
des grappes d’idéologistes du sinon rien
renforcés de stakhanovistes de l’éclusage prolétarien
dégager de ce merdier, accord parfait là-dessus
ça nous a mis la poudre, on s’est propulsés
dans la vase de nuit, puis dans ma chiotte qui
de ses yeux de libellule s’est mise en… »

DISSONANCES #41 | OPIUM
Courtoisie

« Fais de beaux rêves ! elle me balance du bout du monde

J’ai pas envie de faire de beaux rêves
Je déteste faire des rêves, surtout des beaux
Un mauvais rêve, encore ! c’est qu’un mauvais rêve, ça passe
Mais un beau rêve c’est beau pendant, et ça se paie cash au réveil !
T’étais sur un tapis volant, tu nageais dans
un océan de félicité, ou tu baisais une fille de rêve
( justement une fille de rêve ! )
et tu émerges comme un chat crevé d’une mare
( t’as la tête d’un chat crevé et l’odeur )
et tu te dis, t’es obligé de te dire : t’inquiète pas c’est normal avec ce que t’as pris pour faire de beaux rêves maintenant tu… »

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BELLEVEAUX Jean-Christophe (extraits) https://revuedissonances.com/belleveaux-jean-christophe-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:53 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2346 DISSONANCES #45 | TOXIQUE Dimanche soir, face B « comme une fleur, un fruit vénéneux, comme les corps suppliciés, la fièvre, les alcools tempestifs, comme une très noire magie, une purulence, lente gangrène, suppuration, pluie acide le scalpel de la pensée balafre regarde les mots qui suintent, presque on en sent la détestable odeur, ça dégouline…Lire la suite BELLEVEAUX Jean-Christophe (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
Dimanche soir, face B
« comme une fleur, un fruit vénéneux, comme les corps suppliciés, la fièvre, les alcools tempestifs, comme une très noire magie, une purulence, lente gangrène, suppuration, pluie acide

le scalpel de la pensée balafre

regarde les mots qui suintent, presque on en sent la détestable odeur, ça dégouline et pue, étourdit, suffoque, protège-toi, mets le masque, bouche tes oreilles et tes narines, enfile des gants, ferme les yeux, sois mort et pur et silencieux

qu’on me donne une autre coupe de vin

car même l’ironie me souille les sangs que je ne puis me ronger – tel un os où s’attache encore une guenille de chair en décomposition, l’humus d’une tombe sur laquelle on jette de mauves phlox qui vont s’y faner, se fondre avec le terreau où de voraces lombrics mènent leur carnaval de… »

DISSONANCES #44 | SILENCES
Et le bruit finira

« Je vais tomber. Tais-toi. Les ciels. Les ciels ! Pas besoin de parler. Tais-toi. C’est ce que je dis. Mais j’ai du mal avec mon futur : les ciels, quand le soleil ivre-mort sombre rouge derrière les hangars, ou ces camaïeux gris bleus, sans moi. Tais-toi. La violence aussi, dont la corde trop tendue se rompt et fouette au hasard les visages, ô l’insatiable jeunesse, la flèche envolée vers aucun but, dans l’ivresse de sa course dans le vide. Éternellement suspendue. Tais-toi. Tais-toi. Ce souffle à peine dans les palmes – et la mer mal dite, parfois caressante, parfois hargneuse comme des stridences de guitare. Sommes-nous ? Baobabs qui nous ont ébahis en dehors des allitérations, serpents fascinants, peaux, fumées, montagnes, dans le fracas des yeux, la vase du souvenir : sommes-nous ? Tais-toi. Mais tais-toi ! Comme un mot à un autre mot ajouté, comme une plainte ou une extase, une averse attendue – cependant les paupières tombent (comme je tombe) – chuchotis à peine des ténèbres (mourir tout bas), mais le jour point. Comme sur la pierre sacrificielle, la tête sur l’oreiller posée. La flamme d’une bougie vacille et le peu qu’elle éclaire s’en trouve embelli. Bouvreuils, chardonnerets, dripping de Jackson Pollock, un air marin enveloppe et… »

DISSONANCES #43 | TRANS-
Asmara (transfuge)

« La Peugeot 305 est une automobile familiale produite par le constructeur automobile Peugeot de 1977 à 1989 à Sochaux (Doubs).
La Peugeot 305 Série 2 break se glissait beige dans la nuit qui restait douce – environ 15° C pour ce que j’en estimais, mais toutes sortes de circonstances pouvaient m’induire en erreur, la moindre n’étant certes pas mes sens altérés par la prise de psychotropes dont l’effet neutralisant irradiait déjà doucement dans tout mon corps.
La guerre avec l’Éthiopie avait repris l’année d’avant : conflit quant au tracé de la frontière… Des MIG 21 s’étaient aventurés jusqu’à la capitale pour bombarder l’aéroport. Réplique efficace de la DCA érythréenne, mais c’était plutôt tout au sud du pays, sur la ligne de front, qu’on passait de vie à trépas.
Les psychotropes sont des médicaments possédant une propriété dont l’action se fait spécifiquement sur l’activité cérébrale. Un couvre-feu est une interdiction à la population de circuler dans la rue durant une certaine période de la journée, qui est… »

DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE !
Cul-de-sac

« J’ai reçu un courrier de quelqu’un que je ne connais pas. Dans cette enveloppe, étrangement, il y avait juste une photo. Est-ce bien normal d’envoyer sa photo aux gens, comme ça ? C’est la photo d’une femme. Assez déshabillée. Je suppose que c’est elle qui m’envoie sa propre photo. C’est une photo noir et blanc. Une femme que je ne connais pas m’adresse son corps en 25 Asa ou quelque chose comme ça. On a volontairement coupé la tête au cadrage. Pas de visage. Un corps seulement, poitrine nue, bas et porte-jarretelles, chaussures à talons. Bof.
Nonobstant…
Ça intrigue.
C’est elle qui a pris la photo. L’appareil est équipé d’un retardateur de déclenchement. Ça aussi, je le sais. Je dis « bof » pour la panoplie convenue : porte-jarretelles, escarpins, etc. Je ne parle pas du corps ; stéréotype de corps de toute façon, puisque sans visage : longiligne, fin.
Bas et porte-jarretelles noirs. Noires chaussures. Les seins sont plutôt petits. Fermes et ronds évidemment. Pas de… »

DISSONANCES #41 | OPIUM
Lijiang, avril 2005

« on ignorait qu’ici on pût encore poser la tête sur l’oreiller de bois, tirer sur le tuyau de bambou

on aspire, on flotte, on se sépare de soi au ralenti

on regarde passer les camions bâchés, la poussière qui retombe, la Chine à l’horizon barré de montagnes

on sirote un thé clair et la fatigue, on écoute les enfants, les oiseaux, la rivière

au coin une robe parme disparaît, on passe sur les ponts

on remarque, peints sur les murs d’un temple, une hirondelle et des… »

DISSONANCES #38 | FEUX
Imprécation
« enfermé dans un parallélépipède rectangle c’est-à-dire une chambre ou un salon emboîtement de petits pavés qui constituent ce qu’on nomme appartement fenêtres ouvertes sur le froid pour le cri ou contre l’humidité de la lessive mise à sécher foutre le feu à tout ça à l’étagère qui contient quelques livres et des documents administratifs au plancher qui craque aux cartes postales alignées sur la cheminée condamnée s’envoler avec les rauques corneilles passionnément oh s’envoler  flammèche soi-même irradiant brièvement plutôt que seulement consumé tchac tchac tchac cependant que la vaisselle prend la poussière et qu’un fond de vin rosé croupit dans le verre – où sont les caravelles au bois vermoulu bercées par le clapotis, où le sommeil plein de rêves de conquêtes fières ? qu’on m’approche le phosphore et les allumettes nom de dieu catéchismes cuisines équipées pensions de retraite zioup cramés je me couvrirai des cendres de tout cela pour marcher nu vociférant des blasphèmes n’entendez-vous pas bourgeois de la rue Saint-Étienne
prolétaires de tous temps et tous espaces n’entendez-vous pas sempiternels Papous le crachotement terrible du dragon je réclame les allumettes pour ma… »

DISSONANCES #34 | TRACES
Labiles cicatrices

« feu libre de manger le bois la sciure des fourmilières yeux pour regarder l’incendie plumes aussi dans le tourbillon duvet blanc léger un peu de sang collé cinq roseaux graciles mal alignés œil encore pour regarder les foulques dans les herbes brûlure dard de l’abeille durcissement et rougeur à l’endroit de la piqûre mica poussière du chemin ronce agressive (la mort laisse des traces) odeur du sureau le poème est dispersé alentour crâne d’un petit rongeur dents os fins et très blancs le tout comme disposé là rat crevé desséché poil collé ricanement haut sur les gencives on (seing de disparition) en fait une lecture inquiète nid : 3 œufs tachetés nid dévasté coquilles brisées aux bords poissés du jaune de la vie sable souche nœud du bois les baies noires du buisson souche sable l’eau du fleuve fait des remous sur le bord galets dans la vase larmes sueur sel urine bruit d’un frétillement soudain fuite d’un lézard strates (stigmates) de l’ardoise épaisseurs de l’éclat un scarabée se hâte le pied pourrait l’écraser et ne (rien) prouver l’instant prend alors une consistance d’… »

DISSONANCES #33 | FUIR
S’évader encore ?
« bras, yeux perdus, gisant, j’ai tant fui, couché, j’aurais définitivement voulu une mort verticale, la fulgurance plutôt que cette lenteur qui ramène ses images, ce sépia d’une vie rouillée – kif // sur la plage de Tanger / jusqu’à faire péter la tête / scansion des falaises qui tournent, de la pipe / scansion de la fumée telle une scolopendre / kif // en compagnie de Christophe D. devenu criminel notoire ( ?) – mort lui aussi – et d’un pêcheur braconnier de rencontre

paragraphe bouclé

ce moment extatique et dangereux : l’arrivée de soldats – on ensevelit la pipe et le kif dans le sable ; Tanger mirifique quand on a 20 ans, sans avoir lu encore Paul Bowles ; dans le bruit des machines, en fond de cale du bateau qui va d’Algésiras au Maroc, je change du fric avec un mécano au bleu de travail barbouillé de cambouis, c’est un peu épatant ; faudra y retourner un jour, vérifier l’invérifiable, renifler l’odeur des fantômes dans le Petit Socco, boire la lie des… »

DISSONANCES #32 | NU
Le trouble
« Singapore Sling cocktail glacé au retour du bowling / L’orage quotidien d’équateur enfle sûrement dans l’air / Au dortoir du sixième étage la moiteur a pris le linge / Cinq dollars pour un lit / Quelqu’un dort qui doit être une femme / Des plaques de crasse sur sa peau de rousse / Les joues creuses les bras troués
Il avait écrit cela au retour. Une fois le voyage digéré. Il pouvait le relire sous l’éclairage direct de la lampe de bureau, comme s’il se fut agi d’un poème étranger ; de quelqu’un d’autre, celui qu’il avait été à ce moment-là, dans le dortoir de Singapour, avec ses placards métalliques qu’on fermait au cadenas. Il faudrait qu’il cherche des photos, pour convoquer ces instants-là, en quelque sorte attiser… Bencoleen Street. Immeuble avec ascenseur. En panne les trois quarts du temps. Singapore Sling – gin, cherry, jus d’ananas, citron vert – pour incendier la mèche qui passe dans les membres, la nuque, la tête. Pantalon qu’on désignerait volontiers par un pluriel pour faire plus britannique : des pantalons de fil grège, avec pinces et revers ; avancer d’un pas conquérant dans les incroyables corridors de l’hôtel Raffles… Il portait des pantalons clairs, larges, au pli strict, aussi une... »

DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
Karl Marx ne m’est d’aucun secours
« torsion sont-ce encore bras visages dans les couloirs sortilèges marmonnés ah couloirs pour un lent glissement Cronos ricane c’est un endormissement l’hôpital prend tous les muscles la pensée elle-même simulacre paralysé liquéfié suis-je autant que le sont les autres pour moi énigmatique inquiétant dans le très faux repos
le pire des supplices l’éternité à traîner des pieds dans corridors circulaires l’éternité pareillement circulaire où l’on croise les mêmes gueules ravagées la fatigue de vivre l’incessante soufflerie des âmes et des machines à ventiler comment arrive-t-on à couturer la minute précédente avec la suivante syncope
dehors replie ses ailes j’attends le toboggan du sommeil finies les images j’attends le poids des couvertures sur la presque mort de longs clous fichés dans les os torsion de ça mal dit le froid prend d’abord les mains on voudrait s’étrangler avec ses propres nerfs sale tricherie de littérature plutôt une doucereuse pulvérisation je ne fais défaut qu’à moi-même j’y vais
couloirs répétés pleurs et cris couloirs indifférents cigarette l’attente du... »

DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
La trajectoire du papillon
« Le mot qui dit la chose la sort de l’indistinct, la désigne dans son existence reconnue. Je me l’approprie. Dans le même temps, la nommant, je l’accouche et m’en éloigne définitivement. Je ne sais pas. La poésie serait le chemin qui serpente entre ces incertitudes, un point d’interrogation.

Un coq.
Chante à la lune,
à la nuit tropicale,
à son plaisir d’être coq.
Trois heures du matin :
ma fatigue relie l’Asie et moi et le cosmos.

la pluie
( c’est le poème )

j’avais suggéré ce… »

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LÉCUYER Alban (extraits) https://revuedissonances.com/lecuyer-alban-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:53 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2296 DISSONANCES #45 | DYSCHRONIE Été 2023 « 12 mars : Je revois American Honey (Andrea Arnold, 2016) avec mon fils. Quand Star, l’héroïne interprétée par la magnétique Sasha Lane, rencontre Jake (impeccable Shia Labeouf) sur le parking bouillant d’un supermarché, elle entrevoit déjà la fuite avec une autre peau, la promesse d’étreintes qui ne seront rien d’autre…Lire la suite LÉCUYER Alban (extraits)

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DISSONANCES #45 | DYSCHRONIE
Été 2023
« 12 mars : Je revois American Honey (Andrea Arnold, 2016) avec mon fils. Quand Star, l’héroïne interprétée par la magnétique Sasha Lane, rencontre Jake (impeccable Shia Labeouf) sur le parking bouillant d’un supermarché, elle entrevoit déjà la fuite avec une autre peau, la promesse d’étreintes qui ne seront rien d’autre qu’infidèles – l’absolue nécessité de désirer des désirs. Cette fois je comprends qu’en réalité elle ne rêve pas d’Amérique, qu’elle ne tombera pas amoureuse. Star, parce qu’elle a une bonne raison de s’évader, d’abandonner ses jeunes frère et sœur à leur mère démissionnaire, ne veut que de la vie, peu importe où, peu importe avec qui, rien que la vie, encore et encore.
21 mars : Un milicien de la Brav-M roule volontairement sur la jambe d’un manifestant à terre. Ça se passe un mardi. Ça se passe juste en bas de chez toi.
27 avril : J’arrive à Sainte-Maure-de-Touraine pour travailler sur la jeunesse des villes de moins de 5000 habitants. T., chez qui je loge, entame une assiette de rillettes de thon et la phrase « J’ai toujours voté à gauche, mais… ». Il est assez rare qu’… »

DISSONANCES #40 | DYSCHRONIE
Hiver 2020
« 1er septembre : Vingt-cinq ans après, je retourne voir La Haine au cinéma. Derrière moi, une jeune femme qui doit avoir à peu près l’âge du film demande à ses copines : « C’est un film qui vient de sortir ? » Très bonne question. Si Vincent Cassel, Saïd Taghmaoui et Mathieu Kassovitz ont vieilli, rien ou pas grand-chose des violences sociales et des rapports entre les jeunesses périphériques et la police n’a réellement changé depuis les années 90.
3 septembre : À rebours de Rimbaud sur la plage armoricaine, la ville s’éteint dans le soir. Les réseaux téléphoniques, les lampadaires, les terminaux de paiement des bars et des restaurants cessent subitement d’émettre un semblant de vie. Le reste du monde s’éloigne brusquement, il faut de nouveau parcourir les distances. Ce n’est qu’un jeudi soir à Limoges, mais pendant presque deux heures nous avons vu la préfiguration non pas d’un monde d’après, mais d’un monde sans.
7 septembre : Je retrouve mon amie F. à la terrasse d’une brasserie face à la Gare de l’Est. Depuis que je la connais, F. se débat pour… »

DISSONANCES #30 | DISGRESSION
Les villes irréconciliées d’Antoine d’Agata
« C’est un détail, à la fois infime et fondamental : entre Psychogéographie, travail de commande consacré aux opérations de renouvellement urbain à Marseille, et Anticorps, rétrospective volubile et monumentale d’un millier de clichés, Antoine d’Agata a effacé une partie des personnages qui peuplent sa géographie phocéenne. Restent des paysages vides, abîmés, qui racontent la rupture entre les corps et leur environnement. Cette disparition pose la question du rôle de la ville dans une œuvre d’abord construite autour de la chair et des tentatives du photographe de « se fondre dans le ventre du monde » par la consommation extrême de stupéfiants et de sexe tarifé.
Anticorps propose un préambule de treize planches-contacts réalisées, pour la plupart, à Phnom Penh et à Bangkok. Chambres anonymes. Client et prostituées. Atmosphère amniotique. Des centaines de fragments de jouissances et de douleurs contenus dans un champ de vision absolument restreint, réduit au faisceau vignetté d’une lumière inquisitrice et carcérale. Réduit aussi aux résidus de lucidité qu’accordent les trop-pleins d’euphorisants et d’opiacés – « neurones en fumée et cessation d’activité mentale ; […] c’est là que… »

DISSONANCES #20 | MAMAN
Mammifère 
« La baby-sitter n’était pas libre, tu m’as dit d’y aller sans toi. Il y a surtout des couples, quelques célibataires, des gens qu’on ne croise plus qu’en soirée, ou aux réunions de parents d’élèves. On porte nos verres à nos bouches sans raison, du The Kooples ou du Yumi en toute occasion, des jugements un peu hâtifs sur la vie en province, d’une manière générale. Je ne pense pas que je rentrerai tard. Je vais vite m’ennuyer toute seule.
Des groupes encastrés dans les volumes disponibles, la cuisine, les toilettes, on en trouve jusque dans l’escalier qui mène aux chambres. C’est une façon de combler les vides, en quelque sorte. On aborde des sujets délicats, friables, que l’indifférence réduit très vite en miettes. Un certain nombre de questions sur la télévision, l’errance de Depardon, un scénario de Joseph Minion. Ou bien la zone de Stalker, la culpabilité selon Carver, un poète qui s’appelle Revolver, c’était dans quoi, déjà ? Au fond, peu importe. On a déjà eu ces conversations.
J’aurai la tête qui tourne et je n’en prendrai pas conscience tout de suite. Après, il sera trop tard. Je me demanderai à quoi je ressemble, si tous ceux qui m’envisagent… »

DISSONANCES #19 | IDIOT
Reduced Britney Spears

« Reduced Britney Spears, 1
Life is a tale
Told by an idiot, full of sound and fury,
Signifying nothing. (Macbeth, V, 9)
Quand elle se lève, Britney commence par balayer les photographes morts au bord de la piscine. Puis elle met en route le système de filtration pour évacuer ceux qui flottent à la surface de l’eau. Parfois, au petit-déjeuner, il y en a un qui tombe dans son jus d’orange et ça l’énerve prodigieusement.

Reduced Britney Spears, 2
That’s the way our life should be
Britney ne tond pas la pelouse. Elle ne va pas non plus chercher son courrier. Britney ne fait pas ce que font les gens. À la place, elle lit Shakespeare et elle… »

DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Biographie de la pudeur

« Alors ça fait quoi de se retrouver sur l’étal ? Fouillée sans retenue, perquisitionnée par des doigts, des tas de doigts, un genre de morceau qu’on examine sous toutes les coutures ? Non, les coutures ce sera pour plus tard, quand il faudra reboucher ce corps, l’étancher, le cadenasser une bonne fois pour toutes. Les femmes, on doit s’assurer que rien n’en ressort, sinon ça fait des saloperies partout.
Pour l’instant tu te demandes à quoi tu ressembles. Si tous ces gens qui t’ont apprise par cœur dans un traité d’anatomie, disséquée en deuxième année de fac, démontée remontée pièce par pièce sur des moulages en plastique, éprouvent encore ta présence. S’ils ont conscience de tes contours, ou seulement du dessin en rouge et bleu de ton système reproducteur.
On ne connaît pas la pudeur tant qu’on n’a pas montré son dedans à des étrangers. Il faut avoir été ouverte sous péridurale, et que d’autres se soient servis à pleines mains, pour comprendre qu’avant le début des crampes, avant le rasage et les morphiniques, on n’… »

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LE MORVAN Mathieu (extraits) https://revuedissonances.com/morvan-mathieu-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:52 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3757 DISSONANCES #45 | TOXIQUE La galerie de minéralogie « il y a devant la galerie de minéralogie toutes sortes de roses extravagantes comme des quartz elles ont éclaté autour de nous ces roses silicates ivres de leur barbante perfection le parfum de leur vie trop vive nous intoxique – comme… » DISSONANCES #44 | SILENCES Orphée aux alpages…Lire la suite LE MORVAN Mathieu (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
La galerie de minéralogie

« il y a devant la galerie
de minéralogie
toutes sortes de roses
extravagantes
comme des quartz

elles ont éclaté autour
de nous ces roses
silicates
ivres de leur barbante
perfection

le parfum de leur vie trop vive
nous intoxique
– comme… »

DISSONANCES #44 | SILENCES
Orphée aux alpages
« J’ai repris le chemin d’autrefois, tu vois.

Au printemps, les torrents se font gros, ils dévalent en bouillon vers la rivière. Jusqu’au mois de juin nous longeons des névés.

Il y a là une vue qui porte assez loin, par-delà la vallée, et jusqu’aux sommets d’un pays lointain. Au cœur de la journée, la brume remonte de la rivière, à flanc d’adret, et fait retomber sur les yeux du marcheur un voile de carmélite.

Il y a parfois des éphémères qui accompagnent mes pas ; ils disparaissent au creux d’un chemin, puis surgissent lorsqu’on s’y attend le moins. Leur langue est-elle inscrite sur les pierres, que j’interroge en vain ?

C’est un lieu, dans la montagne.
C’est un lieu dans la montagne où trois pierres plates… »

DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE !
Marne

« … je t’ai suivie sous cette terre marneuse où s’étouffait le souffle des obus là-haut tout là-haut bien au-dessus de nos silhouettes en fuite, nous nous sommes blotties dans une alcôve dans un recoin de la cave, sa fraicheur l’odeur une tranchée immense et silencieuse, là-haut cela riait des dents de cadavres aux faces arrachées brillaient sous les lampions de cette nuit du mois d’août, nous étions seules au monde toi moi dans l’alcôve, je voyais à la lampe ton profil de vestale presque vierge et je me disais je me disais Putain comme elle est belle, je suivais la courbe de ton nez un peu pointu le cartilage comme deux ailerons mes fanaux à suivre dans la longue nuit, tu t’es raprochée je me suis blottie là-haut tout là-haut un boum boum d’artillerie faisait danser les verres et nous parvenait comme une rumeur affreuse, tes cils tes cils et le coin de tes yeux, tu as touché une mèche sur mon front le temps s’est immobilisé l’attente avant l’assaut avant l’effondrement du monde sur nos têtes, tu m’as dit Attends j’avais le souffle coupé tu t’es levée tu as couru dans ces rayons ces rayons de milliers et milliers de bouteilles et j’ai pensé Non ! puis Reviens ! mais je n’ai rien dit pas bougé j’ai eu peur que tu me trouves… »

DISSONANCES #38 | FEUX
L’écluse
« de ta lucarne Salomé
je te vois peindre les feux
qui illuminent le canal

tes feux glissent au loin
sous les ormes déchirés
par le silence et la nuit

les barges à leur sillon
fissurent d’ocre-roux
les eaux noires de l’écluse

et soudain du chemin de halage
s’élèvent les herbes hautes
et la carcasse des… »

DISSONANCES #37 | IMPUR
Cairn
« « Il n’y a qu’un seul chemin… Du vallon, la route bifurque, celle qui vient de… c’est par là qu’il est arrivé. » Il est arrivé de son pas égal, habitué aux pierres à la montagne aux caprices du terrain aux accidents et il a vu la fille, de dos les bras menus croisés sur la poitrine et sa longue, unique tresse pendue dans les fougères, immobile comme sur les routes de certains pays ces amas de cailloux qu’on appelle des cairns, elle a eu un frémissement d’animal traqué, sans bondir rien seulement la tête un quart de tour et ce regard qui transperce la bure, une respiration tout-à-coup silencieuse, lui la dépassant sans ralentir de son pas égal toujours, comme s’il n’avait croisé là qu’une souche perdue dans les feuilles basses.
« C’est le père qui l’a reçu, il l’a mis au travail, derrière la maison, dans la poussière de ce plateau crayeux où le vent… » Par la porte le jour déclinant sur les dalles sur la table, la table inamovible massive celle sur laquelle toute la maison a dû naître, on y voit encore dans le soleil couchant mais à peine et il est bien temps de souper, le moine penché lapant la soupe auréolée de lunes grisâtres glissant sur les blettes tièdes, lapant au rythme de son pas de marcheur, s’… »

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PRÉVOT Mehdi (extraits) https://revuedissonances.com/prevot-mehdi-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:48 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5787 DISSONANCES #45 | TOXIQUE Bagarre « Il sont noirs tes yeux, je ne les avais jamais vus aussi noirs Tu me fais peur – – j’aime me lover dans cette peur Le rhum, encore une fois – a ouvert une nuit en toi Une nuit de colère – noire dont tes yeux ruissellent Mes étés tristes…Lire la suite PRÉVOT Mehdi (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
Bagarre
« Il sont noirs tes yeux, je ne les avais jamais vus aussi noirs
Tu me fais peur –
– j’aime me lover dans cette peur

Le rhum, encore une fois – a ouvert une nuit en toi
Une nuit de colère – noire
dont tes yeux ruissellent

Mes étés tristes de petit garçon à Perpignan
je les retrouve dans tes mains d’étincelle

sous le lit le croque-mitaine sous le lit le croque-mitaine ne me fait plus peur

Tu t’énerves – je me soumets à ta rage
Je suis ce petit animal qu’il te faut… »

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KÖHLER Barbara | Blue Box https://revuedissonances.com/kohler-barbara-blue-box/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:45 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5674 Coup-de-cœur de Sara BALBI DI BERNARDO pour Blue Box de Barbara KÖHLER DISSONANCES #45 Barbara Köhler (1959-2021) est une poétesse, artiste et traductrice allemande. Elle a publié plusieurs livres de poésie et traduit des textes de Samuel Beckett et Gertrude Stein. Blue Box, paru en Allemagne en 1995, est son premier livre traduit en français. Le…Lire la suite KÖHLER Barbara | Blue Box

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Coup-de-cœur de Sara BALBI DI BERNARDO pour Blue Box de Barbara KÖHLER
DISSONANCES #45

Barbara Köhler (1959-2021) est une poétesse, artiste et traductrice allemande. Elle a publié plusieurs livres de poésie et traduit des textes de Samuel Beckett et Gertrude Stein.
Blue Box, paru en Allemagne en 1995, est son premier livre traduit en français. Le recueil est présenté par son traducteur et accompagné d’un texte intitulé Le voyage au centre du discours qui, en passant par Franz Kafka, Ingeborg Bachmann et Homère, explicite le rapport de son autrice au travail poétique de la langue.

Les poèmes de Blue Box tissent (et tordent) de nombreux thèmes, parmi lesquels le langage, l’autre, le temps, l’identité : « Ça fait neutre mais ça / n’a pas de but ça a ses / règles sa grammaire est / incommodée mais ça fait rien / – ça passe » ; ils fragmentent, agencent, suspendent les mots. Ensemble, je me les représente comme un grand mobile d’Alexander Calder, où je serait tour à tour matière, lien, mouvement et espace. Car je est multiple et mouvant.

La poésie de Barbara Köhler est inventive, libre, époustouflante : « Mon étrange mon inégal / -able mon pasmon mon / maisoui nonmais mon in / -dicible ma créature verbale jetuil ». Par un savant jeu de collages, glissements, fusions et détournements, elle fait naître de nouveaux pronoms personnels, de nouveaux liens entre les choses, une autre manière d’être au monde.

Face aux « impasses / de la parole », l’autrice dé/construit, ré/invente et interroge la langue : «  Je m’exerce à la solitude, et je pense que j’ai déjà pas mal progressé. Je parle avec la langue, parfois elle répond. Parfois aussi, c’est quelqu’un d’autre qui répond. » Elle nous emmène vers un vertigineux champ des possibles, celui d’un vaste terrain de jeu poétique.

traduit de l’allemand par Laurent CASSAGNAU
éd. L’extrême contemporain, 2022
100 pages
15 €

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QUINTANE Nathalie | Un hamster à l’école https://revuedissonances.com/quintane-nathalie-un-hamster-a-lecole/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:41 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5694 Coup-de-cœur d’Antoinette BOIS DE CHESNE pour Un hamster à l’école de Nathalie QUINTANE DISSONANCES #45 Avouer d’emblée le plaisir rare et infiniment jubilatoire procuré par Un hamster à l’école. Avouer, oui, car on a toutes et tous été élèves à défaut d’être profs, et parfois les deux : « 53 ans que, élève, étudiante, enseignante, je suis…Lire la suite QUINTANE Nathalie | Un hamster à l’école

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Coup-de-cœur d’Antoinette BOIS DE CHESNE pour Un hamster à l’école de Nathalie QUINTANE
DISSONANCES #45

Avouer d’emblée le plaisir rare et infiniment jubilatoire procuré par Un hamster à l’école. Avouer, oui, car on a toutes et tous été élèves à défaut d’être profs, et parfois les deux : « 53 ans que, élève, étudiante, enseignante, je suis dans l’Éducation nationale » précise l’autrice en 4ème de couv.
Cette exploration et ce démontage en règle des rouages qui font tourner la roue du hamster (« C’est en tant que hamster que j’ai pu tenir aussi longtemps dans ce contexte parce que je fais tourner très vite la roue et que je / [suis /extrêmement concentrée sur l’effet d’optique que produit la vitesse au niveau des rayons ») et celle de l’institution (« L’institution, pour moi, ç’a longtemps été une / [bobine : /tu la fais rouler sous un meuble, et comme ça elle existe pas ») et, par rebonds, celle de la société (« on parlait pas encore de / [« compétence » / ni d’« évaluation »il aura fallu que les mots de l’entreprise pénètrent bien profondément toute la société pour qu’elle nous les refilent comme on refile la chtouille ») provoquent au fil de la lecture un sentiment bien particulier qui pourrait se traduire par un « je le savais ! » vengeur.
Égrenées en 48 brefs chapitres, les absurdités et incohérences du Mammouth (estrade ou pas estrade, oraux (du brevet, du bac, de l’agrég), mythes (« la 4e c’est la pire »), classes Segpa et j’en passe) sont pointées avec une gouaille et une férocité amusées, portées par une voix singulière et syncopée qui parle à l’oreille, qui fait confidence ou s’exclame, qui s’étonne et détonne, démonte la syntaxe et laisse couler une oralité vive et fraîche, bien loin du morne des cours carrées.

éd. La fabrique, 2020
198 pages
13 €

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PETIT Pascale | Pas de printemps pour Acapulco https://revuedissonances.com/petit-pascale-pas-de-printemps-pour-acapulco/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:39 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5719 Coup-de-cœur de Nicolas LE GOLVAN pour Pas de printemps pour Acapulco de Pascale PETIT DISSONANCES #45 Ce n’est pas parce que j’ai enfin acheté le livre élu à ma lecture, parce que j’ai assez picoré en ligne le prémâché critique toujours existant (si j’étais plus paresseux, tiens, je te copierais, car aucun livre n’est vierge…Lire la suite PETIT Pascale | Pas de printemps pour Acapulco

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Coup-de-cœur de Nicolas LE GOLVAN pour Pas de printemps pour Acapulco de Pascale PETIT
DISSONANCES #45

Ce n’est pas parce que j’ai enfin acheté le livre élu à ma lecture, parce que j’ai assez picoré en ligne le prémâché critique toujours existant (si j’étais plus paresseux, tiens, je te copierais, car aucun livre n’est vierge de prolégomènes parasites, celui-ci autant que les miens : OK, « j’érotise les lubrifiants », pardon), ce n’est pas parce que, de la merde langagière («  on reste en contact »), de la courante médiatique («  pourquoi payer plus cher ton monte-escalier ? ») et des mille lapalissades vues à la télé (« les afghanes ont les yeux verts  »), Pascale Petit fait jaillir des lingots poétiques («  j’ai envie de QI » (oh que oui !), «  je respire profondément pendant les heures creuses » (toi aussi ?)), qu’elle agence comme un bouquet neuf d’hypermarché (« la vue sur mer n’est garantie qu’un an »), pour un logos plus foudroyant car trompeusement accessible, déminé de ses intentions mercantiles égotiques («  j’aime mon sac i love my bag / et mon portable peut me dire le prix du kilo de bananes ») ou juste débiles («  t’es plutôt : motoneige ou soirée cosy dans l’igloo ? »), ce n’est donc pas parce qu’un livre de poésie est d’emblée excellent et terriblement moderne (« ça se passe en ce moment et on y est »), rien qu’à l’éventer de loin puis de très près, que je ne vais pas le relire sérieusement ? Justement non.
Parce que (souffle !), en vérité, l’expérience poétique, ça ne te caresse pas seulement («  je souris à la fin des phrases  », mais ça t’enjoint (« clique pour agrandir / tu verras tout l’univers »), ça te pince en t’embrassant (« demande pas ta mutation / demande ta métamorphose »). En somme, ça trisse : des coups de latte, un baiser… mais là, tiens, tout est copié, pardon.

éd. Série discrète, 2022
72 pages
14 €

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DISSO #45 : Tristan FELIX https://revuedissonances.com/disso-45-tristan-felix/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:37 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5744 Extrait de l’entretien avec Tristan FELIX publié dans DISSONANCES #45    Tristan FELIX (petite) Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ? J’écris plutôt dans, dedans, immergée, en semi-hypnose, sauf peut-être lorsque je chronique des livres qui m’ont gratté l’âme car je me dois d’être à hauteur de l’expérience de l’autre. Je…Lire la suite DISSO #45 : Tristan FELIX

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Extrait de l’entretien avec Tristan FELIX publié dans DISSONANCES #45

   Tristan FELIX (petite)

Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ?
J’écris plutôt dans, dedans, immergée, en semi-hypnose, sauf peut-être lorsque je chronique des livres qui m’ont gratté l’âme car je me dois d’être à hauteur de l’expérience de l’autre. Je n’ignore pas pour autant le pour ou le contre. On a ses colères, ses enthousiasmes mais l’écriture ne s’engage vraiment que si elle malaxe le maelström de ce qui la touche pour en faire éclore des choses qui n’existent que par elle. C’est notre seul rapport au réel. Je m’engage toujours dans l’inconnu pour le découvrir, ce qui me met hors de moi.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
Les chiffres 3, 6 ou 9, qui sont des fœtus à l’endroit ou renversés, en tout cas des signes en gésine, neufs. Parfois des rimes, des mètres, des strophes, des versets ; parfois un flux libre mais la scansion comme la mélodie toujours domptent l’imaginaire à 360 degrés sinon ce serait une bouillie. Par exemple, mes « Ovaine » sont des contelets de 6 alinéas parce qu’elles sont des énigmes poétiques que la langue doit résoudre grâce à cette échéance. La folie est autrement plus rationnelle et contrainte que le délire marchand des neuroscientifiques ou des actionnaires de pleine conscience.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Je continue d’écrire dans ma tête mais j’oublie au fur et à mesure jusqu’à ce que sur la feuille ou l’écran s’invente autre chose empreint de ce qui a été oublié. Je vis ce que j’écris, que je tète un Lagavulin ou tente de faire sourire un lézard. J’écris aussi bien sûr quand je lis, avec une voix parallèle ou dissidente, en tout cas toujours enrichie, en ricochet.

Qui est votre premier lecteur ?
Parfois mon amie Anne Peslier, très intuitive. Le plus souvent c’est mon moi étranger quand le texte a suffisamment attendu pour que les maladresses saillent.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Un être qui te fait confiance, qui te reconnait, qui ne copie-colle pas en aveugle, donc qui est capable de te corriger, qui t’accompagne par une diffusion efficace, des propositions de salons, de marchés, de festivals, de signatures etc. Qui veille à ne pas…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #45

BIO

Tristan Felix naît à Saint-Louis (Sénégal) et demeure à Saint-Denis (France). Polymorphe, elle décline la poésie sur tous les fronts ; a publié en vers comme en prose vingt-sept recueils et, pendant 12 ans, a codirigé avec Philippe Blondeau La Passe, une revue des langues poétiques. Elle est aussi dessinatrice, photographe, marionnettiste (Le Petit Théâtre des Pendus), conteuse en langues imaginaires, performeuse vocale, clown trash (Gove de Crustace). En 2008, elle co-fonde L’Usine à Muses, pour la promotion des arts vifs et de la poésie, et se met à fabriquer d’insolites films avec son complice cameraman nicAmy. Elle cultive l’échange, l’étrange, le brut, le ciselé. Ses créatures oniriques guérissent qui s’y frotte. Son univers chamanique est inquiétant, lyrique et jubilatoire, entre théâtre de rue intérieure, cabinet de curiosités et cirque poétique. En 2021, Arsène Tryphon (alias Yoan Armand Gil, des éditions Venus d’ailleurs, qui l’a éditée et exposée) compose un CD, La Mort se fait la Belle, où elle interprète des rêves sonores lyrico-punk de cabaret. Un second CD mijote.

BIBLIO SÉLECTIVE (ÉTÉ 2023)

Rêve ou crève (éd. Tinbad, 2022)
Laissés pour contes (éd. Tarmac, 2020)
Aphonismes (éd. Venus d’ailleurs, 2017)
Zinzin de Zen (éd. Corps Puce, 2016)
Journal d’Ovaine (éd. L’atelier de l’agneau, 2011)

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ROUVIER Émilien | Journal d’ascétisme https://revuedissonances.com/rouvier-emilien-journal-dascetisme/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:34 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5713 Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Journal d’ascétisme d’Émilien ROUVIER DISSONANCES #45 En nos temps si chargés d’hystéries collectives (angoisses en tous genres et autres ressentiments) dont l’électricité à très haute tension crépite dans un air chaque jour plus toxique, voici un petit livre qui fait beaucoup de bien : c’est l’été, l’Italie (la campagne d’Ombrie), un…Lire la suite ROUVIER Émilien | Journal d’ascétisme

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Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Journal d’ascétisme d’Émilien ROUVIER
DISSONANCES #45

En nos temps si chargés d’hystéries collectives (angoisses en tous genres et autres ressentiments) dont l’électricité à très haute tension crépite dans un air chaque jour plus toxique, voici un petit livre qui fait beaucoup de bien : c’est l’été, l’Italie (la campagne d’Ombrie), un jeune homme tout seul qui marche sur les traces de Saint François d’Assise en une randonnée spirituelle et sensuelle dont un des objectifs est la quête d’absolu (une révélation serait la bienvenue) mais en fait pas plus que ça (« J’ai toujours éprouvé la nécessité de Dieu, dans la peau et dans le sexe, et ce sans jamais y croire ») car mêlée de plaisirs on ne peut plus terrestres (s’emplir à satiété de « tagliatelles aux cèpes qui filent admirablement avec le vin de Montefalco », suivre dans les fourrés des ragazzi coquins (faunes pasoliniens cachant leurs «  pieds de bouc dans des baskets communes » pour s’offrir sans façons en étreintes furtives autant que bucoliques) entre deux délicieuses siestes contemplatives (« s’allonger sous un arbre, épier les jeux d’ombre et d’éblouissement sur la trame des feuilles ») bref goûter pleinement aux joies de l’existence quand on a tout son temps parce qu’on a su pour ça se rendre disponible), ce qui fait que la lecture de ce Journal d’ascétisme, pur précis d’hédonisme porté par une langue d’un grand raffinement soutenant un propos à la fois très léger (volontiers ironique) et d’une vraie profondeur – réflexions sur la foi, la beauté, la jouissance…), bellement rehaussé par les très érotiques et délicates visions de l’artiste Clément Bataille, est une source constante de sensations limpides autant que délicieuses… et à consommer donc sans nulle modération !

éd. du Chemin de fer, 2023
104 pages
14 €

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BLOK Alexandre | Les Douze https://revuedissonances.com/blok-alexandre-les-douze/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:34 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5691 Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Les Douze d’Alexandre BLOK DISSONANCES #45 «  Le vent fait la fête, la neige tournoie, / Douze hommes marchent dans le noir ». Qui sont-ils ? Soldats ? Forçats ? Fugitifs ? Ivrognes ? Apôtres d’un poète anarchiste ? Ils avancent dans l’hiver russe, s’enjoignant à l’insurrection, avec des mots qui claquent : « À l’assaut, à l’assaut de la terre, prolétaires !…Lire la suite BLOK Alexandre | Les Douze

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Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Les Douze d’Alexandre BLOK
DISSONANCES #45

«  Le vent fait la fête, la neige tournoie, / Douze hommes marchent dans le noir ». Qui sont-ils ? Soldats ? Forçats ? Fugitifs ? Ivrognes ? Apôtres d’un poète anarchiste ? Ils avancent dans l’hiver russe, s’enjoignant à l’insurrection, avec des mots qui claquent : « À l’assaut, à l’assaut de la terre, prolétaires ! […] Marquez le pas révolutionnaire ! » Ils ont la révolution au cœur, ils en sont l’âme. « Et ils vont, sans Dieu ni maître / Tous les douze – ils sont liés / Prêts comme on peut l’être / Prêts et sans pitié  ». Liés comme ces douze poèmes qui n’en forment en fait qu’un, la progression des hommes assurant la continuité narrative de la chevauchée rebelle.
À travers ce texte écrit en janvier 1918, Alexandre Blok, saisi d’une rage qui s’incarne dans la fascination – réciproque – pour les Bolchéviques, est aussi traversé par une tempête onirique, tel un Sturm und Drang russe, et il nous entraîne dans son tourbillon. Sous un déluge musical, Les Douze opère ainsi un bouleversement rythmique en abolissant la distance entre la cadence de la langue versifiée et celle de la langue parlée. Poème majeur d’une révolution politique et littéraire, ce texte inaugure la poésie russe de la modernité : «  Ancien monde, chien sans maître / disparais ou je te tue ! »
Coup de dés ou hasard, à mesure que les douze tracent leur voie dans la nuit, la voix du poète se découvre dans son propre inconnu. Et par une ultime vision, « Sous le drapeau de sang qui danse  / Invisible dans le vent / Insensible aux tirs hurlants  », la figure du Christ, « roses de neige sur la tête », avançant « d’un pas léger sur la tempête », vient clore splendidement la marche hallucinée du poème.

traduit du russe par André MARKOWICZ
éd. Mesures, 2021
84 pages
20 €

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HARRISON Jim | La recherche de l’authentique https://revuedissonances.com/harrison-jim-la-recherche-de-lauthentique/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:33 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5677 Coup-de-cœur de Jean AZAREL pour La recherche de l’authentique de Jim HARRISON DISSONANCES #45 La recherche de l’authentique, florilège de textes écrits entre 1972 et 2010, porte la patte du Jim Harrison romancier à succès mais aussi celle du journaliste écrivant pour Playboy, le New York Times ou Sports illustrated. En ces temps de misère existentielle,…Lire la suite HARRISON Jim | La recherche de l’authentique

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Coup-de-cœur de Jean AZAREL pour La recherche de l’authentique de Jim HARRISON
DISSONANCES #45

La recherche de l’authentique, florilège de textes écrits entre 1972 et 2010, porte la patte du Jim Harrison romancier à succès mais aussi celle du journaliste écrivant pour Playboy, le New York Times ou Sports illustrated.
En ces temps de misère existentielle, la ballade de Jim nous conte l’art fragile de vivre libre.
Au fil de cinq grandes parties (« Un chien dans un jeu de quilles : l’amour, l’esprit et la littérature » / « Flotter : la pêche et l’eau » / « Années de chien : à propos de la chasse » / « Le débutant : autres articles de journalisme sportif » / « Le Michigan, le Montana et autres lieux sacrés »), on fait (entre autres) connaissance avec une « Petite culotte bleue », « Le marlin fou de Punta Carnero », «  L’ABC de Lauren Hutton », «  Le roulement de tambour de la gélinotte », «  Un pick-up brun vraiment maous »…
Observateur attendri (autant qu’impitoyable quand il évoque le glissement des États-Unis vers un «  Disneyland fasciste  »), Harrison possède (comme le gibier amoureusement traqué) la plume agile des grands espaces, le vocabulaire de l’ours en verve, le chant jubilatoire de l’oiseau.
Puis lire La recherche de l’authentique c’est retrouver le temps perdu cher à Proust dans un autoportrait multidimensionnel où l’esprit ne saurait être pur sans la primauté de la matière, les éléments et les sens mis à l’unisson, car l’auteur nous confie ici l’inestimable credo qui a guidé toute sa vie face aux tartuffes de tout bord : trouver en soi «  la frêle passerelle entre ne rien attendre et tout désirer » pour (avant tout sans doute) être vrai.

traduit de l’anglais (États-Unis) par Brice MATHIEUSSENT
éd. Flammarion, 2021
432 pages
22 €

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FOURVEL Christophe | On dira qu’on a gagné https://revuedissonances.com/fourvel-christophe-on-dira-quon-a-gagne/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:30 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5709 Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour On dira qu’on a gagné de Christophe FOURVEL DISSONANCES #45 «  Encensons la passion du football comme certains écrivains ont su le faire des stupéfiants ou de l’alcool ; comme une descente dans le plus bas de soi qui possède la beauté reflétée des soleils noirs. » Dans ce court essai parsemé de fulgurances,…Lire la suite FOURVEL Christophe | On dira qu’on a gagné

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Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour On dira qu’on a gagné de Christophe FOURVEL
DISSONANCES #45

«  Encensons la passion du football comme certains écrivains ont su le faire des stupéfiants ou de l’alcool ; comme une descente dans le plus bas de soi qui possède la beauté reflétée des soleils noirs. »
Dans ce court essai parsemé de fulgurances, Christophe Fourvel prend prétexte des liens qui l’unissent à l’Olympique de Marseille pour parler de gloires (forcément éphémères), d’élégance (sous une douce forme cathodique et surannée), de passions (de grandeurs collectives et de déceptions intimes). Depuis le déchiffrage phonétique et maladroit d’un graffiti («  Allez l’Homme  ») un jour de ses cinq ans, jusqu’aux corps industrialisés de l’équipe contemporaine, l’auteur donne à voir la part sensible et dramatique de l’OM et, bien au-delà, la capacité des guerres inoffensives du football à nourrir des mythologies personnelles, familiales et amicales. «  J’aimais ce moment où la magie d’un but devenait laborieusement la réalité d’un chiffre. Ce passage du fantasme au tangible, de la jouissance à l’algèbre, de la seconde enfuie à la durabilité attestée par un tableau d’affichage. » Christophe Fourvel appartient à cette catégorie d’afficionados hypermnésiques des scores, des patronymes, de la mappemonde des clubs.
Son récit, empreint d’une nostalgie lucide et d’une mauvaise foi assumée, fait entrer le jeu dans le champ social en lui conférant une aura tout à la fois mathématique et géopolitique, romantique et artistique. Qu’on aime le foot, qu’on s’en désintéresse royalement ou qu’on adore détester les supporters et leurs excès, on trouve dans On dira qu’on a gagné un magnifique exemple de littérature intime et sportive.

éd. Médiapop, 2021
54 pages
9 €

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HUNAULT Claudine | Je me petit-suicide au chocolat https://revuedissonances.com/hunault-claudine-je-me-petit-suicide-au-chocolat/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:29 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5728 Coup-de-cœur de Justine ARNAL pour Je me petit-suicide au chocolat de Claudine HUNAULT DISSONANCES #45 Claudine Hunault a passé dix ans à recevoir des milliers de patients dans un centre dédié à l’obésité ; Je me petit-suicide au chocolat est un livre tissé à partir de toutes ces paroles entendues et de ces récits de vie. C’est « à…Lire la suite HUNAULT Claudine | Je me petit-suicide au chocolat

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Coup-de-cœur de Justine ARNAL pour Je me petit-suicide au chocolat de Claudine HUNAULT
DISSONANCES #45

Claudine Hunault a passé dix ans à recevoir des milliers de patients dans un centre dédié à l’obésité ; Je me petit-suicide au chocolat est un livre tissé à partir de toutes ces paroles entendues et de ces récits de vie.
C’est « à la psychanalyse, et à la poésie, à ce qui en elles ne fait jamais allégeance » que l’autrice le dédie – et en effet l’une et l’autre sont savamment mêlées. La poésie (et la vérité inconsciente qu’elle charrie avec elle dans le surgissement qui la constitue) ouvre à l’analyse. Et l’analyse, étayée par certains concepts majeurs amenés avec clarté et justesse, donne à lire autrement la poésie. L’une ne cesse de se faire la traductrice de l’autre.
Hunault déplie toute la complexité des enjeux psychiques autour de la nourriture, haut lieu où « l’inconscient agit dans le corps », «  gîte sous la peau  », où se logent et se disent les liens aux autres et à l’Autre, les fantasmes de continuité des corps, le refoulement des détresses, les paroles enkystées vis-à-vis desquelles il paraît impossible de se désidentifier, les loyautés inconscientes, les dettes imaginaires, et la difficulté à consentir au moindre vide, condition pourtant nécessaire à la possibilité du devenir de l’être désirant…
Si comme l’écrit Hunault « l’obésité est une question debout », cette question, inhérente au fait même d’être vivant, n’épargne personne : comment peut-on, dans une existence, se débrouiller avec le manque, la béance, le vide, lorsque le désarroi surgit et qu’on se coltine à nouveau le retour de l’absence ?
«  C’est dur d’imaginer que rien nous surplombe. / Que nous sommes désespérément inéluctablement / Libres. »

éd. Le Nouvel Attila, 2023
160 pages
19 €

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TISON Marc (extraits) https://revuedissonances.com/tison-marc-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:29 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4438 DISSONANCES #45 | TOXIQUE ZAC « Les faces de mickeys sur les pubs Decaux Vantent la bouffe d’usine du drive de merde Des hamburgers d’os et de tendons Les palmiers la mer incrustés sur les enseignes La zone commerciale défonce les rêves Il reste trois arbres comme trois losers Les chiens chient autour Les panneaux de…Lire la suite TISON Marc (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
ZAC

« Les faces de mickeys sur les pubs Decaux
Vantent la bouffe d’usine du drive de merde
Des hamburgers d’os et de tendons

Les palmiers la mer incrustés sur les enseignes
La zone commerciale défonce les rêves

Il reste trois arbres comme trois losers
Les chiens chient autour
Les panneaux de pub sont nickel
Ils brillent le soir sous les spots anti-casse
À côté des caméras de surveillance de l’hyper

Les familles d’obèses se… »

DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Denain 59220

« 59220 Denain département du Nord

30000 habitants les beaux jours alors des jukebox et des bals rock n’roll du dimanche
Beaux jours joyeux, noirs de suie, rouges de fusion des métaux, en embuscade dans les fosses, sur les parvis des hauts fourneaux

9000 licenciements de démantèlement des aciéries après l’effondrement des puits de mines
Reconversion industrielle truquée, les planches clouées aux fenêtres des disparus
Jours de brume sur la faillite des hommes et des machines

57 % des ménages sous le seuil de pauvreté, Denain 59220 département du Nord, maintenant, 20000 habitants les jours sans fin sur le no man’s land des friches réduites à l’… »

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GRACIANO Marc (extraits) https://revuedissonances.com/graciano-marc-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:28 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5807 DISSONANCES #45 | TOXIQUE La mandragore « Il allait à la borde chercher le grand livre dans sa niche poussiéreuse, qu’il portait péniblement jusqu’à la table de pierre à l’extérieur, à cause qu’il n’aurait plus désormais pris le risque de l’ouvrir dans l’ombre, et de devoir l’éclairer avec sa lampe, et faire chatoyer les images, et…Lire la suite GRACIANO Marc (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
La mandragore
« Il allait à la borde chercher le grand livre dans sa niche poussiéreuse, qu’il portait péniblement jusqu’à la table de pierre à l’extérieur, à cause qu’il n’aurait plus désormais pris le risque de l’ouvrir dans l’ombre, et de devoir l’éclairer avec sa lampe, et faire chatoyer les images, et les faire se mouvoir, et s’animer fantastiquement, comme jadis cela avait été, tellement qu’il en fut maladivement fasciné, au point de devenir chétif de l’ouvrage, restant incessamment à son chevet à le consulter, sans dormir, oubliant de manger et même de boire, ce qui l’avait amené, en plus de succomber à la folie, à frôler la mort, et, donc, à la claire lumière du jour, il consultait sans danger les pages dévolues aux plantes interdites, et il apprenait leurs noms, ceux en latin, mais surtout ceux vernaculaires, desquels il appréciait la sonorité, et qu’il trouvait davantage beaux, à leur façon, sans doute à cause qu’ils lui rappelaient le parlement des gens simples autour de lui pendant son enfance, et il apprenait leurs vices ou leurs vertus, selon le point de vue moral où l’on se place, et ainsi apprit-il l’hellébore noir, ainsi nommé à cause de la couleur des graines que contiennent ses follicules, ces derniers n’étant jamais que ses feuilles qui se… »

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BOUTREUX Julien (extraits) https://revuedissonances.com/julien-boutreux/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:25 +0000 http://revuedissonances.com/?p=136 DISSONANCES #45 | TOXIQUE Herbier des poisons mortels (extrait) « ACONIT : Commune dans les lieux humides englués de pénombre et de vibrations morbides, cette renonculacée se développe en hautes touffes de feuilles vert sombre. Ses fleurs violettes disposées en grappe évoquent un casque prussien. Sa racine est un vieux tubercule charnu à l’aspect repoussant. Si l’aconit…Lire la suite BOUTREUX Julien (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
Herbier des poisons mortels (extrait)
« ACONIT : Commune dans les lieux humides englués de pénombre et de vibrations morbides, cette renonculacée se développe en hautes touffes de feuilles vert sombre. Ses fleurs violettes disposées en grappe évoquent un casque prussien. Sa racine est un vieux tubercule charnu à l’aspect repoussant. Si l’aconit prospère innocemment dans les jardins, elle les transformera pourtant bien vite en cimetières – car c’est de loin le végétal le plus toxique de nos climats. En respirant son parfum acide, l’amateur qui herborise inconscient du danger sera d’abord pris de migraines et de vomissements, puis d’une tachycardie foudroyante qui l’expédiera ad patres. Pour une mort encore plus rapide, c’est-à-dire instantanée, on préfèrera l’infusion du tubercule.
ADONIDE : Fleur solitaire aux huit sépales glabres d’un rouge éclatant taché d’une lunule noire à leur base. L’adonide s’élève depuis une souche brune et ligneuse, surmontant une tige parfaitement lisse. Ses feuilles d’abord en écailles se changent vers le sommet en lanières filiformes délicatement dentelées. Ses graines disposées en épi sont pourvues d’un curieux bec pointu. Elle affectionne les sol calcaires, se plaît en compagnie des cultures céréalières. Sa… »

DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Épicurisme
« Quand je me lève, c’est toujours le cœur léger. Il est presque dix heures en général. Je ne mange pas vraiment, n’ai jamais faim avant midi. Je vais consulter mes messages sur Gmail. Le plus souvent, je n’en ai pas, ou seulement du spam. Ensuite, je vais sur YouPorn. Je suis plutôt du matin pour l’amour. Je me masturbe, et recommence en cas de grande forme, bien que je veille à préserver mon énergie pour la journée qui m’attend. Ensuite, si la météo s’y prête, je choisis un t-shirt à l’effigie d’un groupe de metal que plus personne n’écoute. Ainsi paré, je suis disposé à déjeuner, c’est-à-dire que je sors acheter mon kebab. Je le mange en déambulant dans la ville. Il ne s’agit pas d’une très grande ville, ni très intéressante ; elle est plutôt jolie et calme, un peu bourgeoise. Enfin, cela dépend des quartiers, mais moi je préfère la joliesse et la quiétude, qui s’accordent mieux au cours de mes pensées. J’erre sur les places et dans les lieux publics, je détaille les affiches des salles de cinéma devant lesquelles je passe. Je n’ai guère d’amis à qui rendre visite. Je n’ai guère d’amis. Les plus proches, je les côtoie sur internet, je ne les connais pas vraiment. Cela n’est pas bien gênant, et c’est… »

DISSONANCES #29 | TABOU
Near death experience
« L’autre jour, pour m’amuser, au lieu d’enculer ma fille avec ma bite, j’ai voulu lui fourrer mes couilles. C’est pas facile, parce que c’est un peu mou, mais son anus est tellement dilaté que je finis par y arriver. Le problème, c’est quand ensuite il se resserre d’un coup : je n’arrive plus à les retirer, et ça me fait un mal de chien. Elle appelle le SAMU et on nous emmène aux urgences comme ça, collés par son sphincter. Là-bas, ils disent qu’il n’y a que deux solutions : ouvrir ma fille en deux par le cul, au risque de la perdre, ou bien me…. »

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DEBRÉ Constance | Nom https://revuedissonances.com/debre-constance-nom/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:21 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5738 Regards croisés sur Nom de Constance DEBRÉ DISSONANCES #45 Jean-Marc FLAPP : Constance du stoïcisme Il n’y a que quelques mois que j’ai entendu parler de Constance Debré et que ce qu’on m’en a dit m’a fait ouvrir ce Nom qui dès ses premiers mots («  Elle trempe le gant dans la bassine d’eau tiède, elle le…Lire la suite DEBRÉ Constance | Nom

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Regards croisés sur Nom de Constance DEBRÉ
DISSONANCES #45

Jean-Marc FLAPP :
Constance du stoïcisme
Il n’y a que quelques mois que j’ai entendu parler de Constance Debré et que ce qu’on m’en a dit m’a fait ouvrir ce Nom qui dès ses premiers mots («  Elle trempe le gant dans la bassine d’eau tiède, elle le passe sur le visage, elle baisse les draps, elle baisse le pyjama, elle passe le gant sur le sexe mort de mon père […] ») m’a sauté à la gorge pour ne plus me lâcher jusqu’à sa toute fin et ce que j’ai vécu a été tellement fort (l’écriture décharnée, précise, toute en crocs, conférant au propos (très radical en soi) une puissance de frappe qui m’a halluciné) qu’accro directement je n’ai pu à la suite que me jeter sur Play Boy, Love Me Tender, Offenses… qui ont eu le même effet de faire vibrer en moi quelque chose d’essentiel qui est peut-être de l’ordre d’une fraternité dans la conscience aigüe de l’absurdité de tout (donc de ce qui est censé (amour, famille, social…) faire lien entre nous), de la fondamentale absolue solitude de chacune et chacun, du fait qu’au bout du compte seules importent vraiment l’intégrité morale (accorder ses actions avec ses convictions) et la beauté du geste («  je me rase les cheveux à la tondeuse, […] je regarde mon corps ma gueule mes tatouages, […] je suis beau comme les taulards qui font des pompes, pour l’honneur »), de sorte que ce récit de l’accompagnement d’un père vers sa mort, dépassant de très loin les écueils habituels de l’autobiographie (rien là d’anecdotique), est sans doute avant tout l’illustration splendide (tout orgueil assumé : « Possible que le monde qui vient ait besoin de héros. Je me propose, c’est exemplaire la littérature, c’est pour ça que je dis Je ») d’une vraie philosophie.

Côme FREDAIGUE :
Dos au mur
Le roman s’ouvre sur un compte rendu précis et impassible des premiers instants qui suivent le décès du père de l’autrice. C’est factuel, sec, froid. Cette mort constitue l’axe central autour duquel gravite le roman, l’évènement qui achève une entreprise de démolition menée avec patience et détermination pour en finir avec tout ce qui entrave. Le geste est à la fois violent et sobre, il dessine la trajectoire d’une émancipation sans promesse : « Je me suis débarrassée de presque tout. De la famille, du mariage, du travail […] ce qu’on était avant n’existe plus, d’ailleurs c’est exactement cette impossibilité qu’on voulait ». Pas d’échappatoire, pas d’illusion. Nom, malgré sa radicalité, n’est ni un règlement de compte familial, ni un brûlot contre la bourgeoisie, il pose une question éthique : comment lutter contre « la vie lamentable », cette existence sans consistance dictée par le conformisme ? Rompre avec les origines est un prérequis : « je trahis pour prouver que la base du monde est un mensonge, qu’il faut tout réinventer, mais qu’avant il faut tout détruire ». Il y a quelque chose de stoïque dans la démarche, de barbare dans l’écriture, donnant à la narratrice une allure de moine guerrier férocement individualiste. C’est peut-être d’ailleurs la limite du roman qui se refuse toute dimension collective : « La lutte des classes je m’en fous, les pauvres je m’en fous, mes ancêtres ministres […] pareil. […] Tous autant que vous êtes, taisez-vous. ». Constance Debré parvient, à travers le récit de son expérience, à secouer les consciences endormies mais il manque à son propos une portée véritablement politique.

Ingrid S. KIM :
Gêne
Myötähäpeä (prononcer « meuhtaapear ») est un mot finnois, intraduisible, qui désigne ce sentiment de gêne intense par procuration que l’on ressent à la vue du ridicule d’un autre. Il résume plutôt bien mon sentiment à la lecture de Nom. On espérait que le titre minimaliste invite à une exploration profonde de l’identité. Au lieu de quoi, nous voici subissant une vague de narcissisme et de révolte brouillonne parfaitement exaspérante. La narratrice semble convaincue que ses réflexions sont d’une importance capitale pour l’humanité, et passe son temps (et le nôtre) à se regarder le nombril d’un air courroucé. Soit, oublions l’ineptie du propos, et l’hypocrisie latente du rejet véhément de Debré la narratrice envers « les bourgeois qui parlent aux bourgeois » et les institutions qui l’ont permise. Parfois, un texte sans intérêt ni cohérence se tient par la seule force de la voix qui le porte, me direz-vous. Mais non. À l’image des idées, le style se veut nerveux et n’est qu’énervant, les images nous font grincer des dents (« les noms c’est comme les cartes Pokémon, ça vient avec des points ») et l’on peine à trouver la moindre qualité à encore une de ces autofictions qui se pensent intelligentes parce qu’indigestes, et provocatrices parce que vulgaires. Avec ses listes de livres à jeter et ses jugements péremptoires sur tout ce qui est plus grand qu’elle (Barthes et ses «  enculages de mouche »), avec ce manifeste confus digne d’une ado en pleine phase goth, Debré se veut choquante. Elle n’est qu’agaçante, et parfaitement dans l’air du temps. « Écrire comme on n’y comprend rien, ou bien se taire », propose-t-elle. On a envie de lui répondre gentiment que parfois…

Julie PROUST TANGUY :
Trompettes de la re-nommée

Peut-on remettre en question son nom, sa filiation, son habitus social et culturel ? Se dépouiller totalement de l’identité reçue, « rompre, partir, participer à la grande entreprise de perte, l’accélérer, achever les choses » ?
L’autrice se bat contre « ces bonnes manières que je connais par cœur, je les déteste. Je les déteste parce qu’elles sont en moi, incrustées bien plus que le sang, elles sont plus qu’une langue, elles sont un corps ». Elle rêve d’un monde sans aucun milieu social (comprendre : sans bourgeoisie) d’où l’on pourrait écrire, libéré de toute «  la violence de la classe de haut en bas  », celle qui découle des institutions et de la culture («  l’arrogance des livres, la mollesse des livres, la bourgeoisie des livres, la putasserie des livres »).
Mais, ce faisant, elle étale malgré tout les noms qui l’ont créée (ceux des auteurs lus, ceux des personnalités tutélaires dont la mort ne peut la dédouaner) et dont elle cherche à s’affranchir dans une langue innervée par des lectures aux codes n’ayant plus rien de novateur. Elle joue la polémique réactionnaire chez un grand éditeur vendant volontiers l’image, assez stéréotypée, d’une persona en lutte contre son déterminisme. Elle cherche à tuer les symboles (« Ma chance ce n’est pas ma famille de ministres, ma vraie chance, celle vraiment que tout le monde devrait m’envier, c’est les parents camés et la mort de ma mère »), mais en déploie d’autres, surgis d’un champ littéraire que l’autrice critique mais ne fait finalement que prolonger. Avec un travail sur la langue plus poussé, ce Nom aurait pu devenir disruptif et s’aboucher à la modernité qu’il revendique.

éd. Flammarion, 2022
176 pages
19 euros

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RONSIN Louis (extraits) https://revuedissonances.com/ronsin-louis-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:18 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5778 DISSONANCES #45 | TOXIQUE Descente « Début de la quatrième nuit. B. a les yeux rouges. Dès qu’il les ferme, son cœur, son foie, sa gorge et ses poumons le rappellent à la froide réalité. Ses bras lui semblent fragiles et légers, comme si sa peau n’abritait que de l’air. À l’aube de la première nuit,…Lire la suite RONSIN Louis (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
Descente
« Début de la quatrième nuit. B. a les yeux rouges. Dès qu’il les ferme, son cœur, son foie, sa gorge et ses poumons le rappellent à la froide réalité. Ses bras lui semblent fragiles et légers, comme si sa peau n’abritait que de l’air.
À l’aube de la première nuit, B. était un Dieu. Un cachet. Une nuit. Mille ans. Trois fois mille ans en une nuit. Extase. Jamais il n’était monté si haut. La nature entière l’enveloppait d’amour. Une musique puissante pénétrait son corps, pulsait en lui l’énergie du soleil et de la lune. Il était invincible, se nourrissait d’ambroisie. Et puis il y eut le lendemain, le long tunnel du réveil. Une éternité qu’il souffre le contrecoup de ce bonheur prométhéen.
Tout tremble autour de lui. Normal, il est dans un train. Il est 22 h et l’automne finit ce soir. Le wagon est vide. Dehors, l’obscurité laisse entrevoir quelques signes de vie : les toitures de pavillons à demi effacés, l’affluent d’une rivière qui s’engouffre sous un pont, les lumières d’une cité HLM au loin et une forêt dans laquelle se tapissent des centaines d’yeux invisibles. Tout se mélange, camouflé par la pénombre.
Une porte s’ouvre à l’avant du wagon. B. a des sueurs froides. C’est… »

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BRIFFAULT Arthur (extraits) https://revuedissonances.com/briffault-arthur-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:17 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5812 DISSONANCES #45 | TOXIQUE Acide amer « Igor Letov (1964-2008) est un des pionniers (et un personnage central) du punk-rock soviétique puis russe. Un million de fourmis qui grouillent dans les steppes de Sibérie Occidentale. Vu du ciel, un point gris qui vit de l’or noir. Là, c’est Omsk. Et là, un district au nom d’un…Lire la suite BRIFFAULT Arthur (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
Acide amer
« Igor Letov (1964-2008) est un des pionniers (et un personnage central) du punk-rock soviétique puis russe.
Un million de fourmis qui grouillent dans les steppes de Sibérie Occidentale. Vu du ciel, un point gris qui vit de l’or noir. Là, c’est Omsk. Et là, un district au nom d’un héros aviateur. La piste de décollage d’une base militaire avait été transformée en avenue, en artère principale, veine d’asphalte brisée qui irriguait des immeubles de cinq étages tous pareils. Des officiers de l’Armée Rouge invincible, des prolétaires modèles et des anciens taulards y vivent. Ils cherchent la baston. Au nord, dans la raffinerie, on collectionne les cancers. Un gamin s’allonge dans la neige. À quoi rêve-t-il ? 1973, Ziggy Stardust et Dark Side of the Moon, mais dans cet endroit, on n’imagine pas faire de l’art-rock. Juste hurler dans le vide, s’évader, mourir.
– Igor !
Des pas se précipitent dans la neige, traces éparses de godasses, presque un adulte. Il attrape l’enfant, le prend dans ses bras, essaie de le réveiller. Presque rien.
L’injection avait été faite tout à l’heure. La blouse blanche observe le… »

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PETIT Augustin (extraits) https://revuedissonances.com/petit-augustin-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:17 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4424 DISSONANCES #45 | TOXIQUE V.il.L.age vac.A.nces fa.M.ille (là où tout commence)® « Pour éviter mauvais traitements lire attentivement la notice VLAM ! In extremis Rattrapée par les cheveux par le père Sans quoi c’était tronche tranchée par radiateur SCHLAC ! Du dos de la main Pour valse côté port Couloir étroit Pas se cogner pas facile Pas se…Lire la suite PETIT Augustin (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
V.il.L.age vac.A.nces fa.M.ille (là où tout commence)®

« Pour éviter mauvais traitements lire attentivement la notice

VLAM !
In extremis
Rattrapée par les cheveux par le père
Sans quoi c’était tronche tranchée par radiateur
SCHLAC !
Du dos de la main
Pour valse côté port
Couloir étroit
Pas se cogner pas facile

Pas se cogner pas facilePas se cogner pas facileOn voit pas mais on devine
Quand ça… »

DISSONANCES #41 | OPIUM
(     )

« L’opium ?
Jamais d’opium
C’est plutôt mon père
Crabe claquemuré dans les côlon poumons et foie
Des pavots pour papa en guise d’antidouleur et délicieux délires dits secondaires
Tout ça, le temps d’une parenthèse (oupoussée de part en part par la morphineou)

Éveilsmmpms d’une paret sommesempms d’une par(comme soustractions aux veilles)
Au nez et à la barbe du mourant
Au nJouoouuouaouioueounoutouàoulououéoulouaousoutouiouqouuoueou.
Tout ça, le temps d’une parenthèse (o___
La morve temps d’une parenthèse (oténue, le temps d’une parenthèse (otenace
e (o temps d’une parenthèse (oJouaitàl’élastique
 temps d’une parenthèse (oAu nez et à la barbe du… »

DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Exit par touche étoile

« Peau Pouce Pulpe Papilles toutes de crètes et de creux
Interstices sans ride
Lecture sûre assurée rassurante (à portée de main toujours)
Des serrures biométriques

Sans prise                                                      Avec le temps

Compression de corps mou sur surface plane et ferme du lecteur
Empreintes digitales détenues là, dans le marbre, pour tomber les verrous
Impression empruntée, fausses allures de fossile
Impression seulement

Empressés et tenaces à déclore toute trappe, la bascule est… »

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VERMOT-PETIT-OUTHENIN Stéphanie (extraits) https://revuedissonances.com/vermot-petit-outhenin-stephanie-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:16 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5491 DISSONANCES #45 | TOXIQUE Ruta graveolens « Bien sûr qu’elle y croit, au ciel : à sa manière. Elle dit. Elle a accepté de répondre aux questions, de se tenir face aux juges, elle a été surprise qu’on lui demande de rester debout. Toute sa vie, elle dit, elle s’est efforcée de s’assoir à la bonne place :…Lire la suite VERMOT-PETIT-OUTHENIN Stéphanie (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
Ruta graveolens

« Bien sûr qu’elle y croit, au ciel : à sa manière. Elle dit. Elle a accepté de répondre aux questions, de se tenir face aux juges, elle a été surprise qu’on lui demande de rester debout. Toute sa vie, elle dit, elle s’est efforcée de s’assoir à la bonne place : celle qu’on lui indiquait. Toute sa vie elle s’est assise, c’est ça qu’on apprenait aux filles :
être polie,
bien éduquée,
rester à sa place.
C’était pas seulement, elle dit, une question de s’assoir ou pas. Il y a un tas de façons de s’assoir, non. Et le ciel, alors ? Ah, oui. Je l’avais oublié, celui-là. Elle dit, les yeux levés : le ciel, c’est vague, ça veut rien dire, le ciel.
On lui a demandé d’aller à la barre, elle est allée à la barre. On lui a demandé de se tenir tranquille, elle s’est tenue tranquille. On lui a dit de quoi on l’accusait, elle a demandé si elle pouvait rester debout.
Elle dit que toute sa vie, elle a eu l’impression d’être une sorte d’… »

DISSONANCES #44 | SILENCES
Prescription(s)

« Ne rien dire
à personne
mon fils :
le silence, c’est le nerf de la guerre,
tu sais,
disait chaque fois mon père,
après.
Et moi j’imaginais une grande plaine désertée des hommes et trouée d’obus, s’y noyaient les restes d’un ciel de boue, ne la délimitait aucun horizon : la plaine s’installait dans ma poitrine, il faisait suffisamment froid pour qu’elle s’y sente bien, j’abritais les obus défonçant par surprise la terre encore dans sa position de fœtus et pourtant je ne pouvais pas entendre la déflagration, je sentais le danger sans pouvoir le nommer,
silence.
J’étais moi-même un champ de bataille, un soldat gesticulant dans sa… »

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AYANOGLOU Anna (extraits) https://revuedissonances.com/5793-2/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:14 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5793 DISSONANCES #45 | TOXIQUE Cartographie d’une aversion [Endormie] « Je rêve et c’est le jour – un jour qui ressemble à une viande crue, grise déjà Vers le lieu imposé du travail, je remonte le boulevard Léopold II – plus abrupt et plus large qu’en réalité Face à l’amas – béton, pierre, nulle terre où racines, je…Lire la suite AYANOGLOU Anna (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
Cartographie d’une aversion [Endormie]
« Je rêve et c’est le jour – un jour qui ressemble
à une viande crue, grise déjà

Vers le lieu imposé du travail, je remonte
le boulevard Léopold II – plus abrupt
et plus large qu’en réalité

Face à l’amas – béton, pierre, nulle terre
où racines, je me sens point

Face à la pente, je suis un l – effilée et instable

La chute m’épouvante – tomber à la renverse
dévaler vers le bas et finir engloutie
dans le canal devenu… »

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DISSONANCES #45 TOXIQUE https://revuedissonances.com/dissonances-45-toxique/ https://revuedissonances.com/dissonances-45-toxique/#comments Thu, 05 Oct 2023 18:00:14 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5645 octobre 2023 / 64 pages / 8 euros mise en images : Armelle LE GOLVAN – ÉDITO : DÉLICES AU POISON Toxique, précise mon cher Littré dans sa poésie toujours désinvolte, vient du grec τοξιϰὸν (poison), de τόξον (arc), à cause que les poisons servaient à empoisonner les flèches. Qu’elles soient intimes ou globales, morales ou environnementales, ce sont ces…Lire la suite DISSONANCES #45 TOXIQUE

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octobre 202364 pages / 8 euros
mise en images : Armelle LE GOLVAN

ÉDITO : DÉLICES AU POISON

Toxique, précise mon cher Littré dans sa poésie toujours désinvolte, vient du grec τοξιϰὸν (poison), de τόξον (arc), à cause que les poisons servaient à empoisonner les flèches. Qu’elles soient intimes ou globales, morales ou environnementales, ce sont ces flèches qui nous ont ici fascinés, le moyen plus que l’effet, qu’elles filent dans l’air ou dans les mots, dans le geste concret de l’empoisonneur – qu’il soit apothicaire ou multinationale – comme dans le miel métaphorique et vicié masquant l’amertume que tartine au café du matin une mère inadéquate, un père égaré, un aimé qui n’aime plus – ou mal…
Dans le toxique, il y a aussi une dualité profonde, une ambiguïté qui défie toute classification. Source d’attraction et de répulsion, tension constante entre plaisir et douleur, il est à la fois symptôme de notre âge du Tout, tout de suite, et de notre insatisfaction chronique : lorsque nous plongeons volontairement (ou tout au moins en pleine connaissance de cause) dans le toxique de nos addictions ou de nos relations, c’est à notre propre vulnérabilité que nous sommes confrontés, à ce désir aussi grisant qu’irrationnel pour ce qui nuit – au corps comme au cœur.
Magistralement accompagnés par Armelle Le Golvan les dix-neuf auteurs de ce DissoToxique ont su nous concocter chacun à sa façon de vénéneuses merveilles nous rappelant que la vie, souvent, se joue dans les zones grises.

Ingrid S. KIM

DOSSIER « CRÉATION » : TOXIQUE

Pascal ARNAUD  : Des gravats dans le bortsch
« KHERSON sable le marchand de sable / ODESSA sable n’a plus le temps pour les enfants / KYIV sable il remplit des sacs des sacs des sacs / KHARKIV sable et les empile face et pile / ORIKIV sable la vie se joue à pile ou face // lance-roquettes Smerch BM-30 ▸ lance… »

Anna AYANOGLOU  : Cartographie d’une aversion [Endormie]
« I // Je rêve et c’est le jour – un jour qui ressemble / à une viande crue, grise déjà // Vers le lieu imposé du travail, je remonte / le boulevard Léopold II – plus abrupt / et plus large qu’en réalité // Face à l’amas – béton, pierre, nulle terre / où racines, je me… »

Jean-Christophe BELLEVEAUX : Dimanche soir, face B
« comme une fleur, un fruit vénéneux, comme les corps suppliciés, la fièvre, les alcools tempestifs, comme une très noire magie, une purulence, lente gangrène, suppuration, pluie acide // le scalpel de la pensée balafre // regarde les mots qui suintent, presque on… »

Julien BOUTREUX  : Herbier des poisons mortels
« ACONIT // Commune dans les lieux humides englués de pénombre et de vibrations morbides, cette renonculacée se développe en hautes touffes de feuilles vert sombre. Ses fleurs violettes disposées en grappe évoquent un casque prussien. Sa racine est un… »

Pierre BRAULT : Structures amorphes
« Ça tape. Ça tape. Ça tape fort dans les oreilles. Il est 7 heures. Les bouchers d’en dessous commencent à mêler leurs forces au flux métallique du faubourg Saint-Denis. Je les entends et ma mémoire me rappelle leurs gestes. Ça part d’en haut. Coude… »

Arthur BRIFFAULT : Acide amer
« Igor Letov (1964-2008) est un des pionniers (et un personnage central) du punk-rock soviétique puis russe. // Un million de fourmis qui grouillent dans les steppes de Sibérie Occidentale. Vu du ciel, un point gris qui vit de l’or noir. Là, c’est Omsk. Et là, un…

Patricia FAVREAU : Gouttes
« J’observe / Cela – je le peux encore // Une goutte transparente / Se détache / Vénéneuse / Tombe / Indolore / S’infiltre / Curative / M’envahit / Destructrice / Gagne tout mon corps / Dans le paradoxe // Je compte / Cela – je le peux encore // Deux… »

Marc GRACIANO : La mandragore
« Il allait à la borde chercher le grand livre dans sa niche poussiéreuse, qu’il portait péniblement jusqu’à la table de pierre à l’extérieur, à cause qu’il n’aurait plus désormais pris le risque de l’ouvrir dans l’ombre, et de devoir l’éclairer avec sa lampe, et faire… »

Philippe GUERRY : Poison lent
« L’habituation au travail procède par une lente précoce et constante mithridatisation. L’habituation au travail procède par autorité parentale par instruction par inscription par renouvellement d’inscription par formulaire par assurance par adhésion. L’… »

Mathieu LE MORVAN : La galerie de minéralogie
« il y a devant la galerie / de minéralogie / toutes sortes de roses / extravagantes / comme des quartz // elles ont éclaté autour / de nous ces roses / silicates / ivres de leur barbante / perfection // le parfum de leur vie trop vive / nous intoxique / – comme… »

Loïc PERELA : Augmenté
« Augmenté veut dire expansion cybernétique veut dire corps en continu vers des datas en vagues en ondes en échos au-delà de nos chairs et de nos constructions mentales. Veut dire que moi je ne suis pas assez veut dire que j’ai besoin de ma béquille. Que… »

Augustin PETIT : V.il.L.age vac.A.nces fa.M.ille (là où tout commence)®
« Pour éviter mauvais traitements lire attentivement la notice // VLAM ! / In extremis / Rattrapée par les cheveux par le père / Sans quoi c’était tronche tranchée par radiateur / SCHLAC ! / Du dos de la main / Pour valse côté porte / Couloir étroit / Pas se… »

Mehdi PRÉVOT  : Bagarre
« Il sont noirs tes yeux, je ne les avais jamais vus aussi noirsTu me fais peur – / – j’aime me lover dans cette peur // Le rhum, encore une fois – a ouvert une nuit en toi / Une nuit de colère – noire / dont tes yeux ruissellent // Mes étés tristes de petit garçon à… »

Manuel REYNAUD GUIDEAU : Oil Fields
« La plaine était et est encore sous le grand ciel. Grande aussi, la plaine, vert radiant. Les troupeaux sauvages faisaient résonner, sous leurs sabots et leurs laines déchiquetées, l’immensité ondoyante. Les troupeaux de bustes et de cornes ne sont plus. De longues… »

Louis RONSIN  : Descente
« Début de la quatrième nuit. B. a les yeux rouges. Dès qu’il les ferme, son cœur, son foie, sa gorge et ses poumons le rappellent à la froide réalité. Ses bras lui semblent fragiles et légers, comme si sa peau n’abritait que de l’air. À l’aube de la première nuit, B. était… »

Marc TISON  : ZAC
« Les faces de mickeys sur les pubs Decaux / Vantent la bouffe d’usine du drive de merde / Des hamburgers d’os et de tendons // Les palmiers la mer incrustés sur les enseignes / La zone commerciale défonce les rêves // Il reste trois arbres comme… »

Perle VALLENS : Toxicatio
« Les tentatives vaines de l’empoisonneur / les tentatives tentatives redondantes tentatives redoublent le doute / les tentatives rebroussées lui éviteraient / son propre décès par pendaison // c’est un métier de donner la mort / par substance… »

Stéphanie VERMOT-PETIT-OUTHENIN : Ruta graveolens
« Bien sûr qu’elle y croit, au ciel : à sa manière. Elle dit. Elle a accepté de répondre aux questions, de se tenir face aux juges, elle a été surprise qu’on lui demande de rester debout. Toute sa vie, elle dit, elle s’est efforcée de s’assoir à la bonne place : celle qu’on… »

Gaston VIEUJEUX : Infiltrés
« nitrates et phosphates / qu’ils sortent l’air hautain / en costume cravate / d’une usine à zinzins / ou pour les plus modestes / du cul des intestins / en espérant la sieste / et la fosse à purin / nitrates et phosphates / partent à quatre pattes / vers la mer sauront-ils… »

IMAGES : Armelle LE GOLVAN

« « Dessiner, coller, peindre, écrire et chanter » : voici ce que j’ai écrit pour me présenter sur les réseaux sociaux. Dans la vraie vie, j’enseigne en maternelle, ce qui signifie « Dessiner, coller, peindre, écrire et chanter ». Toutes mes créations sont… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (24 questions à un.e auteur.e connu.e) :
Tristan FELIX

« Qu’est-ce qui vous anime ?
Le fait que je suis mortelle ; donc c’est l’instinct de survie, l’inconnu ; aussi l’envie d’en découdre par la réflexion, le rêve et le rire avec l’inanité mortifère de toute… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur un livre remarquable)  :
Nom (Constance DEBRÉ)
« Le roman s’ouvre sur un compte rendu précis et impassible des premiers instants qui suivent le décès du père de l’autrice. C’est factuel, sec, froid. Cette mort constitue l’axe central autour duquel gravite le roman, l’évènement qui achève une entreprise de… »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture en domaine francophone)  :
BAYA
 : Mémoires effondrées (éd. Rue de l’échiquier)
« Mémoires effondrées retrace les 64 années d’existence d’Antoine Donelli, célèbre comédien fictif né en 1980 et décédé en 2044. Après sa mort, son fils retrouve des carnets illustrés dans lesquels il partage ses réflexions sur le deuil, le rapport à l’argent, le… »
Christophe FOURVEL
 : On dira qu’on a gagné (éd. Médiapop)
« «  Encensons la passion du football comme certains écrivains ont su le faire des stupéfiants ou de l’alcool ; comme une descente dans le plus bas de soi qui possède la beauté reflétée des soleils noirs. » Dans ce court essai parsemé de… »
Claudine HUNAULT : Je me petit-suicide au chocolat (éd. Le nouvel Attila)
« Claudine Hunault a passé dix ans à recevoir des milliers de patients dans un centre dédié à l’obésité ; Je me petit-suicide au chocolat est un livre tissé à partir de toutes ces paroles entendues et de ces récits de vie. C’est « à la psychanalyse, et à… »
Jean-Michel MAUBERT : Le sacrifice du géomètre (éd. Sinope)
« J.M. Maubert, traqué par des instances narratives qui ne se manifestent que chez lui (lire Décombres, 2021), poursuit son œuvre singulière – labyrinthique, non tant par son ampleur que par sa densité hallucinatoire, ses bifurcations et ses… »
Blaise NDALA : Sans capote ni kalachnikov (éd. Mémoire d’encrier)
« Il y a l’Afrique, un pays imaginaire pauvre, bourré de diamants et de coltan, une guerre puis un traité de paix, un camp de démobilisation et un hôpital. Il y a ensuite Fourmi rouge, ex-enfant soldat, son cousin Corneille, un humanitaire basque, une… »
Pascale PETIT : Pas de printemps pour Acapulco (éd. Série discrète)
« Ce n’est pas parce que j’ai enfin acheté le livre élu à ma lecture, parce que j’ai assez picoré en ligne le prémâché critique toujours existant (si j’étais plus paresseux, tiens, je te copierais, car aucun livre n’est vierge de prolégomènes parasites, celui-ci… »
Nathalie QUINTANE : Un hamster à l’école (éd. La fabrique)
« Avouer d’emblée le plaisir rare et infiniment jubilatoire procuré par Un hamster à l’école. Avouer, oui, car on a toutes et tous été élèves à défaut d’être profs, et parfois les deux : « 53 ans que, élève, étudiante, enseignante, je suis dans l’… »
Émilien ROUVIER : Journal d’ascétisme (éd. du Chemin de fer)
« En nos temps si chargés d’hystéries collectives (angoisses en tous genres et autres ressentiments) dont l’électricité à très haute tension crépite dans un air poisseux et raréfié chaque jour plus toxique, voici un petit livre qui fait beaucoup de bien : c’est… »

D’ISTANBUL À RIO (4 coups-de-cœur de lecture en domaine étranger) :
Alexandre BLOK : Les Douze (éd. Mesures)
« «  Le vent fait la fête, la neige tournoie, / Douze hommes marchent dans le noir ». Qui sont-ils ? Soldats ? Forçats ? Fugitifs ? Ivrognes ? Apôtres d’un poète anarchiste ? Ils avancent dans l’hiver russe, s’enjoignant à l’insurrection, avec des mots qui… »
Brian EVENSON : Immobilité (éd. Rivages)
« Brian Evenson revient enfin en France, avec deux récits postapocalyptiques (le deuxième, L’Antre, est disponible aux éditions Quidam), qui happent dès leur incipit : « La sensation de revenir à la vie, mais pas complètement, une semi-vie peut-être. Une… »
Jim HARRISON : La recherche de l’authentique (éd. Flammarion)
« La recherche de l’authentique, florilège de textes écrits entre 1972 et 2010, porte la patte du Jim Harrison romancier à succès mais aussi celle du journaliste écrivant pour Playboy, le New York Times ou Sports Illustrated. En ces temps de misère existentielle, la… »
Barbara KÖHLER : Blue Box (éd. L’extrême contemporain)
« Barbara Köhler (1959-2021) est une poétesse, artiste et traductrice allemande. Elle a publié plusieurs livres de poésie et traduit des textes de Samuel Beckett et Gertrude Stein. Blue Box, paru en Allemagne en 1995, est son premier livre traduit en français. Le… »

DI(S)GRESSION (carte blanche sur un domaine autre que la littérature)
Perle VALLENS  : La cuisine c’est de l’art !
« Au bout de la fourchette, il y a cette chair effilochée, cette sauce onctueuse, une soie au palais. Le vin s’assemble au mets et ça claque autant que ça caresse. Explosion de velours, fondu fondant tapissant toute la bouche. Plaisir qui confine à l’… »

DYSCHRONIE (saison 6)
Alban LÉCUYER : Été 2023
« 12 mars  : Je revois American Honey (Andrea Arnold, 2016) avec mon fils. Quand Star, l’héroïne interprétée par la magnétique Sasha Lane, rencontre Jake (impeccable Shia Labeouf) sur le parking bouillant d’un supermarché, elle entrevoit déjà la… »

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MAUBERT Jean-Michel | Le sacrifice du géomètre https://revuedissonances.com/maubert-jean-michel-le-sacrifice-du-geometre/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:09 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5725 Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Le sacrifice du géomètre de Jean-Michel MAUBERT DISSONANCES #45 J.M. Maubert, traqué par des instances narratives qui ne se manifestent que chez lui (lire Décombres, 2021), poursuit son œuvre singulière – labyrinthique, non tant par son ampleur que par sa densité hallucinatoire, ses bifurcations et ses métamorphoses qui toutes aspirent…Lire la suite MAUBERT Jean-Michel | Le sacrifice du géomètre

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Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Le sacrifice du géomètre de Jean-Michel MAUBERT
DISSONANCES #45

J.M. Maubert, traqué par des instances narratives qui ne se manifestent que chez lui (lire Décombres, 2021), poursuit son œuvre singulière – labyrinthique, non tant par son ampleur que par sa densité hallucinatoire, ses bifurcations et ses métamorphoses qui toutes aspirent à un centre qui se déplace au fil des chapitres. Le lecteur, déstabilisé par les changements de points de vue, se perd («  tracer une ligne dont il faut penser la brisure serpentine. Construire le plus parfait labyrinthe, dont soi-même on ne peut sortir ») mais c’est pour mieux sortir de lui-même, s’incarner ailleurs. Ici, le Minotaure est la figure mentale d’un fascinant poème en prose qui convoque les splendeurs et les horreurs sacrées des mythes de la Grèce antique. Les monstres y sont victimes des forfaits des ancêtres et cette injustice libère de mystérieuses écritures, survivantes d’une mémoire sacrée qui sinue sur des corps reliques. Géomètre animaliste mais davantage encore animiste et ami des chimères, notre narrateur fait se croiser des voix flamboyantes et inouïes : « d’anciennes peurs remontaient en lui, tels des êtres griffus et hostiles remontant les parois d’un puits profond, cherchant son cœur, sa bouche, sa colonne vertébrale, la moelle de ses os – un bruissement d’abîme ». Le mythe ne vit que de ses variations et ces chants organiques orchestrent un sacrifice symbolique qui a pour vertu de faire revivre par une éprouvante métempsycose littéraire des figures qui résonnent avec notre ère de saccage du vivant : «  J’étais, tu étais, cet errant, déjà parcheminé, aussi seul qu’un cadavre quelconque avalé lentement par le sable ». Un recueil déconcertant, éblouissant, ultrasensible, qui colle aux viscères.

éd. Sinope, 2022
260 pages
12,50 €

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EVENSON Brian | Immobilité https://revuedissonances.com/5686-2/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:09 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5686 Coup-de-cœur de Julie PROUST TANGUY pour Immobilité de Brian EVENSON DISSONANCES #45 Brian Evenson revient enfin en France, avec deux récits postapocalyptiques (le deuxième, L’Antre, est disponible aux éditions Quidam), qui happent dès leur incipit : « La sensation de revenir à la vie, mais pas complètement, une semi-vie peut-être. Une obscurité encore totale, à moins qu’un soupçon de…Lire la suite EVENSON Brian | Immobilité

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Coup-de-cœur de Julie PROUST TANGUY pour Immobilité de Brian EVENSON
DISSONANCES #45

Brian Evenson revient enfin en France, avec deux récits postapocalyptiques (le deuxième, L’Antre, est disponible aux éditions Quidam), qui happent dès leur incipit : « La sensation de revenir à la vie, mais pas complètement, une semi-vie peut-être. Une obscurité encore totale, à moins qu’un soupçon de lumière ne pointe à l’horizon. Des fragments sonores coincés entre l’oreille et le cerveau et dégelant lentement pour devenir des mots, s’égouttant lentement, sans qu’il soit possible de distinguer les paroles du présent de celles du passé, les choses imaginées de celles vraiment entendues. »
Qu’on le réveille ou qu’on le ressuscite, le narrateur à la mémoire trouée (une page blanche peu fiable, donc) et au corps paraplégique traverse des paysages désolés et radiés, porté par des « mules » à l’identité elle aussi incertaine. Son but ? Trouver une solution pour sauver l’humanité – mais les humains méritent-ils réellement de survivre ?
Imprégné de post-exotisme, de la paranoïa de Philip K. Dick, du doute de Fin de Partie de Beckett, de nihilisme et de réflexions messianiques (l’auteur étant, rappelons-le, un ancien prêtre mormon), le récit déséquilibre sans cesse le lecteur et l’invite à se demander ce qu’est vraiment l’humanité («  Que sommes-nous alors ? – Nous sommes, tout simplement. Pourquoi n’est-ce jamais suffisant ? ») et s’il n’est pas « préférable de ne pas laisser la société se développer du tout, d’abandonner chaque personne à son propre sort, seule, tremblante, et effrayée au milieu des ténèbres. »
Un roman d’une brillante noirceur !

traduit de l’anglais (États-Unis) par Jonathan BAILLEHACHE
éd. Rivages, 2023
256 pages
21 €

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PERELA Loïc (extraits) https://revuedissonances.com/perela-loic-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:07 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5804 DISSONANCES #45 | TOXIQUE Augmenté « Augmenté veut dire expansion cybernétique veut dire corps en continu vers des datas en vagues en ondes en échos au-delà de nos chairs et de nos constructions mentales. Veut dire que moi je ne suis pas assez veut dire que j’ai besoin de ma béquille. Que j’ai besoin d’être optimisé.…Lire la suite PERELA Loïc (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
Augmenté
« Augmenté veut dire expansion cybernétique veut dire corps en continu vers des datas en vagues en ondes en échos au-delà de nos chairs et de nos constructions mentales. Veut dire que moi je ne suis pas assez veut dire que j’ai besoin de ma béquille. Que j’ai besoin d’être optimisé. Que j’ai besoin de mon aura digitale. De vivre avec mon temps. On me dit que c’est toxique je réponds que c’est l’état des lieux, la marche des choses. Que je suis pour ne pas rester derrière parce que derrière c’est déjà trop tard. On me dit, alors tu n’as pas d’avis critique, je dis si mais la critique aussi se doit d’être non binaire. Non pas parce qu’on nous dit qu’il faut qu’elle le soit mais parce que moi je ne sais pas penser autrement. Toxique c’est mon attachement aux choses c’est ce que certains en font c’est l’avidité du plus ce n’est pas la chose elle-même. Toxique c’est me sentir petit sans ce corps augmenté privé de ses options toujours plus nombreuses qui ne sait plus faire sans parce qu’avec c’est quand même mieux. Toxique c’est me sentir perdu quand sans carte sans réseaux sans networks sans recettes sans modes d’emplois. Toxique c’est y penser le matin le midi le soir avant d’aller me coucher. Je me lève avec, le bouffe toute la… »

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BAYA | Mémoires effondrées https://revuedissonances.com/baya-memoires-effondrees/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:07 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5733 Coup-de-cœur de Côme FREDAIGUE pour Mémoires effondrées de BAYA DISSONANCES #45 Mémoires effondrées retrace les soixante-quatre années d’existence d’Antoine Donelli, célèbre comédien fictif né en 1980 et décédé en 2044. Après sa mort, son fils retrouve des carnets illustrés dans lesquels il partage ses réflexions sur le deuil, le rapport à l’argent, le mystère de…Lire la suite BAYA | Mémoires effondrées

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Coup-de-cœur de Côme FREDAIGUE pour Mémoires effondrées de BAYA
DISSONANCES #45

Mémoires effondrées retrace les soixante-quatre années d’existence d’Antoine Donelli, célèbre comédien fictif né en 1980 et décédé en 2044. Après sa mort, son fils retrouve des carnets illustrés dans lesquels il partage ses réflexions sur le deuil, le rapport à l’argent, le mystère de la création, la soumission à l’autorité, la quête de sens.
Ce roman graphique tient à la fois du roman d’anticipation, du journal intime, de l’autobiographie imaginaire. Les fragments dessinent par touches subtiles l’enlisement d’une société à la dérive, incapable de se remettre en question à «  l’heure où penser à long terme ne dure pas longtemps… ».
L’extraordinaire variété des styles graphiques déployés par Baya épouse à merveille les différents registres du récit : dessins tantôt expressionnistes, tantôt réalistes, collages, objets futuristes steampunk, bande dessinée… L’œil s’immerge dans ce flot d’images sans cesse renouvelées, y décèle des leitmotivs, des ruptures, se perd dans le brouillard, «  ce filtre où on creuse des yeux pour entrevoir la réalité ».
L’œuvre oscille entre sensibilité et réflexivité, humour et gravité. Au fil des planches, les strates de la mémoires défilent, sans chronologie, composant un paysage mental si vaste et profond qu’une étrange familiarité finit par s’instaurer entre le personnage et le lecteur.
On en ressort émerveillé par la beauté des images, touché par les résonances que la conscience d’Antoine tisse avec la nôtre, glacé par l’implacable machine folle qui emporte ce monde, avec en tête cette obsédante question : « Comment en est-on arrivé là ? »

éd. Rue de l’échiquier, 2021
192 pages
24 €

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VALLENS Perle (extraits) https://revuedissonances.com/vallens-perle-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:07 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4148 DISSONANCES #45 | TOXIQUE Toxicatio « Les tentatives vaines de l’empoisonneur les tentatives tentatives redondantes tentatives redoublent le doute les tentatives rebroussées lui éviteraient tentatives tentatives tentativesson propre décès par pendaison c’est un métier de donner la mort tentatives tentativespar substance toxique interposée  tentativestrouver venin vengeur tentatives ou tentatives plante léthifère tentatives tentatives(à fermentation lente dans…Lire la suite VALLENS Perle (extraits)

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
Toxicatio

« Les tentatives vaines de l’empoisonneur
les tentatives tentatives redondantes tentatives redoublent le doute
les tentatives rebroussées lui éviteraient
tentatives tentatives tentativesson propre décès par pendaison

c’est un métier de donner la mort
tentatives tentativespar substance toxique interposée
 tentativestrouver venin vengeur tentatives ou tentatives plante léthifère
tentatives tentatives(à fermentation lente dans l’estomac)

y survivre n’est pas une preuve de surhumanité
 tentativesplutôt le fait du hasard tentatives d’une résistance rare
d’un organisme qui échappe à toute… »

DISSONANCES #45 | DI(S)GRESSION
La cuisine c’est de l’art !

« Au bout de la fourchette, il y a cette chair effilochée, cette sauce onctueuse, une soie au palais. Le vin s’assemble au mets et ça claque autant que ça caresse. Explosion de velours, fondu fondant tapissant toute la bouche. Plaisir qui confine à l’extase. C’est immense, cela tirerait presque des larmes tellement c’est grand. Lièvre à la royale d’Eric Sapet. Symphonique. Tu n’exagères pas un peu ? Non, c’est une expérience quasiment orgasmique. Sans rire ? Volupté, sensualité, peut-être même érotisme. La nourriture est physique, organique, c’est un fait, mais il y a des moments qui touchent au sublime. Et toi ce qui te fait saliver, c’est la vue ? Un grand plat ça commence par là et comme en peinture, il existe plusieurs styles, plusieurs esthétiques visuelles et de saveurs, différentes mises en scène culinaires. Moment où la cuisine se fait art
Cru-cuit | notes fermentaires | mâche | cuisson lente | salé au sel sec | émulsion ou gelée | long confisage | texture | précision du geste | nacre et brillance | tension | profondeur de champ et longueur en bouche | épure de la matière | rituel | plasticité des aliments | assemblage et composition | couleurs translucides et contrastes pigmentaires | … »

DISSONANCES #44 | SILENCES
Rien (à dire)

« quelque part l’air se verrouille l’air se verrouille

pas même murmure
mais muré. l’air se verrouille demeuré. l’air se verrouille dans un repli.

bruits rouillés
l’air se verrouille )rompus(
l’air se verrouille l’air se verrouille )brouillon d’avant la parole(

Garder silence l’air se vc’est : renoncer
Garder silence l’air se vc’est : facteur d’inertie
Garder silence l’air se vc’est : mise à distanceGardet (personne n’essaie de parler)

entre deux points de suspension
Garder silenc on compte une… »

DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Hypertrophie

« Paraît que ça se voit sur mon visage. Paraît que quelque chose a changé. Moi je ne vois rien, je ressens. Je souffre doucement. Je sais d’avance, je subodore l’odeur subreptice. C’est un avertissement. Je guette la détérioration progressive et la métamorphose annoncée.

C’est un peu comme lorsque j’étais enceinte. Toute la chair qui palpite à l’intérieur, les muscles qui se distendent, les nerfs à vif, le frontispice bien garni du demi-dieu attendu. Cela m’avait fait tout drôle cette modification progressive, cette impression ventriloque d’un être qui répond à mes pensées au fond de mes entrailles, cet autre, futur mini-moi, cette partie fusionnelle de mon corps, que l’on arrachera du liquide amniotique pour mieux le rencontrer et le voir, mieux le toucher, avec mes mains.

Mais là, c’est carrément différent. Les essaims fredonnent à mes oreilles, acouphènes non stop depuis plusieurs jours. La bouche s’ouvre et… »

DISSONANCES #38 | FEUX
Pyrophilia
« Tu la vois cette petite flamme ? Dis, tu la vois ? Tu la vois, oui. Elle vient de surgir, minuscule, fébrile, hirsute petite mèche bleutée. Tu la pares de ta paume droite comme un mur pour la protéger, pour éviter qu’elle ne s’éteigne. Tu l’observes en silence, concentré. Tu ne détaches pas les yeux de sa silhouette tremblante. Elle danse. Elle ondule et ronge la tige de l’allumette qui se noircit sur toute sa longueur. Elle a de l’appétit mais c’est par la faim qu’elle périt. Il n’en restera plus
rien qu’un peu de cendre et un bâtonnet charbonneux.

Alors tu craques une autre allumette. Plus vive, plus haute, décidée, la nouvelle flamme brille jaune. La combustion est plus rapide. Elle en veut, celle-ci. Elle en dévorerait, des tiges. Elle dévorerait un tasseau, une bûche, une forêt toute entière ! Tu la vois, tu la regardes bien droit dans sa pupille dorée. Elle te dévore l’oeil. Elle te grignote le cerveau.

Alors tu prends un morceau de papier et tu l’approches doucement. Au… »

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FAVREAU Patricia (extraits) https://revuedissonances.com/favreau-patricia-extraits/ Thu, 05 Oct 2023 18:00:00 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5798 DISSONANCES #45 | TOXIQUE Gouttes « J’observe Cela – je le peux encore Une goutte transparente Se détache Vénéneuse Tombe Indolore S’infiltre Curative M’envahit Destructrice Gagne tout mon corps Dans le… »

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DISSONANCES #45 | TOXIQUE
Gouttes
« J’observe
Cela – je le peux encore

Une goutte transparente
Se détache
Vénéneuse
Tombe
Indolore
S’infiltre
Curative
M’envahit
Destructrice
Gagne tout mon corps
Dans le… »

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APPEL À TEXTES https://revuedissonances.com/appel-textes-dissonances-46/ Tue, 05 Sep 2023 18:00:08 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5032 DISSONANCES #46 aura pour thème FRAGILE sera mis en images par Édith LANDAU et les propositions (inédites / format word / max. 9000 signes espaces compris / max. 2 propositions par auteur.e) sont à envoyer à  dissonons@revuedissonances.com avant le 31 JANVIER 2024

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DISSONANCES #46

aura pour thème

FRAGILE

sera mis en images par

Édith LANDAU

et les propositions

(inédites / format word max. 9000 signes espaces compris / max. 2 propositions par auteur.e)

sont à envoyer à 

dissonons@revuedissonances.com

avant le

31 JANVIER 2024

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VINAU Thomas | Le cœur pur du barbare https://revuedissonances.com/vinau-thomas-le-coeur-pur-du-barbare/ Mon, 15 May 2023 18:00:58 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5589 Coup-de-cœur d’Antoinette BOIS DE CHESNE pour Le cœur pur du barbare de Thomas VINAU DISSONANCES #44 Thomas Vinau c’est à lire le matin, ou plutôt à chaque fois qu’on le lit on a l’impression que c’est le matin, un matin pas pressé ni insomnieux, un dimanche matin sans la messe peut-être, en tous cas un matin…Lire la suite VINAU Thomas | Le cœur pur du barbare

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Coup-de-cœur d’Antoinette BOIS DE CHESNE pour Le cœur pur du barbare de Thomas VINAU
DISSONANCES #44

Thomas Vinau c’est à lire le matin, ou plutôt à chaque fois qu’on le lit on a l’impression que c’est le matin, un matin pas pressé ni insomnieux, un dimanche matin sans la messe peut-être, en tous cas un matin sans urgences, un matin de vacances. Voilà : lire sa poésie ouvre une vacance, un espace, une respiration. Un ralentissement. « Aussi étonnant / que cela puisse paraître / certains d’entre nous / n’ont rien à vendre ». Quelque chose s’est dessillé dans le sommeil, c’est peut-être que je suis myope et astigmate et presbyte. Sans lunettes il y a ce flou, cette hésitation, je me raccroche aux repères familiers le temps de remettre la main dessus. Et là, les choses sont à nouveau nettes car « Le monde se range très bien tout seul / L’ombre de la maison / sur le sol trace des traits / d’un côté la poussière / de l’autre / la poussière / il faut savoir être ordonné ». Le cœur pur du barbare, quand je le feuillette, y reviens, m’attarde sur de nouveaux poèmes – il faut le dire, les préférences (dans un recueil) sont variables comme les humeurs qui nous traversent, l’oracle des mots assemblés comme des cauris est mouvant mais toujours sûr – ma perspective du monde change. Sans grandiloquence. Le monde entre ces pages, oui, est fait de petits riens – tous les critiques s’accordent à ce sujet – ces petits riens essentiels qui, accordés entre eux, apportent une douceur, une camaraderie, une tendresse qui font que, relevant les yeux, on n’est plus seuls, isolés, mais reliés. Et ça, ce n’est pas rien, ou alors un rien taoïste, le chouïa qui manquait au jour avant de le lire : «  Les vieux pensent que ses yeux sont des dents / on dit que dans les bois bistres / de la forêt du coin / un cerf fou / mange le velours du brouillard ».

éd. Le castor astral, 2021
256 pages
9 €

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GUERRIER Léo J. (extraits) https://revuedissonances.com/guerrier-leo-j-extraits/ Mon, 15 May 2023 18:00:53 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5476 DISSONANCES #44 | SILENCES À portée de doigts « Autour du feu de camp nos discussions s’échardent – debout assis quelle que soit la position ça n’est pas viable il faut que je bouge – je pars : je pars – je reviendrai peut-être en courant – et pourquoi faire, pour dire un certain flot, je ne…Lire la suite GUERRIER Léo J. (extraits)

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DISSONANCES #44 | SILENCES
À portée de doigts

« Autour du feu de camp nos discussions s’échardent – debout assis quelle que soit la position ça n’est pas viable il faut que je bouge – je pars : je pars – je reviendrai peut-être en courant – et pourquoi faire, pour dire un certain flot, je ne sais même pas qui est là, les silhouettes se distinguent à peine derrière la fumée du brasier, je reconnais parfois des yeux qui me guettent – irons-nous baiser en silence derrière les arbres quelques heures plus tard ou bien resterons-nous là dans le flou de nos fumées contondantes le malaise toujours à portée de doigts – je tendrai la main car il est si doux ce toucher des paumes qui se froissent pour se dire les mots qui ne sortent pas – quand les mots sortent ils dégringolent ça éclate depuis les épaules et les dos courbés et les genoux croisés en bulles noires d’encre toute prête à couler et dans l’air quelque chose se casse comme un plafond de verre ou la toile cirée de la table trop bien mise – est-ce que l’on jouera encore à ce poker puant où l’on se bluffe chacun son tour car on n’est pas vraiment nous – les mots s’envolent gonflent l’air se charge de ces montgolfières brûlantes et c’est maintenant les cheveux qui crépitent – peut-être mon visage a-t-il… »

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TOURNIER Milène | Se coltiner grandir https://revuedissonances.com/tournier-milene-se-coltiner-grandir/ Mon, 15 May 2023 18:00:44 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5568 Coup-de-cœur de Justine ARNAL pour Se coltiner grandir de Milène TOURNIER DISSONANCES #44 Se coltiner grandir, troisième recueil publié aux éditions Lurlure par Milène Tournier, « poésie pas trop loin de l’autobiographie, même si celles-ci, souvent, se chassent comme des sœurs », se donne à lire dans une langue qui sait porter la densité et l’ambiguïté d’une écriture…Lire la suite TOURNIER Milène | Se coltiner grandir

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Coup-de-cœur de Justine ARNAL pour Se coltiner grandir de Milène TOURNIER
DISSONANCES #44

Se coltiner grandir, troisième recueil publié aux éditions Lurlure par Milène Tournier, « poésie pas trop loin de l’autobiographie, même si celles-ci, souvent, se chassent comme des sœurs », se donne à lire dans une langue qui sait porter la densité et l’ambiguïté d’une écriture constituée dans et à partir de la matière des souvenirs. Tantôt se ramasse sur une page une kyrielle de tout petits poèmes à la concision roborative, mémorable et drôlatique («  Mon corps qui hésite / entre Jésus et jouir »), tantôt s’y déplient des textes plus amples et plus narratifs.
Les 12 parties du recueil déclinent par fragments les étapes du parcours initiatique de ce que c’est, se coltiner grandir, et les secousses sismiques surmontées, de la naissance prématurée aux premiers deuils.
Au fil de la lecture, Tournier nous fait traverser l’attachement aux morceaux de père et mère auxquels il faut s’arracher, revisiter des contes, prendre des bains de vie de ville, voir les plaies des premiers amours dans lesquelles il est si difficile de s’empêcher de remettre les doigts, entrer dans les distorsions infantiles entre jeu et réalité, avec leurs théories singulières inventées lorsque la compréhension de la mort advient et qu’il faut bien trouver comment s’en débrouiller : « Dans ma tête ce qui était prévu / Pour la vie grosso modo / C’était que l’écriture allait / Me sauver de l’amour qui allait / Me sauver de l’écriture ».
Il y a une simplicité ébouriffée, décousue et lumineuse, dans la poésie de Tournier qui saisit le désordre et la fragilité de l’être voué à abriter et conjuguer en lui tous les temps à la fois. L’autrice nous offre ici un recueil-récolte-maraude du vivant où le devenir se hisse sur le revenir.

éd. Lurlure, 2022
216 pages
21 €

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LORIN Matthieu | Souvenirs et grillages https://revuedissonances.com/lorin-matthieu-souvenirs-et-grillages/ Mon, 15 May 2023 18:00:44 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5560 Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Souvenirs et grillages de Matthieu LORIN DISSONANCES #44 « Coupe le grillage des mots avec une pince et écarte-le comme on le fait des entrailles du loup dans les contes. Tu y liras mon avenir. Car les augures ont changé : aujourd’hui on découvre le futur dans les poèmes éventrés. » Elle émerge, cette…Lire la suite LORIN Matthieu | Souvenirs et grillages

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Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Souvenirs et grillages de Matthieu LORIN
DISSONANCES #44

« Coupe le grillage des mots avec une pince et écarte-le comme on le fait des entrailles du loup dans les contes. Tu y liras mon avenir. Car les augures ont changé : aujourd’hui on découvre le futur dans les poèmes éventrés. » Elle émerge, cette œuvre, comme le souligne le préfacier Claude Vercey, elle sort la tête de l’eau, d’une eau de vie à haut degré poétique d’alcool, aux flaveurs âpres et douces, qui fait cheminer de traviole dans une géométrie mentale et physique très personnelle issue d’un fort intérieur architecturé à la mesure fortifiée de cette centaine de poèmes en prose. Presque tous s’interrogent, à travers des visions du passé, sur leur raison d’être ; ils sont d’une violence contre soi, contenue avec l’élégance d’un verbe qui en appelle, au fil des souvenirs de lecture, à Faulkner, Bukowski, Mishima, Metz, Brautigan, Egolf, Kristof, Lowry, Döblin…, tous auteurs d’abîme. Aux Euclidiennes de Guillevic aussi dans la seconde partie, mais en plus intime, plus michaldien, avec un charme surréaliste. L’œuvre est articulée et taraudée par maints insectes, ces êtres coupés, séparés d’eux-mêmes en trois segments : la tête qui remémore non comme des exercices d’admiration mais comme des plongées en apnée, le thorax qui scande l’ampleur du souffle en tentant d’écarter les barbelés, l’abdomen qui rumine, pour la sublimer, une enfance térébrante. Ce recueil est la mue vivante du poète qui s’en débarrasse pour faire œuvre. « Je suis celui qui se déleste d’une humeur capable d’arracher les grillages d’une ville entière. » Matthieu Lorin est par ailleurs éditeur associé de la richissime revue LPB. Nous attendons avec impatience son quatrième ouvrage, Cartographie des rancunes.

éd. Sous le Sceau du Tabellion, 2022
155 pages
18 €

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ALBECK Barbara (extraits) https://revuedissonances.com/albeck-barbara-extraits/ Mon, 15 May 2023 18:00:42 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3950 DISSONANCES #44 | SILENCES Lessilences dans les silences « Détruire sa silences pour le voir silesilencesnces ses boules au silences de dire qu’il ne fait pas silences je l’ai déjà tellement silesilencesnces que je ne compte plus les silences alors silences forcément ce moment où on silences en général longtemps silencessilences on remballe colère silences les…Lire la suite ALBECK Barbara (extraits)

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DISSONANCES #44 | SILENCES
Lessilences dans les silences

« Détruire sa silences pour le voir silesilencesnces ses boules au silences de dire qu’il ne fait pas silences je l’ai déjà tellement silesilencesnces que je ne compte plus les silences alors silences forcément ce moment où on silences en général longtemps silencessilences on remballe colère silences les mots on ravale silences on passe à silences chose mais il silences toujours des blancs silences lourds de   silences -entendus on sait plus avec quoi se silencessilences et la pluie silences sur le carreau météo silencessilences le désir silences les silences perdus silencessilences laisse tomber on semblant silencessilences de son côté silences se plonge en silencessilences on s’ silences ailleurs et puis silencessilences en moins on prend silencessilences à être silencessilences on s’en remet silences enfants silencessilences faut sortir comme des silencessilences  ça chie ici silences nettoie plus silencessilencessilences rire avec eux là-bas ça silences du bruit mais silences résonne pas : les silencessilences du sapin ploient  silencessilences le poids des silences et Noël creuse silences phrases et… »

DISSONANCES #19 | IDIOT
L’idiot du stade
« Ne pas se laisser défaire : garder le moral, c’est le défi. Il me refuse, qu’à cela ne tienne, il n’y a pas de quoi s’en formaliser. Être fair-play, prêt-feu-partez, chacun son rythme, ne surtout pas le brusquer. Tant pis si je file et si lui n’avance pas, il faut s’y faire et s’y plier : je suis sûre que tôt ou tard il finira par se lancer.

Non, la plaie. Marre de mettre les formes, qu’il aille se faire voir. Je suis formelle, c’est un idiot, coincé derrière sa ligne par peur de gagner. Jadis un premier faux départ et maintenant plus possible de bouger. Sur les bras, des valises mal fermées où déborde un bordel qu’on lui a refourgué. Un poids trop lourd pour avancer. Idiot qui ne sait pas s’en débarrasser, qui confond encore passé et fatalité, et qui au coup de sifflet ne fait pas même un pas.

Ca n’est pas faute d’être là, les bras tendus, prête à réceptionner. Mais je n’arrive à rien derrière la ligne d’arrivée, même plus à l’attendre. Encouragements, patience, dureté, rien de tout cela n’y fait : la distance demeure inchangée. Au loin je le vois qui me dévore des yeux mais qui ne me regarde pas. Tout le monde sait, personne ne lui dit rien. Où… »

 

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DISSONANCES #44 SILENCES https://revuedissonances.com/dissonances-44-silences/ https://revuedissonances.com/dissonances-44-silences/#comments Mon, 15 May 2023 18:00:40 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5439 mai 2023 / 64 pages / 8 euros mise en images : Kader BENAMER – ÉDITO : LE BRUIT ET L’HONNEUR Il y a les silences immobiles et ceux dont on fait les refus d’obtempérer, les envies de tout sauf de se soumettre. Il y a les mutismes fiers et les bouches obstruées par l’indignité d’un exercice apeuré du pouvoir.…Lire la suite DISSONANCES #44 SILENCES

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mai 202364 pages / 8 euros
mise en images : Kader BENAMER

ÉDITO : LE BRUIT ET L’HONNEUR

Il y a les silences immobiles et ceux dont on fait les refus d’obtempérer, les envies de tout sauf de se soumettre. Il y a les mutismes fiers et les bouches obstruées par l’indignité d’un exercice apeuré du pouvoir. Il y a la main plaquée sur vos lèvres pendant qu’on se rétribue avec votre corps, il y a les ministres qui restent en place et ne font pas de commentaires. Il y a la somme des cris de rage ou d’espoir, des douleurs rendues silencieuses par une mise en scène de la surdité. On nous l’a assez répété à l’école : on écoute et on ne conteste pas, on obéit, on suit, on comprend ou pas, on fait semblant de noter ou on dort les yeux ouverts, peu importe, du moment qu’on le fait en silence. Il suffit d’écouter le calme des isoloirs, silence primal qui engendrera tous les autres : maintenant que vous avez fait un choix on ne veut plus vous entendre jusqu’à la prochaine fois, compris ? On vous l’a déjà dit : asseyez-vous en silence, on ne veut pas vous entendre. Un pays qui se tient sage est un pays qui se tait.
Alors prenons la parole, usons de mots silencieux mais emplis de voix, de songes, de réflexions, de dialogues et d’exclamations fracassantes. Parce que dans la quiétude de la littérature résident les musiques qu’on s’invente, des tourments infinis et, surtout, les plus belles révoltes.

Alban LÉCUYER

DOSSIER « CRÉATION » : SILENCES

Barbara ALBECK  : Les blancs dans les silences
« Détruire saALBECK pour le voirALBECK ses boules auALBECK de dire qu’il ne fait pasALBECK je l’ai déjà tellementALBECK que je ne compte plus lesALBECK alorsALBECK forcément ce moment où onALBECK en général longtempsALBECK on remballe colère les… »

Florent ARC  : Quelque part au Canada
« Le propriétaire regarde le ciel, les nuages noirs et gonflés sur le point de crever, et dit : « M’est avis que ça va péter. » / Tu ne réponds pas. La fournaise a consumé les derniers jours, il fallait bien que ça finisse par craquer, que les choses se terminent. Il n’y a… »

Pascal ARNAUD : Soheila
« Sur l’image / la première image / la première fraction de seconde / du plan fixe qui durera 53 secondes / un homme / grand costaud barbu brun cheveux courts / blouson ou sweat noir, pantalon ou treillis gris / le tout se précisera au fur et à… »

Jean-Christophe BELLEVEAUX  : Et le bruit finira
« Je vais tomber. Tais-toi. Les ciels. Les ciels ! Pas besoin de parler. Tais-toi. C’est ce que je dis. Mais j’ai du mal avec mon futur : les ciels, quand le soleil ivre-mort sombre rouge derrière les hangars, ou ces camaïeux gris bleus, sans moi. Tais-toi. La violence aussi, dont… »

Romain GIORDAN : Ce que je tais
« j’écris beaucoup / dans ma tête / mais peu / avec mes mains / je rêve souvent / qu’un homme / avec une oreille jaune / me court après / je me suis déjà / réjoui / de voir quelqu’un / saigner du nez / lorsqu’au réveil / je n’arrive pas / à noter / un rêve / que… »

Pierre GONDRAN DIT REMOUX : Bronze et or
« grouillent soudain des dos aux larges écailles bronze et or • les carpes aux lèvres jaunes ornées de barbillons frétillants roulent les unes sur les autres happant le vide asphyxique elles étouffent d’air el les étouffent d’eau gargouillent de mucus parlent la… »

Corinne GRANDEMANGE : K-O – sans mots –
« Elle a pris un gnon de crabe dans la gueule. Plus précisément du côté gauche du visage. Une espèce d’affaissement qui détache l’œil du reste, un peu comme une flaque d’eau qui aurait rétréci en peau de chagrin. La joue maigre ne soutient plus la… »

Léo J. GUERRIER  : À portée de doigts
« Autour du feu de camp nos discussions s’échardent – debout assis quelle que soit la position ça n’est pas viable il faut que je bouge – je pars : je pars – je reviendrai peut-être en courant – et pourquoi faire, pour dire un certain flot, je ne sais même pas… »

Lucie HEDER : Réduire au silence
« Je pose une rivière devant vous. C’est votre rivière. Elle peut être votre idéal de rivière comme la première rivière qui vous passe par la tête. Elle peut être brune, grise, noire, verte, bleue. Elle peut tirer sur le orange voire sur le jaune. Elle peut être… »

Kevin HENOCQ : Abruptosor, vent
« enfoncé dans le canapé / des caresses sur les bras / pendant que de sa bouche elle confie qu’elle / a eu quelqu’un d’autre dans sa bouche / avant qu’enfoncé en elle, un autre soit / l’autre buvard / ça commence par un durcissement là où je… »

Margaux LALLEMANT : Avaler comme une bille
« Je passe j’entends les rires des murs vides / j’ai dans la gorge une larme qui ne se laisse pas remonter. je la pends à ma glotte et déglutis – à qui rira le dernier – j’engloutis les réponses aux questions que tu ne poses pas / j’avale : / 1) la mort / (peut… »

Yann LEBLANC  : En silences
« La vieillesse, peu à peu, l’avait privé de tout. Alors il passait le plus clair de son temps assis sous le grand porche, en silence, le menton reposant sur sa main calleuse comme si ces deux parties de son corps avaient adhéré l’une à l’autre. Plus d’alcool. Lorsqu’un… »

Mathieu LE MORVAN : Orphée aux alpages
« J’ai repris le chemin d’autrefois, tu vois. // (…) // Au printemps, les torrents se font gros, ils dévalent en bouillon vers la rivière. Jusqu’au mois de juin nous longeons des névés. // Il y a là une vue qui porte assez loin, par-delà la vallée, et jusqu’aux sommets d’un… »

Anne-Lise MAURICE  : Sept fois dans la bouche
« — 1 / au début le garder toujours le doigt / de maman sur ma bouche / parfaite au visage porcelaine / la poupée qui ne dit // au bord des lèvres l’envie / de mordre à pleine dents /
la soupe à la grimace / dans la porcelaine brisée // a-t-on… »

Nadège MÉNASSIER  : Vie secrète
« C’est l’été. / Il fait très chaud cette année, une vague de canicule embrase le continent. À la radio, on entend que la Russie est en feu, des incendies propagent leurs fumées noires dans Moscou où les nuits deviennent « tropicales » et les gens meurent à des taux… »

Mona MESSINE : Ouate et tonnerre
« Il est huit heures, vous sortez de chez vous. Le froid possède une odeur. Sur votre route, au milieu de la ville, il y a les gens qui hurlent ou qui chouinent, il y a les chaussures qui chuintent sur le trottoir et le mot « bitume » qui ne sort pas de votre gorge. Il y a… »

Marthe OMÉ : Vous êtes ici
« Vous rêvez d’ailleurs / un proche vous l’a dit / c’est mieux ailleurs / vous avez goûté à l’exil / sur votre peau / dans vos nerfs / dans votre manteau de chair où vous n’habitez plus que la nuit / des souvenirs assis en rond sur le sol / une langue frémissante au… »

Perle VALLENS : Rien (à dire)
« quelque part l’air se verrouille // pas même murmure / mais muré. demeuré. dans un repli. // bruits rouillés / )rompus( / )brouillon d’avant la parole( // Garder silence c’est : renoncer / : facteur d’inertie / : mise à distance / (personne n’essaie de parler) // entre… »

Stéphanie VERMOT-PETIT-OUTHENIN : Prescription(s)
« Ne rien direà personnemon fils : le silence, c’est le nerf de la guerre, tu sais, / disait chaque fois mon père, / après. / Et moi j’imaginais une grande plaine désertée des hommes et trouée d’obus, s’y noyaient les restes d’un ciel de boue, ne la… »

IMAGES : Kader BENAMER

« Lorsque Dissonances m’a proposé de mettre en images le thème de son numéro futur, me demandant d’exprimer des « silences » par mes photographies, ma satisfaction première a vite laissé place à une sensation proche de l’angoisse de… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (24 questions à un.e auteur.e connu.e) :
Jean-Christophe BELLEVEAUX

« Où vous êtes-vous senti le mieux ?
Sur l’île de Samosir, au milieu du plus grand lac de cratère au monde (lac Toba), il y a environ 35 ans ; le tourisme l’a fatalement abîmé depuis. Sur l’île de… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur un livre remarquable)  :
Vous n’étiez pas là (Alban LEFRANC)
« Comment écrire la biographie de quelqu’un de surexposé, dont le mythe est constitué de milliers d’images rabâchées ? Comment révéler que l’icône n’est pas unidimensionnelle ? Alban Lefranc choisit de décliner les différentes altérités de ce je qui… »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture en domaine francophone)  :
Patrick AUTRÉAUX
 : Pussyboy (éd. Verdier)
« Ç’aurait pu n’être que le récit (rencontre, montée, descente) d’une liaison charnelle entre deux jeunes hommes, et rien que ça sans doute (qui quoique devenu relativement courant reste minoritaire dans le champ littéraire) aurait peut-être suffi à faire que Pussyboy mérite… »
Adrien LAFILLE
 : Milieu (éd. Vanloo)
« D’accord, il y a le joli motif initial : chaque jour, Violette fait signe à Antoine et son chien, mais un matin, plus de chien, donc plus de signe et l’homme quitte le récit sur cette tristesse. Elle, elle reste, seule, puis avec Lucie, pour une déroutante « attente… »
Sylvain LEVEY : La fête à venir (éd. Rue de l’échiquier)
« On est dans les Combrailles, entre l’Auvergne et le Limousin, mais il pourrait s’agir de n’importe quel autre paysage périurbain. « La meuf », comme la désignent les garçons du bahut, rêve de reprendre la ferme familiale mais voilà, on n’envisage pas une femme… »
Matthieu LORIN : Souvenirs et grillages (éd. Sous le Sceau du Tabellion)
« « Coupe le grillage des mots avec une pince et écarte-le comme on le fait des entrailles du loup dans les contes. Tu y liras mon avenir. Car les augures ont changé : aujourd’hui on découvre le futur dans les poèmes éventrés. » Elle émerge, cette œuvre, comme… »
Émilienne MALFATTO : Le colonel ne dort pas (éd. du sous-sol)
« Une ville, une guerre, un général, une opération militaire bien nommée « Reconquête », et un palais où un « colonel arrive un matin froid et ce jour-là il commence à pleuvoir. » Ce colonel est un spécialiste, un technicien hors-pair, capable d’extirper… »
Sébastien MÉNARD : Quelque chose que je rends à la terre (éd. publie.net)
« Le zen, le temps, « la vie bonne, une langue de hasard et d’errance », la nature fugace et frustrante de la poésie elle-même, mais chercher, voilà, m’a-t-il semblé, le principe au cœur de ce recueil cohérent et délicat. Chercher, mais pas n’importe où : dans… »
Milène TOURNIER : Se coltiner grandir (éd. Lurlure)
« Se coltiner grandir, troisième recueil publié aux éditions Lurlure par Milène Tournier, « poésie pas trop loin de l’autobiographie, même si celles-ci, souvent, se chassent comme des sœurs », se donne à lire dans une langue qui sait porter la densité et l’ambiguïté d’une… »
Thomas VINAU : Le cœur pur du barbare (éd. Le castor astral)
« Thomas Vinau c’est à lire le matin, ou plutôt à chaque fois qu’on le lit on a l’impression que c’est le matin, un matin pas pressé ni insomnieux, un dimanche matin sans la messe peut-être, en tous cas un matin sans urgences, un matin de vacances. Voilà : lire sa… »

D’ISTANBUL À RIO (4 coups-de-cœur de lecture en domaine étranger) :
Fadhil AL-AZZAWI : Faiseur de miracles (éd. des Lisières)
« « Moi le magicien, agent des âmes errantes, moi le faiseur de miracles », ainsi se définit Fadhil Al-Azzawi, poète irakien exilé contemplant «  le monde venu poser son cœur dans [sa] main / brûlant [ses] doigts / comme de la braise / scellée de sang humain / dans… »
Takeo ARISHIMA : Cette femme-là (éd. Sillage)
« Paru en 1998 sous le titre Les Jours de Yôko aux éditions Philippe Picquier, le roman de Takeo Arishima revient chez Sillage dans une traduction corrigée et augmentée d’un intéressant (quoique fort court) appareil critique. / L’auteur propose le portrait étonnamment… »
Lawrence FERLINGHETTI : Poésie, art de l’insurrection (éd. maelstrÖm reEvolution)
« Lawrence Ferlinghetti (1919-2021), peintre, poète et éditeur américain de la Beat Generation, fondateur de la mythique librairie City Lights, a laissé une œuvre intense et régulièrement engagée dans les grands débats sociaux. / Ainsi, Poésie, art de l’insurrection se… »
María PAZ GUERRERO : Dieu aussi est une chienne (éd. Dernier Télégramme)
« María Paz Guerrero est née en 1982 à Bogota, en Colombie. Elle a publié plusieurs recueils de poésie. Elle prépare actuellement un doctorat à l’Université de Saragosse, en Espagne, et enseigne l’écriture créative au département de Création littéraire de l’… »

DI(S)GRESSION (carte blanche sur un domaine autre que la littérature)
Antoinette BOIS DE CHESNE  : 452 grammes (Psittacus erithacus)
« # la demande / ça faisait longtemps qu’il voulait un perroquet. Un rêve de gosse, de pirate et de voyageur. Tu as dit oui. Pleine d’innocence. Ou d’ignorance. Sans savoir que l’animal te choisirait toi. Élue d’un royaume inconnu. // # parce qu’il vient tout droit de… »

DYSCHRONIE (saison 6)
Jean-Marc FLAPP : Hiver 2022
« 1er septembre : J’attrape le relai que m’a lancé Romain encore plus excité qu’il ne l’est d’ordinaire (ce qui n’est pas peu dire…) car décollage en vue direction Paraguay pour Agapes Tropicales jusqu’au Printemps Prochain ! On lui souhaite Bon Vent (et… »

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MESSINE Mona (extraits) https://revuedissonances.com/messine-mona-extraits/ Mon, 15 May 2023 18:00:39 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4401 DISSONANCES #44 | SILENCES Ouate et tonnerre « Il est huit heures, vous sortez de chez vous. Le froid possède une odeur. Sur votre route, au milieu de la ville, il y a les gens qui hurlent ou qui chouinent, il y a les chaussures qui chuintent sur le trottoir et le mot « bitume » qui ne…Lire la suite MESSINE Mona (extraits)

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DISSONANCES #44 | SILENCES
Ouate et tonnerre

« Il est huit heures, vous sortez de chez vous. Le froid possède une odeur. Sur votre route, au milieu de la ville, il y a les gens qui hurlent ou qui chouinent, il y a les chaussures qui chuintent sur le trottoir et le mot « bitume » qui ne sort pas de votre gorge. Il y a le néant qui résonne et le moteur des voitures, tout autour de vous, dès le matin, l’eau qui tombe des gouttières. Vous entendez l’huile qui s’infiltre et les pièces qui rouillent. La mécanique est bruyante, elle clinque et croustille, pétarade parfois et puis chauffe. Il y a les klaxons et les insultes, les cliquetis, les grincements.
Soudain les nuages tonnent et, sous vos pieds, le sol se décortique, se déplace à cause des vibrations du métro, dans la ville tout bruisse, et vous marchez vers les autres, affolé.e, comme aimanté.e par leur présence. Vous vous jetez vers les passants, les humains, semblables, dès huit heures du matin, éloignés du métal, et vos oreilles vibrent, et les oreilles des sourds vibrent aussi mais cela ne donne rien, vous non plus, le signal, vous ne le comprenez pas toujours, mais le son vous suce et vous réclame. Il vous absorbe mais, pour lutter, vous allez chercher les voix, les paroles que vous connaissez. Des « bonjour » et des « ça va ? ». C’est un… »

DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Orbes

« Cela se passe au fond de nos ventres. Une forme de nausée se lève et provoque jusqu’au mal de dos. Il n’est plus possible de marcher sans le sentir. Plus possible de s’asseoir. Cela peut vous réveiller la nuit. Ce sont des fragments de muqueuse qui se détachent et qui, vous le savez, vont ruisseler de l’intérieur jusqu’au sol. Le liquide s’arrêtera-t-il sur vos cuisses ? Une flaque se formera-t-elle à force de ne pas bouger ? Lentement vous sentez votre corps pourrir en dedans et se fragmenter. Vous imaginez les grumeaux grumelés râpeux et sales rouges noirs peut-être, et la peau vomie fermentée déjà qui s’accumule s’agglutine en rang serré prête à tomber d’un seul coup. Vertical, si ce n’est pas dans votre tête.
Vous imaginez le temps qui coule le sang qui touille. Vous pensez à la dernière fois. L’intermède de temps est bien trop court, vous ne vous habituez jamais. C’est né avec vous, avec l’humanité entière, même ceux qui ne se disent pas concernés le savent. Comme toujours, après cela, il y aura l’euphorie, puis la saison de l’habitude, enfin la redescente, un peu de colère, sans aucun doute, et cela reviendra. Vous n’aimerez rien de mieux que les… »

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MÉNASSIER Nadège (extraits) https://revuedissonances.com/menassier-nadege-extraits/ Mon, 15 May 2023 18:00:37 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5498 DISSONANCES #44 | SILENCES Vie secrète « C’est l’été. Il fait très chaud cette année, une vague de canicule embrase le continent. À la radio, on entend que la Russie est en feu, des incendies propagent leurs fumées noires dans Moscou où les nuits deviennent « tropicales » et les gens meurent à des taux records. Dehors, les…Lire la suite MÉNASSIER Nadège (extraits)

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DISSONANCES #44 | SILENCES
Vie secrète

« C’est l’été.
Il fait très chaud cette année, une vague de canicule embrase le continent. À la radio, on entend que la Russie est en feu, des incendies propagent leurs fumées noires dans Moscou où les nuits deviennent « tropicales » et les gens meurent à des taux records. Dehors, les rues sont désertes, les bruits étouffés et les couleurs écrasées. Tous ont fui, le même week-end, dans l’affolement des grands départs – amants, enfants, familles et passants, tous emportés dans l’exode des grandes vacances. Après le remue-ménage du mois de juin, étranglé par les fêtes de fin d’année, pots, galas, kermesses, crises, adieux et règlements de comptes, la ville s’est vidée, exsangue. Le brouhaha s’est tu. Léa se retrouve seule face à elle-même au milieu du silence de l’été, blottie au cœur d’une longue parenthèse où, jour après jour, elle va pouvoir se relever.
Elle reste des heures durant allongée sur le dos, entourée de livres commencés puis abandonnés, ouverts et retournés sur les draps comme des corps échoués. Elle fixe le ventilateur qui tourne au plafond, son regard se brouille, son esprit se… »

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BOIS DE CHESNE Antoinette (extraits) https://revuedissonances.com/bois-de-chesne-antoinette-extraits/ Mon, 15 May 2023 18:00:35 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5343 DISSONANCES #44 | DI(S)GRESSION 452 grammes (Psittacus erithacus) – notes d’observations (extraits)  » – la demande ça faisait longtemps qu’il voulait un perroquet. Un rêve de gosse, de pirate et de voyageur. Tu as dit oui. Pleine d’innocence. Ou d’ignorance. Sans savoir que l’animal te choisirait toi. Élue d’un royaume inconnu. parce qu’il vient tout…Lire la suite BOIS DE CHESNE Antoinette (extraits)

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DISSONANCES #44 | DI(S)GRESSION
452 grammes (Psittacus erithacus) – notes d’observations (extraits)

 » – la demande
ça faisait longtemps qu’il voulait un perroquet. Un rêve de gosse, de pirate et de voyageur. Tu as dit oui. Pleine d’innocence. Ou d’ignorance. Sans savoir que l’animal te choisirait toi. Élue d’un royaume inconnu.

  • parce qu’il vient tout droit de l’éocène pour aboutir dans ta maison et qu’il est plus que probable qu’il te survivra, ce presque rien connaît les replis du temps autrement mieux que toi.

  • 452 grammes,
    un pas grand-chose pourtant là, un petit quelque chose déjà, moins d’une livre, même pas un demi-kilo, le début d’une pesanteur, un poids plume.

  • 4 et 5 et 2 : trois chiffres, trois symboles, le début d’un alphabet chiffré, une clé, une… »

DISSONANCES #43 | TRANS-
Transverse.s

« # – 1
Peu à peu, jour après nuit, la chape sera montée sous les vagues silencieuses de nuages effilochés, dispersés, disparus, accompagnée de ciels noirs brillants de points fixes et mobiles. L’air de l’été se ramassera, ses plis froissés les uns sur les autres sous la puissance de la main éblouissante de la lumière immobile. Les feuilles des framboisiers, retournées aux extrémités, montreront leur ventre blanc, de loin on pourra croire à une étrange floraison, une mutation, sans bien savoir encore quel en sera le fruit. L’herbe déjà jaunie, rocaille au lit sec d’un ruisseau disparu, mordra les pieds et le sable du fleuve gagnera sa surface, affleurant l’eau verte de son dos blond, haltes étendues aux oiseaux des bords : sternes, hirondelles, hérons, mouettes, cormorans, petits gravelots, cygnes, guifettes. Il n’y aura d’odeur que silex, frappé à coup redoublé, du zénith à au-delà, amadou de l’incendie solaire.
La cour, entourée des façades blanches aux volets clos, retiendra les vagues de chaleur, four brillant où le mat du goudron alimentera la fournaise. Le métal des… »

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FERLINGHETTI Lawrence | Poésie, art de l’insurrection https://revuedissonances.com/ferlinghetti-lawrence-poesie-art-de-linsurrection/ Mon, 15 May 2023 18:00:34 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5545 Coup-de-cœur de Jean AZAREL pour Poésie, art de l’insurrection de Lawrence FERLINGHETTI DISSONANCES #44 Lawrence Ferlinghetti (1919-2021), peintre, poète et éditeur américain de la Beat Generation, fondateur de la mythique librairie City Lights, a laissé une œuvre intense et régulièrement engagée dans les grands débats sociaux. Ainsi, Poésie, art de l’insurrection se présente comme un manifeste,…Lire la suite FERLINGHETTI Lawrence | Poésie, art de l’insurrection

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Coup-de-cœur de Jean AZAREL pour Poésie, art de l’insurrection de Lawrence FERLINGHETTI
DISSONANCES #44

Lawrence Ferlinghetti (1919-2021), peintre, poète et éditeur américain de la Beat Generation, fondateur de la mythique librairie City Lights, a laissé une œuvre intense et régulièrement engagée dans les grands débats sociaux.
Ainsi, Poésie, art de l’insurrection se présente comme un manifeste, dans un format voulu par l’auteur pour faire référence au Petit Livre Rouge de Mao.
« Je te fais signe à travers les flammes / Le Pôle Nord a changé de place / La civilisation s’auto-détruit / Némésis frappe à la porte. »
Jonglant entre sentences acerbes et recommandations bienveillantes, Ferlinghetti nous enjoint de suivre un chemin tracé par la volonté pugnace de changer la vie en se changeant soi-même pour opérer une re-fondation au monde.
« Écoute le chuintement des feuilles et le clapotis de la pluie / Conçois l’amour par delà le sexe / Mets tout et tout le monde en question, même Socrate, qui questionnait tout. »
Partisan d’une écriture non élitiste, il apporte ses réponses à la question Qu’est-ce que la poésie ? et ses Manifestes Populistes de 1976 sont d’incandescentes prémonitions de notre actualité : « Les arbres tombent toujours / Nous n’irons plus au bois / Plus l’heure de marmotter Hare Krishna pendant que Rome brûle / San Francisco brûle / Le Moscou de Maïakovski brûle les énergies fossiles de la vie. »
Sans concession aucune à la technocratie littéraire, constatant dès 1978 (et le déplorant) que « La poésie moderne est de la prose », Ferlinghetti nous rappelle qu’elle doit peut-être avant tout rester un art de la résurrection.

traduit de l’anglais (États-Unis) par Marianne COSTA
éd. maelstrÖm reEvolution, 2012
100 pages
10 €

 

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OMÉ Marthe (extraits) https://revuedissonances.com/ome-marthe-extraits/ Mon, 15 May 2023 18:00:33 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5494 DISSONANCES #44 | SILENCES Vous êtes ici « Vous rêvez d’ailleurs / un proche vous l’a dit / c’est mieux ailleurs / vous avez goûté à l’exil / sur votre peau / dans vos nerfs / dans votre manteau de chair où vous n’habitez plus que la nuit / des souvenirs assis en rond sur le…Lire la suite OMÉ Marthe (extraits)

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DISSONANCES #44 | SILENCES
Vous êtes ici

« Vous rêvez d’ailleurs / un proche vous l’a dit / c’est mieux ailleurs / vous avez goûté à l’exil / sur votre peau / dans vos nerfs / dans votre manteau de chair où vous n’habitez plus que la nuit / des souvenirs assis en rond sur le sol / une langue frémissante au bord du trottoir d’une ville trop grande pour vous / à vous perdre dans des lignes / au flanc du pays natal, vous avez crié un nom connu à votre oreille /

vous dites « avant, j’étais un enfant » vous le répétez ça ne fait pas longtemps que vous pouvez le dire « avant, j’étais un enfant » mais quand est-ce que cela a cessé ? vous ne savez pas

vous n’avez jamais su les distances les séparations les poids les mesures les histoires de fratrie où ça commence où ça finit depuis ce pays depuis la guerre depuis le sang

vous retirez la main de votre père la sienne est froide vous ne pleurez pas vous ne dites rien vous regardez ce corps inerte et vous pensez à la… »

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ARC Florent (extraits) https://revuedissonances.com/arc-florent-extraits/ Mon, 15 May 2023 18:00:33 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5465 DISSONANCES #44 | SILENCES Quelque part au Canada « Le propriétaire regarde le ciel, les nuages noirs et gonflés sur le point de crever, et dit : « M’est avis que ça va péter. » Tu ne réponds pas. La fournaise a consumé les derniers jours, il fallait bien que ça finisse par craquer, que les choses se terminent.…Lire la suite ARC Florent (extraits)

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DISSONANCES #44 | SILENCES
Quelque part au Canada

« Le propriétaire regarde le ciel, les nuages noirs et gonflés sur le point de crever, et dit : « M’est avis que ça va péter. »
Tu ne réponds pas. La fournaise a consumé les derniers jours, il fallait bien que ça finisse par craquer, que les choses se terminent. Il n’y a rien à y faire, et rien à en dire. Juste attendre que l’orage passe, ou la tempête, la fin du monde ou quoi que ce soit.
Le propriétaire descend les quelques marches menant à la porte d’entrée. Au téléphone, il t’a précisé que le logement se trouvait en-dessous du niveau de la rue. Il t’a demandé si cela posait problème. Tu as dit non, que plus rien ne te posait problème.
« Attention à la tête », dit-il en entrant.
Tu le suis et poses tes deux valises sur le lit. C’est un petit lit, dans une petite pièce. Il y a aussi un coin kitchenette, une salle de bain minuscule, une penderie, une table flanquée de deux chaises. Le haut du mur est percé d’une fenêtre toute en longueur qui donne sur la rue. Assis au bord du lit, tu peux observer les pieds des gens qui passent sur… »

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GONDRAN DIT REMOUX Pierre (extraits) https://revuedissonances.com/gondran-dit-remoux-pierre-extraits/ Mon, 15 May 2023 18:00:30 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3586 DISSONANCES #44 | SILENCES Bronze et or « grouillent soudain des dos aux larges écailles bronze et or • les carpes aux lèvres jaunes ornées de barbillons frétillants roulent les unes sur les autres happant le vide asphyxique elles étouffent d’air el les étouffent d’eau gargouillent de mucus parlent la langue des noyés • grouillent soudain…Lire la suite GONDRAN DIT REMOUX Pierre (extraits)

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DISSONANCES #44 | SILENCES
Bronze et or

« grouillent soudain des dos aux larges écailles
bronze et or • les carpes aux lèvres jaunes ornées de
barbillons frétillants roulent les unes sur les autres
happant le vide asphyxique elles étouffent d’air el
les étouffent d’eau gargouillent de mucus parlent
la langue des noyés • grouillent soudain des dos au
x larges écailles bronze et or • craignant d’être engl
outi par la masse visqueuse aux yeux fixes sans pau
pière l’enfant accroupi muet de terreur garde le
pain tout écrasé dans sa… »

DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
Paysages
« au sentier bûcheron, tu foules le ciel des herbes
plein du chagrin de l’âme verte de leurs feuilles
dans l’odeur rousse des grumes d’épicéas
et les effluves térébenthine des écorces déchirées

entre les prêles géantes et les lichens arborescents
un ocelle orangé étrécit le puits noir de ta pupille
vicariante, la mousse sèche attend la pluie
dans le grand verger délaissé
pommes vertes cernées de ronciers
tu te glisses par la sente de la renarde
mains d’épines et terreuses, en larmes de vent

la clématite tombe de la… »

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MALFATTO Émilienne | Le colonel ne dort pas https://revuedissonances.com/malfatto-emilienne-le-colonel-ne-dort-pas/ Mon, 15 May 2023 18:00:27 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5585 Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour Le colonel ne dort pas d’Émilienne MALFATTO DISSONANCES #44 Une ville, une guerre, un général, une opération militaire bien nommée « Reconquête », et un palais où un «  colonel arrive un matin froid et ce jour-là il commence à pleuvoir. » Ce colonel est un spécialiste, un technicien hors-pair, capable d’extirper n’importe quel secret…Lire la suite MALFATTO Émilienne | Le colonel ne dort pas

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Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour Le colonel ne dort pas d’Émilienne MALFATTO
DISSONANCES #44

Une ville, une guerre, un général, une opération militaire bien nommée « Reconquête », et un palais où un «  colonel arrive un matin froid et ce jour-là il commence à pleuvoir. » Ce colonel est un spécialiste, un technicien hors-pair, capable d’extirper n’importe quel secret à n’importe quel ennemi. Mais sa présence professionnelle et hantée détraque insidieusement le bel élan guerrier de la ville assiégée, plonge le commandement dans le chaos, la ville dans la grisaille et la reconquête dans le statu quo. Des fissures suinte la peur. Jusqu’au jour où, lors d’une séance, le «  regard tranquille qui tranche sur le visage détruit » de l’homme que le colonel cherche à faire parler fait dévier la trajectoire…
Le livre alterne les pensées nocturnes du colonel insomniaque qui, dans un long poème, semble accueillir les fantômes de ses victimes passées, et le récit de la désagrégation de l’opération militaire. Le colonel ne dort pas est un bien étrange texte et un bien étrange sujet. Émilienne Malfatto séduit instantanément par son écriture somptueuse, incisive, spontanée et cinématographique. On pense d’ailleurs à Seven avec cette pluie perpétuelle qui accompagne l’arrivée du mal, ou encore aux fantômes pâles de Kiyoshi Kurosawa. Cette écriture en liberté, d’une grande puissance visuelle, fait émerger, au milieu du marasme glaçant, des bulles de fantastique, dérapages burlesques révélateurs de l’absurdité de la situation. « Depuis sa rencontre avec le buste décapité, le général a cessé de jouer aux échecs. »
Le colonel ne dort pas est un immense petit livre, une fresque miniature qui vous hantera comme il me hante depuis des semaines.

éd. du sous-sol, 2022
112 pages
16 €

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HENOCQ Kévin (extraits) https://revuedissonances.com/henocq-kevin-extraits/ Mon, 15 May 2023 18:00:27 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3769 DISSONANCES #44 | SILENCES Abruptosor, vent « enfoncé dans le canapé des caresses sur les bras pendant que de sa bouche elle confie qu’elle a eu quelqu’un d’autre dans sa bouche avant qu’enfoncé en elle, un autre soit l’autre buvard ça commence par un durcissement là où je ne l’attendais pas ça termine par m’enlever du…Lire la suite HENOCQ Kévin (extraits)

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DISSONANCES #44 | SILENCES
Abruptosor, vent

« enfoncé dans le canapé
des caresses sur les bras
pendant que de sa bouche elle confie qu’elle
a eu quelqu’un d’autre dans sa bouche
avant qu’enfoncé en elle, un autre soit
l’autre buvard
ça commence par un durcissement là où je ne l’attendais pas
ça termine par m’enlever du sommeil sans rien d’une excitation
je me suis fait déplacer
je rejoins Jean-Michel et Marilyne dans le rang de ceux qui ont mis trop d’amour dans quelqu’un, qui en dorment mal parce qu’à côté ce quelqu’un ne déforme plus l’oreiller

tu es toute toi dans mon envie
alors que tu en redemandes à autre prénom que… »

DISSONANCES #37 | IMPUR
Ellile
« Au menu enfant, Ellile est à croquer ; selon de vieilles tantes, à corriger. Affecte par-ci, infecte par-là. En Ellile, des ruses. Interroge le monde alentour avec ce qu’Ellile a de sens. Montre de l’agilité à esquiver les mandales planquées derrière un interdit ou de la pertinence à renverser quelques stèles ancestrales érigées par des entités floues. C’est l’âge, de bon augure.

Des petits soldats en rose et bleu dans de la dinette à quatre roues téléguidées avant quelques sprints dans le jardin avec ses sandales à scratch ponctués par un shoot dans le ballon officiel UEFA qui s’écrase irrémédiablement dans le filet de badminton jamais utilisé pour deux raisons : il n’y a personne en face et les derniers volants noircissent dans le chêne. Ellile jongle avec les raquettes et balance les balles de sable à travers les vitres de hangars à l’abandon. Ce sont des manières de s’amuser. Dégainer un pistolet factice, presser la touche croix avec hargne devant un jeu vidéo dont l’objectif est de réaliser le crash le plus spectaculaire possible, incendier des rats, éviter de perdre un bras, guetter le trou de la serrure, en seraient d’autres, ou seraient autres, pour… »

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FLAPP Jean-Marc (extraits) https://revuedissonances.com/flapp-jean-marc-extraits/ Mon, 15 May 2023 18:00:27 +0000 http://revuedissonances.com/?p=966 DISSONANCES #44 | DYSCHRONIE Hiver 2022 « 1er septembre : J’attrape le relai que m’a lancé Romain encore plus excité qu’il ne l’est d’ordinaire (ce qui n’est pas peu dire…) car décollage en vue direction Paraguay pour Agapes Tropicales jusqu’au Printemps Prochain ! On lui souhaite Bon Vent (et Bonne Chance à son Foie). 8 septembre : The Queen…Lire la suite FLAPP Jean-Marc (extraits)

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DISSONANCES #44 | DYSCHRONIE
Hiver 2022
« 1er septembre : J’attrape le relai que m’a lancé Romain encore plus excité qu’il ne l’est d’ordinaire (ce qui n’est pas peu dire…) car décollage en vue direction Paraguay pour Agapes Tropicales jusqu’au Printemps Prochain ! On lui souhaite Bon Vent (et Bonne Chance à son Foie).

8 septembre : The Queen is Dead (faut bien).

21 septembre : Poutine pas invité aux obsèques de la Reine (qui ont eu lieu avant-hier) en a probablement été assez vexé : 300 000 réservistes vont partir en Ukraine et depuis son bureau Darth Vlad yeux dans les yeux rappelle à l’Occident (et « Ce n’est pas du bluff ») qu’il a tout ce qu’il faut de suppos nucléaires pour lui calmer les nerfs s’il y trouve à redire. Sinon il fait très beau.

30 septembre : Coup d’état militaire au Burkina Faso : une junte en chasse une autre et la fête bat son plein.

7 octobre : C’eût pu être champagne (et caviar) au Kremlin puisque… »

DISSONANCES #39 | DYSCHRONIE
Été 2020
« 1er mars : C’est aujourd’hui l’anniversaire de ma mère et donc ça devrait être la fête mais Pamela Anderson annonce sa séparation de Jon Peters au bout de 12 jours de mariage : merde.

4 mars : Coronavirus : en France 4 décès (le premier datant du 14 février) et 285 cas : on ne peut pas dire que c’est beaucoup mais on ne parle que de ça et la sortie du prochain James Bond (prémonitoirement intitulé Mourir peut attendre) est reportée à novembre (c’est à dire dans huit mois) : merde encore (ou pas).

17 mars : Coronavirus : 175 décès en France et 7730 cas : dans l’absolu c’est toujours peu (en regard par exemple des méfaits de l’abus de pizzas surgelées) mais ça doit bien quand même annoncer du très lourd puisqu’officiellement nous voici confinés, et plongés par là-même dans un film de SF au scénario bateau (Godzilla, va coucher !) sauf que c’est pour de vrai.

18 mars : « Les chronologies, on le sait, sont des fictions, il… »

DISSONANCES #27 | ORGASMES
Vas-y Jackie !

« Il est neuf heures pétantes quand Jackie pousse la porte de la salle de sport. Cinq minutes d’échauffement au rameur bien à fond et, quittant son jogging, Jackie nous apparaît en toute majesté, Venus Musculator au torse colossal auquel est ajusté un micro-débardeur portant mention The One, les jambes et les bras (de taureau : stupéfiants) étant à l’avenant et le tout réfléchi (sous toutes les coutures et jusqu’à l’infini) dans les miroirs muraux et le chrome des machines : Jackie se sent très bien. Mais pas là que pour ça (sur autre débardeur : mention No Pain No Gain), sans plus tergiverser il charge le peck deck à soixante kilos, s’étend cou sous la barre, vient accrocher ses mains fermement à icelle qu’il soulève comme fétu pour une série de vingt suivie d’une de quinze suivie d’une de dix, après quoi se relève pour sautiller un peu en agitant les bras, charger à quatre-vingts, repasser sous la barre, inspirer, la reprendre, faire une série de quinze puis une série de dix puis une… »

DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
Crépuscule d’un dieu

« ton jet perso se pose et glisse en bout de piste tu finis ton whisky avales les glaçons te tournes vers le monde toujours aussi lointain contemples le tarmac aveuglant au couchant à travers le hublot et les verres violets des lunettes de soleil que tu ne quittes jamais si ce n’est pour dormir et encore pas tout le temps tu vois ne penses pas tu es sur mode hébété c’est bon ça peut durer pas envie de bouger mais une voix te ramène c’est pam qui te demande en échos si tu es prêt es prêt prêt c’est idiot rigolo tu hausses les épaules entends tes gardes du corps déconner quelque part tu dis juste un moment mon manteau et ma trace ils sont là ils t’attendent le manteau igor l’a et ma trace voilà le tube de platine que tu portes en collier tu le fourres dans ton nez elle te tend le miroir narine gauche narine droite la coke te secoue ça aussi que c’est bon et tu es debout alors sans trop savoir pourquoi et pas du tout comment tu titubes et te tasses putain je suis crevé tu es bourré déchiré incroyablement las et tu vas te rasseoir mais igor et luigi te dépassent d’une tête costards et lunettes noires caricatures tu te marres te prennent sous les bras t’enfilent ton manteau t’emmènent vers l’avant tu flottes tu es où devant toi une... »

DISSONANCES #21 | LE VIDE
Saut de l’ange
« puisqu’il n’y a plus rien étendu sur le dos et les yeux au plafond tu t’écoutes respirer tu sais que tu as ta dose mais marre absolument de tous ces os qui craquent tu presses le bouton et la morphine court qui s’engouffre et t’inonde un éblouissement tout le corps aboli douleur évanouie tu dis dieu que c’est bon tu n’es plus que du vide et n’as en même temps jamais été si plein car le vide c’est du rien qu’une chose contient et tu es cette chose et beaucoup plus que ça n’ayant plus de contours détaché et entier tu es tellement content d’autant que pile à l’heure débute la grande parade que tu veux applaudir mais tu n’as pas de mains puisqu’il n’y a plus rien et tu le connais bien ce joli lapin blanc sur décor de jardin petit lapin malin qui passe à fond de train secouant sa queue houpette et qui hoche la tête c’est une chanson bête caquète une poulette que tu connais aussi car elle s’appelle henri c’est bête tout autant elle avait donc raison c’est une sage poulette tu ris et elle aussi et puis elle se dissout dans un froissement doux tes yeux se sont rouverts sur le plafond très blanc comme l’était le lapin et tu hoches la tête saluant le feuillage derrière la fenêtre du grand arbre bruissant sous la brise du… »

DISSONANCES #19 | IDIOT
Salsifi Day
« J’étais avec une fille et je crois que c’était bien mais je ne sais plus qui ni pourquoi ni comment : les pubs à la radio m’ont réveillé trop tôt. Maintenant c’est trop tard : la fille a disparu pareil que mon sommeil et je me retrouve debout, hagard et en retard parce que j’ai dû traîner avant de me lever, je mets ma tête sous l’eau, vais pisser, déféquer, pas le temps de me raser et je sors en courant : je suis déjà crevé quand je sonne chez mon psy qui m’invite à m’étendre et tout lui déballer. Mon père ce héros. Mamie m’aimait tellement. Ma mère est une sainte et je suis un idiot qui n’arrive à rien d’autre qu’à parfois retrouver par éclairs extasiés la simple joie de vivre que j’ai connue petit pour la perdre depuis et je ne sais pas quand ni pourquoi ni comment et c’est d’ailleurs pourquoi je suis là maintenant… je suis là maintenant… je suis là… maintenant…
– Vous êtes là. Mais avant ?
– Avant j’ai déjà dit : mémé, papa, maman.
– …
– Euh… avant j’étais chez moi et je rêvais d’une fille… j’étais avec… »

DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Ventre à terre

« Une nausée odieuse m’évacue du sommeil. J’aimerais replonger dans le rien où j’étais mais ma tripe est en transe et se tord méchamment d’où je me dis que si j’attends je vais me vomir dessus puis la vision sinistre de mes draps maculés finit de me décider : debout au bord du lit je sens le sol glacé me tanguer sous les pieds, je me retiens au mur qui plie traîtreusement, je me vautre en beuglant, gigote à poil par terre, parviens à me relever, titube, rote, bave, essaie de me calmer mais mon ventre est secoué de spasmes en montée qui me coupent le souffle et je sens qu’il n’y a plus que peu de temps maintenant avant que le mélange des alcools bon marché que j’ai ingurgités pour fêter je ne sais quoi et du peu que j’ai bouffé pour les neutraliser ne jaillisse hors de moi trop tard ça vient c’est là et ma bouche et mon nez projettent loin devant un épais jet amer qui fait que la vision de mes draps maculés devient réalité et j’hésite un instant entre éclater de rire et m’effondrer en larmes puis je suis à genoux complètement déprimé et je chiale et je chiale et je vomis encore et encore et encore en sueur je suis gelé paniqué convulsé dans l’… »

 

 

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ARISHIMA Takeo | Cette femme-là https://revuedissonances.com/arishima-takeo-cette-femme-la/ Mon, 15 May 2023 18:00:26 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5537 Coup-de-cœur de Julie PROUST TANGUY pour Cette femme-là de Takeo ARISHIMA DISSONANCES #44 Paru en 1998 sous le titre Les Jours de Yôko aux éditions Philippe Picquier, le roman de Takeo Arishima revient chez Sillage dans une traduction corrigée et augmentée d’un intéressant (quoique fort court) appareil critique. L’auteur propose le portrait étonnamment moderne, acide et…Lire la suite ARISHIMA Takeo | Cette femme-là

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Coup-de-cœur de Julie PROUST TANGUY pour Cette femme-là de Takeo ARISHIMA
DISSONANCES #44

Paru en 1998 sous le titre Les Jours de Yôko aux éditions Philippe Picquier, le roman de Takeo Arishima revient chez Sillage dans une traduction corrigée et augmentée d’un intéressant (quoique fort court) appareil critique.
L’auteur propose le portrait étonnamment moderne, acide et sensuel d’une héroïne qui cherche à fuir sa condition de femme : «  depuis son enfance, elle se conduisait librement, au gré de ses impressions et de sa fantaisie, sans permettre qu’une volonté étrangère la détournât de son chemin, mais lorsqu’elle jetait un regard sur le passé, si peu comparable aux jours vécus par les femmes obéissantes, elle avait la sensation de se trouver seule dans une plaine inconnue, immense et déserte ». Refusant d’être soumise et silencieuse, Yôko utilise sa séduction pour forger son propre destin – au risque de voir cette arme causer un scandale qui l’empêche d’atteindre les États-Unis, où l’attend l’émancipation désirée (« elle avait pensé qu’elle eût été plus heureuse si elle était née dans un pays étranger. Que désirait-elle ? Rien qu’une vie libre ! »).
Tableau au vitriol du Japon à l’aube du XXe siècle, Cette femme-là s’avère aussi un roman psychologique remarquable : loin d’être une délicate victime suscitant la pitié, Yôko dévoile un caractère complexe, impudique, lucide, égoïste, passionné et indépendant.
Espérons que Sillage publiera les autres œuvres d’Arishima ou celles de son frère, Ton Satomi, dont les deux romans, Fleurs d’équinoxe et Fin d’automne, quoiqu’adaptés au cinéma par Ozu, sont toujours indisponibles en français !

traduit du japonais par Albert MAYBON et Masaomi YOSHITOMI
éd. Sillage, 2023
164 pages
12,50 €

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HEDER Lucie (extraits) https://revuedissonances.com/heder-lucie-extraits/ Mon, 15 May 2023 18:00:26 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5478 DISSONANCES #44 | SILENCES Réduire au silence « Je pose une rivière devant vous. C’est votre rivière. Elle peut être votre idéal de rivière comme la première rivière qui vous passe par la tête. Elle peut être brune, grise, noire, verte, bleue. Elle peut tirer sur le orange voire sur le jaune. Elle peut être bruyante…Lire la suite HEDER Lucie (extraits)

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DISSONANCES #44 | SILENCES
Réduire au silence

« Je pose une rivière devant vous. C’est votre rivière. Elle peut être votre idéal de rivière comme la première rivière qui vous passe par la tête. Elle peut être brune, grise, noire, verte, bleue. Elle peut tirer sur le orange voire sur le jaune. Elle peut être bruyante au point de tout assourdir autour de vous. Elle peut être silencieuse, comme une longue langue calme qui aurait avalé tous les bruits alentour. Ses pierres peuvent être blanches. Elle peut avoir de la boue à la place des pierres. Elle peut charrier de petites feuilles rondes. Elle peut serpenter entre de grandes herbes aux bords lisses et durs. Son couvert peut être dense. Elle peut couler sur une terre nue. C’est votre rivière.
Je pose une Elle sur vous. Je force sur votre visage des traits qui ne sont pas les vôtres. Vous sentez une rondeur, une raideur inhabituelle dans votre nez. L’arc de votre sourcil vous semble trop haut. Il est beaucoup trop bas par rapport à d’habitude. La bouche est trop menue. La bouche est trop remplie. Les poils se sont évanouis. Ils se sont multipliés. Ils se sont déplacés. Ils se sont raréfiés. Ils se sont allongés. Vous vous identifiez à cette Elle que je force sur vous. Vous mettez vos querelles de côté. Ce que vous avez en trop. Ce qui vous manque. Vous vous… »

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AUTRÉAUX Patrick | Pussyboy https://revuedissonances.com/autreaux-patrick-pussyboy/ https://revuedissonances.com/autreaux-patrick-pussyboy/#comments Mon, 15 May 2023 18:00:24 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5564 Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Pussyboy de Patrick AUTRÉAUX DISSONANCES #44 Ç’aurait pu n’être que le récit (rencontre, montée, descente) d’une liaison charnelle entre deux jeunes hommes, et rien que ça sans doute (qui quoique devenu relativement courant reste minoritaire dans le champ littéraire) aurait peut-être suffi à faire que Pussyboy mérite l’attention, mais c’est évidemment…Lire la suite AUTRÉAUX Patrick | Pussyboy

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Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Pussyboy de Patrick AUTRÉAUX
DISSONANCES #44

Ç’aurait pu n’être que le récit (rencontre, montée, descente) d’une liaison charnelle entre deux jeunes hommes, et rien que ça sans doute (qui quoique devenu relativement courant reste minoritaire dans le champ littéraire) aurait peut-être suffi à faire que Pussyboy mérite l’attention, mais c’est évidemment (sinon ici au moins on n’en parlerait pas) beaucoup plus que cela. Car cette narration d’une histoire d’amour à haute teneur sexuelle mais qui « ne fut pas l’amour et n’aura pas été seulement le sexe » nous emmène très loin, mettant en évidence dans sa complexité l’alchimie des rapports entre pudeur, jouissance, désir et frustration, pouvoir et dépendance, don de soi, possession, décalages sociaux, culturels, religieux (et autres ingrédients de l’extase amoureuse quand le libertinage se transforme en passion), fusionnant pour ce faire fulgurances poétiques et pure pornographie (« Une fois il se féconde la main en se retirant in extremis de ma bouche. Une deuxième lui engrenaille le ventre. La troisième giclée me pollocke le dos. »), émaillant son propos de citations parfaites tant dans leur concision que dans leur pertinence et leur diversité (Lou Reed, Lacan, Racine, le Coran, Rohff, Artaud…), et plus que tout peut-être disant splendidement tout ce que le plaisir doit à la confusion des genres et des sensations (« Et les mains qui se posent, les clés du corps qui deviennent des hérissons très doux, des coraux mous, des étoiles à tentacules, un bourgeon gluant ») car puisant à la source de l’expérience ultime d’un voyage au-delà de toutes les morales, de toutes les censures, « là où coïncident douleur et joie d’être enfin un corps qui ne se retient pas d’exister. »

éd. Verdier, 2021
128 pages
14 €

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MÉNARD Sébastien | Quelque chose que je rends à la terre https://revuedissonances.com/menard-sebastien-quelque-chose-que-je-rends-a-la-terre/ Mon, 15 May 2023 18:00:23 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5592 Coup-de-cœur d’Ingrid S. KIM pour Quelque chose que je rends à la terre de Sébastien MÉNARD DISSONANCES #44 Le zen, le temps, « la vie bonne, une langue de hasard et d’errance », la nature fugace et frustrante de la poésie elle-même, mais chercher, voilà, m’a-t-il semblé, le principe au cœur de ce recueil cohérent et délicat. Chercher,…Lire la suite MÉNARD Sébastien | Quelque chose que je rends à la terre

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Coup-de-cœur d’Ingrid S. KIM pour Quelque chose que je rends à la terre de Sébastien MÉNARD
DISSONANCES #44

Le zen, le temps, « la vie bonne, une langue de hasard et d’errance », la nature fugace et frustrante de la poésie elle-même, mais chercher, voilà, m’a-t-il semblé, le principe au cœur de ce recueil cohérent et délicat. Chercher, mais pas n’importe où : dans la terre elle-même, pas comme émanation post-new-age mais bien matière vivante, odorante, fertile, traversée de fleuves et de trains, qui nourrit les bêtes, les feuilles de moutarde, le chou perpétuel et la poésie elle-même. Chercher, mais pas, non plus, n’importe comment : « traversé par la joie de parler », plein du « silence crié » qu’est, peut-être, la poésie. Et que la forme suive le fond, en alternant vers libres, aphorismes ou dits de griot, et que la langue cherche aussi, se cherche aussi, en parlant de, de l’extérieur, de comme à propos puis en incarnant, en parlant de-puis quand décrire ne suffit plus – puisque rien ne suffit vraiment, cesser de décrire pour devenir, devenir pluie, buffle, confins ou même, sans modestie aucune, « le bois de KobyŁka » qui pleure les bêtes mortes. Chercher enfin, mais pas avec n’importe qui. Et de Claude Roy à Guillevic, de Ginsberg à Lahu, ils sont nombreux mais choisis, ceux qui accompagnent Sébastien Ménard dans sa quête. « La poésie / et quinze fraisiers / ou de l’ail des ours », voilà ce qui sauve le monde dans le monde selon lui. Et on a envie d’y croire, même s’il n’y croit plus vraiment à quelques vers de distance – piège du lyrisme, on le sait bien, que «  non la poésie ne sauve de rien ». Ce que le poète rend à la terre ici est un hommage profond et léger tout à la fois, parfois désabusé, et surtout, je crois, parfaitement indispensable.

éd. publie.net, 2021
144 pages
15 €

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DISSO #44 : Jean-Christophe BELLEVEAUX https://revuedissonances.com/disso-44-jean-christophe-belleveaux/ Mon, 15 May 2023 18:00:23 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5525 Extrait de l’entretien avec Jean-Christophe BELLEVEAUX publié dans DISSONANCES #44    Jean-Christophe BELLEVEAUX (petit) Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ? Comme l’écrit Quignard, « je ne cherche que des pensées qui tremblent » ; donc : ni pour ni contre, plutôt entre. Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ? Avoir l’esprit…Lire la suite DISSO #44 : Jean-Christophe BELLEVEAUX

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Extrait de l’entretien avec Jean-Christophe BELLEVEAUX publié dans DISSONANCES #44

   Jean-Christophe BELLEVEAUX (petit)

Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ?
Comme l’écrit Quignard, « je ne cherche que des pensées qui tremblent » ; donc : ni pour ni contre, plutôt entre.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
Avoir l’esprit en état de disponibilité, d’accueil. La solitude aide.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Je me tue à petit feu.

Qui est votre premier lecteur ?
Je suis le seul avant mon éditeur.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Quelqu’un avec qui dialoguer et travailler en intelligence et exigence.

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
Lire d’abord les ouvrages de la maison ciblée, lire les revues.

Quelle fut votre première grande émotion de lecteur ?
Les aventures de Tom Sawyer de Mark Twain.

Que faut-il lire de vous ?
Territoires approximatifs, éditions Faï Fioc, 2018.

Votre ego d’écrivain vous gêne-t-il pour marcher ?
J’espère avoir assez d’humilité pour que ce ne soit pas le cas.

Qu’est-ce que la poésie ?
Pour moi, un…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #44

BIO

Est né en 58 dans le département 58. Études de Lettres et de langue thaï. A fait l’instituteur quelque temps, le poète (une vingtaine de livres publiés), le directeur de revue de poésie (Comme ça et Autrement) pendant sept ans, le voyageur impénitent de la Chine au Guatemala en passant par l’Érythrée ou l’Albanie. Aime le vin de Bourgogne, l’humour, les Rolling Stones et la peinture de Jean-Gilles Badaire.

BIBLIO SÉLECTIVE (HIVER 2022)

Comment dire ? co-écrit avec Corinne LE LEPVRIER (éd. La Sirène étoilée, 2018)
Territoires approximatifs (éd. Faï fioc, 2018)
Pong (éd. La tête à l’envers, 2017)
L’emploi du temps (éd. le phare du cousseix, 2017)
Fragments mal cadastrés (éd. Jacques Flament, 2015)
L’inquiétude de l’esprit ou pourquoi la poésie en temps de crise ? ouvrage collectif (éd. Cécile Defaut, 2014)
Bel échec co-écrit avec Édith AZAM (éd. Le Dernier Télégramme, 2014)
Démolition (éd. Les Carnets du dessert de Lune, 2013)
Machine Gun (éd. Potentille, 2009)
La quadrature du cercle (éd. Les Carnets du dessert de Lune, 2006)

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PAZ GUERRERO María | Dieu aussi est une chienne https://revuedissonances.com/paz-guerrero-maria-dieu-aussi-est-une-chienne/ Mon, 15 May 2023 18:00:22 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5550 Coup-de-cœur de Sara BALBI DI BERNARDO pour Dieu aussi est une chienne de María PAZ GUERRERO DISSONANCES #44 María Paz Guerrero est née en 1982 à Bogota, en Colombie. Elle a publié plusieurs livres de poésie. Elle suit actuellement un doctorat à l’Université de Saragosse, en Espagne, et enseigne l’écriture créative au département de Création littéraire…Lire la suite PAZ GUERRERO María | Dieu aussi est une chienne

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Coup-de-cœur de Sara BALBI DI BERNARDO pour Dieu aussi est une chienne de María PAZ GUERRERO
DISSONANCES #44

María Paz Guerrero est née en 1982 à Bogota, en Colombie. Elle a publié plusieurs livres de poésie. Elle suit actuellement un doctorat à l’Université de Saragosse, en Espagne, et enseigne l’écriture créative au département de Création littéraire de l’Université centrale de Bogota. Dios también es una perra a été traduit en anglais par Camilo Roldán (God is a Bitch Too, Ugly, Duckling Press, New York).
Au centre du livre, il y a dieu : «  dieu a 53 ans / des rides / dieu est ménopausé […] en plus dieu // est latino-américain ».
Au centre de dieu, il y a le vide, le vide du manque qui engloutit tout : nourriture, antidépresseurs, New York, les cours de lecture rapide, les connaissances, les livres de poésie.
Depuis son centre-vide, dieu se cherche, il « veut être total / c’est pour ça qu’il achète des livres / chaque semaine / vaincre le manque / en étant total  », et s’interroge : « depuis combien de temps tu n’as pas lu les journaux, dieu ? » — en un jeu de miroirs dieu/je, ironique et acéré, particulièrement jubilatoire.
Avec ses vers courts, qui claquent, et son rythme torrentiel, le texte cogne comme la violence détruit la Colombie ; et la production de masse, le monde : le rumsteck d’élevage intensif a le goût de la forêt amazonienne qui brûle ; les femmes se faufilent dans des bus bondés au service du patriarcat : «  onvacolléesdefrôlements / on nous tripote on nous frotte » ; et partout dans le monde globalisé, les montagnes de déchets s’accumulent.
Dans toute cette démesure, dieu réfléchit, écrit. Dieu est poète. Mais à quoi sert la poésie dans un monde où les singes meurent brûlés vifs ? Peut-être à créer de nouvelles lianes.

traduit de l’espagnol (Colombie) par Stéphane CHAUMET
éd. Dernier Télégramme, 2022
80 pages
12 €

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GRANDEMANGE Corinne (extraits) https://revuedissonances.com/grandemange-corinne-extraits/ Mon, 15 May 2023 18:00:20 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5474 DISSONANCES #44 | SILENCES K-O – sans mots – « Elle a pris un gnon de crabe dans la gueule. Plus précisément du côté gauche du visage. Une espèce d’affaissement qui détache l’œil du reste, un peu comme une flaque d’au qui aurait rétréci en peau de chagrin. La joue maigre ne soutient plus la lassitude…Lire la suite GRANDEMANGE Corinne (extraits)

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DISSONANCES #44 | SILENCES
K-O – sans mots –

« Elle a pris un gnon de crabe dans la gueule. Plus précisément du côté gauche du visage. Une espèce d’affaissement qui détache l’œil du reste, un peu comme une flaque d’au qui aurait rétréci en peau de chagrin. La joue maigre ne soutient plus la lassitude de vivre. Et puis dans la posture, elle dit qu’elle n’a pas maigri. Elle a juste diminué de moitié. En marge sur la longueur et la largeur. Elle s’est recroquevillée dans une ultime lutte à vivre, à se survivre, un rien fœtal.
Ce sera certainement son dernier noël. Ce sera la dernière année. Elle le sait. Moi aussi. Mais toutes les deux, on n’est pas encore capable d’en parler, même pas de se le toucher, se l’enlacer, se le protéger pour le faire durer, le border de doux, un peu moins de peur. Elle a pris un gnon à l’âme et cette femme est dans une décence sans larmes, à ne savoir que dire de sa mort à venir. Je me tiens à ses côtés quand le fait d’être juste en vie me laisse dans une aphasie sidérée.
Le soir, blottie au fond du lit, je pense aux absurdités dites et écrites sur la beauté du silence. Les cloisons de nos chambres ne sont pas contiguës. Pourtant j’entends son cœur qui cogne, pétrifié dans le noir. Elle n’éteint plus la lumière depuis longtemps parce… »

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AL-AZZAWI Fadhil | Faiseur de miracles https://revuedissonances.com/al-azzawi-fadhil-faiseur-de-miracles/ Mon, 15 May 2023 18:00:19 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5540 Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Faiseur de miracles de Fadhil AL-AZZAWI DISSONANCES #44 « Moi le magicien, agent des âmes errantes, moi le faiseur de miracles », ainsi se définit Fadhil Al-Azzawi, poète irakien exilé contemplant « le monde venu poser son cœur dans [sa] main / brûlant [ses] doigts / comme de la braise / scellée de sang humain…Lire la suite AL-AZZAWI Fadhil | Faiseur de miracles

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Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Faiseur de miracles de Fadhil AL-AZZAWI
DISSONANCES #44

« Moi le magicien, agent des âmes errantes, moi le faiseur de miracles », ainsi se définit Fadhil Al-Azzawi, poète irakien exilé contemplant « le monde venu poser son cœur dans [sa] main / brûlant [ses] doigts / comme de la braise / scellée de sang humain / dans un écrin de cendres ». Parfois, on pense à Prévert quand il nous donne la recette du poème magique, qu’il évoque avec subversion un dieu dans les cieux mais pas dans l’annuaire, ou bien dans le regard enfantin porté sur son activité : « Mes poèmes sont des oiseaux / Dans un café / J’ai écrit un oiseau épicé / Et juste avant j’ai dévoré un poème / Dans un restaurant de poésie ». C’est une écriture souvent facétieuse, drôle, mordante, qui ne se prend pas au sérieux ; l’auteur « saisit les mots par la queue », joue avec les formes comme l’aphorisme ou le proverbe.
Mais au fil des pages «  une lune noire s’ouvre comme une fleur solitaire », la mélancolie se déploie et les mots du poète pleurent l’enfant qu’il a été. L’imaginaire poétique se charge alors du poids cruel de la prison ; la langue crue et prosaïque dit le réel insupportable, la vie avec les rats – que seul le fouet du geôlier chasse des poches du prisonnier – le viol comme arme de guerre, la perversité du pouvoir qui vote « une loi obligeant les victimes / à payer au bourreau / les balles de leur exécution ».
Alors, dans la douleur du départ, de l’exil et de la survie, le miracle de l’écriture achève de s’accomplir : « Sur les oasis planent des oiseaux aveugles / et du ciel descendent des anges mourants / profondément nous pénétrons avec des mots brisés / sur les bouches des morts / Loin nous ramons / avec les mains tendues vers les vivants  ».

traduit de l’arabe (Irak) par Souad LABBIZE
éd. des Lisières, 2019
152 pages
19 €

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MAURICE Anne-Lise (extraits) https://revuedissonances.com/maurice-anne-lise-extraits/ Mon, 15 May 2023 18:00:14 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5500 DISSONANCES #44 | SILENCES Sept fois dans la bouche « — 1 au début le garder toujours le doigt de maman sur ma bouche parfaite au visage porcelaine la poupée qui ne dit au bord des lèvres l’envie de mordre à pleine dents la soupe à la grimace dans la porcelaine brisée a-t-on déjà vu une…Lire la suite MAURICE Anne-Lise (extraits)

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DISSONANCES #44 | SILENCES
Sept fois dans la bouche

« — 1
au début le garder toujours le doigt
de maman sur ma bouche
parfaite au visage porcelaine
la poupée qui ne dit

au bord des lèvres l’envie
de mordre à pleine dents
la soupe à la grimace
dans la porcelaine brisée

a-t-on déjà vu une langue si longue ?

maman a jeté ma… »

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LALLEMANT Margaux (extraits) https://revuedissonances.com/lallemant-margaux-extraits/ Mon, 15 May 2023 18:00:12 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5505 DISSONANCES #44 | SILENCES Avaler comme une bille « Je passe j’entends les rires des murs vides j’ai dans la gorge une larme qui ne se laisse pas remonter. je la pends à ma glotte et déglutis – à qui rira le dernier – j’engloutis les réponses aux questions que tu ne poses pas j’avale : 1)…Lire la suite LALLEMANT Margaux (extraits)

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DISSONANCES #44 | SILENCES
Avaler comme une bille

« Je passe j’entends les rires des murs vides
j’ai dans la gorge une larme qui ne se laisse pas remonter. je la pends à ma glotte et déglutis – à qui rira le dernier – j’engloutis les réponses aux questions que tu ne poses pas
j’avale :
1) la mort
(peut-être aurait-il fallu euphémiser
parler de disparition)
2) le poème
() le poèmeʺ
) le poèmeeinspiration)
3) la femme que je serai(s) à 43 ans
( ) le poèmeʺ
) le poèmeeprojection)
je laisse le silence remplir les espaces car… »

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GIORDAN Romain (extraits) https://revuedissonances.com/giordan-romain-extraits/ Mon, 15 May 2023 18:00:12 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5468 DISSONANCES #44 | SILENCES Ce que je tais « j’écris beaucoup / dans ma tête / mais peu / avec mes mains / je rêve souvent / qu’un homme / avec une oreille jaune / me court après / je me suis déjà / réjoui / de voir quelqu’un / saigner du nez / lorsqu’au réveil…Lire la suite GIORDAN Romain (extraits)

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DISSONANCES #44 | SILENCES
Ce que je tais

« j’écris beaucoup / dans ma tête / mais peu / avec mes mains / je rêve souvent / qu’un homme / avec une oreille jaune / me court après / je me suis déjà / réjoui / de voir quelqu’un / saigner du nez / lorsqu’au réveil / je n’arrive pas / à noter / un rêve / que je viens de faire / j’ai l’impression / de perdre / une partie de ma vie / l’idée de me prostituer / auprès / d’hommes âgés / me fait fantasmer / je regrette / de ne pas arriver / à décrire / l’odeur / qu’avait la nuit / durant mon adolescence / quand je me regarde / dans un miroir / j’ai l’impression d’avoir / de la colère / partout / sur le visage / je n’ai jamais osé dire / à mon père / que son troisième téton / me dégoûtait / je pense souvent / à ces chaussures / qu’on retrouve / abandonnées / au bord des routes / et l’incongruité / de leur présence / m’effraie / je possède / une boîte en carton / dans laquelle / je range / tous les petits papiers / les tickets de caisse / les listes de courses / les lettres égarées / retrouvées / dans les livres d’occasion / j’ai commencé à porter / des lentilles / parce qu’un homme / dont j’étais amoureux / me disait / que mes lunettes / m’enlaidissaient / je crois qu’il y a / un peu de Dieu / dans le regard / de mon chat / même si… »

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LEVEY Sylvain | La fête à venir https://revuedissonances.com/levey-sylvain-la-fete-a-venir/ Mon, 15 May 2023 18:00:10 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5573 Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour La fête à venir de Sylvain LEVEY  DISSONANCES #44 On est dans les Combrailles, entre l’Auvergne et le Limousin, mais il pourrait s’agir de n’importe quel autre paysage périurbain. «  La meuf  », comme la désignent les garçons du bahut, rêve de reprendre la ferme familiale mais voilà, on n’envisage pas une femme sur…Lire la suite LEVEY Sylvain | La fête à venir

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Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour La fête à venir de Sylvain LEVEY 
DISSONANCES #44

On est dans les Combrailles, entre l’Auvergne et le Limousin, mais il pourrait s’agir de n’importe quel autre paysage périurbain. «  La meuf  », comme la désignent les garçons du bahut, rêve de reprendre la ferme familiale mais voilà, on n’envisage pas une femme sur un tracteur ou, pire, au contact des troupeaux ou des cultures pendant ses règles.
« La capitale c’est deux semaines max par an. Pour le salon de l’Agriculture. Les hommes restent avec les bêtes. Les hommes mangent avec les bêtes. De Paris, ils ne voient que le périphérique par la fenêtre de l’hôtel Ibis. Quand tu seras mariée. Car il est évident pour ta mère que tu seras mariée, Tu iras une fois à Paris pour montrer la tour Eiffel aux enfants, Car tu auras forcément des enfants, ta mère en est certaine. »
Dans le bus scolaire, elle rencontre « le nouveau  ». Celui venu d’ailleurs, celui différent, presque exotique, qui écoute Patti Smith comme elle mais aussi Madame Butterfly, on dit d’ailleurs qu’il est d’origine italienne. « Tu aimes bien Arès. Peut-être que tu aimes tout court Arès. Peut-être tu es amoureuse mais tu ne le sais pas. Pas encore. Les autres ils décident à ta place.  »
Dans ce poème à la lisière du roman, Sylvain Levey restitue magnifiquement les sensations adolescentes (attendre dans le froid, les garçons qui matent, l’ennui des jeudis) et les mots qui vont avec. Dans la nuit qui sépare deux jours de la semaine que dure le récit, il intercale de tendres réflexions insurrectionnelles pour préparer La fête à venir et tenter, « avant que le vent nous fasse tituber de nouveau », d’adoucir l’«  inquiétude des lendemains incertains » qui attendent la jeunesse d’aujourd’hui.

éd. Rue de l’échiquier, 2023
64 pages
12,90 €

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LAFILLE Adrien | Milieu https://revuedissonances.com/lafille-adrien-milieu/ Mon, 15 May 2023 18:00:08 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5556 Coup-de-cœur de Nicolas LE GOLVAN pour Milieu de Adrien LAFILLE DISSONANCES #44 D’accord, il y a le joli motif initial : chaque jour, Violette fait signe à Antoine et son chien, mais un matin, plus de chien, donc plus de signe et l’homme quitte le récit sur cette tristesse. Elle, elle reste, seule, puis avec Lucie, pour…Lire la suite LAFILLE Adrien | Milieu

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Coup-de-cœur de Nicolas LE GOLVAN pour Milieu de Adrien LAFILLE
DISSONANCES #44

D’accord, il y a le joli motif initial : chaque jour, Violette fait signe à Antoine et son chien, mais un matin, plus de chien, donc plus de signe et l’homme quitte le récit sur cette tristesse. Elle, elle reste, seule, puis avec Lucie, pour une déroutante « attente pure. »
« Lorsqu’on pense on ne peut pas attendre et voilà tout le problème. Attendre c’est attendre et ce n’est rien d’autre. Si elles pensaient elles trouveraient quelque chose à attendre… » Bon, d’accord.
Mais parfois un texte tourne et hante comme un lait caillé, tant sa machine échappe. Sa loi déjoue mon propre contre-récit de lecteur encodé, et c’est bien là le suc littéraire, non ?
J’ai longtemps médité sur les ressorts de cette non-histoire qui pourtant va, pour déverrouiller un peu son impératif, moins kantien que quantique.
Ainsi, dans une cosmogonie enfantine resserrée autour du renard, du pont, du village, elles disent peu, se taisent surtout, agissent avec la violence des injonctions catégoriques. «  Quelque chose qui arrive une fois c’est un accident. Quelque chose qui arrive deux fois ça ne va pas.  » À trop m’écouter, leur réclusion ferait vite pathologique : « Un jour Lucie a répété au moins mille fois le mot pomme. Elle pouvait répéter pomme puisque ce mot ne la dérangeait pas.  » Seulement, à me déprendre assez, à me rendre simple d’esprit et me jouvencer, je comprends que « c’est comme ça. »
Ce petit rien de texte est une jolie leçon de ténèbres littéraires, un exercice brutal d’humilité critique : « C’était du silence leur vie. Ça disait rien, c’était zéro dans le dire. Faire la maison oui, dire de la maison non. Échanger un baiser oui, dire du baiser non. » Alors oui, d’accord.

éd. Vanloo, 2021
104 pages
16 €

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LEBLANC Yann (extraits) https://revuedissonances.com/leblanc-yann-extraits/ Mon, 15 May 2023 18:00:07 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5502 DISSONANCES #44 | SILENCES En silences « La vieillesse, peu à peu, l’avait privé de tout. Alors il passait le plus clair de son temps assis sous le grand porche, en silence, le menton reposant sur sa main calleuse comme si ces deux parties de son corps avaient adhéré l’une à l’autre. Plus d’alcool. Lorsqu’un voisin…Lire la suite LEBLANC Yann (extraits)

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DISSONANCES #44 | SILENCES
En silences

« La vieillesse, peu à peu, l’avait privé de tout. Alors il passait le plus clair de son temps assis sous le grand porche, en silence, le menton reposant sur sa main calleuse comme si ces deux parties de son corps avaient adhéré l’une à l’autre. Plus d’alcool. Lorsqu’un voisin passait, il redressait pourtant la tête comme l’aurait fait un chat ne dormant que d’une oreille. Si le voisin regardait dans sa direction, il relevait alors le bras d’un geste ample, pour le saluer en silence. Plus de sel ni de sucre. Puis il reprenait sa position, retournait dans ses pensées, noires pour la plupart. De temps à autre il saisissait sa canne et remuait légèrement la terre devant lui. Il ne dessinait rien dans la poussière, ne recherchait aucune forme. Peut-être commençait-il doucement, inconsciemment, à creuser sa tombe en silence. Plus de mobylette pour aller au tabac, plus de cigarettes.
Son vieux chien efflanqué se mettait parfois à hurler sans raison dans son dos. Il tournait alors le buste avec peine, comme cloué à sa chaise, et brandissait sa canne. Le chien filait quelques mètres plus loin dans la cour, tête basse.

En fin d’après-midi il se leva, difficilement. Ce n’était pourtant pas… »

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LEFRANC Alban | Vous n’étiez pas là https://revuedissonances.com/lefranc-alban-vous-netiez-pas-la/ Mon, 15 May 2023 18:00:01 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5531 Regards croisés sur Vous n’étiez pas là  d’Alban LEFRANC DISSONANCES #44 Jean-Marc FLAPP : Je serai ton miroir Née en Allemagne nazie en 1938, top model à quinze ans, actrice chez Fellini, amante d’Alain Delon (dont elle eut un enfant qu’il ne reconnut pas), égérie de Warhol (qui en fit la chanteuse du tout premier album…Lire la suite LEFRANC Alban | Vous n’étiez pas là

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Regards croisés sur Vous n’étiez pas là  d’Alban LEFRANC
DISSONANCES #44

Jean-Marc FLAPP :
Je serai ton miroir
Née en Allemagne nazie en 1938, top model à quinze ans, actrice chez Fellini, amante d’Alain Delon (dont elle eut un enfant qu’il ne reconnut pas), égérie de Warhol (qui en fit la chanteuse du tout premier album du Velvet Underground), compagne hallucinée de Philippe Garrel, menant erratiquement une carrière solo de grande prêtresse goth aux The End sépulcraux, surhumainement belle pendant un bout de temps, plongeant dans l’héroïne et s’y démolissant, finissant bêtement par une chute de vélo à même pas cinquante ans : le moins qu’on puisse dire de la très iconique Christa « Nico » Päffgen, c’est qu’elle fut un destin. Tragique, on l’a compris, et d’autant plus que voué à un total oubli (hormis quelques vieux fans, qui se souvient encore (je veux dire vraiment) de la Queen of Junkies ?) mais Vous n’étiez pas là est une incantation d’une rare puissance et donc vous revoici en Chelsea Girl zombie émergeant presque intacte d’« une des galeries de votre souterrain, un fourmillement de tendres seringues à votre portée, une veine immortelle coulant sur votre bras droit » pour rejouer sous nos yeux sur l’écran de ces pages vos vies d’ange déchu plus ou moins inventées (par vous quand vous viviez puis par l’auteur pour nous : « Baisiez-vous, ces années-là ? ce n’est même pas sûr, vous vous souvenez mal »), de Berlin sous les bombes au soleil d’Ibiza via Paris et New-York, Lenny Bruce, Morrison, Tobias, Baader, plein d’autres, et ce qui là-dedans tient du vrai ou du faux est-ce bien important ? C’est peut-être au contraire ce flou-même qui est bon. Et le sacré voyage à travers le miroir que nous fait faire Lefranc dans le monde révolu, magnifique et destroy, du Grand Cirque Rock’n’Roll.

Côme FREDAIGUE :
Banale icône
Nico, un prénom qui contient à lui seul toute la légende des sixties mais ne se résumait, pour moi, qu’à peu de choses : une voix sur un album, un visage dans quelques films : « La putain du bruit public dit : c’est bien peu, en cinquante ans de vie.  »
À lire Alban Lefranc, je serais pourtant tenté de dire qu’il manque à cette légende un véritable contenu. Nico ne semble qu’un songe creux, son destin est celui d’un corps (sa gloire et sa déchéance) et d’une époque (idem). Elle traverse le temps en figurante, femme satellite, froide comme la Lune et comme elle brillant de la lumière des autres, le pape du pop, Le Velvet, Morrison et consort. Au fil des pages s‘esquisse le portrait d’une muse déchue, moins inspirée qu’inspirante, qui incarne à merveille l’ambivalence de son époque : « vous aviez parcouru les coulisses de la machine à rêve […] et votre indifférence était une arme absolue qui vous ouvrait toutes les portes, et toutes les portes s’ouvraient sur une nouvelle pièce vide. »
Le livre peut séduire par sa tonalité particulière, un vouvoiement affectueux et distancié qui se joue des prétentions biographiques : «  On vous a vue peut-être à Rome en 1959, à New-York en 1966, à Ibiza en 1988 (où vous mourez d’une chute de vélo). » Alban Lefranc cherche moins à lever le voile qu’à démonétiser le mythe, redonnant forme humaine à l’image stéréotypée. L’hommage est sincère mais il me laisse un peu dans les marges ; de Nico je ne garde, à la fermeture du livre, que l’image trouble d’une femme triste piégée dans une époque qui n’a pas tenu ses promesses, une banale icône sans consistance qui ne touche que par sa vacuité.

Ingrid S. KIM :
Ça va mal finir…
« […] répètent les vieilles qui mettent la tête à la fenêtre, das wird böse enden, quand elles entendent le brouhaha des anges venus vous secourir ». Et bien sûr, on le sait, que ça finit mal, l’histoire de Christa Paffgën, qui accepta d’être Nico pour son « premier frère en désastre » le photographe Herbert Tobias, que le vrai Nico, Papatakis, n’avait jamais gratifié d’un regard. On le sait, qu’une gamine de seize ans trop belle pour son propre bien, jetée dans «  une débauche médiocre de luxe et de salive », adulée par Warhol, sa Factory hallucinatoire et ses « danses pervertées », modelée par Lenny Bruce, son « second frère en désastre », sa rage de rire méchamment de tout et sa dépendance à l’héroïne, courtisée, trahie ou trahissant tour à tour des monstres comme Delon, Fellini, Garrel, Morrison, on le sait, oui, que la « joie sauvage » de se saccager ne peut être que ce qui reste quand tout nous a mangé dans la main trop tôt, trop vite, que ça ne peut que s’achever les bras lacérés, pas lavée depuis des mois, sur une bicyclette assassine… « Aux pieds de qui mourir avec pudeur ? » se demande Christa, « aimée des dieux, petite fille triomphante », se demande Nico, junkie spectaculaire, merveille déchue, toute sa vie – ou peut-être pas, qu’en sait-on au fond, nous n’étions pas là… Alban Lefranc a su, je crois, lui répondre un peu, dans cette drôle de biographie qui refuse d’en être une et qui lui est directement adressée, entre fantasme, invention et exercice littéraire, et offrir à la mémoire de Nico sinon un hommage, du moins un dernier miroir plus tendre que ne le fut de son vivant et depuis sa mort «  la putain du bruit public ».

Julie PROUST TANGUY :
Deux ou trois choses que vous savez d’elle
Comment écrire la biographie de quelqu’un de surexposé, dont le mythe est constitué de milliers d’images rabâchées ? Comment révéler que l’icône n’est pas unidimensionnelle ? Alban Lefranc choisit de décliner les différentes altérités de ce je qui est toujours autre (« Alors vos traces envahissent le monde : pas un pouce de terre dont vous ne veniez pas, un peu, aussi, à votre humble façon. Alors vous avez de nombreux sexes et de nombreux corps. Une folle troupe hirsute d’enfances court sur votre peau. Je vous en propose plusieurs, je sais que vous les aimez toutes ») et qui devient, sous sa plume, un vous, véritable Protée de la pop culture. Bien sûr, les clichés attendus (le Velvet Underground, Andy Warhol, Fellini…) défilent, mais ils ne réduisent plus la femme à une Cover-Girl, un écran à fantasmes : le ressac des images mime ici la surexposition du sujet et révèle, sous le vide de la photographie, l’épaisseur psychologique enfouie de l’idole. Définie par son mutisme mythomane (« Vous ne vous souvenez de rien. Vous n’avez rien vu. Plus tard, vous inventerez tout pour être sûre de ne rien voir, de ne rien laisser surgir  »), par ses origines – comment se construit-on au sein d’un pays ruiné à l’identité détruite ? – et par ses paradoxes subversifs (« vous commenciez confusément à haïr cette beauté à laquelle on vous clouait, qui vous réduisait à être le réceptacle de la parole des hommes, le ressort ultime de leur agitation […] vous faisiez votre miel de tout cela, de votre beauté tueuse, du luxe et des salives »), Nico textuellement se lève, idée même et suave, l’absente de tout bouquet.

éd. Verticales, 2009
152 pages
15 €

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GRZELCZYK Johan | Données complémentaires https://revuedissonances.com/grzelczyk-johan-donnees-complementaires/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:59 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5285 Coup-de-cœur de Nicolas LE GOLVAN pour Données complémentaires de Johan GRZELCZYK DISSONANCES #43 Page 30. J’ai aimé assez de toi pour déjà t’aimer tout entier, même si ton ambition n’était rien moins que de tout raconter, de moi : «  une histoire très vraie qui témoigne d’une fréquentation assidue de l’incompris. » Tu n’es pas un poème…Lire la suite GRZELCZYK Johan | Données complémentaires

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Coup-de-cœur de Nicolas LE GOLVAN pour Données complémentaires de Johan GRZELCZYK
DISSONANCES #43

Page 30. J’ai aimé assez de toi pour déjà t’aimer tout entier, même si ton ambition n’était rien moins que de tout raconter, de moi : «  une histoire très vraie qui témoigne d’une fréquentation assidue de l’incompris. » Tu n’es pas un poème « barbarisme », plutôt un roman total, embrassant le mythe grec et le quelconque ffp2, le sexe et la mort : «  les doigts prêts à traire pénis et à tâter de la plainte des pleureuses. » Et déjà, je t’ai tant corné qu’il me semble t’avoir cent fois fait l’amour, en répons religieux à cette (splendide) prière : « baise-moi ».
Après, je t’ai suçoté léger, sans repasser mon doigt ni forcer l’affect, pas « professionnel » du tout, mais en intimité, pour ne pas t’aimer trop en exhaustif : le piège, tu sais bien. « objectif numéro un. ne pas. ne pas redevenir comme on est, on ne l’a déjà que trop été. objectif numéro deux. il n’y a pas d’objectif numéro deux. »
Car toi, tu demandes le lâcher-prise réservé aux vives expériences de voix (Molly Bloom), où le décousu apparent de motifs reconnus (George Floyd ?) aurait sacrément manqué au récit de ma propre existence. « on perd toujours quelqu’un dans le contre-feu de nos évidences. » Au passage, j’ai rarement vu une telle chimie entre un texte et son blase éditorial : Ni fait ni à faire ? Oui, c’est bien cela l’amour, cet entre-deux désarmant. La littérature aussi, parfaitement. Tu as la dynamique rare d’une conteuse qui perd ses enfants sans jamais leur lâcher la main, juste pour « vocaliser les appels au secours  ».
Je t’ai aimé dès la page 30 et c’est maintenant assez de t’aimer, sans « table des matières incertaines ». Tu sais bien, l’amour… « tout ça c’est simplement affaire de prosodie. »

éd. Ni fait ni à faire, 2021
103 pages
10 €

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DISSO #43 : Clotilde ESCALLE https://revuedissonances.com/disso-43-clotilde-escalle/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:55 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5304 Extrait de l’entretien avec Clotilde ESCALLE publié dans DISSONANCES #43     Clotilde ESCALLE (petite) Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ? J’écris ailleurs. Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ? La régularité et le silence. Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ? J’emmagasine. Sans m’en rendre compte, je…Lire la suite DISSO #43 : Clotilde ESCALLE

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Extrait de l’entretien avec Clotilde ESCALLE publié dans DISSONANCES #43

    Clotilde ESCALLE (petite)

Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ?
J’écris ailleurs.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
La régularité et le silence.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
J’emmagasine. Sans m’en rendre compte, je m’immerge jusqu’à ne plus être, sauf à vivre dans la peau de l’autre. Sinon, vie quotidienne normale, je marche beaucoup, je peins – presque uniquement des oiseaux (des visages et des pommes, plus rarement).

Qui est votre premier lecteur ?
Mon mari. Il est un bon lecteur. Tact, esprit critique.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Quelqu’un qui vous suit et vous soutient de livre en livre. Cet espace littéraire ouvert permet d’évoluer peut-être plus vite.

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
Être un tant soit peu sûr de son manuscrit. Il existe sûrement un éditeur pour son univers. Ne pas en espérer beaucoup, ce n’est que le début. Sauf s’il a la chance de trouver… le bon éditeur.

Quelle fut votre première grande émotion de lectrice ?
Clown, d’Henri Michaux.

Que faut-il lire de vous ?
Ce que vous voudrez.

Votre ego d’écrivaine vous gêne-t-il pour marcher ?
Qu’est-ce qu’une écrivaine ?

Qu’est-ce que la poésie ?
Un…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #43

BIO

Auteur – entre autres romans, fragments, pièces de théâtre – du récent Toute seule paru aux éditions Quidam (cf dissonances #42), Clotilde Escalle est une touche-à-tout de l’art contemporain sous toutes ses coutures. Née et élevée à Fès, formée à la pratique du Théâtre-Laboratoire de Jerzy Grotowski sous la direction du dramaturge Ludwik Flaszen, puis à la vidéo à l’École du Louvre, elle explore à travers son art et en particulier son écriture – priorité vitale, presque organique – la verticalité du temps, l’exil (quelque forme qu’il revête) et surtout peut-être la difficulté de dire, acte pourtant primordial et dont la nécessité lui apparut, fulgurante, alors qu’elle n’avait que douze ans, lorsque sa mère brûla ses cahiers en lui faisant promettre de ne plus recommencer.

BIBLIO (ÉTÉ 2022)

ROMANS
Toute seule (éd. Quidam, 2021)
Mangés par la terre (éd. du Sonneur, 2017)
Les jeûneurs (éd. publie.net, 2014 / rééd. Gwen Catalá, 2017)
Off (éd. Pierre-Guillaume de Roux, 2012)
La vieillesse de Peter Pan (éd. du Cherche Midi, 2006)
Où est-il cet amour (éd. Calmann-Lévy, 2001)
Herbert jouit (éd. Calmann-Lévy, 1999)
Pulsion (éd. Zulma, 1996)
Un long baiser (éd. Manya, 1993)

THÉÂTRE
Partout (éd. Gwen Catalá, 2017)
De mémoire d’Alice (éd. Gwen Catalá, 2017)
Voyage ordinaire en Sévétie (éd. Gwen Catalá, 2016)

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SAMBI Joëlle | Caillasses https://revuedissonances.com/sambi-joelle-caillasses/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:55 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5266 Coup-de-cœur de Justine ARNAL pour Caillasses de Joëlle SAMBI DISSONANCES #43 Caillasses, on y transpire on y grelotte. Premier recueil de Joëlle Sambi, autrice performeuse afroféministe belgo-congolaise à la langue (au moins autant qu’à la présence scénique : à rencontrer, à vivre) éclatante, caustique, flamboyante. Avec Caillasses, Sambi déferle, dépèce, recrache tout ce que l’on nous force…Lire la suite SAMBI Joëlle | Caillasses

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Coup-de-cœur de Justine ARNAL pour Caillasses de Joëlle SAMBI
DISSONANCES #43

Caillasses, on y transpire on y grelotte. Premier recueil de Joëlle Sambi, autrice performeuse afroféministe belgo-congolaise à la langue (au moins autant qu’à la présence scénique : à rencontrer, à vivre) éclatante, caustique, flamboyante.
Avec Caillasses, Sambi déferle, dépèce, recrache tout ce que l’on nous force à avaler, tout ce que l’on ne peut définitivement pas ingérer. Sous chaque glaviot, les refus se transmuent en longues énumérations, en lancinantes questions.
On y voit, que nulle intimité ne peut prétendre échapper au politique ; on y goûte, Marseille et Kinshasa, le lingala, l’amour, l’ivresse, entre autres ; on y sent et on y touche, « le même pedigree des sans racines », les injustices et les injonctions, l’immondice infernale des rejets, mépris, violences sociales, raciales, sexuelles ; on y entend, oui, partout, comment «  le racisme est un acouphène entêté ».
Car c’est une poésie de chair, kinesthésique, dévouée à l’indocilité, aux corps refusés mais qui continuent de se battre pour pouvoir, au moins, hurler. Joëlle Sambi porte et endosse, par des traversées de frontières linguistiques, les questions ignorées, déniées et refoulées aux frontières géographiques. /
Langue de feu contre langue de bois, ses poèmes-incantations brûlent et crépitent sans accalmie : «  Nous ne sommes pas vos copines noires et brunes et pas assez blanches / Nous ne sommes pas celles qui peuplent vos solitudes / Pas celles qui fortifient vos châteaux / Nous ne sommes pas celles que vous violez, exotisez, insultez, désirez, haïssez, frappez, rejetez / Poétesses / Nous ne sommes rien / Nous ne sommes rien / Et ce rien peuplera vos rêves hantés »

éd. L’arbre de Diane, 2021
120 pages
12 €

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CARO Fabrice | Samouraï https://revuedissonances.com/caro-fabrice-samourai/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:54 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5301 Regards croisés sur Samouraï  de Fabrice CARO DISSONANCES #43 Jean-Marc FLAPP : Haro sur le bobo ! Alan est écrivain (pour être plus exact : il a écrit un livre qui a été publié mais qui n’a pas (du tout) marché) ; Marc (son ami d’enfance) vient de se suicider juste avant que Lisa (la fille qu’il aime encore…Lire la suite CARO Fabrice | Samouraï

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Regards croisés sur Samouraï  de Fabrice CARO
DISSONANCES #43

Jean-Marc FLAPP :
Haro sur le bobo !
Alan est écrivain (pour être plus exact : il a écrit un livre qui a été publié mais qui n’a pas (du tout) marché) ; Marc (son ami d’enfance) vient de se suicider juste avant que Lisa (la fille qu’il aime encore mais qui ne l’aimait plus) le quitte pour un autre à qui tout réussit (quand lui a tout raté) ; ses voisins lui ont confié leur piscine à garder durant les quinze jours de leurs vacances d’été (sa mission consistant à y mettre du chlore une fois par semaine) ; il projette d’écrire un deuxième roman qui serait un chef-d’œuvre (ainsi qu’un best-seller). S’ajoute à tout cela qu’Alan est un rêveur, un enfant attardé qui ne peut se résoudre à être devenu grand (« À quel moment de la vie bascule-t-on au stade soirée raclette ? Rien ne marque mieux et de manière plus déprimante le passage à l’âge adulte. »), que tout en lui est tendre (pour ne pas dire mou), que son estime de soi est au niveau zéro, qu’il a beau faire semblant (d’être bien, de gérer) il ne maîtrise rien (« La boulangère me montre la monnaie qu’elle a posée dans la coupelle pour que je la récupère et, machinalement, dans un geste réflexe, je serre la main qu’elle me tend. »), que sa meilleure amie s’obstine à vouloir faire son bonheur malgré lui… et que Fabrice Caro (ses bédés l’ont prouvé) sait doser ses effets. Ce qui fait que Samouraï est d’abord le récit jouissivement cinglé d’une course effrénée vers une catastrophe qu’on sent inéluctable dès sa première phrase, mais aussi le portrait hilarant et cruel de la génération bien-pensante et coincée des bobos d’aujourd’hui. Bref c’est « une comédie prétexte à parler des liens familiaux, des rapports humains, ce genre de choses » et c’est très réussi (on s’y voit et on rit).

Côme FREDAIGUE :
Plaisante déception
Comme beaucoup, j’ai découvert Fabcaro à travers ses bandes dessinées, cela crée inévitablement une attente. Attente déçue car Samouraï ne parvient ni à recréer la désopilante satire sociale de Zaï zaï zaï zaï, ni à s’en écarter suffisamment pour proposer autre chose. Rendons cependant justice au romancier qui sait croquer avec justesse l’univers bancal de l’écrivain, ses errements, ses névroses, ses tentatives désespérées pour exister et regonfler un ego en berne. Les interviews fantasmées avec Claire Chazal et les projets de romans avortés sont excellents : « Un homme et une notonecte nouent une relation qui va s’intensifier au fil des jours jusqu’à devenir fusionnelle, un lien où va affleurer une certaine ambiguïté… Amour ? Amitié ? Nul ne le sait. » On sent que le récit pourrait partir en vrille, comme Fabcaro sait si bien le faire dans ses albums. Hélas on est saisi par une impression de déjà lu qui finit par lasser. À l’image de son personnage, Fabcaro semble ne jamais trouver d’idée suffisamment convaincante pour dynamiser son récit. L’histoire n’est au fond qu’un prétexte pour faire se succéder des scènes plus ou moins drôles. Si cela fonctionne un moment, l’intérêt s’émousse au fil des pages. C’est d’autant plus dommage qu’on devine une volonté de toucher, de laisser de côté l’humour pour exprimer autre chose. De ce point de vue, la relation mère-fils, reléguée à l’arrière plan, laisse entrevoir ce qu’aurait pu être Samouraï si l’auteur s’était aventuré plus loin, explorant les failles de son alter-ego plutôt que de les tourner en dérision : « Pourquoi ce besoin de construire ? Et si je voulais, moi, rester en chantier jusqu’à la fin de mes jours ? […] que chacun s’occupe de son gouffre béant et les moutons seront bien gardés »

Ingrid S. KIM :
Notonectes et résilience
Samouraï, c’est l’effet que j’adore du bonbon « qui pique » : c’est acide et joyeux à la fois. Et si ça se croque assez vite, la saveur s’attarde un moment. J’ai ressenti (avec un léger malaise amusé) une grande connivence avec Alan, ses interviews fantasmées avec Chazal, ses auto-chroniques absurdes, ses déclarations d’intention aussitôt échappées, aussitôt trop lourdes à assumer, sa vanité timide et ses terreurs improbables (comme « la phobie du volontaire désigné » ou l’angoisse du «  doublet heures-minutes » à l’arrivée duquel il convient, comme chacun sait, « de toucher le bout de [s]on nez avec l’index » ou de «  prêter le flanc aux pires malédictions »). Ses grands projets avortés à peine esquissés, ses faims de sublime revanchardes et stériles m’ont touchée parce que justes, malgré la distance humoristique : « on passe sa vie à payer des dettes à notre enfance et à nos rêves perdus » ; et parfois, on le fait plus maladroitement que ne semblent y parvenir les autres – ces autres bien intentionnés, ces Jeanne et ces Florent qui nous accablent de leurs bienfaits, et se fixent pour mission de nous sauver malgré nous de l’apathie confortable qu’ils veulent à tout prix taxer de dépression, à grands coups de psychologie de bazar et d’occupations à la mode, jamais découragés par l’absurdité chronique des résultats de leurs interventions («  la transplantation fécale lors d’un premier rendez-vous, on est sur une proposition audacieuse mais risquée », par exemple). Alan est un personnage en permanente inadéquation sociale et émotionnelle, et forcément, c’est tout à la fois drôle et un peu cruel.

Julie PROUST TANGUY :
T’as la réf ?
L’humour est la matière la plus délicate qu’un écrivain puisse travailler : il faut sentir jusqu’où pousser l’absurde, trouver le bon tempo, saisir les paradoxes de l’époque…
C’est un fait que Fabrice Caro ait saisi l’air du temps : il mitraille du bon mot à un rythme saccadé («  ma libido s’est fait la malle avec mes Illusions, main dans la main, emoji moine marchant sur le chemin de Compostelle »), produit des chapitres aussi courts et saillants qu’une vidéo tiktok, joue avec la figure du looser pour en faire un héros romantique inadapté («  écrire un roman poignant, sensible et émouvant, réveiller mes démons, transformer mon chagrin en matière brute, descendre à la mine et en remonter le texte le plus beau, le plus bouleversant qui soit »), balance ce qu’il faut de références culturelles pour établir une connivence bourgeoise avec le lecteur, tout en tailladant gentiment le milieu de l’art…
Son narrateur dédramatise, à force de railleries, rupture amoureuse, échec artistique, dépression et suicide : reflet de notre époque égocentrée, il tente de paraître profond sous ses airs légers.
Y parvient-il ? Si l’on chérit l’humour à la mode, aujourd’hui, reposant sur la vanne systématique et la gravité faussement enjouée, on verra sans doute dans ce livre, conçu comme un habile page-turner, un miroir de notre temps.
Mais si l’on cherche un hilarant et mémorable looser de fiction, on se tournera plutôt vers un chef d’œuvre indépassable : La Conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole. 400 pages hilarantes que l’on voudrait faire découvrir au narrateur de Samouraï pour lui montrer que l’humour peut adopter une profondeur à l’épreuve du temps.

éd. Gallimard, 2022
224 pages
18 €

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BALBI DI BERNARDO Sara (extraits) https://revuedissonances.com/balbi-di-bernardo-sara-extraits/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:48 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4834 DISSONANCES #43 | TRANS- Rien ne transperce « rien ne transperce les murs carreau blanc x 20 x 16 80 m² de réfectoire-sucrier couvercle fermé sur mur x 4 sur porte ouverte sur porte close fenêtres scellées (pied pied pied pied plateau de bois plastifié) x 5 chaise x 6 x 5 (fourchette assiette couteau verre…Lire la suite BALBI DI BERNARDO Sara (extraits)

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DISSONANCES #43 | TRANS-
Rien ne transperce

« rien ne transperce les murs
carreau blanc x 20 x 16
80 m² de
réfectoire-sucrier
couvercle fermé sur
mur x 4 sur
porte ouverte sur
porte close
fenêtres scellées

(pied pied pied pied plateau de bois plastifié) x 5
chaise x 6 x 5
(fourchette assiette couteau verre d’eau) x 6
ronde de… »

DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE !
La d.lce vita

« un cil
qui ondule
une virgule
un tu
sur le bout de la langue
plumetis sur bas de soie
mer d’étoiles phosphorescentes
les lèvres tentent je goûte tout tremble
la musique entre en joie
déroule la lenteur
glisse enlace ma langue
de feutre tendre
aile de… »

DISSONANCES #41 | OPIUM
Joyeux anniversaire

« premier geste de la journée
je prends l’opium
pouce écran pouce lumière
ronds chiffrés carrés couleur
géométrie du bonheur
je scrolle aux portes
du paradis

pouce
ça va tout seul ça coule ça affleure crème liquide
fleuraison nerveuse de la pulpe du doigt du plat du gras
je suis les images les mots sans le son
éviscérée pleine d’une… »

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ESNAULT Christophe | Vivre, 1 – 40 https://revuedissonances.com/esnault-christophe-vivre-1-40/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:46 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5290 Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Vivre, 1 – 40  de Christophe ESNAULT DISSONANCES #43 L’œuvre se féconde à coups de truelle et d’emplâtres. Chaque opus en découd avec l’aliénation – de soi par le monde, de soi par soi, la première coupable de la seconde. L’humour escroqueur de mort y est noir, déviant. Mais ici,…Lire la suite ESNAULT Christophe | Vivre, 1 – 40

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Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Vivre, 1 – 40  de Christophe ESNAULT
DISSONANCES #43

L’œuvre se féconde à coups de truelle et d’emplâtres. Chaque opus en découd avec l’aliénation – de soi par le monde, de soi par soi, la première coupable de la seconde. L’humour escroqueur de mort y est noir, déviant. Mais ici, nulle provocation vacharde ni obscénité truculente. La subversion s’intériorise, colonisant une prose poétique tendue à l’extrême : 40 tableaux de 10 à 15 lignes, de la page 1 à 40, comme le pointe le titre qui invoque le 4.48 Psychose de Sarah Kane, livre fondateur pour notre auteur – tous sous tension, agités de décharges électriques qui provoquent de tels courts-circuits que le lecteur est aspiré à l’intérieur comme en un vortex sémantique et onirique. À la logique du sens s’est substitué un mécanisme kaléidoscopique où éclats de rires (« Une oie sauvage repentie passe son permis de chasse »), de souvenirs (« Déballage du paquetage vérolé d’une odyssée familiale »), de révolte politique et sociale (« se battre contre dix mille compétiteurs sur un carré d’invisibilité »), de pensée sur la mort (« Taire pour un temps le cadavre et son talent à nous remplacer ») et de visions ultrasensibles (« Sous une pluie d’orage l’argile s’écoule autour des racines ») s’agrègent en se télescopant  sous la forme urgente d’aphorismes surréalistes révélateurs de soi (« La sybille prodigue ses caresses à l’idiot du village rescapé de la chaux vive »). Ce monde éclaté construit son microcosme en feuillets polyphoniques d’un grimoire qui irradie, recrée un sens à coups d’arrêts de mort sur image. Cruelles mais attentives, farcesques mais lucides, désespérées mais tendres, ces 40 combinaisons hallucinatoires sont des remèdes magiques qui depuis longtemps infusent dans l’athanor du poète.

éd. des Rues et des Bois, 2022
40 pages
14 €

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DISSONANCES #43 TRANS- https://revuedissonances.com/dissonances-43-trans/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:45 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5224 octobre 2022 / 56 pages / 7 euros mise en images : Laurence MARIE – ÉDITO : SIC TRANSIT Éprouver la rigueur des frontières et la joie de leur dépassement, c’est l’expérience que connaissent ceux que hante l’angoisse des limites. Transhumain (trop humain) pour qui les cases seront toujours trop étroites, on s’y cognera la tête jusqu’à les faire céder…Lire la suite DISSONANCES #43 TRANS-

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octobre 202256 pages / 7 euros
mise en images : Laurence MARIE

ÉDITO : SIC TRANSIT

Éprouver la rigueur des frontières et la joie de leur dépassement, c’est l’expérience que connaissent ceux que hante l’angoisse des limites. Transhumain (trop humain) pour qui les cases seront toujours trop étroites, on s’y cognera la tête jusqu’à les faire céder et tant pis si l’on y laisse des plumes. Auteurs transfuges, transgresseurs, transgenres, transplantés amoureux transis des transsubstantiations, tous trans, en quête d’un passage à l’acte : écrire. La page est un mur à franchir, une fenêtre à inventer pour qu’à ton tour, lecteur, tu puisses ouvrir une brèche dans tes édifices intimes. On ne te garantit pas que le voyage sera facile, on ne te promet ni la transparence, ni la tranquillité mais une traversée en eaux troubles vers des au-delà d’encre et de rêves. Les images de Laurence Marie seront autant de balises sur ton chemin, les réponses de Clotilde Escalle – pour qui toute poésie est un élan – un puissant viatique et, si tu sombres, que ce soit avec l’élégance du désespoir d’un Fabcaro !

Côme FREDAIGUE

DOSSIER « CRÉATION » : TRANS-

Rachel ADALBALD  : Transplantation du cœur sacré
« Flume se rêvait danseuse de ballet brosse, souris noire sifflotant ses opérettes, au lieu de, / se trimballe, / errance dans les vieilles mines. // Dans le fond des ruches, tout asphyxie ! / Rendre l’âme à l’art pour invoquer notre infernal. // Musique plein les joues pour… »

Pascal ARNAUD  : Cette fille-là
« Cette fille qui vide son sac / (elle le vomit un doigt dans la bouche qui n’est pas le sien) / sur la pierre noire d’un cul-de-basse-fosse ordinaire parmi les culs-de-basse fosse que l’on peut aussi appeler les alvéoles de la justice pour peu que l’idée de… »

Sara BALBI DI BERNARDO : Rien ne transperce
« rien ne transperce les mur / carreau blanc x 20 x 1 / 80 m² de / réfectoire-sucrier / couvercle fermé sur / mur x 4 sur / porte ouverte sur / porte close / fenêtres scellées // (pied pied pied pied plateau de bois plastifié) x 5 / chaise x 6 x 5 / (fourchette assiette couteau verre d’… »

Jean-Christophe BELLEVEAUX  : Asmara (transfuge)
« La Peugeot 305 est une automobile familiale produite par le constructeur automobile Peugeot de 1977 à 1989 à Sochaux (Doubs). / La Peugeot 305 Série 2 break se glissait beige dans la nuit qui restait douce – environ 15° C pour ce que j’en estimais, mais toutes… »

Françoise BIGER : Transfert de compétences
« Marcheur le long de la voie express 2 fois 2 voies que de voies dans ce cas destination nécessairement lointaine plusieurs dizaines de kilomètres en principe. / Marcheur sollicite par la simple extension latérale de son bras l’indulgence de… »

Antoinette BOIS DE CHESNE : Transverse.s
« # – 1 // Peu à peu, jour après nuit, la chape sera montée sous les vagues silencieuses de nuages effilochés, dispersés, disparus, accompagnée de ciels noirs brillants de points fixes et mobiles. L’air de l’été se ramassera, ses plis froissés les uns sur les autres sous la… »

Joseph CHANTIER : Transaminases
« Compte-rendu d’Analyses de Biologie Médicale du 21-10-2021 (extrait) / ASAT (SGOT) : 389 UI/L (<34) / ALAT (SGPT) : 666 UI/L (<55) // Mon foie est malade, est-ce que je suis malade, mon foie va me tuer, me transférer de l’autre côté à coups de vodka, pastaga, bières et… »

Clotilde ESCALLE  : Rouler le temps
« Brûlée, partie avec la caravane. Le gaz s’est emballé, une flamme plus haute a accroché  les rideaux. Des rideaux de nylon orange au-dessus de la cuisinière, c’était une mauvaise idée.  La mère venait de les accrocher, une femme du village les lui avait donnés. Encore… »

Emil KARLA : Transit
« Je croyais venir au pays des montagnes tristes, le pays de la peur des pentes (les troncs qui tombent, le sol mince, la neige sombre), sous les soleils effrayants des rochers où les trois cents bras blancs s’agitent, au-dessus du bois austral, vers le ciel, et les… »

Rina KENOVIĆ : Transpercer le noyau
« 1. // la tristesse trépidante est la première couche / de ses mains fines frêles elle / t’enveloppe / attention / à ses veines dangereuses / on les voit         bleues et vertes / elles se multiplient // la tristesse lacérante est la première couche / la première porte la… »

Thomas D. LAMOUROUX : Or(t)eille n°3
« En grec, un même mot (μορφή / morphế) désigne la forme et la divinité des rêves. // Morphée donne forme, prend forme, change de forme. Il mène le rêve, apporte le rêve, transporte l’esprit. Il avertit, appelle, est annonciateur, est transformateur, est suivi d’… »

Marie LE MOAL  : Le stade imaginal
« Le long d’un chemin bitumé en son centre et bordé de graminées, cardamines, liserons, plantains, renoncules, laitrons, rumex, séneçons, un terrain privé délimité par un buis d’un côté, flanqué d’un rosier fleuri et d’un portail de bois vestigial, un chèvrefeuille de l’… »

Salomé PARRA : Transsubstantiation
« Un haut volume d’air obscur. Sa profondeur est close par l’ombrage d’un mur dont les pierres paraissent en phase d’évaporation. Une lumière diffuse transperce cet espace indéfini. Un grand corps pâle, transpercé, est suspendu au-dessus du sol. Rien ne… »

Émilien ROUVIER  : Caroline est morte
« Caroline à la robe éblouie de blancheur. Caroline, rejetée par la vague. On te l’a rendue lavée, déraidie de son sel. La robe. Mais ce ne sont pas là ses hanches aériennes. Posés sous le mannequin, dans cette pièce aux volets clos, les petits souliers verts sont… »

Célia WAGENFÜHRER  : Le tombeau de Sagazan
« Il te faudra faire. // S’extraire de la vase que les quatre temps empêchent. Se débarrasser de l’écorce et garder l’essence de nous-mêmes à laquelle je mettrai le feu. Que dit l’ombre du Milieu du ciel à la femme affamée qui l’ignore ? Des astres mutables tu as l’… »

IMAGES : Laurence MARIE

« Je pratique la peinture à l’huile, l’acrylique, le dessin, mais aussi la photographie et la création digitale. Mon travail a été présenté dans plusieurs galeries, salons et expositions franciliennes, notamment le salon Figuration Critique et le Toit de la Grande Arche de… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (24 questions à un.e auteur.e connu.e) :
Clotilde ESCALLE

« Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
J’écris sur un carnet, et j’aime bien que les textes finissent au bas des pages. J’aime aussi qu’ils excèdent ce bas de page, en amorcent une nouvelle avec un mot, une… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur un livre remarquable)  :
Samouraï  (Fabrice CARO)
« Ils se sont aimés – autrefois – et d’un amour si fort que leur différence d’âge (vingt-sept ans tout de même) ne posait de problème qu’aux plus jaloux des autres dont, tout à leur passion, ils se fichaient alors ; ils s’aiment sans doute encore puisque la perspective de la… »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture en domaine francophone)  :
Aurélia BÉCUWE
 : Babeluttes (éd. Conspiration)
« Avec Babeluttes, Aurélia Bécuwe nous livre un dithyrambe à l’enfance doublé d’une diatribe contre la cruauté structurelle de l’arsenal éducatif, où des flash-back à vif portés par une prosodie aurifère et nous offrant à voir la sauvageonne furibarde qu’elle… »
Julien DIEUDONNÉ : L’ami d’enfance (éd. Signes et balises)
« Une ville nouvelle dans le nord de la France, des collégiens et quelques flocons de neige. C’est à peu près tout. Et c’est suffisant : il n’en faut pas plus à Julien Dieudonné pour ressusciter quelque chose de l’enfance dans ce premier roman si simple et si… »
Christophe ESNAULT : Vivre, 1 – 40 (éd. Des rues et des bois)
« L’œuvre se féconde à coups de truelle et d’emplâtres. Chaque opus en découd avec l’aliénation – de soi par le monde, de soi par soi, la première coupable de la seconde. L’humour escroqueur de mort y est noir, déviant. Mais ici, nulle provocation vacharde ni… »
Johan GRZELCZYK : Données complémentaires (éd. Ni fait ni à faire)
« Page 30. J’ai aimé assez de toi pour déjà t’aimer tout entier, même si ton ambition n’était rien moins que de tout raconter, de moi : « une histoire très vraie qui témoigne d’une fréquentation assidue de l’incompris. » Tu n’es pas un poème « barbarisme », plutôt un… »
Philippe HERBET : Fils de prolétaire (éd. Arléa)
« Il y a d’abord le père. Une existence tout entière organisée autour d’un épicentre (l’usine métallurgique) et d’une occupation du corps (sérielle, mécanique) raclée, essorée du superflu (la musique, la mode, la gourmandise, les conflits, les plantes vertes). Il y a aussi… »
Marie RICHEUX : Sages femmes (éd. Sabine Wespieser)
« Le tissu – fil, trame, linge, couture, ravaudage, tissage, tricot, tapis – est au cœur de Sages femmes où s’entrecroisent quête généalogique et rencontres multiples autour de Marie, narratrice attentive et sensible aux signes qui l’entoure. Descendante de trois générations de… »
Damien ROBIN : Grand souffle (éd. Passage(s))
« « Je suis arrivé au Bénin saisi par un impérieux désir, quoique obscur car lié à la mort. » De fait, beaucoup de fantômes hantent les pages de Grand Souffle (le grand-père de l’auteur, John Coltrane, Bob Denard, Fela, André Breton et bien d’autres encore parmi… »
Joëlle SAMBI : Caillasses (éd. L’arbre de Diane)
« Caillasses, on y transpire on y grelotte. Premier recueil de Joëlle Sambi, autrice performeuse afroféministe belgo-congolaise à la langue (au moins autant qu’à la présence scénique : à rencontrer, à vivre) éclatante, caustique, flamboyante. / Avec… »

D’ISTANBUL À RIO (4 coups-de-cœur de lecture en domaine étranger) :
Mark Z. DANIELEWSKI : La maison des feuilles (éd. Monsieur Toussaint Louverture)
« Difficile de dépeindre le grand bonheur que l’on éprouve en relisant un de ses livres cultes dans une nouvelle édition, surtout quand celle-ci s’annonce plus fidèle à l’édition originale. On découvre, fébrile et admiratif, les améliorations de mise en page proposées par… »
Regina José GALINDO : Rage / Rabia (éd. des Lisières)
« Regina José Galindo est née en 1974 dans un Guatemala ravagé par l’effroyable guerre civile qui, de 1960 à 1996, opposa junte militaire au pouvoir et groupes armés rebelles largement soutenus par les populations autochtones mayas et les paysans les plus pauvres, les… »
Thomas HARDY : Poèmes du Wessex (éd. de la Différence)
« L’œuvre romanesque de l’anglais Thomas Hardy (1840-1926), parce qu’elle fit scandale à sa parution (Jude l’Obscur) ou fut notablement adaptée au cinéma (Tess d’Urberville), a peut-être fait méconnaître le poète. Écrits à la soixantaine, ses Poèmes du… »
Ceija STOJKA : Je rêve que je vis ? (éd. Isabelle Sauvage)
« « Je me retourne, et j’y suis de nouveau. » Soixante ans plus tard, Ceija Stojka redevient ainsi la fillette Rom qui décrit, avec un regard naïf et stupéfié, l’horreur insoutenable des camps, puis la libération, le long et difficile retour dans une société d’où… »

DI(S)GRESSION (carte blanche sur un domaine autre que la littérature)
Émilien ROUVIER  : Gesamtkunstwerk (une soirée à l’Opéra)
« Adieu rivages de la jeunesse ! J’allais avoir vingt-huit ans et glissais par paliers très objectifs vers l’âge adulte. Certain de ne connaître bientôt que la plage intermittente des réductions chômeurs, je me faisais une règle de profiter sans envie du lot de « tarifs… »

DYSCHRONIE (saison 5)
Romain PARIS : Été 2022
« 10 mars  : Dire qu’il y a une quinzaine que my Fruity Fairy est partie en cajoler un autre en Alaska, au 1er jour de la Guerre d’Ukraine. Avec chaque jour environ 157 000 nouveaux macchabs sur Terre, et vu qu’aucun cri ne la fera jaillir là ni m’allumer du regard, Elle et sa… »

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LE MOAL Marie (extraits) https://revuedissonances.com/le-moal-marie-extraits/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:43 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5365 DISSONANCES #43 | TRANS- Le stade imaginal « Le long d’un chemin bitumé en son centre et bordé de graminées, cardamines, liserons, plantains, renoncules, laitrons, rumex, séneçons, un terrain privé délimité par un buis d’un côté, flanqué d’un rosier fleuri et d’un portail de bois vestigial, un chèvrefeuille de l’autre, odoriférant et escaladant une palissade d’une…Lire la suite LE MOAL Marie (extraits)

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DISSONANCES #43 | TRANS-
Le stade imaginal

« Le long d’un chemin bitumé en son centre et bordé de graminées, cardamines, liserons, plantains, renoncules, laitrons, rumex, séneçons, un terrain privé délimité par un buis d’un côté, flanqué d’un rosier fleuri et d’un portail de bois vestigial, un chèvrefeuille de l’autre, odoriférant et escaladant une palissade d’une hauteur d’un mètre vingt environ. Au pied de la palissade des fougères. La palissade est fixée au mur empierré d’une maisonnette en bauge. Accrochée au mur de la maisonnette, une boîte aux lettres d’un beige premier prix. À son ombre un chiendent. Dans l’interstice une danse de séduction : deux tircis aux ailes brunes tachées de fauve, bordées de pupilles écarquillées, volètent dans la lumière, saltos, virolos, valse erratique sans métronome ni spectateur.

Sur une tige de chiendent comme un plongeoir elle laisse ses mains sur ses hanches et s’adonne. C’est empressé et millimétrique à la fois, extrémité contre extrémité et dos à dos, pas évident. Sac vidé il s’éclipse, fourbue elle reste là puis cherche un coin à l’ombre : déjà, il est temps de pondre ! Sous une feuille bien verte et longiligne, comme un chapelet les… »

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RICHEUX Marie | Sages femmes https://revuedissonances.com/richeux-marie-sages-femmes/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:43 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5276 Coup-de-cœur d’Antoinette BOIS DE CHESNE pour Sages femmes de Marie RICHEUX DISSONANCES #43 Le tissu – fil, trame, linge, couture, ravaudage, tissage, tricot, tapis – est au cœur de Sages femmes où s’entrecroisent quête généalogique et rencontres multiples autour de Marie, narratrice attentive et sensible aux signes qui l’entoure. Descendante de trois générations de filles-mères, mère…Lire la suite RICHEUX Marie | Sages femmes

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Coup-de-cœur d’Antoinette BOIS DE CHESNE pour Sages femmes de Marie RICHEUX
DISSONANCES #43

Le tissu – fil, trame, linge, couture, ravaudage, tissage, tricot, tapis – est au cœur de Sages femmes où s’entrecroisent quête généalogique et rencontres multiples autour de Marie, narratrice attentive et sensible aux signes qui l’entoure. Descendante de trois générations de filles-mères, mère à son tour, la voilà confrontée à l’étrange deuil de ces inconnues à l’histoire mutique.
« Les prénoms se transmettaient donc en silence et sans récit, sans aucune image ou presque, qu’est-ce qui passait dans ce bagage ? »
Marie dénoue dans sa quête, brin à brin, l’écheveau du secret. Réalité et fiction se tissent au fil du récit où  l’on croise, au gré des circonstances, Sheila Hicks et Ouassila Arras, artistes textiles, Nicole Pellegrin, historienne, l’hôtel-Dieu de Reims, la règle de ses sœurs augustines, ses archives et ses étranges courtepointes brodées. Mais aussi, les bonnes fées, sa Tante F., couturière et sa tante M. sage-femme, sa petite fille Suzanne et ses pourquoi, les figures bibliques de Marie et Madeleine. Sans oublier la puissance des rêves, ce qu’ils chuchotent d’énigmes poreuses et porteuses avec leurs images fortes, rémanentes.
La langue orpailleuse de Marie Richeux, où roule et brille la vie ténue et ample, déploie ce roman littéralement tissé, où le tissu du texte – dont l’étymologie commune est texere -, offre un espace de réconciliation au sein de la sagesse des femmes. « Dans les langues anciennes, le mot fil rejoignait le mot destin, qui rejoignait le mot vie, qui rejoignait le mot maison, qui rejoignait, et sans aucun détour, celui qui désignait le giron maternel. Il y avait là un vêtement qui me tombait parfaitement sur le corps. Tisser, penser, donner naissance. »

éd. Sabine Wespieser, 2021
200 pages
19 €

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ROUVIER Émilien (extraits) https://revuedissonances.com/rouvier-emilien-extraits/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:43 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5150 DISSONANCES #43 | TRANS- Caroline est morte « Caroline à la robe éblouie de blancheur. Caroline, rejetée par la vague. On te l’a rendue lavée, déraidie de son sel. La robe. Mais ce ne sont pas là ses hanches aériennes. Posés sous le mannequin, dans cette pièce aux volets clos, les petits souliers verts sont vides,…Lire la suite ROUVIER Émilien (extraits)

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DISSONANCES #43 | TRANS-
Caroline est morte

« Caroline à la robe éblouie de blancheur. Caroline, rejetée par la vague. On te l’a rendue lavée, déraidie de son sel. La robe. Mais ce ne sont pas là ses hanches aériennes. Posés sous le mannequin, dans cette pièce aux volets clos, les petits souliers verts sont vides, déformés.
Luxe économe de créole : la parure empèse, tout dégouline aux moiteurs fiévreuses. Quoi de mieux alors que cette mousseline de coton légère, qui tombe si bien sur les tailles décorsetées des tropiques, et grâce à qui tu la ravives. Simple comme on en mettait à Paris, au temps de la Beauharnais, et comme on n’en met plus, à la défaveur des modes ; gaines, jupes en cloches et manches ballons – ces damoiselles Renaissance n’osent encore la fraise au cou, mais ont du mal à se rendre sérieuses, déjà, dans les pleurs et malaises orchestrés. Caroline, dans son costume de vestale, était la tragédie classique ; sublime au soir fatidique, en Sapho précipitant du rocher.
Y penser et c’est l’écho d’un vent d’est dans la pièce obscure. Frégates, flutes, corvettes déferlant les voiles. Mille traversées d’océan qui te ramènent à elle. Chacun de ses mouvements recelait une abdication modeste, veinée d’élégance instinctive (noblesse de sang loin des… »

DISSONANCES #43 | DI(S)GRESSION
Gesamtkunstwerk (une soirée à l’Opéra)

« Adieu rivages de la jeunesse ! J’allais avoir vingt-huit ans et glissais par paliers très objectifs vers l’âge adulte. Certain de ne connaître bientôt que la plage intermittente des réductions chômeurs, je me faisais une règle de profiter sans envie du lot de « tarifs jeune » qui expireraient pour moi cette année, et notamment des places de dernière minute à l’Opéra.
Le programme ne m’enchantait guère – Le Wozzeck d’Alban Berg (1925), un schizo qui poignarde sa femme adultère et se suicide par noyade sur fond d’orchestre dissonant – mais je ne m’attendais qu’à un ennui léger et gratifiant pour ma fausse curiosité intellectuelle. Au lieu de quoi le hasard des places assignées me réserva une expérience paroxystique, inoubliable.
Dans la file d’attente de la billetterie, trois dames tissent des louanges au spectacle qu’elles n’ont pas encore vu, mais « Chantal » si, qui en a d’ailleurs pleuré. Niaises, euphoriques, imbues de leurs privilèges, elles sont sur l’autre rive heureuse, celle des « tarifs senior ». Je demande à mon voisin s’il a déjà vu quelqu’un pleurer sur de la musique atonale ; il a le bon goût de ricaner ; on nous lance des regards étonnés, très… »

DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE !
Les bains de la Païva

« La grande bourgeoisie du second-empire bâtissait dans les quartiers huppés des cimetières d’imposants mausolées à vitraux, arcatures gothiques et grilles fastueuses ; ces petits temples post-romantiques résorbaient dans un clinquant pastiche de sacralité l’ennui de vies vouées à la Bourse, aux mariages arrangés, aux mondanités lugubres. J’aimais ces mausolées, caprices d’égos cossus, au temps où le visage boutonne et la voix grasseye. L’orgueil des notables, leurs passions mises à taire, transmigraient pesamment dans la pierre, pour hanter familiers, visiteurs, descendants, prétention d’une adorable vacuité, qui a tout à voir avec la poésie. L’hôtel que la marquise de Païva fit bâtir à cette époque, au 25 des Champs-Élysées, fait l’effet de ces mausolées, en plus grand. Et comment ne pas admirer l’essor de cette transfuge, passée des bidets d’hôtels de passe à de légendaires bains de champagne, dans l’étuve mauresque de son palais ?
Esther Lachmann, née à Moscou en 1819, mariée à dix-sept ans, décidant à dix-huit que ses charmes valent mieux que le salaire de son époux, abandonne un fils nouveau-né pour fuir à Istanbul et entrer au harem, puis à Paris, où elle… »

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LAMOUROUX Thomas D. (extraits) https://revuedissonances.com/2697-2/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:43 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2697 DISSONANCES #43 | TRANS- Or(t)eille n°3 « En grec, un même mot (μορφή / morphế) désigne la forme et la divinité des rêves. Morphée donne forme, prend forme, change de forme. Il mène le rêve, apporte le rêve, transporte l’esprit. Il avertit, appelle, est annonciateur, est transformateur, est suivi d’effets, a des ailes de papillons, a…Lire la suite LAMOUROUX Thomas D. (extraits)

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DISSONANCES #43 | TRANS-
Or(t)eille n°3

« En grec, un même mot (μορφή / morphế) désigne la forme et la divinité des rêves.

Morphée donne forme, prend forme, change de forme. Il mène le rêve, apporte le rêve, transporte l’esprit. Il avertit, appelle, est annonciateur, est transformateur, est suivi d’effets, a des ailes de papillons, a un miroir, fait un plongeon dans un lac, est une image. Il fait voir en rêve, vivre en rêve. Il est léger et papillonnant dans le sommeil sous les paupières. Il est transitoire. Fugace. Aléatoire. Il se laisse conduire. Se pose. Se laisse admirer. Puis s’envole. Puis s’est envolé.

Morphée conduit les rêves comme Orphée conduit à sa suite toutes les plantes et les arbres et les animaux et les pierres. Et tout le monde physique vibre à l’unisson de sa lyre dans son sillage. / Avec cette différence que Morphée ne se contente pas d’un seul séjour aux Enfers. Il va et vient. Comme bon lui chante.

L’orteille donne l’idée qu’on le… »

DISSONANCES #38 | FEUX
La grotte
« Le film commence. Ils regardent le film. Ils passent de l’autre côté du regard. Les souvenirs s’animent. Ils rêvent. Ils voient défiler le rêve du film. Ils ont les yeux ouverts. Ils regardent le rêve.

Puis les ombres s’animent. Les flammes dansent. C’est un observatoire.

Les flammes dansent. Elles sont dansantes. Elles dansent dans l’air. Elles ont l’air de flotter. Elles sont à l’intérieur en combustion. Elles sont à base explosive. Elles produisent l’énergie. Elles sont atomiques et aériennes. Elles s’élèvent dans la matière.

Le film rêve des souvenirs. Le film regarde dans la vie. Il regarde dans le passé des souvenirs.

Une grotte résonne. Elle développe un
corps et une quantité de… »

DISSONANCES #32 | NU
Feuilles de rose
« C’est d’amour qu’il s’agit et qu’on vive C’est de humer la rose comme mange l’âne qu’on parle comme peut que faire Humer la rose eros et le destin de merde Les fesses sont là Les fesses sont là Les fesses sont roses et faut qu’on masse Qu’on les masse pour que la bouche s’ouvre pour que la rose fleure parce que les fesses sont sens dessus dessous
tête à queue cul à con
vis à vit face à fesse
Elles font sens les fesses-là
Faut la ventouse à bouches Faut un grand coup de langue De la langue de bouche qui débouche Un gros baiser là qui inspire bien à fond qui remet tout en circulation qui débouche la bouche Faut qu’y a cet abouchement avec les fesses Embrasse les fesses Lèche les fesses Faut s’éprendre des fesses à pleines lèvres

Les fesses sont des joues pour s’asseoir
Pour poser sa joue plonger son front le nez la face toute Je m’y cache Je ferme les yeux Les fesses se referment Chuis bien chuis bien chuis la tête sous les fesses Chuis dans… »

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CHANTIER Joseph (extraits) https://revuedissonances.com/5373-2/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:40 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5373 DISSONANCES #43 | TRANS- Transaminases « Compte-rendu d’Analyses de Biologie Médicale du 21-10-2021 (extrait) ASAT (SGOT) : 389 UI/L (<34) ALAT (SGPT) : 666 UI/L (<55) Mon foie est malade, est-ce que je suis malade, mon foie va me tuer, me transférer de l’autre côté à coups de vodka, pastaga, bières et bibines diverses, ô gouleyante certitude, bienfaisante…Lire la suite CHANTIER Joseph (extraits)

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DISSONANCES #43 | TRANS-
Transaminases

« Compte-rendu d’Analyses de Biologie Médicale du 21-10-2021 (extrait)

ASAT (SGOT) : 389 UI/L (<34)
ALAT (SGPT) : 666 UI/L (<55)

Mon foie est malade, est-ce que je suis malade, mon foie va me tuer, me transférer de l’autre côté à coups de vodka, pastaga, bières et bibines diverses, ô gouleyante certitude, bienfaisante chaleur qui vrille les synapses, incandescence de la pensée, transport de l’ivresse vers l’au-delà, que mon foie lâche c’est justice biologique, les neurotransmetteurs bavent à l’envi, il est trop tard pour la raison raisonnable, je vais crever, transpercer le miroir, n’aurai pas même de révélation faramineuse à transmettre, quand je vois le taux des transaminases ALAT (Alanine-Amino-Transférase) à 666, je salue le beau travail de Lucifer et moi-même suis moins fainéant que je le prétends, je savonne la pente comme un forcené avant de me laisser aller à… »

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ROBIN Damien | Grand souffle https://revuedissonances.com/robin-damien-grand-souffle/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:40 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5271 Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Grand souffle de Damien ROBIN DISSONANCES #43 « Je suis arrivé au Bénin saisi par un impérieux désir, quoique obscur car lié à la mort. » De fait, beaucoup de fantômes hantent les pages de Grand Souffle (le grand-père de l’auteur, John Coltrane, Bob Denard, Fela, André Breton et bien d’autres encore parmi lesquels,…Lire la suite ROBIN Damien | Grand souffle

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Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Grand souffle de Damien ROBIN
DISSONANCES #43

« Je suis arrivé au Bénin saisi par un impérieux désir, quoique obscur car lié à la mort. » De fait, beaucoup de fantômes hantent les pages de Grand Souffle (le grand-père de l’auteur, John Coltrane, Bob Denard, Fela, André Breton et bien d’autres encore parmi lesquels, central, celui de Bella Bellow, « légende togolaise aux douze ou treize chansons » morte le 10 décembre 1973 d’un accident de voiture, dont le sourire d’ange illumine – splendide – la couverture du livre) mais y apparaissent aussi bon nombre de vivants (Angélique Kidjo, l’artiste plasticien Dominique Zinkpé, l’écrivain et vieux maître Olympe Bhêly-Quenum…) et toutes ces figures aux destins chatoyants et leurs évocations (savantes et épiques) et mises en relation (historico-socio-ethno-géographiques) souvent acrobatiques (même l’auteur en convient) mais toujours signifiantes (ou drôles ou tragiques) sont comme autant de portes, l’auteur étant passeur (le yovo fasciné et quelque peu largué (comment faire autrement ?) mais guidé par l’Ancien (Olympe Bhêly-Quenum) mutant en griot blanc) et son livre interface entre Afrique et ici, rêve et réalité, hier et aujourd’hui, magies et raison pure, anecdotes et mythes, errances coloniales et situation actuelle guère plus reluisante (« Aujourd’hui, les Morts sont en grand danger puisque tous les Vivants le sont également »), tout cela propulsé par une langue vive, mélodique, rythmée, sensuelle, habitée, toute en oralité (« les vagues ont des oreilles, le souffle peut circuler »), qui fait de cet ouvrage encore plus qu’une ode (à l’Afrique éternelle) une vraie épopée, et en-soi un voyage, et un bonheur à lire (juste se laisser porter).

éd. Passage(s) et Traverse(s), 2021
370 pages
20 €

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ADALBALD Rachel (extraits) https://revuedissonances.com/adalbald-rachel-extraits/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:38 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4696 DISSONANCES #43 | TRANS- Transplantation du cœur sacré « Flume se rêvait danseuse de ballet brosse, souris noire sifflotant ses opérettes, au lieu de, se trimballe, errance dans les vieilles mines. Dans le fond des ruches, tout asphyxie ! Rendre l’âme à l’art pour invoquer notre infernal. Musique plein les joues pour démolir les idées fixes, ode…Lire la suite ADALBALD Rachel (extraits)

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DISSONANCES #43 | TRANS-
Transplantation du cœur sacré

« Flume se rêvait danseuse de ballet brosse, souris noire sifflotant ses opérettes, au lieu de,
se trimballe,
errance dans les vieilles mines.

Dans le fond des ruches, tout asphyxie !
Rendre l’âme à l’art pour invoquer notre infernal.

Musique plein les joues pour démolir les idées fixes, ode aux nuits passées à triper sous les lunes,
la pensée se noyant dans l’infini, arrachée aux buttes, vagabonde, libre,
pénitente.

Flume s’est longtemps dit que son corps n’était pas le sien, qu’un bon coup de marteau dans la chatte la soulagerait d’un poids qui ne connaît pas les… »

DISSONANCES #40 | CONFLITS
Courtoisie

« L’outrage est énorme ;
Perk chope la carabine et dégaine les vaisseaux mitraillettes ! Gardien de phare rachitique,
chèvre et chou, la gueule carbonisée sous les soleils d’hiver (noir, noir, noir – la nuit se détend)
trace sa toile dans les voies,
les perséides en champ de mire, vision sauvage, l’œil fauve, attentif à la moindre gigoterie,
une étoile en move ? BUUUM ! Plie la gâchette et rêve d’un paquet de clopes.

Fin.

Qu’on voudrait repartir,
see you belle buse,

que quelque chose naisse au… »

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KENOVIĆ Rina (extraits) https://revuedissonances.com/kenovic-rina-extraits/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:37 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5367 DISSONANCES #43 | TRANS- Transpercer le noyau « 1. la tristesse trépidante est la première couche de ses mains fines frêles elle t’enveloppe attention à ses veines dangereuses on les voit bleubleues et vertes elles se multiplient la tristesse lacérante est la première couche la première porte la première voile la première côte à traverser les…Lire la suite KENOVIĆ Rina (extraits)

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DISSONANCES #43 | TRANS-
Transpercer le noyau
« 1. la tristesse trépidante est la première couche
de ses mains fines frêles elle
t’enveloppe
attention
à ses veines dangereuses
on les voit bleubleues et vertes
elles se multiplient

la tristesse lacérante est la première couche
la première porte la première voile la première côte à traverser

les branches arides de l’araignée calcinent mon jeune soleil
c’est son baiser son… »

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PARIS Romain (extraits) https://revuedissonances.com/paris-romain-extraits/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:37 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2440 DISSONANCES #43 | DYSCHRONIE Été 2022 « 10 mars : Dire qu’il y a une quinzaine que my Fruity Fairy est partie en cajoler un autre en Alaska, au 1er jour de la Guerre d’Ukraine. Avec chaque jour environ 157 000 nouveaux macchabs sur Terre, et vu qu’aucun cri ne la fera jaillir là ni m’allumer du regard,…Lire la suite PARIS Romain (extraits)

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DISSONANCES #43 | DYSCHRONIE
Été 2022
« 10 mars : Dire qu’il y a une quinzaine que my Fruity Fairy est partie en cajoler un autre en Alaska, au 1er jour de la Guerre d’Ukraine. Avec chaque jour environ 157 000 nouveaux macchabs sur Terre, et vu qu’aucun cri ne la fera jaillir là ni m’allumer du regard, Elle et sa Tendresse Furibarde, à quoi bon écrire ?
17 mars : Faute d’un passeport à jour, je n’ai pu aller flirter avec une Señora Muerte plus sexy ailleurs qu’en ce Purgatoire de Frivolité. Avant la fermeture des tavernes, j’ai franchi tel un Derviche-Tourneur le raz-de-marée printanier de soûlauds qui s’agrippaient aux chaises des terrasses et aux battants des portes cochères. Au Gibus, vrai Explosif sur pattes, je m’enfile sans m’enivrer hélas 5 whisky coca + 1 shooter qu’on m’offre, et ça vient compléter les 75 cl de Sylvaner bus plus tôt. Il y a 2 mois je croyais avoir banni l’éthanol à jamais, mais cette récidive n’arrive pas à me débarrasser de cette Mort à vif. Tout comme le litre de rhum par jour que je vidais en décembre-janvier, ça ne fait qu’amplifier ma Clairvoyance… La barwoman est d’enfer, on a un feeling au top, aussi je grille vite ce ticket pour sortir au Cœur des Ténèbres et embarquer dans un… »

DISSONANCES #40 | DI(S)GRESSION
Punks !

« De la Bataille de Stalingrad au Génocide Rwandais & du Délire létal des Khmers Rouges au Naufrage du World Trade Center, la servitude volontaire a toujours tenu lieu de forfaiture envers l’Humanité. Quelle fut notre réaction juste après la Guerre de Bosnie-Herzégovine ou l’Apocalypse de Fukushima ? Tenter d’oublier ! À chaque coup, on arrive à nos fins avec tant de brio qu’on ajoute fissa de la cata au bordel universel… Alors il a fallu que des zigues se sacrifient pour enfreindre cette Mort-là. Pour brandir les Artéfacts de notre Lâcheté Meurtrière au cœur des Porcheries Totalitaires. Pour tartiner des 4 balèzes sur l’étendard des Centres de Détention. Pour faire virevolter des ponts partout sur cette planète bègue entre les Aborigènes du Boxon Mondial. Des faubourgs aux jungles farouches, ces Anges Brutaux se font les Garants Réfractaires d’une fortune aux fruits capiteux. Niés en leur essence, craints à toute force. Aux Arrêts, parfois. Not dead but under control. De la Catalogne à la Bretagne, d’Alger à Calcutta & de Sarajevo à São Paulo, ils évoquent le Crépuscule de Babylone face aux Démocraties Dictatoriales. De La Havane à Tokyo, de Kinshasa à Jakarta ou de Kief à Liverpool, ces Natifs sans frontières excèdent les… »

DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Carbonifère

« Le Carbonifère, l’Atlantide et la Grèce Antique ont fini par s’engouffrer au cœur d’une Nuit sans Rivage, my spicy fairy, et il est certain que l’Humanité Actuelle les y rejoindra : cette dérivation d’une Évidence Ancestrale en Mythe est bien sûr une constante typique de la Grande Hallucination Galactique –Depuis l’Aube Initiale, ces Avatars œuvrent à une Auto-Transfiguration orphique et plantureuse. Vivifiante et Ludique… Un beau jour, Océans, Vallées et Vivants, iront vêtir les Défroques du Fantasme. Se volatiliseront dans la Nécropole d’Azur. Tout ça nous servira de Légende Antédiluvienne. Vieux conte éclatant et vain. Mais il me faut avouer qu’une Allégorie Retentissante, si édifiante soit-elle, ne saurait valoir, pour ma part, la Douceur Brûlante de tes Baisers. Aux yeux d’archéologues fous, my shiny night, ton habituel cafard, cette banalité souveraine, se feront extraordinaires. Ils y verront les Trésors de l’Anodin dont une Soif d’Éternité nous interdit l’Usufruit. Ils chercheront à faire revivre ton Sex-Appeal à-travers des Dithyrambes Érotiques. Avec ce Recul Millénaire, ta Mélancolie leur fera office de véritable Odyssée. On a cependant toujours le choix : se figer dans les Alizés ou… »

DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
Naufrages
« Y a plus rien à siffler, mec. Eh, t’as vu ? En plus, le patron tire la tronche d’une murène qu’a confondu l’hameçon avec le jackpot. Et les filles seraient capables de se taper n’importe quel portefeuille en partance pour Bora-Bora. Cette candeur m’écœure. «  Et d’abord, crois-tu que dans cette situation ils verront autre chose d’eux-mêmes et de ceux qui sont à leurs côtés, que les ombres qui vont se retracer, à la lueur du feu, sur le côté de la caverne… » Non, ne tente pas de me réconforter, ne me sers pas encore tes histoires. Parce qu’é-ty-mo-lo-gi-que-ment, n’est-ce pas, histoire dérive du grec istoor, celui qui sait pour avoir vu et entendu, et du latin historia, la recherche intelligente de la vérité, l’enquête sur les faits révolus de l’Humanité. Et toi, qu’as-tu vu ou ouï de SI particulier ? Itou, ne conférons pas sur tes spéculations quant à l’Humanité ! Non, tu ignores tout. Va comprendre ça : ce minimum de choses insignifiantes que tu n’ignores pas, tu ne sauras même jamais pour de bon s’il a porté ses fruits en toi. En la matière, Fernando Pessoa a tout dit. Je te filerai un jour son Livre d’Azur Fictif. À prendre comme la seule conviction judicieuse : l’évidence est toujours fantastique. Mais les feux de ce zinc : une illusion ! Et inutile d’…

« DISSONANCES #34 | TRACES
L’outremer du ciel

« L’œil au cœur de la nuit, l’Âme se lovant au creux de cette feuille de figuier, et la chair sous ce sirocco d’or. Voilà : ton sourire illustre tout à trac l’outremer du ciel. L’orbe du Deuil. Est-il toujours facile de pister qui s’en va ? Cette trace d’incertitude, d’affliction, de beauté. De vérité, de cognac, d’intelligence. D’argile, de chlore. Du parfum de ces fruits qui fait tourner la caboche des zombis. De la Cité d’Or… Part-il sur la trace des alizés ? Toutefois, on fait juter les lettres –au jour le jour– de ce qui vaudra bien l’heure venue un roman certes juste bon à balancer au bûcher… Aussi ne l’oublie pas : d’un « Je t’aime » souverain aux ouragans de l’insurrection, il est toujours question d’amour fou. Vrai, faut-il donc le suivre à la trace ? Lui survivre, à ce raz-de-marée ? Écouter les riffs de ce vent du Large ? Effluves de sperme sur le mollet de la catin ! Autodafés de l’aurore ! Ombre brûlante ! On cherche en vain à acquérir certaines notions relatives au principe actif du néant… Et toujours, la fugacité de ces civilisations comme autant de mirages, ou de… »

DISSONANCES #32 | NU
Tu as beau te faire belle
« Oh my boiling baby, sais-tu que tu as beau te caparaçonner dans tes corsets style steampunk, t’accoutrer avec tes jupes glam rock ou crazy lolita, t’enrober dans tes jupons écossais ou de pin-up vintage, t’attifer de boléros romantiques et de débardeurs gothic lolita, t’entortiller dans tes leggings hip-hop à zébrures rose ou dans tes bas hippies et tes collants d’extraterrestre en fleur, ou encore te camoufler sous tes capes victoriennes ou tes vestes psycho-retro… Oh my sunny ladybird, sais-tu que tu as beau porter ton bibi barrette à voilette noire ou ton chapeau cloche 40’s très chic avec tes mitaines de dentelle noire et rouge ou tes gants courts et sexy de satin blanc, que tu auras bel et bien beau te sertir dans l’écrin de tes shorty nacrés et de tes caracos à tête de mort sur fond d’île tropicale et d’océan enchanteur, t’harnacher dans tes porte-jarretelles 60’s et tes soutiens gorge jazzy en crêpe de voile ou arc-en-ciel psychédélique, te faufiler dans tes bottines chauve-souris ou tes escarpins à la Marylin Monroe… Réfléchis-y, oh my cosmic princess, et tu as beau parachever ta toilette par le port d’un collier cerise kawaii, de boucles d’oreille style élisabéthain, d’une manchette de motard, de bracelets en corail polychrome et d’un... »

DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
Les harmoniques du chaos
« Comprenez bien que ce qu’on appelle désordre résulte d’une vue de l’esprit, d’une vision altérée des circonstances et de notre environnement, d’une interprétation erronée des mouvements spontanés qui façonnent et régissent notre univers, et que ce concept ne découle bien souvent que d’un jugement vicié qui nous incite à sous-estimer notre propre intellect et à naufrager dans les méandres de nos raisonnements… Indubitablement, ce qu’on nous dissimule avec tant de sournoiserie sous cette notion de désordre – notion en outre rationnalisée selon des critères pseudo-scientifiques et travestie par nos suzerains, au point de devenir le tour de prestidigitation favori des gouvernants lorsqu’ils veulent brider l’enthousiasme des populations – N’EST OBJECTIVEMENT ET VISCÉRALEMENT PAS VIABLE au cœur de cet univers aux architectures physiques si subtiles et régi par tant de lois sublimes… Certes, cette notion ne saurait définir en rien les merveilles insensées et bouillonnantes qu’abrite cet univers d’équilibres insondables qui est le nôtre… Regardons la foule, la forêt… Les vagues, les nuages… Les émotions… Les étoiles… Etc… Ce n’est que par l’effet d’un vertige subséquent à la... »

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BIGER Françoise (extraits) https://revuedissonances.com/biger-francoise-extraits/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:36 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1175 DISSONANCES #43 | TRANS- Transfert de compétences « Marcheur le long de la voie express 2 fois 2 voies que de voies dans ce cas destination nécessairement lointaine plusieurs dizaines de kilomètres en principe. Marcheur sollicite par la simple extension latérale de son bras l’indulgence de conducteur monolithique lové dans l’enveloppe : du dossier de son siège équipé…Lire la suite BIGER Françoise (extraits)

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DISSONANCES #43 | TRANS-
Transfert de compétences

« Marcheur le long de la voie express 2 fois 2 voies que de voies dans ce cas destination nécessairement lointaine plusieurs dizaines de kilomètres en principe.
Marcheur sollicite par la simple extension latérale de son bras l’indulgence de conducteur monolithique lové dans l’enveloppe : du dossier de son siège équipé d’un accoudoir à sa droite, du modelé de la portière à sa gauche, face à lui du volant  précédant le tableau de bord précédant le pare-brise précédant le capot précédant le pare-choc de son véhicule léger BMW série 7 haut de gamme et trace à vitesse réglementaire la route sur le ruban immuablement gris perle et balisé de la route. Aventurier autant que sensible à la démarche de marcheur car heureux en amour avec  Série 7, conducteur entreprend un soudain et rapide ralentissement de son véhicule puis arrêt sur la B.A.U à l’avant de marcheur qui saisissant illico l’intention abandonne son statut de marcheur pour celui de coureur le temps de rejoindre l’auto à deux ou trois dizaines de mètres plus loin, puis celui de passager de BMW Série 7.
BMW 7 ouvre en grand sa portière, accueillante, distinguée. Rien que… »

DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
Coq à l’âne pur porc

« Maintenant, il faudrait vraiment un SANGLIER !
Il faudrait comme une hallucination qu’un SANGLIER !
Impromptu, monstrueux, menaçant, sauvage, qu’un SANGLIER !
Surgisse, dévoile soudainement sa tête volumineuse prolongée d’un groin armé des canines hyper et appelées grès en haut, défenses en bas, ces dernières… (cf Le chasseur chassant N°825)
Quinqua est scotché. Le SANGLIER de ses fantasmes obstrue le chemin creux, l’observe de ses petits yeux remplis de sournoiserie, d’intelligence mais qui ne voient goutte, la queue dressée les oreilles mobiles. Quelle puissance quelle force émanent de l’animal et le chemin est si creux, que faire ? Quinqua n’avait pas prévu de la sorte l’irruption du SANGLIER dans le récit il avait imaginé l’introduire par une description minutieuse de l’animal de son habitat et sa structure sociale puis tout naturellement dévier vers sa représentation mythologique il y a toujours des représentations mythologiques. « Le SANGLIER animal itinérant, point de mire de l’homme dans sa recherche perpétuelle de la perfection et de la compréhension de son… »

DISSONANCES #21 | LE VIDE
Mes chers concitoyens
« dans le cadre d’un développement pérenne les enjeux sont considérables et c’est en œuvrant dans une démarche partenariale à dimension intercommunale que des projets ambitieux mais raisonnés verront le jour dans le respect des valeurs qui sont les nôtres ma mission consiste au service des habitants dans une perspective de changement à établir un diagnostic partagé il me semble important de revenir sur l’implication indispensable et nécessaire des acteurs locaux moteurs dans un environnement dynamique reflet d’une démocratie participative nos objectifs sont limpides : renforcer le lien de proximité vecteur de citoyenneté dans une synergie de l’ensemble des forces vives de la commune afin d’inscrire notre action au cœur des logiques de territoire en effet la notion de partenariat qui est bien plus que cela au regard des projets et perspectives en terme de diagnostic partagé ne saurait faire oublier la dimension intercommunale qui doit être incluse dans une démarche de citoyenneté c’est une mission qui nous échoit et nous devons la mener à bien dans le cadre d’un développement durable doublé d’un réel optimisme raisonné toutefois car c’est au cœur d’un... »

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HARDY Thomas | Poèmes du Wessex https://revuedissonances.com/hardy-thomas-poemes-du-wessex/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:33 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5249 Coup-de-cœur de Jean AZAREL pour Poèmes du Wessex de Thomas HARDY DISSONANCES #43 L’œuvre romanesque de l’anglais Thomas Hardy (1840-1926), parce qu’elle fit scandale à sa parution (Jude l’Obscur) ou fut notablement adaptée au cinéma (Tess d’Urberville), a peut-être fait méconnaître le poète. Écrits à la soixantaine, ses Poèmes du Wessex comptent pourtant parmi les fleurons…Lire la suite HARDY Thomas | Poèmes du Wessex

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Coup-de-cœur de Jean AZAREL pour Poèmes du Wessex de Thomas HARDY
DISSONANCES #43

L’œuvre romanesque de l’anglais Thomas Hardy (1840-1926), parce qu’elle fit scandale à sa parution (Jude l’Obscur) ou fut notablement adaptée au cinéma (Tess d’Urberville), a peut-être fait méconnaître le poète. Écrits à la soixantaine, ses Poèmes du Wessex comptent pourtant parmi les fleurons du post romantisme : « Ce jour d’hiver, nous longions un étang / le soleil était blanc, comme maudit de Dieu ».
Chez ce topographe méticuleux des territoires et des états d’âme, la permanence de la campagne (à une époque où elle commence à disparaître) et la présence de l’histoire forcent les portes de l’intemporel pour faire pénétrer le lecteur dans un univers singulier, marqué par la tristesse d’une vie compliquée : «  Je distingue les mois à leurs habits de soleil ou de pluie / les midis à leurs formes variées et multicolores / je vois surgir les ombres de la nuit / j’entends les heures mornes sonner dans l’insouciance. »
Amoureux idéaliste des femmes, Hardy sait que le temps est un implacable persécuteur des sentiments : « Vous aviez pour moi le regard qui se perd / dans la banalité des secrets éventés / nous échangions quelques paroles / qui appauvrissaient d’autant notre amour. »
Le regard n’en est pas moins étonnamment moderne dans son expression fataliste à l’ironie mordante : « Chère Lizbie Browne / j’aurais dû penser que « les filles mûrissent vite » / te séduire et te posséder / avant que tu ne partes. »
Avec sa traduction toute en subtilité, Frédéric Jacques Temple exhale à merveille le sensuel et morbide grouillement de matière qui fait la patte de Thomas Hardy.

traduit de l’anglais par Frédéric Jacques TEMPLE
éd. de la Différence, 1994
126 pages
8 euros

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DANIELEWSKI Mark Z. | La maison des feuilles https://revuedissonances.com/danielewski-mark-z-la-maison-des-feuilles/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:31 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5259 Coup-de-cœur de Julie PROUST-TANGUY pour La maison des feuilles de Mark Z. DANIELEWSKI DISSONANCES #43 Difficile de dépeindre le grand bonheur que l’on éprouve en relisant un de ses livres cultes dans une nouvelle édition, surtout quand celle-ci s’annonce plus fidèle à l’édition originale. On découvre, fébrile et admiratif, les améliorations de mise en page proposées…Lire la suite DANIELEWSKI Mark Z. | La maison des feuilles

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Coup-de-cœur de Julie PROUST-TANGUY pour La maison des feuilles de Mark Z. DANIELEWSKI
DISSONANCES #43

Difficile de dépeindre le grand bonheur que l’on éprouve en relisant un de ses livres cultes dans une nouvelle édition, surtout quand celle-ci s’annonce plus fidèle à l’édition originale. On découvre, fébrile et admiratif, les améliorations de mise en page proposées par l’éditeur et le profond respect qu’il éprouve pour cette œuvre dense et singulière – adjectifs souvent galvaudés, sauf pour ce Livre.
Grâce à ce pari éditorial louable, de nouveaux lecteurs pourront ainsi se perdre dans les diverses couches d’un récit où ils croiseront Johnny Errand, un jeune homme à la vie et à la raison dissolues, qui trouve le manuscrit d’un vieil aveugle, l’érudit Zampano. Ce dernier propose l’analyse d’un film “amateur” à la renommée mondiale, The Navidson Records, une enquête visant à explorer les mystères d’une « maison » (en bleu) à la géographie non-euclidienne, plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur. Plus on sonde la maison, plus elle semble se dilater et changer de forme. Elle devient peu à peu un labyrinthe typographique dans lequel grogne, menaçant, un « minotaure » (en rouge)…
Le lecteur, Thésée sémantique, doit alors créer son propre fil d’Ariane à travers diverses couches de notes, voix et références qui s’empilent au fil des pages et le conduisent à tourner son livre dans tous les sens pour suivre un texte devenant aussi tortueux que le décor auquel il donne vie. Le voilà condamné à décoder du braille, des mots en miroir, des rangées de X, des notes de bas de page d’une abondance affolante, des poèmes… jusqu’à ce que « ce vaste monde bleu qui est le nôtre / ressemble à une maison de feuilles / quelques instants avant le vent. »

traduit de l’américain par CLARO
éd. Monsieur Toussaint Louverture, 2022
694 pages
27,50 €

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ESCALLE Clotilde (extraits) https://revuedissonances.com/escalle-clotilde-extraits/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:27 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5377 DISSONANCES #43 | TRANS- Rouler le temps  « Brûlée, partie avec la caravane. Le gaz s’est emballé, une flamme plus haute a accroché  les rideaux. Des rideaux de nylon orange au-dessus de la cuisinière, c’était une mauvaise idée.  La mère venait de les accrocher, une femme du village les lui avait donnés. Encore beaux, la  couleur…Lire la suite ESCALLE Clotilde (extraits)

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DISSONANCES #43 | TRANS-
Rouler le temps 

« Brûlée, partie avec la caravane. Le gaz s’est emballé, une flamme plus haute a accroché  les rideaux. Des rideaux de nylon orange au-dessus de la cuisinière, c’était une mauvaise idée.  La mère venait de les accrocher, une femme du village les lui avait donnés. Encore beaux, la  couleur fraîche. La flamme a pris là-dedans puis dans les cheveux. Il s’est précipité dehors pour  demander de l’aide. Il a couru sur le terrain vague pendant que ça hurlait, que ça se dépêtrait  dans le plastique en train de fondre. La petite sœur n’était pas encore revenue de l’école. Le  temps que le car la dépose en bas de la colline, qu’elle monte jusque-là, c’était fini. Il n’y avait  plus qu’un tas de tôles noircies, la caravane de la mère, un vieil animal ronflant dans les cendres.
On va pouvoir partir, tout recommencer à zéro, a dit le père.
Elle a brûlé avec la banquette de skaï, le pouf, le petit miroir encadré de plastique rouge  qu’elle avait suspendu à un clou. Ça puait. Il y avait là-dedans ses cheveux blonds, sa façon de  pencher la tête, de gesticuler dans si peu de place, le monde fini de l’enfance, la respiration  douce du sommeil, la poitrine de lait. Terminé. Ils allaient déménager, aller à… »

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GALINDO Regina José | Rage / Rabia https://revuedissonances.com/galindo-regina-jose-rage-rabia/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:25 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5253 Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Rage / Rabia de Regina José GALINDO DISSONANCES #43 Regina José Galindo est née en 1974 dans un Guatemala ravagé par l’effroyable guerre civile qui, de 1960 à 1996, opposa junte militaire au pouvoir et groupes armés rebelles largement soutenus par les populations autochtones mayas et les paysans les plus pauvres,…Lire la suite GALINDO Regina José | Rage / Rabia

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Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Rage / Rabia de Regina José GALINDO
DISSONANCES #43

Regina José Galindo est née en 1974 dans un Guatemala ravagé par l’effroyable guerre civile qui, de 1960 à 1996, opposa junte militaire au pouvoir et groupes armés rebelles largement soutenus par les populations autochtones mayas et les paysans les plus pauvres, les troupes gouvernementales pratiquant sans compter destructions de villages, massacres, tortures, viols, et se rendant ainsi coupables de la mort de 200 000 personnes et de la disparition de 45 000 autres. Artiste performeuse aujourd’hui mondialement reconnue, elle pratique un body art radicalement politique, dénonçant toutes les violences et particulièrement celles faites aux femmes. Poétesse également, elle a publié son premier recueil (Personal e intransmisible) en 1996 (l’année de la fin de la guerre), les remarquables éditions des Lisières nous donnant ici à lire une compilation bilingue (pratique beaucoup trop rare – dont on les remercie) d’une vingtaine de ses textes. Dans une langue crue, acérée, haletante («  La poésie je l’ai en moi / quelqu’un / avec sa petite bite dure / me l’a mise »), elle nous jette à la tête sa colère et ses peurs, son désarroi profond face aux folies des hommes, son énergie femelle, primale, échevelée, ses joies d’hallucinée (dont celle – surpuissante – de la maternité). Guerrière armée de mots, elle fait face et elle crie, elle accuse et elle cogne (« Je suis une chienne / une chienne malade / le monde m’a mordu le cœur / et m’a transmis sa rage »). Elle nous réveille aussi et ce faisant nous prouve (et cela fait grand bien en ces temps perturbés) que, comme l’affirmait le poète espagnol Gabriel Celaya, « la poesía es un arma cargada de futuro ». Bref c’est très fort, et beau.

traduit de l’espagnol (Guatemala) par Laurent BOUISSET
éd. des Lisières, 2020
80 pages
14 €

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WAGENFÜHRER Célia (extraits) https://revuedissonances.com/wagenfuhrer-celia-extraits/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:21 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5363 DISSONANCES #43 | TRANS- Le tombeau de Sagazan « Il te faudra faire. S’extraire de la vase que les quatre temps empêchent. Se débarrasser de l’écorce et garder l’essence de nous-mêmes à laquelle je mettrai le feu. Que dit l’ombre du Milieu du ciel à la femme affamée qui l’ignore ? Des astres mutables tu as l’ascendant…Lire la suite WAGENFÜHRER Célia (extraits)

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DISSONANCES #43 | TRANS-
Le tombeau de Sagazan

« Il te faudra faire.
S’extraire de la vase que les quatre temps empêchent. Se débarrasser de l’écorce et garder l’essence de nous-mêmes à laquelle je mettrai le feu. Que dit l’ombre du Milieu du ciel à la femme affamée qui l’ignore ? Des astres mutables tu as l’ascendant de la terre et tu n’as pas converti ton regard. La superficialité des choses recouvre ta voix de shellac et meurent les alvéoles empoussiérées de tes poumons laqués. J’arpente les longs couloirs à l’odeur de chlore et tout, derrière la transparence des céladons de Chine, a le goût de l’éventé. La défiguration du ciel m’emmène dans des bassesses inconnues de tous. L’effluve rassurante d’urine des rames de métro, les maisons aux coins de pierre, les jambes bronzées à l’artifice s’enfonçant dans la mousse du bain douche. La main à la jouissance. L’exclusion contre toute attente des satellites que l’on voudrait voir fonctionner. Tant pis pour le laurel sulfate agressif des cosmétiques de grandes surfaces, l’eau calcaire du canal, s’endormir avant de se coucher. Dans ma propre agonie je médite un bardo mal appris et désespéré et tu en répètes les mots sans les… »

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BÉCUWE Aurélia | Babeluttes https://revuedissonances.com/becuwe-aurelia-babeluttes/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:11 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5296 Coup-de-cœur de Romain PARIS pour Babeluttes  d’Aurélia BÉCUWE DISSONANCES #43 Avec Babeluttes, Aurélia Bécuwe nous livre un dithyrambe à l’enfance doublé d’une diatribe contre la cruauté structurelle de l’arsenal éducatif, où des flash-back à vif portés par une prosodie aurifère et nous offrant à voir la sauvageonne furibarde qu’elle fut, coruscants d’ironie alerte ou d’effronterie…Lire la suite BÉCUWE Aurélia | Babeluttes

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Coup-de-cœur de Romain PARIS pour Babeluttes  d’Aurélia BÉCUWE
DISSONANCES #43

Avec Babeluttes, Aurélia Bécuwe nous livre un dithyrambe à l’enfance doublé d’une diatribe contre la cruauté structurelle de l’arsenal éducatif, où des flash-back à vif portés par une prosodie aurifère et nous offrant à voir la sauvageonne furibarde qu’elle fut, coruscants d’ironie alerte ou d’effronterie ardente et toujours s’ouvrant à des épiphanies rutilantes de fraîcheur, font écho à son quotidien dans la salle de classe où elle paraît incarner le Capitaine d’une Arche guerroyant contre le Déluge pour ces Galopins de la Négligence, cette géniture d’une défection éthique unanime, le tout consigné dans un verbe cru, acerbe. J’imagine que ça doit décoiffer, une prof avec ces réflexions-là, une femme à fleur d’enfance qui se bat avec ses rêveries aux luxuriances frétillantes contre la tyrannie et la stérilité d’esprit d’un univers d’adultes trop lâches pour réaliser qu’à force de préjugés ils asphyxient cette jeunesse vouée à n’avoir que des repères affligeants. C’est qu’elle tire de l’ébullition et de la candeur cinglante de ses premières années de quoi lutter contre l’arrogance clownesque et la veulerie des grandes personnes. Et si cette prof des écoles s’acharne à léguer à ses élèves ce qui ira sombrer dans les Abysses de Connerie qui embastillent en général le foyer familial, elle n’oublie pas que ses fulgurations de poète sauront braver beaucoup mieux que ses scrupules d’enseignante cette crétinerie parentale et l’aveuglement systémique des autorités scolaires dans un pied-de-nez à l’Orthodoxie du Grégaire : « Je ne vous demande pas d’oublier la langue que vous parlez déjà mais d’en apprendre une autre qui vous permettra de tenir tête. Aux avocats, aux médecins, aux banquiers, aux juges, aux patrons, aux contrôleurs. »

éd. Conspiration, 2022
131 pages
16 €

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PARRA Salomé (extraits) https://revuedissonances.com/parra-salome-extraits/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:08 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5157 DISSONANCES #43 | TRANS- Transsubstantiation « Un haut volume d’air obscur. Sa profondeur est close par l’ombrage d’un mur dont les pierres paraissent en phase d’évaporation. Une lumière diffuse transperce cet espace indéfini. Un grand corps pâle, transpercé, est suspendu au-dessus du sol. Rien ne bouge. Tout est silence. La scène est vide. lucidecidePremier tableau De…Lire la suite PARRA Salomé (extraits)

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DISSONANCES #43 | TRANS-
Transsubstantiation

« Un haut volume d’air obscur. Sa profondeur est close par l’ombrage d’un mur dont les pierres paraissent en phase d’évaporation. Une lumière diffuse transperce cet espace indéfini. Un grand corps pâle, transpercé, est suspendu au-dessus du sol. Rien ne bouge. Tout est silence. La scène est vide.
lucidecidePremier tableau
De toutes parts, des rayons dorés et argentés rejoignent le corps et forment une auréole translucide. De l’or émergent les diables, de l’argent les anges. Tout autour du corps, ils parlent :
lcideucideAnges
– Qu’es-tu ? Que deviens-tu ? Qu’est-ce que cette mort ?
en slucideGabriel
– On m’a envoyé t’annoncer « Fils du Tout-Autre ». Ta divinité s’est-elle perdue dans les entrailles humaines ?
lcideucideRaphaël
– Regarde-Nous. Nous sommes à Sa ressemblance. Dénués de… »

DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE !
Fidélité

« Le bar embaume l’amour. Le désir colle aux murs, dégouline du plafond en faux stuc. Le plaisir brille en milliers de flaques sur la surface lisse et vernie du comptoir. Les enceintes gonflent sous les à-coups des basses et des cœurs, les verres s’entrechoquent sous la vibration des sexes. Éros danse sous les néons colorés des toilettes et se mire aux psychés. Chacun se désire aimé, brûle d’aimer : sentir la vie pulser dans ses veines et sous ses paumes. Les regards se cherchent et s’entendent. Les corps se tendent, les doigts trouvent les genoux, remontent les cuisses. Les mains se veulent. Les poils se dressent sous la caresse froide du vent s’engouffrant par les interstices de la porte. L’amour est là et se chante à pleine gorge, s’empoigne dans les hanches, se boit à grandes gorgées.
Ailleurs, le son du champagne. Le soupir qu’il exhale lorsque le bouchon coulisse le long de la paroi du col profond, avant de se déployer dans sa plénitude de liège trop longtemps contenu, libérant les gaz qui dansent invisibles autour de la bouche ourlée d’un O sombre. C’est la chute liquide dans le vide et la rencontre fracassante avec le verre : la vague reflue et les bulles deviennent écume. Le son s’insinue en pétillant dans les tympans et remonte le long du… »


 

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KARLA Emil (extraits) https://revuedissonances.com/karla-emil-extraits/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:04 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5370 DISSONANCES #43 | TRANS- Transit « Je croyais venir au pays des montagnes tristes, le pays de la peur des pentes (les troncs qui tombent, le sol mince, la neige sombre), sous les soleils effrayants des rochers où les trois cents bras blancs s’agitent, au-dessus du bois austral, vers le ciel, et les hélices du petit…Lire la suite KARLA Emil (extraits)

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DISSONANCES #43 | TRANS-
Transit
« Je croyais venir au pays des montagnes tristes, le pays de la peur des pentes (les troncs qui tombent, le sol mince, la neige sombre), sous les soleils effrayants des rochers où les trois cents bras blancs s’agitent, au-dessus du bois austral, vers le ciel, et les hélices du petit bimoteur vissaient leur bruit dans nos têtes – elle continuait à écrire, signe après signe, à coups de stylo brefs et rapides – mais à notre arrivée les candélabres renversés des plateaux descendent doucement vers la steppe, la steppe et ses longues guirlandes de lumière, jusqu’au lac qui cligne ses milliers d’yeux sous les sommets aveuglants des montagnes, et les cimes se taisent, et elle écrit toujours, marque une pause entre deux signes, écrit encore, se relit, ajoute un mot ; maintenant, elle pose le carnet sur ses genoux, les deux mains dessus, rabat une mèche de cheveux sur le côté, jette un œil à gauche vers le hublot, remet le carnet en place, lève les yeux au plafond et recommence à écrire.

J’étais parti sous les nausées, un matin, à la fin de l’automne. Ce n’était pas encore la peur et le découragement mais le soleil était si bas qu’il portait leur… »

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HERBET Philippe | Fils de prolétaire https://revuedissonances.com/herbet-philippe-fils-de-proletaire/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:04 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5280 Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour Fils de prolétaire de Philippe HERBET DISSONANCES #43 Il y a d’abord le père. Une existence tout entière organisée autour d’un épicentre (l’usine métallurgique) et d’une occupation du corps (sérielle, mécanique) raclée, essorée du superflu (la musique, la mode, la gourmandise, les conflits, les plantes vertes). Il y a aussi la mère,…Lire la suite HERBET Philippe | Fils de prolétaire

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Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour Fils de prolétaire de Philippe HERBET
DISSONANCES #43

Il y a d’abord le père. Une existence tout entière organisée autour d’un épicentre (l’usine métallurgique) et d’une occupation du corps (sérielle, mécanique) raclée, essorée du superflu (la musique, la mode, la gourmandise, les conflits, les plantes vertes). Il y a aussi la mère, infatigable pilier de l’ordonnancement domestique, qui finira peut-être par résister à la force centrifuge des jours enchaînés, des « petites défaites de la vie ».
Dans cette autobiographie en creux, construite à partir des figures qui l’environnent, Philippe Herbet décrit un univers fait d’habitudes et de vides, circonscrit aux limites de la famille proche et d’une petite ville périphérique. Il désamorce les lieux communs en adoptant un présent simple et descriptif qui se superpose à merveille aux manières de la maison, crapotant de brefs paragraphes semblables au souffle court des vies de turbin et de tabac brun. À l’arrière-plan, le décor raconte l’avènement de la société de consommation et l’émancipation de la classe ouvrière par l’accumulation d’objets et d’envies d’ailleurs.
« Mon père construit des maquettes de voitures de course sur la table de la salle de séjour en regardant du coin de l’œil la télévision ou en écoutant la radio. Les illustrations des boîtes, avec leurs couleurs vives, les paysages ouverts sur un été ensoleillé où les nuages de beau temps défilent sur l’azur ont plus d’intérêt à mes yeux que la voiture terminée.  » Derrière les fenêtres closes pour échapper aux fumées des aciéries, il faudra au jeune Philippe des images, l’imminence d’un départ en vacances dans le sud ou des rencontres adolescentes pour entrevoir la possibilité d’un hors-champ à la modeste photo de famille.

éd. Arléa, 2022
79 pages
15 €

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DIEUDONNÉ Julien | L’ami d’enfance https://revuedissonances.com/dieudonne-julien-lami-denfance/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:00 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5293 Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour L’ami d’enfance  de Julien DIEUDONNÉ DISSONANCES #43 Une ville nouvelle dans le nord de la France, des collégiens et quelques flocons de neige. C’est à peu près tout. Et c’est suffisant : il n’en faut pas plus à Julien Dieudonné pour ressusciter quelque chose de l’enfance dans ce premier roman si simple…Lire la suite DIEUDONNÉ Julien | L’ami d’enfance

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Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour L’ami d’enfance  de Julien DIEUDONNÉ
DISSONANCES #43

Une ville nouvelle dans le nord de la France, des collégiens et quelques flocons de neige. C’est à peu près tout. Et c’est suffisant : il n’en faut pas plus à Julien Dieudonné pour ressusciter quelque chose de l’enfance dans ce premier roman si simple et si émouvant.
« Après, nuque cassée, yeux grands ouverts pendant deux heures et demie. »
En sortant d’une séance de cinéma – ils ont vu West Side Story – nos collégiens décident de former une bande. Bien organisée, avec un chef et un trésorier. Une bande, pour créer sa mythologie, évidemment, ça a besoin d’un territoire : le quartier de la ville nouvelle fera bien l’affaire, et la passerelle en constituera le QG. Par petites touches, en quelques scènes et images, Julien Dieudonné redessine les fondations. Parfois traumatisantes, anecdotiques ou merveilleuses, les petites briques de l’enfance sont posées là, sur lesquelles la vie de ces garçons va se construire. Un adolescent disparu qui ne veut pas rentrer chez lui, un chat dans un fossé, la nuque d’une camarade de classe : l’auteur réussit à capter les éclats et flottements de cette période charnière qu’est l’adolescence.
Il y a un peu de magie dans cette chronique à hauteur d’enfance. L’écriture de Julien Dieudonné sonne juste : il réussit toujours à se positionner à la bonne distance et sous le bon angle. Il y a aussi un petit quelque chose d’anglo-saxon dans cette approche : pas de psychologie, d’explication superflue, juste quelques faits exposés et au lecteur de tracer son chemin.
« – Peut-être c’est mieux si j’attends qu’elle m’aime avant de lui dire que je l’aime. »
À votre place, moi je n’attendrais pas : je filerais chez mon libraire.

éd. Signes et balises, 2022
124 pages
15 €

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STOJKA Ceija | Je rêve que je vis ? https://revuedissonances.com/stojka-ceija-je-reve-que-je-vis/ Sat, 08 Oct 2022 11:00:00 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5243 Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Je rêve que je vis ? de Ceija STOJKA DISSONANCES #43 « Je me retourne, et j’y suis de nouveau. » Soixante ans plus tard, Ceija Stojka redevient ainsi la fillette Rom qui décrit, avec un regard naïf et stupéfié, l’horreur insoutenable des camps, puis la libération, le long et difficile retour dans une société…Lire la suite STOJKA Ceija | Je rêve que je vis ?

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Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Je rêve que je vis ? de Ceija STOJKA
DISSONANCES #43

« Je me retourne, et j’y suis de nouveau. » Soixante ans plus tard, Ceija Stojka redevient ainsi la fillette Rom qui décrit, avec un regard naïf et stupéfié, l’horreur insoutenable des camps, puis la libération, le long et difficile retour dans une société d’où les Roms sont exclus. Axé sur les quatre mois à Bergen Belsen, ce récit est un témoignage rare et bouleversant sur le sort des tziganes, dans la langue crue et poétique d’une enfant.
« Tout nous était interdit dans cette société, sauf de mourir. » Alors la petite déploie ses stratégies de survie au cœur du charnier. Pour se préserver, elle se glisse sous «  la montagne de morts », «  le seul endroit calme », et se réchauffe dans les entrailles des siens : « s’il n’y avait pas eu les morts, on serait morts de froid ». Pour ne pas avoir à dépecer les cadavres, elle se nourrit de leurs étoffes et lacets, de racines et de terre. Au comble de l’horreur, l’enfant conserve cependant son humanité et sa capacité d’enchantement, en s’émerveillant devant les bourgeons de «  l’arbre magique » et la précieuse rosée sur les barbelés, en souriant au visage d’un mort, en éprouvant encore de la compassion pour les bourreaux aux mains des libérateurs.
Écriture de la mémoire tzigane et récit de la barbarie nazie, ce texte transmet une incroyable force de vie : « Toujours, quand je vais à Bergen-Belsen, c’est comme une fête ! Les morts volent dans un bruissement d’ailes. Ils sortent, ils remuent, je les sens, ils chantent, et le ciel est rempli d’oiseaux. C’est seulement leur corps qui gît là. Ils sont sortis de leur corps parce qu’on leur a pris la vie violemment. Et nous, nous sommes les porteurs, nous les portons avec notre vie.  »

traduit de l’allemand par Sabine MACHER
éd.
Isabelle Sauvage, 2016
114 pages
17 euros

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RENAUDE Noëlle | P.M. Ziegler, peintre https://revuedissonances.com/renaude-noelle-p-m-ziegler-peintre/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:58 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5119 Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour P.M. Ziegler, peintre de Noëlle RENAUDE DISSONANCES #42 «  Ils avaient de la chance, les peintres, de ne pas être bridés par les mots et leurs sens […] » Quelques errances universitaires et puis c’est l’évidence : Pierre-Marie Ziegler choisit la peinture, sa mère le lui avait d’ailleurs prédit. Huit ans après la disparition du…Lire la suite RENAUDE Noëlle | P.M. Ziegler, peintre

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Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour P.M. Ziegler, peintre de Noëlle RENAUDE
DISSONANCES #42

«  Ils avaient de la chance, les peintres, de ne pas être bridés par les mots et leurs sens […] » Quelques errances universitaires et puis c’est l’évidence : Pierre-Marie Ziegler choisit la peinture, sa mère le lui avait d’ailleurs prédit. Huit ans après la disparition du peintre, Noëlle Renaude raconte l’homme dont elle a partagé l’atelier et plus de quarante ans de la vie. Ce ne sont pas les grandes lignes biographiques qui l’intéressent, mais leurs moments de convergence : escapades, marches en montagne. Elle nous parle aussi bien sûr de celui qui peint avec obstination et méthode son autoportrait ou des arbres dont il ignore le nom, qui dessine pendant quinze ans dans des carnets ce qu’il a sous le nez, canette ou figurine de super-héros, factuellement. Il colle au réel, un réel qui pourtant bien souvent lui échappe. « Le monde en général lui va mal. Ou c’est lui qui va mal dans le monde. » Les évidences du commun ne sont pas les siennes, seules les difficultés lui paraissent évidences : « La fin des histoires éclaire souvent ce qu’on n’a pas vu s’y installer à mesure qu’elles s’inventent. » Ce n’est pas seulement la virtuosité de la langue qui rend P.M. Ziegler, peintre si particulier et bouleversant, c’est cette pudeur. Noëlle Renaude se met au service de l’homme aimé. Elle effectue un travail de mise à distance d’elle-même, d’effacement : elle écrit son destin à lui, son mystère de peintre à lui qu’elle ne cherche pas à percer. Elle essaie juste d’accompagner sa vie et son œuvre, sa fin tragique, « l’élaboration têtue d’une éternité à sa mesure ». Un geste d’amour, un écrin littéraire pour deux magnifiques humanités.

éd. Inculte, 2022
180 pages
14,90  euros

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LONG SOLDIER Layli | Attendu que https://revuedissonances.com/long-soldier-layli-attendu-que/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:58 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5086 Coup-de-cœur de Jean AZAREL pour Attendu que de Layli LONG SOLDIER DISSONANCES #42 Laily Long Soldier, jeune poétesse artiste sioux oglala signe avec Attendu que une première œuvre ardemment traduite par Béatrice Machet. Elle y expose d’abord ses « préoccupations » : l’enfance, l’amour, la maternité, l’absence, le vécu quotidien d’un peuple colonisé qui a dû s’adapter pour ne…Lire la suite LONG SOLDIER Layli | Attendu que

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Coup-de-cœur de Jean AZAREL pour Attendu que de Layli LONG SOLDIER
DISSONANCES #42

Laily Long Soldier, jeune poétesse artiste sioux oglala signe avec Attendu que une première œuvre ardemment traduite par Béatrice Machet. Elle y expose d’abord ses « préoccupations » : l’enfance, l’amour, la maternité, l’absence, le vécu quotidien d’un peuple colonisé qui a dû s’adapter pour ne pas disparaître. « Sur la route de Shiprock je compte huit diables de poussière tous tourbillonnant simultanément tous proches les uns des autres, alignés. Puis seulement sept. Qu’est ce qui dans ce cas est la cause de la réduction ? » Ici, le verbe transcende l’histoire indienne en lumière torche et le poème se fait galop et signaux de fumée pour nous rappeler que les êtres humains ne sont pas tous égaux en droit, si aux quatre coins de la planète leur enveloppe charnelle se ressemble. La seconde partie est une réponse cinglante et ironique à la résolution du Congrès de 2009, pompeusement qualifiée de « réconciliation historique » et formulant en anglais les excuses du gouvernement américain aux Indiens : «  Attendu qu’âgée de quatre ans, n’étant pas chrétienne, je lisais à haute voix le premier chapitre de la Bible. Attendu que mes cheveux dénattés couraient le long de ma colonne vertébrale je m’asseyais parfois dessus.  » Comment écrire dans la langue de l’occupant quand la sienne a été interdite et que le mot « excuse » n’existe pas en langue indienne ? Layli Long Soldier donne la réponse dans ce livre empreint d’une dignité aux flamboyances rugueuses et qui bêche le sillon de l’insoumission poétique. « Attendu que, je m’en souviens, les abstractions telles que vie, liberté, et bonheur, ne servent que rarement, je l’ai appris, un poème, mieux vaut ne pas convoquer ces termes.  »

traduit de l’américain par Béatrice MACHET
éd.
Isabelle Sauvage, 2020
120 pages
24 euros

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MAUBERT Jean-Michel | Décombres https://revuedissonances.com/maubert-jean-michel-decombres/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:56 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5113 Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Décombres de Jean-Michel MAUBERT DISSONANCES #42 Décombres, livre ensorcelant, profondément mélancolique, habité de maintes présences qui vont et viennent, centrifuges et centripètes, réelles et chimériques, bâtardes, indécidables bien qu’intimes, plonge dans un état hypnotique, une catalepsie littéraire. Il se vit en abyme : on y entend des voix témoigner, des voix…Lire la suite MAUBERT Jean-Michel | Décombres

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Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Décombres de Jean-Michel MAUBERT
DISSONANCES #42

Décombres, livre ensorcelant, profondément mélancolique, habité de maintes présences qui vont et viennent, centrifuges et centripètes, réelles et chimériques, bâtardes, indécidables bien qu’intimes, plonge dans un état hypnotique, une catalepsie littéraire. Il se vit en abyme : on y entend des voix témoigner, des voix chanter, des dessins apparaître, on assiste à des spectacles de cirque, on visionne des séquences de film. Maubert fait vivre une rare expérience de vagabondage en des temps parallèles et entre des arts complémentaires. On se retrouve complice plus que voyeur d’un univers polymorphe sui generis bien que pétri de références consubstantielles à la Mitteleuropa : Kubin, Schultz, Kafka,Trakl, Brauner, les frères Quay, mais aussi Browning, Béla Tarr… Les trois novellas qui constituent ce recueil sont les strates d’une même histoire aux excroissances siamoises. Chaque figure officie au cœur de scènes obsessionnelles et fantasmatiques qui sont autant de rituels de mort, entre magie noire et magie blanche : images de bêtes suppliciées transportant sur leur dos une créature en détresse, des gueules cassées et masquées soignant ces mêmes bêtes torturées, des bourreaux pourchassant des monstres sans défense, des créatures en gésine dans un sac, dans une boite, dans leur crâne, dans leur ventre, dans leur propre mort. «  Il avait en outre réussi à contaminer cette langue trempée dans la mort (dans la sciure à cadavre et les détergents) avec les rythmes vivants-discordants de la ville, et elle avait dans certains de ses éclats une sonorité de cocaïne et de jazz, elle était brutale et expressive comme une balle de révolver et portait le chagrin d’une rose mourante ».

éd. de l’Abat-Jour, 2021
265 pages
10 euros

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PLAZY Gilles | Fiction fragile du désir https://revuedissonances.com/plazy-gilles-fiction-fragile-du-desir/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:55 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5138 Coup-de-cœur de Nicolas LE GOLVAN pour Fiction fragile du désir de Gilles PLAZY DISSONANCES #42 Alors comme ça, j’attendais, cher Gilles, que vous soyez mort pour m’offrir ma première oraison. Les Lettres sont chiennes, vous savez bien. Seulement, vous m’avez devancé. Chez Tarabuste, vous avez remis au carré et comme en ordre (de sortie ? j’en doute…Lire la suite PLAZY Gilles | Fiction fragile du désir

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Coup-de-cœur de Nicolas LE GOLVAN pour Fiction fragile du désir de Gilles PLAZY
DISSONANCES #42

Alors comme ça, j’attendais, cher Gilles, que vous soyez mort pour m’offrir ma première oraison. Les Lettres sont chiennes, vous savez bien. Seulement, vous m’avez devancé.
Chez Tarabuste, vous avez remis au carré et comme en ordre (de sortie ? j’en doute encore) votre poésie exigeante, prométhéenne, d’Orphée tenace : « Un dieu surgit dans la pureté du désir ». Ainsi vous seriez-vous enmausolé tout vif et désirant ? Peut-être bien quand même, mais selon votre architecture, et je vous envie. Vous avez finalement délivré sur cet excellent marbre votre totalité esthétique, inattaquable car parfaite d’une vie de Voyant. « La lucidité apprivoise le volcan ». Mais aurons-nous seulement vécu ? À mes affres crépusculaires, votre poésie, comme toujours et plus encore aujourd’hui, répond outre la mort : « Le menhir n’implore pas le menhir tient le ciel avec l’assurance tranquille d’un complice des étoiles ». Et pourtant vous vivez, ici, au pavage de ce recueil de granit qui pèse comme autant de stèles, où ne s’assagit pas votre langue-fusée[s], aux aléas trompeurs puisque maîtresse elle reste, quitte à écorcher un peu : « Fouaille à mains nues dans l’insensé soulève le rideau de la désillusion dans la transhumance de tes rêves ». Et pourquoi donc s’y faire ?
Alors comme ça, cher Gilles, vous n’êtes pas mort et vous m’avez devancé, dans cet après vous déroutant, irrésistible : votre élégance¹.

¹ Et j’aime ces quelques notes finales qui doutent « encore » et à raison… de moi.

éd. Tarabuste, 2019
101 pages
13 euros

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MICHELET Étienne (extraits) https://revuedissonances.com/michelet-etienne-extraits/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:50 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5161 DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE ! Que plus rien n’existe « Derniers mots, dernière ligne de Rigodon, avant sa mort, Céline écrit Reims… Épernay… de ces profondeurs pétillantes que plus rien n’existe… Cette fois, une fois pour toutes, les trois points terminateurs, et quoi ? plus rien, alors je verse, je vide, vide, vide la bouteille par terre, pour…Lire la suite MICHELET Étienne (extraits)

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DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE !
Que plus rien n’existe

« Derniers mots, dernière ligne de Rigodon, avant sa mort, Céline écrit Reims… Épernay… de ces profondeurs pétillantes que plus rien n’existe… Cette fois, une fois pour toutes, les trois points terminateurs, et quoi ? plus rien, alors je verse, je vide, vide, vide la bouteille par terre, pour faire une flaque, de la mousse, comme de la pisse, et ils viennent, par deux, par trois, les chiens, ils viennent laper la langue frémissante, la flaque pétillante, à coups de langue, ils lapent, lapent, lapent, deux-trois chiens, errants, comme ceux de Sotchi, Champagne pour eux, Russie, Hymne ! les langues, qui lapent, qui humilient, et la frénésie des chiens de Sotchi, Champagne ! lapent, lapent, ils voulaient bien, par poison, en finir, Champagne ! Russie, le labrador noir de Vladimir, et l’or, et les putes, mais pas de révolution, alors je verse le champagne, à la santé des chiens de Sotchi, et à la Russie, aux errants, au pipi, aux chiens qui pissent, sur les tables, sur les sushis, arrosés, à la pisse, à la santé, dans les flutes la mousse, sur les canapés, les cônes farcis, bien rouges, Vladimir tête de crabe, oligarchie, on te pend par les pieds, tu rougis, comme la langue des chiens de Sotchi, Champagne ! c’est pour moi ! tous les mercredis, les… »


 

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DISSONANCES #42 CHAMPAGNE ! https://revuedissonances.com/dissonances-42-champagne/ https://revuedissonances.com/dissonances-42-champagne/#comments Wed, 27 Apr 2022 16:00:48 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5045 mai 2022 / 56 pages / 7 euros mise en images : Anne MATHURIN – ÉDITO : ШAMΠAHCKOE ! * Un jour tu te réveilles… et tu as vingt ans, putain. Vingt ans de dissonances, de fiestas romanesques, de nuits pleines de mots. Tu y as cherché l’Ivresse. Tu l’as trouvée, souvent. Dans ton indéfectible insouciance, tu as remué la Merde, la…Lire la suite DISSONANCES #42 CHAMPAGNE !

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mai 202256 pages / 7 euros
mise en images : Anne MATHURIN

ÉDITO : ШAMΠAHCKOE ! *

Un jour tu te réveilles… et tu as vingt ans, putain.

Vingt ans de dissonances, de fiestas romanesques, de nuits pleines de mots. Tu y as cherché l’Ivresse. Tu l’as trouvée, souvent. Dans ton indéfectible insouciance, tu as remué la Merde, la Peur, le Vide, bondi vers le Futur, titillé le Tabou, appelé ta Maman, chopé de sacrés Orgasmes, joué avec les Feux, cultivé les Désordres : toujours en Mutations, tu t’es bien éclatée ! Accrochée comme une dingue à la littérature, tu y as cru. Tu y crois.

Autour de toi le Monde. Les réseaux, les milliards, l’hyper-dope des records. Sarkozy en Lybie, le djihad à Paris, subprimes & hystérie, Trump la Mort, Bowie non, les Kardashian en string, les sans-dents sur les Champs, mers d’ordures, tsunamis, Californie en feu, migrants échoués, Space X, Poutine en Walkyrie à cru sur Satan 2, les fafs sur ton palier, tonfa dans les quartiers, garde-à-vous, garde à vue, gare à toi… I can’t breathe.

Mais tu es incorrigible et un anniversaire (vingt ans, putain) ça se fête ! Tout au bord de l’abîme, tu pisses dans la coupe, tu la lèves très haut… et tu pirouettes :

*Champagne !

DISSONANCES

DOSSIER « CRÉATION » : CHAMPAGNE !

Hélène ARNAUD  : Place d’Erlon
« Mes dix-sept ans aux fines bulles / À courir sous les lumières oranges de la nuit reimoise / Premières neiges de l’hiver / Je serre la main de ce jeune étudiant / Et sur la place d’Erlon poudrée-désertée nos pieds tracent / L’ivre esquisse d’une promesse / Fines… »

Pascal ARNAUD  : Juste le temps d’en siffler une
« Je bois / à toi / fille d’un morceau de lune rousse atterri sur le zinc / écalé par le bruit de l’œuf dur que tu ne m’as pas / envoyé me faire cuire / un grésillement d’yeux et on a fui les fumeroles des / mégotiers qu’alimentaient sans relâche / des grappes d’idéologistes du… »

Sara BALBI DI BERNARDO : La d.lce vita
« un cil / qui ondule / une virgule / un tu / sur le bout de la langue / plumetis sur bas de soie / mer d’étoiles phosphorescentes / les lèvres tentent je goûte tout tremble / la musique entre en joie / déroule la lenteur / glisse enlace ma langue / de feutre tendre / aile de… »

Jean-Christophe BELLEVEAUX  : Cul-de-sac
« J’ai reçu un courrier de quelqu’un que je ne connais pas. Dans cette enveloppe, étrangement, il y avait juste une photo. Est-ce bien normal d’envoyer sa photo aux gens, comme ça ? C’est la photo d’une femme. Assez déshabillée. Je suppose que c’est elle qui m’… »

Tristan CADE : Les draps sont froids, et la fête est finie
« La sueur autrefois tiède qui imbibe les draps les rend froids, collants et lourds. Sur la peau de Chloé ça fait comme une autre peau plus aliène qui l’étouffe : comme une peau de grenouille qui, n’étant pas la sienne, la bride et, en un sens, la menace. Elle bouge, contre la… »

Clément DESPAS : Ondine
« Ma dame est toute nue et, très gracieusement, souriant comme un chat, son regard malicieux planté dedans le mien, s’accroupit face à moi : prosterné, ébloui, narines dilatées je hume le parfum délicieux et chypré qu’exhale le bijou de chair rose nacrée de sa… »

Isabelle GUILLOTEAU : La nuit promet d’être belle
« À la mémoire de Mariam, Khazal, Hadia, Mubin, Hasti et leurs compagnons, morts noyés le 24 Novembre 2021 / « La nuit promet d’être belle car voici qu’au fond du ciel apparaît la lune rousse ». Rousse comme la longue chevelure de Mariam qui se pare avant de… »

François HUET : Une histoire du champagne en Suède
« Richard Brautigan remporta 8 fois le Nobel de Littérature. C’est prouvé. Ses discours commençaient toujours comme ça : – Mesdames et messieurs les jurés, vous qui avez eu la clairvoyance de reconnaître la supériorité de mon talent sur celui des… »

Nathalie HUGUES  : Châtaigne
« J’ai vu écrit champagne / J’ai lu châtaigne / J’ai écrit chimpanzé / Je suis sortie faire les courses / pour acheter un avocat, du pain moulé / et une truite. / J’ai mangé l’avocat et la truite sur le pain / puis j’ai réfléchi. / Champagne, bof. / J’ai pensé aux Nazis pendant l’… »

Mathieu LE MORVAN : Marne
« …je t’ai suivie sous cette terre marneuse où s’étouffait le souffle des obus là-haut tout là-haut bien au-dessus de nos silhouettes en fuite, nous nous sommes blotties dans une alcôve dans un recoin de la cave, sa fraicheur l’odeur une tranchée immense et… »

Étienne MICHELET : Que plus rien n’existe
« Derniers mots, dernière ligne de Rigodon, avant sa mort, Céline écrit Reims… Épernay… de ces profondeurs pétillantes que plus rien n’existe… Cette fois, une fois pour toutes, les trois points terminateurs, et quoi ? plus rien, alors je verse, je vide, vide, vide la… »

Salomé PARRA  : Fidélité
« Le bar embaume l’amour. Le désir colle aux murs, dégouline du plafond en faux stuc. Le plaisir brille en milliers de flaques sur la surface lisse et vernie du comptoir. Les enceintes gonflent sous les à-coups des basses et des cœurs, les verres s’entrechoquent sous la… »

Emmanuelle PELLÉ : Une certitude
« Elle répète que personne, jamais, n’emprunte cette route. Jamais personne s’entête-t-elle. Jamais et personne étant une vérité de quelques mois à peine. Quelques mois qui lui ont permis de se forger cette certitude à laquelle elle se raccroche au milieu des flashs bleus qui… »

Émilien ROUVIER  : Les bains de la Païva
« La grande bourgeoisie du second-empire bâtissait dans les quartiers huppés des cimetières d’imposants mausolées à vitraux, arcatures gothiques et grilles fastueuses ; ces petits temples post-romantiques résorbaient dans un clinquant pastiche de sacralité l’ennui de… »

Nina SKARO  : Bulle de champagne
« plus que l’envie de baiser, c’est me savoir accro à l’étincelle, au brasier mouillé que tu excites, que tu réveilles. plus que l’envie de m’enivrer et de lâcher : prise, contrôle, équilibre – plus que le désir qui longe mon dos et électrise mon cerveau – endormi, pensif, las – C’EST… »

IMAGES : Anne MATHURIN

« À un moment dans ma vie le pointillisme fut un véritable appel, la sensation d’être plus connectée aux images en même temps que diluée dans celles-ci et, malgré une lenteur inévitable qui peut sembler subie, de pénétrer plus concrètement et profondément dans mon… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (24 questions à un.e auteur.e connu.e) :
Antoine MOUTON

« Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
J’écris sur un carnet, et j’aime bien que les textes finissent au bas des pages. J’aime aussi qu’ils excèdent ce bas de page, en amorcent une nouvelle avec un mot, une… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur un livre remarquable)  :
Toute seule (Clotilde ESCALLE)
« Ils se sont aimés – autrefois – et d’un amour si fort que leur différence d’âge (vingt-sept ans tout de même) ne posait de problème qu’aux plus jaloux des autres dont, tout à leur passion, ils se fichaient alors ; ils s’aiment sans doute encore puisque la perspective de la… »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture en domaine francophone)  :
Hélène FRÉDÉRICK
 : Une grande maison cette nuit avec beaucoup de temps pour discuter (éd. L’Oie de Cravan)
« Le titre de ce recueil, constitué de courtes notes obliques accumulées au fil des jours auxquelles sont adjointes les chroniques publiées par Hélène Frédérick dans le journal culturel Le Bathyscaphe, est la réminiscence d’un rêve fait par son autrice. La couverture… »
Marc GRACIANO : Johanne (éd. Le Tripode)
« Je bute au bout du livre mais Johanne poursuit : je la regarde aller dans la « lumière noëlle » qui me renvoie à celle d’il y a trois cents pages (en treize chapitres et phrases de pure fluidité) quand elle m’est apparue, toute « Johannette » encore mais déjà sûre d’… »
Armelle LE GOLVAN : L’été selon Delphine (éd. La p’tite Hélène)
« Une plage de l’île de Ré. Une jeune enseignante en week-end dans la villa familiale se rappelle son corps adolescent, « masse informe échouée sur le sable. Côté pile ou côté face, même allure. Aucune allure. Un long tee-shirt tentant maladroitement de… »
Sandra LUCBERT : Le ministère des contes publics (éd. Verdier)
« Ce court essai salvateur, manuel de combat où Sandra Lucbert fait mouche à chaque phrase, se lit d’une traite avec jubilation. Ici sont démontées les unes après les autres les pièces de la machinerie du merveilleux rêve néolibéral devenu notre… »
Jean-Michel MAUBERT : Décombres (éd. de l’Abat-Jour)
« Décombres, livre ensorcelant, profondément mélancolique, habité de maintes présences qui vont et viennent, centrifuges et centripètes, réelles et chimériques, bâtardes, indécidables bien qu’intimes, plonge dans un état hypnotique, une… »
Gilles PLAZY : Fiction fragile du désir (éd. Tarabuste)
« Alors comme ça, j’attendais, cher Gilles, que vous soyez mort pour m’offrir ma première oraison. Les Lettres sont chiennes, vous savez bien. Seulement, vous m’avez devancé. Chez Tarabuste, vous avez remis au carré et comme en ordre (de sortie ? j’en… »
Noëlle RENAUDE : P.M. Ziegler, peintre (éd. Inculte)
 » Ils avaient de la chance, les peintres, de ne pas être bridés par les mots et leurs sens […] » Quelques errances universitaires et puis c’est l’évidence : Pierre-Marie Ziegler choisit la peinture, sa mère le lui avait d’ailleurs prédit. Huit ans après la disparition du… »
Bruno SIBONA  : Brasil à hauteur d’ondes (éd. PhB)
« Avec Brasil à hauteur d’ondes, Bruno Sibona fait d’une virée au fil d’une Amazonie animiste et des territoires rouges et arides d’un Brésil hallucinatoire une odyssée à la jonction du Vivant prodigieux et du Delta stellaire. Et avec Oratorio Guérison (qui… »

D’ISTANBUL À RIO (4 coups-de-cœur de lecture en domaine étranger) :
Ana BRNARDIĆ : Devant toi le jour (éd. L’Ollave)
« Ana Brnardić est née à Zagreb en 1980. Peu de poètes français sans doute seraient en mesure de pétrir la matière biographique avec autant d’allant et de liberté dans les images. On a l’impression que sa poésie est traversée par un désir de sobriété, une…. »
Igor GOUBERMAN : Journal de prison (éd. Joca Seria)
« « Exister prend sens dans l’acte de résister / À tout ce qui étrangle, à tout ce qui mutile ». C’est dans sa geôle de Sibérie que Yoann Barbereau découvre Igor Gouberman, écrivain dissident russe emprisonné en 1979, et décide de traduire ses vers qui… »
Layli LONG SOLDIER : Attendu que (éd. Isabelle Sauvage)
« Laily Long Soldier, jeune poétesse artiste sioux oglala signe avec Attendu que une première œuvre ardemment traduite par Béatrice Machet. Elle y expose d’abord ses « préoccupations » : l’enfance, l’amour, la maternité, l’absence, le vécu quotidien d’un… »
Rosa MONTERO : La bonne chance (éd. Métailié)
« Rosa Montero est une romancière qui aime jouer : elle se réapproprie les codes du roman historique, de la science-fiction, de l’essai-autobiographique, du roman policier… Et, avec La bonne chance, joue à détourner ceux de la romance, en les… »

DI(S)GRESSION (carte blanche sur un domaine autre que la littérature)
Isabelle GUILLOTEAU  : HFT (confessions d’une everteen)
« Tu voudrais qu’il y ait des ascenseurs au fond des précipices. Été 84. J’ai 16 ans, l’âme en berne et le goût du néant dans les veines. Il faut pas rêver d’une tornade, ici les jours sont tous pareils. Si rien ne se passe, j’abrégerai ma vie terne à mon prochain anniversaire (on est très… »

DYSCHRONIE (journal des 6 mois écoulés – carte blanche)
Côme FREDAIGUE : Hiver 2021
« 1er septembre : Je commence cette dyschronie sous le signe de la procrastination : je vais me coucher, on verra ça demain. / 6 septembre : Après la laïcité positive et la laïcité ouverte, voici lalaïcité bisounours. Belle campagne de com à destination des… »

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GUILLOTEAU Isabelle (extraits) https://revuedissonances.com/guilloteau-isabelle/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:48 +0000 http://revuedissonances.com/?p=322 DISSONANCES #42 | DI(S)GRESSION HFT : confessions d’une everteen « Tu voudrais qu’il y ait des ascenseurs au fond des précipices. Été 84. J’ai 16 ans, l’âme en berne et le goût du néant dans les veines. Il faut pas rêver d’une tornade, ici les jours sont tous pareils. Si rien ne se passe, j’abrégerai ma vie…Lire la suite GUILLOTEAU Isabelle (extraits)

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DISSONANCES #42 | DI(S)GRESSION
HFT : confessions d’une everteen

« Tu voudrais qu’il y ait des ascenseurs au fond des précipices. Été 84. J’ai 16 ans, l’âme en berne et le goût du néant dans les veines. Il faut pas rêver d’une tornade, ici les jours sont tous pareils. Si rien ne se passe, j’abrégerai ma vie terne à mon prochain anniversaire (on est très sérieux quand on a dix-sept ans). Mais un beau soir, sur le chemin d’un café tapageur de bord de mer, une mélodie s’élève au-dessus de la clameur et une voix me parle, me happe, me transporte : Hubert-Félix Thiéfaine. Sur le juke-box, les arpèges de Mathématiques souterraines alternent avec les riffs de Narcisse 81. Il est minuit sur ma fréquence et j’ai trouvé la bande-son de mon existence. Plus tard dans la nuit, un initié me fait écouter Les dingues et les paumés sur un radiocassette. En un vers, la voix de Thiéfaine allume la mèche : la solitude n’est plus une maladie honteuse. Choc sismique, uppercut en plein coeur, soleil nocturne, première balise de ma mutation. Rien ne sera plus jamais comme avant. Sans en comprendre les paroles, je prends tout de ce discours d’inconscient à inconscient. Les mots donnent forme au magma qui bouillonne en moi. Je suis ce soleil qui cherche un futur. Alors, dans une quête frénétique de sens, j’… »

DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE !
La nuit promet d’être belle
« À la mémoire de Mariam, Khazal, Hadia, Mubin, Hasti et leurs compagnons, morts noyés le 24 novembre 2021

La nuit promet d’être belle car voici qu’au fond du ciel apparaît la lune rousse*. Rousse comme la longue chevelure de Mariam qui se pare avant de quitter Calais. Elle a monnayé son passage avec son alliance, troqué sa robe de mariée contre une balise GPS, mais elle a gardé son diadème. Il lui portera chance pour la traversée.

La nuit promet d’être belle pour Bach qui a remis son costume de noces. Il roule vers Douvres où il guettera le bateau dans les brumes du petit matin.

La nuit promet d’être belle pour Mathieu qui vient de quitter la maison d’arrêt et rembarque sur son chalutier, avec Damien, son matelot. Lui n’a rien enfilé de son plein gré. On lui a posé un bracelet électronique, sésame pour une libération conditionnée à sa seule… »

« DISSONANCES #41 | OPIUM
Ad Laudanum

« Huelgoat, 21 mai 1919. Ce matin-là, fatigué du mal mystérieux qui te rongeait sans fin, tu as quitté l’hôtel d’Angleterre pour ta promenade quotidienne, divagation rituelle et solitaire sur le sentier qui borde la forêt. Mais la mécanique de ton errance s’est soudain déréglée face au chaos d’où surgit la rivière – peut-être t’a-t-il renvoyé l’image fulgurante de ton propre désordre intérieur – et tu as rebroussé chemin vers ta chambre de convalescence. Excès de bile noire ou fuite illusoire, tu y as vidé ton dernier flacon de laudanum. Puis tu es reparti vers la forêt, revêtu de ta tenue d’officier de marine. Dans ta poche, un canif et Shakespeare, comme si tu t’apprêtais à livrer ton dernier combat, à prolonger ta survie en milieu hostile. En guerrier chancelant, tu as pénétré dans le sous-bois giboyeux et verdoyant, descendu l’amas ruisselant de grands blocs granitiques, guidé par le tintement clair de La Rivière d’argent. Habillée des saveurs d’opium, la forêt a progressivement ranimé ses légendes, comme si le laudanum révélait enfin le pouvoir magique que lui conférait son nom. As-tu voulu chasser tes cauchemars ou faire revivre tes rêves déchus de l’enfance ? As-tu cherché à atteindre La Mare aux fées, poursuivi par les sorcières de Huelgoat, pour… »

DISSONANCES #32 | NU
Libération
« Un demi-siècle sans revenir au village. J’y suis le fou, le détraqué, le fils raté. L’enfant qui a vu et s’est tu. Ici l’amnistie s’est muée en amnésie. Les plus anciens continuent de s’enfermer dans un mutisme complice dès lors qu’on évoque ce matin de juin. Toute ma vie il m’a poursuivi, hanté, détruit. Toute ma vie, j’ai cherché à le revivre, à le chasser. A combler les silences de l’Histoire qu’on m’avait reconstituée par bribes. Ecartelé entre mémoire et cauchemars. Hier, le maire a cru bon de m’appeler, par devoir envers son prédécesseur, mon père. Mourant.
J’arpente les ruelles de mon enfance jusqu’à la maison familiale, sans peine ni nostalgie, mais dans l’impatience de la libération, la vraie, enfin… Le vieil homme est allongé sur son lit, les yeux vitreux fixés sur le plafond. Autour de lui, des amis, des notables, des voisins qui se relaient à son chevet. Depuis trois jours, sa raison décline et il se dresse régulièrement, rempli d’effroi et d’agitation, comme s’il revivait les combats de la libération, cherchant à fuir ce matin de juin 44. C’est pourtant là qu’il nous faut retourner maintenant, ensemble, réunis dans le même cauchemar éveillé, main dans la main. Je demande qu’on me laisse seul avec lui pour profiter d’un... »

DISSONANCES #25 | LA PEAU
Sauver sa peau
« Depuis quand suis-je ainsi retranchée du monde, affamée, humiliée ? Il y a quelques jours encore, ma mère et mes sœurs tenaient le décompte des journées interminables à assembler des pièces au fond des ateliers, des nuits infernales à trembler sous les cris qui s’échappent des cachots. Mais leurs corps meurtris ont plié, la vie a capitulé. Je suis sans doute la dernière survivante de ma famille. Durant des semaines, j’ai aperçu mon père de l’autre côté de la frontière, ce rideau de barbelés qui sépare le camp des hommes de celui des femmes. Au hasard d’une corvée, trompant la vigilance des geôliers, nous avons pu parfois nous approcher l’un de l’autre, en silence, plonger dans nos yeux la détresse et la force. Des jours qu’il n’est pas reparu. Je continue de guetter, tente de le deviner dans les silhouettes fantomatiques depuis le point d’eau où… »

DISSONANCES #21 | LE VIDE
Diversion carcérale
« Tu as couru essoufflée tes talons écorchés par les pierres pourtant personne ne te suit mais la vie à tes trousses sait-on jamais une bonne raison qui te rattraperait un sauf-conduit pour l’errance une injonction pressante à garder les pieds sur la terre hostile
Tu t’es postée sur la crevasse jambes lacérées d’ajoncs reins cambrés sous les rafales cou arqué vers le levant ton corps tout entier défie la pesanteur et tu scrutes le vide devant toi
Tu connais la profondeur du gouffre l’axe et la force du vent le nom de chacun des écueils qui piquent l’horizon la formation des courants et le sens des dérives mais ce flot qui t’emporte tu ne le nommes pas ne le contiens pas tu ne saurais dire quelle douleur t’abîme ni même exprimer la raison de ta venue tu sais seulement que ta présence au bord du précipice est une évidence déjà inscrite dans ta chair
Pour un rien pour un rien de plus ou de trop pour ces riens qui s’ajoutent à la pluie des jours pour une nuit de plus à guetter l’aube tremblante t’élancer dans le vide fracasser ta carcasse lestée d’ennui déchoir tes rêves sur les... »

DISSONANCES #19 | IDIOT
Suites (il)logiques
« Tu as un mois. C’est notre premier tête à tête. Je suis un peu intimidé, inquiet à l’idée de tout ce qui pourrait arriver. Je suis ton père mais je ne sais pas vraiment comment faire… Ta mère a tout prévu : ventre plein, couches changées, tu n’aspires à rien d’autre qu’à mes bras qui te bercent. Tes yeux se fixent sur ma main qui joue les marionnettes. Du bout de mes doigts hésitants, je redessine tes traits, m’attarde sur la commissure de tes lèvres, chatouille ta fossette. Il me semble lire un sourire. Ta tête repose dans le creux de ma paume qui effleure le fin duvet de ton crâne. Ta fontanelle se soulève au rythme de ta respiration. Je suis impressionné par son aspect souple, malléable. Je sais la fragilité de cette zone, le risque lié aux chocs, tant que tes os ne sont pas soudés. Ta bouche soudain se tord, grimace et laisse échapper un cri. De quoi peux-tu souffrir ainsi lové dans mes bras ? T’aurais-je caressé avec trop d’ardeur ? Mes doigts t’auraient-ils pincé, serré ? Et s’ils s’étaient enfoncés dans ta fontanelle ? Comment savoir ? Si pour un geste de tendresse trop appuyé, j’avais hypothéqué ton avenir ?… Quand les médecins diagnostiqueront ton retard psychomoteur, je reverrai ce premier moment de complicité où j’ai osé une caresse. Je n’ai… »

 

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GOUBERMAN Igor | Journal de prison https://revuedissonances.com/gouberman-igor-journal-de-prison/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:42 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5088 Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Journal de prison d’Igor GOUBERMAN DISSONANCES #42 « Exister prend sens dans l’acte de résister / A tout ce qui étrangle, à tout ce qui mutile ». C’est dans sa geôle de Sibérie que Yoann Barbereau découvre Igor Gouberman, écrivain dissident russe emprisonné en 1979, et décide de traduire ses vers qui le guident…Lire la suite GOUBERMAN Igor | Journal de prison

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Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Journal de prison d’Igor GOUBERMAN
DISSONANCES #42

« Exister prend sens dans l’acte de résister / A tout ce qui étrangle, à tout ce qui mutile ». C’est dans sa geôle de Sibérie que Yoann Barbereau découvre Igor Gouberman, écrivain dissident russe emprisonné en 1979, et décide de traduire ses vers qui le guident vers la survie : «  En lisant un poète oublié […] / J’aperçois des mots qui sont comme des saluts / Adressés personnellement à moi par lui ». Ce Journal de prison, écrit dans une forme poétique inventée par Gouberman – le gariki – donne à voir les instantanés du quotidien de tout prisonnier : «  En prison, pas la moindre obscurité / Même la lumière est tenue par l’ennemi ». Mais le ton mélancolique fait aussi la part belle à l’autodérision salvatrice : «  L’interrogatoire a échoué / Et me voilà de retour sur mon lit de damné / Mes nerfs désormais pourraient au mieux servir l’art / Ils feraient d’excellentes cordes de guitare ». «  Le supplice salutaire » du « recul pénitentiaire » est alors souvent propice à une méditation philosophique qui mêle l’oralité rustique à l’aphorisme : « Dans les caves de la vie, il est un vin raide / Que jamais aucun homme libre ne possède ». Et si ce livre s’inscrit dans la tradition de la littérature carcérale, en écho à Pouchkine, Soljenitsyne, Mandelstam, il révèle aussi cette voix singulière qui entreprend « d’aimer [sa] prison » pour faire de cette expérience une échappée onirique (« Je plains ceux qui n’ont pas goûté la prison / Ceux qui ne connaissent pas ses rêveries »), une condition « Pour encore ressentir / Ce bonheur à nouveau d’être vivant  », et presque une chance : « La taule et ses voûtes sans bienveillance / Enrichissent hautement l’existence ».

traduit du russe par Yoann BARBEREAU et Mila MARININSKAÏA
éd.
joca seria, 2020
106 pages
17 euros

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SKARO Nina (extraits) https://revuedissonances.com/skaro-nina-extraits/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:38 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5148 DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE ! Bulle de champagne « plus que l’envie de baiser, c’est me savoir accro à l’étincelle, au brasier mouillé que tu excites, que tu réveilles. plus que l’envie de m’enivrer et de lâcher : prise, contrôle, équilibre – plus que le désir qui longe mon dos et électrise mon cerveau – endormi, pensif, las…Lire la suite SKARO Nina (extraits)

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DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE !
Bulle de champagne

« plus que l’envie de baiser, c’est me savoir accro à l’étincelle, au brasier mouillé que tu excites, que tu réveilles. plus que l’envie de m’enivrer et de lâcher : prise, contrôle, équilibre – plus que le désir qui longe mon dos et électrise mon cerveau – endormi, pensif, las – C’EST ÇA QUE JE VEUX ! – ce carnaval futile si plein de déni, d’oubli, ce beau mensonge cabaret du au-jour-le-jour, comme on sabrerait le champagne – car toi, tu m’évoques les voitures de courses de Sagan, les plaisirs interdits et pervers de Sade – et j’ai compris maintenant, tu ne te laisseras pas saisir – non pas serpent qui se faufile et glisse comme mes anciens – non toi, c’est la bulle de champagne qui monte monte vers son éclosion, dans sa folle course rapide – le sauteur, la belle sauterelle joyeuse.
vois-tu, je suis de la race des félines, celles qui se languissent et qui miaulent, avides de caresses et de tendres brutalités – j’attends lascive que tu viennes t’enrouler et m’envelopper de ton corps mâle, car tout comme moi, tu sais brûler dans l’amour, tes mains ne sont pas timides et ta verge toujours sur le qui-vive – vois-tu, c’est ton odeur, tes gestes qui me font défaut, là, en cet instant – mais déjà je casse ta course, ta légèreté, et je suis élastique quand toi tu… »

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LE GOLVAN Armelle | L’été selon Delphine https://revuedissonances.com/le-golvan-armelle-lete-selon-delphine/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:37 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5135 Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour L’été selon Delphine d’Armelle LE GOLVAN DISSONANCES #42 Une plage de l’île de Ré. Une jeune enseignante en week-end dans la villa familiale se rappelle son corps adolescent, « masse informe échouée sur le sable. Côté pile ou côté face, même allure. Aucune allure. Un long tee-shirt tentant maladroitement de camoufler les bourrelets,…Lire la suite LE GOLVAN Armelle | L’été selon Delphine

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Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour L’été selon Delphine d’Armelle LE GOLVAN
DISSONANCES #42

Une plage de l’île de Ré. Une jeune enseignante en week-end dans la villa familiale se rappelle son corps adolescent, « masse informe échouée sur le sable. Côté pile ou côté face, même allure. Aucune allure. Un long tee-shirt tentant maladroitement de camoufler les bourrelets, les plis, le gras, le flasque. Le répugnant. Épave gisant parmi [s]es semblables, les abandonnées. Celles qui ne prennent pas le large. Celles qui s’offrent sans pudeur au soleil et au vent et se font oublier des vivants. Les inutiles. »
Que fait-on de la chair héritée de sa famille, comment on l’essore, la compresse, jusqu’à ne plus se ressembler ? Bientôt il faudra subir l’anniversaire de la petite sœur, dix-neuf ans. La version parfaite de l’aînée, belle et mince, belle parce que mince, quand Delphine doit encore lutter contre cet estomac qui réclame de déborder. Le ressentiment et la jalousie viennent contredire la quiétude de ce début d’été. La saison ici n’est lumineuse qu’en tant qu’elle apparaît comme la surface négative d’une photo de famille éteinte, construite autour d’une figure maternelle glaciale obnubilée par la cadette. « Si maman ! Regarde ta fille aînée ! Dans son trente-quatre. Compte ses côtes sous le coton. Admire sa volonté. Écoute ses vomissements à travers la porte. »
L’été selon Delphine est un livre sur la domination : l’emprise du milieu, la tyrannie du corps qui dicte sa loi et, plus tard, celle d’un homme plus âgé qui s’immiscera entre les deux sœurs. En nous plaçant dans une position d’extrême proximité avec la voix intérieure de son personnage, Armelle Le Golvan nous entraîne habilement au plus près des failles et des désirs d’une jeune femme qui, à tort, croyait n’intéresser personne.

éd. La P’tite Hélène, 2017
160 pages
18 euros

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FRÉDÉRICK Hélène | Une grande maison cette nuit avec beaucoup de temps pour discuter https://revuedissonances.com/frederick-helene-une-grande-maison-cette-nuit-avec-beaucoup-de-temps-pour-discuter/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:35 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5129 Coup-de-cœur de Justine ARNAL pour Une grande maison cette nuit avec beaucoup de temps pour discuter d’Hélène FRÉDÉRICK DISSONANCES #42 Le titre de ce recueil, constitué de courtes notes obliques accumulées au fil des jours auxquelles sont adjointes les chroniques publiées par Hélène Frédérick dans le journal culturel Le Bathyscaphe, est la réminiscence d’un rêve fait…Lire la suite FRÉDÉRICK Hélène | Une grande maison cette nuit avec beaucoup de temps pour discuter

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Coup-de-cœur de Justine ARNAL pour Une grande maison cette nuit avec beaucoup de temps pour discuter d’Hélène FRÉDÉRICK
DISSONANCES #42

Le titre de ce recueil, constitué de courtes notes obliques accumulées au fil des jours auxquelles sont adjointes les chroniques publiées par Hélène Frédérick dans le journal culturel Le Bathyscaphe, est la réminiscence d’un rêve fait par son autrice. La couverture d’Une grande maison cette nuit avec beaucoup de temps pour discuter nous donne à voir une figuration graphique et typographique de ce rêve. Choix idoine, qui va au-delà d’une simple réussite esthétique : nous sommes réellement conduits dans une maison fabuleuse. Car chaque note, chaque chronique est comme un rideau qui se soulève, une fenêtre qui s’allume, une porte qui s’ouvre. Ici, la retaille d’un souvenir, d’un voyage, d’une rencontre… Là, quelques prises arrachées au fil des jours, à l’angoisse, à l’enfance. Un agrégé de fulgurances soustraites à l’oubli. L’ensemble du livre vient révéler et prolonger le rêve d’un espace où se conjuguent tous les temps et tout ce qui fait monde : relations, contemplations, littérature. Un espace-antidote aux « jours de foi abîmée par les petits chiffres ». L’autrice parvient à faire exister non seulement ce que peuvent la lecture et l’écriture dans l’accompagnement de la saisie d’une vie, mais aussi et surtout comment celles-ci soutiennent le réel : « Cela veille. L’écriture et la création veillent sur nous. » ; « Le récit, qui n’existe pas encore, je le sens battre en moi. Un amant libre et enthousiaste, ébouriffé et gourmand.  » La langue d’Hélène Frédérick, dont la concision et la densité révèlent la puissance, se colore par endroits d’accents perecquiens ; elle est implacablement nette et poétique : « Un point un petit personnage dans une image que le soleil ne parvient pas à réchauffer. »

éd. L’Oie de Cravan, 2022
124 pages
14  euros

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ARNAUD Hélène (extraits) https://revuedissonances.com/arnaud-helene-extraits/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:31 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5185 DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE ! Place d’Erlon « Mes dix-sept ans aux fines bulles À courir sous les lumières oranges de la nuit reimoise Premières neiges de l’hiver Je serre la main de ce jeune étudiant Et sur la place d’Erlon poudrée-désertée nos pieds tracent L’ivre esquisse d’une promesse Fines bulles sous les côtes encore Qui n’en…Lire la suite ARNAUD Hélène (extraits)

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DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE !
Place d’Erlon

« Mes dix-sept ans aux fines bulles
À courir sous les lumières oranges de la nuit reimoise
Premières neiges de l’hiver
Je serre la main de ce jeune étudiant
Et sur la place d’Erlon poudrée-désertée nos pieds tracent
L’ivre esquisse d’une promesse
Fines bulles sous les côtes encore
Qui n’en finissent pas de danser
Sous nos crânes aussi
Ou bien est-ce une… »


 

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LUCBERT Sandra | Le ministère des contes publics https://revuedissonances.com/lucbert-sandra-le-ministere-des-contes-publics/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:28 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5123 Coup-de-cœur d’Antoinette BOIS DE CHESNE pour Le ministère des contes publics de Sandra LUCBERT DISSONANCES #42 Ce court essai salvateur, manuel de combat où Sandra Lucbert fait mouche à chaque phrase, se lit d’une traite avec jubilation. Ici sont démontées les unes après les autres les pièces de la machinerie du merveilleux rêve néolibéral devenu notre…Lire la suite LUCBERT Sandra | Le ministère des contes publics

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Coup-de-cœur d’Antoinette BOIS DE CHESNE pour Le ministère des contes publics de Sandra LUCBERT
DISSONANCES #42

Ce court essai salvateur, manuel de combat où Sandra Lucbert fait mouche à chaque phrase, se lit d’une traite avec jubilation. Ici sont démontées les unes après les autres les pièces de la machinerie du merveilleux rêve néolibéral devenu notre égarement quotidien. Ce conte raconté, asséné, répété au « peuple-enfant » dans tous les discours et mises en scène des dominants, ce conte hypnotique qui nous englue dans un jeu de dupes dont on aimerait pouvoir s’extraire sans bien savoir comment, le voici disséqué, exposé dans son obscénité crue.
Prenant prétexte d’une émission télévisée qui condense et réunit toutes les figures nécessaires au maintien de l’illusion de ce « cauchemar familier appelé désormais : vie publique », l’exploration de S. Lucbert touche l’ensemble des acteurs – État, BCE, sages et experts – engagés sur la scène du pouvoir. De la fermeture d’une maternité à Die aux arcanes de la finance européenne en passant par la Grèce mise à pied en 2015, la rouerie obéit au même principe, pas de dialogue : « La langue se charge du service d’ordre. Patrouilles intériorisées, insues ». Montaigne, Rousseau, Swift, Pascal, Lewis Caroll, parmi d’autres, sont les compagnons d’armes de cette normalienne agrégée de Lettres et titulaire d’un master de psychologie (Freud intervient aussi sur ce « rêve du capitalisme financiarisé » pour en traduire les « travestissements »).
Contre le langage économique dont le fer de lance se résume à «  LaDettePubliqueC’estMal », contre cette « piperie de langage  » qui nous sidère et nous rend impuissants, la voix précise, acérée, féroce et gouailleuse de Sandra Lucbert règle les contes/comptes et nous réveille. Chapeau !

éd. Verdier, 2021
138 pages
7 euros

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DESPAS Clément (extraits) https://revuedissonances.com/clement-despas/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:28 +0000 http://revuedissonances.com/?p=141 DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE ! Ondine « Ma dame est toute nue et, très gracieusement, souriant comme un chat, son regard malicieux planté dedans le mien, s’accroupit face à moi : prosterné, ébloui, narines dilatées je hume le parfum délicieux et chypré qu’exhale le bijou de chair rose nacrée de sa vulve magique qui est la plus belle…Lire la suite DESPAS Clément (extraits)

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DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE !
Ondine

« Ma dame est toute nue et, très gracieusement, souriant comme un chat, son regard malicieux planté dedans le mien, s’accroupit face à moi : prosterné, ébloui, narines dilatées je hume le parfum délicieux et chypré qu’exhale le bijou de chair rose nacrée de sa vulve magique qui est la plus belle chose qu’il m’ait été donné, dans ma vie d’amoureux pourtant bien agitée, de pouvoir contempler, que je contemple donc, bouche bée il me semble et le cœur me cognant dans le ventre et les tempes, me disant que sans doute j’ai l’air bien égaré et son rire confirme qui sonne dans la pièce comme, si je la toquais, la coupe de cristal qui brille, vide encore, sur le marbre sous elle qui de deux doigts experts écarte un peu ses lèvres – celles d’en-bas bien sûr – en posant l’autre main sur l’abdomen qu’elle presse et un jet d’or liquide en jaillit tout soudain qu’elle dirige, très sûre, vers la coupe qui tinte, qu’il emplit dans l’instant, qui mousse, qui déborde, qui emplit l’air d’effluves – plus âcres – qui m’affolent, qui est une fontaine dont la source est ma reine que j’entends soupirer et qui soudain s’arrête, puis qui envoie encore deux mignonnes giclées, puis qui a fini ça y est : je tends alors la main vers la coupe remplie que je prends par dessous, faisant… »

DISSONANCES #41 | OPIUM
Endorphines

« Allongée sur le dos indécente alanguie sur le nuage d’or qu’est devenu mon lit par la seule magie de sa présence ici ma toute belle nue – faisant son endormie – écarte lentement ses genoux sous mes yeux et je n’en reviens pas de la chance que j’ai – accro comme je suis – que celle que j’appelle la dame du jeudi – et qui est à la fois ma dealeuse attitrée et le top des produits – soit venue mercredi et me permette ainsi avec un jour d’avance d’être à nouveau perché – vertigineusement – à juste contempler – pupilles dilatées et le souffle coupé – la capsule fendue – bombée par le désir – du petit pavot rose qui vibre entre ses cuisses et d’où sourd – ô beauté – la cyprine irisée que – ne résistant plus – je lappe maintenant en chien halluciné – grognant et gémissant – poil dressé – queue tendue – aux oreilles duquel – ma toute belle est folle – elle s’accroche soudain – amenant à sa bouche ma bouche pleine d’elle pour y plonger sa langue et se boire à son tour – se gorger de son suc – se couvrant de mon corps – se plaquant – m’enfonçant – agrippée à mes fesses elle-même maintenant gémissant et grognant : faisant de moi ravi l’instrument du plaisir qui par vagues l’emplit – et d’un coup la submerge – l’emporte – et m’éblouit : ne… »

DISSONANCES #33 | FUIR
Blason
« Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Vous vous ferez dessus. Moi je ne serai plus
Que souvenirs furtifs, pâlichons et perclus,
Passant en courants d’air dedans votre cervelle

Mais on s’en fout au fond : ce qui compte, ma belle,
Ce sont vos flux actuels, délicieux petits jus
Lapés à votre bouche, votre con, votre cul,
Dont vous me régalez lors nos fusions charnelles

Ainsi qu’en mes pensées, comme présentement
Où vous n’êtes pas là pour, jouant de… »

DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
Sens dessus dessous
« Soudain j’ouvre les yeux. La chambre est dans le noir et il fait vraiment chaud. Par la fenêtre ouverte sur la nuit étoilée au-dessus de ma tête s’écoule sur ma peau, le long de mon corps nu, s’étale sur le lit et du lit dans la chambre et sans doute au-delà (inondant le couloir, dévalant l’escalier vers la pièce au-dessous) l’air plus frais du dehors.

Mais quand même il fait chaud : difficile de dormir.

Pour moi en tous les cas, car pour elle ça va : ses sens bien assouvis (ayant tiré de moi tous les plaisirs possibles), elle s’est abolie en croix nue sur les draps et sa respiration très douce et régulière indique qu’elle est loin, que c’est bien, qu’elle profite. J’en suis heureux pour elle, j’en suis heureux vraiment mais quelque chose en moi se rebiffe soudain, me ricane au visage et me montre du doigt. J’évacue la vision et me tourne vers elle précautionneusement (surtout pas l’éveiller), je respire son souffle et la regarde dormir : comme une petite chatte elle semble sourire et moi comme un couillon coincé au bord du lit qu’elle squatte presque entier, je la trouve adorable bouleversante splendide ainsi abandonnée à sa tranquillité et ma... »

DISSONANCES #29 | TABOU
Petit interdit
« Ma princesse totem a de petits tabous. À genoux à ses pieds je regarde son ventre se tendre ou se creuser pendant que mes doigts jouent à effleurer son sexe et c’est vraiment joli mais toute retenue qu’elle est habituellement elle est là… énervée : déjà de sa corolle (que d’une main experte elle m’ouvre effrontément) sourd un nectar troublant dont les premières gouttes me coulent entre les doigts (tout à l’heure elle pleuvra), je m’abouche et la bois (ma langue joue à chat), je l’entends tout là-haut qui râle doucement et je la sens monter, je glisse mon index au fond de son désir et l’en ressors trempé, je lui mets dans le cul et sans plus s’attarder elle vient massivement, explosant mentalement, inondant le carrelage de la salle à manger sur lequel elle descend, lentement, s’étaler.
Je la contemple un temps. Elle ne bouge plus. J’en viens à… »

DISSONANCES #28 | AILLEURS
En deçà
« tu as planté tes griffes, tout ton corps s’est plaqué, tes yeux se sont ouverts sur quelque part très loin (bien au-delà de moi) dont la vision soudaine les a illuminés, ta bouche a fait un oh qui est resté muet, le temps s’est arrêté

et s’est réenclenché mais j’avais pu voir ça : l’extase – ailleurs, le… »

DISSONANCES #27 | ORGASMES
Égoïste

« Ma toute belle se renverse et, m’agrippant aux fesses, elle se fend et m’enfonce, d’un seul coup, jusqu’au bout. J’y ai à peine le temps d’un éblouissement que Tu fais quoi ? elle active : concentrée – les yeux clos – elle reflue, me reprend, me repousse, me retient, m‘aspire de nouveau jusqu’au plus profond d’elle d’où remonte ce râle que je ne connais que trop et je me dis que peut-être… mais c’est trop tard déjà : son désir est la loi et ne me reste plus qu’à contrôler le mien (pas venir avant elle ou j’imagine même pas) puis assumer après. J’entre donc dans sa danse, m’insinue dans son rythme, y colle, le soutiens, l’amplifie, m’y soustrais (et elle passe alors du râle au grognement, une partie de moi criant Arrête là ! mais le peu de raison qui me restait encore vient de s’évaporer) : je la laisse m’emporter où ma vision se brouille et je sens que je viens alors je la retiens, la maintiens, la regarde, pose les mains sur son ventre qui est dur et palpite et là elle se redresse, me… »

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CADE Tristan (extraits) https://revuedissonances.com/le-reste-juliard-arthur-extraits/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:26 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4755 DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE ! Les draps sont froids, et la fête est finie « La sueur autrefois tiède qui imbibe les draps les rend froids, collants et lourds. Sur la peau de Chloé ça fait comme une autre peau plus aliène qui l’étouffe : comme une peau de grenouille qui, n’étant pas la sienne, la bride et,…Lire la suite CADE Tristan (extraits)

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DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE !
Les draps sont froids, et la fête est finie

« La sueur autrefois tiède qui imbibe les draps les rend froids, collants et lourds. Sur la peau de Chloé ça fait comme une autre peau plus aliène qui l’étouffe : comme une peau de grenouille qui, n’étant pas la sienne, la bride et, en un sens, la menace. Elle bouge, contre la désagréable membrane, et se rappellent à ses muscles la fatigue et les restes d’alcool – très certainement, elle n’est pas bien réveillée. Autour d’elle, dans la nuit claire et sans poids des déjà-midi où l’on dort encore, ça suit l’exemple des charognes : ça pue et ça se tait.
La chambre de Chloé lui apparaît sordide : les relents frelatés de la fête partie acèrent par contraste le silence des lieux, et les murs gris et nus n’ont rien à raconter si ce n’est par les tâches qu’on a pu y laisser. Par extrapolation, l’appartement tout entier – et par-delà, le monde – prend des allures sinistres de baraque déserte. Cet univers d’un triste genre, Chloé ne veut pas l’affronter tant que la gueule de bois persiste : elle restera au lit, même dans les draps mouillés.
Sans trop aimer ce geste, qui ne dit pas grand-chose, elle se love comme elle peut contre le grand corps chaud étendu près du… »

DISSONANCES #40 | CONFLITS
Blockhaus Babylon

« Le salon, malgré tout, était d’un confort raisonnable ; son aménagement conservait l’élégance normée des intérieurs d’aristocrates. Le papier peint était brun chocolat, avec un imprimé floral d’un ocre plus pâle. Il y avait du parquet – de longues planches très fines, très légèrement patinées ; des lattes de bois jeune, très légèrement élastiques sous la pression du pied. Il y avait aussi un tapis raisonnablement plus coloré que le reste, assez épais. On avait posé le piano sur le tapis – ainsi, moins de marques sur le parquet. Aussi, une table basse en ivoire végétal, à plateau ovale. Dessus : un cendrier (en céramique, couvert d’un émail bleu roi, assez mat), trois verres (même forme, contenus différents – l’un d’eux est en fait vide), un vase gris où trempaient deux tulipes d’un jaune très pâle. Un canapé en rotin, couvert de coussins en mousse rigide, dans des taies de lin teintes en magenta. Deux fauteuils identiques, et un tabouret de bar dont on avait raccourci le pied.

C’est une vaste plaine avec un horizon de petites collines très peu boisées. La terre y est couverte de cendres d’un gris plutôt neutre, sans vraie nuance et anonyme. (Une vaste… »

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HUET François (extraits) https://revuedissonances.com/huet-francois-extraits/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:22 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4854 DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE ! Une histoire du champagne en Suède « Richard Brautigan remporta 8 fois le Nobel de Littérature. C’est prouvé. Ses discours commençaient toujours comme ça : – Mesdames et messieurs les jurés, vous qui avez eu la clairvoyance de reconnaître la supériorité de mon talent sur celui des autres, je vous prierai avant toute…Lire la suite HUET François (extraits)

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DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE !
Une histoire du champagne en Suède

« Richard Brautigan remporta 8 fois le Nobel de Littérature. C’est prouvé.
Ses discours commençaient toujours comme ça :
Mesdames et messieurs les jurés, vous qui avez eu la clairvoyance de reconnaître la supériorité de mon talent sur celui des autres, je vous prierai avant toute chose de retirer du buffet que j’ai aperçu en arrivant les bouteilles de champagne prévues pour la célébration de mon triomphe. En effet, je dois vous avouer que si j’adore le champagne, j’exècre au plus haut degré les gens qui en boivent
À partir de là, Richard Brautigan se lançait dans un long discours improvisé qui faisait se vider la salle de moitié, et dans lequel il promettait le plus souvent à son grand copain Don Carpenter une «  virée du tonnerre de Dieu » dans les bars de San Francisco en compagnie de toutes les cloches qu’ils pourraient ramasser, et à Sam Gunderson, le patron du Blue Orchid situé à Sausalito « un gros chèque pour qu’il refasse son bar de fond en comble » après la rixe que Brautigan avait provoqué quelques mois auparavant, semble-t-il.
Voici un extrait du discours qu’il donna en 1974 à Stockholm, la première fois :
En effet, je dois vous avouer que si j’adore le champagne, j’… »

DISSONANCES #41 | OPIUM
Hein ? De quoi ?

« 1.  Je ne sais pas ce que ça fait comme effet.
Par contre, ce que je sais,
C’est que c’est la meilleure adaptation d’À la recherche du temps perdu.
Sans quoi, je ne sais rien.
Ou alors j’ai tout oublié.

2.  Mon père fumait la pipe, et ça sentait bon dans la maison.

3.  Un petit spliff et je m’écroule.
Comment voulez-vous, après ça, que je tente quoi que ce soit sur le long chemin qui mène vers l’oubli et la félicité ?
À ce propos, je tiens à souligner que personne n’a jamais été foutu de me faire partager son expérience en héroïne, coco ou opiacé quelconque de… »

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ESCALLE Clotilde | Toute seule https://revuedissonances.com/escalle-clotilde-toute-seule/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:20 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5098 Regards croisés sur Toute seule de Clotilde ESCALLE DISSONANCES #42 Jean-Marc FLAPP : Fracassés, les violons Ils se sont aimés autrefois, et d’un amour si fort que leur différence d’âge (vingt-sept ans) ne posait de problème qu’aux plus jaloux des autres dont, tout à leur passion, ils se fichaient alors. Ils s’aiment encore sans doute puisque…Lire la suite ESCALLE Clotilde | Toute seule

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Regards croisés sur Toute seule de Clotilde ESCALLE
DISSONANCES #42

Jean-Marc FLAPP :
Fracassés, les violons
Ils se sont aimés autrefois, et d’un amour si fort que leur différence d’âge (vingt-sept ans) ne posait de problème qu’aux plus jaloux des autres dont, tout à leur passion, ils se fichaient alors. Ils s’aiment encore sans doute puisque la perspective de la séparation (rendue inévitable par la fuite du temps) les perturbe tellement, chacun pour ses raisons, chacun à sa façon : il est devenu vieux, faible, mou, décrépit, et elle n’est plus si jeune, ni légère, ni jolie. Ils ont tous les deux peur de ce qui les attend, à court terme soudain, qui est pour lui la mort et pour elle de devoir se débrouiller « toute seule ». Elle le hait maintenant jusqu’à le maltraiter (« les coups comme ça, gratuitement, parce qu’elle se voit le frapper et qu’elle obéit à ses visions ») parce qu’elle a cru en lui sur qui elle a misé sa jeunesse et sa vie, parce qu’elle se rend compte un peu tardivement qu’il n’est pas un artiste mais un banal mortel qui préfigure – atroce – sa déchéance à elle (qui perd déjà ses dents), et lui il la subit parce que, «  maigre et tremblant à ses côtés », il n’est plus qu’« un débris » sans autre utilité que de bénéficier d’une retraite de misère (car ils sont pauvres aussi (et peut-être surtout) et cela évidemment, qui les isole et mine, n’arrange rien à l’affaire), et tout ça pourrait faire un mélodrame bien lourd… mais ce n’est pas le cas (du tout) parce que Clotilde Escalle ne donne aucune leçon, n’essaie jamais de séduire, juste veut dire le vrai : âpre, cru, dur, à cran, son livre coup-de-poing (chacune de ses phrases comme un cri écorché) nous envoie en pleine face, compassionnellement, l’image dérangeante (et ça aussi est bon) de notre finitude, de notre solitude, de notre condition.

Côme FREDAIGUE :
Tenter de dire la misère
Faire exister un personnage, voilà la grande réussite de ce roman. Clotilde Escalle embrasse son sujet sans pudeur ni pathos, tentant de dire l’indicible misère sans esquiver la question de sa propre position vis-à-vis d’une sans dents. Le récit met ainsi en scène, comme anti-modèles, des figures surplombantes d’artistes prétendant conférer à Françoise quelque grandeur. Le peintre et l’écrivain sont de grands pourvoyeurs d’illusions dont le discours séducteur cache mal le mépris : «  Ce genre de balivernes […] pour continuer à rêver sans trop se fatiguer ». Malgré ses marches effrénées pour tenter de s’y soustraire, Françoise ne parvient jamais à s’extraire de sa propre honte, centre d’attraction autour duquel gravite son pauvre destin. Celle-ci s’incruste dans chaque recoin de son univers, faisant d’elle un être abject évoluant dans un décor sordide. « La mâchoire inférieure vidée ou presque, des dents du fond, […] Malgré la main qui cache, elle tente un sourire que ses yeux noirs démentent aussitôt, regard abîmé, vertige dans lequel elle pourrait nous entraîner  ». On frise parfois le misérabilisme (comment l’éviter ?), cela tient à l’ambivalence du projet : recourir à l’artifice du style sans trahir son sujet. Mais la limite du roman fait aussi sa beauté. Les notations descriptives presque naturalistes sont trouées de fulgurances poétiques : « Elle a avalé les ténèbres en pleurant ». En naviguant entre la tentative de dire et son impossibilité, l’écriture parvient à dévoiler la profondeur abyssale de ce terrible personnage, à extraire du néant une parcelle d’humanité : « Elle marche avec tous ces mots inutiles qui lui serrent la poitrine, tous ces mots pour ce pas grand-chose  ».

Ingrid S. KIM :
Sordide et tragique
J’y suis allée un peu à contrecoeur, craignant un misérabilisme en vogue, j’en ressors remuée. Escalle a réussi l’alliance paradoxale de la tragédie – avec toute la dignité qu’elle implique – et du sordide – avec la mesquinerie qu’il sous-entend. Toute seule, c’est l’anti-Harlequin, les ressorts du roman «  à l’eau de nénuphar » saccagés – la jeune orpheline qui fond pour l’ex-cheminot plus âgé, peintre comme son père, et ce qu’il advient des amants lorsque le vieux « lézard » ne bande plus, qu’il perd son autonomie et que la misère n’a plus rien de bohème. Elle, quarantaine abîmée, même plus « assez de dents, du moins les unes en face des autres pour se mordre les joues jusqu’au sang », immature et lucide à la fois, marche. Bercée par ses fantasmes de meurtre, elle marche dans son bourg gentrifié sur le chemin de Compostelle, évitant d’« aller mesurer sa solitude au bruit des autres » – couple bobo qui toujours revient et n’achète rien, écrivain raté qui ne « passe même pas l’hiver ici. Trop froid, la maison est impossible à chauffer. Il regagne la capitale où, paraît-il, il s’ennuie à mourir » – en ruminant sa haine de lui, l’inanité de leurs ambitions mortes et sa dépendance à la pension du vieux. Elle fait son propre pèlerinage, en allers-retours vains qui la ramènent toujours à l’ex-boucherie qu’ils squattent, où elle le frappera s’il lui dit qu’il l’aime et lui servira le même riz qu’aux chiens, mais où la violence et l’aigreur laissent, parfois, entre deux visites de l’assistante sociale et avant qu’on ne lui arrache son vieux lézard honni et vital, un maigre espace à leur drôle de complicité rancunière – « nous, au moins, on ne picole pas ». Bref, un beau roman.

Julie PROUST TANGUY :
Mordre la misère
Rendre compte de la misère : combien d’écrivains auront échoué à mettre en scène l’univers des sans-dents ? Inventant une langue loin du réel, enfilant les clichés du pauvre vu depuis la lorgnette d’un petit bourgeois se sentant pousser une conscience morale ou s’autorisant à se clochardiser quelques mois pour mieux mettre en scène les aléas de la misère…
Clothilde Escalle échappe heureusement à cet écueil insupportable : en proposant une langue rude mais juste, qui ne cherche pas à mimer atrocement un patois rural sentant le reconstitué, elle croque la conscience pugnace d’une héroïne qui refuse l’atermoiement. Elle évite ainsi d’offrir un énième roman d’un voyeurisme obscène sur la chute inévitable d’une femme qui marchandise son existence pour simplement survivre.
Bouffée par les violences symboliques qu’elle subit et par le matérialisme dégueulasse qui anéantit ses moindres efforts, incapable d’être sauvée par un art approximatif n’offrant aucune transcendance, inapte à trouver les bons mots pour expurger ses idées noires et leur offrir «  une petite pierre tombale faite des jours alignés dans les mots », sa narratrice subira jusqu’au bout le déterminisme social qui la condamne à rester enfermée, seule dans ses pensées, certes, mais imperméable à la condescendance de ses semblables dont la solidarité de façade écœure.
« Qui est-elle, pour qu’on s’y intéresse ? » : peut-être juste une somme de mots « inutiles » « pour ce pas grand-chose » refusant de virer au « conte de fées à la campagne ». Ou peut-être, tout simplement, une héroïne juste, qui sait capter l’air du temps sans le travestir sous des faux-semblants n’ayant de littéraires que la prétention.

éd. Quidam, 2021
212 pages
20 euros

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DISSO #42 : Antoine MOUTON https://revuedissonances.com/disso-42-antoine-mouton/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:15 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5103 Extrait de l’entretien avec Antoine MOUTON publié dans DISSONANCES #42     Antoine MOUTON (petit) Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ? Tout cela à la fois. « Vers » aussi, et « depuis », et « dedans ». Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ? J’écris sur un carnet, et j’aime bien que…Lire la suite DISSO #42 : Antoine MOUTON

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Extrait de l’entretien avec Antoine MOUTON publié dans DISSONANCES #42

    Antoine MOUTON (petit)

Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ?
Tout cela à la fois. « Vers » aussi, et « depuis », et « dedans ».

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
J’écris sur un carnet, et j’aime bien que les textes finissent au bas des pages. J’aime aussi qu’ils excèdent ce bas de page, en amorcent une nouvelle avec un mot, une demie-phrase.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Je travaille dans une librairie, je vais au cinéma, je parle à des gens, je prends des photographies.

Qui est votre premier lecteur ?
La personne avec qui je vis.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Quelqu’un avec qui parler de ce qu’on fait. Quelqu’un qui fait du bruit à partir d’une chose silencieuse.

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
N’oublie pas d’être exigeant.

Quelle fut votre première grande émotion de lecteur ?
Les Misérables.

Que faut-il lire de vous ?

Votre ego de poète vous gêne-t-il pour marcher ?

Qu’est-ce que la poésie ?
Ce qui accompagne la vie sans…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #42

BIO

Antoine Mouton est né à Feurs (Loire) en 1981. Après des études anarchiques et variées, il voit son premier livre, Au nord tes parents, publié en 2004 aux éditions La Dragonne. De retour en France après avoir vécu un temps en Islande et en Italie, il anime des ateliers d’écriture auprès de primo-arrivants : de cette expérience naît Berthe pour la nuit. De 2010 à 2014, il poursuit l’animation d’ateliers d’écriture, compose divers recueils de poésie, intègre le bureau de lecture des « Fictions Radiophoniques » de France Culture, devient libraire au Théâtre de la Colline à Paris. En 2017, il rejoint l’équipe pédagogique de l’ENSATT à Lyon. Il intervient par ailleurs à la HEAR de Strasbourg. En mars 2020, ses photographies sont exposées à la Villa Yourcenar. Il travaille actuellement avec Laure Terrier à la création d’un spectacle pour la compagnie Jeanne Simone.

BIBLIO (ÉTÉ 2022)

Toto perpendiculaire au monde (éd. Christian Bourgois, 2022)
Poser problème (éd. La Contre-Allée, 2020)
Imitation de la vie (éd. Christian Bourgois, 2017)
Chômage monstre (éd. La Contre-Allée, 2017)
Le metteur en scène polonais (éd. Christian Bourgois, 2015)
Les chevals morts (éd. Les Effarées, 2013)
Où vont ceux qui s’en vont ? (éd. La Dragonne, 2011)
Berthe pour la nuit (éd. La Dragonne, 2008)
Au nord tes parents (éd. La Dragonne, 2004)

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HUGUES Nathalie (extraits) https://revuedissonances.com/hugues-nathalie-extraits/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:12 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5167 DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE ! Châtaigne « J’ai vu écrit champagne J’ai lu châtaigne J’ai écrit chimpanzé Je suis sortie faire les courses pour acheter un avocat, du pain moulé et une truite. J’ai mangé l’avocat et la truite sur le pain puis j’ai réfléchi. Champagne, bof. J’ai pensé aux Nazis pendant l’occupation qui buvaient du champagne…Lire la suite HUGUES Nathalie (extraits)

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DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE !
Châtaigne

« J’ai vu écrit champagne
J’ai lu châtaigne
J’ai écrit chimpanzé
Je suis sortie faire les courses
pour acheter un avocat, du pain moulé
et une truite.
J’ai mangé l’avocat et la truite sur le pain
puis j’ai réfléchi.
Champagne, bof.
J’ai pensé aux Nazis pendant l’occupation qui buvaient du champagne en rigolant
Avec des cartes et des femmes sur leurs genoux sévères malgré la rigolade.
Châtaigne j’ai pensé
aux paysans des Cévennes  qui… »


 

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BRNARDIĆ Ana | Devant toi le jour https://revuedissonances.com/ana-brnardic-ana-devant-toi-le-jour/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:12 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5093 Coup-de-cœur de Laurent ALBARRACIN pour Devant toi le jour d’Ana BRNARDIĆ DISSONANCES #42 Ana Brnardić est née à Zagreb en 1980. Peu de poètes français sans doute seraient en mesure de pétrir la matière biographique avec autant d’allant et de liberté dans les images. On a l’impression que sa poésie est traversée par un désir de…Lire la suite BRNARDIĆ Ana | Devant toi le jour

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Coup-de-cœur de Laurent ALBARRACIN pour Devant toi le jour d’Ana BRNARDIĆ
DISSONANCES #42

Ana Brnardić est née à Zagreb en 1980. Peu de poètes français sans doute seraient en mesure de pétrir la matière biographique avec autant d’allant et de liberté dans les images. On a l’impression que sa poésie est traversée par un désir de sobriété, une attention au quotidien, aux événements intimes ou collectifs (la rumeur de la guerre s’y fait entendre comme une basse sourde, à peine audible) mais qu’elle est emportée par une propension à la métaphore, à la profusion des images, à la transfiguration des choses par une force lyrique irrépressible. Tout se passe comme si sa poésie s’émerveillait malgré elle des mots qu’elle voudrait utiliser calmement mais qui lui échappent dans une grande envolée de vie : « Je voulais, par un paisible mouvement de doigts, noter deux ou trois mots, / mais de nouveaux mots naissent du feuillage, des petits corps d’oiseaux et de grenouilles / et taillent à mes pensées un costume infini de forêt vierge. » Le thème de la forêt, du végétal revient souvent tout au long du recueil et il caractérise parfaitement son écriture comme un goût pour le vivant, pour la surabondance obscure du vivant qui aux yeux de la poète est une source inépuisable de mystère et de joie, d’inquiétude et de satisfactions durables. La vie qu’on interroge semble répondre sans cesse par davantage d’énigme encore, comme si c’était là la seule réponse qu’il y eût. « Devant toi le jour » dit le titre : à la fois comme espace vacant, vide de toute signification sinon celle qu’on y projettera, et source pleine et parfaitement comble de son sens le plus limpide.

traduit du croate par Vanda MIKŠIĆ et Brankica RADIĆ
éd.
L’Ollave, 2021
55 pages
13 euros

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SIBONA Bruno | Brasil à hauteur d’ondes https://revuedissonances.com/sibona-bruno-brasil-a-hauteur-dondes/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:09 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5109 Coup-de-cœur de Romain PARIS pour Brasil à hauteur d’ondes de Bruno SIBONA DISSONANCES #42 Avec Brasil à hauteur d’ondes, Bruno Sibona fait d’une virée au fil d’une Amazonie animiste et des territoires rouges et arides d’un Brésil hallucinatoire une odyssée à la jonction du Vivant prodigieux et du Delta stellaire. Et avec Oratorio Guérison (qui…Lire la suite SIBONA Bruno | Brasil à hauteur d’ondes

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Coup-de-cœur de Romain PARIS pour Brasil à hauteur d’ondes de Bruno SIBONA
DISSONANCES #42

Avec Brasil à hauteur d’ondes, Bruno Sibona fait d’une virée au fil d’une Amazonie animiste et des territoires rouges et arides d’un Brésil hallucinatoire une odyssée à la jonction du Vivant prodigieux et du Delta stellaire. Et avec Oratorio Guérison (qui prolonge l’ouvrage), il nous introduit dans un Sabbat d’Exorcisme qui nous charrie par-delà une photosynthèse liturgique, au gré d’un écosystème aux mythologies souveraines et clandestines, dans une Ribouldingue Sidérale aux fructifications capiteuses de Tragédie Antique. Mais il ne s’agit là que de chimères ataviques où l’ADN et l’Ouroboros, Serpent Cosmique, ne font plus qu’un. Homme Blanc, il s’efforce pourtant avec une autodérision judicieuse d’ouvrir son écriture à la linguistique de la forêt, à ses analogies cathartiques et à ses satori pollinifères. Antédiluvien mais toujours en lévitation aux frontières natives de la Luxuriance Sylvestre et de la Mort, le savoir indien distingue une conscience par-delà l’eurythmie évocatoire de la faune, des palmes, des fleurs et du souffle fertile de cet Empire Cryptuaire. À chaque instant un Esprit se tient prêt à jaillir de ce Sanctuaire de Chlorophylle, et ça altère, illumine ou régénère, certes, qui l’explore ou s’y vautre. À coup sûr, si nos certitudes d’occidentaux foutraques s’échouent contre ce récif du Carbonifère, c’est parce que la Biosphère Capitaliste de l’Anthropocène nous a arrachés trop tôt à son Panthéon organique vivificateur. Alors, engouffrons-nous y afin d’abreuver notre finitude à cette Galaxie phréatique sans limites : « Des graines comme des papillons. Des oiseaux comme des papillons. Des papillons comme des tourbillons de fleurs enflammées. »

éd. PhB, 2017
133 pages
10 euros

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MONTERO Rosa | La bonne chance https://revuedissonances.com/montero-rosa-la-bonne-chance/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:05 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5079 Coup-de-cœur de Julie PROUST TANGUY pour La bonne chance de Rosa MONTERO DISSONANCES #42 Rosa Montero est une romancière qui aime jouer : elle se réapproprie les codes du roman historique, de la science-fiction, de l’essai-autobiographique, du roman policier… Et, avec La bonne chance, joue à détourner ceux de la romance, en les mâtinant d’un faux thriller…Lire la suite MONTERO Rosa | La bonne chance

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Coup-de-cœur de Julie PROUST TANGUY pour La bonne chance de Rosa MONTERO
DISSONANCES #42

Rosa Montero est une romancière qui aime jouer : elle se réapproprie les codes du roman historique, de la science-fiction, de l’essai-autobiographique, du roman policier… Et, avec La bonne chance, joue à détourner ceux de la romance, en les mâtinant d’un faux thriller psychologique.
Prenons un architecte réputé qui fuit dans un patelin dont la « laideur suprême » se situe aux antipodes de l’épure lumineuse des bâtiments qu’il conçoit ; ajoutons-lui une aura ténébreuse, la volonté d’«  échapper sa propre vie », de « formater sa mémoire et recommencer à zéro », des souvenirs coupables éclatant dans le récit comme de petits éclats d’obus ; opposons-lui un promoteur immobilier peu scrupuleux, une voisine au charme lumineux, des policiers aux missions troubles…
En agitant, on pourrait fort bien obtenir un roman de gare tendance feel good, mais la plume efficace de Montero évite les considérations psychologisantes sur la dépression et le besoin de devenir un autre, comme les enfilades de clichés sur la désertification des villages miniers qui tentent de survivre à l’abandon de l’État, en se recroquevillant sur une solidarité devenue nécessaire entre les habitants.
Si on peut lui reprocher des personnages secondaires trop manichéens, La bonne chance demeure un page turner à la bienveillance rafraîchissante, construit comme un conte où le Bien et le Mal s’affrontent sur un territoire délaissé par nos imaginaires modernes. Il propose ainsi une bouffée d’humanité fort agréable et une porte d’entrée modeste dans l’univers d’une romancière attachante.

traduit de l’espagnol par Myriam CHIROUSSE
éd.
Métailié, 2021
274 pages
20 euros

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PELLÉ Emmanuelle (extraits) https://revuedissonances.com/pelle-emmanuelle-extraits/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:04 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5154 DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE ! Une certitude « Elle répète que personne, jamais, n’emprunte cette route. Jamais personne s’entête-t-elle. Jamais et personne étant une vérité de quelques mois à peine. Quelques mois qui lui ont permis de se forger cette certitude à laquelle elle se raccroche au milieu des flashs bleus qui l’aveuglent et des sirènes qui…Lire la suite PELLÉ Emmanuelle (extraits)

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DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE !
Une certitude

« Elle répète que personne, jamais, n’emprunte cette route. Jamais personne s’entête-t-elle. Jamais et personne étant une vérité de quelques mois à peine. Quelques mois qui lui ont permis de se forger cette certitude à laquelle elle se raccroche au milieu des flashs bleus qui l’aveuglent et des sirènes qui l’assourdissent. Elle l’a dit au pompier qui l’a enveloppée dans une couverture de survie, puis à un autre, à moins qu’il ne se soit agi du même, qui l’a accompagnée jusqu’à l’ambulance, puis aux ambulanciers, que jamais personne n’emprunte cette route. Elle qui conduit depuis vingt mois, elle qui passe là depuis près de douze pour rejoindre son chéri comme elle dit, a acquis cette certitude, jamais personne n’emprunte la route qui coupe la sienne. Elle a dit un jour à son chéri je pourrais traverser ce carrefour les yeux fermés, et un autre jour elle a affirmé que ce carrefour est comme un exercice d’auto-école. Un exercice pour apprendre à respecter les règles de la route juste parce qu’elles existent. Un de ces lieux qu’affectionnent les moniteurs et qui lui ont vite fait penser que conduire est une forme d’obéissance avant d’être une liberté. Elle qui est du genre obéissante, elle l’a vraiment marqué, au début, ce stop, mais… »

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GRACIANO Marc | Johanne https://revuedissonances.com/graciano-marc-johanne/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:04 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5141 Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Johanne de Marc GRACIANO DISSONANCES #42 Je bute au bout du livre mais Johanne poursuit : je la regarde aller dans la « lumière noëlle » qui me renvoie à celle d’il y a trois cents pages (en treize chapitres et phrases de pure fluidité) quand elle m’est apparue, toute « Johannette » encore mais déjà…Lire la suite GRACIANO Marc | Johanne

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Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Johanne de Marc GRACIANO
DISSONANCES #42

Je bute au bout du livre mais Johanne poursuit : je la regarde aller dans la « lumière noëlle » qui me renvoie à celle d’il y a trois cents pages (en treize chapitres et phrases de pure fluidité) quand elle m’est apparue, toute « Johannette » encore mais déjà sûre d’elle, juste avant le déclic puis toutes les aventures (les nuits à chevaucher dans le froid et la peur, le monde sauvage encore, les rêves, les horreurs, les rencontres nombreuses, décisives, merveilleuses…) et je prends la mesure de ce que j’ai vécu comme en rêve éveillé (dix jours fin février 1429 auprès de Jeanne d’Arc) et me dis une fois de plus que Graciano est grand et sa langue magique dont les arborescences et circonvolutions richement enchâssées de mots rares et beaux, en constant chatoiement, envoûtent (hypnotisent), font voir et ressentir (donc vivre) du dedans… mais on peut dire cela (et beaucoup d’autres choses) des sept livres d’avant : ce qui est nouveau ici, c’est que la pureté n’y est nullement souillée (elle le sera bien sûr – tout le monde le sait – mais seulement après), c’est que deux controverses (l’une théologique et l’autre politique – toutes deux de haut vol et grande actualité) ancrent splendidement le discours poétique dans le champ des idées, c’est que la dévotion de l’enfant-narrateur pour l’enfant «  folle-en-Dieu » illumine son récit (qui baigne dans sa lumière) en toute sensualité («  et l’odeur de Johanne était devenue poivrée et enivrante en ces jours qu’elle eut ses fleurs, et bien des fois je rêvais de passer la tête sous sa cotte de laine verte, afin de mieux l’odorer »). Bref une fois encore ce Graciano ravit, éblouit, et surprend. Et donc impatiemment (et même plus que ça !) j’espère le suivant.

éd. Le Tripode, 2022
304 pages
20 euros

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FREDAIGUE Côme (extraits) https://revuedissonances.com/fredaigue-come-extraits/ Wed, 27 Apr 2022 16:00:01 +0000 https://revuedissonances.com/?p=5069 DISSONANCES #42 | DYSCHRONIE Hiver 2021 « 1er septembre : Je commence cette dyschronie sous le signe de la procrastination : je vais me coucher, on verra ça demain. 6 septembre : Après la laïcité positive et la laïcité ouverte, voici la laïcité bisounours. Belle campagne de com à destination des élèves de France. Il y est question de…Lire la suite FREDAIGUE Côme (extraits)

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DISSONANCES #42 | DYSCHRONIE
Hiver 2021

« 1er septembre : Je commence cette dyschronie sous le signe de la procrastination : je vais me coucher, on verra ça demain.

6 septembre : Après la laïcité positive et la laïcité ouverte, voici la laïcité bisounours. Belle campagne de com à destination des élèves de France. Il y est question de tout sauf de religion, de liberté de penser ou de neutralité de l’État. Notons quand même que Naïma et Elyjah sont gentiment priés de s’intégrer sans faire chier. C’est ça la laïcité ?

7 septembre : Je décline poliment l’invitation à une réunion : « J’peux pas j’ai chronique ». Ce soir je dissone et m’adonne à l’écriture crapuleuse.

17 septembre : Viens de finir le deuxième livre du sublime Jérusalem d’Alan Moore. Roman total réconciliant culture populaire et littérature classique pour narrer un voyage spatio-temporel aussi métaphysique que déjanté dans les rues de Northampton. Hâte de… »

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DIOUF Penda | Pistes… suivi de Sutures https://revuedissonances.com/diouf-penda-pistes-suivi-de-sutures/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:58 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4967 Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour Pistes… suivi de Sutures de Penda DIOUF DISSONANCES #41 « Je me rends compte ce jour-là de ce que je suis au regard des autres : un déguisement. » Penda Diouf passe son enfance et son adolescence dans des villes moyennes de province. Solitaire, mais pas par choix, elle subit la bêtise et l’ignorance,…Lire la suite DIOUF Penda | Pistes… suivi de Sutures

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Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour Pistes… suivi de Sutures de Penda DIOUF
DISSONANCES #41

« Je me rends compte ce jour-là de ce que je suis au regard des autres : un déguisement. » Penda Diouf passe son enfance et son adolescence dans des villes moyennes de province. Solitaire, mais pas par choix, elle subit la bêtise et l’ignorance, de ses camarades, de ses enseignants. Car Penda a la peau noire au milieu d’un océan de peaux blanches. Avec finesse, elle ausculte les traumatismes de cette enfance et déroule le fil du chemin parcouru. Comment se construire et où aller, quelles pistes suivre ? Celles du terrain d’athlétisme ou, en amoureuse de Jane Eyre, les chemins boueux menant à Thornfield-Hall ? « Te souviens-tu des dunes de Namibie et du roulis du sable sur leur flanc ? » Mais les pistes se dérobent sous ses pieds, et c’est en Namibie qu’elle part essayer de retrouver sa route. Et la Namibie à la beauté minérale cache une Histoire sombre et méconnue. Dans une langue faussement simple, directe, qui coule comme les grains de sable sur la dune, Penda Diouf ausculte, exhume, tisse, raconte l’Histoire de ces peuples martyrs, les Héréros et les Namas, massacrés par une Allemagne pas encore nazie mais qui affinait déjà ses techniques génocidaires. Dans ce pays étranger, Penda Diouf est toujours à part : sa peau est noire mais elle est une touriste au pouvoir d’achat occidental. Alors : se perdre pour mieux seconstruire ? Le texte, patchwork d’histoires, kaléidoscope de souvenirs, tisse sa toile autour du lecteur dans un assemblage complexe et toujours passionnant. On y apprend beaucoup, on y réfléchit aussi, porté par cette approche à la fois intime et sensible, et juste, et percutante : « Et remonter le fil… »

éd. Quartett, 2021
96 pages
11 euros

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COLLECTIF | Lettres aux jeunes poétesses https://revuedissonances.com/collectif-lettres-aux-jeunes-poetesses/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:58 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4942 Coup-de-cœur de Justine ARNAL pour Lettres aux jeunes poétesses (ouvrage collectif) DISSONANCES #41 Aux origines de ce recueil épistolaire, deux questions posées par Aurélie Olivier – autrice et programmatrice de festivals hybrides et hors-normes – à 21 poétesses francophones d’aujourd’hui : « Qu’auriez-vous envie d’écrire à un.e jeune poéte.sse ? Qu’auriez-vous aimé qu’on vous écrive lorsque vous étiez…Lire la suite COLLECTIF | Lettres aux jeunes poétesses

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Coup-de-cœur de Justine ARNAL pour Lettres aux jeunes poétesses (ouvrage collectif)
DISSONANCES #41

Aux origines de ce recueil épistolaire, deux questions posées par Aurélie Olivier – autrice et programmatrice de festivals hybrides et hors-normes – à 21 poétesses francophones d’aujourd’hui : « Qu’auriez-vous envie d’écrire à un.e jeune poéte.sse ? Qu’auriez-vous aimé qu’on vous écrive lorsque vous étiez vous-même un.e jeune poéte.sse ? » Quoi de mieux que la lettre comme cadre commun pour pouvoir rendre compte de la double adresse offerte par ces deux questions ? « Ce que je t’écris est ce que je m’écris. Je ne sais pas qui tu es, m’écriras-tu à ton tour une lettre ? J’ai le désir d’un nous, nous de rituels, d’engeances et de pertes, d’un nous sans âge, sans corps même. » écrit Milady Renoir – avant de laisser ses coordonnées. Ce que la double adresse permet : briser les verticalités. Comment les transmissions circulent-elles ? Liliane Giraudon : «  Sans partenaire, les dauphins se branlent contre un corail. Alors pour ce qui serait de l’absence de partenaire-lecteur, on peut toujours trouver des solutions. » Lettres aux jeunes poétesses réunit une communauté armée et démunie, grave et onirique, drôle et pragmatique, pour un sabbat de Shéhérazades aux prises avec un corps aux mille et une réalités : écrire. Fantasmes dépecés, conseils dévissés plutôt que donnés, sans unisson : nos 21 poétesses disent toutes ce que cela sauve, remue, déplace, transforme, manque, retire, de s’atteler à (se) dire. Comment prendre langue permet de prendre corps, aussi : « Ce qu’écrire nous fait ? Ça nous tue : en beauté. Sans doute est-il là, le partage. Dans ce qu’écrire griffe à (la) mort. Savoir que tu es là, que toi aussi tu fais l’écart, bien sûr que cela sauve… » (Edith Azam)

éd. L’Arche, 2021
144 pages
15 euros

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GUÉGAN Marie-Anaïs (extraits) https://revuedissonances.com/guegan-marie-anais-extraits/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:54 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4845 DISSONANCES #41 | OPIUM Au bois « Il n’y a pas d’élans, au bois. D’élans il n’y a pas. Il n’y a pas d’élans, mais il y a de l’opium ; de fortes quantités. Il y a des légendes. On court, enfants et femmes, derrière des images, derrière Les fleurs que nos pieds foulent et broient. Nos…Lire la suite GUÉGAN Marie-Anaïs (extraits)

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DISSONANCES #41 | OPIUM
Au bois

« Il n’y a pas d’élans, au bois. D’élans il n’y a pas.
Il n’y a pas d’élans, mais il y a de l’opium ; de fortes quantités.
Il y a des légendes. On court, enfants et femmes, derrière des images, derrière
Les fleurs que nos pieds foulent et broient. Nos pieds foulent et broient les tiges et les
Pétales, donc les fleurs exsudent un lait : du latex, brouillé, qu’on sèche, d’une couleur épaisse.
Il n’y a pas d’élans au bois, pas plus qu’il n’y a de place pour le rêve, même s’il y a des légendes. Il y a
Des enfants qui courent, et il y a des femmes qui foulent au pied toutes les fleurs : pavots, longs pétales blonds
Tombés à leurs pieds, et ce que je ne dis pas, c’est le lait, la crème du pavot dans les bois où l’on rêve.
Il n’y a pas d’élans, pas plus qu’il n’existe de fées, les farfadets ont quitté les fourrés, et moi je
Récolte du lait de pavot. Je marche, centrée parmi le brouhaha ; j’ai dans les mains un tout
Petit panier, tissé. Je marche et je balance les bras, je contourne les corps tombés
Des femmes qui couraient, je ramasse les… »

 

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BOUDINA Jonathan (extraits) https://revuedissonances.com/boudina-jonathan-extraits/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:54 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4374 DISSONANCES #41 | OPIUM Deknop « IZALGI 500mg/25mg gélule / (paracétamol, poudre d’opium) / est une nouvelle spécialité / antalgique de / palier 2, indiquée / chez l’enfant à partir de / 15 ans et chez l’adulte, dans le / traitement de la douleur / aiguë / modérée / intense, en cas / d’échec / des…Lire la suite BOUDINA Jonathan (extraits)

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DISSONANCES #41 | OPIUM
Deknop

« IZALGI 500mg/25mg gélule / (paracétamol, poudre d’opium) / est une nouvelle spécialité / antalgique de / palier 2, indiquée / chez l’enfant à partir de / 15 ans et chez l’adulte, dans le / traitement de la douleur / aiguë / modérée / intense, en cas / d’échec / des antalgiques de palier 1. / (…)

poudre d’opium, comme si, timidement, par le détour des ordonnances et des pharmacies ou, plutôt, plus justement ici, des officines oui, pour revenir au langage meurtrier des années 1900, la substance morphétique pouvait resurgir.

article 2 loi février 1916 : punis d’un emprisonnement de trois mois à deux ans et d’une amende de mille à dix mille francs ou de l’une de ces deux peines seulement, ceux qui auront contrevenu aux dispositions de ce règlement concernant les stupéfiants tels que : opium brut et officinal ; extraits d’opium ; morphine et autres alcaloïdes de l’opium

Modeste cet opium, diminué, remboursé, institutionnel si l’on… »

DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Affection exonérante

« Tu reçois un matin le diagnostic et tu dévales, dévales, dévales – tu avaleras, plus tard, ce seront des comprimés, une posologie stricte. Tu deviens un autre, TDAH, on te dit, c’est une baguette magique et tu lis Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH ; en anglais : attention-deficit hyperactivity disorder, ADHD) est un trouble du neurodéveloppement caractérisé par trois types de symptômes pouvant se manifester seuls ou combinés : des difficul

À ce que tu pressens du mot, des effets de ce mot, tu stoppes la lecture, tu sens que quelque chose trop définitivement en toi serait changé, condamné, emmuré si tu allais au bout, si tu te menais jusque là.

Le vertige,

déjà,

que ça donne,

l’envie de… »

 

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LE GOLVAN Nicolas (extraits) https://revuedissonances.com/le-golvan-nicolas/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:53 +0000 http://revuedissonances.com/?p=638 DISSONANCES #41 | OPIUM Papavérine « Poésie garantie sans opium, 0 1 poésie propre au fumet javélique 2 poésie de sanatorium lucide écriture en ligne claire, blanche à priser, 3 écrire pur à la soude caustique, 4 poésie de pressing à la chaux vive, 5 pleine santé mais pas poésie vapotée à l’opium, non, dégueulasse sauf…Lire la suite LE GOLVAN Nicolas (extraits)

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DISSONANCES #41
| OPIUM
Papavérine

« Poésie garantie sans opium, 0
1 poésie propre au fumet javélique
2 poésie de sanatorium lucide
écriture en ligne claire, blanche à priser, 3
écrire pur à la soude caustique, 4
poésie de pressing à la chaux vive, 5 pleine santé
mais pas poésie vapotée à l’opium, non, dégueulasse
sauf à… »

DISSONANCES #35 | DI(S)GRESSION
Repp avec Lacan

« Certains osent tout, entre dicton populaire et mot d’Audiard : on me reconnaîtra. Mais quoi, tout bien considéré, ça se pourrait bien, et même sans rire, que Repp et Lacan nous délivrent le même message. Pierre Repp, le comique bafouilleur et bégayeur, fantôme fragile et attachant des postes de télé de la deuxième moitié du XXe siècle, avec le maître Jacques, analyste prodigieux, causeur inimitable, hantant la pensée actuelle entre religion et abjection. « Repp avec Lacan » ; je singe ici le texte lacanien « Kant avec Sade » (d’emblée aussi improbable), suprêmement démonté par le philosophe Dany-Robert Dufour dans La Cité perverse. Car je soutiens que la télé a fait plus qu’on penserait pour la culture populaire. Aujourd’hui, Repp n’est qu’un souvenir de niche, mais ceux qui l’auront croisé au meilleur de son art n’oublieront jamais cette expérience catastrophique du langage et cette silhouette d’excuse : menu bonhomme moustachu à l’incroyable coiffure en casque. Faire rire avec le malaise, le handicap, incarner à ce point le symptôme bafouillant, ce serait bien révéler notre nature d’être parlant, et fondamentalement mal parlant. En clair, Repp (avec Lacan) nous rappelle qu’on ne parvient jamais à dire vraiment ce qu’… »

DISSONANCES #28 | AILLEURS
Béranasi
« C’était le premier jour à Vârânasî, ce Bénarès éveillé, pour quelques heures encore Bénarès. Il n’était que dix heures et nous prenions acte de la chaleur assommante comme un gage attendu au jeu du voyage. Pierre faisait l’intrépide, Florence reprenait ses marques, un peu d’élan, voilà, c’était maintenant. Nous avions de suite loué une barque avec chauffeur pour partir à l’assaut du Gange, nous tenions notre plus vieux pari pour cinq cents roupies plus une rallonge, la caisse commune dégorgeait, on négocierait mieux demain, promesse tenue.
Le spectacle allait commencer, un son-et-lumière de plein jour. Le bateau ne semblait pas prendre l’eau tant que ça, nos fesses s’étaient calées sur les planches du moins sèches, personne ne se sentait autorisé à bouger, à peine percevait-on le moteur du Canon de Flo dans le silence… Ici, les belles lavandières sont des hommes ligneux qui essorent le linge en hélicoptère au-dessus de leur tête ; ils frappent la pierre plate, ânonnent, éclaboussent. Nadège avait eu son baptême indien, on s’était un peu trop approché, déjà. Non, l’instruction changeait tout du ressenti, le bon sens surtout. Je lui avais tendu mon paquet en singeant la douleur. Après s’être… »

DISSONANCES #27 | ORGASMES
Something’s got to give

« – Tu savais que mon père a couché avec Marilyn ?
– Pardon ?
– Oui, Marilyn !
– C’est qui, sa coiffeuse ?
– Monroe, enfin !
– Ton père ? Misère…
– Non ! Je t’assure ! Tu sais bien que, les dernières années, elle couchait avec le premier péquenaud un peu entreprenant !
– C’est sûr qu’elle était chargée. Pauvre enfant…
– Et ce n’importe qui, ce figurant du réel, eh bien, ça a été lui, Papa ! Un hasard terrible, foudroyant ! Imagine ! Un homme aussi neutre que mon père, qui, une fois, une seule, presque par inadvertance, et pour la dernière, croit reconnaître dans une apparition le dos de cette bombasse ! On est en avril 62, elle fait un passage pulsionnel à… »

DISSONANCES #24 | LE MAL
Primal
« Le roi des poules accueille Niat, le nouvel ambassadeur turc en transit jusqu’à destruction intégrale du F5, bâtiment F, escalier 2, le Clos ; un résumé d’évolution qui communique d’emblée au lancer de caillou. Peu de main d’œuvre aura suffit à faire acte de civilisation. Les vingt nuits suivantes sont toutes consacrées à la satisfaction du colon.
Le roi des poules ausculte Garabit, une abréviation de fille dont le véritable nom est touché d’oubli, une étoile à cinq branches tendue, tenue ferme à quatre. Là des pressions de nichons, un gros fourré de poils senti, une dinde pour la voix. L’anatomiste la porterait presque au doigt ; d’une grosse bague tournante, une marionnette avachie, sans rideau qu’un peu d’herbe haute du champ de foot à jamais jamais tondu. Tout cela se ferait à blanc si elle ne bavait pas mal. Le roi des poules ne s’en mord pas vraiment le doigt ; il rapatrie en bouche : il invente l’œnologie.
Des chiens rôdent autour du roi des poules. Des loups abâtardis, sveltes, avec de longues pattes en sous-emploi qui sautillent, qui patientent, qui l’enjamberont dès que sifflés par le maître jamais vu, couché derrière le volet métallique de sa… »

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GOIRI Jean-Claude | Tectonique de l’aube https://revuedissonances.com/goiri-jean-claude-tectonique-de-laube/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:49 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4975 Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Tectonique de l’aube de Jean-Claude GOIRI DISSONANCES #41 Dans ce nouvel opus, il s’agit, à l’aide de la langue entendue comme corde, sangle ou rappel, de descendre dans ses failles les plus profondes afin d’en explorer les tremblements, les glissements, les subductions. Quand l’être menace de se rompre et qu’on…Lire la suite GOIRI Jean-Claude | Tectonique de l’aube

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Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Tectonique de l’aube de Jean-Claude GOIRI
DISSONANCES #41

Dans ce nouvel opus, il s’agit, à l’aide de la langue entendue comme corde, sangle ou rappel, de descendre dans ses failles les plus profondes afin d’en explorer les tremblements, les glissements, les subductions. Quand l’être menace de se rompre et qu’on a l’écriture rivée au corps, sa tectonique en appelle à toutes les mesures d’extraction des blocs. « C’est en traitant [le mot] dans son plus simple appareil que tu pourras construire la nécropole de cette monstruosité qui t’agrippe ». Becket, Juliet, la femme, la fille, je, tu, il, le grand Autre – toutes instances convoquées pour attester ce paradoxe : «  pour savoir vivre il faut s’être identifié durablement à la mort ». Le narrateur poète est à la fois le minéral et l’excavatrice ; il s’expulse pour se redensifier. Il explore sa carrière, avec force et minutie, désarroi et tendresse. Il doit ressaisir le monde qui se détache, s’inscrire littéralement dans le moindre de ses interstices : « figé dans la lumière / hormis les yeux, la langue / qui pousse vers le creux ». L’écriture, intermittente et dense mais sans cesse aux aguets, perfuse la vie dans la mort et, accrochée à sa propre extrémité, tente l’incroyable dont seule la littérature est capable : s’aliéner à sa propre liberté en interagissant avec toutes les formes de l’autre, fussent-elles des pans de soi qui dérivent. La perception du moi dans son altérité élabore comme une mystique immanente, propre à faire de la distance à soi une supraconscience salutaire. Il est enrichissant de lire Goiri qui toujours va à l’essentiel, ne se perdant jamais dans la babiole auto-fictive. Aussi la littérature devient-elle parfois « plus vraie que sa propre chair et que les os des autres ».

éd. Tarmac, 2021
60 pages
10 euros

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LOSSEC Romain (extraits) https://revuedissonances.com/lossec-romain-extraits/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:49 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4763 DISSONANCES #41 | OPIUM Schumpeter dans le cendrier « « ça c’est certain que Schumpeter avait raison » m’as-tu dit alors que tes cours d’économie de première année te remontaient dans la gorge en même temps que la fumée visqueuse faisait son trajet habituel dans le réseau très serré de tes bronches ; va comprendre pourquoi c’était toujours ça…Lire la suite LOSSEC Romain (extraits)

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DISSONANCES #41 | OPIUM
Schumpeter dans le cendrier

« « ça c’est certain que Schumpeter avait raison » m’as-tu dit alors que tes cours d’économie de première année te remontaient dans la gorge en même temps que la fumée visqueuse faisait son trajet habituel dans le réseau très serré de tes bronches ;

va comprendre pourquoi c’était toujours ça les premiers effets pour toi : une remontée gastrique de connaissances négligées, de vieux cours appris par cœur une veille d’examen, connaissances que tu vomissais sur moi alors que nous étions tous deux allongés sur le tapis noir de ton appartement ;

moi, je cessais très vite de bouger, ou alors ce n’était que des mouvements amples et lents qui me faisait ressembler (j’imagine) à un amateur maladroit de taï-chi ou à un danseur mis en scène par une chorégraphe danoise pour un ballet diffusé sur ARTE après une heure du matin ;

mais ce soir-là il n’était pas question que je t’écoute une… »

DISSONANCES #40 | CONFLITS
Diplomatie

« avec M.A. nous avons, depuis longtemps, épuisé tous les motifs de dispute possible ;

c’est-à-dire que le territoire classiquement réservé à la lutte a été totalement balisé, qu’il ne reste plus d’espaces vierges dans le domaine normal de la querelle, du combat ;

un soir d’ivresse où nous explorions les régions frontalières de la guerre en nous fracassant mutuellement le crâne, je compris, entre deux hématomes, qu’il est nécessaire pour entretenir de bonnes relations amicales, des liens durables, de sortir de ces oppositions ordinaires qui font le sel des amitiés de basse facture ;

j’entends par là, toutes discussions concernant la politique, l’esthétique, le rôle de l’argent dans une vie bien établie, les questions épineuses concernant l’assaisonnement des plats, la fabrication d’objets livrés en kit telle qu’une étagère (durant un déménagement par exemple), la répartition de la parole dans une soirée arrosée, les questions sociétales de… »

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DISSO #41 : Christophe ESNAULT https://revuedissonances.com/disso-41-christophe-esnault/ https://revuedissonances.com/disso-41-christophe-esnault/#comments Sat, 09 Oct 2021 11:00:47 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4895 Extrait de l’entretien avec Christophe ESNAULT publié dans DISSONANCES #41     Christophe ESNAULT (petit) Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors, « malgré » ou « à propos de » ? J’écris depuis le lieu de mon assassinat, et plus sûrement de celui de mes plus beaux éclats de rire. Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?…Lire la suite DISSO #41 : Christophe ESNAULT

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Extrait de l’entretien avec Christophe ESNAULT publié dans DISSONANCES #41

    Christophe ESNAULT (petit)

Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors, « malgré » ou « à propos de » ?
J’écris depuis le lieu de mon assassinat, et plus sûrement de celui de mes plus beaux éclats de rire.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
La contrainte, comme la haine chez Genet, est stimulante (et nécessaire).

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Après 18h (avant, c’est le cachot salarié), je lis les livres – parfois allongé dans l’herbe et près de la rivière (au bruit de la chute d’eau), sous un arbre et les merveilleux nuages – que je n’aurai plus besoin d’écrire. L’hiver, je ne vois pas le jour et je mange des pâtes sans beurre ni sauce tomate (sans les cuire (y a plus de gaz (je les laisse tremper dans de l’eau chaude))) car j’ai acheté trop
de livres (dèche party).

Qui est votre premier lecteur ?
Je ne donne pas leurs noms, ces êtres me sont trop chers. S’il fallait être honnête (ce qui n’est pas utile), j’en ferais l’aveu : ce sont eux qui écrivent mes livres.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Celui qui vous dit : « On y est presque, il reste deux mois de travail de réécriture et de retouches pour dégraisser le bidule, ensuite je relis sous psilocybes, je te fais des suggestions au plus près
du texte, tu y passes trois mois de plus et je refais la dernière lecture avant l’envoi à un correcteur pro qui est auteur chez Corti. On n’est pas là pour vendre cinq livres après une pleine page dans Le Matricule, Art Press ou Libé. Je t’emmène chez Emmaüs dimanche, on va te trouver une belle chemise pour ton interview en apesanteur à bord de l’Airbus A310 Zero-G pour le 52 minutes que j’ai initié pour toi auprès d’Arte. »

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
Pour écrire une phrase valable il faut avoir lu 2000(0) livres. Et aussi : quand on croit que le texte est fini, tout commence. Ce n’est pas avec un texte que l’on ouvre les portes d’une maison d’éditions, mais ça peut parfois aider. Montrez vos merveilles à Laurent Collin des éditions Æthalidès pour la collection Freaks. Venez de ma part, vous me remercierez plus tard.

Quelle fut votre première grande émotion de lecteur ?
La pornographie.

Que faut-il lire de vous ?
Les lignes de ma main pour me dire : « Tu n’es pas fini, tu peux encore couler d’autres éditeurs. » Lettre au recours chimique est à 1.67 euro chez Rakuten et personne n’en veut, mais si je m’immole devant Radio France, je sens que ça peut activer la vente. Ai vraiment tout donné quand j’ai écrit Au-dessous du volcan et Les carnets du sous-sol.

Votre ego d’écrivain vous gêne-t-il pour marcher ?
Je marche beaucoup, nombril face au vent, en pestant contre les vendeurs de romans qui tardent à faire de moi un produit, puisqu’il ne saurait exister plus conséquente consécration littéraire.

Qu’est-ce que la poésie ?
Je préfère nommer un poète qui m’a récemment rendu envieux de son…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #41

BIO

Christophe Esnault est né dans la maison Dissonances, lieu où s’est décidée la première publication d’un de ses textes. Il est co-fondateur avec Lionel Fondeville du projet littéraire, musical et cinématographique Le Manque. Collaborations euphorisantes avec des dizaines d’artistes, musiciens, écrivains, poètes… 5 albums dont 20e fan et Nichon chaton (la compil) chez La Souterraine. 200 films sur YouTube dont Œdipe casserole, Je veux un enfant médiocre, Ce qu’il reste à détruire, Le mort du jour.

BIBLIO (HIVER 2021)

Mollo sur la win (avec L. Fondeville – éd. Le cactus inébranlable, 2021)
Lettre au recours chimique (éd. Æthalidès, 2021)
L’enfant poisson-chat (éd. Publie.net, 2020)
Poète né (éd. Conspiration, 2020)
Ville ou jouir et autres textes navrants (éd. Louise Bottu, 2020)
Mordre l’essentiel (éd. Tinbad, 2018)
Mythologie personnelle (éd. Tinbad, 2016)
Correspondance avec l’ennemi (éd. Les doigts dans la prose, 2015)
Isabelle à m’en disloquer (éd. Les doigts dans la prose, 2011)

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https://revuedissonances.com/disso-41-christophe-esnault/feed/ 1 4895
MOREL DARLEUX Corinne | Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce https://revuedissonances.com/morel-darleux-corinne-plutot-couler-en-beaute-que-flotter-sans-grace/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:46 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4962 Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce de Corinne MOREL DARLEUX DISSONANCES #41 Journal de la mer et de la montagne retrouvées, éloge des derniers refuges épargnés par les comptes à rebours, le conformisme, la compétition, le récit prend appui sur l’aventure du navigateur Bernard Moitessier, héraut du refus de…Lire la suite MOREL DARLEUX Corinne | Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce

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Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce de Corinne MOREL DARLEUX
DISSONANCES #41

Journal de la mer et de la montagne retrouvées, éloge des derniers refuges épargnés par les comptes à rebours, le conformisme, la compétition, le récit prend appui sur l’aventure du navigateur Bernard Moitessier, héraut du refus de parvenir depuis ce jour de 1969 où il décida de ne pas aller au bout de la première course de vitesse en solitaire autour du monde, et de ne pas remporter une victoire pourtant acquise pour échapper aux « faux dieux de l’Occident […] qui nous mangent le foie, nous sucent la moelle. » Après une thèse sur la notion de réussite chez les entrepreneurs et une carrière prometteuse dans un cabinet de conseil parisien, Corinne Morel Darleux a choisi à son tour de tout plaquer pour s’accorder le temps de la contemplation, à l’image d’un marin qui, en se délestant du superflu, gagne en équilibre et en sérénité. « Nous avons besoin pour cela de pieds nus dans la boue, de morsures du soleil, de parfums d’altitude, de piqûres d’orties et de caresses de prairies, du rouge des coquelicots, de sifflets de train et de roulements de tonnerre dans un cirque alpin. » Sans nier l’imminence de la catastrophe (écologique, sociale, éthique) à laquelle nous assistons et participons, cet essai sous-titré Réflexions sur l’effondrement revendique que la lutte, par sa grandeur, porte en elle une part de succès, aussi incertains soient-ils. « La dignité du présent est ce qu’il nous reste de plus sûr face à l’improbabilité de victoires futures, de plus en plus hypothétiques au fur et à mesure que notre civilisation sombre. C’est une manière de faire de nécessité vertu et de ne pas tout perdre à la fin – ou si l’on gagne in fine, de le faire bien. »

éd. Libertalia, 2019
108 pages
10 euros

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LOVERA VITALI Corinne | Coupe-le https://revuedissonances.com/lovera-vitali-corinne-coupe-le/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:45 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4958 Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Coupe-le de Corinne LOVERA VITALI DISSONANCES #41 Je n’ai jamais rencontré CLV en vrai (ça aurait dû se faire il y a quelques années pendant un festival d’arts et de poésie où elle était invitée (nous y avions rendez-vous) mais la miss est si libre (ou ingérable (ou folle)) qu’elle…Lire la suite LOVERA VITALI Corinne | Coupe-le

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Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Coupe-le de Corinne LOVERA VITALI
DISSONANCES #41

Je n’ai jamais rencontré CLV en vrai (ça aurait dû se faire il y a quelques années pendant un festival d’arts et de poésie où elle était invitée (nous y avions rendez-vous) mais la miss est si libre (ou ingérable (ou folle)) qu’elle s’en est fait virer (carrément) avant que nous nous voyions). Pourtant j’ai l’impression de la connaître mieux que bien de mes amis. C’est que ce qu’elle écrit (pour ce que j’en ai lu) est d’une intimité et d’une urgence telles que la lire c’est la vivre parce que c’est également être happé/emporté par le flux impérieux d’une langue/torrent dont on sent à chaque ligne l’immense sincérité : CLV c’est la vie – la sienne comme la nôtre – tragique et magnifique, déballée toute crue, à fond, sans aucune frime, pour mieux l’exorciser. Et ici une fois de plus où elle chante de l’amour comme issue fusionnelle au vide existentiel l’impossibilité : Coupe-le c’est couple coupé, et le tiret fatal c’est le fossé profond (infranchissable en fait) entre l’autre et moi-même, qui fait que quoi que je fasse, quelle qu’en soit la raison, « je ne peux fréquenter personne homme ou femme durablement je ne peux être à deux qu’avec les animaux » et s’il y a bien le sexe (qui est partout ici : « on s’accouple dès qu’on peut on le fait comme des bonobos mais qui n’essaieraient ni de résoudre un conflit ni de l’éviter par routine de la pénétration qui en vaut une autre ») ce que CLV nous dit à sa façon foutraque, hantée et inspirée, c’est qu’il nous faut comprendre (intégrer, assumer) que c’est avec soi-même (« le sens de mon inconscient et la logique de mes hormones ») qu’au fond il faut traiter. Bref c’est encore une fois un moment de vérité. Et de toute beauté.

éd. MF, 2021
108 pages
15 euros

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FIOLOF Frédéric | La magie dans les villes https://revuedissonances.com/fiolof-frederic-la-magie-dans-les-villes/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:43 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4970 Coup-de-cœur d’Antoinette BOIS DE CHESNE pour La magie dans les villes de Frédéric FIOLOF DISSONANCES #41 Chez Frédéric Fiolof, c’est fait de bric et de broc, de moments ramassés, longtemps caressés au fond des poches, retrouvés tombés d’une veste mal rangée, galets lisses et plats qui ricochent dans la succession de récits qui composent le…Lire la suite FIOLOF Frédéric | La magie dans les villes

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Coup-de-cœur d’Antoinette BOIS DE CHESNE pour La magie dans les villes de Frédéric FIOLOF
DISSONANCES #41

Chez Frédéric Fiolof, c’est fait de bric et de broc, de moments ramassés, longtemps caressés au fond des poches, retrouvés tombés d’une veste mal rangée, galets lisses et plats qui ricochent dans la succession de récits qui composent le recueil. Et ça tombe bien : « C’est un peu magique ces cercles parfaits que dessine autour d’elle une pierre lancée dans l’eau. Même les yeux fermés, on atteint toujours sa cible. » Chaque fragment est d’une justesse inattendue.
En exergue au livre, une citation de Michaux, clin d’oeil qui se prolonge via le narrateur, ce « il » jamais nommé, proche cousin de Plume, qui ne cesse d’être embarrassé par son quotidien, surpris par lui-même, effaré du réel, saisi par la magie des mots, étonné de ses proches, les vivants comme les morts.
On y croise également une vieille fée fatiguée qui peine à réaliser les voeux, un ange intermittent, présent entre deux quintes de toux, le ventre de la baleine, sans oublier les fantômes et les écrivains ici et là. La ville se glisse entre les pages, en coups de vent. Mais ses rues arpentées dont il faut arroser les « chagrins asséchés » n’ont d’intérêt que par leurs habitants : « Le malheur et le bonheur des autres, ça l’intéresse. Et c’est ainsi que souvent, il se rattrape en chemin, surpris de se rendre les égards qu’il se doit. »
Ce sont des pages à déguster le matin pour laver nos regards aux guingois des marées intérieures, guidés par cette haute tendresse des interstices qui détricotent nos certitudes avec une mélancolie nécessaire : « Il n’y aura bientôt plus de tristesse dans sa main, et il a peur que le monde prenne froid. »

éd. Quidam, 2016
103 pages
12 euros

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LARTAULT Isabelle (extraits) https://revuedissonances.com/lartault-isabelle-extraits/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:38 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4752 DISSONANCES #41 | DI(S)GRESSION « Éternelles dans le transitoire » (quelques œuvres durables) « Se choisir un bâton bien droit pour marcher. Faire rebondir une pierre lancée au raz de l’eau. Sentir le parfum des fleurs rencontrées sur son chemin. Attendre sans bouger que le soleil se lève ou se couche… De toute éternité, de façon naturelle, certaines attitudes ou…Lire la suite LARTAULT Isabelle (extraits)

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DISSONANCES #41 | DI(S)GRESSION
« Éternelles dans le transitoire » (quelques œuvres durables)
« Se choisir un bâton bien droit pour marcher. Faire rebondir une pierre lancée au raz de l’eau. Sentir le parfum des fleurs rencontrées sur son chemin. Attendre sans bouger que le soleil se lève ou se couche… De toute éternité, de façon naturelle, certaines attitudes ou actions, certains gestes semblent se perpétuer. Tous les enfants les reproduisent quand les adultes, souvent, les laissent sombrer dans l’oubli.

Vous avez vu l’exposition ?
Qu’est-ce qu’il y a à voir ?
Vous avez vu ?
On ne voit rien.

On peut apercevoir des phrases, descriptives et brèves, peintes sur des murs. Apercevoir de simples dates inscrites au centre de toiles, toutes de dimensions identiques. Apercevoir des unités de mesure de différentes dimensions sur table ou sous vitrine. Apercevoir des… »

DISSONANCES #40 | CONFLITS
(X) capables de

« (X) capables de s’accrocher auX murs grâce à des griffes rétractiles, que les murs se sont multipliés ces dernières années, qu’un mur est un ouvrage de maçonnerie s’élevant verticalement sur n’importe quelle longueur servant à enclore, à séparer des espaces et à supporter une poussée, que d’un bout à l’autre, la terre mesure 40 000 kilomètres, soit l’équivalent de tous les murs, clôtures et barrières frontaliers mis bout à bout, que depuis la chute du mur de Berlin beaucoup d’autres se sont dressés y compris autour de lotissements privés qui s’entourent de fossés végétalisés, de grillages ou d’enceintes gardés par des hommes armés, qu’après la chute du mur de Berlin des races inconnues de chiens sont apparues, que des morceauX du mur de Berlin sont en vente sur e-Bay, que 81 % des Allemands de l’Est savent que le 9 novembre correspond à la chute du mur de Berlin contre 66 % des Allemands de l’Ouest, qu’un mur d’acier de 84 mètres de long sur 3 mètres de haut a été construit à Padoue afin de séparer des autres habitants les dealers et les immigrés, qu’une clôture de 6 mètres de haut a été élevée pour empêcher les immigrés clandestins de pénétrer dans Melilla, une ville espagnole au Maroc, qu’un… »

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ADELY Emmanuel | La Très Bouleversante Confession de l’homme qui a abattu le plus grand fils de pute que la terre ait porté https://revuedissonances.com/adely-emmanuel-la-tres-bouleversante-confession-de-lhomme-qui-a-abattu-le-plus-grand-fils-de-pute-que-la-terre-ait-porte/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:33 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4901 Regards croisés sur La Très Bouleversante Confession de l’homme qui a abattu le plus grand fils de pute que la terre ait porté d’Emmanuel ADELY DISSONANCES #41 Jean-Marc FLAPP : 100 % adrénaline ! Ce que j’attends en fait de la littérature c’est qu’elle me secoue, me projette hors de moi en une extase telle que je suis vraiment…Lire la suite ADELY Emmanuel | La Très Bouleversante Confession de l’homme qui a abattu le plus grand fils de pute que la terre ait porté

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Regards croisés sur La Très Bouleversante Confession de l’homme qui a abattu le plus grand fils de pute que la terre ait porté d’Emmanuel ADELY
DISSONANCES #41

Jean-Marc FLAPP :
100 % adrénaline !
Ce que j’attends en fait de la littérature c’est qu’elle me secoue, me projette hors de moi en une extase telle que je suis vraiment ailleurs (que je deviens vraiment autre) le temps de la lecture. Ce n’est bien sûr pas courant. Et c’est même très rare quand c’est avec la force (la puissance de frappe) de cette Confession (bouleversante en effet) qui m’a catapulté dès la première phrase – par l’effet sidérant d’une langue lance-flammes déchargeant en rafales quasi stroboscopiques sensations et pensées – dans la peau et la tête sur-testostéronées de chacun des vingt-trois membres «  tatoués aussi solides aussi virils aussi beaux aussi vigoureux aussi terriblement esthétiques aussi à faire craquer les filles et les pédés » du commando US (« Les Meilleurs des Meilleurs – il a dit Obama ») qui, le 2 mai 2011, est allé débusquer Oussama Ben Laden dans son camp retranché et l’y a exécuté. Car c’est bien du dedans – de la pensée (simpliste), du discours (véhément), des phantasmes (machistes) et des actions (extrêmes) – que l’on vit la mission (avant / pendant / après) de ces héros modernes qui ont tous (forcément) les caractéristiques de leurs glorieux ancêtres (tels Achille ou Roland de l’Iliade ou la Chanson) à savoir simplement d’être de jeunes mâles débordant d’énergie, pas vraiment très malins, sans aucun état d’âme, et que leur entraînement (leur conditionnement) a métamorphosés (pour leur plus grand bonheur) en machines à tuer de wargame pour de vrai. Bref Adely convoque toute une mythologie et actualise (à fond !) les canons éculés de la poésie épique pour créer une geste hypercontemporaine, délirante et critique, qui est un sacré trip et un vrai coup de maître : « Waouh » donc !

Côme FREDAIGUE :
Dans le crâne du soldat inconnu
Cette épopée post-moderne «  tiré [e] de faits réels » se lit dans la sueur du marine qui a vengé son pays en assassinant «  La Star Numéro Un du Mal » : Ben Laden. Que dire de cet Achille contemporain ? Il est infaillible, « carrément beau », anonyme. Mais, par dessus tout, il n’est pas grec, «  il est Américain ». Et ça s’entend : « Tu vas faire GICLER son sang dans sa Ferrari de métèque tu vas tout niquer c’est parti là c’est parti t’es RAIDE tendu comme une capote ». Le récit tire sa force des clichés avec lesquels il se raconte. La langue est immersive, saturée de testostérone, rythmée comme un flow. Les images stroboscopiques semblent sorties d’un clip de death metal. Si les dieux antiques tiraient les ficelles, ici c’est l’industrie du spectacle qui dicte sa loi. Nos « héros » sont les acteurs chargés d’inscrire le mythe américain dans la réalité, de faire coller le réel à la fiction : « à cet instant du premier pied dehors […] on devient l’image putain on est une image dans des écrans là partout on devient […] cette image ». Quelques fissures se dessinent pourtant dans cette belle réalisation. L’intimité surgit, comme par effraction, laissant entrevoir l’envers du décor, la misère ordinaire d’une Iliade sous Prozac : ces hommes sont arrivés là par accident ou désoeuvrement, ils comblent leurs carences affectives et sexuelles en se shootant à l’adrénaline, trompent la peur et l’ennui comme ils peuvent, sans se poser de question : « C’est les autres qui te permettent de pas réfléchir à ces trucs politiques / simplement faire quelque chose qui te plaît et dont on te dit que c’est juste ». Le film terminé, les héros sortent dans l’anonymat, leur nom (qui a été modifié) n’apparaîtra pas au générique.

Ingrid S. KIM :
Limites du cynisme
Un ovni bien ardu à chroniquer… D’un côté, on a la forme, réussie, un stream of consciouness impeccable, une vraie maîtrise du rythme, un thème borderline qui se prête au jeu de la dichotomie violence/possibles tendresses fulgurantes (« il y a le chien à leurs pieds un malinois beige de cinq ans qui s’appelle Le Caire / comme la ville ») ou ironie décalée (« Le nom de code de ce fils de pute mort est Geronimo […] Bien sûr les Indiens ont protesté contre l’utilisation de du nom de Geronimo pour désigner ce fils de pute soulignant que ça revenait encore à identifier les Indiens à des ennemis et donc à véhiculer une image négative des peuples natifs et que par ailleurs Geronimo était mort d’une pneumonie »). Et puis de l’autre, on a l’impression globale, qui fait de l’intégralité de ces boys un ramassis de crétins racistes, vénaux et libidineux (je n’ai pas compté les occurrences des chattes et autres bites / couilles, ni les diverses érections / masturbations / éjaculations mentionnées, mais si le cœur vous en dit…) Je ne suis pas prude. Mais l’ordure langagière, ça se dose, ça se saupoudre avec art, pour que la brûlure, le choc, fonctionnent. C’est comme le piment : en arrière-bouche, en révélateur, inattendu, c’est magique. À l’excès, ça ôte le goût de tout le reste et ça gâche même le dessert. Et si on trouve ça partout, ça n’a plus rien d’original ou de provocateur. N’est pas Bukowski qui veut. On en retient donc une caricature, certes bien écrite, mais qui hésite entre documentaire réaliste et manifeste antimilitariste au parfum d’antiaméricanisme étroit, qui passe à côté des nuances qui auraient pu la sublimer. Et ça, c’est vraiment, vraiment dommage.

Julie PROUST TANGUY :
Full Metal Grammar
Le projet narratif est certes intéressant : que se passe-t-il dans la tête d’un soldat américain sélectionné pour apporter réparation à son pays outragé ? À quoi ressemble la psyché d’une machine à tuer ? Comment pense un mâle alpha blindé de testostérone, abruti de christian metal et de jeux vidéo ? Comment gère-t-il la pression de devoir éliminer « cet enfoiré-là cet enfoiré de fils de pute qu’ils vont descendre il y a 60 % de chances que ce soit Le Plus Infâme Terroriste de Notre Temps qu’ils aient localisé là au Pakistan à Abbottabad dans une résidence fortifiée un complexe de dingue avec des murs de dix mètres de haut des barbelés des chicanes un vrai camp retranché et même si ça n’est pas / La Star Numéro Un du Mal / c’est un putain de mec important et ça vaut le déplacement » ?
La réponse d’Adely est une accumulation de propositions juxtaposées et de subordonnées
relatives, toutes dénuées de ponctuation, censées mimer le chaos mental de 23 héros modernes oscillant entre service et divertissement (« ils s’exercent à tuer / doucement agilement graphiquement / vingt-trois gars dans la poussière imbriqués séparés transpirant / et c’est carrément beau / comme un clip du groupe Jeu avec sur la gueule les foulards tête de mort qui sont vraiment classes impressionnants c’est carrément beau »).
Si certaines lignes peuvent faire mouche, on se lasse vite de ce dispositif d’écriture répétitif, qui sent davantage l’expérimentation logorrhéique que le flux de conscience halluciné et nerveux.

éd. Actes Sud, 2016
128 pages
6,80 euros

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DISSONANCES #41 OPIUM https://revuedissonances.com/dissonances-41-opium/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:33 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4823 octobre 2021 / 56 pages / 7 euros mise en images : Grégory MAITRE – ÉDITO : CHASSER LE DRAGON On se souvient peut-être de l’émotion causée à l’aimable Paul Guth par le simple mot cuisses (« à cause de ses deux s qui reproduisent le glissement, l’une contre l’autre, des cuisses satinées des femmes »). Moi, tout autant que cuisses (mais…Lire la suite DISSONANCES #41 OPIUM

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octobre 202156 pages / 7 euros
mise en images : Grégory MAITRE

ÉDITO : CHASSER LE DRAGON

On se souvient peut-être de l’émotion causée à l’aimable Paul Guth par le simple mot cuisses (« à cause de ses deux s qui reproduisent le glissement, l’une contre l’autre, des cuisses satinées des femmes »). Moi, tout autant que cuisses (mais bien évidemment pas pour les mêmes raisons), c’est le vocable opium qui me fait voyager : de la Chine millénaire (vision de fumeries où rêvent allongés ses adeptes zombies dans des vapeurs bleutées) à notre Afghanistan retombé il y a peu sous contrôle taliban (champs de pavots immenses dodelinant du bulbe – incisé et suant – sous ciel étincelant), en passant par l’Iran, le Laos, la Thaïlande (Triangle et Croissant d’or : autres formules magiques – tout aussi suggestives que (dans un autre genre) celles de Sister Morphine ou Lady Héroïne qui sont un peu les filles rock’n’roll et chimiques de l’antique pâte brune).

Bref, évoquer l’opium suffit à convoquer toute une mythologie où se mêlent grands espaces et clandestinité, temps anciens et actu, extase et addiction (montées et déchéance), rêve et réalité… C’est à cet exercice que se sont adonnés avec beaucoup de bonheur les autrices et auteurs – grands chasseurs de dragon – dont les textes à suivre constituent le dossier.

Et nous, façon dealers, nous venons vous tenter : une petite dose ? C’est du bon, vous verrez…

Jean-Marc FLAPP

DOSSIER « CRÉATION » : OPIUM

Pascal ARNAUD  : Gin citron dream
« Fais de beaux rêves ! elle me balance du bout du monde / J’ai pas envie de faire de beaux rêves / Je déteste faire des rêves, surtout des beaux / Un mauvais rêve, encore ! c’est qu’un mauvais rêve, ça passe / Mais un beau rêve c’est beau pendant, et ça se… »

Sara BALBI DI BERNARDO  : Joyeux anniversaire
« premier geste de la journée / je prends l’opium / pouce écran pouce lumière / ronds chiffrés carrés couleur / géométrie du bonheur / je scrolle aux portes / du paradis / pouce / ça va tout seul ça coule ça affleure crème liquide / fleuraison nerveuse de la… »

Jean-Christophe BELLEVEAUX : Lijiang, avril 2005
« on ignorait qu’ici on pût encore poser la tête sur l’oreiller de bois, tirer sur le tuyau de bambou / on aspire, on flotte, on se sépare de soi au ralenti / on regarde passer les camions bâchés, la poussière qui retombe, la Chine à l’horizon barré de montagnes / on sirote un… »

Jonathan BOUDINA  : Deknop
« IZALGI 500 mg/25 mg gélule / (paracétamol, poudre d’opium) / est une nouvelle spécialité / antalgique de / palier 2, indiquée / chez l’enfant à partir de / 15 ans et chez l’adulte, dans le / traitement de la douleur / aiguë / modérée / intense, en cas… »

Philippe CAZA : Cléopâtre, l’ours et Sarah
« Elle s’appelle Cléopâtre (par erreur car elle est anglaise). Elle vit dans une belle villa de style Art Déco nommée Charybde au-dessus du lac de Côme. Des mois auparavant, sous un prétexte charitable mais mensonger, elle avait fait sortir dans la rue les… »

Clément DESPAS : Endorphines
« Allongée sur le dos indécente alanguie sur le nuage d’or qu’est devenu mon lit par la seule magie de sa présence ici ma toute belle nue – faisant son endormie – écarte lentement ses genoux sous mes yeux et je n’en reviens pas de la chance que j’ai – accro comme… »

Marie-Anaïs GUÉGAN : Au bois
« Il n’y a pas d’élans, au bois. D’élans il n’y a pas. / Il n’y a pas d’élans, mais il y a de l’opium ; de fortes quantités. / Il y a des légendes. On court, enfants et femmes, derrière des images, derrière / Les fleurs que nos pieds foulent et broient. Nos pieds foulent et… »

Philippe GUERRY : Tartine d’opium
« Opium, c’est le nom du chien. Il pue, il a la langue toujours pendante au ras du sol, ses poils font des nœuds. Le temps qu’il lui reste à vivre, il le passe à dormir sur sa vieille couverture sale. Il n’a jamais été très vif, même quand c’était un jeune chien. C’est une… »

Isabelle GUILLOTEAU : Ad Laudanum
« Huelgoat, 21 mai 1919. Ce matin-là, fatigué du mal mystérieux qui te rongeait sans fin, tu as quitté l’hôtel d’Angleterre pour ta promenade quotidienne, divagation rituelle et solitaire sur le sentier qui borde la forêt. Mais la mécanique de ton errance s’est soudain… »

François HUET : Hein ? De quoi ?
« 1. / Je ne sais pas ce que ça fait comme effet. / Par contre, ce que je sais, / C’est que c’est la meilleure adaptation de la Recherche du temps perdu. / Sans quoi, je ne sais rien. / Ou alors j’ai tout oublié. / 2. / Mon père fumait la pipe, et ça sentait… »

LE GOLVAN  : Papavérine
« Poésie garantie sans opium, 0 / 1 poésie propre au fumet javélique / 2 poésie de sanatorium lucide / écriture en ligne claire, blanche à priser, 3 / écrire pur à la soude caustique, 4 / poésie de pressing à la chaux vive, 5 pleine santé / mais pas poésie vapotée à l’… »

Romain LOSSEC : Schumpeter dans le cendrier
« « ça c’est certain que Schumpeter avait raison » m’as-tu dit alors que tes cours d’économie de première année te remontaient dans la gorge en même temps que la fumée visqueuse faisait son trajet habituel dans le réseau très serré de tes… »

Aline PADIOU : Mouvances
« au bout de mon souffle / j’ai vu s’envoler / les nuages colorés / qui flottaient / au-dessus / de cathédrales naufragées / mais je ne sais plus / si je descendais / ou remontais / les versants / de ces édifices / (étaient-ils inversés ?) / et cela n’avait… »

Augustin PETIT : (    )
« L’opium ? / Jamais d’opium / C’est plutôt mon père / Crabe claquemuré dans les colon poumons et foie / Des pavots pour papa en guise d’antidouleur et délicieux délires dits secondaires / Tout ça, le temps d’une parenthèse (   poussée de part en part par la… »

Adeline RAQUIN  : La chambre hexagonale
« Dans ma chambre hexagonale, haut perchée dans le ciel, s’est tapi entre les draps un animal à l’humanité incertaine. Empêchées de marcher, ses jambes garrottées se cachent sous le satin frais. / Dans ma chambre aérienne, belvédère de solitude, on trouve… »

Fabrice SCHURMANS : Que la lune est haute
« À la télé, ce soir, il y a les Dorsey Brothers. Je sens que ça se barre. 34 ans, dans mon domaine, c’est la moyenne. Pas de regrets. T’as vécu comme t’as improvisé. Tempo rapide et accords à contrecourant. Kansas City, pour le jazz, la came et les femmes, le… »

Anne-Marie ZUCCHELLI  : Au centre de l’oubli
« Au centre de l’oubli, loin de sa vie d’abstinence… / Pinçant les lèvres, le regard vague suspendu au-dessus du nez, une femme entre dans le wagon et s’assoit contre la vitre. Dans sa main, un téléphone dont l’ombre plane sur la bouche comme l’aile noire d’un… »

PORTFOLIO : Grégory MAITRE

« Ma démarche d’artiste prend sa source dans la création de sensations picturales, en travaillant la notion d’abstraction autour de la « nature » humaine révélée par ses signes et ses traces, la disparition de l’être par ses empreintes sensibles, confrontée avec des… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (24 questions à un.e auteur.e connu.e) :
Christophe ESNAULT

« Que faut-il lire de vous ?
Les lignes de ma main pour me dire : « Tu n’es pas fini, tu peux encore couler d’autres éditeurs. » Lettre au recours chimique est à 1.67 euro chez Rakuten et personne… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur un livre remarquable)  :
La Très Bouleversante Confession de l’homme qui… (Emmanuel ADELY)
« Cette épopée post-moderne « tiré[e] de faits réels » se lit dans la sueur du marine qui a vengé son pays en assassinant « La Star Numéros Un du Mal », Ben Laden. Que dire de cet Achille contemporain ? Il est infaillible, « carrément beau », anonyme. Mais, par… »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture en domaine francophone)  :
Ouvrage COLLECTIF : Lettres aux jeunes poétesses
(éd. L’Arche)
« Aux origines de ce recueil épistolaire, deux questions posées par Aurélie Olivier – autrice et programmatrice de festivals hybrides et hors-normes – à 21 poétesses francophones d’aujourd’hui :
« Qu’auriez-vous envie d’écrire à un.e jeune poéte.sse ? Qu’auriez-vous… »
Penda DIOUF : Pistes… suivi de Sutures (éd. Quartett)
« « Je me rends compte ce jour-là de ce que je suis au regard des autres : un déguisement. » Penda Diouf passe son enfance et son adolescence dans des villes moyennes de province. Solitaire, mais pas par choix, elle subit la bêtise et l’ignorance, de ses… »
Christophe ESNAULT : Lettre au recours chimique (éd. Æthalidès)
« C’est avec le Cœur et les Viscères que j’ai avalé Lettre au recours chimique, Rhapsodie à l’Ébullition du Vivre à Fond et Diatribe contre l’Autorité Psychiatrique. Christophe Esnault s’y attaque à cette Hypocrisie Libérale qui œuvre toujours avec une Efficacité pleine d’… »
Frédéric FIOLOF : La magie dans les villes (éd. Quidam)
« Chez Frédéric Fiolof, c’est fait de bric et de broc, de moments ramassés, longtemps caressés au fond des poches, retrouvés tombés d’une veste mal rangée, galets lisses et plats qui ricochent dans la succession de récits qui composent le recueil. Et ça… »
Jean-Claude GOIRI : Tectonique de l’aube (éd. Tarmac)
« Dans ce nouvel opus, il s’agit, à l’aide de la langue entendue comme corde, sangle ou rappel, de descendre dans ses failles les plus profondes afin d’en explorer les tremblements, les glissements, les subductions. Quand l’être menace de se rompre et qu’… »
Jasmin LIMANS : Matin de lumière (éd. Exopotamie)
« « Je ne peux plus dire je ». Car je est un mot fou, un moi si usurpable que personne n’y voit jamais larcin. Dire je, c’est se condamner à se faire illico remâcher dans quelques autres milliards de bouches : l’enfer. « Quelqu’un que je connais falsifie ma… »
Corinne LOVERA VITALI : Coupe-le (éd. MF)
« Je n’ai jamais rencontré CLV en vrai (ça aurait dû se faire il y a quelques années pendant un festival d’arts et de poésie où elle était invitée (nous y avions rendez-vous) mais la miss est si libre (ou ingérable (ou folle)) qu’elle s’en est fait virer (carrément) avant que… »
Corinne MOREL DARLEUX  : Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce (éd. Libertalia)
« Journal de la mer et de la montagne retrouvées, éloge des derniers refuges épargnés par les comptes à rebours, le conformisme, la compétition, le récit prend appui sur l’aventure du navigateur Bernard Moitessier, héraut du refus de parvenir depuis… »

D’ISTANBUL À RIO (4 coups-de-cœur de lecture en domaine étranger) :
Sibilla ALERAMO : Une femme (éd. Des femmes)
« À quoi ressemble l’un des premiers livres publiés par les éditions Des femmes en 1974 ? À un classique du féminisme italien qui propose, sous forme d’autofiction, une description fort juste des mécanismes de l’oppression féminine. On découvre la…. »
Howard McCORD : Poèmes chamaniques (éd. La part commune)
« Comment tout à la fois arpenter des terres extérieures, les plus bigarrées et vastes qui soient, et opérer le lien avec le monde intérieur ? Howard McCord (né en 1932) est l’un des maîtres contemporains du Nature Writing. De l’Ohio dont il est natif jusqu’… »
Mads MYGIND : J’écris pour le matin clair (éd. Lanskine)
« À travers ce recueil poétique d’une authenticité déroutante (« tout est authentique, putain, qu’est-ce que ça pourrait être d’autre »), Mads Mygind nous convie à une observation de son quotidien et de sa présence au monde : «  la mer est une énigme dans… »
José VIDAL VALICOURT : Meseta / Le plateau (éd. Atelier de l’agneau)
« Ce recueil de prose poétique bilingue nous sert – sur un plateau – un texte d’une puissance rare, écrit pendant une dérive de l’auteur en vieille Castille. Des phrases courtes, à bout de souffle, rythment cette errance psychogéographique à travers « des… »

DI(S)GRESSION (éclairage sur un domaine autre que la littérature – carte blanche)
Isabelle LARTAULT  : « Éternelles dans le transitoire » (quelques œuvres durables)
« Se choisir un bâton bien droit pour marcher. Faire rebondir une pierre lancée au raz de l’eau. Sentir le parfum des fleurs rencontrées sur son chemin. Attendre sans bouger que le soleil se lève ou se
couche… De toute éternité, de façon naturelle, certaines attitudes ou… »

DYSCHRONIE (journal des 6 mois écoulés – carte blanche)
Ingrid S. KIM : Été 2021
« 1er mars  : Un « pass vaccin » pour entrer en Allemagne. L’Allemagne en mars : quelle drôle d’idée.
« 16 mars  : Pour l’anniversaire du désastre de l’Amoco Cadiz (qui tombe le même jour que celui de V.), M. a cuisiné des pâtes à l’encre de seiche. Il a mis une nappe noire, des… »

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KIM Ingrid S. (extraits) https://revuedissonances.com/kim-ingrid-s-extraits/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:33 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2448 DISSONANCES #41 | DYSCHRONIE Été 2021 « 1er mars : Un « Pass vaccin » pour entrer en Allemagne. L’Allemagne en mars, quelle drôle d’idée. « 16 mars : Pour l’anniversaire du désastre de l’Amoco Cadiz (qui tombe le même jour que celui de V.), M. a cuisiné des pâtes à l’encre de seiche. Il a mis une nappe noire, des…Lire la suite KIM Ingrid S. (extraits)

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DISSONANCES #41 | DYSCHRONIE
Été 2021
« 1er mars : Un « Pass vaccin » pour entrer en Allemagne. L’Allemagne en mars, quelle drôle d’idée.

« 16 mars : Pour l’anniversaire du désastre de l’Amoco Cadiz (qui tombe le même jour que celui de V.), M. a cuisiné des pâtes à l’encre de seiche. Il a mis une nappe noire, des coupes de Murano en verre noir. J’ai enfilé du vinyle noir, pour être raccord. Ça fait un peu pute. J’aime bien. J’ai dit le 16 mars c’est aussi l’anniversaire de l’interdiction de l’absinthe en France. Mais les désastres intimes, les gens s’en foutent.

« 19 mars : Reconfinement. Var-Matin va monitorer les arrivées du dernier direct Paris-Toulon du soir. Bondé.

« 23 mars : L’Evergreen bloque le canal de Suez. Il y a quelque chose de comique là-dedans, cette grosse bête mécanique coincée de biais, et l’embouteillage derrière. Je pense à la fameuse sardine. Je pense sardinade. J’attends l’été…. »

DISSONANCES #37 | IMPUR
Rivages
« À la lame il élague il
L’élague
Lames de fond loin de la mer
En milieu tropical humide
Humide il
Change le vin
En sueur
Prophète fou il danse
Une lame dans chaque main
Lames de fond la
Submergent
Lames en larmes amères
Lames loin de… »

DISSONANCES #36 | DI(S)GRESSION
Des aiguilles et des femmes
« Je ne crois pas qu’elles se connaissent. Et pourtant. La post-punk discrète, la performeuse exubérante, deux adeptes de l’encre à qui le kraft ou le papier à un moment n’ont plus suffi, qui ont voulu graver plutôt qu’esquisser, qui ont troqué le pinceau, le crayon, le clavier pour l’aiguille. Elles se sont mises à la chair. C’est le support ultime, la chair. Le canevas définitif. Permanence du message, incarnation de l’idée : l’immortalité le temps que dure un corps. Depuis le néolithique, les hommes marquent leur peau ou celle de leurs congénères de symboles rituels ou punitifs, esthétiques, thérapeutiques, spirituels, communautaires… Les femmes, aussi.
Sont marquées.
Marquent.
Je ne crois pas qu’elles se connaissent, et pourtant elles sont tellement proches. Pas dans le style, non. Mais dans l’élan. Deux gamines d’abord, qui béaient devant la transgression qu’incarnaient alors ces corps décorés, dévorés. Sur scène pour Carotide, couleurs usées, délavées, permanentes pourtant, œuvres bleutées maladroites parfois qui voulaient plutôt… »

DISSONANCES #35 | LA HONTE
Pétrichor
« J’ai retrouvé ce cliché de toi tu sais, celui où tu riais à demi nu une clope à la main gauche avec le Frangin qu’on devine au bord, tes yeux fermés je m’en foutais, faudrait que j’en grille des neurones pour oublier tes étangs même encore aujourd’hui. Je voulais en pleurer un autre ce soir, pas moyen, sec, alors j’ai fouillé la boîte aux trésors. J’ai retrouvé cette photo, la seule, que Coloc m’avait fait tirer chez le dernier Kodak de la galerie. Il a fermé depuis. Ton rire. L’odeur de ton rire a rempli la pièce. Je me souviens tes étangs et tes jambes. J’avais oublié tes cheveux et tes dents. La teinte exacte. Chocolat et porcelaine. J’avais oublié les vagues et les canines en pointe. Oublié tes mains. La ligne d’ombre de ton ventre. Tes épaules larges, lisses. Et ce rire qui explosait, qui prenait toute la place, toute la lumière, tout l’oxygène autour. Avec la photo, y’avait des pages griffonnées. J’avais oublié aussi. Que j’avais tant écrit le dernier soir. La dernière de nos mille dernières fois. Qui m’ont guérie de toutes les fins. Cette dernière nuit de fin du monde, où j’avais eu si honte de nous, au petit jour la bouteille de rouge à la main, avec la dinde trop jeune aux cuisses épaisses qui nous… »

DISSONANCES #34 | TRACES
Sonate

« Mais j’ai dansé dessus moi Pierrot en armure
Moi quand je lui disais j’irai la décrocher j’irai te la chercher moi pas des mots en l’air
Héritage insensé des poètes des fous des pianos vers le ciel à pleurer dans son sein – moi j’ai
Dansé dessus

Les mots en l’air parlons-en tiens pas les tiens qu’ils auront retenus le second ils diront toujours le second pauvres cons on était trois premiers fallait bien la poser cette foutue machine mais non Colonel Second me fais pas le coup du poète tu le sentais au fond alors t’as pris une photo de ton pied tu parles d’un cliché tu savais pas encore pendant combien d’années t’allais la refourguer celle-là en leur disant vous savez moi j’y suis allé vous savez moi j’ai

Dansé dessus
Oui
Sélénite d’une heure fou de joie moi j’ai… »

DISSONANCES #33 | FUIR
Disrupt
« Tu ne vas plus marcher la nuit pauvre conne comment veux-tu écrire encore sans retourner marcher la nuit sans le bâton et sans la route – et cesse donc de te gratter, comment veux-tu que je supporte ce corps minuscule endormi cette âme bradée si on ne marche plus la nuit si on ne gueule plus à la lune d’aller se pendre ailleurs avec son air réprobateur comment veux-tu, si tu ne t’arraches plus la peau à ramper sur ces routes de nuits – retrouve le souffle et nos instantanés retrouve le goût de l’asphalte et de l’encre retrouve ta voix ma voix rattrape-moi – et cesse donc de te gratter, tais-toi, laisse-moi un instant retrouver tes pauvres mains trop lentes ton ventre trop étroit pour toute cette faim-là mais où j’avais mes aises – ne me chasse pas cette fois, serre les dents jusqu’au sang mais ne t’avise plus de me fermer la porte écoute-le hurler, écoute-moi monter tu m’entends revenir tu balances déjà tu t’étouffes déjà laisse aller – et cesse donc de te gratter, il faudra bien que ça flambe cette fois il faudra ne laisser que des cendres en arrière plus de ponts plus de rives pour ne plus qu’on nous tienne il faudra en venir aux mains aussi en venir au sang comme avant cette lucidité qui te ronge déjà tu dis non mais tu t’y vois déjà le poison dans la gorge tu as cédé déjà je rassemble mes… »

DISSONANCES #32 | NU
Strip-tease
« Il faudrait effeuiller cette langue qui en crève d’être offerte à des porcs, il aurait fallu les faire taire, tout de suite, et se saigner du dernier mot juste – plus pour leurs conneries, leurs je t’aime, la fraternité, la patrie – la tendresse même les salauds, ces mots qui ne sont plus que des mots dans leurs bouches mauvaises, non, au-delà des mots dire seulement ce qui survit la substance nue, dire encore seulement les vestiges brûlants mais debout de soi quand le reste a fini de flamber, les dents qui résistent à la cendre les os qui font désordre dans l’urne qui dépassent du bûcher – oui, en somme ne dire plus que la rage et la chair les mots sales indécents les mots à poil obscènes qui sauraient encore dire, une épitaphe du beau puisque le beau s’est tiré depuis longtemps avec les mots pour le dire alors une mystique érotique, une esthétique de la rage en un seul mot sans artifices pour une fois – puis se taire. Feuler. Siffler.

Se faire serpent. Chatte. La rage et la chair, nues.

Se saigner du dernier mot juste.

Si seulement…

Me vider de mes mots alors n’en garder qu’un, oui, pour dire, rien, mais le dire bien, pour... »

DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
Monologue
« Essuie cette tache de vin sur le carrelage beige.

Essuie-la dans l’élan, avant qu’on ne te le demande, avant même qu’elle n’ait touché le carrelage beige, qu’elle ne l’ait sali, défiguré.

Et mets tout ton cœur à essuyer cette tache de vin. Ne te contente pas de passer le torchon sale sur le carrelage beige, mais lave-la vraiment cette tache, à l’éponge, noie-la, fais-la retourner au néant qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Et nettoie bien l’éponge ensuite.

Baisse la tête. Ôte ce sourire condescendant de ton visage, et regarde-la, ta tache de vin. Vois-la telle qu’elle est réellement, vois-la dans toute son essence, dans toute son horreur. N’y vois pas ce que tu y vois, ce que l’on voit bien que tu y vois, avec ton petit sourire ironique. Vois-la comme le symbole définitif de tout ce qui ne va pas, de tout ce qui n’a pas fonctionné comme cela aurait pu, comme cela aurait dû ; et de tous les échecs menés à terme, et de tous les bonheurs avortés.

Sors de toi-même en observant cette tache de vin ; c’est la première tache de vin que tu vois. C’est l’unique tache de vin qui ait jamais existé. C’est la... »

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McCORD Howard | Poèmes chamaniques https://revuedissonances.com/mccord-howard-poemes-chamaniques/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:29 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4938 Coup-de-cœur de Laurent ALBARRACIN pour Poèmes chamaniques de Howard McCORD DISSONANCES #41 Comment tout à la fois arpenter des terres extérieures, les plus bigarrées et vastes qui soient, et opérer le lien avec le monde intérieur ? Howard McCord (né en 1932) est l’un des maîtres contemporains du Nature Writing. De l’Ohio dont il est natif…Lire la suite McCORD Howard | Poèmes chamaniques

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Coup-de-cœur de Laurent ALBARRACIN pour Poèmes chamaniques de Howard McCORD
DISSONANCES #41

Comment tout à la fois arpenter des terres extérieures, les plus bigarrées et vastes qui soient, et opérer le lien avec le monde intérieur ?
Howard McCord (né en 1932) est l’un des maîtres contemporains du Nature Writing. De l’Ohio dont il est natif jusqu’à l’Himalaya en passant par le désert mexicain, l’écrivain et poète américain aura exploré nombre de territoires et de paysages sauvages. Sauvages mais pour autant pas tout à fait vierges de toute référence. Car si chaque poème semble rendre compte d’un instant vécu, d’une marche accomplie ou d’une réflexion née dans le vif prodigue de l’aventure, il n’en reste pas au seul plan descriptif et semble s’appuyer toujours sur un vieux fonds traditionnel et chamanique. Animaux, éléments naturels, tout paraît rattacher les sensations du poète à une expérience ancestrale. Ce qui nourrit sa vision c’est quelque chose comme un chant venu du fond des âges. «  Il y a des chaînes de montagnes / qui se dressent à l’intérieur des yeux […] Elles ne peuvent réellement / être là. / Mais on doit trouver / le Passage / pour aller de l’autre / côté. » Ce passage à trouver, à retrouver, cette ambition orphique en fin de compte qui guide le poème, c’est chaque instant qui l’offre lorsqu’on sait lui reconnaître un ancrage dans le temps long, immémorial : « Chaque grillon / sait qu’il a vécu / pour toujours. »
Car la nature pour un poète de la trempe de Howard McCord n’est pas seulement un réservoir de formes. Elle est l’expérience de la vie commune à tous les vivants.

traduit de l’américain par Cécile A. HOLDBAN et Thierry GILLYBOEUF
éd.
La Part commune, 2021
180 pages
15 euros

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RAQUIN Adeline (extraits) https://revuedissonances.com/raquin-adeline-extraits/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:25 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4865 DISSONANCES #41 | OPIUM La chambre hexagonale « Dans ma chambre hexagonale, haut perchée dans le ciel, s’est tapi entre les draps un animal à l’humanité incertaine. Empêchées de marcher, ses jambes garrottées se cachent sous le satin frais. Dans ma chambre aérienne, belvédère de solitude, on trouve mon corps déposé sur un lit moelleux. Au…Lire la suite RAQUIN Adeline (extraits)

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DISSONANCES #41 | OPIUM
La chambre hexagonale

« Dans ma chambre hexagonale, haut perchée dans le ciel, s’est tapi entre les draps un animal à l’humanité incertaine. Empêchées de marcher, ses jambes garrottées se cachent sous le satin frais.
Dans ma chambre aérienne, belvédère de solitude, on trouve mon corps déposé sur un lit moelleux. Au nadir, je me laisse écraser sous le poids de l’espace, des poussières d’étoiles et des sphères célestes. Je laisse la nuit sans fin de l’univers dessiner les contours de mon être, peser de toute son ombre jusqu’à la limite de mes cheveux ébouriffés, de mes crocs brillants aiguisés.
Allongée comme un gisant dans sa chambre de cathédrale, les membres doucement s’enfonçant dans le matelas marmoréen, je contemple, hébétée, sur les poutres et les linteaux vermoulus, des graffitis hiéroglyphiques. Leur fine calligraphie exhale un mystère fallacieux, mirage d’un langage fuyant qui se love entre les stries du bois veineux.
Dans ma chambre hexagonale, les fenêtres sont ouvertes.
Y entrent l’autan et l’aquilon, le vent mouillé et la brise sèche qui râpe l’esprit jusqu’… »

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PADIOU Aline (extraits) https://revuedissonances.com/padiou-aline-extraits/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:25 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4860 DISSONANCES #41 | OPIUM Mouvances « au bout de mon souffle j’ai vu s’envoler les nuages colorés qui flottaient au-dessus de cathédrales naufragées mais je ne sais plus si je descendais ou remontais les versants de ces édifices (étaient-ils inversés ?) et cela n’… »

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DISSONANCES #41 | OPIUM
Mouvances

« au bout de mon souffle
j’ai vu s’envoler
les nuages colorés
qui flottaient
au-dessus
de cathédrales naufragées
mais je ne sais plus
si je descendais
ou remontais
les versants
de ces édifices
(étaient-ils inversés ?)
et cela n’… »

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ALERAMO Sibilla | Une femme https://revuedissonances.com/aleramo-sibilla-une-femme/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:22 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4933 Coup-de-cœur de Julie PROUST TANGUY pour Une femme de Sibilla ALERAMO DISSONANCES #41 À quoi ressemble l’un des premiers livres publiés par les éditions Des Femmes en 1974 ? À un classique du féminisme italien qui propose, sous forme d’autofiction, une description fort juste des mécanismes de l’oppression féminine. On découvre la difficulté, pour une femme issue…Lire la suite ALERAMO Sibilla | Une femme

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Coup-de-cœur de Julie PROUST TANGUY pour Une femme de Sibilla ALERAMO
DISSONANCES #41

À quoi ressemble l’un des premiers livres publiés par les éditions Des Femmes en 1974 ? À un classique du féminisme italien qui propose, sous forme d’autofiction, une description fort juste des mécanismes de l’oppression féminine.
On découvre la difficulté, pour une femme issue d’un milieu provincial, à se construire intellectuellement, affectivement et sexuellement, entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle. La plongée dans la psyché de la narratrice donne à ressentir l’enchevêtrement terrible de ses expériences : misogynie intériorisée, viol, figure paternelle oppressive, mariage arrangé, fausse couche, tentation de l’adultère, difficulté à combiner maternité et liberté intellectuelle, impossibilité d’être libre…
Si l’écriture d’Aleramo préfère l’introspection lyrique au militantisme (« J’ai eu une enfance libre et vive. La faire revivre dans mon souvenir, en faire miroiter les facettes dans mon esprit, me semble un vain effort. Je revois la petite fille que j’étais à six ans, à dix ans, mais comme en rêve ; un beau rêve que le moindre retour à la réalité ferait sombrer. Musique aussi, à l’harmonie délicate, vibrante, nimbée de lumière, et dont le souvenir éveille toujours le même plaisir. »), elle porte en elle les germes nécessaires à la révolte : « Il appartient à la femme seule de revendiquer son existence. Elle seule peut révéler la véritable essence de son psychisme. »
De l’autobiographie déguisée jaillit ainsi un compagnon étonnamment moderne pour les premières vagues des luttes féministes.

traduit de l’italien par le collectif de traduction des éditions Des Femmes
éd.
Des femmes, 2021
256 pages
10,75 euros

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VIDAL VALICOURT José | Meseta / Le plateau https://revuedissonances.com/vidal-valicourt-jose-meseta-le-plateau/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:22 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4925 Coup-de-cœur de Jean AZAREL pour Meseta / Le plateau de José VIDAL VALICOURT DISSONANCES #41 Ce recueil de prose poétique bilingue nous sert – sur un plateau – un texte d’une puissance rare, écrit pendant une dérive de l’auteur en vieille Castille. Des phrases courtes, à bout de souffle, rythment cette errance psychogéographique à travers « des…Lire la suite VIDAL VALICOURT José | Meseta / Le plateau

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Coup-de-cœur de Jean AZAREL pour Meseta / Le plateau de José VIDAL VALICOURT
DISSONANCES #41

Ce recueil de prose poétique bilingue nous sert – sur un plateau – un texte d’une puissance rare, écrit pendant une dérive de l’auteur en vieille Castille. Des phrases courtes, à bout de souffle, rythment cette errance psychogéographique à travers « des esplanades de plomb que personne ne traverse à l’exception des mouches qui écrivent leur prose sur le jaune dément. » À la fois peinture (« n’oublie pas que le soleil s’est allumé dans les yeux de Van Gogh ») et images de film, on pense à « Paris, Texas » de Wim Wenders : « Le livre se détruit à mesure qu’il s’écrit » comme les pas du marcheur s’effacent sur le sol sec. Le langage est ici affecté – et désaffecté – par le territoire qui l’asservit autant qu’il le libère : « le mot tombe de son propre poids », obligeant à « soulever le poème du sol, réanimer les mots pour qu’ils ne se pétrifient pas. » Le mélange alchimique de l’air, de la terre, du feu du zénith, conduit au déréglement des sens et de la pensée. Le marcheur s’en remet à des « délires moléculaires » pour trouver son oued : « une femme va s’offrir. Elle te dévoilera sa géométrie. Son point d’humidité. » À l’instar des romans de Thomas Hardy, le paysage façonne les êtres, les sentiments, non sans accorder un espace de grâce : « Cette aridité n’est pas un manque, c’est une offrande. La possibilité la plus pure. La solitude sans commerce, et juste une certaine douceur… Quand le regard frôle la communion. » Parvenu au bout du plateau, le poète poursuit sa destinée, usant de mots et signes connus des seuls initiés. « Dire : il n’y a rien. Lui dire à elle : je t’aime tant que je ne peux pas te voir. Dire aussi : nous nous verrons plus tard, en quelque lieu enneigé. »

traduit de l’espagnol par Gilles COUATARMANAC’H
éd.
Atelier de l’agneau, 2017
76 pages
17 euros

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LIMANS Jasmin | Matin de lumière https://revuedissonances.com/limans-jasmin-matin-de-lumiere/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:21 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4982 Coup-de-cœur de Nicolas LE GOLVAN pour Matin de lumière de Jasmin LIMANS DISSONANCES #41 «  Je ne peux plus dire je » Car je est un mot fou, un moi si usurpable que personne n’y voit jamais larcin. Dire je, c’est se condamner à se faire illico remâcher dans quelques autres milliards de bouches : l’enfer. « Quelqu’un…Lire la suite LIMANS Jasmin | Matin de lumière

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Coup-de-cœur de Nicolas LE GOLVAN pour Matin de lumière de Jasmin LIMANS
DISSONANCES #41

«  Je ne peux plus dire je » Car je est un mot fou, un moi si usurpable que personne n’y voit jamais larcin. Dire je, c’est se condamner à se faire illico remâcher dans quelques autres milliards de bouches : l’enfer. « Quelqu’un que je connais falsifie ma pensée – parle à ma place » Alors un seul remède : mâcher-marcher sa langue dans un « canto » virgilien, sostenuto. Et il est bien question ici d’un chant épique, l_o_n_g, éprouvant, mais pas éthéré : « Nous sommes tous des ombres portées / De la poussière et de l’amour en mouvement / Nous faisons ce que vous faites / Nous perdons notre temps en l’annotant ». Limans nous fait progresser les pieds nus dans la neige, traqués par la violence du je qui se soumet aux ordres de la machine et divague dans cette traversée – une anabase ? – de héros-limite, comme dirait l’autre. Non, je ici n’est pas bavard ; il va, voilà. Il souffle en créateur, s’édifie tout en s’hélicoïdant sur cette crête de soi : « je ne sais pas le ciel mais je sais le ciel que je ne sais pas / Je répète un mouvement dans la neige / Je parle dans mes pas ». Ici, rien n’est sec ni métaphorique : je n’a pas que ça à foutre de se regarder faire, puisque, justement, il est tout à se faire dans un processus sans rampe ni béquille. Un sommet : le passage des « Pendant longtemps » et leur litanie : « Je suis l’homme dégagé du je de l’idée du je dressée dans l’admiration de l’image animée je suis l’acte le passage la maîtrise de la forme je suis l’effort la reptation du nom et sa répétition ». C’est rare de surprendre la langue en train de vêler d’elle-même, indifférente et toute fumante dans un si bel écrin. C’est à y réfléchir longtemps avant de bientôt redire je.

éd. Exopotamie, 2020
180 pages
18 euros

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CAZA Philippe (extraits) https://revuedissonances.com/caza-philippe-extraits/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:17 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4731 DISSONANCES #41 | OPIUM Cléopâtre, l’ours et Sarah « Elle s’appelle Cléopâtre (par erreur car elle est anglaise). Elle vit dans une belle villa de style Art Déco nommée Charybde au-dessus du lac de Côme. Des mois auparavant, sous un prétexte charitable mais mensonger, elle avait fait sortir dans la rue les propriétaires (un couple d’ours…Lire la suite CAZA Philippe (extraits)

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DISSONANCES #41 | OPIUM
Cléopâtre, l’ours et Sarah

« Elle s’appelle Cléopâtre (par erreur car elle est anglaise). Elle vit dans une belle villa de style Art Déco nommée Charybde au-dessus du lac de Côme. Des mois auparavant, sous un prétexte charitable mais mensonger, elle avait fait sortir dans la rue les propriétaires (un couple d’ours
des Carpates) et avait collé à chacun une balle dans le cœur. Personne n’avait protesté, personne ne les avait pleurés : ces ours byzantins sans laisse et sans collier sont une espèce mal aimée. Depuis, une nuée de mouches lui tourne autour de la tête vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Quelques-unes s’installent autour de ses yeux, comme du khôl, buvant ses larmes impudiques. Elle en mange parfois, dans ses crises d’entomophagie. Mais le plus souvent, pour les faire fuir, elle allume une longue pipe à fourneau sculpté en tête de pie. Elle y fume des boulettes d’opium, fragrant délice. Son manque d’expression, sa neutralité, marque son absence d’individualisation, d’ego, et sa non-adhésion au monde, au réel. C’est comme si elle ne participait aux choses de la vie que par hasard, comme par inadvertance. N’être ni sujet ni objet.
Sarah, elle, a tout pour être objet. Objet perdu, même. Elle est muette. Elle vit dans… »

DISSONANCES #40 | CONFLITS
Le mur invisible

« « Les Fluxmols de la nation Fluxmoline appartiennent à la famille des nénufars (anciennement nénuphars). » Wikipédonculia
Ce jour-là, Nyarfon errait lamentablement le long de la frontière obvile à la recherche d’une occasion de. Seules des marques au sol discrètes, des pointillés, indiquaient la présence d’une frontière. Un léger changement de couleur, aussi, au-delà des pointillés, sans plus. Pourtant on ne pouvait pas transpasser. Un champ électromagnétique ? Une clause extradimensionnelle ? Un mur invisible ?
– Ah bon, c’est donc comme ça, un mur invisible ? s’étonnait Nyarfon.
Nyarfon était un Fluxmol hybride à tendance idéaliste. Pour une part, il était dans l’incertitude, et se disait que l’approximation avait quelque chose de plaisant sur le plan esthétique. Pour une autre part, il était bien forcé de constater que la frontière était bien là, infrangible et infranchissable. En principe. Il laissait glisser une de ses calicules (une sorte de pseudopode monopérianthé) le long de la surface verticale invisible infranchissable qui… »

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SCHURMANS Fabrice (extraits) https://revuedissonances.com/schurmans-fabrice-extraits/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:10 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4869 DISSONANCES #41 | OPIUM Que la lune est haute « À la télé, ce soir, il y a les Dorsey Brothers. Je sens que ça se barre. Trente-quatre ans, dans mon domaine, c’est la moyenne. Pas de regrets. T’as vécu comme t’as improvisé. Tempo rapide et accords à contrecourant. Kansas City, pour le jazz, la came…Lire la suite SCHURMANS Fabrice (extraits)

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DISSONANCES #41 | OPIUM
Que la lune est haute

« À la télé, ce soir, il y a les Dorsey Brothers. Je sens que ça se barre. Trente-quatre ans, dans mon domaine, c’est la moyenne. Pas de regrets. T’as vécu comme t’as improvisé. Tempo rapide et accords à contrecourant. Kansas City, pour le jazz, la came et les femmes, le pied ! Coup de bol, j’y suis né. La blanche. Tu peux mal jouer sans. Tu peux très bien jouer avec. Faut pas croire que j’ai eu la belle vie. À cause d’un accident de bagnole, j’ai commencé à prendre de l’opium à seize ans. Le doc m’a dit « Charlie, c’est bon pour les douleurs. » N’a pas ajouté que dès la première prise, t’en reviens plus. Je me suis usé sur un rythme de bebop. Mais si Pree, mon… »

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ESNAULT Christophe | Lettre au recours chimique https://revuedissonances.com/esnault-christophe-lettre-au-recours-chimique/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:05 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4949 Coup-de-cœur de Romain PARIS pour Lettre au recours chimique de Christophe ESNAULT DISSONANCES #41 C’est avec le Coeur et les Viscères que j’ai avalé Lettre au Recours Chimique, Rhapsodie à l’Ébullition du Vivre à Fond et Diatribe contre l’Autorité Psychiatrique. Christophe Esnault s’y attaque à cette Hypocrisie Libérale qui oeuvre toujours avec une Efficacité pleine…Lire la suite ESNAULT Christophe | Lettre au recours chimique

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Coup-de-cœur de Romain PARIS pour Lettre au recours chimique de Christophe ESNAULT
DISSONANCES #41

C’est avec le Coeur et les Viscères que j’ai avalé Lettre au Recours Chimique, Rhapsodie à l’Ébullition du Vivre à Fond et Diatribe contre l’Autorité Psychiatrique. Christophe Esnault s’y attaque à cette Hypocrisie Libérale qui oeuvre toujours avec une Efficacité pleine d’Arrogance à la Standardisation Exponentielle des Aspirations Humaines. Si la Souffrance est Universelle et Régénératrice, la Pathologie stigmatise, et s’avère réductrice, greffée à une Architecture Sociétale prédéfinie. Il observe que les Neuroleptiques étouffent la Luxuriance de l’Esprit et les Aptitudes de la Chair. À vif, il se fout à nu. Évoque son addiction à une Drogue Équivoque forte de l’Absolution des Psychiatres, ces Dealers Agréés par l’État pour qui un Rigorisme Obtus fait office de Savoir-Faire ainsi que d’Ouverture sur l’Autre. Cette Maffia – ignorant le Paradoxe Éthique qu’elle incarne – abat l’Être Brut. Razzie les multiples Virtualités du Vivant. La Nature Totalitaire de tout Diagnostic et de toute Dépendance Chimique contraint toujours à sacrifier ses Hauteurs à une Insurrection Autodestructrice. Aussi, Esnault abjure-t-il cette Déontologie Redoutable et dit Pourquoi avec une Justesse et une Lucidité Libératoires. Ses Rendez-Vous chez le Psychiatre virent aux Pitreries pour Auditeur Sourd-Muet et aux One Man Show offensifs. Sujet aux Angoisses Aurifères, il vante ce Carpe Diem Ardent grâce auquel il peut enfin s’Épanouir mieux qu’avec aucune Thérapie. Car beaucoup plus qu’avec n’importe quelle médication, la Catharsis agit ici au fil d’une Oaristys Totale avec la Littérature et les Vrais Vivants : « Mes glissades psychiatriques sont une maladie professionnelle / Je me dope au délire / J’en ai besoin pour créer ».

éd. Æthalidès, 2021
105 pages
16 euros

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ZUCCHELLI Anne-Marie (extraits) https://revuedissonances.com/zucchelli-anne-marie-extraits/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:03 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4871 DISSONANCES #41 | OPIUM Au centre de l’oubli « Au centre de l’oubli, loin de sa vie d’abstinence… Pinçant les lèvres, le regard vague suspendu au-dessus du nez, une femme entre dans le wagon et s’assoit contre la vitre. Dans sa main, un téléphone dont l’ombre plane sur la bouche comme l’aile noire d’un oiseau. Le…Lire la suite ZUCCHELLI Anne-Marie (extraits)

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DISSONANCES #41 | OPIUM
Au centre de l’oubli

« Au centre de l’oubli, loin de sa vie d’abstinence
Pinçant les lèvres, le regard vague suspendu au-dessus du nez, une femme entre dans le wagon et s’assoit contre la vitre. Dans sa main, un téléphone dont l’ombre plane sur la bouche comme l’aile noire d’un oiseau. Le train démarre, la femme se laisse aller au roulis.
La voilà installée dans un berceau peuplé de froissements, de vrombissements, de raclements et de grincements aux changements d’aiguillage. Les soupirs de la machine sont une respiration plus vivante que la sienne. Moins périssable. De la répétition naît la stupeur.
Un goutte-à-goutte s’insinue. Il entre en l’être enfoui dans sa chair. Sous sa mince pellicule. Une conscience inversée, en arrivée douce, douce au monde, douce sur les bords, entièrement désirée, une épaisse inconscience, luisante flaque, en creux, sombre et sans pli, l’emmène loin du monde, en cercles larges, femme enfantée au centre de l’oubli.
ECAT, 8 heures 15, RER B
en direction de… »

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MYGIND Mads | J’écris pour le matin clair https://revuedissonances.com/mygind-mads-jecris-pour-le-matin-clair/ Sat, 09 Oct 2021 11:00:02 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4930 Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour J’écris pour le matin clair de Mads MYGIND DISSONANCES #41 À travers ce recueil poétique d’une authenticité déroutante (« tout est authentique, putain, qu’est-ce que ça pourrait être d’autre »), Mads Mygind nous convie à une observation de son quotidien et de sa présence au monde : « la mer est une énigme dans laquelle je…Lire la suite MYGIND Mads | J’écris pour le matin clair

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Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour J’écris pour le matin clair de Mads MYGIND
DISSONANCES #41

À travers ce recueil poétique d’une authenticité déroutante (« tout est authentique, putain, qu’est-ce que ça pourrait être d’autre »), Mads Mygind nous convie à une observation de son quotidien et de sa présence au monde : « la mer est une énigme dans laquelle je me baigne / je vis en banlieue d’un sentiment / comme les arbres je me brise avec le vent ». Son regard se pose sur tous les détails, la banalité côtoie l’essentiel, l’insignifiant révèle l’existentiel : la théière qui siffle, les tuyaux de la chaudière qui couinent, l’amour qui s’éteint, le grand-père qui meurt. L’auteur laisse les impressions et sensations affluer, s’imposer sans hiérarchisation, se juxtaposer sans cohérence apparente : « j’ai déchiré la mer / en tas de bruits / un chien est assis dans la voiture / mord le volant / le fleuve a débordé / dans la télé ». Ni ponctuation ni majuscule, tout est mis sur le même plan, comme une succession d’instantanés, sortes de haïkus fissurés par la fulgurance des images les plus insolites : « je suis une période d’incubation qui s’achève / une main fraîche contre une nuque fraîche / la différence entre un congel et un frigo / un sentiment qui se fait passer pour une pensée / une truie sous endorphine ». Le lecteur curieux accepte de se perdre dans cette écriture fragmentée qui brouille les pistes, change les perspectives, impose à ce voyage qui s’achève au matin clair, le ton mélancolique et le rythme de la rupture : « je ne sais pas ce qu’est une idylle mais je sais quand elle se rompt / comme si le lac était moins glacé que je te quitte / comme si les arbres pouvaient pousser hors de la forêt / ce que je fais de plus inhumain est le plus humain ».

traduit du danois par Pauline JUPIN avec le concours de Paul de BRANCION
éd.
Lanskine, 2020
72 pages
14 euros

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CHAUVIER Éric | Laura https://revuedissonances.com/chauvier-eric-laura/ Sat, 01 May 2021 10:00:53 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4683 Regards croisés sur Laura d’Éric CHAUVIER DISSONANCES #40 Jean-Marc FLAPP : Oui et non Étrange livre que ce Laura que j’ai lu et relu sans savoir au final si je l’ai aimé ou pas : je trouve très efficace (parce que vraiment troublante) l’embrouille narrative sur laquelle il se base (le texte est le dialogue d’une femme…Lire la suite CHAUVIER Éric | Laura

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Regards croisés sur Laura d’Éric CHAUVIER
DISSONANCES #40

Jean-Marc FLAPP :
Oui et non
Étrange livre que ce Laura que j’ai lu et relu sans savoir au final si je l’ai aimé ou pas : je trouve très efficace (parce que vraiment troublante) l’embrouille narrative sur laquelle il se base (le texte est le dialogue d’une femme et d’un homme qu’entrecoupent sans cesse les pensées parasites de l’homme-narrateur dont tout donne à penser qu’il est aussi l’auteur (« – Qu’est-ce que tu connais des hommes que j’ai aimés Éric Chauvier ? ») or il est impossible (à moins d’être un salaud et de toute évidence cela n’est pas le cas) si tout cela est vrai d’ainsi le déballer (cela causerait trop de douleurs) et Chauvier le répète : « ce n’est qu’une fiction, une fiction, une fiction, une fiction, une fiction… » ce qui fait que le lecteur ne sait plus trop où il est – et c’est très bien ainsi) puis les sujets traités (l’amour et le désir, la fracture sociale (culturelle, linguistique), le pouvoir (la révolte), la solitude, l’espoir…) sont des plus importants et ce qui en est dit (quasi subliminalement : juste par un dialogue et des pensées-réflexe qui semblent à peine écrits) est très intelligent (et sensible (et urgent)) et la chute est parfaite (qu’on ne dévoilera pas) : bref je devrais aimer… mais m’irritent en fait les personnages eux-mêmes : on me pardonnera (ou pas) mais je trouve Laura bête (même si elle a des excuses et même si on comprend qu’elle ne l’est pas autant qu’elle s’obstine à le paraître) et Éric pathétique dans ses atermoiements d’adorateur transi (même si on sait ça possible pour soi l’avoir vécu) puis leurs névroses de classe (haine des « enculés » pour Laura la prolo et culpabilité pour Éric le bobo) me laissent un peu de glace. Et donc peu d’empathie. Et donc j’aime et j’aime pas.

Côme FREDAIGUE :
Irréductible fracture sociale
On le comprend dès les première pages, Laura est l’une de ces gilets jaunes qui ont marché sur Paris. Ce que met à jour le roman, ce sont les motifs profonds de sa colère dont les ressorts sont moins politiques qu’affectifs. Beauté déchue, elle s’est fracassée sur le mur des préjugés sociaux sans jamais percevoir les rouages qui l’ont broyée. « Laura, pauvre marionnette, c’est encore l’Héritier-ventriloque qui parle en toi ». Sa conscience politique se confond avec ses affects : elle ne milite pas, elle se venge. Pas de lutte des classes donc, mais une rage qui n’a pas les moyens de se comprendre elle-même : « elle ne peut contenir les silences qui hurlent dans ses phrases ».
Celui qui comprend, et peut donc raconter Laura, c’est Éric, un narrateur qui « fai[t] assurément partie de la catégorie des nantis ». Malgré son empathie, lui non plus ne parvient pas à s’extraire de sa condition pour épouser la cause de cette « cassos ». Sa lucidité n’est qu’une conscience coupable « essayant de surmonter le mépris de classe […] – et en même temps gênée […] de ressentir ce mépris ». Incapacité à traduire en pensée un ressentiment social d’un côté, incapacité à passer à l’acte de l’autre, les protagonistes semblent condamnés à subir une réalité qui les enferme chacun dans leur sphère.
Pourtant leur dialogue enregistre une autre histoire, celle de deux individus tentant vainement de se rejoindre, échappant à « ce genre d’analyse hors sol [qui] prétend résoudre l’énigme de [leurs] retrouvailles, ici, sur ce parking ». Bien plus qu’une fable sociale, Éric Chauvier signe un roman d’amour sans issue : « la nuit est belle mais la zone est blanche ».

Ingrid S. KIM :
Fiction, fiction…
Ce besoin de le dire, de le redire, quand il eût suffi de ne pas se nommer… Une vague gêne à la relecture ? Une légère incertitude sur l’arrière-goût d’onanisme intellectuel qui perdure à la fermeture de cette courte tranche de nuit ? C’est le problème de l’autofiction : auteur ou personnage ? Le personnage, ici, est petit. Plus minable, et de loin, que cette Laura qui n’en demandait pas tant. C’est un petit monsieur, de ces petits messieurs aigris qui ne se satisfont pas de leur réussite modérée, de la mère de leurs 1.9 enfants et du crédit soldé de leur pavillon de banlieue. Qui tragédisent le destin, le « devenir-pute » de la « pute » du coin et leurs pulsions masturbatoires adolescentes pour s’en faire une grande aventure, qui veulent faire un beau roman de la misère quotidienne – pas la grande, la voyante, non, la petite misère ordinaire des jolies pas futées, des mauvaises décisions, de l’absence de choix… et qui, par là même, la trahissent, en ne parlant que d’eux. Qui profanent «  la peau mille fois profanée de Laura » en la réduisant encore à cette peau, en décrétant romantiques, héroïques presque, ces épisodes de vie qui vécus sont un enfer, bien réel celui-là. La violence, l’addiction, la conscience aigüe d’une infériorité intellectuelle et sociale deviennent matière à une condescendance faussement dénoncée, faussement repoussée, en réalité parfaitement confortable. Quelques éclairs de lucidité sur cette hypocrisie du désir quand il sait faire des phrases sauvent un peu la démarche. Le petit monsieur l’admet : «  Je me rends compte que je suis parfaitement incapable de te voir telle que tu es. » C’est peut-être la seule chose qui aurait compté.

Julie PROUST TANGUY :
Retour à la lutte des classes
Retrouver le fantasme de son adolescence une fois que l’on a réussi socialement : Éric Chauvier rebondit sur ce maigre prétexte narratif pour proposer une oscillation entre récit et enquête sociologique sur ce que l’on a misérablement catégorisé comme France d’en-bas. Il s’émerveille sur la beauté vulgaire d’un premier amour qu’il n’a jamais oublié : à travers son image affadie mais toujours fascinante, il retrouve un passé pétri de honte et de regrets.
Mais que reste-t-il de ses amours ? Un p’tit village, vu du point de vue nombriliste d’un transfuge de classe qui, engoncé par sa réussite et empêtré dans sa mélancolie, se complaît à s’imaginer un amour tendre et intellectualisé pour celle qu’il cherche à transcender sous forme de sujet de recherche ou d’héroïne de film.
Dans ce nouvel En attendant Godot, on siffle du rosé en analysant avec minutie les divergences langagières (« Dès que je goûte à sa beauté, elle me balance ce genre d’images – “une usine de gros enculé” – sidérante, sale, vile et – je ne sais comment – puissante »), les fantasmes inassouvis (« sauf que je suis ici, avec Laura, l’amour de ma vie du bled, à déconstruire je ne sais quel mystère qui s’épaissit notablement »), les ambiguïtés et les manquements (« Je serais le petit gars du bled qui a réussi, la fierté locale, mais qui présente cette notable incongruité de n’avoir jamais « pécho » Laura, puisque qui suis-je alors à ses yeux ? Un savant perché ? L’expert sans libido ? Un rat de laboratoire ? Un puceau métaphysique ? »)
Plus savant que sensible, Laura est un rendez-vous littéraire manqué, qui ne manque toutefois pas d’intérêt sociologique.

éd. Allia, 2020
144 pages
8 euros

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NOTÉRIS Émilie | Macronique https://revuedissonances.com/noteris-emilie-macronique/ Sat, 01 May 2021 10:00:53 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4680 Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Macronique d’Émilie NOTÉRIS DISSONANCES #40 Ça sonne comme une période géologique : le Macronique, juste après le Jurassique. Paléontologue avertie, Émilie Notéris scrute avec acuité ses strates et c’est la violence qui en surgit, dénominateur commun, fondement, ferment, et courant qui les irrigue. « Les violences policières ne pouvant pas être qualifiées de violences…Lire la suite NOTÉRIS Émilie | Macronique

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Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Macronique d’Émilie NOTÉRIS
DISSONANCES #40

Ça sonne comme une période géologique : le Macronique, juste après le Jurassique. Paléontologue avertie, Émilie Notéris scrute avec acuité ses strates et c’est la violence qui en surgit, dénominateur commun, fondement, ferment, et courant qui les irrigue.
« Les violences policières ne pouvant pas être qualifiées de violences policières, elles peuvent simultanément se produire mais ne pas exister » : Macronique parle donc en premier lieu des violences policières qui, par différentes stratégies d’évitement et de manipulation du langage, peuvent ne pas exister, et plus généralement de la violence d’une classe dominante envers les minorités. À la violence physique s’ajoutent d’autres violences, plus insidieuses, mais systémiques : violence des dispositifs institutionnels et surtout négation de la violence. Alors que se multiplient les témoignages, les vidéos, la bête se cabre et brandit son arsenal de contre-mesures répressives puisque de toute façon elle ne peut avoir tort.
« La violence est redoublée par la non-reconnaissance de la violence. Moins elle existe pour certain·e·s, plus elle existe pour d’autres » : Macronique utilise une forme d’écriture inclusive et ausculte en creux cette langue française qui porte dans sa chair la marque d’un système patriarcal. L’écriture d’Émilie Notéris est un scalpel d’une redoutable précision, elle n’est que sens, à l’exact opposé des éléments de langage pondus par les conseillers en communication, coquilles vides mystificatrices et formatées sur lesquelles elle s’appuie pour construire sa réflexion.
Macronique est un livre important, une météorite, qui – espérons-le – raconte les soubresauts des derniers dinosaures agonisants.

éd. Cambourakis, 2020
112 pages
10 euros

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NUEL Jean-Jacques (extraits) https://revuedissonances.com/nuel-jean-jacques-extraits/ Sat, 01 May 2021 10:00:51 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4409 DISSONANCES #40 | CONFLITS Fait d’armes « ma seule action révolutionnaire en bande organisée a été l’attaque de la coopérative des élèves de l’INSA à Villeurbanne l’après-midi du 6 mai 1971 opération de commando que je peux retracer grâce à un article du Progrès daté du lendemain et pieusement conservé jusqu’à… » DISSONANCES #39 | MUTATIONS É…Lire la suite NUEL Jean-Jacques (extraits)

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DISSONANCES #40 | CONFLITS
Fait d’armes

« ma seule action révolutionnaire
en bande organisée
a été l’attaque de la coopérative
des élèves de l’INSA
à Villeurbanne l’après-midi
du 6 mai 1971

opération de commando
que je peux retracer
grâce à un article du Progrès
daté du lendemain
et pieusement conservé
jusqu’à… »

DISSONANCES #39 | MUTATIONS
É pericoloso sporgersi

« tu te souviens de ces voyages
en train dans les années 70
de la banquette grise en skaï
dans un compartiment de 8 places

tu allais te dégourdir
les jambes dans le couloir
encombré de valises
l’été
tu baissais la fenêtre
en tournant la manivelle
pour savourer le vent et l’air chaud parfumé
du dehors
parfois tu… »

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TAÏEB Lucie | Freshkills – recycler la terre https://revuedissonances.com/taieb-lucie-freshkills-recycler-la-terre/ Sat, 01 May 2021 10:00:46 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4653 Coup-de-coeur de Justine ARNAL pour Freshkills – recycler la terre de Lucie TAÏEB DISSONANCES #40 Fresh Kills est le nom donné à l’une des plus grandes décharges à ciel ouvert du monde, implantée sur l’île de Staten Island à New York en 1948. Initialement pour trois ans. En fait pour cinquante de plus. Fermé en 2001,…Lire la suite TAÏEB Lucie | Freshkills – recycler la terre

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Coup-de-coeur de Justine ARNAL pour Freshkills – recycler la terre de Lucie TAÏEB
DISSONANCES #40

Fresh Kills est le nom donné à l’une des plus grandes décharges à ciel ouvert du monde, implantée sur l’île de Staten Island à New York en 1948. Initialement pour trois ans. En fait pour cinquante de plus. Fermé en 2001, le site est peu à peu réhabilité en gigantesque parc « naturel » établi sur les tonnes de déchets. En 2020, Lucie Taïeb signe Freshkills – recycler la terre, essai poétique et récit-documentaire où elle retrace l’histoire de ce lieu d’empilage infini (qui lui rappelle Babel) et de sa transformation. La lecture d’Outremonde de Don Dellilo permet la rencontre, enclenche l’obsession : « la décharge ne m’a plus quittée, occupant mon esprit comme seul peut le faire ce qui suscite en nous – serait-ce inexplicable – un sentiment d’amour. » Taïeb nous conduit dans cette traversée de Fresh Kills à Freshkills. La disparition de l’espace typographique dans la nomination du lieu (l’autrice ne manque pas d’analyser sa riche polysémie) en dit long sur l’entreprise menée, qui repose elle-même sur un effacement : «  S’allonger avec lenteur et rester là, le ciel étoilé au-dessus, un infini d’ordures en dessous. Comme encore elles bruissent et grouillent, […] comme encore cela vit, dans la montagne monstrueuse. » Au-delà de la justesse des questionnements socio-politiques que ce texte soulève, sa force réside dans l’affirmation d’une langue qui ne refuse pas sa sensibilité : on suit pas à pas les effets physiques et psychiques éprouvés par Taïeb lors de sa plongée dans l’immonde tandis qu’elle dévoile brillamment les rouages d’une idéologie dominante fondée sur le scénario pervers du démenti, où les vessies sont dites lanternes par une opération de distorsion continue de la réalité.

éd. La Contre Allée, 2020
160 pages
15 euros

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RUIZ Camille (extraits) https://revuedissonances.com/ruiz-camille-extraits/ Sat, 01 May 2021 10:00:43 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4433 DISSONANCES #40 | CONFLITS Bien « la maison de T., dans la campagne, les volets clos de peur d’attirer l’attention. dans la cuisine il y a son frère, allongé, et il doit couper sa main gauche blessée par balle. T. peut voir les reflets de la lune sur les murs et entendre le vent chaud souffler…Lire la suite RUIZ Camille (extraits)

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DISSONANCES #40 | CONFLITS
Bien

« la maison de T., dans la campagne, les volets clos de peur d’attirer l’attention. dans la cuisine il y a son frère, allongé, et il doit couper sa main gauche blessée par balle. T. peut voir les reflets de la lune sur les murs et entendre le vent chaud souffler sur la ville silencieuse. sa maison est transformée en hôpital de fortune. il stérilise la main avec de l’alcool et ensuite il coupe. puis il a la main morte de son frère dans sa main vivante à lui. c’est lui qui l’a coupée. il va dans le jardin et enterre la main à côté de la tombe d’un de ses amis. / I. a 18 ans, un dossier rempli de photographies de son corps transpercé de tuyaux et de sa jambe ensanglantée, il demande à les imprimer, en couleur, format paysage. sa jambe déchirée par l’explosion, du sang sur sa poitrine et des tubes qui le traversent. c’est parce qu’il allait là-bas avec une radio satellite accrochée sur son dos, pour que le monde sache / Y. dit les gens ont tellement peur qu’ils veulent rester en dehors de tout. même quand vous vous faites exécuter devant eux, ils ne bougent pas. les janjawids sont revenus, et m’ont demandé pourquoi je n’étais pas mort. c’était grâce à un talisman. une potion que je buvais, préparée par un ancêtre qui savait comment les faire / une jeune… »

DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Rihanna

« un soir il m’a dit qu’il trouvait Rihanna moins belle depuis qu’elle avait pris du poids. c’était comme ça. ses goûts, son désir. une simple préférence. pour moi un coup dans le ventre. je me suis dit putain si même Rihanna n’a pas le droit de grossir. et si même toi tu. il était persuadé d’être dans son bon droit. d’accord pour reconnaître que nos jugements esthétiques sont construits. pas d’accord pour renoncer à dire quelque chose comme je la trouve moins belle parce qu’elle est grosse. nous étions dans la cuisine. alors si un jour je grossis je te plairais moins. sa réponse était oui. je n’ai pas pleuré. j’ai subitement détesté mon corps. une minceur que je n’ai pas choisie, qui ne me demande pas d’efforts particuliers. jamais ressenti une si profonde sensation de dégoût. elle s’est jetée sur moi de l’intérieur. je ne l’avais jamais ressentie avant. pas même quand au Franprix où j’étais caissière un homme a collé sa bouche contre mon cou et m’a murmuré à l’oreille : je suis certain que personne ne t’a jamais touchée. c’était faux. dans la cuisine j’ai détesté lui plaire en raison de la minceur. je le savais déjà mais avant cette connaissance était sourde. la dispute prenait de l’ampleur et trainait avec elle les choses sourdes et… »

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BOURVEN Yann | Beffroi https://revuedissonances.com/bourven-yann-beffroi/ Sat, 01 May 2021 10:00:42 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4664 Coup-de-coeur de Romain PARIS pour Beffroi de Yann BOURVEN DISSONANCES #40 Si l’intrigue de Beffroi s’articule autour d’un écrivain cherchant à fuir la « Réalité-jour » et d’un orphelin foutraque aux Visions Lunaires qui œuvre à venger le meurtre de sa mère toxico au gré de Boucheries Burlesques, le caractère brutal de ce récit, avec le fleuve de…Lire la suite BOURVEN Yann | Beffroi

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Coup-de-coeur de Romain PARIS pour Beffroi de Yann BOURVEN
DISSONANCES #40

Si l’intrigue de Beffroi s’articule autour d’un écrivain cherchant à fuir la « Réalité-jour » et d’un orphelin foutraque aux Visions Lunaires qui œuvre à venger le meurtre de sa mère toxico au gré de Boucheries Burlesques, le caractère brutal de ce récit, avec le fleuve de boyaux qui le traverse, vise surtout à rétablir les Droits Élémentaires – le Jouir & le Rêve – d’une Civilisation Zombie. On embarque là au fil d’un Verbe Hérétique tailladé au Hachoir. Dans une Cataracte Narrative toujours à fulgurer au fond de nos Ténèbres Cérébrales à la façon d’un Maelström orgiaque, cette Anti-Épopée Grand-Guignol, à l’Humour Noir Sacrificateur, souffle sur les Brasiers Anthropophages d’une Humanité offshore en butte aux Hallucinations cathartiques d’un Occident Archétypal en plein Krach Éthique. Ici, la «  Lune avorteuse » fait flamboyer une « Réalité-nuit  » de Clairvoyance à vif, en Sang & sans borne. Et à la face de cet Autodafé Zodiacal, ces Bacchants Maudits sifflent une Poésie Schizophrène d’une Crudité zéphyrienne : « Les vieux poèmes ! Gravés par les pirates eux-mêmes, des anarchistes de la mer […], c’est l’infini tous ces mots, c’est du solide, du spontané ensanglanté, du pur jus, du poème qui tord le temps, du lyrique qui érige des cathédrales de chair fraîche ». Dans les Embruns de la Furia, des Éclats Astraux éclairent les Trésors Équivoques du Logos à Nu. Toutes ces bourrasques linguistiques – qui évoquent parfois Céline – dérobent des Étincelles Romanesques aux Dérives Chaotiques d’un Ultralibéralisme barbare. Dans ce Thriller au Lyrisme punk toujours porté par une Syntaxe en Abysse, la Rage en Excès & la Nuit Cristalline – Stupéfiante & sans fin – nous ouvrent enfin le Règne d’une Anarchie Éblouissante.

éd. Sulliver, 2017
130 pages
12 euros

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L’Og (extraits) https://revuedissonances.com/log-extraits/ Sat, 01 May 2021 10:00:41 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4761 DISSONANCES #40 | CONFLITS L’art de chasser l’éternité (déploiement dans l’uniement) « On a dans sa poche quelques bonnes graines de batailles, des antiques, des classiques, des modernes, des nouvelles, des à venir sans nom déjà perdues et gagnées, qu’on garde précieusement car un malheur est si vite arrivé ! On se rappelle un jour de chambre…Lire la suite L’Og (extraits)

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DISSONANCES #40 | CONFLITS
L’art de chasser l’éternité (déploiement dans l’uniement)

« On a dans sa poche quelques bonnes graines de batailles, des antiques, des classiques, des modernes, des nouvelles, des à venir sans nom déjà perdues et gagnées, qu’on garde précieusement car un malheur est si vite arrivé !
On se rappelle un jour de chambre à pluie où on a fait tomber Waterloo et la prise de Paris par les Vikings… Non seulement Yggdrasil a percé le plafond mais tout le Walhalla s’est effondré et les dieux sont tombés comme des figues trop mûres sur Napoléon et le Duc de Wellington qui n’en demandaient pas tant, la confusion a noyé son lit et s’est propagée dans la cuisine pendant une bonne semaine. Finalement il a été préférable de se cacher dans l’armoire avec seulement quelques mites et escadrons de grognards, il faut l’avouer un peu effrayé par tout ce divin plus que guerroyant.
Non, il faut le dire, on garde plutôt ses graines pour des paysages qui manquent de paysage, des conversations qui manquent de passion, des fauteuils confortables qui sont parfaits pour les embuscades de Hô Chi Minh, ou des amourettes fades qui ont tant besoin des Mongols et de Genghis Khan ou de quelques batailles de Huns pour… »

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GUILLAUMET Sylvain (extraits) https://revuedissonances.com/guillaumet-sylvain-extraits/ Sat, 01 May 2021 10:00:41 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4734 DISSONANCES #40 | CONFLITS Nos cris de poupées sans bouche « La vérité sans plis et celle des… »

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DISSONANCES #40 | CONFLITS
Nos cris de poupées sans bouche

« La vérité
sans plis

et celle
des… »

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MARTIN-CABÉTICH Julie (extraits) https://revuedissonances.com/martin-cabetich-julie-extraits/ Sat, 01 May 2021 10:00:39 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4766 DISSONANCES #40 | CONFLITS Le grig « Le grig vit dans les vallées. Il s’est installé sur l’intégralité des terres cultivables. Toujours il geint : de n’en avoir pas assez, de mériter plus, de mériter mieux, que le monde décidément n’est pas à sa hauteur. Je le laisse faire. Mais qu’il approche des hauteurs, et la réplique…Lire la suite MARTIN-CABÉTICH Julie (extraits)

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DISSONANCES #40 | CONFLITS
Le grig

« Le grig vit dans les vallées. Il s’est installé sur l’intégralité des terres cultivables. Toujours il geint : de n’en avoir pas assez, de mériter plus, de mériter mieux, que le monde décidément n’est pas à sa hauteur. Je le laisse faire.

Mais qu’il approche des hauteurs, et la réplique est immédiate.
Cerné – nous sommes nombreux.
Lentement lentement les lames entre ses côtes.
Quant à moi, lentement ses idéaux ses mots sa gueule piétinés, lentement sa grande face de chèvre, son visage mou de sudoripare, je les lui fais bouffer, je l’étouffe de ce qu’il est. Et j’appuie j’appuie je pousse, jusqu’à la glotte, jusqu’à la gorge : dans son estomac ! Dans son estomac qu’il se digère lui-même ! Je l’expose aux acides, qu’ils lui corrodent les yeux. L’étouffe dans son suc gastrique. Tente de le retourner comme une chaussette, comme un gant. Je piétine ses entrailles larmoyantes, je lui donne des raisons, des raisons oui, de se plaindre de geindre de pleurer. Je le désosse. Je le démembre. Je le vide de son sang, la lame au… »

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DISSO #40 : Laura VAZQUEZ https://revuedissonances.com/disso-40-laura-vazquez/ Sat, 01 May 2021 10:00:39 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4690 Extrait de l’entretien avec Laura VAZQUEZ publié dans DISSONANCES #40     Laura VAZQUEZ (petite) Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ? Rien de tout ça. Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ? La vérité. Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ? Des choses plutôt ordinaires, et parfois je…Lire la suite DISSO #40 : Laura VAZQUEZ

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Extrait de l’entretien avec Laura VAZQUEZ publié dans DISSONANCES #40

    Laura VAZQUEZ (petite)

Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ?
Rien de tout ça.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
La vérité.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Des choses plutôt ordinaires, et parfois je médite.

Qui est votre premier lecteur ?
Une partie de moi.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Idéalement, il faudrait qu’il ou elle comprenne et qu’il ou elle soit enthousiaste.

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
Bonne chance, reste honnête, et au fait : c’est pour ton livre, pas pour toi.

Quelle fut votre première grande émotion de lectrice ?
Les listes de courses de ma mère posées sur la table de la cuisine quand je ne savais pas encore lire, mais je voyais les formes, ça me semblait magnifique.

Que faut-il lire de vous ?
Mon premier roman : La semaine perpétuelle qui paraîtra à la rentrée prochaine.

Votre ego d’écrivaine vous gêne-t-il pour marcher ?
Il me gêne, c’est vrai, mais ce n’est pas un ego d’écrivain, pas vraiment un ego rattaché à l’écriture, au fait d’écrire. C’est un ego plutôt banal.

Qu’est-ce que la poésie ?
Mais je ne sais pas. Si je disais même le contraire du mensonge ce ne…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #40

BIO

Laura Vazquez est née en 1986 à Perpignan et vit actuellement à Marseille. Elle écrit de la poésie, collabore avec des artistes avec qui elle compose des pièces sonores et des vidéos, pratique la lecture publique de ses textes en France et à travers le monde (Ming Contemporary Museum de Shanghai (Chine), Actoral (Paris et Marseille), Centre Pompidou (Paris), Musée d’art contemporain de Genève (Suisse), Norsk Litteraturfestival (Norvège), Festival Voix Vives Tolède (Espagne), Centre d’art d’Amsterdam Perdu (Pays-Bas)…). Son livre La main de la main (chroniqué dans dissonances 39) a reçu le Prix de la Vocation en Poésie en 2014, année où elle fonde avec Arno Calléja la revue Muscle qu’elle co-édite depuis maintenant 5 ans avec Roxana Hashemi. Ses poèmes sont traduits en chinois, anglais, espagnol, portugais, norvégien, néerlandais, allemand, arabe et italien.

BIBLIO (ÉTÉ 2021)

À chaque fois (éd. Derrière la salle de bains, 2014)
Le système naturel et simplifié (éd. Derrière la salle de bains, 2014)
La main de la main (Cheyne éd., 2014)
Menace (éd. Derrière la salle de bains, 2015)
Oui. (éd. Plaine Page, 2016)
Une lame pour une fête (éd. Accademia di Belle Arti di Brera, 2016)
Le signe vertical (éd. Littérature mineure, 2017)
Les fils – avec Simon Allonneau (Bêta éd., 2017)
Les astropoèmes – avec Arno Calleja (éd. L’Arbre à paroles, 2018)
La semaine perpétuelle (éd. du Sous-sol, 2021)

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IDELON Arnaud (extraits) https://revuedissonances.com/idelon-arnaud-extraits/ Sat, 01 May 2021 10:00:36 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4750 DISSONANCES #40 | CONFLITS Médée « Tu voudrais l’embrasser. Là, poser tes lèvres sur celles qu’il a sévères, lui mordiller l’inférieure, passer un bout de langue, effleurer la sienne et puis fuir, le mordre à nouveau, plus fort cette fois, faire rougir la chair et accompagner ce second souffle d’une main à rebours des cheveux. Cela…Lire la suite IDELON Arnaud (extraits)

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DISSONANCES #40 | CONFLITS
Médée

« Tu voudrais l’embrasser. Là, poser tes lèvres sur celles qu’il a sévères, lui mordiller l’inférieure, passer un bout de langue, effleurer la sienne et puis fuir, le mordre à nouveau, plus fort cette fois, faire rougir la chair et accompagner ce second souffle d’une main à rebours des cheveux. Cela fait de longues minutes que vous dansez tous deux, à vous faire face, à contre-temps l’un de l’autre, sur le tempo ralenti aux basses profondes qui s’échappe des hauts-parleurs. Le haut du corps d’un bloc balance, gauche droite, droite gauche, sur des jambes mi-fléchies qui ne décollent pas du sol, le buste penché l’un vers l’autre, vous aguichant depuis la quinconce qui joue avec votre désir. Il est grand et fin, féminin, l’œil intelligent. Les traits aquarelle. Sobre déjà tu lui aurais signifié qu’il te plaît.
Soudain un cri. Ça vocifère dans le coin droit, à trois ou quatre, non loin du bar. Il est seul et ils sont trois, l’invectivant, le bousculant, le forçant à vider ses poches. Encore un peu, il résiste, sans conviction, sous la hargne des trois autres et avant que Médée ne déboule, alerté par le grabuge, sa lampe torche à la main, l’agressé apparaît coupable ; dans ses poches deux fioles à pipette. Les canettes entamées le lorgnent depuis le bar et le… »

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HADDAD Shane | Toni tout court https://revuedissonances.com/haddad-shane-toni-tout-court/ Sat, 01 May 2021 10:00:36 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4674 Coup-de-coeur d’Antoinette BOIS DE CHESNE pour Toni tout court de Shane HADDAD DISSONANCES #40 Toni tout court comme Toni pas plus que ça, comme une pas grand-chose mais un quelque chose tout de même, dans la gorge. « Toni se réveille un matin avec quelque chose entre le cœur et la gorge qui lui donne un air…Lire la suite HADDAD Shane | Toni tout court

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Coup-de-coeur d’Antoinette BOIS DE CHESNE pour Toni tout court de Shane HADDAD
DISSONANCES #40

Toni tout court comme Toni pas plus que ça, comme une pas grand-chose mais un quelque chose tout de même, dans la gorge. « Toni se réveille un matin avec quelque chose entre le cœur et la gorge qui lui donne un air chagrin. Le matin elle est sensible. » Une pelote qui se dévide et l’emporte dans les rues.
Dans ce bref récit, Toni court à travers le jour de ses vingt ans. Ou plutôt c’est cette journée qui coule, s’égoutte en elle, reliant d’autres moments, éparpillés par diffraction. Kaléidoscope du passé pas si lointain, de la soirée de la veille, des trahisons, du match du soir.
Toni tient à la fois d’un Gregor Samsa en pleine métamorphose et d’une Alice groggy, s’inclinant aux impératifs des mange-moi, bois-moi, vomis-moi. Entre cancrelat et lapin fou, elle est agie par impulsions successives : son appartement, la rue, la fac, un restaurant, un parc, un festival, le métro, le stade.
Souvent heurtée – un vélo, une foule, blessée – un tesson de verre, elle prélève ses cadeaux dans son errance – un vieux gant, une photo. On suit sa trajectoire, tenue et scandée par le tempo de phrases courtes ciselées par les motifs-pivots entêtants, les incantations, les rappels, les échos fugaces. Les silences où s’engouffrent des voix fragmentées, polyphonie sertie dans le récit.
Tout court à Toni, par insistance, échos, aimantation, les bribes éparpillées et voletantes du jeu de cartes s’assemblent peu à peu : un sacré coup de poker pour ce premier roman, blason d’une écorchée de 20 ans dont l’enfance tire sur la manche : « Les yeux des enfants sont une drôle de chose. Ils savent sans nommer. Étrangement, Toni n’a rien perdu de son regard d’enfant. Mais elle ne le sait pas. »

éd. P.O.L, 2020
150 pages
17 euros

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BRIEND Xavier (extraits) https://revuedissonances.com/briend-xavier-extraits/ Sat, 01 May 2021 10:00:32 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4728 DISSONANCES #40 | CONFLITS La fille sage près du buffet « Pourtant je sens que je tremble, pas pour de vrai, pas véritablement, mais ça tremble en moi. Un vrai petit, non, mais non, c’est un grand nid d’amour ici. Je dis n’importe quoi, je m’enfonce, j’ai la résignation joyeuse. Qu’est-ce que… L’alcool, et puis les…Lire la suite BRIEND Xavier (extraits)

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DISSONANCES #40 | CONFLITS
La fille sage près du buffet

« Pourtant je sens que je tremble, pas pour de vrai, pas véritablement, mais ça tremble en moi. Un vrai petit, non, mais non, c’est un grand nid d’amour ici. Je dis n’importe quoi, je m’enfonce, j’ai la résignation joyeuse. Qu’est-ce que… L’alcool, et puis les lumières qui tournoient, la musique, la foule, j’en sais rien, je m’en fous. Au loin, il y a un grand type qui danse, qui se démène tout en se marrant et c’est moi, ce type, ce serait moi qui danserais ici, qui casserais tout ici, ici, et ici aussi. Un grand nid d’amour ici ! je lui crie. Putain mais… dit-il, effrayé par mon cri ou dégoûté ou autre chose mais plus du tout souriant. Gorgée de bière. Combien ? Ou dansant dans un bar de nuit du Marais mais pourquoi, pourquoi ? Je l’aurais vue, Aude, dans ce bar. Elle serait à Paris. Elle serait à Montrouge. Non. Ne plus penser à ça, cet ancien appart, ne plus penser à hier, hein, Richard ! Ne pas penser à Aude. Fais un effort, te laisse pas aller et Richard est là, juste en face de moi, sans sourire. Je lui dis, comme s’il était plusieurs, comme s’il y avait une foule de Richard en face de moi : Regardez-moi ces beaux volumes. Ces beaux volumes, je répète, comme si je me prenais moi-même à mon jeu, que j’y croyais, aux beaux volumes. Comme si j’en… »

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BARROT Philippe | Marché aux timbres https://revuedissonances.com/barrot-philippe-marche-aux-timbres/ Sat, 01 May 2021 10:00:32 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4657 Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Marché aux timbres de Philippe BARROT DISSONANCES #40 Philippe Barrot éditeur (PhB éd.), revuiste (Les chroniques du çà et là) romancier chez Nadeau et nouvelliste, offre ici un opuscule sur les visages de la République, vue à travers la lorgnette de la vignette, banale et sans cote, figurant Marianne, des années…Lire la suite BARROT Philippe | Marché aux timbres

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Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Marché aux timbres de Philippe BARROT
DISSONANCES #40

Philippe Barrot éditeur (PhB éd.), revuiste (Les chroniques du çà et là) romancier chez Nadeau et nouvelliste, offre ici un opuscule sur les visages de la République, vue à travers la lorgnette de la vignette, banale et sans cote, figurant Marianne, des années 20 à nos jours, prostituée à son corps défendant – jusqu’à devenir méconnaissable – aux tendances, aux rivalités politiques et idéologiques, aux caprices de l’histoire. La langue y est délicate, minutieuse et familière mais ourlée d’humour et d’ironie. Ce qui charme, c’est la capacité de s’intéresser à la République au travers du lucarnon d’un timbre de collection commun, sans autre valeur que celle de l’acheminement et de l’honorer d’un délire d’interprétation politique et esthétique des plus savoureux et pertinent. Ce qui importe ici n’est pas la possession d’un trésor marchand mais la plongée de l’adulte dans son enfance de collectionneur et celle de l’enfant dans ces havres secrets où s’échangent les amitiés, les passions naissantes et où la personnalité se maçonne contre la répétition. Authentifier un timbre parmi ses semblables, c’est s’authentifier soi-même parmi les autres à travers un langage secret dont le lecteur néophyte goûte l’exotisme. Un timbre vient-il à semer le doute, l’œil expert du modeste amateur ne lésinera pas sur l’expertise pour venir à bout de ce microcosme dont l’auscultation seule lui confère son intime valeur : «  Voici peut-être la fonction secrète de ma collection : le révélateur du mouvement aliénation/libération. » Le timbre comme mise en abyme de la grande Histoire et de l’histoire personnelle, membrane sensible révélatrice des soubresauts du monde, et plus petit tapis volant au monde.

éd. PhB, 2021
61 pages
10 euros

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CARTER Angela | Les machines à désir infernales du Dr. Hoffman https://revuedissonances.com/carter-angela-les-machines-a-desir-infernales-du-dr-hoffman/ Sat, 01 May 2021 10:00:31 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4618 Coup-de-coeur d’Aurélie TRONCHET pour Les machines à désir infernales du Dr. Hoffman d’ Angela CARTER DISSONANCES #40 Si cet ouvrage était une attraction, de celles foraines qui attirent et emportent dans des mouvements sinueux provoquant à la fois l’euphorie et la nausée, elle pourrait s’appeler « Le double saut périlleux trompe-la-mort de l’amour ». Ce pourrait être un…Lire la suite CARTER Angela | Les machines à désir infernales du Dr. Hoffman

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Coup-de-coeur d’Aurélie TRONCHET pour Les machines à désir infernales du Dr. Hoffman d’ Angela CARTER
DISSONANCES #40

Si cet ouvrage était une attraction, de celles foraines qui attirent et emportent dans des mouvements sinueux provoquant à la fois l’euphorie et la nausée, elle pourrait s’appeler « Le double saut périlleux trompe-la-mort de l’amour ». Ce pourrait être un peep-show offrant des variations de la scène primitive, ou bien une Maison de l’Anonymat où les tables sont des hyènes et les prostituées des croisements d’animaux et de végétaux, ou bien encore un formidable baisodrome produisant une énergie érotique digne d’une vision de Wilhem Reich. Pénétrer dans ce récit picaresque, c’est plonger tête première à la suite de Desiderio dans le terrier du Dr Hoffman, dans un « monde qui n’existe que comme un médium dans lequel nous accomplissons nos désirs. » Angela Carter y convoque Freud, Hegel, Caroll, Swift, Voltaire. Elle fait dialoguer la raison triste et belliqueuse de la Détermination et la folie des désirs qui s’incarnent en toutes choses qu’ils transforment sous l’orchestration du Dr Hoffman. Il faudra alors s’accommoder de la rhétorique métaphysico-philosophique et se laisser ravir par la générosité baroque de la narration onirique. Il faudra se résigner à suivre Desiderio, émissaire du Ministre de la Détermination, dans sa poursuite du Dr Hoffman, ou plutôt dans celle de sa fille Albertina, apparue en rêve, désir fait chair et sang et tous les fluides du corps qui vont avec la passion. Il faudra se laisser prendre par des langues inconnues de peuples originels, de monstres de foire et de centaures, apprendre par le corps la langue du plaisir car « Il n’y a pas de sujet plus grave que le plaisir. » Même si, sur notre langue, il peut laisser un goût amer.

traduit de l’anglais par Maxime BERRÉE
éd. de l’Ogre, 2016
355 pages
23 euros

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WOOLF Virginia | Journal intégral (1915-1941) https://revuedissonances.com/woolf-virginia-journal-integral-1915-1941/ Sat, 01 May 2021 10:00:30 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4637 Coup-de-coeur de Julie PROUST TANGUY pour Journal intégral (1915-1941) de Virginia WOOLF DISSONANCES #40 On a parfois envie de replonger dans les totems de ses vingt ans et de s’offrir, pour la première fois, la lecture non-abrégée de celle qui nous a fait réaliser que « somme toute, plus on y réfléchit, plus étrange nous paraît notre…Lire la suite WOOLF Virginia | Journal intégral (1915-1941)

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Coup-de-coeur de Julie PROUST TANGUY pour Journal intégral (1915-1941) de Virginia WOOLF
DISSONANCES #40

On a parfois envie de replonger dans les totems de ses vingt ans et de s’offrir, pour la première fois, la lecture non-abrégée de celle qui nous a fait réaliser que « somme toute, plus on y réfléchit, plus étrange nous paraît notre propre structure intime ».
Au fil des pages, on redécouvre la genèse des œuvres – y compris celles qui, non-traduites, réservent au lecteur anglophone toute la richesse des analyses littéraires de Woolf -, la naissance du style qui saura saisir avec une finesse redoutable les flux de la conscience, l’éclosion des amours lesbiens que la postérité étouffera, la vivacité du cercle littéraire et artistique de Bloomsbury mais aussi la montée en puissance terrible des « aberrations de malade » qui rongeront l’esprit brillant de cette Proust au féminin, qu’on aime tant lire, traduite par Yourcenar ou Wajsbrot.
Lire le journal de Woolf, c’est aussi suivre une plume qui apprend à réécrire et resserrer les expériences et les déconvenues pour en faire jaillir, au plus juste, une conscience indépendante, libre, d’une exigence intellectuelle remarquable.
Ne reste plus, alors, qu’à apprendre fébrilement tous les mots brûlants qui offriront le sésame d’une relecture de son œuvre romanesque (« Mais il y a en moi un chercheur impatient. Pourquoi la vie n’offrirait-elle pas une découverte ? Quelque chose sur quoi l’on pourrait poser les mains en disant : « c’est ça ». Ma dépression vient de ce que je me sens harassée. Je cherche, mais ce n’est pas cela, ce n’est pas cela. Mourrai-je sans l’avoir trouvé ? ») avant de ranger précieusement l’épais volume dans le panthéon des diaristes remarquables, auprès d’Anaïs Nin, Sylvia Plath, Catherine Pozzi et Alejandra Pizarnik.

traduit de l’anglais par Colette-Marie HUET et Marie-Ange DUTARTRE
éd.
Stock, 2008
1560 pages
39,60 euros

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GIBOURG Pascal (extraits) https://revuedissonances.com/gibourg-pascal-extraits/ Sat, 01 May 2021 10:00:26 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1905 DISSONANCES #40 | CONFLITS Combat abstrait « Afficher un visage paisible, intérioriser des conflits insolubles, perdre le sommeil, se réveiller chaque nuit le cerveau saturé de haine et d’impuissance. Crier, gémir, se plonger dans la violence et la vulgarité, appeler à l’aide, ne rencontrer personne. Voir des pendus, des noyés, des défenestrés. Se rêver condamné, se…Lire la suite GIBOURG Pascal (extraits)

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DISSONANCES #40 | CONFLITS
Combat abstrait

« Afficher un visage paisible, intérioriser des conflits insolubles, perdre le sommeil, se réveiller chaque nuit le cerveau saturé de haine et d’impuissance. Crier, gémir, se plonger dans la violence et la vulgarité, appeler à l’aide, ne rencontrer personne. Voir des pendus, des noyés, des défenestrés. Se rêver condamné, se rêver fusillé. Se lever, entamer une nouvelle journée.

Dialoguer avec soi-même comme avec quelqu’un d’autre. Avoir besoin de lui jusque dans la détestation et la maltraitance. Ne pas savoir couper, supprimer, abolir. Découvrir son visage et sa voix derrière toute coupure. Être enfermé, dédoublé. Décider d’entamer un dialogue avec son double par incapacité à ne pas le faire. Séjourner au dedans. Redouter l’extérieur. Fuir.

Tenir tête au silence. S’astreindre. Préparer demain en désertant aujourd’hui. Se retirer. Se rétracter. Descendre. Rapetisser. Ne plus voir. Ne plus penser. Oublier qui l’on est. Ne plus s’adresser à quiconque. Se défaire de tout interlocuteur. Enfin ne plus… »

DISSONANCES #21 | LE VIDE
L’inépuisable vide d’Antonin Artaud
« Dans une formule que l’on pourrait trouver banale, Antonin Artaud parle d’un vide intérieur, interne même, qu’il qualifie d’inépuisable. Le sentiment d’un vide inépuisable en moi est l’expression qu’il utilise dans Histoire vécue d’Artaud-Mômo, le titre donné au texte issu de la fameuse conférence qu’il prononça au Théâtre du Vieux Colombier le 13 janvier 1947, expression qui sous-entend que le vide n’est pas tant un espace qu’il faudrait combler, boucher, mais un plein qu’il faudrait épuiser ou évider, un puits sans eau qu’il faudrait assécher.
L’incommensurabilité du vide extérieur, du vide qui nous entoure et qui s’étend bien au-delà de ce qu’on perçoit – maison, champ, ville, océans, ciel, galaxies – a trouvé refuge à l’intérieur de nous, à la fois pour nous angoisser mais aussi pour nous nourrir, nous ressourcer. Le vide est une faim et une nourriture, un poison si l’on veut mais aussi un remède. Le vide est dynamique, le vide est intermédiaire, le vide est mouvant, mutant, opératoire, il nous défait ou défait nos organes tout en redistribuant autrement l’espace et les nombres qui servent à le mesurer.
Du vide, l’esprit souffrant et créateur extrait péniblement un ordre qui… »

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MAYSONNAVE Mathieu (extraits) https://revuedissonances.com/maysonnave-mathieu-extraits/ Sat, 01 May 2021 10:00:22 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4768 DISSONANCES #40 | CONFLITS Un peu de sel « Un peu de sel, s’il te plaît. Pourquoi ce sourire ? Si, tu as souri. Un sourire bref, satisfait, légèrement mâtiné de mépris. C’est ça, je me fais des idées. Bien sûr. Tu souriais pour « rien ». Je me fais des idées. Je vois le mépris partout. Tu n’as…Lire la suite MAYSONNAVE Mathieu (extraits)

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DISSONANCES #40 | CONFLITS
Un peu de sel

« Un peu de sel, s’il te plaît.
Pourquoi ce sourire ?
Si, tu as souri. Un sourire bref, satisfait, légèrement mâtiné de mépris.
C’est ça, je me fais des idées. Bien sûr. Tu souriais pour « rien ».
Je me fais des idées. Je vois le mépris partout.
Tu n’as rien dit, je sais. Mais le mépris ne se diffuse pas que par les mots : le mépris se dilue aussi dans un regard, un sourire, un geste.
Je me fais des idées.
Et allez, le gros va encore reprendre du sel.
Tu n’as pas dit ça, bien sûr. Tu ne l’as pas dit. Mais toutes les fois où tu m’as sommé de prendre rendez-vous avec Perrot, « pour mon bien », en me traînant jusqu’à la salle d’attente – en me traînant, parfaitement ! Et Perrot, pas finaud pour un sou : « Alors, il paraît qu’on se laisse un peu aller ? » Car tu l’appelais avant chaque consultation. Si, si, tu l’… »

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BATHAMY Lou (extraits) https://revuedissonances.com/bathamy-lou-extraits/ Sat, 01 May 2021 10:00:20 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4726 DISSONANCES #40 | CONFLITS Épiderme conflictuel « Partout dans la tête sur le pavé froid battu et dans le ciel dessinés les coups les fracas les os qui se brisent – combattre le souvenir. Et Marie toute seule toute bleue le crâne entre les deux épaules le corps bien en place, Marie est là immobile tout…Lire la suite BATHAMY Lou (extraits)

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DISSONANCES #40 | CONFLITS
Épiderme conflictuel

« Partout dans la tête
sur le pavé froid battu
et dans le ciel
dessinés les coups les fracas les os qui se brisent – combattre le souvenir. Et Marie toute seule toute bleue le crâne entre les deux épaules le corps bien en place, Marie est là immobile tout contre la défaillance du monde.
Dans son dos il cogne encore il cogne et ça fait des bruits sourds partout autour mais personne n’entend personne ne sait personne ne veut.
Des fractures
et des flocons de veine contre les tempes
et résonne jusqu’au bout des âges l’écho des paumes contre les joues. Et Marie toute bleue toute vide a le corps de travers le corps mâché emmêlé tout cassé, et Marie reste là immobile dans… »

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DUSAPIN Elisa Shua | Vladivostok Circus https://revuedissonances.com/dusapin-elisa-shua-vladivostok-circus/ Sat, 01 May 2021 10:00:20 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4669 Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Vladivostok Circus d’Elisa Shua DUSAPIN DISSONANCES #40 «  Lumière rasante. Toujours plus blanche avec l’avancée de l’automne. En Europe, elle devient jaune, ici transparente. On dirait que la matière perd en densité, la pierre, le verre, le limon, l’arbre se craquellent, un froid sec. » Nathalie, une jeune costumière suisse, arrive au Vladivostok Circus…Lire la suite DUSAPIN Elisa Shua | Vladivostok Circus

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Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Vladivostok Circus d’Elisa Shua DUSAPIN
DISSONANCES #40

«  Lumière rasante. Toujours plus blanche avec l’avancée de l’automne. En Europe, elle devient jaune, ici transparente. On dirait que la matière perd en densité, la pierre, le verre, le limon, l’arbre se craquellent, un froid sec. » Nathalie, une jeune costumière suisse, arrive au Vladivostok Circus où trois acrobates s’entraînent à la barre russe entre deux saisons. Elle doit dessiner leurs tenues de scène pour une compétition internationale, mais le directeur du cirque ne l’attendait pas si tôt et Anna, la voltigeuse du trio, se méfie de cette nouvelle présence féminine.
Tandis que Nathalie déambule, égarée dans son temps libre, à la recherche de sa place dans le groupe et de ce qui pourrait donner un sens à son travail, les répétitions sur la piste racontent un équilibre précaire construit sur le langage de l’effort et de la tension, de l’inlassable répétition des tâches. « Tu sais, quand je pense à tous ces petits corps suspendus entre le ciel et la terre, ça me fait sourire de me dire que parmi eux, il y en a pour qui se mettre à voler, c’est d’abord tomber. »
Dans ce roman où tout se disloque sans cesse pour aussitôt se rafistoler, émerge une certaine esthétique de la distance – lexicale, kilométrique, physique – et de son effondrement : Nathalie finira tôt ou tard par se confronter à ses itinéraires passés et par retrouver des figures familières.
Le récit d’Elisa Shua Dusapin chemine entre le chapiteau et la mer grise parsemée de porte-conteneurs pour nous faire ressentir à la perfection les soubresauts de l’œuvre en train de prendre forme1, et de se confondre peu à peu avec l’existence que chacun tente de se confectionner.

éd. Zoé, 2020
174 pages
16,50 euros

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RACINE Hugo (extraits) https://revuedissonances.com/racine-hugo-extraits/ Sat, 01 May 2021 10:00:19 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4739 DISSONANCES #40 | CONFLITS Une dernière parole « – Une dernière parole ? demande la fille, le doigt sur la détente. Le flingue est pointé sur mon visage, pile entre mes deux yeux. J’ai beau chercher, je ne trouve trouve rien à dire. Je suppose que c’est ainsi, je vais mourir sans avoir pu saisir l’occasion. Je…Lire la suite RACINE Hugo (extraits)

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DISSONANCES #40 | CONFLITS
Une dernière parole

« – Une dernière parole ? demande la fille, le doigt sur la détente.
Le flingue est pointé sur mon visage, pile entre mes deux yeux. J’ai beau chercher, je ne trouve trouve rien à dire. Je suppose que c’est ainsi, je vais mourir sans avoir pu saisir l’occasion. Je ferme les yeux. La peur n’y est pour rien mais ils me sont douloureux à force de loucher sur le canon.
– Pathétique, crache-t-elle.

BANG. Je sens la balle traverser mon crâne, froide comme la mort.

  • Une dernière parole ?
  • Oh putain ! je m’exclame en sursautant. Qu’est-ce qui se passe ?
    La fille est surprise de ma réaction et c’est peut-être la surprise qui presse la détente.

BANG. Le coup de feu est moins précis cette fois ; la balle passe par mon œil gauche avant de se loger dans mon cerveau, bousillant tout sur son passage. Je suis mort.

  • Une dernière parole ?

Ça recommence. Elle pointe toujours son flingue sur moi. Je… »

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BARAN Jeanne (extraits) https://revuedissonances.com/baran-jeanne-extraits/ Sat, 01 May 2021 10:00:19 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4721 DISSONANCES #40 | CONFLITS Le facteur sioux « Au début il y a le noir, tu descends, plus loin plus profond, c’est inévitable. Dans ta tête ça s’embrouille, ça bifurque, ça trafique dans tes neurones, le trou, la cave, la chape de noir comme au tombeau, ça t’envoie le goût de la terre dans les narines,…Lire la suite BARAN Jeanne (extraits)

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DISSONANCES #40 | CONFLITS
Le facteur sioux

« Au début il y a le noir, tu descends, plus loin plus profond, c’est inévitable. Dans ta tête ça s’embrouille, ça bifurque, ça trafique dans tes neurones, le trou, la cave, la chape de noir comme au tombeau, ça t’envoie le goût de la terre dans les narines, les yeux, ça pique, ça te démange, ça te donne envie de te raser les cheveux, balafrer ton visage, parler mal : gueuler, quoi. Faut voir le charbon encrassé dans tes veines qu’on t’a dit, le jus noir qui suinte à la fleur de ta peau, et puis faut voir qu’elle fout le camp ta peau, t’es malade qu’elle t’a dit. Faudrait voir ça même dans le noir. Sauf que le noir est une matière qui fond, qui dégouline, elle s’attache à toi, te colle comme à un aimant, elle rentre dans ton foie, ta rate, ton estomac, tu chies du noir, tu broies du noir, tu le pisses, tu le sens, tu le touches.
Au début tu crois que t’es au fond mais non, tes yeux se sont retournés, ils regardent de l’autre côté, à l’intérieur, le noir à l’intérieur, tu descends dans ta propre mine et c’est inexorable, t’as rien comme lampe frontale. Là-dedans t’as l’impression de voir des amibes translucides te hanter les pupilles comme des reviviscences de fantômes qui… »

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LHOMME Xavier (extraits) https://revuedissonances.com/lhomme-xavier-extraits/ Sat, 01 May 2021 10:00:16 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4758 DISSONANCES #40 | CONFLITS Lothar, mon ami « Quelque part en mer, février 1917 Lothar, mon ami, Je profite d’un moment de répit en pleine bataille pour t’écrire ces quelques mots. Même si je sais qu’il y a peu de chances qu’ils te parviennent un jour, cela me donne du courage de penser à toi. Je…Lire la suite LHOMME Xavier (extraits)

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DISSONANCES #40 | CONFLITS
Lothar, mon ami

« Quelque part en mer, février 1917

Lothar, mon ami,

Je profite d’un moment de répit en pleine bataille pour t’écrire ces quelques mots. Même si je sais qu’il y a peu de chances qu’ils te parviennent un jour, cela me donne du courage de penser à toi.
Je ne sais pas où nous sommes et, si je le savais, je n’aurais pas le droit de te le dire. Tu vois, même dans les pires moments, je reste service-service ! Comme tu le sais, toi qui me connais si bien, je crois aux vertus de la discipline. C’est elle qui nous permet de survivre en mer, de ne pas faillir dans notre mission, de ne pas douter quand la situation est difficile. Aujourd’hui, je dois te l’avouer, pour la première fois depuis le début de cette guerre, le doute me submerge. Même la discipline ne suffit pas à m’en délivrer ; cela me terrorise.
Voilà quelques heures, une chasse s’est engagée entre nous et plusieurs navires de surface. Notre bâtiment a le mauvais rôle, celui de la… »

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TAKUBOKU Ishikawa | Un printemps à Hongo https://revuedissonances.com/takuboku-ishikawa-un-printemps-a-hongo/ Sat, 01 May 2021 10:00:14 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4631 Coup-de-coeur de Laurent ALBARRACIN pour Un printemps à Hongo d’Ishikawa TAKUBOKU DISSONANCES #40 Le journal de Takuboku constitue un complément utile à la lecture des tankas du poète japonais disponibles en traduction chez le même éditeur. Le journal est rédigé en caractères latins dans le but d’échapper aux conventions littéraires de son époque autant qu’aux regards…Lire la suite TAKUBOKU Ishikawa | Un printemps à Hongo

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Coup-de-coeur de Laurent ALBARRACIN pour Un printemps à Hongo d’Ishikawa TAKUBOKU
DISSONANCES #40

Le journal de Takuboku constitue un complément utile à la lecture des tankas du poète japonais disponibles en traduction chez le même éditeur. Le journal est rédigé en caractères latins dans le but d’échapper aux conventions littéraires de son époque autant qu’aux regards indiscrets. Il est pour l’auteur l’occasion de se livrer entièrement et de se mettre à nu sans ménagement, de s’observer dans la cruauté et la trivialité des jours. Avec une lucidité qui frise parfois la complaisance tant les lamentations du poète tendent à l’autodénigrement systématique : « J’aimerais vivre comme un paysan, en ne sachant rien. J’ai été trop malin. » Pauvre, accablé de soucis et de dettes (il vit de façon précaire dans une chambre louée et un emploi de correcteur dans un journal ne lui permet pas de remédier à l’éloignement de sa femme et de sa fille), il s’adonne à nombre de passions plus ou moins tristes : errance dans Tokyo, alcool, rapports avec des prostituées qui sont parfois sombres et parfois heureux. De temps en temps quelque trouée lumineuse – telle la traditionnelle visite aux cerisiers en fleurs – vient éclairer un ciel perpétuellement morose. Mais l’intérêt du livre est surtout dans le ton étrangement souffrant et détaché tout à la fois qui émane de ses pages. Le pathétique même de sa vie, l’auteur semble l’appréhender comme on assiste à un événement dont il serait opportun de tirer un haïku (mélancoliquement, à la manière d’Issa). Pour autant il s’agit bien là d’une prose, la plus factuelle qui soit, celle qui témoigne tristement d’une vie dont le sens échappe mais qui procure assez de distance pour la vivre et l’envisager dans une sorte d’exil à soi-même.

traduit du japonais par Alain GOUVRET
éd.
Arfuyen, 2020
170 pages
16 euros

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PALAYRET Nathalie (extraits) https://revuedissonances.com/palayret-nathalie-extraits/ Sat, 01 May 2021 10:00:14 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2442 DISSONANCES #40 | CONFLITS Starsky et Hutch « C’était le verre ou la bouteille, on ne sait plus. Mais c’était du rouge, c’est certain. On disait alors du gros rouge qui tache. Lancé, balancé, fracassé sur le mur, le verre ou la bouteille. Le papier peint avec comme des motifs en velours, des arabesques. C’était doux…Lire la suite PALAYRET Nathalie (extraits)

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DISSONANCES #40 | CONFLITS
Starsky et Hutch

« C’était le verre ou la bouteille, on ne sait plus.
Mais c’était du rouge, c’est certain. On disait alors du gros rouge qui tache.
Lancé, balancé, fracassé sur le mur, le verre ou la bouteille.
Le papier peint avec comme des motifs en velours, des arabesques. C’était doux sous les doigts.
La tache est restée. Pourquoi on n’a pas changé le papier peint, on ne sait pas.
On disait la tapisserie à l’époque. C’était l’époque des cris.
Les cris c’est rien on s’en fout. Sauf la honte à cause des voisins qui entendent forcément.
Les cris ça faisait comme un brouillard dans les films de zombie. Une brume maléfique qui mastique les joies et les recrache en bouillie dégueulasse.
C’était l’époque des disputes avant la fin du Monopoly. On savait qu’on n’y couperait pas.
C’était pas tragique. Mais quand même, ce… »

DISSONANCES #33 | FUIR
Laque rouge
« Elle a éprouvé les quatre murs et
La laque rouge des meubles
Dans son bégaiement têtu

Fatiguée entière posée sur la table
Vite repartie vers la lumière
Transparence ni issue ni secours

Du noir vrombissement lassée
J’ai ouvert la fenêtre à… »

DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
Encore et toujours la chaussette
« Encore et toujours la chaussette
Seule de l’espèce non accouplée
Aux tyrannosaures désolés qui
Veut mais ne peut aller par deux

Encore et toujours l’épi blond
Pas de blé hélas dressé en dépit
Des ordres sévères de la brosse
Et laque en attaques répétées

Encore et toujours le fond du sac
Sombre lac gouffre pour les
Cartes bleues et bâtons rouges
Dans un triangle hors Bermudes

Encore et toujours je... »

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WISIELEC | Hardcore https://revuedissonances.com/wisielec-hardcore/ Sat, 01 May 2021 10:00:06 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4647 Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Hardcore de WISIELEC DISSONANCES #40 Hippomène d’Arcas est un jeune homme moderne. Urbain et connecté (hypersocialisé), il va à des soirées, y prend des drogues fortes, y croise d’étranges gens, y fait n’importe quoi : sa vie est une fête… mais il y est sans y être : en profonde « diserrance », il cherche qui…Lire la suite WISIELEC | Hardcore

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Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Hardcore de WISIELEC
DISSONANCES #40

Hippomène d’Arcas est un jeune homme moderne. Urbain et connecté (hypersocialisé), il va à des soirées, y prend des drogues fortes, y croise d’étranges gens, y fait n’importe quoi : sa vie est une fête… mais il y est sans y être : en profonde « diserrance », il cherche qui il est. Il est artiste, père, muet. En plus d’être le titre de l’œuvre de commande (un porno conceptuel) sur laquelle il s’éreinte, Hardcore est le récit de la « Tribulation » de ce dandy post-punk, depuis sa conception (« Adam et Ève, cette nuit-là, conçurent. Je suis le fruit de ce pédé et de cette chienne. ») jusqu’à son ordalie (par la rose bien sûr (et cette rose de sang) « dont la tige partait de l’entrejambe du Christ enfant, passait dans la main droite du Verbe qui effleurait le cœur de la Vierge, et se prolongeait vers la bouche de la Théotokos ») : quête initiatique donc (avec tout ce qu’il faut d’épreuves et de tension) et beaucoup plus que cela. Car ce livre est en fait un monstre littéraire où la pornographie la plus hallucinée, l’horreur la plus glacée, l’humour le plus cinglé et le psychédélisme le plus échevelé s’accouplent éhontément avec le mysticisme le plus anachronique et le plus flamboyant : ici tout est excès (dans ce qui est raconté (qui passe les bornes tout le temps) comme dans la façon dont Wisielec écrit (qui est décadente à souhait : « « Tu m’as l’air bien gracieuse », observa l’ange funèbre d’une voix suave et ironique lorsqu’il fut parvenu auprès de moi. « Serais-tu sans crainte ? » ») et c’est un peu comme si les fantômes de Bloy, Barbey d’Aurevilly, Powys, Dante, Dantec (et mille autres exaltés) tenaient là un sabbat. Bref c’est très décalé (et donc très incorrect (et donc très réjouissant)).

éd. Æthalidès, 2016
424 pages
18 euros

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MUELLER Cookie | Comme une version arty de la réunion de couture https://revuedissonances.com/mueller-cookie-comme-une-version-arty-de-la-reunion-de-couture/ Sat, 01 May 2021 10:00:04 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4624 Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Comme une version arty de la réunion de couture de Cookie MUELLER DISSONANCES #40 Égérie de la scène underground new-yorkaise des années 70-80, muse déjantée, Cookie Mueller nous livre ses souvenirs dans un road-trip intense à l’image de sa vie d’actrice, performeuse, écrivaine, gogo-danseuse, guérisseuse, critique d’art… Avec elle, on ferme les…Lire la suite MUELLER Cookie | Comme une version arty de la réunion de couture

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Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Comme une version arty de la réunion de couture de Cookie MUELLER
DISSONANCES #40

Égérie de la scène underground new-yorkaise des années 70-80, muse déjantée, Cookie Mueller nous livre ses souvenirs dans un road-trip intense à l’image de sa vie d’actrice, performeuse, écrivaine, gogo-danseuse, guérisseuse, critique d’art… Avec elle, on ferme les yeux, on pose le doigt au hasard sur le globe, et on embarque pour la Jamaïque, Naples ou Berlin. Ses histoires sont tendres, trash, touchantes, drôles et décalées : ici, un hélicoptère largue du LSD dans un parc de Californie et nous emporte dans des visions hallucinées ; là, au sommet d’une décharge, l’acteur Divine trône, couronné de mouettes, en manteau de vison ; plus tard, pour soigner un chagrin d’amour, on prend un train avec Nan Goldin et on atterrit dans un club de la Nouvelle Orléans où des danseuses mangent du verre ; partout, on croise des figures comme Edith Massey, John Waters ou Jean-Michel Basquiat, perdu dans « l’ivresse des profondeurs ».
Ces pages reflètent l’insouciance, la liberté d’un monde révolu et la plume incandescente d’une femme profondément vivante, dont les récits chargés d’humanité vous enseignent que les sans-abris sont « les seuls écologistes honnêtes » tandis que « les chiens vous rappellent pourquoi vous êtes sur terre ». Finalement, ce sont ses mots écrits sur l’œuvre de son mari Vittorio Scarpati qui caractérisent le mieux la sienne : « une vie entière d’images et de souvenirs saisis au vol. Avec finesse et sensibilité, son œuvre parle du divin en chacun de nous, de notre nature profonde, de la puissance de vie… une œuvre qui exprime avec tant de cohérence la compassion généreuse de l’artiste pour la vie sous toutes ses formes ne saurait être ignorée. »

traduit de l’américain par Romaric VINET-KAMMERER
éd. Finitude, 2019
208 pages
17,50 euros

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DISSONANCES #40 CONFLITS https://revuedissonances.com/dissonances-40-conflits/ Sat, 01 May 2021 10:00:02 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4577 mai 2021 / 56 pages / 7 euros mise en images : Camille CATHUDAL – ÉDITO : CLASH Du conflit, le Littré, toujours délicat, nous indique qu’il est un choc de gens qui en viennent aux mains. Il nous précise aussi, oublieux de sa propre poésie comme à l’accoutumée, qu’au singulier, sa finale ne se lie pas dans le parler…Lire la suite DISSONANCES #40 CONFLITS

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mai 202156 pages / 7 euros
mise en images : Camille CATHUDAL

ÉDITO : CLASH

Du conflit, le Littré, toujours délicat, nous indique qu’il est un choc de gens qui en viennent aux mains. Il nous précise aussi, oublieux de sa propre poésie comme à l’accoutumée, qu’au singulier, sa finale ne se lie pas dans le parler ordinaire. Alors qu’au pluriel, si. La forme rejoint le fond : finalité sans dénouement quand il est solitaire, sa résolution vers l’autre induit une dose nécessaire de violence.
Intérieur ou global, moral ou armé, d’intérêts, d’emploi du temps, de canard (si si, on y a eu droit, sans rire, et pas qu’une fois), c’est donc autour du (des) conflit(s) que j’ai eu l’immense joie d’intégrer pour de bon l’équipe Dissonances.
Et conflit il y a eu, quoique civilisé (le vin d’orange qui a régulièrement maintenu le comité hydraté n’est, à mon humble avis, pas pour rien dans cette civilité – le vin d’orange, cet instrument de paix méconnu…) Certains des textes qui composent cet opus nous ont divisés, opposés, arc-boutés sur nos défenses ou nos vétos, négociant, marchandant, jusqu’à réaliser que précisément, ces textes étaient sans doute ceux qui dépasseraient le thème en provoquant effectivement le conflit chez vous. C’est donc avec une satisfaction parfaitement sereine (le calme après la tempête) que nous vous livrons, entre autres, les variations des 21 auteurs qui fleurissent ce numéro, et les illustrations – opportunes de discorde – de Camille Cathudal.
Et que je vous redis ma joie d’arpenter désormais avec vous ce sentier et tous ceux à venir.

Ingrid S. KIM

DOSSIER « CRÉATION » : CONFLITS

Rachel ADALBALD  : Courtoisie
« L’outrage est énorme ; / Perk chope la carabine et dégaine les vaisseaux mitraillettes ! Gardien de phare rachitique, / chèvre et chou, la gueule carbonisée sous les soleils d’hiver (noir, noir, noir – la nuit se détend) / trace sa toile dans les voies, / les perséides en champ de… »

Jeanne BARAN  : Le facteur sioux
« Au début il y a le noir, tu descends, plus loin plus profond, c’est inévitable. Dans ta tête ça s’embrouille, ça bifurque, ça trafique dans tes neurones, le trou, la cave, la chape de noir comme au tombeau, ça t’envoie le goût de la terre dans les narines, les yeux, ça pique, ça te… »

Lou BATHAMY : Épiderme conflictuel
« Partout dans la tête / sur le pavé froid battu / et dans le ciel / dessinés les coups les fracas les os qui se brisent – combattre le souvenir. Et Marie toute seule toute bleue le crâne entre les deux épaules le corps bien en place, Marie est là immobile tout contre la… »

Xavier BRIEND  : La fille sage près du buffet
« Pourtant je sens que je tremble, pas pour de vrai, pas véritablement, mais ça tremble en moi. Un vrai petit, non, mais non, c’est un grand nid d’amour ici. Je dis n’importe quoi, je m’enfonce, j’ai la résignation joyeuse. Qu’est-ce que… L’alcool, et puis les lumières qui… »

Tristan CADE  : Blockhaus Babylon
« Le salon, malgré tout, était d’un confort raisonnable ; son aménagement conservait l’élégance normée des intérieurs d’aristocrates. Le papier peint était brun chocolat, avec un imprimé floral d’un ocre plus pâle. Il y avait du parquet – de longues planches très fines, très… »

Philippe CAZA : Le mur invisible
« « Les Fluxmols de la nation Fluxmoline appartiennent à la famille des nénufars (anciennement nénuphars). » Wikipédonculia / Ce jour-là, Nyarfon errait lamentablement le long de la frontière obvile à la recherche d’une occasion de. Seules des marques au… »

Pascal GIBOURG : Combat abstrait
« Afficher un visage paisible, intérioriser des conflits insolubles, perdre le sommeil, se réveiller chaque nuit le cerveau saturé de haine et d’impuissance. Crier, gémir, se plonger dans la violence et la vulgarité, appeler à l’aide, ne rencontrer personne. Voir des pendus, des… »

Sylvain GUILLAUMET : Nos cris de poupées sans bouche
« La vérité
sans plis
et celle… »

Louis HAËNTJENS : Bayuk
« Depuis l’aube des temps que nous boit cette terre, nous ne sait ce qu’en moi n’est pas devenu fleuve. Vase, branches, nous est né racines eau boue traîtresse, tout cela ensemble, un, entièreté indissociable indécantable que charrient lentement d’invisibles… »

Arnaud IDELON : Médée
« Tu voudrais l’embrasser. Là, poser tes lèvres sur celles qu’il a sévères, lui mordiller l’inférieure, passer un bout de langue, effleurer la sienne et puis fuir, le mordre à nouveau, plus fort cette fois, faire rougir la chair et accompagner ce second souffle d’une… »

Isabelle LARTAULT : (X) capables de
« (X) capables de s’accrocher auX murs grâce à des griffes rétractiles, que les murs se sont multipliés ces dernières années, qu’un mur est un ouvrage de maçonnerie s’élevant verticalement sur n’importe quelle longueur servant à enclore, à séparer des… »

Xavier LHOMME : Lothar, mon ami
« Quelque part en mer, février 1917 / Lothar, mon ami, / Je profite d’un moment de répit en pleine bataille pour t’écrire ces quelques mots. Même si je sais qu’il y a peu de chances qu’ils te parviennent un jour, cela me donne du courage de penser à toi. Je ne… »

L’Og : L’art de chasser l’éternité (déploiement dans l’uniement)
« On a dans sa poche quelques bonnes graines de batailles, des antiques, des classiques, des modernes, des nouvelles, des à venir sans nom déjà perdues et gagnées, qu’on garde précieusement car un malheur est si vite arrivé ! / On se rappelle un… »

Romain LOSSEC : Diplomatie
« avec M.A. nous avons, depuis longtemps, épuisé tous les motifs de dispute possible ; / c’est-à-dire que le territoire classiquement réservé à la lutte a été totalement balisé, qu’il ne reste plus d’espaces vierges dans le domaine normal de la querelle, du… »

Julie MARTIN-CABÉTICH  : Le grig
« Le grig vit dans les vallées. Il s’est installé sur l’intégralité des terres cultivables. Toujours il geint : de n’en avoir pas assez, de mériter plus, de mériter mieux, que le monde décidément n’est pas à sa hauteur. Je le laisse faire. Mais qu’il approche des hauteurs, et la… »

Mathieu MAYSONNAVE : Un peu de sel
« Un peu de sel, s’il te plaît. / Pourquoi ce sourire ? / Si, tu as souri. Un sourire bref, satisfait, légèrement mâtiné de mépris. / C’est ça, je me fais des idées. Bien sûr. Tu souriais pour « rien ». / Je me fais des idées. Je vois le mépris partout. / Tu n’as rien dit, je sais. Mais le… »

Jean-Jacques NUEL  : Fait d’armes
« ma seule action révolutionnaire / en bande organisée / a été l’attaque de la coopérative / des élèves de l’INSA / à Villeurbanne l’après-midi / du 6 mai 1971 // opération de commando / que je peux retracer / grâce à un article du Progrès / daté du lendemain / et… »

Nathalie PALAYRET : Starsky et Hutch
« C’était le verre ou la bouteille, on ne sait plus. / Mais c’était du rouge, c’est certain. On disait alors du gros rouge qui tache. / Lancé, balancé, fracassé sur le mur, le verre ou la bouteille. / Le papier peint avec comme des motifs en velours, des arabesques. C’était… »

Hugo RACINE : Une dernière parole
« – Une dernière parole ? demande la fille, le doigt sur la détente. / Le flingue est pointé sur mon visage, pile entre mes deux yeux. J’ai beau chercher, je ne trouve trouve rien à dire. Je suppose que c’est ainsi, je vais mourir sans avoir pu saisir l’occasion. Je… »

Camille RUIZ : Bien
« la maison de T., dans la campagne, les volets clos de peur d’attirer l’attention. dans la cuisine il y a son frère, allongé, et il doit couper sa main gauche blessée par balle. T. peut voir les reflets de la lune sur les murs et entendre le vent chaud souffler sur la… »

Gaston VIEUJEUX : Guerre civile
« j’ai poussé la porte
et je suis entré
la femme était… »

PORTFOLIO : Camille CATHUDAL

« Le conflit est, par définition, un choc, un heurt se produisant lorsque des éléments, des forces antagonistes entrent en contact et cherchent à s’évincer réciproquement. À travers cette série de dessins, des conflits géologiques et géopolitiques sont mis en… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (24 questions à un.e auteur.e connu.e) :
Laura VAZQUEZ

« Où vous êtes-vous sentie le mieux ?
Une fois je faisais des courses et j’ai vu une salade qui se faisait humidifier automatiquement par un petit appareil diffuseur de brume. Je me suis sentie bien devant cette image, c’était… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur un livre remarquable)  :
Laura (Éric CHAUVIER)
« Étrange livre que ce Laura que j’ai lu et relu sans savoir au final si je l’ai aimé ou pas : je trouve très efficace (parce que vraiment troublante) l’embrouille narrative sur laquelle il se base (le texte est le dialogue d’une femme et d’un homme qu’entrecoupent… »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture en domaine francophone)  :
Philippe BARROT : Marché aux timbres
 (éd. PhB)
« Philippe Barrot éditeur (PhB éd.), revuiste (Les chroniques du çà et là) romancier chez Nadeau et nouvelliste, offre ici un opuscule sur les visages de la République, vue à travers la lorgnette de la vignette, banale et sans cote, figurant Marianne, des années… »
Yann BOURVEN : Beffroi (éd. Sulliver)
« Si l’intrigue de Beffroi s’articule autour d’un écrivain cherchant à fuir la « Réalité-jour » et d’un orphelin foutraque aux Visions Lunaires qui œuvre à venger le meurtre de sa mère toxico au gré de Boucheries Burlesques, le caractère brutal de ce récit, avec le… »
Elisa Shua DUSAPIN : Vladivostok Circus (éd. Zoé)
« « Lumière rasante. Toujours plus blanche avec l’avancée de l’automne. En Europe, elle devient jaune, ici transparente. On dirait que la matière perd en densité, la pierre, le verre, le limon, l’arbre se craquellent, un froid sec. » Nathalie, une jeune costumière suisse, arrive au… »
Shane HADDAD : Toni tout court (éd. P.O.L)
« Toni tout court comme Toni pas plus que ça, comme une pas grand-chose mais un quelque chose tout de même, dans la gorge. « Toni se réveille un matin avec quelque chose entre le cœur et la gorge qui lui donne un air chagrin. Le matin elle est… »
Émilie NOTÉRIS : Macronique (éd. Cambourakis)
« Ça sonne comme une période géologique : le Macronique, juste après le Jurassique. Paléontologue avertie, Émilie Notéris scrute avec acuité ses strates et c’est la violence qui en surgit, dénominateur commun, fondement, ferment, et courant qui les… »
Paola PIGANI
 : La renouée aux oiseaux (éd. La Boucherie Littéraire)
« C’est pratique de se dire au sujet d’un poème qu’il n’y a rien à comprendre et de, finalement, se substituer à son auteur, plus violeur qu’exégète. C’est justement ce contre quoi luttent les bons textes : l’intrusion snobe des athlètes de la critique. Dans La… »
Lucie TAÏEB : Freshkills – recycler la terre (éd. La Contre Allée)
« Fresh Kills est le nom donné à l’une des plus grandes décharges à ciel ouvert du monde, implantée sur l’île de Staten Island à New York en 1948. Initialement pour trois ans. En fait pour cinquante de plus. Fermé en 2001, le site est peu à peu réhabilité en… »
WISIELEC  : Hardcore (éd. Æthalidès)
« Hippomène d’Arcas est un jeune homme moderne. Urbain et connecté (hypersocialisé), il va à des soirées, y prend des drogues fortes, y croise d’étranges gens, y fait n’importe quoi : sa vie est une fête… mais il y est sans y être : en profonde « diserrance », il… »

D’ISTANBUL À RIO (4 coups-de-cœur de lecture en domaine étranger) :
Angela CARTER : Les machines à désir infernales du Dr. Hoffman (éd. de l’Ogre)
« Si cet ouvrage était une attraction, de celles foraines qui attirent et emportent dans des mouvements sinueux provoquant à la fois l’euphorie et la nausée, elle pourrait s’appeler « Le double saut périlleux trompe-la-mort de l’amour ». Ce pourrait être un peep-show offrant… »
Cookie MUELLER : Comme une version arty de la réunion de couture (éd. Finitude)
« Égérie de la scène underground new-yorkaise des années 70-80, muse déjantée, Cookie Mueller nous livre ses souvenirs dans un road-trip intense à l’image de sa vie d’actrice, performeuse, écrivaine, gogo-danseuse, guérisseuse, critique d’art… Avec elle, on… »
Ishikawa TAKUBOKU : Un printemps à Hongo (éd. Arfuyen)
« Le journal de Takuboku constitue un complément utile à la lecture des tankas du poète japonais disponibles en traduction chez le même éditeur. Le journal est rédigé en caractères latins dans le but d’échapper aux conventions littéraires de son époque autant… »
Virginia WOOLF : Journal intégral (1915-1941) (éd. Stock)
« On a parfois envie de replonger dans les totems de ses vingt ans et de s’offrir, pour la première fois, la lecture non-abrégée de celle qui nous a fait réaliser que « somme toute, plus on y réfléchit, plus étrange nous paraît notre propre structure intime ». Au fil des… »

DI(S)GRESSION (coup d’œil sur un domaine autre que la littérature – carte blanche)
Romain PARIS  : Punks !
« De la Bataille de Stalingrad au Génocide Rwandais & du Délire létal des Khmers Rouges au Naufrage du World Trade Center, la servitude volontaire a toujours tenu lieu de forfaiture envers l’Humanité. Quelle fut notre réaction juste après la Guerre de… »

DYSCHRONIE (journal des 6 mois écoulés – carte blanche)
Alban LÉCUYER : Hiver 2020
« 1er septembre : Vingt-cinq ans après, je retourne voir La Haine au cinéma. Derrière moi, une jeune femme qui doit avoir à peu près l’âge du film demande à ses copines : « C’est un film qui vient de sortir ? » Très bonne question. Si Vincent Cassel, Saïd Taghmaoui et Mathieu… »

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PIGANI Paola | La renouée aux oiseaux https://revuedissonances.com/pigani-paola-la-renouee-aux-oiseaux/ Sat, 01 May 2021 10:00:00 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4641 Coup-de-coeur de Nicolas LE GOLVAN pour La renouée aux oiseaux de Paola PIGANI DISSONANCES #40 C’est pratique de se dire au sujet d’un poème qu’il n’y a rien à comprendre et de, finalement, se substituer à son auteur, plus violeur qu’exégète. C’est justement ce contre quoi luttent les bons textes : l’intrusion snobe des athlètes de la critique.…Lire la suite PIGANI Paola | La renouée aux oiseaux

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Coup-de-coeur de Nicolas LE GOLVAN pour La renouée aux oiseaux de Paola PIGANI
DISSONANCES #40

C’est pratique de se dire au sujet d’un poème qu’il n’y a rien à comprendre et de, finalement, se substituer à son auteur, plus violeur qu’exégète. C’est justement ce contre quoi luttent les bons textes : l’intrusion snobe des athlètes de la critique.
Dans La renouée aux oiseaux (acheté-adoré bien avant le prix Apollinaire : quel nez !), cette résistance se fait subtile, farouche, et c’est une chasse au sens qui s’engage. Rien d’un bras de fer, mais une traque lente, faite d’avancées et d’affûts. Par-delà la magnifique sobriété de langue (« Je pourrais tenir dans une cosse de fève / le silence de son velours / Enfant à renaître »), un drame remonte tel un repentir, d’une cohérence terrible, qui ne raconte pourtant rien de trop. Ici, chaque vers se relève comme une trace fraîche – et sans ces feux d’artifice métaphoriques, ni ces dépouillements d’ossuaire. Car un seul regard suffit parfois : « J’ai dû laisser l’enfant dormir / quelque part / l’éloigner du soleil / le poser sur un limon très doux / qu’il tête en paix / mon absence ».
Qui parle ? Et d’où vient cette voix cloîtrée ? D’une prison, d’un asile ? « On m’arrache encore la chasuble / on me pousse dans l’eau / qui apprend à se taire ». D’un lieu de douleur aussi incertain que la vie qui reste : notre déréliction. Ainsi, dans ce sanatorium-purgatoire, rongé de mots-renouée (wiki), chaque page délivre des plaies sensibles d’une beauté dépossédée : «  Ses petits osselets piquent ma peau / je ne saigne pas / il m’a tout retiré / Alors chaque nuit / je fais de l’eau ».
Au corps du livre, des feuillets-cloisons bruns ou roses, d’un toucher plus troublant encore. Parce qu’un beau recueil se caresse aussi, comme on console.

éd. La Boucherie littéraire, 2019
96 pages
20 euros

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HAËNTJENS Louis (extraits) https://revuedissonances.com/haentjens-louis-extraits/ Sat, 01 May 2021 10:00:00 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4175 DISSONANCES #40 | CONFLITS Bayuk « Depuis l’aube des temps que nous boit cette terre, nous ne sait ce qu’en moi n’est pas devenu fleuve. Vase, branches, nous est né racines eau boue traîtresse, tout cela ensemble, un, entièreté indissociable indécantable que charrient lentement d’invisibles courants. Nous est la mer végétale infinie que nul œil ne…Lire la suite HAËNTJENS Louis (extraits)

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DISSONANCES #40 | CONFLITS
Bayuk

« Depuis l’aube des temps que nous boit cette terre, nous ne sait ce qu’en moi n’est pas devenu fleuve. Vase, branches, nous est né racines eau boue traîtresse, tout cela ensemble, un, entièreté indissociable indécantable que charrient lentement d’invisibles courants. Nous est la mer végétale infinie que nul œil ne découpe, nulle bouche n’avale sans mourir d’autant de vie, soudain. Océan primordial infini de sols contraires qui bat toujours de ses cœurs innombrables, dans l’infinité de nos formes, nous ne peut être qu’un, un corps par mille, une voix fluctuante lente et mouvement même qui possède en son sein toutes les directions. Nous louvoie entre les univers, végétation rocs brise, nous se fraye un chemin comme les barges vieilles sur nos canaux secrets qu’aucune Venise ne saura reproduire, jamais. Serpent, ils nous ont appelés serpent, « Bayuk ! », sans vraiment nous comprendre, bayuk !, comme si l’infini pouvait être serti dans un mot de leur langue. Serpent, bayuk, parce que comme un serpent nous a mordu leurs chevilles imprudentes qui tentaient de nous piétiner, d’avaler dans leurs ventres roses les centaines d’enfants que nous a engendré. Serpent, rage, bayuk !, parce que leurs villes mortes qu’ils… »

DISSONANCES #38 | FEUX
V o l c a n (s)
« 1. D’abord, rien. Enfin, rien. Si. Un qui s’envole. Un qui a senti avant les autres. Mais. C’est tout. Un qui s’envole avant les autres et c’est tout. Sinon, rien. Tout ressemble. Personne doute. Sauf un. Comment ? Sais pas. Lui-même sait pas, sent. Pas son boulot de savoir. Sentir non plus mais sait pas faire autrement. Sent et s’envole. Sent rien mais pas tout à fait. Quelque chose. Petit mais là. Un rien. Un rien plutôt que pas rien. Dans l’air. Non. Sous l’air. Sous l’air quelque chose. Mouvement. Danger. L’air tremble. Un qu’a compris. Surtout l’air tremble. Pas de vent mais l’air tremble. Bizarre. Donc danger. Donc pas rien. Si bizarre, pas rien. Pas pareil. Pareil mais pas pareil. Détail qui cloche. Bruit normal quoique. Bruit normal quoique différent. Bizarre. Tout pareil mais ça change. Tout change mais là pas pareil, change bizarre, change sans bouger. Reste. Mouvement ça reste. Voilà. Bizarre qui bouge sans bouger. Un s’envole dans l’air qui tremble, d’abord termine, ça commence.

  1. Ça commence. Rien d’abord sauf un qui s’envole, puis ça commence. Enfin pas ça. Pas tout à fait ça. Autour. Voilà, autour. Ça attend. Ça se prépare. Autour, commence. D’abord… »

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BECK Béatrix | La double réfraction du spath d’Islande https://revuedissonances.com/beck-beatrix-la-double-refraction-du-spath-dislande/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:59 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4503 Coup-de-cœur de Justine ARNAL pour La double réfraction du spath d’Islande de Béatrix BECK DISSONANCES #39 La double réfraction du spath d’Islande, c’est le titre que Béatrix Beck aurait souhaité donner à un livre mais « sans savoir qu’y mettre ». Les éditions du Chemin de Fer, en 2014, ont trouvé pour elle : ils ont alors publié un…Lire la suite BECK Béatrix | La double réfraction du spath d’Islande

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Coup-de-cœur de Justine ARNAL pour La double réfraction du spath d’Islande de Béatrix BECK
DISSONANCES #39

La double réfraction du spath d’Islande, c’est le titre que Béatrix Beck aurait souhaité donner à un livre mais « sans savoir qu’y mettre ». Les éditions du Chemin de Fer, en 2014, ont trouvé pour elle : ils ont alors publié un recueil de 43 nouvelles et textes autobiographiques, inédits ou parus en revue, de celle qui fut, à la parution de Léon Morin, prêtre, en 1952, la deuxième femme à obtenir le Prix Goncourt (créé en 1903).
Recueil où s’égrènent les leitmotivs d’une auteure aimantée par les ambiguïtés et les marginalités, passionnée des mots, dévouée à leur matérialité sonore («  Les zobs secs, c’est triste. Je n’en veux pas. ») et s’attachant, toujours, à donner la parole à ceux qui ne l’ont pas : « – Un héros de roman, c’est qui ? / – N’importe qui. / – Sans préférence  ? / – Plutôt les anormaux. Il y a plus d’au-delà en eux. »
On y trouve, entre autres : les fantasmes inspirés par Angèle Pompéi, et son rôle inconscient dans l’inspiration du titre de ce recueil ; les effets du silence de Dieu et des trous de mémoire ; une chronique de mode fort érudite ; un entretien imaginaire écrivain/journaliste ; les prémices du roman Josée dite Nancy ; le parcours de son père écrivain ; une lettre posthume, féroce d’amour, dédiée à sa mère suicidée ; un portrait de Roger Nimier ; une ode aux boîtes aux lettres, aux rêves, à Tarzan, aux librairies…
On y trouve surtout une écriture de foisonnement dans la concision, pointilleuse, pleine d’humour noir. Sans transitions et décousue. Châtiée et argotique. Baroque et fantastique. Acoquinée aux coq-à-l’âne véloces et incisifs. Pleine d’ellipses, de joutes verbales, de féerie, de fantaisie, et d’onirisme.

éd. du Chemin de fer, 2014
200 pages
19 €

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PAILLET Jean-Charles (extraits) https://revuedissonances.com/4415-2/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:59 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4415 DISSONANCES #39 | MUTATIONS Échappée « Souvent dans l’air tremblé le présent t’échappe comme un éclair dans la nuit Tes paroles en mutation trop en arrière ou trop en avant de toi-même écartent les… »

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DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Échappée

« Souvent
dans l’air tremblé
le présent t’échappe
comme un éclair
dans la nuit

Tes paroles
en mutation
trop en arrière
ou trop en avant
de toi-même
écartent les… »

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DUVIVIER Claire | Un long voyage https://revuedissonances.com/duvivier-claire-un-long-voyage/ https://revuedissonances.com/duvivier-claire-un-long-voyage/#comments Sun, 04 Oct 2020 14:00:55 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4493 Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour Un long voyage de Claire DUVIVIER DISSONANCES #39 « Gémétous, ma hiératique, c’est pour toi que j’allume cette lanterne, que je sors ces feuilles, que je trempe cette plume dans l’encre. » Dès la première phrase du roman, Claire Duvivier intrigue : qui donc peut bien être cette créature immuable à qui le narrateur dédie…Lire la suite DUVIVIER Claire | Un long voyage

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Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour Un long voyage de Claire DUVIVIER
DISSONANCES #39

« Gémétous, ma hiératique, c’est pour toi que j’allume cette lanterne, que je sors ces feuilles, que je trempe cette plume dans l’encre. » Dès la première phrase du roman, Claire Duvivier intrigue : qui donc peut bien être cette créature immuable à qui le narrateur dédie son récit et sa tendresse ? Il faudra tout un roman pour le comprendre. Rien ne sert de courir, semblent nous dire l’auteur et son héros, Liesse, fils répudié d’un village insulaire perdu au sein d’un archipel sous la coupe d’un Empire décadent. Pas de trolls, pas de dragons ici, mais un monde réaliste, avec ses lois, ses cultures, ses langues, ses petites et grandes histoires. Ce récit élégant, sans esbroufe, sans didactisme, pose son décor, ses personnages, son atmosphère en prenant son temps.
Et le temps c’est justement le cœur du voyage : que signifie-t-il quand il n’existe plus, quand deux temporalités se rejoignent, se superposent, se confrontent ? Que se passe-t-il quand le passé s’impose dans le présent, quand les légendes envahissent aujourd’hui en ignorant le passage des saisons ? Les questions posées par Claire Duvivier en filigrane de son récit sont bien évidemment très actuelles et politiques : colonisation, place de l’Histoire dans la construction d’un avenir que l’on espère commun… Combien de sang versé au cours de ce long voyage ici et là-bas. Mais tout cela est réalisé avec beaucoup de grâce, d’intelligence et de subtilité.
Et puis sans doute, ce qui compte parfois, c’est aussi de savoir que toutes les bonnes choses ont une fin : « C’est celui-là, le moment précis où j’ai su que je devais écrire ce récit, que je termine ici. »

éd. Aux forges de Vulcain, 2020
314 pages
19 €

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MONIN Amandine (extraits) https://revuedissonances.com/monin-amandine-extraits/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:54 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4407 DISSONANCES #39 | MUTATIONS Nous sommes « Nous sommes intenses et cloisonnés, nous ne savons pas parler, nous parlons, nous habitons la forêt, nous sommes habités, nous sommes hantés, nous sommes flous, nous sommes une foule floue, nous sommes des garçons, nous sommes arrivés, nous sommes là. Nous fabriquons des voitures, nous fabriquons des cafetières, il…Lire la suite MONIN Amandine (extraits)

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DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Nous sommes

« Nous sommes intenses et cloisonnés, nous ne savons pas parler, nous parlons, nous habitons la forêt, nous sommes habités, nous sommes hantés, nous sommes flous, nous sommes une foule floue, nous sommes des garçons, nous sommes arrivés, nous sommes là. Nous fabriquons des voitures, nous fabriquons des cafetières, il y en a qui regardent un capricorne rouge sur un tronc couché, nous sommes couchés, nous sommes groupés, regroupés, il y a plusieurs groupes, on le suit, on suit le groupe, on se repère, nous nous repérons, nous sommes repérés, nous marchons dans les herbes hautes, nous sommes beaux, nous sommes des filles, nous entrons en contact, nous nous touchons, nous voudrions nous toucher, nous sommes tendues. Nous sommes affairées. Nous écrivons des poèmes, nous aimons, nous sommes aimées, nous sommes intéressantes, nous sommes aiguës, nous déclenchons une abeille sur la robe de mère
Nous buvons du thé et du vin blanc.
La nuit. La nuit nous la buvons, nous la buvions, nous étions jeunes, nous allions à paris, on se disait à plusieurs, à plusieurs on se disait mais nous étions… »

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GAVARD-PERRET Jean-Paul | Joguet, Joguette https://revuedissonances.com/gavard-perret-jean-paul-joguet-joguette/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:48 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4506 Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Joguet, Joguette de Jean-Paul GAVARD-PERRET DISSONANCES #39 JPGP, polygraphe supersonique et iconoclaste, critique de littérature et d’arts contemporains, professeur à l’Université de Lyon, nous offre un fabliau tragique, une bogue avec en son cœur les deux moitiés d’un marron que chacun, un frère et une sœur, Joguet vs Joguette, s’est foutu sur…Lire la suite GAVARD-PERRET Jean-Paul | Joguet, Joguette

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Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Joguet, Joguette de Jean-Paul GAVARD-PERRET
DISSONANCES #39

JPGP, polygraphe supersonique et iconoclaste, critique de littérature et d’arts contemporains, professeur à l’Université de Lyon, nous offre un fabliau tragique, une bogue avec en son cœur les deux moitiés d’un marron que chacun, un frère et une sœur, Joguet vs Joguette, s’est foutu sur la poire dans un rire épique et salvateur, pour éprouver un amour voué à l’échec, non parce qu’adelphique – sororité ou fraternité incesse-tueuse ne sont que signes d’une intimité sans issue – mais parce qu’ontologiquement vicié par les démons personnels – dont celui d’une écriture jaculatoire et survoltée mais tireuse d’élite n’est pas le moindre. Chimère érotique et cérébrale, jamais vulgaire, dont les voix contrastées laissent entendre les harmoniques de Beckett, Céline, Rabelais, Shakespeare, experts en savante farce, en conscience aiguë des abîmes du corps-monde comme en fabrique de langue folle à battre. «  Préférons l’impureté du zoo qui nous habite que la caserne de notre prétendue pureté. Passons du paroxysme de l’idéal à l’abîme bestial. Ne reste toujours que le trou de nuit que nous avons bâti. » Le monstre ici œuvre à s’autodétruire à force d’un idiome bicéphale, qui s’efforce de le sevrer. Dans ce Théâtre de l’absurde qui prend le sexe à bras le corps dans la joie sombre d’un désespoir, nos deux êtres dialoguent avec la tendresse de l’effroi, en quête de rien qui ne soit déjà là ; ils se chevauchent et fourchent sans cesse de leur langue truculente, bouleversants acteurs d’une pudeur vacharde, habile en dissimulation de maux, maquillage de cicatrices. Texte animal qui « renaît de descendre », vorace de sa propre mort. Ici, ça Bande, comme dirait Beckett, et ce n’est pas la dernière.

éd. Z4, 2020
70 pages
10 €

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BARTHES Roland | Fragments d’un discours amoureux https://revuedissonances.com/barthes-roland-fragments-dun-discours-amoureux/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:46 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4481 Regards croisés sur Fragments d’un discours amoureux de Roland BARTHES DISSONANCES #39 Ingrid S. KIM : L’Intraitable Des Fragments, je garde depuis vingt ans la mémoire fragmentée. Mémoire d’une poésie inattendue dans la morosité universitaire qui voulait mathématiser mon amour de la littérature. D’une forme atypique dans son édition originale de la collection Tel Quel qui déroulait en…Lire la suite BARTHES Roland | Fragments d’un discours amoureux

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Regards croisés sur Fragments d’un discours amoureux de Roland BARTHES
DISSONANCES #39

Ingrid S. KIM :
L’Intraitable
Des Fragments, je garde depuis vingt ans la mémoire fragmentée. Mémoire d’une poésie inattendue dans la morosité universitaire qui voulait mathématiser mon amour de la littérature. D’une forme atypique dans son édition originale de la collection Tel Quel qui déroulait en quatrième de couv’ les chapitres comme un calligramme. D’une prose rythmée à la Louÿs qui remettait en cause l’essai académique dans sa substance même. Parler d’amour en grammairien, quelle drôle d’idée… Poétiser le discours théorique, quelle merveilleuse idée ! J’ai depuis lu, relu et puis relu encore ce livre polymorphe et essentiel, lucide et roublard à la fois. Lucide, car il se fait l’autopsie du discours mais aussi du comportement amoureux, dans toute sa bêtise « adorable », toutes ses incohérences, toutes ses impasses tautologiques aussi : «  je t’aime parce que je t’aime. Ce qui clôt ainsi le langage amoureux… » Mais roublard dans le contre-pied de ce propos analytique qui se trahit par cent tendresses, cent indulgences, cent références, et de Merteuil à Werther, de Socrate « paré afin d’être beau pour aller auprès d’un garçon beau » à la nausée Sartrienne, tous plient devant l’absurdité magnifique de l’Amour, non plus motif de réflexion mais prétexte sacré et insaisissable à la Littérature elle-même, et à tout élan vers le Beau…
Je serais volontiers jalouse de ce livre que je n’aurais pu écrire. Mais « comme jaloux je souffre quatre fois : parce que je suis jaloux, parce que je me reproche de l’être, parce que je crains que ma jalousie ne blesse l’autre, parce que je me laisse assujettir à une banalité : je souffre d’être exclu, d’être agressif, d’être fou et d’être commun. »

Jean-Marc FLAPP :
Pop philo (la french touch)
Oh le brillant projet d’intellectuel barré : l’amour, pour le décrire, non pas l’analyser (exposer ses rouages ou évaluer ses enjeux comme d’Ovide à Badiou mille philosophes l’ont fait) mais l’être, l’incarner. Comme le détective dans Element of Crime : pour mieux le débusquer. Postulat de base : l’amour est à la fois une totalité et un éparpillement, la meilleure des drogues et le pire des poisons, avec la mort sans doute la chose la plus commune et la moins partageable (quoiqu’en croie l’amoureux). De sorte que c’est par soixante-dix-neuf entrées que Barthes nous invite à visiter le domaine, chacune de ces entrées (« Adorable », « Catastrophe », « Corps », « Obscène », « Ravissement »… autant de modalités (parmi des millions d’autres ?) de la transe amoureuse) donnant sur un espace de quelques pages au plus où tel aspect crucial est abordé par l’angle de son propre discours (forcément subjectif : « Je » est partout ici) : transcription-dissection puis mise en perspective hyper-référencée ne s’interdisant rien (associations d’idées, coqs-à-l’âne, apartés…), papillonnant plutôt dans une jubilation d’écrire et de penser qui élève parfois l’auteur (et sa philosophie) jusqu’à la poésie (« Je-t-aime est sans ailleurs »). Bref c’est intelligent, kaléidoscopique, léger et important (très Diderot, en fait : très français) et c’est également le reflet d’un moment : cet essai de philo pop (qu’il n’est nullement besoin de lire linéairement : peut-être vaut-il mieux picorer là-dedans selon l’inspiration) fleure bon ses seventies, Lacan, Vasarely et le Nouveau Roman. Désuet donc ? Peut-être un peu. Mais on l’aura compris : ça est très bon aussi.

Côme FREDAIGUE :
Promenade en terre amoureuse
De tous les livres de Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux est à la fois le plus populaire et le plus inclassable. L’absence de jargon y est sans doute pour quelque chose, donnant à ce titre une accessibilité que n’ont pas forcément ses autres publications mais, plus sûrement, ce succès tient à la façon originale avec laquelle est abordé un sujet aussi universel que trivial. Délaissé par les études sérieuses, le discours amoureux ne trouve grâce qu’aux yeux des romanciers et des poètes. Qu’on ne s’y trompe pourtant pas, c’est bien en sémiologue que l’auteur met en scène les affres et les délices de « l’être amoureux » à travers 80 notices, autant de «  bouffées de langage » où se déploie le paysage mental d’un locuteur qui n’est ni un personnage, ni un « je » autobiographique, plutôt un énonciateur universel en qui chacun peut projeter sa propre expérience. Le soliloque amoureux se fait dialogue, réclamant la complicité du lecteur. Ces fragments se lisent comme on flane : aucun itinéraire de lecture n’est prédéfini, libre à chacun de parcourir à sa convenance cette carte du tendre ambigüe. On souffre avec le jeune Werther, on rit des « scènes de ménage » où les amants se « donn[ent] du plaisir sans le risque de faire des enfants », on s’émeut devant telle citation de Sollers. Au fil des pages se dessine le portrait d’un demi fou qu’écartèlent le désir fusionnel et le désenchantement : cet amoureux de l’amour qui sécrète du langage comme l’huitre le nacre nous est si familier !
On ne saurait trop recommander la lecture de cet OVNI littéraire où bruit, désuète et insondable, la langue amoureuse dont Barthes fait « le lieu d’une affirmation » magistrale.

Julie PROUST TANGUY :
Universel désir
Qu’est-ce le langage amoureux ? Quels sont les mots, les figures stylistiques et les silences féconds qui permettent de dire l’expérience la plus intime et la plus universelle qui soit ?
Brisant l’absolue solitude dans laquelle l’amoureux, engoncé dans un verbe qu’il ne maîtrise plus, se retrouve prisonnier, Barthes définit la syntaxe de nos désirs : l’attente (« suis-je amoureux ? Oui puisque j’attends »), l’illusion, la rupture, l’espoir, l’angoisse, la déclaration… forment autant de signes que l’amoureux, bouleversé par l’inaltérable altérité de cet Autre qu’il voudrait posséder, emboucher, parler (puisqu’aimer, c’est « frotte[r] son langage contre l’autre »), cherche à déchiffrer.
Si aimer relève de l’éclatement du langage et d’une mythologie à décrypter, le fragment poétique permet alors d’atteindre avec justesse l’universalité d’un sentiment dont les nuances nous sont si familières. Lire, c’est se remémorer les occasions manquées (faute de trouver langue commune), le ravissement des premiers instants, la fureur des passions passées (« longtemps après que la relation amoureuse s’est apaisée, je garde l’habitude d’halluciner l’être que j’ai aimé »)…
C’est aussi regretter que Barthes ne dépasse pas le stade de l’énamoration et du désir fébrile : où est-il, le discours propre à l’amour serein qui a trouvé sa plénitude langagière ?
On se prend alors à rêver d’un auteur qui saurait actualiser ce parcours poétique, à l’aune des nouveaux moyens de communication et des nouvelles zones de rencontre, mais aussi rendre grâce à ces gens heureux qui ne peuplent pas les romans mais n’en possèdent pas moins un vocabulaire digne d’intérêt.

éd. Seuil, 1977
290 pages
23 euros

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LABAUNE Philippe (extraits) https://revuedissonances.com/labaune-philippe-extraits/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:46 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3504 DISSONANCES #39 | DI(S)GRESSION Je fais du théâtre nu « Elle demande pourquoi de la poésie au théâtre ? Je lui réponds je fais du théâtre nu. Me fiche de la poésie. Son cortège de poses précieuses et de codes désuets. Chercher un au-delà. Une nudité de la langue. Des textes-matières qui défont le confort formel et disent une…Lire la suite LABAUNE Philippe (extraits)

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DISSONANCES #39 | DI(S)GRESSION
Je fais du théâtre nu
« Elle demande pourquoi de la poésie au théâtre ?
Je lui réponds je fais du théâtre nu. Me fiche de la poésie. Son cortège de poses précieuses et de codes désuets. Chercher un au-delà. Une nudité de la langue. Des textes-matières qui défont le confort formel et disent une inquiétude, une hésitation, un équilibre précaire entre « le son et le sens ». Des langues étrangères, déplacées. En territoires limitrophes, en lisières. Parfois des langues sans paroles.

Trace 1 le chemin et dedans la ruine les arbres morts dans la maison pièces d’automne les pas dans les feuilles j’écoute le froissement d’une femme et tant de femmes l’une derrière l’autre la mer en désordre dans le grand salon où rien à peine une chaise ça frotte et glisse défilent les fantômes main dans la main les yeux dans les cheveux sept notes pas plus ça démarre je coupe je reviens anna soror rampe dans tes bras longue diagonale de douleur et rampe encore et mange les feuilles et ton murmure et sept notes pas plus je coupe ton… »

DISSONANCES #38 | FEUX
Chant de la meute
« tout ce qui était stable et solide part en fumée c’est la nuit le feu la foule les enfants une ligne de corps fins et droits chacun suspendu dans la marche trente enfants en capuches le visage de mon frère les portes se ferment je brûle la nasse les vestes les cagoules blocs de sensation ça déambule sur fond de flammes et vapeurs et le vertige du chaos les horizons épuisés ce qu’il y a dans l’air sauve qui peut la vie je chante je prononce la nuit la rue nos vies valent plus que leurs profits je brûle le monde ou rien seize ans les mains les poings dans les poches en paix et lovés je ne calcule plus rien je brûle que se passe-t-il donc ooooh combien tu veux laisser dans le zef la vie que t’auras pas je marche je brûle rythme de croisière belle inconnue demoiselle en poster si elle m’aime devant le mur de flammes noires et jaunes et nuage ou rien ou la misère pas la peine de réfléchir pour quoi faire lécher le feu avec nos langues d’enfants je brûle oh ma misère est si belle je ne crains rien plus rien tu sais je brûle étouffé par le temps les sensations de mon corps sous la cagoule je brûle l’éducation je mange le feu noir de l’essence des tôles des plastiques la joie c’est la vie je rêve je brûle ni retraite ni paradis parler aux nerfs au corps aux… »

DISSONANCES #35 | LA HONTE
Solemnia
« Ogresse cyclope qui se tut si longtemps tu sais ce qu’il y a dans un silence quand tu montes les marches vers sa grotte de peau et de fumée tu entres tu as reconnu sur ses lèvres le sourire du père tu soulèves le drap de petit Monsieur le 6

A vif dans l’air et la lumière crus de la chambre le demi corps nu du jeune petit Monsieur le 6 exposé tu regardes le trou que tu viens de creuser pour toujours entre ses cuisses et ton oeil écrit H.O.N.T.E

Petit Monsieur le 6 ne plaisante pas il joue il cherche comment ça marche gonfle alors dans ses nuits cet infracassable noyau qu’il échappe du néant tu ne parles pas et tu sens bien que tu pourrais mourir de vouloir le dévorer entier

Petit Monsieur le 6 a douze ans et pense qu’il peut bien crever aussi s’il le veut tais-toi ou il voudra te tuer te prendre à la gorge serrer l’angoisse l’insupportable flux de ta parole étroite

Femme à l’œil unique comme sans corps matrice de fantômes ton regard évide ceux que… »

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ROCH Émilie (extraits) https://revuedissonances.com/roch-emilie-extraits/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:45 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4430 DISSONANCES #39 | MUTATIONS Six jours de retard « Tu recourbes tes cils sous les coups de mascara. Le fond de teint dissimule tes émotions. Le rouge à lèvres parachève ton masque de guerre. Il ne te reste plus qu’à enfiler ton armure de tissu. Chemise parfaitement blanche, pantalon à rayures verticales, blazer repassé. Ça fait…Lire la suite ROCH Émilie (extraits)

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DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Six jours de retard

« Tu recourbes tes cils sous les coups de mascara. Le fond de teint dissimule tes émotions. Le rouge à lèvres parachève ton masque de guerre. Il ne te reste plus qu’à enfiler ton armure de tissu.
Chemise parfaitement blanche, pantalon à rayures verticales, blazer repassé.
Ça fait déjà deux fois que je te vois faire les mêmes mouvements. Ton reflet ne ment pas. Je vois dans ton regard ourlé de noir l’inquiétude qui s’installe. Tu ne te sentiras jamais suffisamment prête.
La boule dans ton estomac monte dans ta gorge.
Départ dans le métro.
Tu ne sais pas que je suis là. Je suis encore intangible. Pourtant, je gagne en force chaque jour, chaque heure, chaque seconde. Il y a seulement trois semaines, je n’étais encore qu’un brin d’ADN étranger. Presque rien.
Tu traverses les longs couloirs carrelés de blanc. Les rames sont bondées. Tu es soulagée de quitter la voiture. Un grand courant d’air te surprend au détour d’un tunnel. Tu ressors à l’air libre, un temps aveuglée par les reflets des immeubles de La… »

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VAZQUEZ Laura | La main de la main https://revuedissonances.com/vazquez-laura-la-main-de-la-main/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:44 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4509 Coup-de-cœur de Nicolas LE GOLVAN pour La main de la main de Laura VAZQUEZ DISSONANCES #39 « Écoute-moi  ». Ce qui fait qu’un texte reste plus longtemps qu’un jus de rien vient peut-être et d’abord de ce qui en lui rebutait d’emblée, par principe. La Main de la main de Laura Vazquez sonne bon l’oralité, la poésie contemporaine invariablement…Lire la suite VAZQUEZ Laura | La main de la main

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Coup-de-cœur de Nicolas LE GOLVAN pour La main de la main de Laura VAZQUEZ
DISSONANCES #39

« Écoute-moi  ». Ce qui fait qu’un texte reste plus longtemps qu’un jus de rien vient peut-être et d’abord de ce qui en lui rebutait d’emblée, par principe. La Main de la main de Laura Vazquez sonne bon l’oralité, la poésie contemporaine invariablement performée – ce qu’elle fait d’ailleurs avec talent, mais que je déteste.
Seulement, sa mise en livre (mais quel bleu !) opère comme une mise au silence, laissant enfin place à ma propre voix : écouteur redevenu maître d’un texte respirable. Alors, « Et toi » (re)devient nul autre que moi : « Et toi, / ta bouche est en guerre ». Oui, Laura, car « Ma langue était / comme une crampe / dans la bouche / comme un morceau / de glaise / sèche / entre / les dents ». La voix sauvage et musclée de Vazquez rejoue donc à chaque fois sur papier sa domestication, son titre ; elle dialogue enfin.
Et c’est la beauté du paradoxe éditorial d’une poésie de parole, de nerf et de flux, que de la contenir sous le feutré des jaquettes primées (prix de la vocation) : même si elle s’y débat, rue et charge (« et la nuit est venue sur moi. / Et la nuit m’est venue de face. / Et la nuit m’a cassé les yeux. »), la poétesse y fait corps-à-corps et imposition de ses mains (« Je mange du bitume. / Je peux dire que les oiseaux n’existent pas, / je peux dire toutes les choses, / j’ai l’épée, / je n’ai pas de mains, / je peux dire toutes les choses / et ma pensée traversera mes lèvres. / Dans mon ventre, le poisson tourne.  ») et voilà sa voix incarnée qui restera longtemps mienne, ou comment la sagesse du texte imprimé gagne aux poings sur la performance pure.
Et donc oui, il faut parfois dire « ta gueule » au poète pour l’entendre à soi, vraiment, quitte à se reprendre un bleu – mais quel bleu !

éd. Cheyne, 2014
56 pages
16 €

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OH Myriam (extraits) https://revuedissonances.com/oh-myriam-extraits/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:43 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4413 DISSONANCES #39 | MUTATIONS S’en remettre au jour « et puis un jour on renonce à devenir quelqu’un de bien pour papa maman pour le prince charmant pour cette comédie dramatique et puis un jour on renonce à réussir sa vie ce n’est pas ce « il était une fois » qui a mal tourné c’est simplement le…Lire la suite OH Myriam (extraits)

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DISSONANCES #39 | MUTATIONS
S’en remettre au jour

« et puis un jour on renonce à devenir quelqu’un de bien pour papa maman pour le prince charmant pour cette comédie dramatique et puis un jour on renonce à réussir sa vie ce n’est pas ce « il était une fois » qui a mal tourné c’est simplement le vent qui a choisi un autre chemin et nous a emportés avec lui : ce n’est pas le bon, mais ce n’est pas le mauvais pour autant ce qu’il faut défaire le conte de fées ce qu’il faut refaire le monde de fous et puis un jour on renonce à éduquer les autres pour s’écouter soi-même nous sommes des poèmes à nous tout seuls il nous faut nous relire nous raturer beaucoup il nous faut nous écrire entre les lignes des questions sans réponse il nous faut nous délester du superflu nous remettre la ponctuation et les majuscules là où elles sont essentielles nous sommes des chorégraphies des symphonies des nuanciers sur pattes des clous du spectacle nous sommes l’alphabet le chiffre les conjonctions de coordination les opérateurs nous sommes des tableaux qui ne peuvent plus s’encadrer et puis un jour on passe à la machine le costume qu’on nous avait fait sur mesure et puis nous ne rentrons plus dedans et puis il n’a plus le doux parfum de ce qu’on aime pour le connaître par cœur d’ailleurs ce n’était pas… »

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GRACIANO Marc | Le soufi https://revuedissonances.com/graciano-marc-le-soufi/ https://revuedissonances.com/graciano-marc-le-soufi/#comments Sun, 04 Oct 2020 14:00:41 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4484 Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Le soufi de Marc GRACIANO DISSONANCES #39 « Et le gyrovague dit qu’à son éveil, il y avait un homme accroupi à quelques pas devant lui […] » et quelques mots suffisent pour qu’opère à nouveau le mystère Graciano : la phrase qui vient d’éclore va maintenant pousser, se ramifier, s’étendre, sur une cinquantaine de pages d’un…Lire la suite GRACIANO Marc | Le soufi

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Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Le soufi de Marc GRACIANO
DISSONANCES #39

« Et le gyrovague dit qu’à son éveil, il y avait un homme accroupi à quelques pas devant lui […] » et quelques mots suffisent pour qu’opère à nouveau le mystère Graciano : la phrase qui vient d’éclore va maintenant pousser, se ramifier, s’étendre, sur une cinquantaine de pages d’un seul bloc filer jusqu’à sa fin au rythme circulaire, palpitant, lancinant, du récit qu’oralement un moine (médiéval ?) fait à un auditoire parfaitement invisible au lecteur d’aujourd’hui, ce qui se lit ici tenant donc à la fois de la transcription de discours (habité, véhément) et de la description (par retour continuel d’incises modulées (« dit […] s’interrogea présentement […] dit de ses pensées […] dit d’elle emphatiquement le gyrovague […] ») d’un diseur en action… ce qui fait du Soufi (comme de tous les autres Graciano avant lui) à la fois un hommage à la grande confrérie des conteurs de tous temps et un parfait exemple de ce qui y est décrit – la puissance magique (création foisonnante (sidérante) de réel), en soi, de la parole. Et (comme on s’y attendait) ce qui se raconte là (de voix de maître, vraiment : la langue de Graciano vole au plus haut niveau) est (en plus) essentiel : rencontre de deux hommes en plein cœur de désert, en état de survie, réduits au nécessaire, au strictement vital des actions et rapports, jouant le rôle réflexe s’imposant à chacun (l’un recueillant, l’autre muant), sans nulle réflexion, dans une adaptation animale et parfaite à l’espace et au temps, fonctionnant parfaitement dans la simple évidence (et immense beauté (et source de jouissance)) d’être partie prenante dans le grand corps du monde – pleinement pour ceux-ci. Magique donc. Vraiment.

éd. Le cadran ligné, 2020
64 pages
14 €

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THIRIA Maud (extraits) https://revuedissonances.com/thiria-maud-extraits/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:39 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4435 DISSONANCES #39 | MUTATIONS Déformutations « vois nos corps qui peu à peu se perdent de vitesse de mémoire nos doigts à d’autres fins utiles déformés de trop taper sur des machines nos corps à d’autres faims utiles déformés de n’être plus touchés qu’à… »

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DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Déformutations

« vois
nos corps qui peu
à peu se perdent
de vitesse
de mémoire
nos doigts
à d’autres fins utiles
déformés de trop taper
sur des machines
nos corps
à d’autres faims utiles
déformés de n’être plus touchés
qu’à… »

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DESPRET Vinciane | Que diraient les animaux si… https://revuedissonances.com/despret-vinciane-que-diraient-les-animaux-si/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:34 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4500 Coup-de-cœur d’Antoinette BOIS DE CHESNE pour Que diraient les animaux si… de Vinciane DESPRET DISSONANCES #39 Sous son allure sage d’abécédaire sur les relations que les humains, en particulier les scientifiques, entretiennent avec les animaux, Vinciane Despret, philosophe, se joue de l’ordre et du rangement. Car la forme même de l’essai récuse ici une lecture linéaire :…Lire la suite DESPRET Vinciane | Que diraient les animaux si…

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Coup-de-cœur d’Antoinette BOIS DE CHESNE pour Que diraient les animaux si… de Vinciane DESPRET
DISSONANCES #39

Sous son allure sage d’abécédaire sur les relations que les humains, en particulier les scientifiques, entretiennent avec les animaux, Vinciane Despret, philosophe, se joue de l’ordre et du rangement. Car la forme même de l’essai récuse ici une lecture linéaire : chaque item est autonome et contient des renvois à d’autres entrées (les suivre comme cailloux de Poucet ou pas), chaque histoire « s’éclaire autrement par les autres qui y répondent depuis leur propre contexte d’énonciation, et selon la manière, fortuite, dont elle se connecte avec elles ».
Humain, animal, dissemblables nous sommes. Et puisque nous ne pouvons dire d’eux ce que nous disons de nous – éprouvent-ils le deuil ? ont-ils le sens de l’injustice ? peuvent-ils nous imiter ? – c’est sans doute qu’il est essentiel de « dire autrement de nous ». De tâtonner au-delà des représentations. De chercher ailleurs, avec une incertitude partagée de regardeur et de regardé. D’accepter qu’il y ait différentes interprétations possibles de ce qui nous influence dans la relation. Poser les bonnes questions est une affaire de traduction, de versions multiples voire contradictoires ou équivoques : sortir du linéaire pour entrer dans l’arborescence créée par la multiplication des définitions, des possibles et des observations.
Nous voici donc invités à ralentir les conclusions hâtives pour explorer la présence animale comme interrogation à nos modèles pratiques, dominants et productivistes. S’intéresser aux bêtes pour comprendre celles que nous sommes, et, en définitive « faire proliférer les récits qui nous constituent comme êtres sensibles, liés aux autres, et affectés […], expérimenter des équivocations. »

éd. La Découverte, 2012
326 pages
19 €

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SHIRE Warsan | Où j’apprends à ma mère à donner naissance https://revuedissonances.com/shire-warsan-ou-japprends-a-ma-mere-a-donner-naissance/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:32 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4524 Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Où j’apprends à ma mère à donner naissance de Warsan SHIRE DISSONANCES #39 « J’ai la bouche de ma mère et les yeux de mon père ; sur mon visage ils sont toujours ensemble. » Ainsi s’ouvre le recueil de Warsan Shire, sur la tonalité charnelle de ces poèmes nourris des récits d’une mère…Lire la suite SHIRE Warsan | Où j’apprends à ma mère à donner naissance

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Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Où j’apprends à ma mère à donner naissance de Warsan SHIRE
DISSONANCES #39

« J’ai la bouche de ma mère et les yeux de mon père ; sur mon visage ils sont toujours ensemble. » Ainsi s’ouvre le recueil de Warsan Shire, sur la tonalité charnelle de ces poèmes nourris des récits d’une mère à sa fille. Ils nous racontent des histoires de femmes qui existent par leur corps (émois amoureux, ébats, abus sexuels, coups…) et font entendre la voix d’une femme africaine sensuelle, débordante de désir, mais aussi dominée par la violence des hommes. Car très vite, la candeur initiale est supplantée par la brutalité : « le premier garçon qui a embrassé ta mère a plus tard violé des femmes au moment où la guerre a éclaté ». Cette alliance entre sensualité et violence, qui fait la force de l’écriture, culmine dans l’histoire de cette femme trompée, s’immolant sur le corps de son mari lors d’une dernière étreinte ; et elle ressurgit jusqu’à l’ultime poème, « En amour et en guerre », par la formule équivoque : « À ma fille je dirai : quand viendront les hommes tu t’incendieras ». La guerre est d’ailleurs omniprésente, et la femme violentée devient l’incarnation des violences faites aux migrants : « Je veux faire l’amour, mais j’ai les cheveux qui puent la guerre. Je veux m’allonger mais tous ces pays sont comme ces oncles qui te touchent quand tu es enfant et endormi ». Ecartelé par les hommes, à la dérive entre deux continents, le corps devient porte-parole des exilés : « Ta fille a pour visage une petite émeute / ses mains sont une guerre civile / un camp de réfugiés derrière chaque oreille / un corps jonché de choses laides. ». On a alors envie de s’exclamer avec cette voix féminine : « vois-tu comme elle porte bien le monde ! »

traduit de l’anglais par Sika FAKAMBI
éd. Isabelle Sauvage, 2017
38 pages
16 €

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LARPENT-CHADEYRON Isabelle (extraits) https://revuedissonances.com/larpent-chadeyron-isabelle-extraits/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:29 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4397 DISSONANCES #39 | MUTATIONS [Imago] « Tu aimerais changer sans être transformée. Glisser de toi à toi-même dans une mue perpétuelle. Tu te souviens de ces paroles, jetées à la face de tes chrysalides : Avale ton sirop, enfant inconscient ! Suivront le jugement, l’appel et le pourvoi… Tu plonges tes mains dans un buisson de ronces : le…Lire la suite LARPENT-CHADEYRON Isabelle (extraits)

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DISSONANCES #39 | MUTATIONS
[Imago]

« Tu aimerais changer sans être transformée. Glisser de toi à toi-même dans une mue perpétuelle. Tu te souviens de ces paroles, jetées à la face de tes chrysalides : Avale ton sirop, enfant inconscient ! Suivront le jugement, l’appel et le pourvoi… Tu plonges tes mains dans un buisson de ronces : le ver à soie se contorsionne, écarte les feuilles du mûrier. Tu voudrais que la larve se convertisse en bombyx, que le papillon prenne son envol. Tu écrases entre tes doigts les mûres. Les ronces t’ont blessée. Tes mains, tes joues sont maculées de sang : variations à l’infini de ce que tu es, enfance portée à bout de bras [épuisement]. Un buvard posé sur tes lignes [plasma]. Le rouge qui se déverse, se dilue, qui se répand comme une tache de papillon. Le médecin se penche sur ta planche nocturne, symétrique, et l’analyse. Tu t’en empares [violence], la déchires. Tu es devenue miroir, chair éclatée, métamorphose : Narcisse ne contemplant plus son reflet dans l’eau. La larve rampe, s’imagine nymphe, imago. Tu sors de ton cocon, écartes les bras, t’enfuis du dédale. Tes ailes sont fines comme celles d’un papillon, résistantes comme de la soie. Tu trempes ta plume dans l’encre de ton sang [le sang du mûrier], cocon étouffé avant d’… »

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OGER Benoit (extraits) https://revuedissonances.com/oger-benoit-extraits/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:28 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4411 DISSONANCES #39 | MUTATIONS Mutations hypnotiques « s’immerger dans l’eau coulissante et laisser venir à l’Homme un Autre un Héron un Cormoran un Fou de Bassan perle de lave caverne de vent cratère lunaire lumière cendrée Révolution Et le corps lavé de ses… »

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DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Mutations hypnotiques

« s’immerger dans l’eau coulissante
et laisser venir à l’Homme
un Autre

un Héron un Cormoran
un Fou de Bassan

perle de lave caverne de vent
cratère lunaire lumière cendrée
Révolution

Et le corps lavé de ses… »

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FERNANDEZ Aline (extraits) https://revuedissonances.com/fernandez-aline-extraits/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:27 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4184 DISSONANCES #39 | MUTATIONS Le temps s’est figé « Le temps s’est figé dans un bruit sans précédent La lumière est sur nous, crue Vers le ciel les cris les plus intimes Le lit n’est plus le lieu du secret Et l’ombre s’est défaite qui nous abritait Les dieux ressuscités nous regardent Brandir des chiffres qui…Lire la suite FERNANDEZ Aline (extraits)

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DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Le temps s’est figé

« Le temps s’est figé dans un bruit sans précédent
La lumière est sur nous, crue

Vers le ciel les cris les plus intimes

Le lit n’est plus le lieu du secret
Et l’ombre s’est défaite qui nous abritait

Les dieux ressuscités nous regardent
Brandir des chiffres qui parlent à… »

DISSONANCES #38 | FEUX
L’envers de la peau
« J’ai
Sur l’envers de ma peau
Un tatouage ancien
Dont le miroir refuse
De m’offrir le reflet

Un nom

Trace que mon corps a gardée
Et qui

À la moindre… »

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DISSONANCES #39 MUTATIONS https://revuedissonances.com/dissonances-39-mutations/ https://revuedissonances.com/dissonances-39-mutations/#comments Sun, 04 Oct 2020 14:00:26 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4370 octobre 2020 / 56 pages / 7 euros mise en images : Sophie PATRY – ÉDITO : NOUVELLES PEAUX On a beau essayer de s’extraire de la civilisation, vouloir quitter la ville pour de bon et s’isoler dans une grande maison au bord de la Loire, on n’échappe pas à l’emprise d’une époque qui vient tordre nos corps de plus…Lire la suite DISSONANCES #39 MUTATIONS

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octobre 202056 pages / 7 euros
mise en images : Sophie PATRY

ÉDITO : NOUVELLES PEAUX

On a beau essayer de s’extraire de la civilisation, vouloir quitter la ville pour de bon et s’isoler dans une grande maison au bord de la Loire, on n’échappe pas à l’emprise d’une époque qui vient tordre nos corps de plus en plus inutiles, réduits à leur potentiel biométrique et à leur représentation en deux dimensions. Recadrées en fragments d’identification, de travestissement ou d’exhibition, déplacées à la surface d’une carte sans ménagement aucun pour combler les besoins d’une économie toujours plus atomisée, nos anatomies devront-elles adopter la forme aérodynamique d’un temps raccourci à une interminable seconde lumineuse, boursouflée d’informations, ou saurons-nous asservir ces mutations sociales, technologiques et biologiques au service de nos besoins et de nos envies, sans perdre de vue la saveur et la consistance du réel ?

Pour accompagner ces questionnements, dissonances a décidé d’effectuer elle aussi sa mue. Dans sa nouvelle peau au dos carré collé, la revue s’augmente de quatre pages supplémentaires en parties création littéraire et portfolio, ainsi que de deux nouvelles rubriques : d’Istanbul à Rio, où nos chroniqueurs s’ouvrent au domaine étranger, et dyschronie, le carnet pas si intime d’un auteur différent à chaque numéro et dont la première incarnation sera celle de Jean-Marc Flapp, notre directeur de la rédaction.

Bref : ça change.

Alban LÉCUYER

DOSSIER « CRÉATION » : MUTATIONS

Jonathan BOUDINA  : Affection exonérante
« Tu reçois un matin le diagnostic et tu dévales, dévales, dévales – tu avaleras, plus tard, ce seront des comprimés, une posologie stricte. Tu deviens un autre, TDAH, on te dit, c’est une baguette magique et tu lis Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans… »

Sandrine CERRUTI  : Au désert
« désagrégation mécanique
en cellule ouverte aux incalculables dimensions inhospitalières
ondulations écorchées des vagues immobiles en… »

Sophie DARDET : Corps-mondes (collage)
« Sur la planète blanche, des déesses
sans visage sans voix sans repos
veillent sur les… »

Eva DÉZULIER  : Le passage
« Voiture 9, place 59. Je me laisse tomber sur mon siège, et le train s’ébranle aussitôt. Un voyageur est assis à ma droite, et deux autres me font face. Nous échangeons des regards polis en inclinant la tête, gênés comme les convives d’un mariage attablés avec des… »

Julien ENGLEBERT : Les bruits de la métamorphose
« À nouveau le corps-à-corps avec la nocturne ; les yeux fixés sur la colline, à travers les buissons, surplombant des chemins qui se mirent à gueuler. Accroupis dans l’eau, la petite robe qui se tourmente ­- à tomber malade – les mains gelées, je suppose, avec des… »

Aline FERNANDEZ : Le temps s’est figé
« Le temps s’est figé dans un bruit sans précédent
La lumière est sur nous, crue
Vers le ciel les cris les plus… »

Thomas JONAS : Ici sont les dragons
« Personne n’a mieux décrit l’axolotl que Julio Cortázar ; son ventre blanc d’enfant que strient les côtes ; ses yeux ronds plein de surprise ; l’arbrisseau chargé de ramures à son cou ; ses dérobades de fée sous les pierres. L’axolotl devrait être une salamandre, mais… »

Isabelle LARPENT-CHADEYRON : [Imago]
« Tu aimerais changer sans être transformée. Glisser de toi à toi-même dans une mue perpétuelle. Tu te souviens de ces paroles, jetées à la face de tes chrysalides : Avale ton sirop, enfant inconscient ! Suivront le jugement, l’appel et le pourvoi… Tu plonges tes… »

Mona MESSINE : Orbes
« Cela se passe au fond de nos ventres. Une forme de nausée se lève et provoque jusqu’au mal de dos. Il n’est plus possible de marcher sans le sentir. Plus possible de s’asseoir. Cela peut vous réveiller la nuit. Ce sont des fragments de muqueuse qui se… »

Laetitia MONFORT : Combattre la nuit
« C’est elle qui vous fait le plus peur. Parce que la nuit ne sait pas. Elle est le regard aveugle. La nuit c’est la paupière et dessous vous ne savez pas. C’est comme si votre mère partout autour et qu’elle fermait les yeux pour ne pas vous voir boire fumer et… »

Amandine MONIN : Nous sommes
« Nous sommes intenses et cloisonnés, nous ne savons pas parler, nous parlons, nous habitons la forêt, nous sommes habités, nous sommes hantés, nous sommes flous, nous sommes une foule floue, nous sommes des garçons, nous sommes arrivés, nous… »

Jean-Jacques NUEL : É pericoloso sporgersi
« tu te souviens de ces voyages
en train dans les années 70
de la banquette grise en… »

Benoit OGER : Mutations hypnotiques
« s’immerger dans l’eau coulissante
et laisser venir à l’Homme
un Autre… »

Myriam OH : S’en remettre au jour
« et puis un jour on renonce à devenir quelqu’un de bien pour papa maman pour le prince charmant pour cette comédie dramatique et puis un jour on renonce à réussir sa vie ce n’est pas ce « il était une fois » qui a mal tourné c’est simplement le… »

Jean-Charles PAILLET  : Échappée
« Souvent
dans l’air tremblé
le présent t’… »

Romain PARIS : Carbonifère
« Le Carbonifère, l’Atlantide et la Grèce Antique ont fini par s’engouffrer au cœur d’une Nuit sans Rivage, my spicy fairy, et il est certain que l’Humanité Actuelle les y rejoindra : cette dérivation d’une Évidence Ancestrale en Mythe est bien sûr une… »

Augustin PETIT  : Exit par touche étoile
« Peau Pouce Pulpe Papilles toutes de crètes et de creux
Interstices sans ride
Lecture sûre assurée rassurante (à portée de… »

Thomas PIETROIS-CHABASSIER : Les effets secondaires de la transformation
« Juin, devenait, comme toutes les années, un matin comme un autre, sur le chemin qui menait aux lieux de toutes les journées, le moment tout tremblant, jaillissant, des doutes et d’une alerte, des colères, nouvelles sensations, comme une révélation qui… »

Emilie ROCH : Six jours de retard
« Tu recourbes tes cils sous les coups de mascara. Le fond de teint dissimule tes émotions. Le rouge à lèvres parachève ton masque de guerre. Il ne te reste plus qu’à enfiler ton armure de tissu.
Chemise parfaitement blanche, pantalon à… »

Camille RUIZ : Rihanna
« un soir il m’a dit qu’il trouvait Rihanna moins belle depuis qu’elle avait pris du poids. c’était comme ça. ses goûts, son désir. une simple préférence. pour moi un coup dans le ventre. je me suis dit putain si même Rihanna n’a pas le droit de grossir. et si… »

Maud THIRIA : Déformutations
« vois
nos corps qui peu
à peu se… »

Marc TISON : Denain 59220
« 59220 Denain département du Nord
30000 habitants les beaux jours alors des jukebox et des bals rock n’roll du dimanche
Beaux jours joyeux, noirs de suie, rouges de fusion des… »

Perle VALLENS : Hypertrophie
« Paraît que ça se voit sur mon visage. Paraît que quelque chose a changé. Moi je ne vois rien, je ressens. Je souffre doucement. Je sais d’avance, je subodore l’odeur subreptice. C’est un avertissement. Je guette la détérioration progressive et la… »

Gaston VIEUJEUX : Magma man
« on a semé partout
des règles de grammaire
du sirop pour… »

PORTFOLIO : Sophie PATRY

« Toute l’originalité au fantastique, monstres enfantés par les arbres, les rivières, demeures hantées… De ses gestes photographiques précieux et ordinaires, Sophie Patry tire des paysages plein d’ironie et de nostalgie qui bouleversent la perception des… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (24 questions à un.e auteur.e connu.e) :
Corinne LOVERA VITALI

« Quelle fut votre première grande émotion de lectrice ?
j’ai beaucoup convoité un livre exposé dans la vitrine d’un tabac presse en bas de chez moi quand j’avais 6 ans et on a fini par me l’offrir c’était un livre illustré qui s’appelait les… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur un livre remarquable)  :
Fragments d’un discours amoureux (Roland BARTHES)
« Des Fragments, je garde depuis vingt ans la mémoire fragmentée. Mémoire d’une poésie inattendue dans la morosité universitaire qui voulait mathématiser mon amour de la littérature. D’une forme atypique dans son édition originale de… »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture en domaine francophone)  :
Jean-Christophe BELLEVEAUX
 : Territoires approximatifs (éd. Faï fioc)
« Qui ouvrira Territoires approximatifs plongera dans un jus de langage brut farci splendeurs pirates. Par-delà « l’espace étroit du monde », notre conscience se trahira toujours à-travers ses futilités. Pour l’en préserver, il faut pratiquer une distanciation existentielle – apatride – aux… »
Béatrix BECK  : La double réfraction du spath d’Islande (éd. du Chemin de fer)
« La double réfraction du spath d’Islande, c’est le titre que Béatrix Beck aurait souhaité donner à un livre mais « sans savoir qu’y mettre ». Les éditions du Chemin de Fer, en 2014, ont trouvé pour elle : elles ont alors publié un recueil de 43 nouvelles et… »
Vinciane DESPRET : Que diraient les animaux, si… (éd. La découverte)
« Sous son allure sage d’abécédaire sur les relations que les humains, en particulier les scientifiques, entretiennent avec les animaux, Vinciane Despret, philosophe, se joue de l’ordre et du rangement. Car la forme même de l’essai récuse ici une… »
Claire DUVIVIER : Un long voyage (éd. Aux forges de Vulcain)
« « Gémétous, ma hiératique, c’est pour toi que j’allume cette lanterne, que je sors ces feuilles, que je trempe cette plume dans l’encre. » Dès la première phrase du roman, Claire Duvivier intrigue : qui donc peut bien être cette créature immuable à… »
Jean-Paul GAVARD-PERRET  : Joguet, Joguette (éd. Z4)
« JPGP, polygraphe supersonique et iconoclaste, critique de littérature et d’arts contemporains, professeur à l’Université de Lyon, nous offre un fabliau tragique, une bogue avec en son cœur les deux moitiés d’un marron que chacun, un frère et… »
Marc GRACIANO
 : Le soufi (éd. Le cadran ligné)
« « Et le gyrovague dit qu’à son éveil, il y avait un homme accroupi à quelques pas devant lui […] » et quelques mots suffisent pour qu’opère à nouveau le mystère Graciano : la phrase qui vient d’éclore va maintenant pousser, se ramifier, s’… »
Antoine MOUTON  : Chômage monstre (éd. La Contre Allée)
« « Mettre des obstacles entre dire et soi c’est ça le travail ». Dans Chômage monstre, Antoine Mouton alterne les formes (poème, conte, prose poétique) pour explorer cette distance entre le dire et le soi, là précisément où se nichent les… »
Laura VAZQUEZ  : La main de la main (éd. Cheyne)
« « Écoute-moi ». Ce qui fait qu’un texte reste plus longtemps qu’un jus de rien vient peut-être et d’abord de ce qui en lui rebutait d’emblée, par principe. La Main de la main de Laura Vazquez sonne bon l’oralité, la poésie contemporaine invariablement… »

D’ISTANBUL À RIO (4 coups-de-cœur de lecture en domaine étranger) :
Iain M. BANKS : Efroyabl Ange1 (éd. L’Œil d’Or)
« « Alors ce fut comme si tout lui était retiré : les sensations, la mémoire, l’individualité, jusqu’à cette notion d’existence qui gît sous toute réalité […] et l’espace d’un instant immesurable et infini, il n’y eut plus que la vague perception d’un résidu – qui n’avait ni… »
OVIDE : Les métamorphoses (éd. de l’Ogre)
« Comment faire redécouvrir un classique ? Il suffit, comme le montre ici magistralement Marie Cosnay, d’en faire apprécier la modernité et de montrer qu’Ovide, plus qu’un véritable catalogue de cette mythologie qui nous berce depuis l’enfance, propose un… »
Warsan SHIRE : Où j’apprends à ma mère à donner naissance (éd. Isabelle Sauvage)
« « J’ai la bouche de ma mère et les yeux de mon père ; sur mon visage ils sont toujours ensemble. » Ainsi s’ouvre le recueil de Warsan Shire, sur la tonalité charnelle de ces poèmes nourris des récits d’une mère à sa fille. Ils nous racontent des histoires de femmes qui… »
Jan ZÁBRANA : Le mur des souvenirs (éd. Fissile)
« Le ton des poèmes est écartelé entre un lyrisme désespéré et le prosaïsme de la réalité oppressante qui l’entoure. De ce tiraillement naissent les poèmes les plus sombres qui soient, éclairés par de constantes lueurs de rage. Comme si la pratique de… »

DI(S)GRESSION (coup d’œil sur un domaine autre que la littérature – carte blanche)
Philippe LABAUNE  : Je fais du théâtre nu
« Elle demande pourquoi de la poésie au théâtre ?
Je lui réponds je fais du théâtre nu. Me fiche de la poésie. Son cortège de poses précieuses et de codes désuets. Chercher un au-delà. Une nudité de la langue. Des… »

DYSCHRONIE (journal des 6 mois écoulés – carte blanche)
Jean-Marc FLAPP : Été 2020
« 1er mars : C’est aujourd’hui l’anniversaire de ma mère et donc ça devrait être la fête mais Pamela Anderson annonce sa séparation de Jon Peters au bout de 12 jours de mariage : merde.
4 mars : Coronavirus : en France 4 décès (le premier datant du… »

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BANKS Iain M. | Efroyabl Ange1 https://revuedissonances.com/banks-iain-m-efroyabl-ange1/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:24 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4521 Coup-de-cœur d’Aurélie TRONCHET pour Efroyabl Ange1 de Iain M. BANKS DISSONANCES #39 « Alors ce fut comme si tout lui était retiré : les sensations, la mémoire, l’individualité, jusqu’à cette notion d’existence qui gît sous toute réalité […] et l’espace d’un instant immesurable et infini, il n’y eut plus que la vague perception d’un résidu – qui n’avait…Lire la suite BANKS Iain M. | Efroyabl Ange1

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Coup-de-cœur d’Aurélie TRONCHET pour Efroyabl Ange1 de Iain M. BANKS
DISSONANCES #39

« Alors ce fut comme si tout lui était retiré : les sensations, la mémoire, l’individualité, jusqu’à cette notion d’existence qui gît sous toute réalité […] et l’espace d’un instant immesurable et infini, il n’y eut plus que la vague perception d’un résidu – qui n’avait ni esprit, ni but, ni entendement, rien que la certitude d’être » : au seuil du chapitre 1, telle est l’annonce de l’expérience des 300 pages à venir. Excroissance polyphonique et polymorphe entre la science-fiction d’Iain M. Banks et la fiction onirique d’Iain Banks sans M., Efroyabl Ange1 se met en bouche, tourne en boucle, parfois se scande, emplit les yeux et la pensée de paysages et de cités à la perspective impossible. La Dévoration approche pour engloutir la Terre, et le Roi et son Consistoire œuvrent à s’octroyer une issue pour l’élite en négligeant le peuple. Sous la réalité pulse, au très grand ralenti, le flux continu de la Crypte, espace de la narration omnisciente. Quatre personnages-voix cheminent chacun dans leur dimension spatiale ou temporelle afin d’inventer un autre dénouement que la Dévoration. Il y a celle qui naît sans langage pour porter un message, il y a un.e grand.e Savant.e qui devient iel et son secondère, il y a le Comte, militaire mort et mort encore, premier ou dernier voyageur de la Crypte, et enfin il y a Bascule la Crapule, le Rakontör zéro, sa monolangue phonétique et ses aventures cryptiques au milieu des paresseux et des gypaètes parleurs. «  Kan vou vou zatandié vréman a ètr mor, sa fè 1 drol de kou dvou révéyé vivan. » Combien de vies vit-on ? Combien de fois lire l’histoire ?
N.B. à lire, aussi excellemment traduit, chez le même éditeur, Le chant de pierre.

traduit de l’anglais par Anne-Sylvie HOMASSEL
éd. L’Œil d’Or, 2013
300 pages
18€

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DÉZULIER Eva (extraits) https://revuedissonances.com/dezulier-eva-extraits/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:21 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2976 DISSONANCES #39 | MUTATIONS Le passage « Voiture 9, place 59. Je me laisse tomber sur mon siège, et le train s’ébranle aussitôt. Un voyageur est assis à ma droite, et deux autres me font face. Nous échangeons des regards polis en inclinant la tête, gênés comme les convives d’un mariage attablés avec des inconnus. J’ai couru pour…Lire la suite DÉZULIER Eva (extraits)

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DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Le passage

« Voiture 9, place 59. Je me laisse tomber sur mon siège, et le train s’ébranle aussitôt. Un voyageur est assis à ma droite, et deux autres me font face. Nous échangeons des regards polis en inclinant la tête, gênés comme les convives d’un mariage attablés avec des inconnus. J’ai couru pour ne pas manquer le départ et j’ai peine à calmer mon souffle. J’ai soif, mais rien à boire. Le microphone débite sa litanie d’informations inutiles, chacun tend l’oreille pour écouter la destination du train comme s’il l’apprenait tout juste maintenant et opine du chef avec contentement : oui, Lyon, c’est très bien, parfait. Côté fenêtre, mon voisin sort un ordinateur de sa mallette et prend un air affairé. La jeune fille en face roule son pull en boule contre la vitre, y appuie sa tête, et s’endort sur-le-champ. Seule la petite dame aux mains tachées de son me fixe et s’obstine à m’adresser des sourires engageants. Craignant soudain qu’elle n’ait l’idée de me faire la conversation, je me dépêche de fermer les yeux.
Le sang bat à mes tempes, mon cœur cogne avec force. Mes poumons s’emplissent et se vident avec un bruit de chaudière – voilà pourtant plusieurs minutes que je suis… »

DISSONANCES #33 | FUIR
Une échappée
« Debout sur la terre craquelée, cinq arbres dressent leurs silhouettes obliques. Penchés en avant, ils semblent fuir, à bout de vitesse et de frayeur. Leur écorce tortueuse paraît figée dans l’élan d’une course éperdue, décisive.

L’impulsion se lit dans les contours de leurs troncs, dans la posture de leurs branches. Immobiles sur la lame de l’horizon, ils sont comme les ombres de cinq fuyards fourbus, pétrifiés à l’instant fatidique où se décide la vie ou la mort.

La chaleur vibrante de midi leur donne presque la palpitation de la vie. Un torrent de lumière se déverse dans le lit asséché de l’oued.

Chaque matin, le jour se lève sur ces cinq évadés qui courent. Comme si le désir des jeunes captives… »

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CERRUTI Sandrine (extraits) https://revuedissonances.com/cerruti-sandrine-extraits/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:20 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4378 DISSONANCES #39 | MUTATIONS Au désert « désagrégation mécanique en cellule ouverte aux incalculables dimensions inhospitalières ondulations écorchées des vagues immobiles en pierres éclatées exil de l’eau sous l’affaissement de l’air         à la densité de poison incandescent paralysie des poumons aux alvéoles figées       lutte ardente contre la violence écarlate de l’oxygène…Lire la suite CERRUTI Sandrine (extraits)

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DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Au désert

« désagrégation mécanique

en cellule ouverte aux incalculables dimensions inhospitalières

ondulations écorchées des vagues immobiles en pierres
éclatées

exil de l’eau sous l’affaissement de l’air         à la densité de poison incandescent

paralysie des poumons aux alvéoles figées       lutte ardente contre la violence écarlate de l’oxygène

tout le jour       l’enveloppe de pierre corporelle fiévreuse désertée de sa vieille vie       se disjoint

blindage dessoudé par le climat       morceau        à       morceau

à intervalles réguliers les plaques se… »

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ENGLEBERT Julien (extrait https://revuedissonances.com/englebert-julien-extrait/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:18 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4391 DISSONANCES #39 | MUTATIONS Les bruits de la métamorphose « À nouveau le corps-à-corps avec la nocturne ; les yeux fixés sur la colline, à travers les buissons, surplombant des chemins qui se mirent à gueuler. Accroupis dans l’eau, la petite robe qui se tourmente ­- à tomber malade – les mains gelées, je suppose, avec des…Lire la suite ENGLEBERT Julien (extrait

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DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Les bruits de la métamorphose

« À nouveau le corps-à-corps avec la nocturne ; les yeux fixés sur la colline, à travers les buissons, surplombant des chemins qui se mirent à gueuler. Accroupis dans l’eau, la petite robe qui se tourmente ­- à tomber malade – les mains gelées, je suppose, avec des mottes, des nœuds, et ça ne fera que m’agiter davantage ; par-dessus la clôture, à travers le champ, sous un éclair d’or sans grondement, Venus brille très pure – se dévoilant sur le monde, elle s’étend comme une machinerie. Une main calmée venait d’appeler en long silence et tisse, déjà, ses visions redoutables. Je me suis cramponné aux barreaux du crépuscule, du haut de la colline, et je suis tombé du haut de la colline, parmi les formes lumineuses et tourbillonnantes où de grands monstres jouaient, en regardant le feu, à déboucher des bouteilles remplies d’acoustique. Le tapis déchiré des sentiments pleurait très fort derrière le mur. La fille a dit : « le toit et le feu, et un feulement derrière la porte… Dans les yeux ou sur la bouche, où veux-tu que je m’enfuie ? » Je pouvais désormais entendre les démons fouetter au hasard la surface dans la ruelle. Un miroir invérifiable m’espionna mais je pus, dans le noir, commencer mes formes douces et brillantes. Cent galops du… »

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MOUTON Antoine | Chômage monstre https://revuedissonances.com/mouton-antoine-chomage-monstre/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:17 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4496 Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour Chômage monstre d’Antoine MOUTON DISSONANCES #39 « Mettre des obstacles entre dire et soi c’est ça le travail ». Dans Chômage monstre, Antoine Mouton alterne les formes (poème, conte, prose poétique) pour explorer cette distance entre le dire et le soi, là précisément où se nichent les limites du langage. Celles d’une parole empêchée…Lire la suite MOUTON Antoine | Chômage monstre

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Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour Chômage monstre d’Antoine MOUTON
DISSONANCES #39

« Mettre des obstacles entre dire et soi c’est ça le travail ». Dans Chômage monstre, Antoine Mouton alterne les formes (poème, conte, prose poétique) pour explorer cette distance entre le dire et le soi, là précisément où se nichent les limites du langage. Celles d’une parole empêchée (quand le labeur prend la consistance, impossible à manger et à partager, d’un caillou qui nous obstrue la bouche), celles d’une logorrhée urgente, dépourvue de ponctuation et de respiration, ou celles d’une matière éclatée, irréconciliable, qui tente de s’abstraire de la pensée pour pouvoir exister.
« J’étais du temps on m’a découpé en tranches fines on m’a roulé dans la farine on m’a recouvert de papier je ne pouvais pas me périmer pas m’avarier j’étais salarié j’avais un sale air de pauvre ». Il y a le bégaiement des uns et la surdité des autres, dans un monde où l’employabilité apparaît comme le tout et le rien, jusqu’à cet absurde qui englue nos corps-objets, les façonne et les recrache. Jusqu’à ces trois photographies en noir et blanc qui enserrent le texte pour dire un instant immobile ou un silence précaire, forcément précaire.
« Maintenant il faut s’accrocher aux murs. Il ne faut parler à personne dans la cage d’escalier. Il faut monter les marches quatre à quatre et tourner le verrou. Il faut […] s’agripper à tout ce qui s’effondre avant que ça s’effondre. Il faut tenir à soi très fort mais pas trop parce qu’on n’est jamais sûr que soi soit quelque chose qui tienne. » Antoine Mouton réussit l’exploit de créer une langue belle et néanmoins pleine des vides et des soubresauts d’une scansion qui rappelle la rythmique industrielle et la litanie des jours avec, ou sans travail.

éd. La Contre Allée, 2020
68 pages
6,50 €

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MONFORT Laetitia (extraits) https://revuedissonances.com/monfort-laetitia-extraits/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:17 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4405 DISSONANCES #39 | MUTATIONS Combattre la nuit « C’est elle qui vous fait le plus peur. Parce que la nuit ne sait pas. Elle est le regard aveugle. La nuit c’est la paupière et dessous vous ne savez pas. C’est comme si votre mère partout autour et qu’elle fermait les yeux pour ne pas vous voir…Lire la suite MONFORT Laetitia (extraits)

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DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Combattre la nuit

« C’est elle qui vous fait le plus peur. Parce que la nuit ne sait pas. Elle est le regard aveugle. La nuit c’est la paupière et dessous vous ne savez pas. C’est comme si votre mère partout autour et qu’elle fermait les yeux pour ne pas vous voir boire fumer et pleurer et fréquenter les hommes qui se détachent de l’ombre comme de grands couteaux prêts à vous fendre et vous qui glissez le long de leur lame parce que vous cherchez le tranchant. Le tranchant après l’ivresse dans votre bouche pleine de tabac froid. Une mauvaise gentille fille. Avec des larmes sous la peau qui ne demandent qu’à sortir si l’un voulait bien vous trancher un peu là. Ici. Encore. Viens chéri. Là.
Il faut combattre la nuit par l’encre qui est aussi noire mais qui dit ce qu’il y a sous la paupière et fait le jour. Oui elle rend la lumière et alors vous n’avez plus p-l-eur.
Il faut combattre la nuit et s’y prendre dès le jour, parce que la nuit n’attend pas. En hiver elle arrive dès l’après-midi comme ça d’abord on pense que ce sont les toits en inox qui se désagrègent dans l’horizon parisien à cause d’un ciel qui ne cesse d’être mouillé et que tout ça fait un buvard gris mais non : c’est déjà la nuit qui commence. Le temps de… »

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BELLEVEAUX Jean-Christophe | Territoires approximatifs https://revuedissonances.com/belleveaux-jean-christophe-territoires-approximatifs/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:15 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4488 Coup-de-cœur de Romain PARIS pour Territoires approximatifs de Jean-Christophe BELLEVEAUX DISSONANCES #39 Qui ouvrira Territoires approximatifs plongera dans un jus de langage brut farci splendeurs pirates. Par-delà « l’espace étroit du monde », notre conscience se trahira toujours à-travers ses futilités. Pour l’en préserver, il faut pratiquer une distanciation existentielle – apatride – aux Frontières Désolantes de la Lassitude.…Lire la suite BELLEVEAUX Jean-Christophe | Territoires approximatifs

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Coup-de-cœur de Romain PARIS pour Territoires approximatifs de Jean-Christophe BELLEVEAUX
DISSONANCES #39

Qui ouvrira Territoires approximatifs plongera dans un jus de langage brut farci splendeurs pirates. Par-delà « l’espace étroit du monde », notre conscience se trahira toujours à-travers ses futilités. Pour l’en préserver, il faut pratiquer une distanciation existentielle – apatride – aux Frontières Désolantes de la Lassitude. Les gouffres et les à-pics de la syntaxe évoquent les latitudes en vrac de notre planète et son calme plat dévastateur. L’introspection y est radicale, étant donné que « c’est sans doute ici que commence le merveilleux échec de la poésie ». Cette prose âpre – constitutive de l’avarie d’une liberté somptueuse – confronte le coup de foudre vital à la vacuité étourdissante qu’il dévoile. Éclaire la géographie de l’Absurdité Journalière. Les vocables caractéristiques de notre cafard quotidien nous servent aussi à chanter la grâce de ces frustes féeries qui nous charrient Outre-Ego. L’Aventurier de la Démence ordinaire sait qu’il lui faudra donc gribouiller son Cri dans le contre-jour des fanaux orthodoxes pour qu’enfin fleurisse le Désir du Jouir – D’ahurir les Exotismes Conventionnels qui nous font office d’Ailleurs sans Horizon. Il n’y a de fructueux que ces Épiphanies Chaotiques qui nous font valdinguer parmi les brisants du Néant Ambiant. Et une fois « entré par effraction dans l’obscurité du réel avec l’écriture pour lampe torche », on souhaite que cette dernière éclate à la face d’une Humanité trop mystérieusement ardente pour en tenir compte. Cependant, si la Galère de notre Cogito cingle malgré les maelströms sur les océans sémantiques offshores qui bercent notre Cœur Aphone, n’oublions pas que « les gréements de la raison se brisent et s’abattent sur le pont, où l’on demeure, transfiguré ».

éd. Faï fioc, 2018
103 pages
10 €

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OVIDE | Les métamorphoses https://revuedissonances.com/ovide-les-metamorphoses/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:14 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4514 Coup-de-cœur de Julie PROUST TANGUY pour Les métamorphoses d’OVIDE DISSONANCES #39 Comment faire redécouvrir un classique ? Il suffit, comme le montre ici magistralement Marie Cosnay, d’en faire apprécier la modernité et de montrer qu’Ovide, plus qu’un véritable catalogue de cette mythologie qui nous berce depuis l’enfance, propose un langage en perpétuelle évolution qui peut nous parler à…Lire la suite OVIDE | Les métamorphoses

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Coup-de-cœur de Julie PROUST TANGUY pour Les métamorphoses d’OVIDE
DISSONANCES #39

Comment faire redécouvrir un classique ? Il suffit, comme le montre ici magistralement Marie Cosnay, d’en faire apprécier la modernité et de montrer qu’Ovide, plus qu’un véritable catalogue de cette mythologie qui nous berce depuis l’enfance, propose un langage en perpétuelle évolution qui peut nous parler à travers les siècles.
En adoptant le vers libre pour rester au plus proche de ce latin tourbillonnant, Cosnay nous invite ainsi à parcourir un univers de «  formes changées en nouveaux corps » fragiles, souffrants et mutants qui, au fil d’un texte-monstre toujours en mouvement, nous en apprend moins sur des histoires devenues universelles que sur la magnifique vulnérabilité de nos existences.
Hanté par l’orgueil, l’amour et le désir (« Chaque fois que je plonge mes baisers vers les liqueurs limpides, / chaque fois il se courbe, bouche renversée, vers moi. / On dirait qu’on peut toucher. C’est tout petit ce qui sépare les amants. »), Ovide n’incarne alors plus ce pensum scolaire dont certains ont peut-être gardé un mauvais souvenir, mais une poésie aventureuse et vivante dont les vers font gonfler nos poitrines d’un nouveau souffle : « je bouge de mon chant les flots immobiles, je pousse les nuages / je fais venir les nuages, les vents je les chasse je les appelle / j’écrase la bouche des serpents d’un mot, d’un poème / vivantes roches arrachées à la terre robuste je les remue ».
On ne peut donc qu’applaudir le superbe travail de traduction de Cosnay, qui réussit avec ce monument antique ce que Déprats avait fait pour Shakespeare et Markowicz avec Dostoïevski : rendre au classique inamovible et intouchable sa verdeur immuable de «  poème sans fin ».

traduit du latin par Marie COSNAY
éd. de l’Ogre, 2017
528 pages
25 €

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DISSO #39 : Corinne LOVERA VITALI https://revuedissonances.com/disso-39-corinne-lovera-vitali/ https://revuedissonances.com/disso-39-corinne-lovera-vitali/#comments Sun, 04 Oct 2020 14:00:13 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4478 Extrait de l’entretien avec Corinne LOVERA VITALI publié dans DISSONANCES #39     Corinne LOVERA VITALI (petite) Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ? je l’ai perdu évidemment mais je me souviens avoir copié sur un post-it un morceau d’interview de Michel Serrault dans les années 80 il disait que s’il…Lire la suite DISSO #39 : Corinne LOVERA VITALI

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Extrait de l’entretien avec Corinne LOVERA VITALI publié dans DISSONANCES #39

    Corinne LOVERA VITALI (petite)

Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ?
je l’ai perdu évidemment mais je me souviens avoir copié sur un post-it un morceau d’interview de Michel Serrault dans les années 80 il disait que s’il n’avait pas tourné avec Godard c’était parce qu’il n’avait pas voulu répondre à une question que Godard lui avait posée je crois que c’était pourtant pour un simple rendez-vous j’avais trouvé réconfortant qu’un homme comme Serrault fasse comme moi qui n’étais pas Serrault et ne réponde pas aux questions quitte à rater Godard aussi ai-je continué à ne pas répondre aux questions chaque fois qu’on m’en posait des directes je pensais à Serrault et donc parfois à Tognazzi et à cette époque beaucoup à Godard que j’ai un jour rencontré par hasard j’étais muette face à lui sur le pont Marie mais j’étais accompagnée d’une chienne qui lui a fait des fêtes et maintenant je me souviens ce n’est pas que Godard a parlé à la chienne comme je le raconte d’habitude c’est qu’il lui a posé des questions évidemment elle non plus ne pouvait pas répondre autrement qu’en remuant la queue ce n’est toujours pas simple de répondre mais ceci qui me plaît m’est revenu grâce à votre question donc me voici je suis très motivée

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
il n’y en a absolument aucune autre que moi

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
pas possible de me compartimenter je ne laisse personne simplement essayer

Qui est votre premier lecteur ?
un œil dur et froid là-dedans

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
il y a des personnes avec qui travailler est pour moi très aisé et intelligent et même souvent joyeux et d’autres avec qui c’est pénible et d’autres avec qui c’est impossible j’imagine que ces personnes pourraient dire la même chose à mon propos sauf que moi je n’ai pas décidé d’être éditeur ça fait une grosse différence

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
je saute

Quelle fut votre première grande émotion de lectrice ?
j’ai beaucoup convoité un livre exposé dans la vitrine d’un tabac presse en bas de…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #39

BIO

Les livres que clv publie depuis 1999 sont tous marqués par une écriture très directe. Elle travaille avec Fernand Fernandez les formes orales et musicales de ses textes, qui comptent autant pour elle que les livres. Elle a aussi initié NON, dès le début, pour faire “tout tout seuls”. Un peu de son travail publié des derniers temps : COUPE-LE, à paraître, MF Éditions – Ronette et Modine, Abrüpt – Ce qu’il faut, publie.net – 78 moins 39, Louise Bottu – respect les bébés, dans Spirale n°93, Érès – WARLAND, chez Libr-critique – BONNES POCHES, avec NON

BIBLIO SÉLECTIVE (2020)

Coupe-le (éd.  MF, à paraître en janvier 2021)
Ronette et Modine (éd. Abrüpt, 2019)
Ta sœure l’océan mon frèr (éd. Littérature mineure, 2017)
Ce qu’il faut (éd. publie.net, 2016)
78 moins 39 (éd. Louise Bottu, 2016)
Apnée (éd. Contre-mur, 2015)
Scrute le travail – avec CD (éd. précipitées & NON – 2011)
Tout ce que je veux (éd. précipitées, 2006)
Nouvelle Vie (éd. Gallimard, 2004)

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PIETROIS-CHABASSIER Thomas (extraits) https://revuedissonances.com/pietrois-chabassier-thomas-extraits/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:07 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4428 DISSONANCES #39 | MUTATIONS Les effets secondaires de la transformation « Juin, devenait, comme toutes les années, un matin comme un autre, sur le chemin qui menait aux lieux de toutes les journées, le moment tout tremblant, jaillissant, des doutes et d’une alerte, des colères, nouvelles sensations, comme une révélation qui revenait toujours, mieux dite, caractères…Lire la suite PIETROIS-CHABASSIER Thomas (extraits)

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DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Les effets secondaires de la transformation

« Juin, devenait, comme toutes les années, un matin comme un autre, sur le chemin qui menait aux lieux de toutes les journées, le moment tout tremblant, jaillissant, des doutes et d’une alerte, des colères, nouvelles sensations, comme une révélation qui revenait toujours, mieux dite, caractères lumineux, toujours dans les mois chauds, toujours dans les mois secs, le moment de brûler, humeurs troubles, et terribles regrets, irruptions, le moment de s’enfuir, repartir, et de recommencer, tout remettre en question, de nouvelles décisions qui tanguaient sur l’esprit comme dans la tempête, les interrogations comme des agressions, l’état de soi, flottant, surchargé, survolté, s’oubliant, le reste ne comptait pas, et puis ne plus entendre, et puis ne plus parler, et puis ne plus rien dire, ne plus rien écouter, furieux dans le silence, s’emporter puis maudire, et tourner, mais tourner comme en boucle, dans les rues, au salon, sous les toits, comme en soi, enfermé quelque part dans une révolution qui ne durait qu’un mois, qui n’en durait que deux, et le temps de l’été, des vacances et des larmes, des mots trop répétés, douleurs dites, reproches effectués, un avenir balayé, soudain redéfini, soudain reconverti, par de nouvelles images surgies dans… »

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DARDET Sophie (extraits) https://revuedissonances.com/dardet-sophie-extraits/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:06 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4384 DISSONANCES #39 | MUTATIONS Corps-mondes (collage) « Sur la planète blanche, des déesses sans visage sans voix sans repos veillent sur les corps. « Nos machines résistaient. Nous avons créé nos mondes parallèles. Je dis  »nous », c’est bien plus qu’une île ouverte, c’est 20000 chaînes articulations hautement technologiques des jambes en bois, brique ou pierre, les pieds…Lire la suite DARDET Sophie (extraits)

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DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Corps-mondes (collage)

« Sur la planète blanche, des déesses
sans visage sans voix sans repos
veillent sur les corps.
« Nos machines résistaient. Nous avons créé nos mondes parallèles.
Je dis  »nous », c’est bien plus qu’une île ouverte, c’est 20000 chaînes
articulations hautement technologiques
des jambes en bois, brique ou pierre, les pieds sur roues électriques
la tête, simple derrick de bois (bulbe de cheveux, sang, salive, sperme…)
les oreilles, en plastique ! Le cœur, processeur avec filtre à particules. Le mix ultime.
Et enfin la main greffée dans les attaches d’ailes. »
Quand un géant aux dents longues a pris d’assaut l’Atlantide
les cyborgs ont poussé aux marges des marais salants
psalmodié des chants sacrés puis démonté la… »

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ZÁBRANA Jan | Le mur des souvenirs https://revuedissonances.com/zabrana-jan-le-mur-des-souvenirs/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:03 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4517 Coup-de-cœur de Laurent ALBARRACIN pour Le mur des souvenirs de Jan ZÁBRANA DISSONANCES #39 Le ton des poèmes est écartelé entre un lyrisme désespéré et le prosaïsme de la réalité oppressante qui l’entoure. De ce tiraillement naissent les poèmes les plus sombres qui soient, éclairés par de constantes lueurs de rage. Comme si la pratique de la…Lire la suite ZÁBRANA Jan | Le mur des souvenirs

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Coup-de-cœur de Laurent ALBARRACIN pour Le mur des souvenirs de Jan ZÁBRANA
DISSONANCES #39

Le ton des poèmes est écartelé entre un lyrisme désespéré et le prosaïsme de la réalité oppressante qui l’entoure. De ce tiraillement naissent les poèmes les plus sombres qui soient, éclairés par de constantes lueurs de rage. Comme si la pratique de la poésie l’aidait à tenir bon quand tout s’acharne et comme si elle était en même temps un exercice de lucidité âpre, acerbe, caustique parfois. La beauté des vers de Zábrana n’est pas là pour édulcorer une réalité misérable, mais elle vient éclairer vivement et violemment tel détail frappant afin de lui redonner son éclat de contusion, d’hématome symbolique. « Je ne supporte que les fous. Ils sont la moutarde de la terre. […] Elle a les cheveux attachés avec une rondelle à bocaux. » C’est la vie du poète qui est en jeu dans le poème : sa biographie dans son factuel le plus circonstancié, mais aussi la vie dans sa dimension existentielle qu’il s’agit de sauver, d’extirper de ce qui la rabaisse et parfois la révèle. Le recueil est alors un « livre des jobs ». Soit une chronique des maigres solutions qui permettent de continuer, de ces expédients qui rendent la vie supportable, de ces peu glorieuses débrouillardises sordides qui ponctuent le quotidien. Mais « livre de Job » tout autant, puisque le poème, empreint de la révolte la plus définitive, n’ouvre guère d’autre horizon que celui de la résignation, de l’acceptation d’un sort joué dès l’origine, avec cette habitude contractée dans le malheur d’en noter les ironies comme si précisément l’ironie du sort était un des paramètres de la condition humaine. Au « mur des souvenirs » tout est d’avance condamné mais il est encore possible d’en remarquer les pierres les plus saillantes, brillant d’un éclat noir, coupant, déchirant.

traduit du tchèque par Petr ZAVADIL et Cédric DEMANGEOT
éd. Fissile, 2020
110 pages
18 €

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JONAS Thomas (extraits) https://revuedissonances.com/jonas-thomas-extraits/ Sun, 04 Oct 2020 14:00:02 +0000 https://revuedissonances.com/?p=4395 DISSONANCES #39 | MUTATIONS Ici sont les dragons « Personne n’a mieux décrit l’axolotl que Julio Cortázar ; son ventre blanc d’enfant que strient les côtes ; ses yeux ronds plein de surprise ; l’arbrisseau chargé de ramures à son cou ; ses dérobades de fée sous les pierres. L’axolotl devrait être une salamandre, mais, faute de berges où émerger,…Lire la suite JONAS Thomas (extraits)

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DISSONANCES #39 | MUTATIONS
Ici sont les dragons

« Personne n’a mieux décrit l’axolotl que Julio Cortázar ; son ventre blanc d’enfant que strient les côtes ; ses yeux ronds plein de surprise ; l’arbrisseau chargé de ramures à son cou ; ses dérobades de fée sous les pierres. L’axolotl devrait être une salamandre, mais, faute de berges où émerger, il reste à nager dans le bassin formé par les volcans éteints. Dans son texte resté fameux, Cortázar mentionne pourtant une variété d’Afrique qui continue de promener son sourire amusé et ses bois de faon sur les terres sèches, contrevenant complètement aux règles de la science et de la logique. J’ai longtemps cherché cet axolotl d’Afrique, mais ce que j’ai découvert est bien plus étonnant.

En vérité l’illustre écrivain a commis une erreur : il ne s’agit pas d’un axolotl mais d’un cousin moins turbulent dénommé le protée. Ce dernier a en partage une peau humaine tendue sur des mouvements d’anguille, un racinement qui s’enchevêtre sous la nuque, mais son museau est serpentin, sa tanière n’a ni bord ni entrée. Elle s’est refermée en amont du temps, sur les eaux et les ténèbres avant leur séparation d’avec la terre et la lumière. L’… »

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CHARASSE Evelyne (extraits) https://revuedissonances.com/charasse-evelyne-extraits/ Fri, 01 May 2020 11:00:56 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4193 DISSONANCES #38 | FEUX Je serai « Je serai Naufrageuse Ton regard Ne verra Que… »

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DISSONANCES #38 | FEUX
Je serai
« Je serai
Naufrageuse
Ton regard
Ne verra
Que… »

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ESNAULT Christophe (extraits) https://revuedissonances.com/esnault-christophe-extraits/ Fri, 01 May 2020 11:00:56 +0000 http://revuedissonances.com/?p=823 DISSONANCES #38 | FEUX Autobiographies de mes eaux froides « Un bras de poupée, brûlé à la flamme d’un briquet qu’un enfant écrase sur la joue d’un autre enfant. Une pomme du verger traversée par une branche posée sur les braises d’un feu improvisé par la faim. Une maison en feu à Morlaix et des badauds qui profitent du spectacle. Des patates…Lire la suite ESNAULT Christophe (extraits)

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DISSONANCES #38 | FEUX
Autobiographies de mes eaux froides
« Un bras de poupée, brûlé à la flamme d’un briquet qu’un enfant écrase sur la joue d’un autre enfant. Une pomme du verger traversée par une branche posée sur les braises d’un feu improvisé par la faim. Une maison en feu à Morlaix et des badauds qui profitent du spectacle. Des patates emballées dans du papier d’aluminium entre les bûches incandescentes. Le reflet d’une femme nue sur la vitre noircie du poêle à bois. La façade d’une banque cocktailmolotovisée dans une joie pure qui a le goût d’un monde plus grand. Le gosse apprend l’expression « brûlé au deuxième degré ». Avoir en bouche le goût d’une pomme caramélisée. Assister à un spectacle non signalé, six minutes chrono et au final tas de cendres noyées. L’oubli est cendre dans ma bouche, en grande quantité. Je décharge à la pelle ma bouche de toute cette cendre. De cette mémoire que je n’ai plus. Ma révolte est dans les cendres que j’extrais encore de ma bouche, jusqu’à épuisement et jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus trop. Je finis à la cuillère à soupe et au tuyau d’arrosage, puis je me brosse les dents. Et il est assurément trop tôt ou trop tard pour m’inventer une révolution. La Chambre d’Amour réclame son eau. J’embrasse une autre femme après avoir fanfaronné qu’… »

DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
Vie et morts du Chargé de mission
« Dieu a été vu en short et en chaussure de golf en train de zoner autour de bons de réduction abandonnés caisse 47.  Je dois t’assurer – sans un superlatif, sans un lexique poussif ni appuyé, et avec un nombre de signes limités – que je suis indiscutablement l’écrivain que tu es aujourd’hui heureux de connaître puisqu’il fait de toi un lecteur-précurseur. L’un des fils de Dieu postule pour ce poste : Un(e) chargé(e) d’étude technique et culturelle d’un fonds de poésie conntemporaine (tape l’intitulé avec la faute de frappe et retrouve l’annonce de La Maison de la Poésie de Nantes grâce à un moteur de recherche). Type d’employeur : Association / Date limite de candidature : 23/11/2019 / Date de prise de fonction : 14/01/2020 / Gratification : 550 euros/mois.  Après une blessure narcissique non mentionnée ici, l’auteur assassinera cent-vingt personnes (réfléchis une seconde, tu sauras où) pour assurer la promotion de ce court texte qui ne contient aucune vérité lisible dans un cadre et contexte institutionnels. Toutes les lois de ce pays ne sont pas aimables. Ressens-tu dans ton cœur la palpite de cette sublime-émotion prodiguée par LARD (Lumineux Artistes Reproductibles Dégénérés) de la litote ? Faire les questions et les réponses : Il n’en faudrait… »

DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Écrire sur le bonheur : laissons faire les spécialistes
« On ne peut pas écrire un texte valable sur le bonheur. Une phrase, un aphorisme, un fragment, oui, mais rien au-delà. La vérité de la douleur, tout le monde la connaît. La vérité du bonheur est invérifiable, elle est labile. La fin de la douleur, on la confond parfois avec une forme acceptable du bonheur. Il est également entendu que la tentation est fréquente de confondre le plaisir et le bonheur. Le bonheur serait donc un plaisir rare avec ajout de plénitude. Bonheur du drogué (listons les drogues et nous les aurons nos neuf mille signes). Bonheur de l’amoureux ou de la midinette. Piège de la mièvrerie. Impasses des niaiseries. Le fameux tour de passe-passe qui nous engouffre dans la pluie des superlatifs. Suffit de reprendre un peu de drogue ou de trouver un partenaire sexuel capable de transformer le plomb en foutre ou en cyprine. Qu’il pleuve et le bonheur suivra. Dans la nuit la plus noire, il y aura toujours un crétin pour montrer du doigt l’arc-en-ciel pour crier son bonheur d’être en vie et d’en croquer de cette vie délicieuse, dans cet instant fragile et fantasmé où tout est réconcilié. Le premier baiser : du bonheur. La baignade sur une plage de Vendée : du bonheur. Le chien qui s’ébroue tout mouillé : du bonheur. Le divorce par… »

DISSONANCES #28 | AILLEURS
Kerouac go home

« Je ne traverserai pas la rue, je m’y refuse. Des jeunes pourraient mettre des drogues dans mon Yop. Je n’y tiens pas. Nul besoin de vérifier que je suis bien du bon côté. Cela fait suffisamment longtemps que je suis heureux d’habiter là où je suis et de n’en pas bouger. Qu’on ne m’accuse pas d’un manque de curiosité ou d’une quelconque fatigue. Du salon à la chambre et de la cuisine à la salle de bains, je marche d’un pas léger dans mes chaussons chromés. À l’occasion, j’entrouvre même une fenêtre et je peux y passer la tête et regarder dehors. Le dehors ne m’attire pas, mais je ne nie pas son existence. On ne se battra pas vous et moi pour cet ailleurs. Libre à vous d’y faire ce que vous voulez et d’y être assassiné si tel est votre désir. J’appuie ma détermination du poids de tout mon corps. Je ne… »

DISSONANCES #24 | LE MAL
Planches ultimes

« Proie des déclinaisons vitriolées / Déroule la langue à l’aide d’un ouvre-boîte à sardines / Les murs lépreux s’élèvent plus vite que les coulemelles grises / Un analphabète avec toute sa temporalité panoptique et la douce musique métallique / Soixante millions d’esclaves appuient sur un bouton / L’altérité brûle les départs et actionne la manette des génocides orange / Un homme seul dans un métro vide qui cogne contre les fenêtres. La psychose nourrit à la petite cuillère la convivialité / Affine le propos si Le Mal est une thématique trop large pour se loger dans une thèse de huit cents pages / Aplatir la sensation jusqu’à ce qu’elle crache son jus / Retrouvons-nous par hasard cette nuit dans une scierie désaffectée / Les éradications têtes en bas alignées m’évoquent des chauves-souris boursouflées / Immobiliser ton corps de rêve armé d’un sac de ciment / Par ennui ou par vice / On se chamaille jusqu’à ce que le plasma beurre nos tartines / La vindicte veut t’embrasser sous son étau / Un verset décolle la rétine du cantonnier / Prévoir les compresses et les mois de… »

DISSONANCES #22 | RITUELS
Cahier des charges

« Note 1 : Pour la formule d’accueil, quand vous aurez sonné et qu’il ouvrira, dites « Olivier, c’est le cadeau de Trente millions d’amis ». Evitez toutes remarques sur sa chambre et ses posters d’animaux (c’est son jardin secret). Quand il revient du C.A.T., Olivier se lave et passe un survêtement. Ensuite, il est plus détendu. Vous vous assurerez qu’il a bien eu le temps de prendre sa douche et d’enfiler son Adidas® noir à bandes blanches.
1. Dire à Olivier : c’est toi le plus beau. 2. Préciser que sa maman a donné son accord pour le cadeau surprise. 3. Lui demander son autorisation pour caresser sa peau. 4. Le déshabiller entièrement. 5. S’extasier sur la beauté de son corps (faire des comparaisons avec un panda). 6. Prononcer la phrase : Aujourd’hui, c’est le jour de l’amour. 7. Caresser son torse avec un geste circulaire. 8. Ne jamais toucher ses cheveux. 9. Ne pas frotter son corps contre le sien. 10. Surtout pas de bisous. 11. Rester habillée. 12. Donner des coups de langue sous ses testicules. 13. Dès que l’... »

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FIOLOF Frédéric (extraits) https://revuedissonances.com/fiolof-frederic-extraits/ Fri, 01 May 2020 11:00:54 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4181 DISSONANCES #38 | FEUX Le feu aux fesses (une mort de Roméo et Juliette) « Il fallait s’y attendre : le pratachtère s’est brisé juste au moment où nos parents sont entrés dans le salon. Quel vacarme ! Mon huitième sexe venait de se rompre à boire entre les seins voluptueux de quelqu’un qui n’était ni toi ni moi mais qui était…Lire la suite FIOLOF Frédéric (extraits)

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DISSONANCES #38 | FEUX
Le feu aux fesses (une mort de Roméo et Juliette)
« Il fallait s’y attendre : le pratachtère s’est brisé juste au moment où nos parents sont entrés dans le salon. Quel vacarme ! Mon huitième sexe venait de se rompre à boire entre les seins voluptueux de
quelqu’un qui n’était ni toi ni moi mais qui était bien là mon Dieu et parlait comme une panthère. Je venais justement de m’en glapir plein les yeux et toi tu rougeoyais en me vrillant les anges et nos
parents sont entrés dans le salon et ils ont fait oh ! Quels sont ces oeufs qui sur nos oeufs surnagent ? Mais nous étions aveugles, fous, désarmés, et le prion priait et mes chemins à la fleur d’oranger rampaient vers tes chabrules piquantes, odorantes, vers tes prosées posées entre les fesses protophiles de notre incandescence et les parents sont entrés mais que foutre en avions-nous ! J’étais ta Suédoise tu étais mon Mexicain, ton Juif errant ma Salomnite, mon amour, mon amour, tu sais, parfois on fait des trucs de dingue avec une seule langue plus joufflue que les arènes de Rome, avec le sang du chien, avec le sucre dur du bonbon chimique à la place du coeur, avec la chair amassée depuis des siècles au bout de nos ongles de pianistes affamés, mon amour, nos parents sont entrés dans le salon et ton père, je l’ai vu, je l’… »

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CAMUS Benoit (extraits) https://revuedissonances.com/camus-benoit-extraits/ Fri, 01 May 2020 11:00:54 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2997 DISSONANCES #38 | FEUX Nuit Cheyenne « Tu regardes ta voiture flamber. Des adolescents s’agitent devant, t’empêchent de t’approcher. Ils te tiennent à distance. Tu allais dire à distance respectable, tu t’es rétracté. De respect, il n’y a pas. Aucun pour ton désarroi. Il faudra t’organiser autrement. Ils s’agitent devant ta bagnole en flamme. Lèvent les bras au ciel, tournent autour.…Lire la suite CAMUS Benoit (extraits)

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DISSONANCES #38 | FEUX
Nuit Cheyenne
« Tu regardes ta voiture flamber. Des adolescents s’agitent devant, t’empêchent de t’approcher. Ils te tiennent à distance. Tu allais dire à distance respectable, tu t’es rétracté. De respect, il n’y a pas. Aucun pour ton désarroi. Il faudra t’organiser autrement.
Ils s’agitent devant ta bagnole en flamme. Lèvent les bras au ciel, tournent autour. Tu as l’impression qu’ils dansent. Une danse de la joie. Ils t’évoquent des indiens. Tu as cette image d’indiens encerclant un feu la nuit. Ils lancent des hou hou, tapent le sol des pieds, brassent l’air avec d’amples mouvements. Tu as cette image. Il leur manque juste les plumes. Et les peintures, sur la figure. Tu as cette image. Tu te demandes d’où tu la sors. Sans doute d’un western vu quand tu étais môme. Ils en diffusaient à l’époque, à la télé. Le dimanche soir. Ou le mardi. La dernière séance. Tu cherches un titre. Passes en revue ceux qui te reviennent à l’esprit. Tu te dis que non. Tu ne te souviens pas. Tu as pourtant cette image. Elle doit bien avoir une origine. Si elle est ancrée, c’est qu’elle a été répétitive. Véhiculée à plusieurs reprises. Une image stroboscopique. Stroboscopique comme les arabesques des flammes, leurs jeux d’ombre et de… »

DISSONANCES #33 | FUIR
Ceux qui restent
« Elle ne dit rien. Le regarde s’activer dans la chambre. Vider le tiroir, son étagère, la penderie. J’aurai plus de place pour mes affaires, songe-t-elle. Remplir les deux valises. Deux valises : une à chaque main. Et un petit sac à dos. Elle le regarde. La façon dont il étale ses chemises sur le lit, rabat les manches, plie. Ce n’est pas ainsi que l’on plie les chemises. Elle voudrait lui montrer. Les pans, le col. Elle ne bouge pas. Le laisse faire. Il ne lui demande rien. Ne lui prête pas attention. Il continue. C’est elle qui range son linge, d’habitude. Et d’habitude, il n’a pas besoin de le lui demander pour qu’elle s’en charge. J’aurai moins de travail, aussi ! Elle évalue le temps qu’elle gagnera. Le temps…
Elle se tient dans l’embrasure de la porte. N’entre pas. Un peu en retrait. En marge. Pendant qu’il va et vient entre la commode, l’armoire, les bagages. Pendant qu’il occupe le terrain. Elle consulte sa montre. S’en détourne, contrariée. Les minutes s’égrènent. Elle a mieux à faire que de surveiller leur course, alors qu’il emplit encore l’espace. Lui, au milieu de la pièce, leur pièce. Il n’y dormira plus. Il ne s’étendra plus sur ce lit, sur elle sur ce lit. Il n’y sera plus. Elle comprend, là, à cet instant, qu’il n’y sera plus. Elle se retient au chambranle. Lutte pour ne pas s’effondrer. Elle ne… »

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BAUDINAT Benoit (extraits) https://revuedissonances.com/baudinat-benoit-extraits/ Fri, 01 May 2020 11:00:53 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4206 DISSONANCES #38 | FEUX Feux (Last Statements of the Offenders) « /// « Euh, Pamela, est-ce que tu peux m’entendre ? Stephanie, Hardy, Marcus, dites à toute la famille que je les aime. Je suis désolé pour les moments difficiles et ce qui me fait mal, c’est que je vous ai fait mal, et Patricia m’a écrit, dites à Patricia que je lui ai répondu,…Lire la suite BAUDINAT Benoit (extraits)

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DISSONANCES #38 | FEUX
Feux (Last Statements of the Offenders)
« /// « Euh, Pamela, est-ce que tu peux m’entendre ? Stephanie, Hardy, Marcus, dites à toute la famille que je les aime. Je suis désolé pour les moments difficiles et ce qui me fait mal, c’est que je vous ai fait mal, et Patricia m’a écrit, dites à Patricia que je lui ai répondu, pour vous dire ça. Je vous aime tous. Je suis prêt. » 

Il s’appelle Robert Sparks, son nom n’a pas été modifié, c’est arrivé à Dallas, il a une taille et un poids et une couleur de peau et ses yeux ont une couleur aussi, il a un numéro et une fiche dans les archives du département de justice pénale du Texas. C’est arrivé à Dallas, il a appelé le 911 pour confesser ses crimes, il a poignardé une femme de trente ans et deux garçons de neuf ans qui ont également une couleur de peau dans les archives.

On ne sait pas qui a commencé. On ne sait pas si c’est la branche, l’os, l’ongle, le quartz, le feu ou la foudre qui d’abord a heurté, choqué, brûlé, tranché, sectionné. Un morceau de… »

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BÉDARIDA Catherine (extraits) https://revuedissonances.com/bedarida-catherine-extraits/ Fri, 01 May 2020 11:00:48 +0000 http://revuedissonances.com/?p=844 DISSONANCES #38 | FEUX Les en-allées, odeur de braise « feu pierres lave à coup d’incandescences le volcan a soufflé les jeunes filles les a portées loin elles s’en sont allées guidées par la pierre violette nouvelles terres nouvelles aires éloignées du feu des volcans les en-allées marchent… » DISSONANCES #28 | AILLEURS En partance « partir passer par les ailleurs…Lire la suite BÉDARIDA Catherine (extraits)

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DISSONANCES #38 | FEUX
Les en-allées, odeur de braise
« feu pierres lave
à coup d’incandescences
le volcan a soufflé les jeunes filles
les a portées loin
elles
s’en sont allées
guidées par la pierre violette
nouvelles terres
nouvelles aires

éloignées
du feu des volcans
les en-allées marchent… »

DISSONANCES #28 | AILLEURS
En partance

« partir passer par les ailleurs toujours aller respirer ample traverser
le ruban gris d’une route infinie perçant un plateau d’altitude entre des massifs de montagnes mordorées horizon spacieux sur lequel j’erre verticale seule

un doigt qui boit le thé
un ciel d’hiver à mes pieds
toujours le monde si vaste si grand
je pense à L. dans les forêts du Sud
je mets un arbre dans ma poche et je pars

au matin
le monde s’offre immense
partir l’esprit léger
longer la terre intérieure
le fond de l’air sans… »

DISSONANCES #22 | RITUELS
Hommes

« épaule à épaule à épaule à épaule

contact collectif corpulent croire
chant grave caisse caisse caisse résonance
à travers os cages épaules crânes
un multiplié par douze égale lac de voix graves
bourdonnant de terre à ciel
de palpitant à ventre
cercle de plantes de pieds talons percussions
se propageant
de sternum à sexe
de solitude à tambour
un multiplié par douze égale corps perdus troués retrouvés
par le filament des... »

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DISSONANCES #38 FEUX https://revuedissonances.com/dissonances-38-feux/ https://revuedissonances.com/dissonances-38-feux/#comments Fri, 01 May 2020 11:00:47 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4139 mai 2020 / 48 pages / 5 euros mise en images : Aline ROBIN – ÉDITO : CONTRE-FEUX Depuis près d’un million d’années on s’enorgueillit de l’avoir domestiqué, de pouvoir en user à notre convenance, et puis non. Ça n’était peut-être pas fait pour nous, ce truc, finalement. On contemple l’étendue du désastre – cendre et fumée – tout est…Lire la suite DISSONANCES #38 FEUX

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mai 202048 pages / 5 euros
mise en images : Aline ROBIN

ÉDITO : CONTRE-FEUX

Depuis près d’un million d’années on s’enorgueillit de l’avoir domestiqué, de pouvoir en user à notre convenance, et puis non. Ça n’était peut-être pas fait pour nous, ce truc, finalement. On contemple l’étendue du désastre – cendre et fumée – tout est parti dans le noir. Alors on se demande à quel moment ça a merdé pour qu’on en arrive là : l’étincelle qui a mis le feu aux poudres, c’était quoi au juste ?
Alors que se propage la menace d’une combustion intégrale qu’alimentent sans cesse les pyromanes du business, 21 auteurs se sont penchés sur cette brûlante question et livrent dans ce 37ème numéro de Dissonances leurs subjectives approches de cet élément avec lequel l’humanité semble entretenir un rapport ambivalent, entre fascination et défiance, maîtrise et hybris. Enluminés par les flammes d’encre d’Aline Robin, ces textes sont autant de contre-feux allumés pour préserver ce fragile espace dont par exemple Alexis Gloaguen, Lambert Schlechter ou Alexander McQueen ont fait leur domaine, celui d’une création singulière.
Et puisque l’époque est au confinement, souhaitons au lecteur de trouver dans ces pages de quoi alimenter son foyer intérieur. Pour apaiser la morsure des brûlures de l’âme, pour ranimer la passion qui crève sous la cendre, asseyons-nous autour du feu, tisonnons, dissonons !

Côme FREDAIGUE

DOSSIER « CRÉATION » : FEUX

Benoit BAUDINAT  : Feux (Last Statements of the Offenders)
« /// « Euh, Pamela, est-ce que tu peux m’entendre ? Stephanie, Hardy, Marcus, dites à toute la famille que je les aime. Je suis désolé pour les moments difficiles et ce qui me fait mal, c’est que je vous ai fait mal, et Patricia m’a écrit, dites à Patricia que je… »

Catherine BÉDARIDA  : Les en-allées, odeur de braise
« feu pierres lave
à coup d’incandescences
le volcan a soufflé les… »

Jean-Christophe BELLEVEAUX : Imprécation
« enfermé dans un parallélépipède rectangle c’est-à-dire une chambre ou un salon emboîtement de petits pavés qui constituent ce qu’on nomme appartement fenêtres ouvertes sur le froid pour le cri ou contre l’humidité de la lessive mise à sécher foutre le feu à… »

Benoit CAMUS  : Nuit Cheyenne
« Tu regardes ta voiture flamber. Des adolescents s’agitent devant, t’empêchent de t’approcher. Ils te tiennent à distance. Tu allais dire à distance respectable, tu t’es rétracté. De respect, il n’y a pas. Aucun pour ton désarroi. Il faudra t’organiser autrement. Ils s’… »

Evelyne CHARASSE : Je serai
« Je serai
Naufrageuse
Ton regard… »

Thierry COVOLO : Retour de flamme
« Nous étions garés devant le 942 de la Vieille Route. Je m’étais juré, quoi, cent fois, mille fois, un million peut-être, de ne jamais y remettre les pieds. J’avais tenu bon pendant vingt ans. Mais voilà, j’étais là, à nouveau. C’était l’automne. L’hiver allait bientôt s’… »

Christophe ESNAULT : Autobiographies de mes eaux froides
« Un bras de poupée, brûlé à la flamme d’un briquet qu’un enfant écrase sur la joue d’un autre enfant. Une pomme du verger traversée par une branche posée sur les braises d’un feu improvisé par la faim. Une maison en feu à Morlaix et des badauds qui profitent du… »

Joseph FABRO : William Leonard Laurence ou de la Trinité
« William L. Laurence dit Willy a les yeux qui piquent, un bref flash blanc, plus blanc que le ciel et puis les yeux qui grattent, blessés, pendant un instant rien en dehors du blanc, Willy n’a vu que de la lumière, comme un soleil, un astre, dans la rétine et on… »

Aline FERNANDEZ : L’envers de la peau
« J’ai
Sur l’envers de ma peau
Un tatouage ancien… »

Frédéric FIOLOF : Le feu aux fesses (une mort de Roméo et Juliette)
« Il fallait s’y attendre : le pratachtère s’est brisé juste au moment où nos parents sont entrés dans le salon. Quel vacarme ! Mon huitième sexe venait de se rompre à boire entre les seins voluptueux de
quelqu’un qui n’était ni toi ni moi mais qui était bien là mon Dieu et… »

Louis HAËNTJENS : V o l c a n (s)
« 1. D’abord, rien. Enfin, rien. Si. Un qui s’envole. Un qui a senti avant les autres. Mais. C’est tout. Un qui s’envole avant les autres et c’est tout. Sinon, rien. Tout ressemble. Personne doute. Sauf un. Comment ? Sais pas. Lui-même sait pas, sent. Pas son boulot de… »

Philippe LABAUNE : Chant de la meute
« tout ce qui était stable et solide part en fumée c’est la nuit le feu la foule les enfants une ligne de corps fins et droits chacun suspendu dans la marche trente enfants en capuches le visage de mon frère les portes se ferment je brûle la nasse les vestes les… »

Thomas D. LAMOUROUX : La grotte
« Le film commence. Ils regardent le film. Ils passent de l’autre côté du regard. Les souvenirs  s’animent.  Ils rêvent. Ils voient défiler le rêve du film. Ils ont les yeux ouverts. Ils regardent le rêve.
Puis les ombres s’animent. Les flammes dansent. C’est un… »

Lionel LATHUILLE : Pas au feu
« Au cœur d’une campagne déserte, on m’indique une bâtisse que je devrai habiter, aux volumes rudimentaires comme une grange. L’air est froid, couleurs estivales mais climat hivernal, il faudra que je chauffe l’habitation. L’intérieur du bâtiment est quasiment… »

Mathieu LE MORVAN  : L’écluse
« de ta lucarne Salomé
je te vois peindre les feux
qui illuminent le… »

Mathieu MARC : L’aube
« Des sphères en arc-en-ciel hésitent au-dessus des monts et buissons
une flamme de feu jaillit verticale dans un nuage encore bleu
un oiseau seul se dirige à tâtons dans les flots qui rayonnent sans… »

Miel PAGÈS  : Médée pas de mots
« je dépose
je dépose des animaux
je dépose des animaux morts… »

Stéphanie QUÉRITÉ : Inflammation
« Allongez-vous.
Déposez-vous.
Relâchez tout… »

Clément ROSSI : Feu de Lou
« Lou traverse le décor de long en large, et je vois tous les objets oubliés qui brillent faiblement sur son passage comme s’ils retrouvaient leurs trois dimensions. J’entends par « décor » la toile tendue dans mon ventre où passent éternellement les films qui ont déjà… »

Perle VALLENS : Pyrophilia
« Tu la vois cette petite flamme ? Dis, tu la vois ? Tu la vois, oui. Elle vient de surgir, minuscule, fébrile, hirsute petite mèche bleutée. Tu la pares de ta paume droite comme un mur pour la protéger, pour éviter qu’elle ne s’éteigne. Tu l’observes en… »

Louis ZERATHE : Rétroéclairage de ma langue & faim du monde
« Rétroéclairage de ma langue
Tournée sur elle-même
Sept fois… »

PORTFOLIO : Aline ROBIN

« Mes premiers pas vers le travail de dessin ont été guidés par les formes et motifs de la nature : animal et végétal revenus par fragments, formant des paysages grotesques voire monstrueux,
taches ou zébrures comme autant de ponctuations ou de traces de… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un.e auteur.e connu.e) :
Alexis GLOAGUEN

« Trois oeuvres qui vous ont sidéré :
Si j’entends « œuvre » comme « œuvre complète » (car j’aime tout d’un artiste, le génial et le moins bon), je dirai : Malcolm Lowry en littérature, Sam Peckinpah pour le cinéma, The… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
Je n’irai plus jamais à Feodossia (Lambert SCHLECHTER)
« Avec Je n’irai plus jamais à Feodossia, Lambert Schletchter poursuit ses proseries et son dialogue avec le monde. Ce recueil de textes d’une page – d’une seule coulée pourrait-on dire puisque l’auteur ne rature jamais – tient autant du journal intime ou des… »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture)  :
Éric COSTAN 
 : Lorsque la seule réponse est demain – éd. La Centaurée
« « Souvent au quotidien / Tu ne me tiens plus la mainC’est un peu comme en hiver / Lorsque la seule réponse est demain ». Promeneur solitaire dans une nature apaisante et bouillonnante, Éric Costan, «  les yeux derrière les lunettes du quotidien », cultive… »
Rémy DISDERO : Oaristys – éd. Cormor en nuptial
« Écrire le désir et son monde de combustion, écrire le sexe comme si vous y étiez encore (merci, on a eu une vie, on connaît), mais ce désir un peu particulier qui nous amène vers une citation de Bataille aussi souvent usitée que très juste : « Le coït est la… »
Christophe ESNAULT : Ville ou jouir – éd. Louise Bottu
« Ouvrir ce livre, ô Paria, te sera toujours plus lucratif qu’un grossier suicide : « Je ne fais pas de l’humour, je fais preuve de lucidité. » Tu y surferas sur les Vagues Rutilantes de cinq écrits de formes diverses qui se chevauchent dans une Déflagration Trashy. Ville ou… »
Mathieu RIBOULET : Les portes de Thèbes – éd. Verdier
« « Le seize septembre deux mille un, mon père, franchissant les grilles de l’hôpital où un diagnostic de cancer, pronostic deux ans, venait de lui être posé, me dit : « Aujourd’hui ton grand-père aurait eu cent ans et ta grand-mère est morte depuis cinquante ans » : ainsi… »
Valérie ROUZEAU  : Éphéméride – éd. de la Table Ronde
« Éphéméride c’est sauter cloche-pied dans le temps sur deux portées : la main droite pour le temps qui va, la main gauche pour la récolte de ce qui revient. À la main gauche, les astres flamboyants
et protecteurs des présences et des voix amies aimées, même si… »
Anne SAVELLI
 : Saint-Germain-en-Laye – éd. de l’Attente
« C’est un livre en provenance des interstices du passé et des pavés de Saint-Germain-en-Laye, une divagation spatiale et temporelle dans la ville bourgeoise perchée sur son belvédère et l’extrémité du RER A. Loin, très loin de la banlieue Est, Saint-Germain… »
Philippe THIREAU  : Melancholia – éd. Tinbad
« « te raconte cette histoire ma belle mort crachant des cailloux en place de mots ». Ainsi s’ouvre en jactant cette courte pièce qui narre en trois actes la fin de l’histoire (sans je) de deux belles âmes, le soldat et la fille violette. À la fin, le grand oiseau planeur… »
Johann ZARCA  : Braquo sauce samouraï – éd. Fleuve
« « Je me faufile vers la sortie, une meuf ultra-michto s’accroche à mon bras :
– S’te plaît Mec, je t’en supplie, laisse-moi t’accompagner !
Je la dévisage et dans la lumière des spots, reconnais… »

DI(S)GRESSION (carte blanche sur un domaine autre que la littérature)
Anne Sophie LIN ARGHIRESCU  : Duel et entre-deux : Alexander McQueen
« Qu’est-ce qui fait que le nom d’Alexander McQueen sonne aujourd’hui comme celui d’une légende ? Et puis, qui est donc le fameux McQueen ? Certains vous diront… Un homme gros, fat et niais, et chauve de surcroît. Et d’autres… Un artiste chevronné… »

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DISDERO Rémy | Oaristys https://revuedissonances.com/disdero-remy-oaristys/ Fri, 01 May 2020 11:00:42 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4251 Coup-de-cœur de Christophe ESNAULT pour Oaristys de Rémy DISDERO DISSONANCES #38 Écrire le désir et son monde de combustion, écrire le sexe comme si vous y étiez encore (merci, on a eu une vie, on connaît), mais ce désir un peu particulier qui nous amène vers une citation de Bataille aussi souvent usitée que très juste : « Le coït est la parodie…Lire la suite DISDERO Rémy | Oaristys

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Coup-de-cœur de Christophe ESNAULT pour Oaristys de Rémy DISDERO
DISSONANCES #38

Écrire le désir et son monde de combustion, écrire le sexe comme si vous y étiez encore (merci, on a eu une vie, on connaît), mais ce désir un peu particulier qui nous amène vers une citation de Bataille aussi souvent usitée que très juste : « Le coït est la parodie du crime ». C’est bien là et en son cœur que nous emmène Rémy Disdero, vers un amour-dévastation excessif et démentiel, gourmand de cochoncetés, d’avidité à jouir et de fascination pour le corps de l’amoureuse (elle est
aussi une amante très demandeuse et redemandeuse – on ne s’inquiète pas pour sa santé). Fascination folle pour la jouissance de l’autre qui se nourrit d’elle-même et se répète avec une inertie monstrueuse. À première lecture, je n’avais pas perçu la douceur, on pourra aussi la trouver. Désirons-nous monstrueusement, se racontent les nez et les approches tactiles. Souvent le texte cul qui s’étale sur vingt pages me navre, me désespère. Pas là. Du tout ! Texte érotico-porn explosif. À placer sur l’étagère auprès des nouvelles d’Anaïs Nin, du Sexus d’Henry Miller, ou des rituels ménagers de Claire Dumay. Ma mémoire est peut-être défaillante, mais Oaristys est le texte érotique que j’ai le plus envie d’offrir à tour de bras. Il me pose la question : être en-dessous du désir de ces deux amants-là, est-ce encore du désir ? « Elle écarte les cuisses et je plonge mon nez par où s’échappent les oiseaux d’or, dans ses grandes eaux, massant doctement sa motte »… Je n’ai plus le temps d’évoquer les autres textes de ce livre soigné très religieusement par un éditeur et son imprimeur qui connaissent leur métier (livrets reliés/cousus et couverture charnellement brûlante sous vos doigts innocents).

éd. Cormor en nuptial, 2018
128 pages
16 €

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MARC Mathieu (extraits) https://revuedissonances.com/marc-mathieu-extraits/ Fri, 01 May 2020 11:00:42 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4160 DISSONANCES #38 | FEUX L’aube « Des sphères en arc-en-ciel hésitent au-dessus des monts et buissons une flamme de feu jaillit verticale dans un nuage encore bleu un oiseau seul se dirige à tâtons dans les flots qui rayonnent sans comprendre : à l’Étang de Berre, l’aube se lève au milieu des… »

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DISSONANCES #38 | FEUX
L’aube
« Des sphères en arc-en-ciel hésitent au-dessus des monts et buissons
une flamme de feu jaillit verticale dans un nuage encore bleu
un oiseau seul se dirige à tâtons dans les flots qui rayonnent sans comprendre :

à l’Étang de Berre,
l’aube se lève au milieu des… »

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4160
LATHUILLE Lionel (extraits) https://revuedissonances.com/lathuille-lionel-extraits/ Fri, 01 May 2020 11:00:39 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3256 DISSONANCES #38 | FEUX Pas au feu « Au cœur d’une campagne déserte, on m’indique une bâtisse que je devrai habiter, aux volumes rudimentaires comme une grange. L’air est froid, couleurs estivales mais climat hivernal, il faudra que je chauffe l’habitation. L’intérieur du bâtiment est quasiment nu et je comprends que je suis confronté à une difficulté : il n’y a pas d’autre possibilité pour obtenir…Lire la suite LATHUILLE Lionel (extraits)

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DISSONANCES #38 | FEUX
Pas au feu
« Au cœur d’une campagne déserte, on m’indique une bâtisse que je devrai habiter, aux volumes rudimentaires comme une grange. L’air est froid, couleurs estivales mais climat hivernal, il faudra que je chauffe l’habitation. L’intérieur du bâtiment est quasiment nu et je comprends que je suis confronté à une difficulté : il n’y a pas d’autre possibilité pour obtenir de la chaleur que de mettre le
feu à l’habitation. Une présence m’accompagne, une figure de mère, et elle me dit que la maison est conçue pour répondre à cet usage, que cette pratique est coutumière ici, que tout y est question d’équilibre : il faut déclencher le feu à même les murs et la structure, le propager pour qu’il se nourrisse des matériaux de la construction, et réussir à l’entretenir dans une mesure qui procurera
de la chaleur sans jamais dépasser un niveau de combustion qui risquerait d’emporter le bâtiment. Feu lancé : étincelles et flammèches animent les surfaces, la nuit tombe, le rêve s’interrompt – ton cahier sent la suie.

Claquements d’une serrure, voix qui se percutent, une télé silencieuse diffuse… »

DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
Une coupure

« (Nous avions cherché, rien ne se transformait jamais. Rien de nous ne devenait une empreinte, une forme disposée à nous révéler. Nous finissions par habiter une carcasse abandonnée à la lumière crue du réel, séparément, sans vérité pour nous réunir. Nous devenions des cavaliers blottis chacun dans la dépouille de son cheval pour survivre au froid terrible des plaines arides. Nous avions marché, galopé, embrassé côte à côte l’ivresse des grands espaces et nous établissions maintenant refuge dans le cadavre des montures qui nous avaient portés vers l’horizon – notre histoire comme notre ressemblance – une impossible conquête. Deux ombres continuaient plus loin.)
tout près                   tu vois ?
sous nos yeux          que diras-tu ?
ici                               là
une marque              qui rendrait notre vérité
laquelle ?                  on cherchera
un visage ?               à poursuivre
un aveu ?                  chercher une… »

DISSONANCES #34 | TRACES
Cinq temps du photographe

« 1. De dos. Faire une photographie de dos. Je précise : en remontant le cours de la lumière. Faire une photographie qui ramènerait celle ou celui qui était là et qui n’y est plus. Faire une photographie qui rendrait le regard qui a quitté le lieu où nous regardons maintenant. Non pas pour voir ce qu’il a vu, impossible et vain. Mais ce qui de l’espace a été éclairé différemment sous son regard.

2. De dos la lune est brune. Tu l’affirmes. Tu l’as vue quand tu apprivoisais l’obstination du soleil. Brune comme une chair longtemps portée à incandescence. Tu la frôlais, la humais. Certains apprennent à courir les mains liées dans le dos, toi tu écartes les tiennes pour embrasser l’angle des rayons du jour. Tu mesures l’indécence. Tu te hisses, tu grimpes. Tu voles. C’est un rêve, dos crawlé cosmique, une façon de faire dos au réel (quand trop font face sans le voir). Et tu te tais. Silencieux des terres lointaines qu’on ramène sous les bras la nuit en nageant.

3. Vous êtes Icare ? – Non je suis… »

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ROUZEAU Valérie | Éphéméride https://revuedissonances.com/rouzeau-valerie-ephemeride/ Fri, 01 May 2020 11:00:35 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4238 Coup-de-cœur d’Antoinette BOIS DE CHESNE pour Éphéméride de Valérie ROUZEAU DISSONANCES #38 Éphéméride c’est sauter cloche-pied dans le temps sur deux portées : la main droite pour le temps qui va, la main gauche pour la récolte de ce qui revient. À la main gauche, les astres flamboyants et protecteurs des présences et des voix amies aimées, même si certaines disparues,…Lire la suite ROUZEAU Valérie | Éphéméride

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Coup-de-cœur d’Antoinette BOIS DE CHESNE pour Éphéméride de Valérie ROUZEAU
DISSONANCES #38

Éphéméride c’est sauter cloche-pied dans le temps sur deux portées : la main droite pour le temps qui va, la main gauche pour la récolte de ce qui revient. À la main gauche, les astres flamboyants et protecteurs des présences et des voix amies aimées, même si certaines disparues, le retour de correspondances anciennes, les retrouvailles avec textes, entretiens, moments passés, qui  murmurent, bougonnent ou s’amusent ; à la main droite, le quotidien troué des petits désastres, tracasseries administratives d’une vie d’autrice, trampoline des humeurs, choses vues et ciselées.
Éphéméride c’est porte entrouverte sur la vie pensée de Valérie Rouzeau, dévoilement et remue-mémoire d’une hypermnésique ponctuellement amnésique, une qui brasse ses cartes et astrolabes,
trace des sentes de langue, se ressaisit de son lexique et de ses tempos avec acuité incroyable ; une qui fatigue aussi parfois du poids de la vie à gagner, jamais de celle trouvée : envole son regard
sur les plumes des oiseaux, tresse son texte de matériaux pauvres et nobles, chanvre et soie côte à côte, d’une main à l’autre.
Éphéméride c’est couture des jours, qu’ils soient de l’année 19 ou hissés du passé, un temps linéaire oui bien sûr mais un temps rond comme le cercle hypnotique de la corde à sauter qui claque
régulièrement sur le goudron brut, le jeu d’une enfant qui revient, est restée, est toujours là, mains tendues dans le présent.
Éphéméride c’est, au choix, faire connaissance avec la poète pour aller vers ses livres ou prolonger la voix vive en équilibre sur les mots des recueils publiés.
Éphéméride c’est marelle à la craie où chaque page lance son dé sans hasard ; en sortir restaurée et vivifiée dans le reclus de ces temps-ci.

éd. La Table Ronde, 2020
144 pages
16,50 €

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PAGÈS Miel (extraits) https://revuedissonances.com/pages-miel-extraits/ Fri, 01 May 2020 11:00:33 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4157 DISSONANCES #38 | FEUX Médée pas de mots « je dépose je dépose des animaux je dépose des animaux morts je dépose des animaux morts devant votre porte Jason (les mots sont des animaux) je ne sais pas te dire rien que ce dépôt de carcasse dans la ville visible carcasse visible je suis un animal qui crie…Lire la suite PAGÈS Miel (extraits)

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DISSONANCES #38 | FEUX
Médée pas de mots
« je dépose
je dépose des animaux
je dépose des animaux morts

je dépose des animaux morts devant votre porte Jason

(les mots sont des animaux)

je ne sais pas te dire rien
que ce dépôt
de carcasse dans la ville
visible
carcasse visible

je suis un animal qui crie sur un animal qui crie sur un… »

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FABRO Joseph (extraits) https://revuedissonances.com/fabro-joseph-extraits/ Fri, 01 May 2020 11:00:32 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3588 DISSONANCES #38 | FEUX William Leonard Laurence ou de la Trinité « William L. Laurence dit Willy a les yeux qui piquent, un bref flash blanc, plus blanc que le ciel et puis les yeux qui grattent, blessés, pendant un instant rien en dehors du blanc, Willy n’a vu que de la lumière, comme un soleil, un astre, dans la rétine…Lire la suite FABRO Joseph (extraits)

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DISSONANCES #38 | FEUX
William Leonard Laurence ou de la Trinité
« William L. Laurence dit Willy a les yeux qui piquent, un bref flash blanc, plus blanc que le ciel et puis les yeux qui grattent, blessés, pendant un instant rien en dehors du blanc, Willy n’a vu que de la lumière, comme un soleil, un astre, dans la rétine et on meurt et on meurt et on meurt, pire encore que le soleil, Boom ! à l’arrière du crâne dans le cerveau ou la cervelle, dans la chambre obscure de la tête toute la clarté du ciel qui s’accumule, on y croit pas tellement c’est beau, impossible, il faut le faire encore tellement on y croit pas, tellement c’est impossible, il dit qu’il n’y croit pas, les autres non plus, on chuchote, la lumière encore là, enfoncée de force dans la rétine,
le soleil presque gris, une boule rouge, jaune, violette, translucide, comme du verre, l’équilibre qui manque, mais c’est impossible, on a jamais vu ça, jamais, pas même dans les rêves, translucide comme un rêve, personne pour rêver un truc pareil, personne, ça fait peur, on dirait un cauchemar en fait, mais impossible avec toute cette lumière, il plisse les yeux, les autres aussi, et puis le son… ça gronde, on dit que ça gronde, mais ce n’est pas ça, c’est plus fort, plus loin, ça serait presque vivant, une voix, on dit une voix, mais toujours impossible, parce que… »

DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
Champ de blé aux corbeaux
« Il était schizophrène, et bipolaire, syphilitique, et atteint de saturnisme.
Il s’est tiré une balle dans la poitrine en visant le cœur, et les frères Secrétan lui ont tiré une balle dans la poitrine par accident en jouant aux cow-boys, et les frères Secrétan lui ont tiré une balle dans la poitrine en visant le cœur parce qu’ils voulaient le voir mourir.
Il a raté son cœur mais il voulait mourir, et il ne savait pas ce qu’il faisait, il était saoul, et il était malade, et il était fou, et il voulait mourir parce qu’il savait qu’il était malade et parce qu’il avait conscience de sa folie, et il n’était pas conscient de ses actions parce qu’il était fou et malade, et il ne voulait pas mourir c’était un appel au secours, et il ne voulait pas mourir même s’il se savait fou et malade, et il ne voulait pas mourir parce qu’il ignorait qu’il était fou et malade.
Gaston et René Secrétan jouaient quand le coup est parti tout seul, ils ne pensaient même pas pointer l’arme sur lui, et ils savaient qu’ils visaient son cœur, et ils voulaient tirer mais pour de faux, ils ne pensaient pas lui faire mal, et ils voulaient tirer, ils savaient que l’arme était chargée, et ils espéraient juste le blesser, et ils voulaient le voir mort. Il était leur… »

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COVOLO Thierry (extraits) https://revuedissonances.com/covolo-thierry-extraits/ https://revuedissonances.com/covolo-thierry-extraits/#comments Fri, 01 May 2020 11:00:32 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2981 DISSONANCES #38 | FEUX Retour de flamme « Nous étions garés devant le 942 de la Vieille Route. Je m’étais juré, quoi, cent fois, mille fois, un million peut-être, de ne jamais y remettre les pieds. J’avais tenu bon pendant vingt ans. Mais voilà, j’étais là, à nouveau. C’était l’automne. L’hiver allait bientôt s’installer en vainqueur et déjà le ciel…Lire la suite COVOLO Thierry (extraits)

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DISSONANCES #38 | FEUX
Retour de flamme
« Nous étions garés devant le 942 de la Vieille Route.
Je m’étais juré, quoi, cent fois, mille fois, un million peut-être, de ne jamais y remettre les pieds. J’avais tenu bon pendant vingt ans. Mais voilà, j’étais là, à nouveau.
C’était l’automne. L’hiver allait bientôt s’installer en vainqueur et déjà le ciel portait le deuil de l’été. Au loin, les arbres s’accrochaient encore à leur feuillage, traçaient une ligne sombre qui fermait l’horizon. D’ici, il était impossible de deviner que juste derrière se planquait la bourgade où j’avais grandi.
Abraham avait tout fait pour que je renonce à mon projet. Il voulait me protéger, je le savais, mais j’avais la meilleure raison du monde d’aller au bout. Tourner la page une fois pour toutes. Écrire le mot fin en bas du dernier chapitre. Et foutre le feu au bouquin. C’est ce que j’avais dit à Abraham, exactement. Je n’étais pas folle, je savais l’épreuve que ce serait, mais c’était nécessaire. J’étais
prête, enfin. Je le sentais, ça vibrait en moi. J’avais négocié ferme. « Si tu ne viens pas avec moi, j’irai seule. » Quatre jours après, nous prenions la route. Ça n’… »

DISSONANCES #37 | DI(S)GRESSION
Portrait de Mikhaïl Nekhemievitch en artiste
« Ce 7 mai 1960 à Moscou, Mikhaïl Tal devient le 8ème champion du monde d’échecs.
Il a 23 ans et personne avant lui ne s’est assis aussi jeune sur le trône mondial. C’est l’aboutissement logique d’un parcours sans faute et la confirmation d’une légende : Tal est un magicien, aucun humain ne peut lui résister.
Initié au jeu à l’âge de 7 ans par son père, il a été sacré champion de Lettonie à 16 ans.
À 20 ans, il réalise l’exploit de remporter le championnat d’URSS à une époque où les joueurs soviétiques font de la discipline l’un des piliers de l’empire communiste (Lenine disait avoir épousé Nadejda Kroupskaïa parce qu’elle seule était capable de comprendre Marx et de jouer aux échecs).
Tal récidive l’année suivante, puis remporte haut la main le tournoi des candidats au titre mondial, infligeant notamment un cinglant 4-0 au très jeune Bobby Fischer.
L’homme à qui Tal vient de ravir la couronne mondiale est Mikhaïl Botvinnik.
Botvinnik règne depuis 1948. Il est un parfait représentant du modèle soviétique. Fils de dentistes juifs convertis au communisme, Botvinnik est ingénieur électricien. Homme de… »

DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
Le voisin de Jo Campo
« Je suis le voisin de Jo Campo.
Le voisin de Jo Campo.
C’est devenu notre lot à tous, dans le coin.
Le voisin de Jo Campo. Le coiffeur de Jo Campo. La fille qu’est sortie au lycée avec Jo Campo. Le gars qu’a vu la voiture de Jo Campo garée près du lac, un jour où il était allé courir avec son chien.
Même plus besoin qu’on ait un nom. Tout le monde par ici est rebaptisé d’après le lien qu’il a avec Jo Campo. Aussi ténu soit-il. Y en a même pour s’en inventer un. Parfois pas vraiment glorieux. Faut croire qu’avoir la honte c’est toujours mieux que pas exister.
C’est parti d’un truc qu’un gars bourré a raconté un soir. Un truc qu’aurait dû faire marrer tout le monde tellement c’était énorme. On se serait payé un bon moment de rigolade, et le lendemain matin il serait rien resté d’autre que le souvenir de ce bon moment. Mais ça s’est pas passé comme ça. Tout ça parce qu’un petit malin a cru bon d’en rajouter une couche, histoire de se foutre de la gueule du gars bourré autant que de celle de Jo Campo, avec tout le… »

DISSONANCES #33 | FUIR
Une fille à marier
« Honk se réveille avec une sérieuse gueule de bois.
Il a joué aux dés une bonne partie de la nuit avec des types qu’il ne connaissait pas. L’un d’eux avait amené plusieurs bouteille d’un alcool plutôt correct, sûrement volées quelque part. Des filles sont passées. Ils se sont battus pour elles – sa mâchoire est douloureuse et sa pommette droite est entaillée – mais il a eu le dessus : l’odeur d’une des filles est encore sur lui.
Honk attrape le pichet à côté de sa paillasse. L’eau tiède ne parvient pas à éteindre sa soif. Un peu d’air frais aidera peut-être à desserrer le bandeau qui lui broie les tempes, enfonce ses yeux au fond de ses orbites. Il se lève et enfile son pantalon. Ses poches sont vides. Probablement les dés, ou alors la fille. Il hausse les épaules. Après tout, peu importe. Il a passé un bon moment. Quel meilleur usage faire de son argent ? Il sort sous l’auvent de sa cabane, tire la porte derrière lui et s’assoit sur le banc. Il cligne les yeux. La lumière est vive. Le soleil est déjà haut. Sur le marais, les barques sont dispersées çà et là. Il doit être autour de midi. Des pêcheurs déballent leurs casse-croûtes, regardent en coin vers lui et tournent précipitamment la tête quand il soutient leur regard.
Honk sursaute quand il entend la petite approcher.
Il sait qui elle est. Elle vit dans le coin. Son père… »

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THIREAU Philippe | Melancholia https://revuedissonances.com/thireau-philippe-melancholia/ Fri, 01 May 2020 11:00:31 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4230 Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Melancholia de Philippe THIREAU DISSONANCES #38 « te raconte cette histoire ma belle mort crachant des cailloux en place de mots ». Ainsi s’ouvre en jactant cette courte pièce qui narre en trois actes la fin de l’histoire (sans je) de deux belles âmes, le soldat et la fille violette. À la fin, le grand oiseau planeur…Lire la suite THIREAU Philippe | Melancholia

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Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Melancholia de Philippe THIREAU
DISSONANCES #38

« te raconte cette histoire ma belle mort crachant des cailloux en place de mots ». Ainsi s’ouvre en jactant cette courte pièce qui narre en trois actes la fin de l’histoire (sans je) de deux belles âmes, le soldat et la fille violette. À la fin, le grand oiseau planeur régurgitera la mort du soldat à coups de glotte. L’absence de je interroge sur notre propension à basculer dans un trou : il devient réserve mnésique alors même qu’il se perd à écrire. Ce vide est le berceau du soldat incapable dans son vrai
trou d’obus de rejoindre la fille violette. De n’être plus énoncé il s’enfante et s’enfonce en l’être aimé. Il se meurt d’éclore en son corps de papier – n’est-ce une lettre tombale de soldat ? De même que ce lézard tendre et flippant faufilé dans l’encolure vers la chair tuméfiée et souillée, je erre dans un no man’s land et son dernier souffle exhale l’histoire de sa mort in vivo. Aspiré par sa mort il s’en remet corps et âme à celle qui l’attend. Elle-même amputée de son je patiente en racontant l’enfance et son désir monstrueux, tout pareil vautrée dans un corps boueux – le sien, celui de l’autre ? Prise en sa chair qui naufrage, elle dégoise, lucide : « tu as aimé une pute morte misérable
trognon de chair ». Tous deux objets l’un de l’autre conjuguent leur débâcle en cours et leur mémoire, refont l’amour, mêlent leur sueur d’écriture. J’ai été remuée par cette étrange pâte à
clamer, portée aussi par son rythme fugué, enchâssé, heurté, où souvenirs, éléments et humeurs, la noire surtout, se mêlent. Une ponctuation fruste la scande – évidence du carmen rude de qui lutte contre l’ensevelissement. L’originalité de ce texte tient en son pouvoir de rendre lyrique et homogène un chaos de personnages à la dérive – qui dis-loquent.

éd. Tinbad, 2020
52 pages
11,50 €

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QUÉRITÉ Stéphanie (extraits) https://revuedissonances.com/querite-stephanie-extraits/ Fri, 01 May 2020 11:00:31 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4155 DISSONANCES #38 | FEUX Inflammation « Allongez-vous. Déposez-vous. Relâchez tout. Étalez-vous. Vous les sentez vos bosses ? Vous les sentez vos os ? Vous la sentez votre graisse ? Détendez-vous. C’est comment là ? Tu résistes. C’est dans ta tête, descends dans ton… »

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DISSONANCES #38 | FEUX
Inflammation
« Allongez-vous.
Déposez-vous.
Relâchez tout.
Étalez-vous.

Vous les sentez vos bosses ?
Vous les sentez vos os ?
Vous la sentez votre graisse ?

Détendez-vous.
C’est comment là ?

Tu résistes.
C’est dans ta tête, descends dans ton… »

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ZARCA Johann | Braquo sauce samouraï https://revuedissonances.com/zarca-johann-braquo-sauce-samourai/ Fri, 01 May 2020 11:00:30 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4227 Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour Braquo sauce samouraï de Johann ZARCA DISSONANCES #38 « Je me faufile vers la sortie, une meuf ultra-michto s’accroche à mon bras : – S’te plaît Mec, je t’en supplie, laisse-moi t’accompagner ! Je la dévisage et dans la lumière des spots, reconnais Stormy Daniels, l’actrice de films de boules. » On aimerait croire que le roman débute à…Lire la suite ZARCA Johann | Braquo sauce samouraï

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Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour Braquo sauce samouraï de Johann ZARCA
DISSONANCES #38

« Je me faufile vers la sortie, une meuf ultra-michto s’accroche à mon bras :
– S’te plaît Mec, je t’en supplie, laisse-moi t’accompagner !
Je la dévisage et dans la lumière des spots, reconnais Stormy Daniels, l’actrice de films de boules. »
On aimerait croire que le roman débute à Miami Beach dans l’atmosphère survoltée d’une boîte de nuit néons, où les heures moites se comptent en bouteilles de champagne glacé et en biatchs siliconées, mais Braquo sauce samouraï nous plonge dans l’ordinaire de trois baltringues, Mec, Mayo Kid et Lakhdar, bien décidés à monter le bail le plus foireux de tous les temps : taper le magot des frère Perez, les rois du grand banditisme et de la night parisienne.
Foireux ? Pas parce que l’équipe ne dispose ni de plan, ni de voiture, ni d’armes, mais parce que la soeur de Mec va réussir à s’incruster dans l’aventure et que l’auteur-narrateur nous prévenait déjà dans sa dédicace : « À l’humanité tout entière, sauf à ma soeur. Elle, c’est une grosse bouffonne. »
On retrouve ici le personnage créé par Zarca, loser multirécidiviste qui ne doute jamais de rien, surtout pas quand il se retrouve à fuir par les égouts, quand tout Paname se fout de sa gueule et que sa seule chance de s’en sortir, c’est de défoncer une partie de poker manouche. « Je me retiens d’exploser de joie, histoire de bluffer jusqu’au bout. Chanmé, je suis trop guèze ! Mon jeu est bof,
mais eux, ils ont que dalle. Je vais les enculer à sec. »
La langue de Johann Zarca, farcie de raclis (filles), de dreupe (poudre), de bzèzes (seins) ou de lovés (thunes), fabrique la matière d’un univers attachant, puant comme un couloir de métro à 2 h du mat et lumineux comme un lever de soleil sur Montmartre.

éd. Fleuve, 2019
166 pages
15,90 €

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ROSSI Clément (extraits) https://revuedissonances.com/rossi-clement-extraits/ Fri, 01 May 2020 11:00:30 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4151 DISSONANCES #38 | FEUX Feu de Lou « Lou traverse le décor de long en large, et je vois tous les objets oubliés qui brillent faiblement sur son passage comme s’ils retrouvaient leurs trois dimensions. J’entends par « décor » la toile tendue dans mon ventre où passent éternellement les films qui ont déjà été projetés une fois et qui se mélangent sur la…Lire la suite ROSSI Clément (extraits)

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DISSONANCES #38 | FEUX
Feu de Lou
« Lou traverse le décor de long en large, et je vois tous les objets oubliés qui brillent faiblement sur son passage comme s’ils retrouvaient leurs trois dimensions. J’entends par « décor » la toile tendue dans mon ventre où passent éternellement les films qui ont déjà été projetés une fois et qui se mélangent sur la bobine jusqu’à ne faire qu’un seul film joué plus ou moins en boucle. C’est ce film que Lou traverse en surgissant par l’une ou l’autre extrémité ou même en plein milieu, sans se présenter ni regarder autour d’elle. Elle n’a pas l’air de flâner mais ne semble pas non plus chercher quelque chose, on dirait qu’elle marche par principe ou par ennui. Dans ses pas s’allument des feux clairs et silencieux.
Parfois elle s’arrête et alors le film aussi. Il signifie par là qu’il a reconnu son maître. Elle pleure ou elle rit de son grand rire dégingandé et le sol devient le mur, le mur le plafond et le plafond le mur. Il suffit qu’elle fasse un autre geste et la pièce bascule en avant suivant le même axe de rotation. Tout se retrouve la tête en bas sauf elle qui fait comme si de rien n’était, même quand les cheveux des autres femmes du film balayent les siens comme des… »

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RIBOULET Mathieu | Les portes de Thèbes https://revuedissonances.com/riboulet-mathieu-portes-de-thebes/ Fri, 01 May 2020 11:00:29 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4242 Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Les portes de Thèbes de Mathieu RIBOULET DISSONANCES #38 « Le seize septembre deux mille un, mon père, franchissant les grilles de l’hôpital où un diagnostic de cancer, pronostic deux ans, venait de lui être posé, me dit : « Aujourd’hui ton grand-père aurait eu cent ans et ta grand-mère est morte depuis cinquante ans […] » : ainsi cueilli d’emblée, c’est…Lire la suite RIBOULET Mathieu | Les portes de Thèbes

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Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Les portes de Thèbes de Mathieu RIBOULET
DISSONANCES #38

« Le seize septembre deux mille un, mon père, franchissant les grilles de l’hôpital où un diagnostic de cancer, pronostic deux ans, venait de lui être posé, me dit : « Aujourd’hui ton grand-père aurait eu cent ans et ta grand-mère est morte depuis cinquante ans […] » : ainsi cueilli d’emblée, c’est en pleine connaissance du rôle qu’y tiendront le Temps et le Néant qu’on entre dans ce livre comme au Royaume des Morts (dont il est une entrée) qu’a rejoint Riboulet en 2018. Chant d’outre-tombe donc (écrit l’année d’avant) mais aussi cri de rage, d’horreur, de compassion, ces « Éclats de l’année deux mille quinze » s’inscrivent dans la ligne autobio-politique à haute tension lyrique qui était devenue depuis quelques années une des marques de fabrique d’un auteur flamboyant qui savait là, les écrivant (l’urgence y est donc palpable encore plus qu’avant), qu’il n’écrirait rien d’autre que ces derniers fragments où se croisent et s’imbriquent (se mettent en perspective) un homme qui se meurt, ce monde en convulsions, le crime colonial, la folie religieuse, le sexe (magnifique), les mythes (le Tragique), et l’énergie solaire de la Révolution. Tout cela s’incarnant (prenant corps que l’on touche, qui s’ouvre et où l’on plonge) dans cette langue unique plus que jamais scandée, d’ample palpitation, grave et incandescente, là plus brute sans doute (de n’avoir pas pu être jusqu’au bout affûtée ?) mais « il faut bien, aussi, que des mots soient mis sur les choses, surtout celles que l’on tait ou qui trop fort nous blessent » et même si le Temps ici aura manqué, c’est une fois encore de très haute volée, urgent, poignant : très fort.

éd. Verdier, 2020
50 pages
12,50 €

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ESNAULT Christophe | Ville ou jouir https://revuedissonances.com/esnault-christophe-ville-jouir/ Fri, 01 May 2020 11:00:27 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4247 Coup-de-cœur de Romain PARIS pour Ville ou jouir de Christophe ESNAULT DISSONANCES #38 Ouvrir ce livre, ô Paria, te sera toujours plus lucratif qu’un grossier suicide : « Je ne fais pas de l’humour, je fais preuve de lucidité. » Tu y surferas sur les Vagues Rutilantes de cinq écrits de formes diverses qui se chevauchent dans une Déflagration Trashy. Ville ou jouir : récit urbain…Lire la suite ESNAULT Christophe | Ville ou jouir

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Coup-de-cœur de Romain PARIS pour Ville ou jouir de Christophe ESNAULT
DISSONANCES #38

Ouvrir ce livre, ô Paria, te sera toujours plus lucratif qu’un grossier suicide : « Je ne fais pas de l’humour, je fais preuve de lucidité. » Tu y surferas sur les Vagues Rutilantes de cinq écrits de formes diverses qui se chevauchent dans une Déflagration Trashy. Ville ou jouir : récit urbain où la Crudité de la chair, à la façon d’un Ecstasy délirant, nous offre des Grappes de Jouissance au coeur d’un ordinaire par définition si trivial mais qu’une expérience abrupte transfigure, confinant à une Hideur
Sanctificatrice de toute Beauté. Tu y seras confronté à une totale licence érotique, amoureuse, qui fait la nique au Néant Quotidien, et le fait fructifier au fil de frasques borderline. Ainsi qu’au Sacrifice du Créateur qui t’habite au profit d’une Création toujours trop fugace car si Ardente. Car ce que tu vis à fond te conduira pour sûr à une nudité libératrice. Grâce à l’Abject : l’Absolu. Tu y saisiras, ô Desperado, le Sordide tel un Saphir où se diffracte notre Profonde Lumière qui déferle subito au Ciel Excédant de l’Enfer Vital. Écouteras les bris d’une ébriété et d’une fureur voluptuaires à la Georges Bataille. Les gens sont surnuméraires en général : Lazzis Éthico-Hardcore. Je ne vous aime pas : litanie aux éclairs de clairvoyance sardonique où la misanthropie s’affirme à la façon d’une Exigence Justicière Élémentaire. Les Mots d’Antonin : ode à l’Amour que le Bain d’Arrêt de la Mort oeuvre à mordorer. La tombe éditoriale : bouffée d’hilarité virulente ou déclaration d’amour terroriste qui rafraîchit les bas-fonds de la petite édition.
PS : Si la mort t’est habituelle, ô Nabab, un Souffle Révoltant en échauffera ici le Viatique : « Aime-moi immensément et pour mille ans ou va crever ! »

éd. Louise Bottu, 2020
160 pages
14 €

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LIN ARGHIRESCU Anne Sophie (extraits) https://revuedissonances.com/lin-arghirescu-anne-sophie/ Fri, 01 May 2020 11:00:25 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4208 DISSONANCES #38 | DI(S)GRESSION Duel et entre-deux : Alexander McQueen « Qu’est-ce qui fait que le nom d’Alexander McQueen sonne aujourd’hui comme celui d’une légende ? Et puis, qui est donc le fameux McQueen ? Certains vous diront… Un homme gros, fat et niais, et chauve de surcroît. Et d’autres… Un artiste chevronné, adroit des mains et souple d’esprit, mais aussi un…Lire la suite LIN ARGHIRESCU Anne Sophie (extraits)

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DISSONANCES #38 | DI(S)GRESSION
Duel et entre-deux : Alexander McQueen
« Qu’est-ce qui fait que le nom d’Alexander McQueen sonne aujourd’hui comme celui d’une légende ?

Et puis, qui est donc le fameux McQueen ?

Certains vous diront…
Un homme gros, fat et niais, et chauve de surcroît.

Et d’autres…
Un artiste chevronné, adroit des mains et souple d’esprit, mais aussi un artiste passionné, fougueux, zélé et novateur.

On ne peut cependant dissocier l’homme et l’artiste car l’un parle au travers de l’autre. Comme il le dit lui-même, son œuvre est profondément autobiographique.

McQueen est tout d’abord un romantique désemparé, à la… »

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ZERATHE Louis (extraits) https://revuedissonances.com/zerathe-louis-extraits/ Fri, 01 May 2020 11:00:20 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4145 DISSONANCES #38 | FEUX Rétroéclairage de ma langue & faim du monde « Tournée sur elle-même Sept fois Good for us ! Cette fois c’est la bonne La langue de boeuf Qui se regarde le nombril Et babillant comme un bébé qui libère et délivre Autant que ça se complexifie. Avons-nous assez de vocabulaire pour parler fin du…Lire la suite ZERATHE Louis (extraits)

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DISSONANCES #38 | FEUX
Rétroéclairage de ma langue & faim du monde
« Tournée sur elle-même
Sept fois
Good for us !
Cette fois c’est la bonne
La langue de boeuf
Qui se regarde le nombril
Et babillant comme un bébé qui libère et délivre
Autant que ça se complexifie.
Avons-nous assez de vocabulaire pour parler fin du monde ?
Saurons-nous dire la faim avec la langue ?
Mangerons-nous nos mots le ventre vide comme un chewing-gum qui pousse à l’autodigestion ?
Feu le langage
Qui fait des… »

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DISSO #38 : Alexis GLOAGUEN https://revuedissonances.com/disso-38-alexis-gloaguen/ Fri, 01 May 2020 11:00:15 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4212 Extrait de l’entretien avec Alexis GLOAGUEN publié dans DISSONANCES #38     Alexis GLOAGUEN (petit) Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ? Tout cela à la fois. Écrire est un acte qui connaît des variations. Le refus du monde que cela implique est toujours l’affirmation d’un autre monde. Quelle est la part…Lire la suite DISSO #38 : Alexis GLOAGUEN

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Extrait de l’entretien avec Alexis GLOAGUEN publié dans DISSONANCES #38

    Alexis GLOAGUEN (petit)

Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors »,
« malgré » ou « à propos de » ?
Tout cela à la fois. Écrire est un acte qui connaît des variations. Le refus du monde que cela implique est toujours l’affirmation d’un autre monde.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
J’ai du mal à démarrer et ai toujours besoin de dates-limites, imposées par l’extérieur. Une fois lancé, je m’astreins à ne pas m’arrêter, quitte à n’écrire que quelques lignes par jour.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Je me documente, j’écoute de la musique, je regarde des films. Tout cela forme en fin de compte, et de manière très détendue, le terreau de l’écriture.

Qui est votre premier lecteur ?
L’auteur se dédouble forcément lors du travail sur le texte. Il est à la fois scripteur et premier lecteur, évaluant sur lui l’impact de telle ou telle formule. Je montre rarement des textes en cours et ai tendance à les livrer aussi achevés que possible.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Quelqu’un qui prend ou refuse en bloc un manuscrit, sans pinailler sur les détails. Quelqu’un qui fait confiance à son auteur et le porte devant le public tout en gardant un côté « fan ». Une dimension d’amitié ne peut pas nuire non plus.

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
De ne jamais être découragé par les refus. On en connaîtra toujours. De retravailler ses manuscrits entre chaque refus de manière à en faire des machines de guerre qui s’imposent d’elles-mêmes.

Quelle fut votre première grande émotion de lecteur ?
Écouter la lecture à haute voix de La Légende de Saint Julien l’Hospitalier de Flaubert par mon professeur de français alors que j’étais en 6°. Un voyage de deux heures et un film à grand spectacle ! Une révélation totale. Et, comme lecteur proprement dit, la découverte à 16 ans de…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #38

BIO

Alexis Gloaguen est né en 1950 à Plovan, dans le Finistère. Il passe une grande partie de son enfance dans les îles Loyauté (Nouvelle-Calédonie). De retour en France, à Brest, en 1959, il y
mène des études qui le conduiront à enseigner la philosophie de 1978 à 1992. Passionné d’animaux sauvages, il écrit, dans les années 1980, en Écosse, à Dartmoor, en Bretagne. Il part pour Saint-Pierre-et-Miquelon au début des années 1990 et voyage à Terre-Neuve, au Labrador, ainsi que dans les grandes villes d’Amérique du Nord (cela donnera Les veuves de verre et Digues de ciel). De retour en 2010, il écrit La chambre de veille à Ouessant. Deux volumes de ses Écrits de nature, illustrés par Jean-Pierre Delapré, paraîtront ensuite aux éditions Maurice Nadeau. Plus récemment, La vallée des iris est le récit d’un voyage dans le Haut Atlas marocain avec son ami, le dessinateur Nono. En janvier 2020 les éditions Diabase publient Rues de mercure, le dernier volume de sa
trilogie sur les villes d’Amérique du Nord. Au mois de mai 2020 sort le troisième volume des Écrits de nature, consacré aux voyages de l’auteur en Atlantique Nord. Alexis Gloaguen vit aujourd’hui en Centre-Bretagne.

BIBLIO SÉLECTIVE (2020)

Les veuves de verre (éd. Maurice Nadeau, 2010)
La chambre de veille (éd. Maurice Nadeau, 2012)
Digues de ciel (éd. Maurice Nadeau, 2014)
Écrits de nature – tome 1 (éd. Maurice Nadeau, 2017)
Écrits de nature – tome 2 (éd. Maurice Nadeau, 2018)
La vallée des iris (éd. Dialogues, 2018)
Rues de mercure (éd. Diabase, 2020)

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SCHLECHTER Lambert | Je n’irai plus jamais à Feodossia https://revuedissonances.com/schlechter-lambert-nirai-plus-jamais-a-feodossia/ Fri, 01 May 2020 11:00:14 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4219 Regards croisés sur Je n’irai plus jamais à Feodossia de Lambert SCHLECHTER DISSONANCES #38 Ingrid S. KIM : Je retournerai à Feodossia Rare que je n’aie pas un avis tranché et quasi-immédiat sur un texte poétique. Subjectivité capricieuse assumée. Je fonctionne en poésie comme en amour : il faut que ça m’embarque, tout de suite, fort, et que ça tienne. Mais…Lire la suite SCHLECHTER Lambert | Je n’irai plus jamais à Feodossia

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Regards croisés sur Je n’irai plus jamais à Feodossia de Lambert SCHLECHTER
DISSONANCES #38

Ingrid S. KIM :
Je retournerai à Feodossia
Rare que je n’aie pas un avis tranché et quasi-immédiat sur un texte poétique. Subjectivité capricieuse assumée. Je fonctionne en poésie comme en amour : il faut que ça m’embarque, tout de suite, fort, et que ça tienne. Mais là : indécise.
C’est beau. De ça, je suis certaine. C’est beau. Houleux, entre la berceuse-vertige et la cascade,
mais paresseuse, en filet. Ça coule, ça tangue. La langue, le rythme, mais aussi l’idée, qui s’étire, s’ébroue, se replie sur elle-même, idée et langue en miroir qui s’interrogent l’une l’autre, forme et fond mêlés, « mobilisant immobilisant le mot cristallisation pour qu’une cristallisation se fasse ».
C’est beau, oui. Intelligent. Alors pourquoi cet agacement ? Peut-être, comme lui, « je me dis que je n’aurais pas dû commencer, le moment n’est peut-être pas assez propice, mon humeur n’est peut-être pas assez équilibrée ». Peut-être l’actualité me rend épidermique la lecture d’un journal, tout brillant qu’il soit, d’une espèce de journal du vide et de l’oisiveté, belle l’oisiveté, mais quand même, vide, qui se regarde le nombril, joliment, intelligemment, mais quand même, lire là, quand le choix du repli sur soi n’est pas sien, les relents de Narcisse quand le printemps foutu, quand l’angoisse au ventre – tiens Maman ne répond pas au téléphone tiens H. tousse tiens – lire « litote à propos de la camionnette », lire «  les tiges de persil, me dit-on, il faut être prudent, il peut arriver qu’elles aient un goût trop violent » quand mon persil au jardin là-haut où je ne vais plus, non, vraiment, là, non.
Je ne saurai retenir contre le poète mon humeur exécrable, ni ce timing déplorable pour le découvrir. Plus tard, je retournerai à Feodossia.

Jean-Marc FLAPP :
Allez Lambert !
Lire Le murmure du monde (collection de fragments née en 2006 – neuf tomes actuellement) c’est être soulevé (embarqué, promené…) par le pouvoir d’une langue parfaitement maîtrisée, jouant de tous les registres avec délectation, dont la limpidité l’égale en fluidité ; c’est voyager en bulle au
gré des fantaisies (et elles sont nombreuses !) de la pensée de Schlechter, la vivre du dedans en suivant ses méandres, toucher donc à l’instant (qui est la réalité) et à l’immensité des sensations offertes par le fait d’exister : c’est une expérience rare, et un sacré moment. Ce tome 9 ne déroge pas : on y est toujours autant et toujours trimballé (sur le tapis volant de ces « méditations, narrations partiellement documentaires, partiellement fictionnelles ») d’Amiel ou Hammershøi
à une petite cuillère lâchée dans un évier ou une coccinelle qui passe devant la page sur laquelle ça s’écrit, toujours très souplement, librement, drôlement… mais les dernières années ont été sans pitié : il y a eu l’incendie (les livres tout cramés), l’atroce séparation d’avec la femme aimée (et le deuil impossible : la plaie inguérissable de la mélancolie) et il y a maintenant le corps qui se fissure (la vieillesse qui point) et l’angoisse de mort que chaque jour qui passe justifie davantage (« vivre encore une nuit, cazzo, encore une nuit »), toutes ces dévastations et leur ressassement (comment faire autrement ?) conférant à l’ensemble (le livre comme la série) une tonalité et une dimension
(récentes chez Schlechter) d’urgence crépusculaire (« pendant que je trébuche & bascule, Orion trottine sur son éternelle orbite ») qui est encore plus de vie, de force et de beauté. Donc très impatiemment on attend le suivant.

Côme FREDAIGUE :
« Tant qu’il y aura de l’encre »
Avec Je n’irai plus jamais à Feodossia, Lambert Schletchter poursuit ses proseries et son dialogue avec le monde. Ce recueil de textes d’une page – d’une seule coulée pourrait-on dire puisque l’auteur ne rature jamais – tient autant du journal intime ou des essais (au sens que Montaigne donne à ce mot) que de la poésie. À l’intérieur des contraintes qu’il s’impose s’épanouit une écriture d’une rare liberté qui « thématise », comme une improvisation de jazz laisse se propager, s’entrecroiser les thèmes musicaux.
D’où cette impression de divagation, la raison raisonnante se trouvant souvent mise en échec par le jeu des réminiscences soudaines, des ruptures de ton : « c’est des intrusions dans ma tête, me vient
le monde, me viennent les mots, et tout cela se tresse & s’entremêle ». Le mouvement de la pensée et de l’écriture s’épousent, sautant d’une question existentielle à une remarque prosaïque, du bouton de chemise au néant. On s’y perd parfois, on peut trouver cela inégal, c’est le lot d’une
création où « le repentir n’est pas prévu dans le contrat », où ce qui prime est la vérité de l’instant vécu devant la page, avec son lourd poids de souvenirs, de lectures, et ce face à face avec le temps que Schlechter sait désormais compté : «  j’ai juste, pour écrire, l’obsession de la chute du temps le long des pages, de page en page. »
Lucide et profondément touchant, l’auteur nous livre les fragments d’une vie intérieure parvenue au seuil de son existence, celle d’un homme pour qui s’ouvre l’âge des dernières fois, jetant sur le papier « une ultime note éparse, avant que les étoiles s’éteignent ».

Julie PROUST TANGUY :
Per aspera ad astra
Plonger dans les proseries de Lambert Schlechter, c’est accepter de ne pas réussir à poser une « main mentale » sur la trame de son livre pour se laisser emporter par une phrase-monologue qui biffe, rature, entremêle des couches de sens (autant les cinq sensations qui tressaillent tout au long
de la lecture que les idées qui s’épousent, se dissolvent, se démultiplient follement)… bref, une phrase qui jouit de s’engendrer sans cesse.
Alors on vagabonde de résonances intimes (les voyages, les amis, «  la sauvagerie incontrôlée du végétal ») en références aussi érudites qu’hétéroclites : Walser, Musil, Rilke, Pinget, Michaux, Bouvier, Dickinson… apparaissent au gré des pages, papillons tutélaires de la bibliothèque naturelle de Schlechter. On se perd dans un rêve éveillé, on chemine à travers la conscience d’un homme qui suce goulûment la moelle poétique de son existence et en tire les ingrédients obsessionnels d’une alchimie quotidienne.
Mémoires intellectuelles et sensuelles, les murmures du poète explorent autant la «  permanente sournoise panique d’avoir à dire ces mots-là » (la vieillesse, l’usure du corps, la solitude, la mort et l’incendie) que l’inextinguible joie de créer sans cesse du langage pour célébrer la vie.
Semblable à « l’abeille, fidèle & insatiable  », Schlechter bifurque entre images, sons, perceptions et méditations pour générer et propager un miel poétique qu’on abouche fiévreusement, heureux de transcender « l’embrouillure & l’embarras » de la vie ordinaire et de se saturer de ces 198 « paumeries » délicieuses qui entortillent le cerveau et le laissent comblé, repu par ces « lascives franges de l’éternité ».

éd. Tinbad, 2019
230 pages
22,5 euros

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SAVELLI Anne | Saint-Germain-en-Laye https://revuedissonances.com/savelli-anne-saint-germain-laye/ https://revuedissonances.com/savelli-anne-saint-germain-laye/#comments Fri, 01 May 2020 11:00:12 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4234 Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour Saint-Germain-en-Laye d’Anne SAVELLI DISSONANCES #38 C’est un livre en provenance des interstices du passé et des pavés de Saint-Germain-en-Laye, une divagation spatiale et temporelle dans la ville bourgeoise perchée sur son belvédère et l’extrémité du RER A. Loin, très loin de la banlieue Est, Saint-Germain exhibe dès la sortie de sa gare tout son…Lire la suite SAVELLI Anne | Saint-Germain-en-Laye

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Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour Saint-Germain-en-Laye d’Anne SAVELLI
DISSONANCES #38

C’est un livre en provenance des interstices du passé et des pavés de Saint-Germain-en-Laye, une divagation spatiale et temporelle dans la ville bourgeoise perchée sur son belvédère et l’extrémité du RER A. Loin, très loin de la banlieue Est, Saint-Germain exhibe dès la sortie de sa gare tout son
argent, ses ors et la grande histoire. « Le parquet est ciré et les rues toujours propres ». Comment se mouvoir dans ses rues à l’héritage royal lorsqu’on est une enfant, sans trop de père et sans trop d’argent ? Anne Savelli revient dans la ville plus de dix ans après l’avoir quittée. Les souvenirs se mêlent à la (re)découverte des lieux. Réminiscences poétiques, résurgences olfactives, dans un jeu d’attirance et de répulsion envers la ville close, l’auteur dresse en creux le portrait de la ville et de son enfance ni tout à fait dedans, ni tout à fait dehors. « Des cris articulés ou inarticulés dans un corps détourné, retourné, vrillé net. Elle fut empêchée, rattrapée. Ne resta que son cri ». Derrière
les apparences lustrées de la cité sourd la violence. Violence physique du voisin qui bat sa femme. Violence du manque d’argent dans une ville qui l’exhibe et exclut ceux qui n’en ont pas. « Marcher ici, c’est ne pas savoir qu’il existe des HLM poussées sans magasins, des tassements, des empilements […]. C’est ne pas vivre, non plus, une entraide possible ». Mais une institutrice amoureuse de poésie et une bibliothécaire imaginative : il y eut pourtant de belles rencontres, de celles décisives qui donnent une direction à la vie. De quoi déverrouiller une porte et envisager la possibilité de l’évasion.

éd. de l’Attente, 2019
132 pages
15 €

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https://revuedissonances.com/savelli-anne-saint-germain-laye/feed/ 1 4234
COSTAN Éric | Lorsque la seule réponse est demain https://revuedissonances.com/costan-eric-lorsque-seule-reponse-demain/ Fri, 01 May 2020 11:00:01 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4254 Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Lorsque la seule réponse est demain d’Éric COSTAN  DISSONANCES #38 « Souvent au quotidien / Tu ne me tiens plus la main / C’est un peu comme en hiver / Lorsque la seule réponse est demain ». Promeneur solitaire dans une nature apaisante et bouillonnante, Éric Costan, « les yeux derrière les lunettes du quotidien », cultive sa langue…Lire la suite COSTAN Éric | Lorsque la seule réponse est demain

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Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Lorsque la seule réponse est demain d’Éric COSTAN 
DISSONANCES #38

« Souvent au quotidien / Tu ne me tiens plus la mainC’est un peu comme en hiver / Lorsque la seule réponse est demain ». Promeneur solitaire dans une nature apaisante et bouillonnante, Éric Costan, « les yeux derrière les lunettes du quotidien », cultive sa langue de poète-jardinier. Enracinée dans la terre nourricière, la poésie de cet « homme-sève », « né d’un noisetier » et aspirant à « devenir saule », incarne tout à la fois la vie minérale, végétale, animale. Le poète en son domaine « Plonge la tête sous la surface du monde / Et de la vie restée là / Au bout de la langue » pour nous offrir les visages enfouis du vivant et les paysages, miroirs intimes d’un être « palpitant en exil ». Ici, les rêves sont des boucliers contre l’adversité : « Nous mourons là où nous baissons nos rêves » ; là, les mots des armes : « Je vais retourner / Poncer ma langue / Chaque nuit / Charger de grave et de vide mes armes ».
Paisible et tourmentée, mêlant l’instantané figé au souffle mouvant de l’épopée, la poésie d’Éric Costan, qui « aime créer seul ses tempêtes », rappelle parfois le Sturm und Drang des romantiques dans leur exaltation d’une nature complice, mais avec la simplicité virtuose d’une langue proche de celles d’un Brautigan ou d’un Prévert. Le verbe s’y écoule comme un ruisseau parcouru de rapides. Sur ses rives, en ligne de fuite et d’horizon, la femme aimée, rêvée, l’Eurydice, célébrée par la voix d’Orphée : « Guide-moi dans ce noir / Tends ton regard / Ta fureur / Je m’y accrocherai / Je ne me retournerai pas avant sa lumière ».
Comme au sortir de l’hiver, pour qui « attend sous la cendre », « la seule réponse est demain », l’amour.

éd. La Centaurée, 2020
78 pages
17 €

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DISSO-NEWSLETTER : ABONNEZ-VOUS ! https://revuedissonances.com/abonnement-newsletter/ Sun, 26 Apr 2020 11:00:30 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4282 ça y est (enfin !) DISSONANCES crée sa NEWSLETTER (en remplacement de l’abonnement) et donc : s’il vous dit de VOUS INSCRIRE (promis on n’abusera pas) C’EST LÀ 

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ça y est (enfin !)

DISSONANCES

crée sa

NEWSLETTER

(en remplacement de l’abonnement)

et donc : s’il vous dit de

VOUS INSCRIRE

(promis on n’abusera pas)

C’EST LÀ 

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DISSO #19 : Lucien SUEL https://revuedissonances.com/disso-19-lucien-suel/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:58 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3935 Extrait de l’entretien avec Lucien SUEL publié dans DISSONANCES #19     Lucien SUEL (petit) Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ? J’écris pour le plaisir à propos de la vie dans la joie et j’écris dans l’émerveillement à propos du mystère pour comprendre et j’écris dans le vide pour rien…Lire la suite DISSO #19 : Lucien SUEL

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Extrait de l’entretien avec Lucien SUEL publié dans DISSONANCES #19

    Lucien SUEL (petit)

Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ?
J’écris pour le plaisir à propos de la vie dans la joie et j’écris dans l’émerveillement à propos du mystère pour comprendre et j’écris dans le vide pour rien à propos de rien.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
90 % de contrainte, 9 % de liberté, 1 % d’« inspiration ».

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Je regarde le monde.

Qui est votre premier lecteur ?
Une fois le texte écrit, je le lis à voix haute. Je suis mon premier lecteur.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Un bon éditeur est celui qui fait la balance entre le cœur et la raison.

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
Malgré les refus successifs, il faut continuer à chercher.

Quelle fut votre première grande émotion de lecteur ?
Les Chants de Maldoror.

Que faut-il lire de vous ?
« Mort d’un jardinier », n° 5105 en Folio.

Votre ego d’écrivain vous gêne-t-il pour marcher ?
Je suis un être humain de passage parmi les milliards existant, les…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #19

BIO

Lucien Suel, poète ordinaire, est né en 1948 à Guarbecque, dans les Flandres artésiennes. Il a édité « The Starscrewer » (revue consacrée à la poésie de la Beat Generation) puis « La Moue de Veau » (magazine dada punk) tout en pratiquant l’art postal (mail art) à l’échelle planétaire. Il anime la Station Underground d’Emerveillement Littéraire et le blog Silo Académie 23 (http://academie23.blogspot.com/). Ses oeuvres imprimées et ses prestations scéniques couvrent un large registre, allant de coulées verbales beat à l’expérimentation de formes arithmogrammatiques (composition de poèmes par juxtaposition de lignes à nombre de caractères égal, croissant ou décroissant), du collage et du caviardage (poèmes express) à la performance, notamment au sein du groupe spontanéiste Potchük ou du duo (musique-poésie) Cheval23. Deux romans sont parus aux éditions La Table Ronde. Lucien Suel a également traduit le Livre des esquisses – 1952-1954 de Jack Kerouac.

BIBLIO SÉLECTIVE 2013

La patience de Mauricette (éd. La Table Ronde, 2009)
Mort d’un jardinier (éd. La Table Ronde, 2008)
Nous ne sommes pas morts (éd. Dernier Télégramme, 2008)
Patismit (éd. Dernier Télégramme, 2008)
Sombre Ducasse (éd. Le Mort-qui-trompe, 2007)
Transport visage découvert (éd. Dernier télégramme, 2006)
Un trou dans le monde (éd. Pierre Mainard, 2006)
Têtes de porcs, moues de veaux (éd. Pierre Mainard, 1999)

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DISSONANCES #19 IDIOT https://revuedissonances.com/dissonances-19-idiot/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:57 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3926 octobre 2010 / 32 pages / 3 euros mise en images : Lionel FONDEVILLE – ÉDITO : IDIOLÂTRIE Ce qu’il y a de remarquable chez l’idiot, c’est qu’on le remarque. L’individu n’a pourtant rien d’exceptionnel : ni génial, ni fou, il est étonnamment banal, et ce qui le distingue – cette singularité qui lui tient lieu d’identité – n’entretient qu’un mystère…Lire la suite DISSONANCES #19 IDIOT

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octobre 201032 pages / 3 euros
mise en images : Lionel FONDEVILLE

ÉDITO : IDIOLÂTRIE

Ce qu’il y a de remarquable chez l’idiot, c’est qu’on le remarque. L’individu n’a pourtant rien d’exceptionnel : ni génial, ni fou, il est étonnamment banal, et ce qui le distingue – cette singularité qui lui tient lieu d’identité – n’entretient qu’un mystère ordinaire. On ne l’exclue donc pas, il reste de la famille ou du village, semblable invraisemblable somme toute rassurant qu’on regarde comme la paille dans l’œil du voisin avec ce qu’il faut de compassion – c’est bien le moins qu’on lui doive. Comme les pénates antiques, on lui fait une petite place, s’il reçoit son obole, c’est qu’il protège la maisonnée, conjure le mauvais sort ; on lui rend grâce de nous dédouaner d’un regard introspectif par trop mortifiant. L’idiot c’est toujours l’autre et c’est très bien comme ça !
Encore faut-il qu’il accepte d’être dupe car il n’est pas nécessairement stupide et sa logique paradoxale pourrait nous prendre en défaut.
– Si tu savais ce que tu es idiot !
– Si je le savais, je ne le serais pas. Si tu me le dis, je le sais et ne le suis donc plus, tu me suis ? Non ? Vraiment ? Ce que tu peux être idiot…
Mais brisons là et que raisonne cette voix dissonante que rien ne saurait arraisonner : ce 19ème opus encense l’insensé et sacrifie au culte de l’Idiot.

Côme FREDAIGUE

DOSSIER « CRÉATION » : IDIOT

Barbara ALBECK : L’idiot du stade
« Ne pas se laisser défaire : garder le moral, c’est le défi. Il me refuse, qu’à cela ne tienne, il n’y a pas de quoi s’en formaliser. Être fair-play, prêt-feu-partez, chacun son rythme, ne surtout pas le brusquer. Tant pis si je file et si lui n’avance pas, il faut s’… »

Ernesto CASTILLO : Après les inventions
« ainsi nous avons propulsé nos secrets sur la lune
dans l’orbite des satellites après les inventions
pour en dire ce que chacun comprenait un… »

Étienne DIEMERT : Laisser la langue filer
« l’écriture ne recueille pas les significations qu’elle véhicule
celles-ci ne se rassemblent ni ne s’ordonnent dans l’espace de la mémoire
pas d’empreinte mais… »

Tristan FELIX : L’idiot
« Lui seul est capable de rien qu’occuper le trou de sa conscience,
s’imprégner en toute innocence de sa larve blanche.
Lui, déduit de toute idée, sa désertion native l’… »

Jean-Marc FLAPP : Salsifi Day
« J’étais avec une fille et je crois que c’était bien mais je ne sais plus qui ni pourquoi ni comment : les pubs à la radio m’ont réveillé trop tôt. Maintenant c’est trop tard : la fille a disparu pareil que mon sommeil et je me retrouve debout, hagard et en… »

Lionel FONDEVILLE : Top rengaines
« 01. Il fait ses nuits ?    =
02. C’est que du bonheur. − 1 ↓
03. Qu’il est… »

Isabelle GUILLOTEAU : Suites (il)logiques
« Tu as un mois. C’est notre premier tête à tête. Je suis un peu intimidé, inquiet à l’idée de tout ce qui pourrait arriver. Je suis ton père mais je ne sais pas vraiment comment faire… Ta mère a tout prévu : ventre plein, couches changées, tu n’aspires à… »

Virginie HOLAIND : Le caillou de Brazzaville
« Je sais qu’il sera tué par le mot. On est souvent tué par le mot. Sans s’en rendre compte. Le mot l’a assimilé, il a assimilé le mot. Comme un baume amer, comme une idée effervescente et lui dissout dedans. Je l’ai quitté à cause d’un caillou. Je n’… »

Sébastien KARKOSZKA : « Que dire de toi ? »
« Que dire de toi ? Tu n’es pas celui qui regarde le monde. Tu as anticipé une façon de vivre. Le goût des baies t’est étranger. Tu considères les éclats comme des notions. Un ruissellement s’opère. Il n’est pas ici question de le contrer. Est-ce la force de l’… »

Alban LÉCUYER : Reduced Britney Spears
« Quand elle se lève, Britney commence par balayer les photographes morts au bord de la piscine. Puis elle met en route le système de filtration pour évacuer ceux qui flottent à la surface de l’eau. Parfois, au petit-déjeuner, il y en a un qui tombe dans son… »

Patrice MALTAVERNE : Triple idiot
« Il marche comme un automate avec ses nouvelles piles
Dans cette ville dont les désirs l’éclaboussent
Immergés sous les plaques tournantes des… »

Méryl MARCHETTI : Neuneux et plaisants
« Les seins ont une croissance continue tout au long de leur vie, même si cette croissance ralentit avec l’âge. Lorsque cette peau devient trop exigüe elle se déchire et détache du sein, remplacée en dessous par une autre nouvellement formée. La première… »

Michelle MARTINELLI  : Chups
« Il y a ces putains de flashs qui surprennent tout au long de la journée. La nuit c’est pire encore ; la nuit, c’est toujours pire. Le pouvoir du cerveau c’est sentir des brûlures même quand rien ne touche la peau. Le pouvoir du cerveau c’est ressasser infiniment les… »

Diane MEUNIER : Hors du dedans
« Il a ENCORE plié sa serviette de bain avant qu’elle soit sèche !
Je lui avais DÉJÀ dit la dernière fois : « tu as encore plié ta serviette AVANT
qu’elle soit sèche » ! Je le lui ai dit cent… »

Dominique PASCAUD : Les travers
« Il aurait juste fallu qu’elle me passe un petit coup de fil vers, je sais pas moi, 21h, ça m’aurait évité de foutre en l’air le dîner et de m’endormir devant le câble. Je dis ça, c’est sûr, techniquement c’est pas possible, j’ai plus de portable depuis deux mois. Elle… »

Anne PESLIER : Bec de seau
« Je compte les vivants dans un seau au signe de la mariée à l’aile tissée
cuire ta femme ronger herbe foin rage
ozeau-bas de pâquerettes la… »

Thomas ROUSSOT  : Esquirol, département Matisse
« Esquirol, département Matisse, HP,  les blouses blanches m’attendent. Début février 2009. J’ai brisé une vitre et quelques boîtes aux lettres de voisins innocents. La rage et l’angoisse assuraient une montée de pénombre dans mon néocortex préfrontal, la… »

Nicolas SCHOENER  : La bêtise des astres
« Le singe occidental
Danse à pieds joints sur les parquets
Sa vie est une orgie de… »

Guillaume SIAUDEAU  : Chanter pour les merles
« Il faut être idiot pour vivre
normalement
convenablement… »

Marlène TISSOT : Le gars assis à côté de moi dans l’Eurostar
« London St Pancras. Il est fenêtre. Je suis couloir. L’accoudoir baissé entre nous comme une petite frontière. Les regards qui se croisent en terrain neutre. Sourire poli. On échange quelques mots. En anglais. Puis je réalise en le voyant lire l’Équipe, qu’il est… »

Emmanuel VASLIN : Idiot moi-même
« c’est idiot mais je n’arrive presque plus à m’adresser à quelqu’un sans postillonner comme un idiot comme pince-mi qui se rend compte trop tard qu’il n’a jamais appris à nager ou bien quand elle porte cette jupe ultra-mini et qu’elle se hisse sur la crête des… »

Catherine YSMAL  : Alexandre
« Je parle au vent la bouche ouverte, prends les mouches au passage, suce les ailes, recrache, rudoie les bestioles, dissèque les invertébrés. Je passe pour un original, l’hirsute du village, celui du haut de la colline, la maison derrière le talus en… »

IMAGES : Lionel FONDEVILLE

RUBRIQUES « CRITIQUE »

QUESTIONS À (21 questions à un.e auteur.e connu.e) :
Lucien SUEL

« Votre ego d’écrivain vous gêne-t-il pour marcher ?
Je suis un être humain de passage parmi les milliards existant, les milliards ayant existé, les milliards à venir… »

REGARDS CROISÉS (4 regards sur une oeuvre remarquable)  :
Berthe pour la nuit (Antoine MOUTON)
« Une femme vit seule dans un village de six mille habitants du sud de la France. Son fils est placé chez une nourrice. Elle ne le voit pas souvent. D’ailleurs elle n’essaie pas vraiment, ne le peut pas : « Tu voudrais que ton enfant t’aime et t’oublie. Lui donner... »

FENÊTRE SUR (carte blanche à une revue ou un éditeur)  :
N4728

« Toutes les revues de poésie naissent, vivent et meurent comme les micro-civilisations qu’elles forment au cœur de leurs pages. Elles sont précaires et qui suit un peu leur évolution sait que leur vaste paysage (environ cinq cents revues francophones de… »

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PASCAUD Dominique (extraits) https://revuedissonances.com/pascaud-dominique-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:54 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1348 DISSONANCES #24 | LE MAL Affection « Sans me retourner, je sais que c’est elle. Sous son épiderme les glandes ont sécrété quelque chose de boisé, presque fleuri ; je lui en ai souvent parlé, cela la fait sourire. Alors, j’en profite. Je peux voir ses magnifiques dents de porcelaine. Les miennes sont devenues jaunes, je consomme trop de…Lire la suite PASCAUD Dominique (extraits)

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DISSONANCES #24 | LE MAL
Affection
« Sans me retourner, je sais que c’est elle.
Sous son épiderme les glandes ont sécrété quelque chose de boisé, presque fleuri ; je lui en ai souvent parlé, cela la fait sourire. Alors, j’en profite. Je peux voir ses magnifiques dents de porcelaine. Les miennes sont devenues jaunes, je consomme trop de gélules que l’on trouve dans les réserves du niveau 4.
« Marc ? »
Une chevelure claire — rompue sur des épaules nues — et des yeux verts teintés d’une nuance de terre de sienne : je pense à une peinture, une femme d’huile, un air sauvage et résigné à la fois ; l’atmosphère est lourde, plongée dans l’obscurité d’un sfumato vibrant, où les décors ont mué en de larges taches de glacis noirs et recouvert d’un voile sec les restes d’un chemin dévalant les flancs de champs dévastés.
Ma respiration forme — en effleurant la vitre — une auréole de condensation. J’y appose un doigt ; un rond apparaît. L’opacité que mon souffle a créée par… »

DISSONANCES #20 | MAMAN
Billets doux
« Maman, tu es la plus belle, ta voix m’émerveille. Quand je suis près de toi, j’oublie tous mes tracas. Tu es un rayon de soleil qui illumine le ciel. Maman, tu es à moi, Maman, je n’aime que toi.

Bonne fête Maman. Le ciel est un tapis d’étoiles, tu es le plus beau de tous les astres et Papa brille au-dessus de toi. Je sais que nous vivrons ensemble heureux même si nous ne sommes plus que tous les deux.

Je n’ai pas osé te le demander ce matin, on peut aller au cirque demain ? Tu me dis souvent que Papa aimait y aller avec moi quand j’étais tout bébé. Je te fais plein de bisous.

Tu étais en retard pour venir me chercher, je ne t’en veux pas mais le monsieur qui t’accompagne veut que je reste plus tard le soir à l’école. Tu sais, tu me manques la journée.

C’est vrai quand Georges dit que dans ton ventre il y a une petite sœur ? Il dit qu’il a posé une petite graine. Par où sortent les bébés ? Elle va… »

DISSONANCES #19 | IDIOT
Les travers

« Il aurait juste fallu qu’elle me passe un petit coup de fil vers, je sais pas moi, 21h, ça m’aurait évité de foutre en l’air le dîner et de m’endormir devant le câble. Je dis ça, c’est sûr, techniquement c’est pas possible, j’ai plus de portable depuis deux mois. Elle bosse comme une malade toute la semaine, si en plus, ils la gardent pour faire visiter Paris à des clients le week-end, moi je dis stop, tout net. Eh, messieurs, votre Sandrine, elle a une vie de couple, un foyer, un copain qui l’attend le soir et qui lui prépare des travers de porc au caramel – c’est sa spécialité – avec amour. En plus, ça prend du temps, le truc c’est qu’il faut bien surveiller le sucre, à feu doux, quand il se liquéfie et devient brun, ensuite seulement on ajoute le nuoc mâm, puis la marinade et si on veut, un peu d’eau, les gens ont tendance à l’oublier. Bref, ce soir là, tout a fini à la poubelle, j’aime pas réchauffer ma cuisine au micro-onde.

Derrière moi, j’ai entendu la porte grincer, il devait être dans les trois heures du matin. J’ai décollé la télécommande de sous mon coude, sur l’écran deux femmes nues se caressaient les seins sur des draps luisants. Ah, je vois, qu’elle m’a dit. Ben non, j’ai répondu, tu… »

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GIORGETTI Alain (extraits) https://revuedissonances.com/giorgetti-alain-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:52 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4065 DISSONANCES #18 | ENTRAILLES Dernier mouvement « Il a mal. Plusieurs jours maintenant. Pensait pas que ça irait si loin. Au début pensait juste attendre un peu c’est tout. Se disait qu’il pourrait y aller plus tard. Quand ferait nuit. Quand plus personne pour voir ou entendre. Savait pas qu’ici tout le monde est insomniaque tout le monde.…Lire la suite GIORGETTI Alain (extraits)

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DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Dernier mouvement

« Il a mal. Plusieurs jours maintenant. Pensait pas que ça irait si loin. Au début pensait juste attendre un peu c’est tout. Se disait qu’il pourrait y aller plus tard. Quand ferait nuit. Quand plus personne pour voir ou entendre. Savait pas qu’ici tout le monde est insomniaque tout le monde. Alors attendre. Tenir. Se retenir encore et encore. Mais peut déjà plus bouger déjà. Sent du dur. Dehors comme dedans. La peau est là mais c’est collante autour. Sac humide sur squelette. Du ventre les cercles de feu qui concentriquent. La douleur tout en travers et qui tracasse. Sent bien que ça travaille. Que ça creuse vers plus profond. Chaque matin la douleur a tendance. Fait le tour de la carcasse et racle. Remonte au cou en vrilles de vertèbres la colonne. Carnivores les algues. Avides les lierres. Voulait pas souffrir juste tenir c’est tout. Résister. Même à soi-même. Mais trop tard déjà. Trop installée là la douleur. Comme qui dirait définitive. Pile au centre et puis partout. Ancrée au fond. À la base. Pieu roide en pleine terre. S’en débarrasser plus jamais. Force d’un monstre. Mâchoires carnassières de hachoirs à viande. Sa vérité plus forte que tout la douleur. Dans une main de fer qui tient tout. Assise sur son… »

 

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ROUSSOT Thomas (extraits) https://revuedissonances.com/944-2/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:52 +0000 http://revuedissonances.com/?p=944 DISSONANCES #27 | ORGASMES Des chiots baveux « Il prépare sa pipe à défonce, les canettes s’entassent, l’ivresse le couche à l’horizontale, rêve de pénétrations taxées. Préviens-la quand tu vas jouir, il sent que ça vient, elle avale tout, il stoppe sa remembrance. Quoi de neuf ? Rien. Alors casser l’aquarium, le téléviseur, les nouvelles du monde. Une fille…Lire la suite ROUSSOT Thomas (extraits)

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DISSONANCES #27 | ORGASMES
Des chiots baveux

« Il prépare sa pipe à défonce, les canettes s’entassent, l’ivresse le couche à l’horizontale, rêve de pénétrations taxées. Préviens-la quand tu vas jouir, il sent que ça vient, elle avale tout, il stoppe sa remembrance.
Quoi de neuf ? Rien. Alors casser l’aquarium, le téléviseur, les nouvelles du monde. Une fille étale sa coke sur ses gencives à peine écarlates, en attendant son service, impavide. Cyd veut prendre des renseignements sur cette London, qui est partie avec un autre. Echange, achat, vente de blanche, adieux de banalités pour une ex, bouffes conviviales, Syd se rendra à la fête, rencontrera un partenaire de décomposition, Bateman. Ils discuteront, de cette obsession de mettre des mots sur tout, mais sans avoir les bons. Les filles veulent juste le bon mot. Qu’ils le disent. Eux habitent des grottes dans leurs têtes, tout en tripotant la tête d’une statue de Bouddha. On est pas invité mais on vient quand même, cherchant une révélation, comme voir l’univers dans toute sa… »

DISSONANCES #19 | IDIOT
Esquirol, département Matisse

« Esquirol, département Matisse, HP,  les blouses blanches m’attendent. Début février 2009. J’ai brisé une vitre et quelques boîtes aux lettres de voisins innocents. La rage et l’angoisse assuraient une montée de pénombre dans mon néocortex préfrontal, la zone limbique amplifiant le flux délétère. Les hommes en bleu ne m’ont pas interrogé, le Préfet du Val-de-Marne a donné l’ordre de m’enfermer pour une durée indéterminée. Je serais pour les blouses blanches un psychopathe dangereux pour l’ordre social, ou bien un schizophrène, ou bien, enfin ils ne savent pas vraiment, c’est peut-être une simple bouffée délirante.

Le risperdal s’en chargera pendant des mois, par piqûre imposée, les infirmiers t’entourent si tu te rebelles. À la lisière de la tourbe hygiéniste, s’ébroue le chien en soi, autour, d’authentiques psychotiques me parlent du fait que je suis un agent double infiltré pour repérer les vendeurs de drogue, d’autres pensent combattre les forces du mal après avoir trop pris d’amphétamines. Certains répètent le nom de Sarkozy en boucle, quelques-uns prient Allah 15 heures sur 24. Une fille en sandales rouges me propose de la pénétrer dans sa… »

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FELIX Tristan (extraits) https://revuedissonances.com/felix-tristan-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:51 +0000 http://revuedissonances.com/?p=969 DISSONANCES #31 | DISGRESSION Clown de mes deux ! « Pourquoi, comment devient-on clown, bonne mère ? Digressons par la voie personnelle puisqu’il y a dix ans, dans le Cotentin, je le devins, un soir de nouvel an, entre cinq amis d’une compagnie de théâtre étrange, Le Pergonicaspop, rompue aux improvisations de toute espèce. L’être humain n’est-il pas invention inconsidérable ?…Lire la suite FELIX Tristan (extraits)

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DISSONANCES #31 | DISGRESSION
Clown de mes deux !
« Pourquoi, comment devient-on clown, bonne mère ? Digressons par la voie personnelle puisqu’il y a dix ans, dans le Cotentin, je le devins, un soir de nouvel an, entre cinq amis d’une compagnie de théâtre étrange, Le Pergonicaspop, rompue aux improvisations de toute espèce. L’être humain n’est-il pas invention inconsidérable ? Les faits : à la faveur de quelques verres mais surtout d’un auditoire ouvert à toutes les extravagances, je m’emparai, comme jamais de façon si décidée, de quelques objets, verre, corde, fourchette, couvercle, écharpe, bûche, que sais-je, et m’engageai dans un délire animiste et métaphorique qui donnait une vie imprévisible aux objets comme aux êtres humains, mes amis, témoins et complices. Les premiers rires m’encouragèrent au délire le plus débridé et la crise dura deux heures. Le lendemain, mon amoureux me déclara, comme une flamme, que je devais devenir clown. Il m’apporta même une martre morte et toute tiède encore de l’abrutissure d’un chauffard, en guise d’allégeance au clown ou au contraire d’adoubement.
Et ma mère dans tout ça ? La voilà – qui ravaudait, quand nous étions gosses, nos nounours éventrés en chantant un chant d’oiseau, tendait un ring de boxe le dimanche autour de la table, avec des spaghetti noués à nos poignets, nous déguisait en dragcouines avant l’heure pour que nous allions épouvanter les passants dans la rue les… »

DISSONANCES #27 | ORGASMES
À corps perdus

« – Hors ma vue, résidu de culbute ! Pas d’histoires entre nous. La mort n’en a pas. Tu tripotes encore la vie, avec tes gants de vierge moite. Essaie-les en peau de verge retournée, tu pâliras. Il ne faut avoir d’yeux qu’en face des trous mais toi, tu ne l’as même pas creusé ton trou. Tu en es à racler ta première couche. Disparais de l’orbite ou baise ton ombre. Ce conte, véridique du haut jusques en bas tue qui s’y frotte.

Il ne s’adresse pas au lecteur blasé qui n’y trouvera qu’une nouvelle source d’ennui tant il est vrai que l’embrasement des chairs mortes, depuis l’Eden, lasse. On se plaît à faire la fine bouche contre la fleur grouillante d’une chatte ivre et l’on ne goûte plus la sanie qui coule de couille. Sur la béance décomposée on laisse choir une moue.

Le vicelard insatiable dont l’accouplement de cadavres violâtres altèrerait la sulfureuse expérience, est prié de quitter la page. Pas le plus petit gland de vice sous la… »

DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
Courants animaux

« Baleineau d’un petit jour, largué de mère écrabouillée, par un très beau bateau broyeur. Tu laisses une mante écarlate dans l’eau, ton premier fichu de mort. Tu as quarante-huit heures pour t’en retourner aux débris de la mer, le temps d’épuiser ta toute mince graisse, parce que du lait tu n’as qu’un souvenir brûlant d’arrachement. Longtemps la dernière goutte a flotté comme une résistance à l’immensité. Baleineau d’un petit jour, largué de mère écrabouillée.

Echoué dans une baie d’humains, sans autre fond que l’or d’un sable d’artifice. L’été, dans l’ivresse de l’ennui des corps, les gorges transpirent, ensuquées par le champagne : on rêve d’une cervelle de singe à la coque, d’une peau de raie vivante. Le froissé des soies vacantes délivre une soif de neuf, un goût d’avant la vierge éclatée, celui du tendron fluide de l’enfance. A portée de serres, un petit de vingt-cinq tonnes.

Moins que quarante-huit heures. De savants naïfs, dans leur laboratoire flottant, distillent l’… »

DISSONANCES #24 | LE MAL
Le furet (ou comment saigner la tendresse)
« Sous la cloche des Halles, basse panse en plein cœur de Paris, le laboratoire souterrain de la déviance est sous contrôle ; l’organisation idéale de toute la violence, fondée sur la frustration. Dans ce labyrinthe mortifère obstrué par les ganglions de la richesse impérative, il suffit d’un coup de cutter pour fluidifier les tensions. Le corps obtempère en sous-sol et l’air électrique véhicule son néant. On y vient des cités de la banlieue nord, de Saint-Denis, de Stains, du Stade de France ou d’ailleurs, pour la guerre quotidienne, la traque des filles, le business ou le full contact avec l’espèce humaine.

Dans certaines caches du forum, au bas de marches cirées où peine à veiller une clocharde en loques, de jeunes danseurs s’exercent à des voltiges et des fantasmagories urbaines. Parfois Bob Marley ressuscité entre deux portes de verre, les locks chenues et les mains sèches comme d’une momie noire sortie des sables, attend à distance des tourniquets que le vide enfin se fasse — de ses veines à celles, gonflées, des chiens de l’ordre et du… »

DISSONANCES #22 | RITUELS
Autel d’une dépouille vive

« Elle avait donné son corps à la science comme elle se serait donnée au miroir de l’universelle déraison. Elle s’était, vivante, peu à peu révulsée, fleur possédée par la croupe menaçante d’une ombre. Tout son collier défait, sous la châsse de verre du musée des lésions de l’anatomie, elle l’offrait à la minutie profane des grands chiens errants de la connaissance, aux yeux si jaunes, aux bosses affleurantes sous le front, aux grands gestes sous des manches lustrées. Chacune de ses perles à elle contenait en secret un œuf d’impuissance, qu’il importa au passant de fortune de couver en le giron de son extrême dénuement. Orphelin de lui-même, ce corps entra en lui comme en la dépouille nouvelle d’un mage. Il sut lire au travers, comme irradié.

Fléchis les genoux pour être à hauteur de la femme aux os mous.
Lèche à la bougie un peu du cœur de ce corps désanfanté.
Dans le dos ses jambes ont glissé vers sa nuque déhanchée ;
Pliée dans son écrin d’os, elle attend ta... »

DISSONANCES #19 | IDIOT
L’idiot
« Lui seul est capable de rien qu’occuper le trou de sa conscience,
s’imprégner en toute innocence de sa larve blanche.
Lui, déduit de toute idée, sa désertion native l’absout.

Les huit faces de la cellule sont blanches ; leur surface est lisse et brillante avec, par endroits, de petites aspérités dont la pointe est légèrement ternie. Les parois étant toutes les mêmes, le plafond ne se distingue du sol que par une présence verticale, les pieds en bas, la tête en haut. Il n’est pas aliéné. Il n’est pas en quarantaine. Il n’est pas assassin. Il n’est pas un monstre scientifique. Il n’est pas à torturer. Il n’est pas intéressant. C’est pourquoi l’idiot est observé à travers le miroir sans tain de son alvéole.

Pour le moment, il se tient debout, les deux mains le long des cuisses. La main droite est légèrement plus épaisse. La peau en est blanche, veinée. Elle porte au majeur une chevalière dont on distingue de biais l’initiale I. Le poignet gauche est nu de montre. Ses yeux mi-clos regardent entre ses pieds écartés de la largeur des hanches, légèrement en éventail. Il porte des chaussures de toile grège dont les lacets sont lâchement noués. Il est vêtu d’un pantalon de coton gris perle sur lequel pend une tunique blanche un peu… »

DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
L’entaille de Pierre

« Sous la chemise de haire, un picotis de saillies sanguine dessinait entre des pans de peau laissées inermes par l’usure de la chèvre, une guipure secrète dont le pénitent filait en rêve l’entrelacs, en offrande à une Vierge qui, rognée par huit siècles d’humidité, résumait à elle seule l’idée confuse et avortée qu’il se faisait de la féminité. Ne subsistait de la statue qu’un losange étiré de pierre laiteuse, retenu encore ici ou là par les plis d’un drapé naïf dont on ne savait plus s’il était le souvenir d’un voile ou celui de la peau d’un visage chagrin.

La douleur renouvelée du silice inventait peu à peu la dentelle d’un désir, jusqu’alors ligoté par la culpabilité innée et sans objet qu’attisait une croyance folle, éperdue, en la vie éternelle. La honte de vivre, crochetée par un rictus autoritaire, était la seule femelle présence dont Pierre s’était permis la fréquentation. Et voilà que par une volte caprine, la chair mortifiée, encouragée par l’endurance, désobéissait miraculeusement, rongeait gaiement les barreaux de sa geôle glacée, laissait pénétrer un air non vicié, un air chatouillé de… »

 

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MEUNIER Diane (extraits) https://revuedissonances.com/meunier-diane-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:49 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3987 DISSONANCES #19 | IDIOT ça sent l’moisi « Il a ENCORE plié sa serviette de bain avant qu’elle soit sèche ! Je lui avais DÉJÀ dit la dernière fois : « tu as encore plié ta serviette AVANT qu’elle soit sèche » ! Je le lui ai dit cent fois DÉJÀ ! C’est vrai !, elle va sentir le moisi sa serviette s’il ne la…Lire la suite MEUNIER Diane (extraits)

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DISSONANCES #19 | IDIOT
ça sent l’moisi

« Il a ENCORE plié sa serviette de bain avant qu’elle soit sèche !
Je lui avais DÉJÀ dit la dernière fois : « tu as encore plié ta serviette AVANT
qu’elle soit sèche » ! Je le lui ai dit cent fois DÉJÀ !
C’est vrai !, elle va sentir le moisi sa serviette s’il ne la fait pas sécher AVANT
de la plier !
… !
… !
… !

ALORS je lui ai dit :
Cher idiot
laisse-moi     A NOUVEAU
cher… »

 

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DISSO #18 : Hubert HADDAD https://revuedissonances.com/disso-18-hubert-haddad/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:47 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4038 Extrait de l’entretien avec Hubert HADDAD publié dans DISSONANCES #18     Hubert HADDAD (petit) Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ? J’ai longtemps été contre, hors et malgré, dans l’écriture, à mes débuts : nous étions réfractaires à la saine réalité publique, assez proches du surréalisme, et plus encore du…Lire la suite DISSO #18 : Hubert HADDAD

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Extrait de l’entretien avec Hubert HADDAD publié dans DISSONANCES #18

    Hubert HADDAD (petit)

Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ?
J’ai longtemps été contre, hors et malgré, dans l’écriture, à mes débuts : nous étions réfractaires à la saine réalité publique, assez proches du surréalisme, et plus encore du Grand Jeu, mes amis et moi. À vingt ans, on publiait une revue, Le Point d’être, où Artaud et Rodanski donnaient le ton. On collaborait à l’Internationale hallucinex (au Soleil noir) ou aux cahiers Exils de Dominique de Roux. On risquait sa vie à force d’expédients, les yeux collés aux gouffres, aux fissures, au « Grand loin », pour reprendre le titre du dernier roman paru du cher Pascal Garnier, mort hier. Puis je me suis évadé d’une forme de suicide permanent pour rêver la durée, pour voyager, surtout pour échapper à la tragédie qui m’encerclait. Le temps aura poli nos armes sans nous apaiser. L’action au sens large et l’écriture sont tellement liées.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
Le sujet tant récrié et son dépassement. Le roman doit prendre des formes nouvelles pour perdurer : il est sa perpétuelle réinvention. Voilà une contrainte paradoxale : ne pas retomber dans le même jeu fixe d’asservissements au genre, lorsqu’il s’agit de fiction du moins. Quant au sujet, c’est pour moi une sorte de vertige dans lequel il faut se maintenir coûte que coûte.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Je lis surtout, j’aimerais peindre et dessiner davantage. Je voyage. Je rêve à tous les livres que je n’aurais jamais le temps d’écrire.

Qui est votre premier lecteur ?
Mon éditeur.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
C’est d’abord quelqu’un qui vous lit avec pénétration et perspicacité, dans une perspective ouverte, qui prenne en compte l’œuvre en cours dans son déploiement, quitte à mettre le doigt sur telle faiblesse ou telle contradiction, c’est en conséquence quelqu’un qui vous publiera avec un enthousiasme réfléchi, sans réticence d’aucun ordre, et rendra efficientes toutes les promesses contractuelles pour que l’œuvre en question puisse s’incarner au mieux.

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
De lire ce qui se publie chez tel ou tel avant de coller son timbre. Même si on se rêve unique, il y a des familles d’esprits, des courants de sensibilité.

Quelle fut votre première grande émotion de lecteur ?
La découverte des poètes à quinze ans : Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Apollinaire, Milosz, etc.

Que faut-il lire de vous ?
Au choix, il y a pas mal de titres. Le dernier en date étant…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #18

BIO

Né à Tunis en 1947, Hubert Haddad a passé son enfance – évoquée dans Le  camp du bandit mauresque (éd. Fayard, 2005) – dans les banlieues populaires de la région parisienne. À peine sorti de l’adolescence, il fonde la revue Le point d’être dans la lignée du surréalisme. Son premier recueil de poèmes, Le charnier déductif, paraît en 1967. Il publie son premier roman, Un rêve de glace, en 1974 chez Albin Michel (réédition par Zulma en 2005). Depuis, il alterne la publication de romans, de nouvelles, d’essais sur l’art ou la littérature, de pièces de théâtre et de recueils de poésie.

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MARCHETTI Méryl (extraits) https://revuedissonances.com/marchetti-meryl-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:45 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1762 DISSONANCES #22 | RITUELS Chiropractor holocaust « Ses parents n’assistent pas à la fête qui suit. Avant l’aube, le garçon est conduit dans la brousse pour être circoncis. Il reste assis, les yeux bandés et les oreilles bouchées avec de la bourre d’étoupe, tandis que plusieurs opérateurs travaillent à tour de rôle, en utilisant des couteaux de silex :…Lire la suite MARCHETTI Méryl (extraits)

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DISSONANCES #22 | RITUELS
Chiropractor holocaust

« Ses parents n’assistent pas à la fête qui suit. Avant l’aube, le garçon est conduit dans la brousse pour être circoncis. Il reste assis, les yeux bandés et les oreilles bouchées avec de la bourre d’étoupe, tandis que plusieurs opérateurs travaillent à tour de rôle, en utilisant des couteaux de silex : ils étirent une incision à la base de l’organe génital, puis enlèvent tout l’épiderme du membre en le retroussant. Pendant ce temps là les parents hurlent dans le camp.
Le pénis en sang, le garçon doit revenir à travers le territoire jusqu’à la case et monter dans le lit auprès de sa mère pour crier comme un nouveau né. On l’enveloppe alors dans une peau pendant trois jours, et le quatrième le père cohabite avec sa femme.

Vous devez adapter votre façon de masser à ce qu’aime votre poisson rouge. Il peut s’agir d’une gamme de mouvements rythmiques, effectués en alternance par... »

DISSONANCES #19 | IDIOT
Neuneux et plaisants

« Les seins ont une croissance continue tout au long de leur vie, même si cette croissance ralentit avec l’âge. Lorsque cette peau devient trop exigüe elle se déchire et détache du sein, remplacée en dessous par une autre nouvellement formée. La première manifestation visible de la mue correspond au décollement de l’épiderme, plusieurs jours avant, qui s’accompagne parfois de séries de sifflements en zig-zag dont les origines d’émission suivent une ligne brisée correspondant à l’enchevêtrement des glandes.

En nous fondant sur les lois d’astronomie générale nous supposons l’existence d’autres étoiles qui n’existent pas. En zoologie la comparaison d’une vertèbre avec un répertoire de vertèbres, d’une dent avec des dents, permet de dresser, dans ses proportions et selon ses variations de densité, un squelette inconnu, grâce à l’union mécanique des parties constitutives. Notre ami Giorgio Torrelli relève de ces cas intéressants.
Quelques temps après la guerre le village de Vaye s’émut que Marc Peyche ne pissât plus, malgré la douleur. L’homme s’était mis en tête qu’il… »

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MARTINET Jean-Pierre | Jérôme https://revuedissonances.com/martinet-jean-pierre-jerome/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:44 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4032 Regards croisés sur Jérôme de Jean-Pierre MARTINET DISSONANCES #18 Christophe ESNAULT : Jérôme Bauche jouit là où il peut Jérôme mesure un mètre quatre-vingt-dix et pèse cent cinquante kilos. Sa mère tricote pour le nourrir. Elle lui donne quelques sous qu’il utilise pour boire dans les cafés et monnayer des attouchements avec des jeunes filles recrutées à…Lire la suite MARTINET Jean-Pierre | Jérôme

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Regards croisés sur Jérôme de Jean-Pierre MARTINET
DISSONANCES #18

Christophe ESNAULT :
Jérôme Bauche jouit là où il peut
Jérôme mesure un mètre quatre-vingt-dix et pèse cent cinquante kilos. Sa mère tricote pour le nourrir. Elle lui donne quelques sous qu’il utilise pour boire dans les cafés et monnayer des attouchements avec des jeunes filles recrutées à la sortie du collège. Il vit dans l’ombre d’un père disparu. Mamame aime à lui rappeler que son mari était un amant extraordinaire (preuve de son désir, il cassait des noix avec sa bite). Jérôme aime la très jeune Polly. Graal ultime et prolongement à sa pathologie paranoïaque . Amour mystique propre aux âmes déterminées à se disloquer sur l’autel du non-retour. Dans Le Voyage, Céline fait dire à Bardamu que l’homme recherche le plus grand malheur. Jérôme, lui, recherche le plus grand avilissement. Pur produit judéo-chrétien. Quand il va voir les prostituées, il choisit la plus rebutante. Objectif : l’attisement de la haine qu’il se porte. Martinet cite Faulkner, Dostoïevski, Joyce, Melville. La puissance de son Jérôme égale sans nul doute celle de ses maîtres. Plus d’un cinéphile attend l’adaptation cinématographique. Si votre libraire n’a pas lu Jérôme, si – pire – il n’en a jamais entendu parler, urinez sur ses tables ou craquez-y une allumette pour signifier votre mécontentement. Puis offrez-vous la jubilation que prodigue la lecture de l’écrivain hautement réjouissant qu’est Jean-Pierre Martinet (qu’on aimerait encore vivant pour, en réponse à notre euphorisante lecture, l’embrasser sur la bouche).

Jean-Marc FLAPP :
Jérôme est énôrme…
…et très mal dans sa tête autant que dans sa peau : vieux bébé adipeux, égocentrique, odieux, vertigineux paumé il vit chez sa mamame alcoolique et cinglée qui le méprise pas moins que lui-même la hait et qui a su faire de lui cet hyper-concentré de méchanceté crasse, régressive et perverse, dont Jean-Pierre Martinet – son père, son frère : son double – nous donne à découvrir les hauts faits horrifiques au long d’une plongée aussi jubilatoire que radicale et glauque dans un Paris-nausée d’ultime gueule de bois à la toponymie curieusement russifiée et aux bas-fonds grouillants s’ouvrant au bout du compte sur l’hébétude blanche d’une banlieue de brumes où le roman se dissout plus qu’il ne trouve fin. Avant d’arriver là, le lecteur innocent se sera vu emporté par le flot impérieux de la logorrhée baroque de ce Jérôme Bauche on ne peut mieux nommé dans lequel Martinet l’a vicieusement coincé par une narration à la première personne d’un style éblouissant et d’une force de frappe rarement égalée : de l’intérieur du monstre, il aura visité l’Enfer de la Folie, roulé la Pureté dans le foutre et le sang, cloué l’Amour au sol (si grande compassion !), ri, frémi, joui et tué, et eu envie parfois de sauter du train en marche pour un peu respirer… mais ce type d’expérience est à peu près unique et se mène jusqu’au bout quand elle est commencée.
Car Jérôme est énorme.
Plus que cela : colossal.

Lionel FONDEVILLE :
C’était un petit jardin qui sentait bon le bassin parisien
J’ai avalé Jérôme. Je pèse 240 kilos. La digestion entraîne hallucinations, douleur et extase. L’intoxication de juillet dernier qui m’avait valu, au retour d’une journée de concerts aux Frigos à Paris, une semaine de délire et de vidange dans la canicule : rigolade, comparée aux phrases de Martinet sur mon ventre et mon derrière. Ma tête ? Avec ses mémoires effilochées, ses assemblages branlants et ses trucs de pute, pas la force d’en parler.
Autour de Jérôme, on glisse sur des sols visqueux. Les mains sont des armes et les prénoms des mondes. Sacré ou profane, un nom est à peine fixé à son propriétaire. Les identités s’échangent, s’évaporent, s’éteignent. Sur l’être de Jérôme, on a mis des noms de fleurs ou de maladies vénériennes : prothèses pour broyer ce que la main ne peut saisir.
Paris est poreux, se contracte, se dilate en épousant les chapitres. Les films et les chansons giclent, les rencontres échouent comme baleines, les petits jardins sont des terrains vagues.
L’encre est opaque. Les éclairs, nombreux : « Bander à quoi bon lorsqu’on peut tuer ? »
Comme ces amis qu’on garde à distance de peur de les violer, j’ai tenu Jérôme en respect. Avalé, Jérôme, mais pas dévoré. Oui, j’ai versé quelques morceaux de viande et de légumes trop bouillis dans le pot de fleurs de la salle à manger. A se distendre pour l’atteindre, mon dos est fourbu. Un bain chaud, et je ne garderai que le délice de la peine en partance. Burp.

Côme FREDAIGUE :
Dans l’enfer de la subjectivité
Roman d’une rare noirceur, Jérôme est l’histoire d’une faillite, celle d’une conscience déchirée entre l’aspiration au bonheur et le sentiment aigu de son impossibilité. Le personnage, sorte d’enfant-ogre, mi victime, mi bourreau, vit dans un état permanent de frustration qui le disloque peu à peu et le conduit à commettre les pires atrocités. Pourvu d’une trame limitée à quelques évènements, le récit tire sa force d’une écriture qui épouse avec virtuosité les états successifs de cet esprit malade, obligeant le lecteur à en pénétrer les recoins, à en subir les soubresauts. Elle habite la solitude d’un être condamné à ressasser son tourment. Il n’y a pas à proprement parler de dialogue dans le roman ; les pseudo rencontres de Jérôme sont autant de soliloques où, faute de comprendre et d’être compris, chacun parle pour lui-même, prisonnier de son propre enfer d’où cette impression d’enfermement renforcée par la structure circulaire et répétitive du récit. Il faut convenir que le voyage est éprouvant pour le lecteur aliéné par un personnage qu’il ne peut aimer mais dont il ne peut non plus se détacher. La tentation est parfois grande de refermer le couvercle sur ce cloaque étouffant mais cette identification forcée avec l’abjection nous conduit là où seuls les grands romans peuvent nous mener : aux confins de l’âme humaine.

éd. du Sagittaire, 1978 / rééd. éd. Finitude, 2008
480 pages
18 euros

 

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TISSOT Marlène (extraits) https://revuedissonances.com/tissot-marlene-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:44 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1756 DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ C’est ma bouteille pour ce soir « Mon père est là. Il me regarde. Il sourit. Chambre d’hôpital. Des tuyaux partout. Des machines qui clignotent. Il sait qu’il porte une couche, papa. Il sait qu’il se chie dessus. Mais il s’en fout. Il perd la tête, mélange les époques, ne sait plus…Lire la suite TISSOT Marlène (extraits)

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DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
C’est ma bouteille pour ce soir
« Mon père est là. Il me regarde. Il sourit.
Chambre d’hôpital. Des tuyaux partout. Des machines qui clignotent.
Il sait qu’il porte une couche, papa. Il sait qu’il se chie dessus. Mais il s’en fout. Il perd la tête, mélange les époques, ne sait plus quel âge il a, ni ce qui est normal ou pas. Il demande « Et toi, qui est-ce qui change ta couche ? » Je déglutis bruyamment. « Personne, papa. Pour l’instant, j’arrive à la changer toute seule. » Il hoche la tête. « C’est bien. »
À quoi bon lui dire la vérité ?
Il pèse trente-huit kilos, son pouls est à cent-dix en permanence, le cœur sur le point de claquer comme un vieil élastique. Les poumons foutus. L’œsophage aussi. On lui balance une soupe hyper protéinée par sonde gastrique toutes les douze heures, son cerveau se noie, ses jambes tressaillent, mais ne pourront plus jamais le porter. Il a soixante-six ans dont pas loin de cinquante d’alcoolisme.
Il tient sa poche d’urine sous la main droite. J’ai essayé de lui enlever tout à l’heure, pour la raccrocher sur le bord du lit, là où elle doit se… »

DISSONANCES #22 | RITUELS
Les petites choses

« Les petites choses qui se glissent sous la peau des jours, celles qui démangent la pensée puis qu’on oublie, celles qui bourdonnent des histoires dans notre sommeil et qu’on chasse au matin d’un revers de main, qu’on noie dans le café, le boulot, la liste de courses, la mousse à raser, le rimmel, les idées noires, les tartines de pâté.
Les petites choses qui battent des ailes à l’intérieur de nous, qui cherchent la lumière, qui cherchent une issue, qui s’affolent dans notre corps-prison. On les sent là, qui rampent et volent et tissent leur toile dans les recoins.
On ne s’inquiète pas plus que ça. On les écarte d’un coup de balai. On se dit qu’elles finiront bien par crever. On suppose qu’on leur survivra, qu’il suffira d’un coup de talon pour les écraser. On croit les enfumer avec nos petits rituels quotidiens. Parfois, on pense s’en être débarrassé pour de bon. Et puis un jour ou l’autre, ça... »

DISSONANCES #19 | IDIOT
Le gars assis à côté de moi dans l’Eurostar

« London St Pancras. Il est fenêtre. Je suis couloir. L’accoudoir baissé entre nous comme une petite frontière. Les regards qui se croisent en terrain neutre. Sourire poli. On échange quelques mots. En anglais. Puis je réalise en le voyant lire l’Équipe, qu’il est français. Il devine, au titre de mon bouquin, que je suis française. Alors on laisse glisser un… »

DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Détricoter mes entrailles

« J’ai pris l’aiguille à tricoter et je suis allée m’enfermer dans la salle de bain.

Au planning familial, il n’y avait pas de pochette surprise avec la solution à mon problème. Fallait venir avant mon petit, m’a dit la grosse dame. Son regard triste, perdu très loin derrière d’épaisses lunettes. On t’aurait prescrit la pilule sans que t’aies rien besoin de dire à tes parents. Sans que ça te coûte un centime.

Je suis restée assise là, à chialer comme un gant de toilette mal essoré. Des litres de larmes crasseuses. Une flaque de douleur grise.

Pour l’avortement, je peux t’expliquer comment ça se passe. Mais pour l’hôpital, faudra que tes parents soient là. Qu’ils signent les papiers. Sans ça, ils feront pas l’ivg. T’es mineure, tu comprends ! ? C’est la loi. Parfois les lois, c’est mal fait. Et nous, on essaye de notre mieux, il arrive qu’on contourne les obstacles. Mais là, désolée mon petit, on peut rien faire. Fallait venir avant. On t’aurait prescrit la pilule…

Elle a sorti de son tiroir une tige longue et fine. D’… »

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BONETTO Marc (extraits) https://revuedissonances.com/bonetto-marc-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:44 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1382 DISSONANCES #32 | NU Trois haïculs « Plage naturiste Il siffle à perdre haleine Le merle sur la barrière ————————– Ce moustique affamé Sur ta fesse gauche Vais-je… » DISSONANCES #24 | LE MAL Arrondir le silence « Pour l’inconnue qui s’attarde Je poserai sur le banc Mon exemplaire des… » DISSONANCES #22 | RITUELS Nouveaux rites de l’année liturgique  « 1er dimanche de l’Avent –…Lire la suite BONETTO Marc (extraits)

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DISSONANCES #32 | NU
Trois haïculs
« Plage naturiste
Il siffle à perdre haleine
Le merle sur la barrière
————————–
Ce moustique affamé
Sur ta fesse gauche
Vais-je… »

DISSONANCES #24 | LE MAL
Arrondir le silence

« Pour l’inconnue qui s’attarde
Je poserai sur le banc
Mon exemplaire des… »

DISSONANCES #22 | RITUELS
Nouveaux rites de l’année liturgique 
« 1er dimanche de l’Avent – Contempler le processus de défragmentation d’un ordinateur ; admirer les changements de couleurs ; à la fin, pousser un cri de joie devant cette merveille technique.

Noël – Transformation de Jésus le Christ en nietzschéen pur jus.

Épiphanie – Électrifier les guitares sèches. Qu’elles oublient Jésus revient (pourquoi reviendrait-il ?) au profit de I want to break free, Bohemian rhapsody, Bicycle race, We will rock you, de Queen. (Freddie Mercury fut prophète.)

Soldes d’hiver (mi-janvier à mi-février) – Vêtir le prêtre du nouvel ornement sacerdotal à la mode : le string noir barré d’une croix rose.

Mardi gras – Intronisation de la papesse Jeanne, Pierrette ou Paule. Une femme, oui, une femme à la tête de l’Église !

Dimanche des Rameaux – Ouverture de la semaine sainte avec... »

DISSONANCES #20 | MAMAN
Aurore
« Une nuit d’humus et de pulsations tièdes me pétrit entre ses grappes et me crache comme un pépin amer.

Hirsute, sale, nu, je découvre la rondeur de l’aube, je mordille sa poitrine, j’enlace désespérément sa profonde ascension, pressé de retrouver la pointe maternelle où se brouille et… »

DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Prise de pouvoir

« Ma femme n’a pas de cœur. De l’œsophage à l’utérus, le pancréas occupe toute la place. Il n’en fut pas toujours ainsi, l’hypertrophie vint peu à peu, le pancréas, persuadant les autres organes de lui céder un peu, puis beaucoup d’espace contre avantages en nature ou par corruption. Enfin, ils s’étiolèrent, rétrécirent et disparurent. Le pancréas règne en maître absolu. Personne ne conteste sa suprématie, et ce ne sont… »

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DALL’AGLIO Yann (extraits) https://revuedissonances.com/dallaglio-yann-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:43 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4051 DISSONANCES #18 | ENTRAILLES Petit précis de l’entraille « L’entraille ne se met point au singulier. Que penser d’une entraille esseulée, mélancolique, qui boudine à part ? L’entraille doit être collective, plurielle, spaghettonique, pour que la vengeance, la colère, les passions obscures soient d’enchevêtrés serpents qui se hérissent ; et que l’éventrement garde tout le ressort d’un acte monstrueux. Rien…Lire la suite DALL’AGLIO Yann (extraits)

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DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Petit précis de l’entraille
« L’entraille ne se met point au singulier. Que penser d’une entraille esseulée, mélancolique, qui boudine à part ? L’entraille doit être collective, plurielle, spaghettonique, pour que la vengeance, la colère, les passions obscures soient d’enchevêtrés serpents qui se hérissent ; et que l’éventrement garde tout le ressort d’un acte monstrueux.
Rien moins que solitaire, toujours tribale ou politisée, l’entraille est aussi l’envers de notre superficialité. Sa torsion cache cent plis, et chacun de ces cent plis, mille recoins, lesquels ont des tréfonds qui donnent sur des abysses. En comparaison, l’origami de l’homme fait plaine, et son jabot a l’air d’un slip.
C’est que notre espèce a beau compliquer, assouplir ses arts plastiques, intriquer l’espace pour que le réel enfin s’y glisse, tout y demeure la proie de nos yeux, et manipulable ustensile.
Tandis que l’entraille, œuvre entre toutes enfouie, vit de n’être pas extirpée par la vue ; et cèle dans ses fractales l’anonymat d’… »

 

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FONDEVILLE Lionel (extraits) https://revuedissonances.com/fondeville-lionel-2/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:41 +0000 http://revuedissonances.com/?p=315 DISSONANCES #29 | DISGRESSION Mendelson me regarde « Je ne veux pas mourir. Bordeaux, septembre 1997. Le parquet de l’appartement, le soleil par la fenêtre, la platine CD Sony. Parmi les titres d’une compil de rentrée, une chanson réelle. Mon réel de lotissement, d’étrangeté ordinaire est dans cette voix, dans ce texte, dans les sons qui…Lire la suite FONDEVILLE Lionel (extraits)

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DISSONANCES #29 | DISGRESSION
Mendelson me regarde
« Je ne veux pas mourir. Bordeaux, septembre 1997. Le parquet de l’appartement, le soleil par la fenêtre, la platine CD Sony. Parmi les titres d’une compil de rentrée, une chanson réelle. Mon réel de lotissement, d’étrangeté ordinaire est dans cette voix, dans ce texte, dans les sons qui s’y enroulent. Attendue plus de vingt ans, présente comme un être vivant qui aurait la gueule de la mémoire, des interstices, des devantures de magasin, des couleurs de carrelage, des camarades de classe dont le visage nous hante mais dont on a oublié le nom. Une chanson pour tordre le présent et le tisser avec les poussières collées aux chaussures, même quand elles sont neuves. La voix est pour les instruments et les instruments pour la voix, rare en France chez les fabricants de chansons. Une voix ensevelie, qui survit à son… »

DISSONANCES #25 | LA PEAU
Peaux des naissances
« L’embryon vient par feuilles. D’abord deux : peau et système nerveux / cœur et viscères. Puis s’intercale une troisième feuille : squelette et muscles. Feuilleté, le corps porte jusqu’au bout ce geste pâtissier cent milliards de fois répété, clou enfoncé tant et tant, hybride à la fin, calé au plus ultra. Pure énergie vol au vent, parfait pour la route du temps, le contact leur sera toujours problème, le toucher douleur. Certains chercheront dans la lutte gréco-romaine le remède à ce mal d’être touché. Empoignant un corps des années durant pour lui faire rendre grâce, viendra un moment où leur propre corps les empoignera et les plaquera au sol. Certains demanderont l’amputation de leurs mains pour tuer le désir, mais les extrémités fantômes migreront vers la langue, où les terminaisons nerveuses concentreront tous les pouvoirs de la… »

DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
Superstore

« Superstore, leader mondial du store.
Je m’appelle Jean-Claude Thuret. J’ai créé mon entreprise dans un garage en 1974, et voilà. Trente huit ans plus tard, 80 % des stores vendus en Europe, et 60 % aux États-Unis sont des stores Superstore. Depuis deux ans, on attaque l’Afrique et le Moyen-Orient. Pas facile. À côté, la Roumanie des années quatre-vingt-dix, c’était l’Eldorado. Tous les anciens du P.C. roumain, tous les nouveaux riches voulaient du Superstore à leurs fenêtres. J’ai vu des gars percer des fenêtres supplémentaires aux murs de leur maison pour installer des stores Superstore. Certaines maisons se sont écroulées. Plus assez de murs.
Le store, c’est l’alliance de l’art, de la technique et de la science. L’objet doit s’intégrer à l’architecture existante, mais aussi tenir compte de facteurs tels que la rotation de la Terre, l’inclinaison du soleil sous nos latitudes, le degré d’acidité des pluies, le trou de la couche d’ozone… Store à manivelle pour les nostalgiques, store électrique, électronique (qui s’adapte à l’ensoleillement), à télécommande, à... »

DISSONANCES #22 | RITUELS
Vies incertaines et petites morsures

« Certains arrachent avec les dents de petits morceaux à la peau de leurs doigts, visant surtout les pouces près de l’ongle, et ne s’arrêtent qu’au sang. Pendant la douleur brûlante, ils regrettent d’en être arrivés là, ignorant comment faire pour détourner autrement un flux qu’ils ne savent pas nommer, que d’autres nomment pour eux : anxiété, stress, névrose, syndrome post-traumatique, etc. Mais parmi ceux qui pratiquent cette étrange automutilation, quelques-uns notent l’extrême dissociation entre les accès de la manie et leur état général du moment. Une période sans événement stressant peut aggraver l’autogrignotage, une succession de situations pénibles peut s’en trouver dénuée. Et inversement. C’est comme si une autre vie se déroulait au-delà du conscient et de l’inconscient, comme si hors de tout regard possible, dans l’inatteignable absolu, une histoire était racontée dont la peau, emblème étanche et poreux, trahissait la présence.
Cette intime anthropophagie se ramifie en deux branches. D’un côté, on trouve... »

DISSONANCES #20 | MAMAN
Mon cul c’est de la porcelaine 
« Je vois maman. Elle est seule, nue, à plat ventre sur la moquette. Elle lèche les fibres, les arrache avec ses dents les mâche les déglutit en râlant. Ses mains frottent la moquette, on dirait qu’elle va s’envoler, on dirait un avion incapable de décoller. C’est ainsi que maman est fécondée, ainsi que je suis conçu. Mon père c’est la moquette, ce sol et cette maison. Moins d’une semaine plus tard, je nais dans un avion souvent piloté par maman pour aller chercher des héliotropes au Japon afin de les vendre au marché des Capucins. Un avion avec moteur diesel, qui vole et atterrit en silence. Maman possède une âme de patriarche mais elle ne peut malheureusement pas exercer ce talent puisque sa solitude est totale. Avec maman, je vais souvent à l’orée des bois pour entendre chanter les oiseaux, elle et moi main dans la main. Nous n’entrons jamais dans la forêt, le loup est toujours le loup. Le coucou tête sa mère et fait coucou pour avaler le lait. Je l’entends depuis l’orée, je fais coucou avec maman. Coucou coucou. On répète on se décale on se recale. Coucou coucou couc ouc ou ou c c cou. On saute sur place pour faire descendre le repas de midi. Maman m’a emmené au restaurant et j’ai pris… »

DISSONANCES #19 | IDIOT
Top rengaines
« 01. Il fait ses nuits ? =
02. C’est que du bonheur. − 1 ↓
03. Qu’il est mignon ! + 3 ↑
04. Ça change la vie. =
05. Il mange bien ? − 2 ↓
06. Il digère bien ? − 3 ↓
07. Vous l’avez bien réussi. + 4 ↑
08. Profitez-en bien, après c’est plus pareil + 6 ↑
09. Il ressemble plutôt à sa mère. =
10. Il faut faire confiance à son instinct. + 5 ↑
11. Il n’a pas beaucoup de cheveux. + 7 ↑
12. Il sera brun. − 4 ↓
13. Il aura les… »

DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Problème majeur

« Tu ne crois tout de même pas que je vais mettre mon doigt là-dedans, non ? T’es cinglée ou quoi ? Ni mon doigt, ni rien d’autre ! Tu me prends pour qui ? Mais justement, c’est bien parce que je suis ton ami qu’il est hors de question que je fasse un truc pareil. Tout le monde le fait ? Personne ne nous verra ? Personne ne le saura ? Tu parles d’arguments, tiens. Toujours le même blabla. Ça ne prend pas avec moi. Non, c’est pas que je trouve dégoûtant ni rien, mais… je ne me vois pas faire ça, c’est tout. Si pour toi notre amitié se résume à la question de savoir où se trouve mon doigt, vraiment, il faut qu’on repense d’urgence notre relation. Oui, je sais, le problème, c’est pas mon doigt, mais ce qu’il incarne sur le plan symbolique si je cède à ta demande. Bien sûr que je me suis déjà posé des questions sur la forme de mes doigts. Certaines analogies ne m’ont pas échappé. C’est juste que je ne conclus pas hâtivement à partir de simples constatations. Mais tu sais, et là tu seras enfin d’accord avec moi, j’ai une histoire compliquée, un vécu douloureux, un passé difficile, un parcours chaotique, un profil très fragile, des origines fragmentaires, un territoire intime ébréché, un… »

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VERON Rodrigue (extraits) https://revuedissonances.com/veron-rodrigue-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:39 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4095 DISSONANCES #18 | ENTRAILLES Nothing Important Happened Today « Elle se mit à cheval sur lui et frotta son sexe contre le sien, lentement. Ils n’avaient échangé aucune parole depuis leur sortie du bar – tous deux savaient comment cette nuit devait s’achever. Il voulut reprendre le contrôle, mais elle saisit ses poignets avec fermeté et l’immobilisa. Sa force…Lire la suite VERON Rodrigue (extraits)

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DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Nothing Important Happened Today

« Elle se mit à cheval sur lui et frotta son sexe contre le sien, lentement. Ils n’avaient échangé aucune parole depuis leur sortie du bar – tous deux savaient comment cette nuit devait s’achever. Il voulut reprendre le contrôle, mais elle saisit ses poignets avec fermeté et l’immobilisa. Sa force physique était surprenante. Il laissa échapper un rire nerveux ; elle aussi. Il capitula sans offrir plus de résistance.

Une fois par mois, les membres de son cercle de lecture se réunissaient dans un bar du centre-ville – ils échangeaient leurs impressions sur un roman ou un recueil de nouvelles autour de quelques verres. Il l’avait remarquée dès son arrivée : installée près du comptoir, seule, elle fumait cigarette sur cigarette et repoussait les avances du barman. Elle prêta une oreille discrète, mais attentive, à leur conversation ; après quelques regards, elle finit par s’inviter à leur table. Elle avait lu Neige de printemps de Yukio Mishima, sans pour autant l’apprécier. Elle évoqua surtout sa fascination pour l’ultime geste de l’auteur japonais.

Elle se pressa contre lui et promena sa main sur son torse.
– Tu dois te… »

 

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ORSINI Alban (extraits) https://revuedissonances.com/orsini/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:39 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1131 DISSONANCES #26 | ANIMAL(S) Déclaration « Il me dit être orthodontiste des âmes et précise : « Je remets les idées droites, plus alignées » puis il sourit : ses dents ne sont pas belles. Elles sont tachées et certaines se chevauchent. Nous mangeons des homards dans un petit restaurant du Quartier Latin : dans un aquarium très grand se traînent lamentablement les…Lire la suite ORSINI Alban (extraits)

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DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
Déclaration

« Il me dit être orthodontiste des âmes et précise : « Je remets les idées droites, plus alignées » puis il sourit : ses dents ne sont pas belles. Elles sont tachées et certaines se chevauchent.

Nous mangeons des homards dans un petit restaurant du Quartier Latin : dans un aquarium très grand se traînent lamentablement les crustacés que nous ne mangeons pas. Les vitres sont très sales. Les animaux peinent à avoir l’air intelligent mais je sais qu’ils cachent leur jeu. Il y a des algues aussi. On ne peut faire confiance à personne.

Puis il ajoute, en changeant de sujet : « Tu vois, c’est assez simple : pour faire une bonne sauce, tu prends des coques ou des amandes. De n’importe où, le plus important c’est qu’elles soient bien fraîches. De l’autre côté, tu fais revenir au beurre la moitié d’un oignon émincé ainsi qu’un bouquet garni. Une fois que le tout brunit, tu ajoutes les coquillages avec un peu de vin blanc et tu fais chauffer à couvert. Quand tous tes fruits de mer sont ouverts, tu les égouttes et c’est le jus que surtout, tu récupères. Tu le fais réduire et tu ajoutes de la crème et du beurre. Beaucoup de crème, il ne faut pas hésiter. Du bouillon de poisson si tu le souhaites. Tu émulsionnes, et tu… »

DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Mula

« La Tour Eiffel. Le Trocadéro. Les Champs Élysées. Le Sacré Cœur au loin. Les Invalides jusqu’à la Pyramide du Louvre et le Palais Royal. Un bout de la place Vendôme aperçu, entre un coin et un autre. Le sommet de la Tour Montparnasse comme le haut d’un cierge qu’on aurait écrasé consciencieusement entre des paumes de mains rendues bien chaudes par la manipulation des galettes de maïs. Oh Maman, ça si, je les ai vus. Je peux dire : « Ça si, je les ai vus » mais je pourrai pas les donner. Je leur dirai : « Je peux pas vous les donner » ou : « J’ai pas pu les leur donner » si on en vient à me questionner. C’est parce que, si tu comprenais, je me noie ou plutôt que je me suis noyé ou plutôt que je vais me noyer ou bien je ne sais pas trop ce qui va se passer même si j’ai une idée plus que précise sur ce qui se prépare là (je touche mon ventre) et ce qui a dû céder durant le vol au dessus de l’océan (je touche mon ventre) et l’étrange impression que j’ai depuis (je touche mon ventre). Mon corps, et bien Oh Maman, il n’en peux plus et il fait de l’eau : c’est un phénomène oh ça si c’est un risque, infime, on m’avait prévenu, Clímaco m’avait mis en garde contre les ruptures. C’est comme si maintenant on m’écrasait la tête dans un étau semblant de chair parce que je suis une éponge depuis Bogotá et que je suis à moitié. À peine descendu, je… »

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PESLIER Anne (extraits) https://revuedissonances.com/peslier-anne-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:37 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3991 DISSONANCES #19 | IDIOT Bec de seau « Je compte les vivants dans un seau au signe de la mariée à l’aile tissée cuire ta femme ronger herbe foin rage ozeau-bas de pâquerettes la bête rougit ta mort bouse de cornette dame dame ton sexe brut amanite tout à l’eau avec les poules crie mais crie au moins…Lire la suite PESLIER Anne (extraits)

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DISSONANCES #19 | IDIOT
Bec de seau

« Je compte les vivants dans un seau au signe de la mariée à l’aile tissée

cuire ta femme ronger herbe foin rage
ozeau-bas de pâquerettes la bête
rougit ta mort bouse de cornette
dame dame ton sexe brut amanite
tout à l’eau avec les poules crie
mais crie au moins de rien
que dans l’étang on couve des enfants

ô le silence de la forêt tient rage de fières ratures
d’affreuse joie il faut des oiseaux bleus
au coeur sanglé avec les yeux
comme si on ne parlait pas à la… »

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DIEMERT Etienne (extraits) https://revuedissonances.com/diemert-etienne-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:37 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3957 DISSONANCES #19 | IDIOT Laisser la langue filer « l’écriture ne recueille pas les significations qu’elle véhicule celles-ci ne se rassemblent ni ne s’ordonnent dans l’espace de la mémoire pas d’empreinte mais passage je ne saisis que bribes bribes de sens, bribes de voix, disparates elles volent au vent ma pensée vole au vent comme les lanières de…Lire la suite DIEMERT Etienne (extraits)

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DISSONANCES #19 | IDIOT
Laisser la langue filer
« l’écriture ne recueille pas les significations qu’elle véhicule
celles-ci ne se rassemblent ni ne s’ordonnent dans l’espace de la mémoire
pas d’empreinte mais passage
je ne saisis que bribes
bribes de sens, bribes de voix, disparates
elles volent au vent
ma pensée vole au vent comme les lanières de tissu filochées au Tibet
l’idéal serait de les nouer en brins pour tisser le texte
mais ça n’arrive pas
je ne me réapproprie pas ce que je lance et disperse au vent
je ne récolte ni ne moissonne
je récupère « rien »
ma pensée est… »

 

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HOLAIND Virginie (extraits) https://revuedissonances.com/holaind-virginie-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:37 +0000 http://revuedissonances.com/?p=960 DISSONANCES #27 | ORGASMES L’appel des appels « L’orgasme, franchement c’est facile. Ça crie un peu dans l’entre-jambes, ça se joue appel des appels. Ben oui, c’est facile. On craint la lutte, l’échauffement, mais on se brûle. On s’écoute, on s’affole. Et puis quoi, l’orgasme, c’est le pain du pauvre. Ça comble les interstices, ça donne de…Lire la suite HOLAIND Virginie (extraits)

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DISSONANCES #27 | ORGASMES
L’appel des appels

« L’orgasme, franchement c’est facile.
Ça crie un peu dans l’entre-jambes, ça se joue appel des appels.
Ben oui, c’est facile.
On craint la lutte, l’échauffement, mais on se brûle.
On s’écoute, on s’affole. Et puis quoi, l’orgasme, c’est le pain du pauvre.
Ça comble les interstices, ça donne de la matière.
C’est le charbon, c’est le papier journal des souffreteux.
Ça vous met à température ambiante.
On le cherche, on le trouve.
On explose.

Et puis un jour.

En silence les attentes et le corps qui s’en fout.
Un jour le corps s’en fout.
L’orgasme, oui, et alors.
L’orgasme et la course. L’éclaboussure, le feu d’… »

DISSONANCES #19 | IDIOT
Le caillou de Brazzaville
« Je sais qu’il sera tué par le mot. On est souvent tué par le mot. Sans s’en rendre compte. Le mot l’a assimilé, il a assimilé le mot. Comme un baume amer, comme une idée effervescente et lui dissout dedans. Je l’ai quitté à cause d’un caillou. Je n’aurais jamais cru. Quitter quelqu’un à cause d’un caillou. Lui m’a quittée pour le caillou. Comme une pierre dans nos reins. Fragiles.

Trop de lumières dans ma tête, sur ma tête. La salive coule. Mon cerveau avec. Bientôt, il ne me restera rien.

Les chaleurs froides quand j’y pense. Ne me laissez plus y penser. Il est tombé sur un caillou, tombé de son vélo. La tête contre un caillou. Sur la route de Brazzaville-plage. C’est idiot. Ça a commencé comme ça. J’ai été la première à le dire.
Le mot.
Depuis, sa bouche de travers, sa joue flasque et son bras mort. Il mâchouille un foulard écossais pour ne pas que la salive coule dans… »

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VASLIN Emmanuel (extraits) https://revuedissonances.com/vaslin-emmanuel-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:36 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4002 DISSONANCES #19 | IDIOT Idiot moi-même « c’est idiot mais je n’arrive presque plus à m’adresser à quelqu’un sans postillonner comme un idiot comme pince-mi qui se rend compte trop tard qu’il n’a jamais appris à nager ou bien quand elle porte cette jupe ultra-mini et qu’elle se hisse sur la crête des pieds je le jure sur…Lire la suite VASLIN Emmanuel (extraits)

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DISSONANCES #19 | IDIOT
Idiot moi-même
« c’est idiot mais je n’arrive presque plus à m’adresser à quelqu’un sans postillonner comme un idiot comme pince-mi qui se rend compte trop tard qu’il n’a jamais appris à nager ou bien quand elle porte cette jupe ultra-mini et qu’elle se hisse sur la crête des pieds je le jure sur la tête de ma mer de ses embruns de ses pointillés mouillés parfois complètement givrés comme les paroles de pantagruel de ces paroles gelées sans bave aucune qui ressemblent à s’y méprendre à des dragées de sucre pétillant quand même perlées de diverses couleurs et qui après avoir été chauffés entre les mains fondent comme neige au point où l’on peut alors les entendre matériellement comme un vrai et long déluge de lignes dans ma chambre qui donnera bientôt sur l’atlantique tu la reverras ta loire me dit-elle sa jupe quand même assez grande pour avoir tout loisir de mirer les grands motifs à fleurs rouges imprimés façon flamenco ou ferme espagnole c’est selon le format portrait ça lui fait une belle jambe quand elle est dressée ainsi sur le lit d’une vision en contre-plongée en apnée je distingue aussi le haut de son bas gouttelettes de salives à la commissure des lèvres encore plus haut oui tu y es presque on imagine déjà en 16/9 des jours ou une nuit éfleurer l’échancrure de sa petite culotte frêle tissu élégant comme un TOD (text on demand) tissé de fourrure légèrement survolé par dessus… »

 

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MAYER-DANTEC Pierre (extraits) https://revuedissonances.com/mayer-dantec-pierre-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:32 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4077 DISSONANCES #18 | ENTRAILLES Chant des entrailles qui plus ne chient « Tandis que d’autres tiennent aux œuvres, où ils se prélassent en jouissant, raclures et croûtes de l’être, qui n’est jamais qu’ego à pattes, et qui veut fleurir les balcons, quelque part en Autriche où tout déjà n’est que sales fleurs moi, ange et faucon de lumière,…Lire la suite MAYER-DANTEC Pierre (extraits)

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DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Chant des entrailles qui plus ne chient

« Tandis que d’autres tiennent aux œuvres, où ils se prélassent en jouissant, raclures et croûtes de l’être, qui n’est jamais qu’ego à pattes, et qui veut fleurir les balcons, quelque part en Autriche où tout déjà n’est que sales fleurs
moi, ange et faucon de lumière,
j’ai juste à dire ceci
qui peut-être ne ressemble à rien
qui est que je n’ai pas de vie
mais une âme prise en traître dans les méandres d’une viande, une viande qui veut tourner au cri, qui se chauffe au soufre et que toute cette civilisation cuit
non je n’ai pas de vie propre
je n’ai là qu’un aigle captif, qui me grignote les entrailles
et que fidèle je nourris
et dont je caresse les serres
car lui seul connaît mes ombres et les tourments de… »

 

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MARCHAND Loïc (extraits) https://revuedissonances.com/marchand-loic-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:31 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4074 DISSONANCES #18 | ENTRAILLES Back inside « À grand peine, je les ai laissées derrière moi. Aussitôt ivre d’une inspiration trop longtemps réfrénée. Quand j’ai pu comprendre ce qu’ils me disaient, des gens m’ont raconté qu’il n’y avait que moi à m’en être sorti. Qu’elles avaient cessé d’exister à la minute où j’en émergeais. J’ai refusé d’y croire.…Lire la suite MARCHAND Loïc (extraits)

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DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Back inside

« À grand peine, je les ai laissées derrière moi.
Aussitôt ivre d’une inspiration trop longtemps réfrénée.
Quand j’ai pu comprendre ce qu’ils me disaient, des gens m’ont raconté qu’il n’y avait que moi à m’en être sorti. Qu’elles avaient cessé d’exister à la minute où j’en émergeais.
J’ai refusé d’y croire. Et l’idée de les explorer à nouveau ne m’a jamais quitté.

Souvenir intact de la moiteur qui y régnait.
De l’étroitesse des boyaux qui s’y entrecroisaient.
J’ai toujours su qu’un moment viendrait où je les retrouverais.
Où j’emprunterais en sens inverse le chemin parcouru cette nuit-là.

Des années ont passé avant que ce projet ait une première chance d’aboutir
J’ai reconnu l’entrée dès que j’ai pu m’en approcher suffisamment pour en discerner les contours.
Mais on m’en a interdit l’… »

 

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VISSAC Guillaume (extraits) https://revuedissonances.com/vissac-guillaume-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:30 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4097 DISSONANCES #18 | ENTRAILLES Rapport d’A « Après l’ouverture du thorax, traquer trace d’épanchement dans la plèvre ou bien / à l’ouverture de l’abdomen, recueillir échantillon de liquide ascytique ou bien / avec le doigt parcourir parois du tube digestif, estimer au toucher dilatation de l’estomac : difficile de retrouver dans les chaos du par coeur le rythme et…Lire la suite VISSAC Guillaume (extraits)

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DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Rapport d’A

« Après l’ouverture du thorax, traquer trace d’épanchement dans la plèvre ou bien / à l’ouverture de l’abdomen, recueillir échantillon de liquide ascytique ou bien / avec le doigt parcourir parois du tube digestif, estimer au toucher dilatation de l’estomac : difficile de retrouver dans les chaos du par coeur le rythme et l’ordre des procédures imposées. Battements cardiaques maintenant éteints depuis quoi, cinq, huit heures ? Ça m’en a tout l’air. Des incisions sont à faire depuis la gorge jusqu’au pubis ou bien découpe dite en Y, deux branches ouvertes traversent le torse depuis les épaules et se rejoignent au sternum, puis ligne descendante jusqu’au nombril, libre choix laissé aux internes pour le choix de la technique. En gardant l’oeil collé sur le manuel, pourrais peut-être tenter l’Y avec un oeil crevé et une main dans le dos, parie que je peux suturer d’une main en moins de quarante minutes ? Facile : déclenche le chronomètre et à vos marques, prêt, parti. Gorge dure sous le scalpel, partir sec sous pomme d’Adam : semblerait (premier indice) qu’il s’agisse d’un homme. Homme ou femme génétiquement modifiée, coton fourré dans la gorge, homicide ou maquillé suicide, comment savoir ?, la lame est là pour voir dedans, alors coupe, coupe, coupe, la vérité est là sous la… »

 

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REYNAUD Michel (extraits) https://revuedissonances.com/reynaud-michel-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:30 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2311 DISSONANCES #37 | IMPUR Descendre les blancs en neige « Désireux de savoir ce que c’était d’être tout à fait blanc, je me suis allongé dans la neige. Contredisant toutes les lois de la physique, c’est moi qui me suis mis à fondre. J’ai bien entendu les appels de ceux qui étaient partis à ma recherche mais…Lire la suite REYNAUD Michel (extraits)

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DISSONANCES #37 | IMPUR
Descendre les blancs en neige
« Désireux de savoir ce que c’était d’être tout à fait blanc, je me suis allongé dans la neige. Contredisant toutes les lois de la physique, c’est moi qui me suis mis à fondre. J’ai bien entendu les appels de ceux qui étaient partis à ma recherche mais mes cordes vocales ayant disparu, comme le reste, je n’ai… »

DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Je vais acheter des allumettes
« Elle s’est absentée, plus longtemps que prévu. Au bout de vingt-cinq ans j’ai compris qu’elle ne reviendrait plus. Oubli ou acte délibéré, elle avait laissé ses lèvres sur l’oreiller. Alors je lui parle, elle me répond. Nous n’évoquons jamais son absence. Parfois je me penche pour l’embrasser. Elle me dit qu’elle est… »

DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Vomissures

« Il a juste suffi d’une contrariété de plus pour que je commence à vomir. J’ai d’abord vomi des glaires, puis du sang, pendant tout un jour. Puis j’ai vomi des os, je ne savais pas que j’en avais autant : radius, cubitus, os iliaque, tarse, métatarse, côtes, vertèbres, rotules et maxillaires m’ont pris du temps.
J’en avais terminé au bout de quelques semaines quand, après une accalmie que je croyais définitive, expectoration brutale : un poisson ! Et alors c’… »

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ROUCHIN Basile (extraits) https://revuedissonances.com/rouchin-basile-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:28 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4088 DISSONANCES #18 | ENTRAILLES Adoravoration « Je vous aimais Et mets vous étiez. Saveur tournée des apparences, Bouffée de désirs, Seins assassinés Sous un ravissant décotellé, Bassin liquidé, Poignets d’amour saisis, Mont Vénus avalé, Aines vomies…. Je vous vouais alors, une dévorante adoration. Proie taillée pour être dépoitraillée, Est-il encore utile de vous… »  

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DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Adoravoration

« Je vous aimais
Et mets vous étiez.

Saveur tournée des apparences,
Bouffée de désirs,
Seins assassinés
Sous un ravissant décotellé,
Bassin liquidé,
Poignets d’amour saisis,
Mont Vénus avalé,
Aines vomies….

Je vous vouais alors, une dévorante adoration.

Proie taillée pour être dépoitraillée,
Est-il encore utile de vous… »

 

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GARCIA Cathy (extraits) https://revuedissonances.com/garcia-cathy-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:27 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4062 DISSONANCES #18 | ENTRAILLES Celle qui manque « Cette nuit j’ai livré dans mes rêves une boule d’excrément sanglant, avec un lambeau de chair resté pendu à mes entrailles. Impossible à retirer sans m’arracher le ventre. J’ai grandi ligotée, bâillonnée sous le joug maternel, avec cette phrase qui résonne toujours et encore « Ne réponds pas ! ». Aussi qu’on veuille…Lire la suite GARCIA Cathy (extraits)

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DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Celle qui manque

« Cette nuit j’ai livré dans mes rêves une boule d’excrément sanglant, avec un lambeau de chair resté pendu à mes entrailles. Impossible à retirer sans m’arracher le ventre.

J’ai grandi ligotée, bâillonnée sous le joug maternel, avec cette phrase qui résonne toujours et encore « Ne réponds pas ! ». Aussi qu’on veuille bien excuser cet irrépressible besoin d’avoir mon mot à dire.

Mon mot. Mon moi. Fille à vocabulaire. Des valises et des valises de vocabulaire. Jaillir, jouir, big bang et le calme après l’extase. Parenthèse pour cracher la mer. Je serai comptine.

Perceptions erronées des chercheurs de phare. Incommunicable tristesse. Être demeurée ainsi coincée, des bouts de moi se disputent des lambeaux de… »

 

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SIAUDEAU Guillaume (extraits) https://revuedissonances.com/siaudeau-guillaume-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:27 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1127 DISSONANCES #26 | ANIMAL(S) Comme des chiens « Nous sommes les cabots du monde, l’éternité nous tient en laisse. Chaque jour apporte sa ration de roustes et de croquettes. Une nuit sur deux nous brosse dans le sens du poil. Nous sommes pleins de puces, pleins de petites déceptions qui vont et viennent entre nos vies. Nous suivons…Lire la suite SIAUDEAU Guillaume (extraits)

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DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
Comme des chiens

« Nous sommes les cabots du monde, l’éternité nous tient en laisse. Chaque jour apporte sa ration de roustes et de croquettes. Une nuit sur deux nous brosse dans le sens du poil. Nous sommes pleins de puces, pleins de petites déceptions qui vont et viennent entre nos vies. Nous suivons les mêmes pistes, flairons les mêmes entourloupes, lapons de temps à autre un peu de quoi tenir. Nous rongeons nos freins, le temps se charge de nos os. L’espoir est un susucre qui se mérite. Parfois les coups de pieds au cul nous permettent d’avancer. Nous sommes fidèles au monde, à sa connerie, à ses promesses, à ses respirations de plus en plus courtes. Nous passons des nuits dehors, à la recherche d’une chaleur, d’une planque, d’une carcasse de rêve contre qui se blottir. Certains de nous ont la rage, ils sont de plus en plus, la bave aux lèvres, à hurler comme des loups. Il faut creuser profond, faire son trou, avant de passer de l’autre côté. Nous marquons nos territoires, montrons les dents dès qu’un ennemi franchit la limite. Il y a belle lurette que nos canines ne servent plus à sourire. Nous crèverons comme des chiens, laissant quelques larmes couler et puis plus rien.… »

DISSONANCES #19 | IDIOT
La bêtise des astres

« Il faut être idiot pour vivre
normalement
convenablement
modérément
alors qu’on pourrait
tout aussi bien devenir
testeur d’escargots
chanteur de symphonies
pour les merles
éventreur de nuages
pilleur de rêves
shampouineur de fougères
chaque jour je me… »

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CASTILLO Ernesto (extraits) https://revuedissonances.com/castillo-ernesto-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:25 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3952 DISSONANCES #19 | IDIOT Après les inventions « ainsi nous avons propulsé nos secrets sur la lune dans l’orbite des satellites après les inventions pour en dire ce que chacun comprenait un chien fidèle notre vie vécue resta près de nous elle nous reconnaissait encore et encore ce qui était à dire était à dire de la sorte…Lire la suite CASTILLO Ernesto (extraits)

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DISSONANCES #19 | IDIOT
Après les inventions
« ainsi nous avons propulsé nos secrets sur la lune
dans l’orbite des satellites après les inventions
pour en dire ce que chacun comprenait un chien fidèle
notre vie vécue resta près de nous elle nous reconnaissait
encore et encore ce qui était à dire était à dire de la sorte
ce qui n’était pas à dire était à dire de la sorte en dernier
nous inventâmes le murmure dans le bruissement de l’éther
pour que là dehors personne ne nous… »

 

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RENOIR Milady (extraits) https://revuedissonances.com/renoir-milady-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:21 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4082 DISSONANCES #18 | ENTRAILLES Mon ventre rose « Je mets ma langue dans ma gorge pour pas que la salive me noie, quand ma bouche s’inonde, je respire mal, je tousse pour faire passer le glaire dans ma glotte, mais le tuyau brûle, je crie pardon à maman, je roule sur mes flancs, j’enfonce le tabouret dans la…Lire la suite RENOIR Milady (extraits)

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DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Mon ventre rose

« Je mets ma langue dans ma gorge pour pas que la salive me noie, quand ma bouche s’inonde, je respire mal, je tousse pour faire passer le glaire dans ma glotte, mais le tuyau brûle, je crie pardon à maman, je roule sur mes flancs, j’enfonce le tabouret dans la baignoire, pas vu, pas pris le miroir, pas cassé le bol, mes gencives mordent ma langue, je veux pas grincer, tape moi, tape moi, tape sur mon nez mais j’ai dit pardon à papa, pour tirer sur mon ventre, j’ai arrêté de rire, il y a longtemps que je ne fais plus haha avec mes poumons, je dis pardon à docteur, mes mains ont froid, mes mains suent de froid, je les essuie sur mes cheveux, ça lisse les mèches, maman tu m’aimes ? papa, ça donne du bon dans mon ventre quand je touche ma bouche, quand je me touche partout, je dis pardon à lili, j’ai touché ses petits seins, ses seins ronds, je cache mes choses, il faut cacher, c’est interdit de montrer, je dis pardon, j’ai dit pardon, je le ferais plus, juré, craché, craché, non, je ne crache pas, interdit de cracher, je le ferais plus mais je l’ai encore fait, je le fais tout le temps dans ma tête, je ne sais pas écouter papa, je dis pardon à docteur, j’ai les coudes sur mes oreilles, pour cacher le bruit qui glisse dans ma tête, je cache tout à l’intérieur, dans les caves, les greniers, les coins, j’enfonce le bruit avec ma peur dans mon cœur, je… »

 

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DEJAEGER Erick (extraits) https://revuedissonances.com/dejaeger-eric-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:20 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4055 DISSONANCES #18 | ENTRAILLES Genèse de la procréation in vacuum « Le premier jour, il m’a prise en friction provoquée puis en énervation humide avant de m’initier à la forme réparatoire en marquage par pression. « Pas mal pour un début ! » m’a-t-il confié. Le deuxième jour, il m’a fait connaître le fenestron encastré, la déférence en système binaire, m’a…Lire la suite DEJAEGER Erick (extraits)

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DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Genèse de la procréation in vacuum

« Le premier jour, il m’a prise en friction provoquée puis en énervation humide avant de m’initier à la forme réparatoire en marquage par pression. « Pas mal pour un début ! » m’a-t-il confié.

Le deuxième jour, il m’a fait connaître le fenestron encastré, la déférence en système binaire, m’a prise en vasard puis en aglyphe. « Bonne élève ! » m’a-t-il soufflé.

Le troisième jour, il m’a fait découvrir le tantale conclaviste, le fémelot en saprophage et la timbale du Michigan. « Bravo ! » a-t-il applaudi.

Le quatrième jour, nous passâmes à la gemmule à quatre roues, au churrigueresque à la Brodsky (un peu douloureux, celui-là) pour terminer par la contre-hermine de Maderno. Il m’a chuchoté à l’oreille que je l’époustouflais.

Le cinquième jour, il a commencé par le… »

 

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YSMAL Catherine (extraits) https://revuedissonances.com/ysmal-catherine-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:20 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3111 DISSONANCES #20 | MAMAN Écho(-graphie)  « Ça la fait rire cette queue gluante, celle qu’il prend à mains pleines, cette colle et ce papier ménager qu’il tend alors qu’il se détourne. Elle aimerait voir son visage, les traits, l’expression, les plis de bouche. Elle aurait vu ses yeux, saisi ce qu’elle porte de doute. Elle regarde le bas…Lire la suite YSMAL Catherine (extraits)

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DISSONANCES #20 | MAMAN
Écho(-graphie) 
« Ça la fait rire cette queue gluante, celle qu’il prend à mains pleines, cette colle et ce papier ménager qu’il tend alors qu’il se détourne. Elle aimerait voir son visage, les traits, l’expression, les plis de bouche. Elle aurait vu ses yeux, saisi ce qu’elle porte de doute. Elle regarde le bas du dos, un numéro sur une chemise, s’arrime au blanc d’une étiquette. Elle fredonne en elle-même :

Pic, poc, plouf

dans cet ordre et inversé, présente au P, d’un autre, de ceux-là, depuis des lunes.

Plic, ploc et toujours plouf.

Je suis de l’eau, pense-t-elle, une mer pleine. Et son vaste séant, la plaine des noyés. Elle s’est vue barque, capitaine au long cours et puis soudain, épave striée rides. Elle écarte les clichés.

(Il allume un écran, éteint la lumière. Elle se plaque à la table.)

Des limbes, elle est corde ; des fibres, de l’épaisseur. Elle la tisse scrupuleusement de… »

DISSONANCES #19 | IDIOT
Alexandre
« Je parle au vent la bouche ouverte, prends les mouches au passage, suce les ailes, recrache, rudoie les bestioles, dissèque les invertébrés. Je passe pour un original, l’hirsute du village, celui du haut de la colline, la maison derrière le talus en pierres jaunes, épaisses, celle qui résiste au loup, cochon pas mangé. La bouche ouverte. Ça a commencé tôt. A la tétée, quelque chose de spécial, la marque dans du lait amer et transparent que je réclame toujours plus, 8, 9 fois par jour jusqu’à ce que je tarisse le sein. J’habite près de Saint-Pétersbourg. Je suis grand, fait de… »

 

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MOUTON Antoine | Berthe pour la nuit https://revuedissonances.com/mouton-antoine-berthe-nuit/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:09 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3942 Regards croisés sur Berthe pour la nuit d’Antoine MOUTON DISSONANCES #19 Christophe ESNAULT : Avec et sans enfant Une femme vit seule dans un village de six mille habitants du sud de la France. Son fils est placé chez une nourrice. Elle ne le voit pas souvent. D’ailleurs elle n’essaie pas vraiment, ne le peut pas : « Tu…Lire la suite MOUTON Antoine | Berthe pour la nuit

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Regards croisés sur Berthe pour la nuit d’Antoine MOUTON
DISSONANCES #19

Christophe ESNAULT :
Avec et sans enfant
Une femme vit seule dans un village de six mille habitants du sud de la France. Son fils est placé chez une nourrice. Elle ne le voit pas souvent. D’ailleurs elle n’essaie pas vraiment, ne le peut pas : « Tu voudrais que ton enfant t’aime et t’oublie. Lui donner une caresse un jour, et le lendemain ne plus penser à lui ». À l’ANPE, pour avoir la paix, elle raconte que son père s’est suicidé. Toujours elle manque d’argent, de volonté. Certaines actions semblent l’écraser. Antoine Mouton nous brosse là un portrait de mère « défaillante » et on pense à Falaises d’Olivier Adam, à l’univers de Raymond Carver ou encore à Bord de mer de Véronique Olmi. Mais dans cette histoire, l’enfant est séparé de sa mère, protégé, nourri, logé, blanchi par une autre, pendant que la Berthe d’une nuit part pour la mer aux côtés de trois garçons, de la défonce plein les poches. Pour être mère, Berthe n’en demeure pas moins paumée, écorchée : « Parfois de penser à ton fils te fait rire. Parfois il te donne envie de mourir ». Son errance l’emmène en des hasards où elle va sans doute redoubler de tristesse et de rage. La société la pointe comme irresponsable. Elle n’est pas sympathique : ce sont la plume d’Antoine Mouton, les comportements saugrenus de sa Berthe, sa moquerie devant le danger et sa personnalité labile qui donnent toute sa force à ce roman très court. Sans un mot de trop.

Jean-Marc FLAPP :
Berthe pour la vie
La petite héroïne de Berthe pour la nuit ne s’appelle pas Berthe et n’est pas héroïque. Elle est mère d’un enfant qui est très important bien qu’elle le voie peu car l’enfant est placé – ce qui l’arrange autant que ça la démolit. C’est une gamine paumée dans un monde d’adultes qui la cerne et l’oppresse et toujours la ramène à l’adulte qu’elle est sans qu’elle puisse s’y faire et trouver une place : tout l’agresse et la blesse. Alors elle bricole et elle ment tout le temps. Elle se ment aussi. Rebelle et indolente, elle ne sait s’entourer que de largués comme elle survivant dans la marge où notre société les tient sous perfusion, elle se laisse porter par les événements et se fait son ciné, elle se met en danger et semble ne rien craindre, ou très furtivement : elle mène sa galère avec détachement en comptant sur sa chance d’abonnée à la mouise que la vie n’a pas pu encore laminer et c’est tellement vibrant qu’on aimerait l’aider mais elle est habituée à se débrouiller seule et, partant, nous emmerde, et c’est très bien ainsi. Elle n’est qu’un personnage ? Bien sûr, mais elle est vraie : elle emplit chaque page, s’incarnant par la voix qui lui parle et qu’on lit, voix de très haute tension, de rare densité, phrases hyperconcentrées – bombes émotionnelles – qui la peignent du dedans, claquent sur le papier et, s’empilant, la créent. Berthe est là, elle vit : c’est très beau, ça suffit.

Côme FREDAIGUE :
Berthe sait tout de la vie sans jamais y avoir mis les pieds
Je n’ai rien contre les paumées mais il y a des limites. Cette Berthe, je dois le reconnaître, m’agace au plus au point. Tout pourtant m’incite à compatir : la narration à la deuxième personne, le pathos, la syntaxe morcelée, autant d’indices signalant qu’on a affaire à une fille qui va pas bien. Seulement voilà, je dois être insensible, parce que moi, Berthe, j’ai surtout envie de lui foutre mon pied au cul. D’abord parce qu’elle a une fâcheuse tendance à moraliser à tout va, jugeant ses contemporains – tous des minables – à l’aune des ses grands rêves creux et de ses incapacités. Ensuite parce que son lyrisme-désenchanté-revenu-de-tout sonne terriblement faux : « Personne ici ne perçoit mieux que toi le monde et la façon dont il est régi », énoncé quelque peu péremptoire de la part d’un personnage qui passe son temps à fuir la réalité ! Enfin, malgré les efforts de l’auteur pour conférer à son héroïne quelque grandeur, en dépit de son « regard de divinité déçue » et autres grandiloquences, Berthe s’avère bête et factice : la déesse déchue avec son nihilisme de pacotille triche bien plus que tous les ratés qu’elle croise et le roman repose sur un sophisme misérabiliste qui voudrait fournir une excuse à la vacuité sous prétexte que la vie n’est pas un conte de fée. Berthe n’est pas une abîmée de l’existence, c’est elle qui l’abîme. Un récit moins complaisant l’eût peut-être montré.

Ariane MOLKHOU :
Es-tu prêt à prendre l’entière responsabilité dans le cas d’un arrêt cardiaque ?
Non, bien sûr que non. Pas même pour un morceau de sucre. Alors toi, Berthe qui rime avec perte, n’y pense même pas, ne pense pas que quelqu’un pourrait penser à toi. Donne-moi l’argent, plus vite, donne-moi tout ce que tu as et sois certaine que je ne t’aimerai pas. Ta vie appelle le refus. Si je te cherche, tu n’existes pas. Ton enfant n’existe pas. Ton enfant c’est pire que l’usine. Je te baise pire qu’à l’usine. Une femme comme toi, faudrait la faire mourir le jour de son inscription à Pôle emploi. Au mieux une ligne dans le journal. Me sentir responsable de ta mort ? C’est une plaisanterie ? Tu es folle, irresponsable, inadaptée, de travers, et moi la Société j’ai la bouche grande ouverte pour te dire de te taire. Tu peux compter tes pas, tu ne comptes pas : tout est bon à prendre, tout est bon sauf toi. Tire-toi de là. C’est tellement surprenant qu’on écrive sur toi. Que reste-t-il ? Du feu. De la haine. Du dégoût. C’est ce que j’éprouve pour toi. Je te condamne absolument, te condamne à ne pas être. Es-tu seulement digne ? Es-tu seulement capable de cracher ? Tes yeux ont-ils à voir ? T’enfuir ? Où ça ? Crache. Dis « bouton d’or » une fois dans ta vie, soit capable de ça, bouge le moins possible puisque rien n’existe que ton absence. Cet enfant pire que l’usine, pas même tu ne l’aimes. Du feu alors ? Oui, Berthe, du feu : que brûle la vérité.

éd. La Dragonne, 2008
80 pages
13,50 euros

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KARKOSZKA Sébastien (extraits) https://revuedissonances.com/karkoszka-sebastien-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:08 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3959 DISSONANCES #19 | IDIOT « Que dire de toi ? » « Que dire de toi ? Tu n’es pas celui qui regarde le monde. Tu as anticipé une façon de vivre. Le goût des baies t’est étranger. Tu considères les éclats comme des notions. Un ruissellement s’opère. Il n’est pas ici question de le contrer. Est-ce la force de l’Homme de…Lire la suite KARKOSZKA Sébastien (extraits)

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DISSONANCES #19 | IDIOT
« Que dire de toi ? »
« Que dire de toi ? Tu n’es pas celui qui regarde le monde. Tu as anticipé une façon de vivre. Le goût des baies t’est étranger. Tu considères les éclats comme des notions. Un ruissellement s’opère. Il n’est pas ici question de le contrer. Est-ce la force de l’Homme de toujours vouloir barrer la route à l’évidence ? Une rigidité quant à la façon d’entendre et voir. Tu t’inscris dans des créneaux. Nous y sommes tous. Mais tu les as inventés. Regarde ce que ton ambition fera de nous. Obsession du passage ? Goulûment mais sans égards. L’éternité n’appartient qu’à toi si tu arrives à capter les instants. Tu penses que cette pierre est morte, elle ? Le carbone est ton destin. Remplis tes cellules d’autres molécules que celles de ta carapace. Tu prétends former des cristaux, pourtant. Tu sautes d’une rigidité à une autre, tu penses pouvoir tout avaler. Tu ne veux que ça, c’est ta vision du savoir-vivre. Tu es stressé, tu te braques, tu espères, tu dévales. Tu te purifies puis tu te mords la queue. C’est ta vision de l’existence qui est triste. Ce n’est pas toi, tellement. Tes efforts sont remarquables pourtant. Quand tu veux. Tu leur fait du mal. Tu forces un peu. Tu te dis ouvert, parce que tu collectionne les ouvertures. Tes sourires ne… »

 

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MARTINELLI Michelle (extraits) https://revuedissonances.com/martinelli-michelle-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:07 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3983 DISSONANCES #19 | IDIOT Chups « La circulation est bloquée et lui, Marco, il essaie de pas s’endormir. L’air chaud l’écœure. Ça lui a paru agréable pourtant au départ, la vapeur tiède de la ventilation. Depuis deux jours, la pluie détrempe le chantier. Ils ont tendu une bâche au-dessus du feu, bricolé une tranchée autour. L’Algeco et les…Lire la suite MARTINELLI Michelle (extraits)

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DISSONANCES #19 | IDIOT
Chups
« La circulation est bloquée et lui, Marco, il essaie de pas s’endormir. L’air chaud l’écœure. Ça lui a paru agréable pourtant au départ, la vapeur tiède de la ventilation. Depuis deux jours, la pluie détrempe le chantier. Ils ont tendu une bâche au-dessus du feu, bricolé une tranchée autour. L’Algeco et les chiottes de chantier ne sont jamais arrivés. Dire quoi ? Les trois-quarts des gars parlent à peine le français. Le matin, le camion les ramasse devant Bricomarché. A la fin de la journée, des billets passent d’une main l’autre. Pas de quoi créer une internationale des travailleurs. Marco s’étire, ferme le chauffage et allume la radio : « Angie, where will it lead us from here… ». Il a embrassé sa première fille sur cette chanson. Une petite gueule de rat et une veste péruvienne, comme celle de Starsky. Il coupe la radio juste avant la pub, essuie la buée sur la vitre.

Devant la résidence des Alouettes, un type marche. Chups. Marco le reconnaît à sa démarche d’ours et à son sac à dos vert. « Chups », c’est à cause des sucettes qu’il roulait d’une joue l’autre à longueur de journée, Chups et ses sucettes en haut de la grue, et eux en… »

 

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SOBRAL Silvio (extraits) https://revuedissonances.com/sobral-silvio-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:06 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4092 DISSONANCES #18 | ENTRAILLES Chiarogne « Dans la saison paludéenne la crête est tatouée de signes. L’affectueuse chimie s’affaire au milieu d’une choralie d’insectes, quand le crâne torréfié du soleil, barque d’os, reluit d’un élan sauvage. Les poumons arrachés s’étalent sur le pré, bouches béantes qui ne respirent plus. Déjà les grands fauves ont traversé le jour, esquif…Lire la suite SOBRAL Silvio (extraits)

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DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Chiarogne

« Dans la saison paludéenne
la crête est tatouée de signes.
L’affectueuse chimie s’affaire au milieu
d’une choralie d’insectes,
quand le crâne torréfié du soleil,
barque d’os,
reluit d’un élan sauvage.
Les poumons arrachés
s’étalent sur le pré,
bouches béantes qui ne respirent plus.

Déjà les grands fauves ont traversé le jour,
esquif fourmillant,
tesson halluciné.
La horde guette
entre troncs et… »

 

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LE BAIL Elodie https://revuedissonances.com/le-bail-elodie/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:06 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4070 DISSONANCES #18 | ENTRAILLES Les fruits gâtés de vos « Je vous salue Marie On en est sortis. En même temps, on est les seuls à y avoir séjourné, on est donc les seuls, Habilités à en dépeindre la noirceur, Les odeurs fortes de sardines à, L’huile, De friture, La douceur des clapotis viticoles Et l’indigeste barbarie verdâtre.…Lire la suite LE BAIL Elodie

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DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Les fruits gâtés de vos

« Je vous salue Marie
On en est sortis. En même temps, on est les seuls à y avoir séjourné, on est donc les seuls,
Habilités à en dépeindre la noirceur,
Les odeurs fortes de sardines à,
L’huile,
De friture,
La douceur des clapotis viticoles
Et l’indigeste barbarie verdâtre.
Elle se nomme
Marie.

Pleine de grâce

Si on ressemble à rien,
C’est avant tout parce qu’… »

 

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LAVY Cendres (extraits) https://revuedissonances.com/lavy-cendres-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:05 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4067 DISSONANCES #18 | ENTRAILLES Mes abats « Je fais le tour de mes abats. Un sang d’encre court, flamboyant de coquelicots, de fard couperosé, de corail poisseux et de gueules hurlantes ouvertes comme autant de vulves. La bouche est rouge, invaginante. Tout le corps est reçu, replié, retourné sur lui-même comme un organe creux, comme le doigt d’un…Lire la suite LAVY Cendres (extraits)

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DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Mes abats

« Je fais le tour de mes abats. Un sang d’encre court, flamboyant de coquelicots, de fard couperosé, de corail poisseux et de gueules hurlantes ouvertes comme autant de vulves. La bouche est rouge, invaginante. Tout le corps est reçu, replié, retourné sur lui-même comme un organe creux, comme le doigt d’un gant. Coutures, balafres, piqûres montées en contrepoint. On m’a dressée à vivre devant un miroir, braquée devant la toison polie de mes oripeaux. Et je plane viscéralement sur leur dépouille. Epouvantail nimbé de semences qui se cabrent au montage, je taille sur mes flancs autant de plis intestins, de… »

 

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MALTAVERNE Patrice (extraits) https://revuedissonances.com/maltaverne-patrice-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:02 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1589 DISSONANCES #35 | LA HONTE Cancer « Cette fille que tu n’aimais pas vraiment est tombée malade. Une vraie maladie à en perdre les cheveux. Cette fille à qui tu as rendu visite sur un coup de tête alors qu’elle ne se sentait pas très bien et que tu n’as plus jamais voulu revoir. Elle s’en est sortie…Lire la suite MALTAVERNE Patrice (extraits)

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DISSONANCES #35 | LA HONTE
Cancer
« Cette fille que tu n’aimais pas vraiment est tombée malade. Une vraie maladie à en perdre les cheveux.

Cette fille à qui tu as rendu visite sur un coup de tête alors qu’elle ne se sentait pas très bien et que tu n’as plus jamais voulu revoir.

Elle s’en est sortie sans ton cœur qui ne battait pas droit pour elle. Et tu t’en veux de lui avoir raconté un mensonge auquel elle n’a jamais cru.

Désormais il ne reste plus que toi et ta… »

DISSONANCES #33 | FUIR
1979
« L’image de l’auto qui devait nous emporter me sembla soudain trop pitoyable.
Ces gens se tenaient debout dans l’habitacle d’une vieille carcasse et je me demandais pourquoi ils ne pouvaient pas passer les pieds à travers le bas de caisse afin de paraître plus ridicules encore.
Cette forme grossière de soucoupe volante en plein jour devait s’appliquer à nous ramener au bercail.
Cette forme tant attendue à faire peur. Finalement n’apparut pas au sortir de son virage ascendant.
Alors l’instant vint de me dire qu’il existait un moyen de s’en extraire. Du pot d’échappement qui terminait l’engin. Et de la mère peu gracieuse qui vociférait à l’intérieur. N’est-ce pas ?
Car les yeux tournaient très vite et se disaient que sans doute de nouvelles routes s’ouvriraient derrière les murs des propriétés voisines dérobant leurs chiens méchants à un faible regard. Que l’air même existait au-dessus de la portée de crocs des murs mitoyens.
Car tous les murs sont mitoyens qui nous ramènent à l’enfance.
Et les rayons de lucidité qui transpercent l’œil deviennent vite des… »

DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
Décalcomanie
55 - décalcomanie - 2500

DISSONANCES #19 | IDIOT
« Que dire de toi ? »
Il marche comme un automate avec ses nouvelles piles
Dans cette ville dont les désirs l’éclaboussent
Immergés sous les plaques tournantes des vitrines
Ou planqués comme la drogue sous une tôle
Toute la journée il y revient attiré par ce centre absolu

Il sourit d’un petit héritage
Dont il n’a jamais touché que le quart
Il doit avoir un magot caché derrière son expression
Ou bien alors cette fente de malade
Tire sa substance d’un dieu perdu dans le ciel

Il n’a jamais longtemps quitté son bistrot
Donc le football se compose de gars qui courent et lui
Immobile s’en sert comme d’un… »

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DISSONANCES #18 ENTRAILLES https://revuedissonances.com/dissonances-18-entrailles/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:01 +0000 http://revuedissonances.com/?p=4025 mai 2010 / 32 pages / 3 euros mise en images : Erick MASSÉ – ÉDITO : LA TRIPE, C’EST CHIC On peut faire les malins avec nos grosses cervelles et nos bonnes manières, on en est tous sortis, petits, fripés, hurlants, êtres de chair, matière, fruits d’entrailles sanglants et entrailles nous-mêmes irrémédiablement. On s’y était sentis bien : logés au…Lire la suite DISSONANCES #18 ENTRAILLES

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mai 201032 pages / 3 euros
mise en images : Erick MASSÉ

ÉDITO : LA TRIPE, C’EST CHIC

On peut faire les malins avec nos grosses cervelles et nos bonnes manières, on en est tous sortis, petits, fripés, hurlants, êtres de chair, matière, fruits d’entrailles sanglants et entrailles nous-mêmes irrémédiablement. On s’y était sentis bien : logés au chaud, flottant, stupides et innocents sous perfusion copieuse on y avait germé puis forci et grandi ; attentives, enveloppantes, elles s’étaient distendues et nous avaient nourris tout ce qu’il avait fallu pour, sans nous avertir, nous expulser soudain et, en contrepartie des services rendus, nous condamner dès lors à devoir composer sans cesse avec les nôtres – leurs clones, nos dedans – qu’il faudrait contenter quasi à chaque instant sous peine de les faire se nouer ou s’agiter, d’en souffrir tout de suite et très concrètement, de se mettre en danger : nous serions désormais esclaves de nos tripes. Car, comme les dieux anciens, celles-ci sont capricieuses, puissantes et sans pitié. Elles exigent comme eux de constants sacrifices et se rappellent durement à qui les négligerait. Dissonances 18 au contraire s’en empare, s’en pare et les célèbre, gonflé à trente-deux pages où vingt-et-un auteurs se sont ouverts en grand pour déballer les leurs.

Jean-Marc FLAPP

DOSSIER « CRÉATION » : ENTRAILLES

Marc BONETTO : Prise de pouvoir
« Ma femme n’a pas de cœur. De l’œsophage à l’utérus, le pancréas occupe toute la place. Il n’en fut pas toujours ainsi, l’hypertrophie vint peu à peu, le pancréas, persuadant les autres organes de lui céder un peu, puis beaucoup d’espace contre… »

Yan DALL’AGLIO : Petit précis de l’entraille
« L’entraille ne se met point au singulier. Que penser d’une entraille esseulée, mélancolique, qui boudine à part ? L’entraille doit être collective, plurielle, spaghettonique, pour que la vengeance, la colère, les passions obscures soient d’… »

Érick DEJAEGER : Genèse de la procréation in vacuum
« Le premier jour, il m’a prise en friction provoquée puis en énervation humide avant de m’initier à la forme réparatoire en marquage par pression. « Pas mal pour un début ! » m’a-t-il confié. Le deuxième jour, il m’a fait connaître le… »

Tristan FELIX : L’entaille de Pierre
« Sous la chemise de haire, un picotis de saillies sanguine dessinait entre des pans de peau laissées inermes par l’usure de la chèvre, une guipure secrète dont le pénitent filait en rêve l’entrelacs, en offrande à une Vierge qui, rognée par huit… »

Jean-Marc FLAPP : Ventre à terre
« Une nausée odieuse m’évacue du sommeil. J’aimerais replonger dans le rien où j’étais mais ma tripe est en transe et se tord méchamment d’où je me dis que si j’attends je vais me vomir dessus puis la vision sinistre de mes draps maculés finit de… »

Lionel FONDEVILLE : Problème majeur
« Tu ne crois tout de même pas que je vais mettre mon doigt là-dedans, non ? T’es cinglée ou quoi ? Ni mon doigt, ni rien d’autre ! Tu me prends pour qui ? Mais justement, c’est bien parce que je suis ton ami qu’il est hors de question que je fasse un… »

Cathy GARCIA : Celle qui manque
« Cette nuit j’ai livré dans mes rêves une boule d’excrément sanglant, avec un lambeau de chair resté pendu à mes entrailles. Impossible à retirer sans m’arracher le ventre. J’ai grandi ligotée, bâillonnée sous le joug maternel, avec cette… »

Alain GIORGETTI : Dernier mouvement
« Il a mal. Plusieurs jours maintenant. Pensait pas que ça irait si loin. Au début pensait juste attendre un peu c’est tout. Se disait qu’il pourrait y aller plus tard. Quand ferait nuit. Quand plus personne pour voir ou entendre. Savait pas qu’… »

Cendres LAVY : Mes abats
« Je fais le tour de mes abats. Un sang d’encre court, flamboyant de coquelicots, de fard couperosé, de corail poisseux et de gueules hurlantes ouvertes comme autant de vulves. La bouche est rouge, invaginante. Tout le corps est reçu, replié, retourné sur… »

Élodie LE BAIL : Les fruits gâtés de vos
« Je vous salue Marie
On en est sortis. En même temps, on est les seuls à y avoir séjourné, on est donc les seuls,
Habilités à en dépeindre la… »

Alban LÉCUYER : Biographie de la pudeur
« Alors ça fait quoi de se retrouver sur l’étal ? Fouillée sans retenue, perquisitionnée par des doigts, des tas de doigts, un genre de morceau qu’on examine sous toutes les coutures ?
Non, les coutures ce sera pour plus tard, quand il faudra… »

Loïc MARCHAND : Back inside
« À grand peine, je les ai laissées derrière moi.
Aussitôt ivre d’une inspiration trop longtemps réfrénée.
Quand j’ai pu comprendre ce qu’ils me disaient, des… »

Pierre MAYER-DANTEC  : Chant des entrailles qui plus ne chient
« Tandis que d’autres tiennent aux œuvres, où ils se prélassent en jouissant, raclures et croûtes de l’être, qui n’est jamais qu’ego à pattes, et qui veut fleurir les balcons, quelque part en Autriche où tout déjà n’est que sales fleurs, moi, ange et… »

Alban ORSINI : Mula
« La Tour Eiffel. Le Trocadéro. Les Champs Élysées. Le Sacré Cœur au loin. Les Invalides jusqu’à la Pyramide du Louvre et le Palais Royal. Un bout de la place Vendôme aperçu, entre un coin et un autre. Le sommet de la Tour Montparnasse comme… »

Milady RENOIR : Mon ventre rose
« Je mets ma langue dans ma gorge pour pas que la salive me noie, quand ma bouche s’inonde, je respire mal, je tousse pour faire passer le glaire dans ma glotte, mais le tuyau brûle, je crie pardon à maman, je roule sur mes flancs, j’… »

Michel REYNAUD : Vomissures
« Il a juste suffi d’une contrariété de plus pour que je commence à vomir. J’ai d’abord vomi des glaires, puis du sang, pendant tout un jour. Puis j’ai vomi des os, je ne savais pas que j’en avais autant : radius, cubitus, os iliaque, tarse… »

Basile ROUCHIN  : Adoravoration
« Je vous aimais
Et mets vous étiez.
Saveur tournée des… »

Silvio SOBRAL  : Chiarogne
« Dans la saison paludéenne
la crête est tatouée de signes.
L’affectueuse chimie s’… »

Marlène TISSOT : Détricoter mes entrailles
« J’ai pris l’aiguille à tricoter et je suis allée m’enfermer dans la salle de bain. Au planning familial, il n’y avait pas de pochette surprise avec la solution à mon problème. Fallait venir avant mon petit, m’a dit la grosse dame. Son regard triste, perdu très… »

Rodrigue VÉRON : Nothing Important Happened Today
« Elle se mit à cheval sur lui et frotta son sexe contre le sien, lentement. Ils n’avaient échangé aucune parole depuis leur sortie du bar – tous deux savaient comment cette nuit devait s’achever. Il voulut reprendre le contrôle, mais elle saisit ses… »

Guillaume VISSAC  : Rapport d’A
« Après l’ouverture du thorax, traquer trace d’épanchement dans la plèvre ou bien / à l’ouverture de l’abdomen, recueillir échantillon de liquide ascytique ou bien / avec le doigt parcourir parois du tube digestif, estimer au toucher dilatation de… »

IMAGES : Erick MASSÉ

RUBRIQUES « CRITIQUE »

QUESTIONS À (21 questions à un.e auteur.e connu.e) :
Hubert HADDAD

« Où vous êtes-vous senti le mieux ?
Au bord de la mer toujours, j’y suis né. Pour moi qui ai manqué passer par la fenêtre d’un quatrième étage à l’appel des sirènes, la mer est une merveilleuse… »

REGARDS CROISÉS (4 regards sur une oeuvre remarquable)  :
Jérôme (Jean-Pierre MARTINET)
« J’ai avalé Jérôme. Je pèse 240 kilos. La digestion entraîne hallucinations, douleur et extase. L’intoxication de juillet dernier qui m’avait valu, au retour d’une journée de concerts aux Frigos à Paris, une semaine de délire et de vidange dans la... »

FENÊTRE SUR (carte blanche à une revue ou un éditeur)  :
HERMAPHRODITE

« En mars 2003, les éditions Hermaphrodite ont été créées dans la continuité de la revue avec la publication de Viva la merda ! , somptueux road movie scatologique et premier roman du musicien, vidéaste et performer Jean-Louis Costes. À… »

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SCHOENER Nicolas (extraits) https://revuedissonances.com/schoener-nicolas-extraits/ Wed, 18 Mar 2020 12:00:00 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3996 DISSONANCES #19 | IDIOT La bêtise des astres « Le singe occidental Danse à pieds joints sur les parquets Sa vie est une orgie de sexe oral Il piétine et trépigne et… »

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DISSONANCES #19 | IDIOT
La bêtise des astres

« Le singe occidental
Danse à pieds joints sur les parquets
Sa vie est une orgie de sexe oral
Il piétine et trépigne et… »

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VINCENT (extraits) https://revuedissonances.com/vincent-extraits/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:52 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3743 DISSONANCES #37 | IMPUR Deux nuits de plus à jouir dans la bouche de Dieu « Alors tu vois je suis encore à un comptoir dans la nuit avec la rage et le désir fou de me détruire dans les tripes, je suis ivre et il y a cette pute, je veux dire une vraie pute, une…Lire la suite VINCENT (extraits)

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DISSONANCES #37 | IMPUR
Deux nuits de plus à jouir dans la bouche de Dieu
« Alors tu vois je suis encore à un comptoir dans la nuit avec la rage et le désir fou de me détruire dans les tripes, je suis ivre et il y a cette pute, je veux dire une vraie pute, une qui tapine à un coin de rue et prend de l’argent pour tailler des pipes et ramasser dans son cul, elle et moi on se connaît depuis un moment, on se croise à bien des comptoirs et on s’aime bien, peut-être en partie parce qu’on n’a jamais baisé et qu’elle ne m’a jamais demandé d’argent pour le faire, le fric tue les rapports humains, et elle m’embrasse sur la bouche plein de fois et elle me dit « voilà j’ai 46 ans et j’ai 6 enfants » et je songe que c’est une de ces femmes à la Bukowski, tu sais, une héroïne déchirée et cassée en dedans avec des jambes superbes, elle a ce truc dans le regard qui dit la misère des destins et la folie qu’il faut à certains d’entre nous pour tenir debout dans la tempête et arrive ce moment où chacun dit qu’il veut dominer si on doit tirer un coup et pour me tester elle me fait « mets-moi une fessée » et j’en lâche une sur son cul que je juge correcte, là comme ça, au comptoir et elle éclate de rire et elle me lance « ça c’est rien, tu tapes pas, c’est pas une fessée, recommence » et j’en pose une autre plus forte et… »

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PELATAN Irma | L’odeur de chlore https://revuedissonances.com/pelatan-irma-lodeur-de-chlore/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:51 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3808 Coup-de-cœur de Sophie WESTENDORP pour L’odeur de chlore d’Irma PELATAN DISSONANCES #37 En 1945, Le Corbusier invente le Modulor, une norme architecturale basée sur les mensurations du corps humain et censée assurer à chacun un confort optimal. Seul problème : le morphotype de base correspond à une silhouette masculine athlétique mesurant 1,83 mètre. Plusieurs projets naîtront de ce nouveau…Lire la suite PELATAN Irma | L’odeur de chlore

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Coup-de-cœur de Sophie WESTENDORP pour L’odeur de chlore d’Irma PELATAN
DISSONANCES #37

En 1945, Le Corbusier invente le Modulor, une norme architecturale basée sur les mensurations du corps humain et censée assurer à chacun un confort optimal. Seul problème : le morphotype de base correspond à une silhouette masculine athlétique mesurant 1,83 mètre. Plusieurs projets naîtront de ce nouveau nombre d’or, dont l’unité d’habitation de Firminy. De ses 4 à ses 18 ans, la narratrice y enchaîne les longueurs dans la moiteur chlorée de « la piscine du Corbu ». Enveloppantes, maternelles, les lignes courbes du bâtiment sont les limites de son univers. Mais elle peine à y trouver l’harmonie et le confort promis. «  L’idée est si belle. Le nombril à 113 cm du sol. Le corps de l’homme comme base du standard, de la norme. Tout dans la piscine est calculé comme ça : le banc du collectif à 43,2 cm du sol, c’est-à-dire la section du tibia idéal. […] Mais je me souviens de mes jambes trop courtes qui battaient l’air au lieu de toucher le sol  ». Son corps change, s’étire, s’arrondit au fil des années sans se rapprocher pour autant du standard requis. En quelques chapitres haletants comme des longueurs de crawl, en quelques pages blanches où l’on reprend son souffle, Irma Pelatan nous raconte comment dans cette matrice standardisée en béton est née sa liberté, son refus de la norme mortifère. « On te dit « va à la piscine » et tu nages, tu es un bon usager, tu fais fonctionner la machine à habiter. Tu te soumets, te construis, tu acceptes le récit qu’on te fait, cet ordre du monde. » Même le meilleur des architectes n’y peut rien : la piscine ne sera jamais qu’une folle promesse de mer.

éd. La Contre Allée, 2019
80 pages
13 €

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THIERY Lola (extraits) https://revuedissonances.com/thiery-lola-extraits/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:50 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3570 DISSONANCES #37 | IMPUR Le parfum de la crasse « Il y a mon visage, il y a la fenêtre. Il y a l’extérieur. Non. Ce n’est pas tout à fait ça, ce n’est pas tout à fait cette image. Il y a l’extérieur. Il y a mon visage. Une partie seulement. Il y a une partie…Lire la suite THIERY Lola (extraits)

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DISSONANCES #37 | IMPUR
Le parfum de la crasse
« Il y a mon visage, il y a la fenêtre. Il y a l’extérieur.
Non.
Ce n’est pas tout à fait ça, ce n’est pas tout à fait cette image.
Il y a l’extérieur. Il y a mon visage. Une partie seulement. Il y a une partie de mon visage, mais il n’y a pas de fenêtre, c’est autre chose. Une partie du visage seulement, mes tempes.
Quand la fenêtre est fermée, ça n’en n’est plus une.
Une fenêtre je l’imagine ouverte – ouverte sur un ciel bleu, parfois un ciel orageux, gris, orangé, la terre est sèche, les volets claquent – une fenêtre ne peut être fermée. Une fenêtre laisse communiquer l’intérieur et l’extérieur. Dans cette image, ils ne communiquent pas, ils ne doivent pas communiquer.
La fenêtre ne fonctionne pas.
Mes tempes me démangent.
Cela ne fonctionne pas. Qui plus est, ce n’est pas une fenêtre puisque les… »

DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
Mange tes pâtes

« Tout ce que je vis est inspiré de faits réels.
Aujourd’hui je ne m’amuse pas.
J’ai la greffe du délire au corps et je bois un thé boisé, épicé, charpenté.
Un Mokalbari Golden Tips par exemple, aux parfums fragmentés.
Je délire. Tandis que les vérités ont autant de notes de tête, de cœur ou de fond, qu’il y a de fractales sur une fougère, la réalité elle, n’ a qu’une tonalité. Son chant tresse chaque mensonge éhonté.
Comment puis-je tirer ma langue aux vieux quand mon sourire se contracte sous le poids des faits réels. Le réel médiocre et décevant. Le mokalbari golden Tips qui n’a pas l’effet réel du café. La saveur est trompeuse et la vapeur d’eau tapisse mes parois nasales d’un simulacre vaniteux. Petit à petit, j’enduis mes gencives d’amertume. Ma salive est acariâtre. Les arômes ont le goût d’un mauvais baiser.
Au rayonnage thé du supermarché, la chorale des… »

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DISSONANCES #37 IMPUR https://revuedissonances.com/dissonances-37-impur/ https://revuedissonances.com/dissonances-37-impur/#comments Sat, 05 Oct 2019 11:00:49 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3718 octobre 2019 / 48 pages / 5 euros mise en images : Corinne LE LEPVRIER – ÉDITO : PERCER L’ABCÈS En ces jours où l’Aseptisation du quotidien est gage d’approbation générale, ne crains plus, ami lecteur, d’ingérer le virus de la romance. C’est de cet écart entre notre idéal et l’expérience effective de la vie que jaillit l’impur. Impur : le…Lire la suite DISSONANCES #37 IMPUR

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octobre 201948 pages / 5 euros
mise en images : Corinne LE LEPVRIER

ÉDITO : PERCER L’ABCÈS

En ces jours où l’Aseptisation du quotidien est gage d’approbation générale, ne crains plus, ami lecteur, d’ingérer le virus de la romance. C’est de cet écart entre notre idéal et l’expérience effective de la vie que jaillit l’impur. Impur : le souffle ardent du Conquistador qui déflore l’air vif d’une île vierge. Ce qu’on est, notre façon d’aimer, de vivre : cet abcès qu’évoque Artaud dans Le théâtre et la peste, qu’il faut percer afin d’Œuvrer à sa purification, et par lequel tout finit toujours par filtrer ainsi que dans la Grande Distillerie Existentielle. Impures : nos imperfections qui fleurissent face au bleu du ciel. Ces beuveries fornicatoires où batifolent les aberrations de cette Dimension en furie. Notre baroud d’honneur contre la Peste – ou toute autre forme de corruption ou de pourriture – expliquait Artaud en substance, est une crise cathartique après laquelle il ne reste rien que la mort ou qu’une extrême purification. Les collages de Corinne Le Lepvrier et les textes qu’ils mettent en lumière tentent de répondre – toujours avec éclat – à cet état de fait. Aussi c’est bien tout ça, ami lecteur, que tu y découvriras : ce sentiment d’exacerbation, à la fois désir fou et effroi vivificateur, cette souffrance sans fond qu’une abracadabrante soif de vivre persiste pourtant toujours à nourrir… Alors goûte vite à ce #37 : c’est pour toi une fieffée opportunité d’enfin sublimer le caractère impur de ta condition – sans prétention aucune, bien sûr.

Romain PARIS

DOSSIER « CRÉATION » : IMPUR

Luna BERETTA  : Chair avariée
« Il y a ces putains de flashs qui surprennent tout au long de la journée. La nuit c’est pire encore ; la nuit, c’est toujours pire. Le pouvoir du cerveau c’est sentir des brûlures même quand rien ne touche la peau. Le pouvoir du cerveau c’est ressasser infiniment les souvenirs qu’… »

Nicolas BLEUSHER  : Je veux
« Je veux le dandy en hiver,
ses nuits confortables,
son humour au… »

François BONNEAU : Diamant
« Mon cœur claudiquant,
J’ai bien trouvé ta lettre, l’écrin, le petit nœud, en rentrant ce soir. J’ai lu, j’ai vu. Et, non, je ne peux pas être d’accord avec toi. Alors, comme tu le lis actuellement, je te réponds. Tu n’as… »

Marie-Claude BOURJON  : Impure
« abjecte ignoble ordurière servile adultère impie infidèle avilie pourrie altérée boueuse corrompue fangeuse charnelle concupiscente libidineuse trouble contaminée infectée débauchée déliquescente dénaturée dissolue perverse dépravée dévergondée libertine… »

Christophe CHAUVET : La tueuse
« Je t’ai vu. Allez. Sors de là. Tu m’connais quand même. Je viens tous les jours. C’est pas la peine de prétendre. Puisque je t’ai vu. Elle enfonce un brin d’herbe pour faire sortir le criquet de son refuge. Mais le criquet s’obstine et Marie perd patience. Elle frappe du pied l’endroit où… »

Antonin CRENN : Molécules
« les copeaux détachés arrachés de la peau usée
râpée contre les carreaux les parois blanches
ça ne se voit pas à l’œil et pourtant je sais… »

Delphine GARCIA : Scinder la part de l’ange
« Va, sinue ton sentier de lave.
Trempe tes mains et extirpe les runes ;
les scories carbonées… »

Sasha HAKKEN : Nettoyage
« 1. L’ombre d’un avion de ligne survole une autoroute et nous indique la direction d’un lotissement mou et spiralique, le trottoir est orange fluo et un homme en combinaison thermique intégral et full black retient un chien noir à l’air menaçant à l’aide d’une… »

Kévin HENOCQ : Ellile
« Au menu enfant, Ellile est à croquer ; selon de vieilles tantes, à corriger. Affecte par-ci, infecte par-là. En Ellile, des ruses. Interroge le monde alentour avec ce qu’Ellile a de sens. Montre de l’agilité à esquiver les mandales planquées derrière un interdit ou de la pertinence à… »

Martine L. JACQUOT : Fourmillements
« Les parfums habitent l’air stagnant dans la chaleur écrasante d’un début d’été morose. L’élagage se fait de l’intérieur. Petit à petit. Douloureusement. Nous partons tous pour un ailleurs que d’autres fuiront à leur tour. Comme si cela en valait la peine. Comme si le… »

Ingrid S. KIM : Rivages
« À la lame il élague il
L’élague
Lames de fond loin de la… »

Armelle LE GOLVAN : Léa – acte 2
« Léa reconnaît le claquement de portière. Il arrive. Quelques minutes de retard, d’impatience. De longues secondes de doute, si jamais… s’il avait renoncé… « Comment un homme peut-il seulement désirer ce corps flasque, alourdi par l’enfantement. Comment peut-il seulement… »

Louis LEJAULT : Princesse
« Il verse la dernière goutte de la bouteille dans son verre carré. Ses yeux rougis sont éclairés par une ampoule nue qui pend au plafond. Elle crépite. Il est dans un appartement une pièce, des plaques de cuisson électriques incrustées de saletés derrière lui. Un petit… »

Mathieu LE MORVAN : Cairn
« « Il n’y a qu’un seul chemin… Du vallon, la route bifurque, celle qui vient de… c’est par là qu’il est arrivé. » Il est arrivé de son pas égal, habitué aux pierres à la montagne aux caprices du terrain aux accidents et il a vu la fille, de dos les bras menus croisés sur la… »

Michel REYNAUD  : Descendre les blancs en neige
« Désireux de savoir ce que c’était d’être tout à fait blanc, je me suis allongé dans la neige. Contredisant toutes les lois de la physique, c’est moi qui me suis mis à fondre. J’ai bien entendu les appels de ceux qui étaient partis à ma recherche mais mes cordes vocales ayant… »

Marion TÉTREAULT-DE BELLEFEUILLE : Petite flaque
« Je l’ai réalisé quand ça a commencé à couler entre mes cuisses. Ça a fait une petite flaque sous mes fesses. C’était inconfortable. Moite et chaud et froid en même temps. Collant. Je n’osais pas y toucher. Je n’ai pas osé le toucher. C’était la première fois. J’ai… »

Lola THIERY  : Le parfum de la crasse
« Il y a mon visage, il y a la fenêtre. Il y a l’extérieur.
Non.
Ce n’est pas tout à fait ça, ce n’est pas tout à fait cette… »

Laurent THINES : Sous la soutane du berger
« Enfant
des rues
Petit déjà… »

VINCENT : Deux nuits de plus à jouir dans la bouche de Dieu
« Alors tu vois je suis encore à un comptoir dans la nuit avec la rage et le désir fou de me détruire dans les tripes, je suis ivre et il y a cette pute, je veux dire une vraie pute, une qui tapine à un coin de rue et prend de l’argent pour tailler des pipes et ramasser dans son cul, elle et… »

X.C. : Impures
« On se croirait dans une publicité, pas vrai ? La photo sera du plus bel effet dans ton hall d’entrée. Les fillettes sont mignonnes, tout de blanc vêtues. Elles n’en demeurent pas moins impures. Fruits de mes égarements nocturnes, les angelots ont le nez d’Alain, le dernier arrivé dans… »

ZOÉ : La chasse
« Trois gouttes de sang sur un flocon de neige
Tracent de jolies fleurs
Se… »

PORTFOLIO : Corinne LE LEPVRIER

« Quand je me présente, je dis souvent que c’est contre le tout venant de la parole que j’écris ; entre isolement du fragment, lignes, blancs et narration fabriquer du continu (est mon utopie intime et politique). Que le poème vient de et tend toujours vers sans tout à fait, mais… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un.e auteur.e connu.e) :
Marc GRACIANO

« Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
Nulle. Je n’écris que lorsque j’en éprouve le désir. Je suis contre l’idée de travail et revendique, avec Paul Lafargue, le droit à la paresse. Écrire est pour moi un jeu (parfois éprouvant)… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
Algorithme éponyme (BABOUILLEC)
« Babouillec est le nom que s’est donnée Hélène Nicolas, autiste « très déclarée sans paroles » dont le verbe éclate comme autant de sillons nouveaux tracés dans le champ des certitudes. Diagnostiquée (très à tort) « déficiente à 80 % », personne ne s’... »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture)  :
Philippe BARROT 
 : Sol perdu – éd. PhB
« « Santiago se saisit d’une lime et une à une effaça les lettres de la machine, les râpa jusqu’à la tige métallique. » Romancier, poète, chercheur, directeur de la revue Chroniques du çà et là et éditeur, Philippe Barrot sort un recueil fort original de quinze nouvelles dont… »
André BONMORT : L’âme avance masquée – éd. Sulliver
« Je me suis surpris à lire L’âme avance masquée comme si j’avais affaire là à un chapitre du Grand Livre du Souffle Vital, ou à un Cantique libertaire offert à l’incrédulité ambiante. On y plonge au cœur d’une prosodie de l’infiniment profond – aux hauteurs hors… »
Nicolas CAVAILLÈS : Rotroldiques – éd. Marguerite Waknine
« Après lecture d’un gros millier de romans, je n’en peux plus des histoires ou alors si, mais je vais au cinéma. Rotroldiques de Nicolas Cavaillès met à mal mon dire. Ou m’oblige à l’expliciter davantage. Il faut dire non aux raconteurs d’histoires quand leur écriture n’… »
Christophe DABITCH : Azimut brutal – éd. Signes et balises
« « Pourrais-je vivre ici ? » Christophe Dabitch parcourt le tracé du 45e parallèle nord dans le département de la Dordogne. En ligne droite fictive, zigzag réel, azimut brutal adouci. Que cherche-t-il dans cette marche sur cette zone d’équilibre, à mi-chemin entre… »
Marc GRACIANO  : Au pays de la fille électrique – éd. Corti
« « Putain j’y crois pas, dit l’homme en se donnant des gifles légères, comme pour vérifier qu’il ne rêvait pas, regardez la jolie pute qu’on s’est dénichés là, […] », et vingt-cinq pages après (d’un « Prologue » effroyable fait d’une seule phrase aussi limpide et… »
Laurence HUGUES
 : Pas vu Maurice – éd. Créaphis
« La lecture de Pas vu Maurice s’apparente à une forme de trébuchement doux, de chute alentie qui dépose sans heurt les souvenirs d’un temps pas si lointain, calme sans être trop silencieux, quand Marie vivait dans sa maison du Haut-Forez, en Auvergne. C’est là que… »
Irma PELATAN  : L’odeur de chlore – éd. La Contre-allée
« En 1945, Le Corbusier invente le Modulor, une norme architecturale basée sur les mensurations du corps humain et censée assurer à chacun un confort optimal. Seul problème : le morphotype de base correspond à une silhouette masculine athlétique mesurant… »
Joseph PONTHUS  : À la ligne – éd. La Table ronde
« Avec ce journal intime poétique, Joseph Ponthus, éducateur devenu dépoteur de chimères, égoutteur de tofu, découpeur de porc, nous immerge dans son quotidien d’intérimaire, en écrivant comme il travaille, « À la chaîne, à la ligne », en vers libres et sans… »

DI(S)GRESSION (carte blanche sur un domaine autre que la littérature)
Thierry COVOLO  : Portrait de Mikhaïl Nekhemievitch en artiste
« Ce 7 mai 1960 à Moscou, Mikhaïl Tal devient le 8ème champion du monde d’échecs. Il a 23 ans et personne avant lui ne s’est assis aussi jeune sur le trône mondial. C’est l’aboutissement logique d’un parcours sans faute et la confirmation d’une légende : Tal est un… »

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DABITCH Christophe | Azimut brutal https://revuedissonances.com/dabitch-christophe-azimut-brutal/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:48 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3833 Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour Azimut brutal de Christophe DABITCH DISSONANCES #37 « Pourrais-je vivre ici ? » Christophe Dabitch parcourt le tracé du 45e parallèle nord dans le département de la Dordogne. En ligne droite fictive, zigzag réel, azimut brutal adouci. Que cherche-t-il dans cette marche sur cette zone d’équilibre, à mi-chemin entre le pôle Nord et l’Équateur ? « Nous devenons des…Lire la suite DABITCH Christophe | Azimut brutal

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Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour Azimut brutal de Christophe DABITCH
DISSONANCES #37

« Pourrais-je vivre ici ? » Christophe Dabitch parcourt le tracé du 45e parallèle nord dans le département de la Dordogne. En ligne droite fictive, zigzag réel, azimut brutal adouci. Que cherche-t-il dans cette marche sur cette zone d’équilibre, à mi-chemin entre le pôle Nord et l’Équateur ? « Nous devenons des chiens ou des chats, nous cherchons une place. » La marche le mène à s’interroger sur le voyage, sur lui-même, sa place dans le monde, son rapport à la nature. « Le chêne m’ignore et je n’y peux rien. » Il faut se laisser porter sur le flot de ses pensées, au gré du franchissement interdit des clôtures, de pique-niques illicites dans des résidences secondaires désertes et manucurées. « En voyageant ici, ces noms qui marquent les étapes nous disent sans cesse un coin de terre dont nous sommes faits. » Dans une langue poétique et profonde, drôle parfois, Christophe Dabitch dresse aussi en creux le portrait d’un pays en transition (déprise rurale, réensauvagement, fragmentation des espaces), vestiges de gens du cru, néo-faux-ruraux, néo-vrais-ruraux, retraités du Nord, formant le petit peuple du 45e parallèle nord. Mais l’ancrage de ce pays dans sa/son pré/histoire se lit (sans forcément se comprendre) partout, dans chaque nom de lieu-dit traversé, de Tartifume au Grand But, en passant par le Petit But et la Cloppe. « Et vient une allégresse de la marche qui ressemble à l’emballement amoureux. » Le texte bouleverse aussi (surtout) dans ses intervalles, ses espaces, ses moments de pause, de doute, de fragilité. Il bute, avance, hésite, redémarre. Et nous avec lui. « Essayer d’être immobile. […] Être immobile. […] Se lever, remonter la rivière.  »

éd. Signes et Balises, 2018
136 pages
14 €

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ZOÉ (extraits) https://revuedissonances.com/zoe-extraits/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:46 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3474 DISSONANCES #37 | IMPUR La chasse « Trois gouttes de sang sur un flocon de neige Tracent de jolies fleurs Se ramifient S’étirent En vaisseaux conquérants Plus loin une flaque écarlate Puis de longs traits tirés Comme sur du papier blanc Les traînées s’alourdissent Vers les bouleaux serrés Se font… » DISSONANCES #35 | LA HONTE À main levée…Lire la suite ZOÉ (extraits)

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DISSONANCES #37 | IMPUR
La chasse
« Trois gouttes de sang sur un flocon de neige
Tracent de jolies fleurs
Se ramifient
S’étirent
En vaisseaux conquérants

Plus loin une flaque écarlate
Puis de longs traits tirés
Comme sur du papier blanc

Les traînées s’alourdissent
Vers les bouleaux serrés

Se font… »

DISSONANCES #35 | LA HONTE
À main levée
« Une gifle et puis l’autre
Du plat d’une main immense
La coiffure démise
Quatre cheveux collés
Sur une joue rougie
Bientôt bleue
L’œil affolé s’égare
Le bras… »

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GARCIA Delphine (extraits) https://revuedissonances.com/garcia-delphine-extraits/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:45 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3778 DISSONANCES #37 | IMPUR Scinder la part de l’ange « Va, sinue ton sentier de lave. Trempe tes mains et extirpe les runes ; les scories carbonées, comme on arrache les roses sans se soucier du sang. Sache que le chemin réchauffe mais sait aussi brûler ; calciner jusqu’à l’os ceux qui l’ont emprunté – errants ; torches vivantes ; noyés…Lire la suite GARCIA Delphine (extraits)

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DISSONANCES #37 | IMPUR
Scinder la part de l’ange
« Va, sinue ton sentier de lave.
Trempe tes mains et extirpe les runes ;
les scories carbonées,
comme on arrache les roses
sans se soucier du sang.
Sache que le chemin réchauffe
mais sait aussi brûler ;
calciner jusqu’à l’os
ceux qui l’ont emprunté –
errants ; torches vivantes ;
noyés dans leur bave écumante,
le regard vague au dessus de la fosse.

Va, dépose tes… »

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THINES Laurent (extraits) https://revuedissonances.com/thines-laurent-extraits/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:42 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3745 DISSONANCES #37 | IMPUR Sous la soutane du berger « Enfant des rues Petit déjà pas assez joli pas asspas assez propre pas asspas assez propas assez futé pas asspas assez propas assez futpas assez gentil pas asspas asspas assez respectueux pas assez ca-tho-lique asspas aspas asspas assspas asspas asspour ma Vierge Primordiale Chaque semaine asspas aspas…Lire la suite THINES Laurent (extraits)

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DISSONANCES #37 | IMPUR
Sous la soutane du berger
« Enfant
des rues

Petit déjà
pas assez joli
pas asspas assez propre
pas asspas assez propas assez futé
pas asspas assez propas assez futpas assez gentil
pas asspas asspas assez respectueux
pas assez ca-tho-lique asspas aspas asspas assspas asspas asspour ma Vierge
Primordiale

Chaque semaine asspas aspas aspas assp s’infliger la repentance
Notre Dame de la… »

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HAKKEN Sasha (extraits) https://revuedissonances.com/hakkensasha-extraits/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:41 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3774 DISSONANCES #37 | IMPUR Nettoyage « 1. L’ombre d’un avion de ligne survole une autoroute et nous indique la direction d’un lotissement mou et spiralique, le trottoir est orange fluo et un homme en combinaison thermique intégral et full black retient un chien noir à l’air menaçant à l’aide d’une laisse en nylon. Son bras tremble, ses…Lire la suite HAKKEN Sasha (extraits)

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DISSONANCES #37 | IMPUR
Nettoyage
« 1. L’ombre d’un avion de ligne survole une autoroute et nous indique la direction d’un lotissement mou et spiralique, le trottoir est orange fluo et un homme en combinaison thermique intégral et full black retient un chien noir à l’air menaçant à l’aide d’une laisse en nylon. Son bras tremble, ses muscles sont tendus. La rage est contenue.
Les ombres se projettent sur le sol coloré et augmentent la sensation d’urgence du jeune paumé qui regarde à la fenêtre et sue à travers les stores blancs cassés à demi-fermés. Son visage vert et autiste rappelle les expressions neutres et figées des statues grecques, souvenirs d’une époque fantasmée que personne n’a connue. Son nez semble vomir sa bouche mais le tout reste fin et fluide. Les cheveux mi-longs, coupe normal-négligé, et le cou trop grand et mince sur un corps maigre et gélatineux totalement dénué de muscles ; sa colonne vertébrale bouge indépendamment du reste de son corps. Il n’a pas de nom, il ne sait pas qui il est, et derrière lui, il ne laisse que poussière. Une poussière colorée, entre bleu et violet, une nuance subtile, sensible et changeante. Il y en a partout, sur les canapés, les tapis, sur le sol, et même… »

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LE GOLVAN Armelle (extraits) https://revuedissonances.com/golvan-armelle-extraits/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:38 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3762 DISSONANCES #37 | IMPUR Léa – acte 2 « Léa reconnaît le claquement de portière. Il arrive. Quelques minutes de retard, d’impatience. De longues secondes de doute, si jamais… s’il avait renoncé… « Comment un homme peut-il seulement désirer ce corps flasque, alourdi par l’enfantement. Comment peut-il seulement accepter cette chair qui se laisse saisir sans plus aucune…Lire la suite LE GOLVAN Armelle (extraits)

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DISSONANCES #37 | IMPUR
Léa – acte 2
« Léa reconnaît le claquement de portière. Il arrive. Quelques minutes de retard, d’impatience. De longues secondes de doute, si jamais… s’il avait renoncé… « Comment un homme peut-il seulement désirer ce corps flasque, alourdi par l’enfantement. Comment peut-il seulement accepter cette chair qui se laisse saisir sans plus aucune résistance ? Comment cela peut-il l’exciter ? »

La respiration s’accélère. Léa a peur. D’avoir oublié ne serait-ce qu’un poil disgracieux. Une miette entre les dents. Une trace de crayon noir. Un débordement une faute un ratage. A-t-elle bien ajusté le soutien-gorge, judicieusement choisi le string ?
Un string ? En mode « rôti ficelé sur sa barde de gras ! » Elle n’a plus l’âge… et n’a jamais eu le corps pour. Ça s’enfonce dans la mollesse de la chair. Ça marque. Ça rougit. Vulgaire.
« Du calme, du calme… » Il sonne. Léa avance sur les talons trop hauts. Elle s’interdit les frottements des cuisses. « Il ne manquerait plus que les bas tombent sur mes mollets ! » La main glisse sur la poignée de céramique froid. Léa prend une profonde inspiration. Le sang… »

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TÉTREAULT-DE BELLEFEUILLE Marion (extraits) https://revuedissonances.com/tetreault-de-bellefeuille-marion-extraits/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:37 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3751 DISSONANCES #37 | IMPUR Petite flaque « Je l’ai réalisé quand ça a commencé à couler entre mes cuisses. Ça a fait une petite flaque sous mes fesses. C’était inconfortable. Moite et chaud et froid en même temps. Collant. Je n’osais pas y toucher. Je n’ai pas osé le toucher. C’était la première fois. J’ai rougi. Je…Lire la suite TÉTREAULT-DE BELLEFEUILLE Marion (extraits)

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DISSONANCES #37 | IMPUR
Petite flaque
« Je l’ai réalisé quand ça a commencé à couler entre mes cuisses. Ça a fait une petite flaque sous mes fesses. C’était inconfortable. Moite et chaud et froid en même temps. Collant. Je n’osais pas y toucher. Je n’ai pas osé le toucher. C’était la première fois. J’ai rougi.

Je l’ai vraiment senti, pour de vrai de vrai, quand je l’ai rencontrée. Ses cheveux teints argent et coiffés en tresses qui pendaient de chaque côté de ses joues. Ses lèvres fuchsia, reluisantes de salive. Ses mains qui grimpaient sur mon ventre, qui essayaient d’attraper ma poitrine. Je n’ai pas osé la regarder. Je n’ai pas osé regarder son nez enfoui dans mon pubis, ses paupières closes, les rides de concentration qui fendaient son front. Mais je la sentais. Je la sentais bien, sa langue. Elle avait un seul but et c’était celui de me faire me liquéfier. Je l’écoutais respirer rapidement, en saccades parfois. Des fois elle gémissait. Des fois elle me rappelait qu’elle était une femme et que moi aussi et qu’elle avait sa tête entre mes jambes. Et pourtant je gémissais de plaisir et pourtant elle gémissait de me faire plaisir. Elle m’a léchée et sucée et ses mains ont… »

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BABOUILLEC | Algorithme éponyme https://revuedissonances.com/babouillec-algorithme-eponyme/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:35 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3837 Regards croisés sur Algorithme éponyme de BABOUILLEC DISSONANCES #37 Jean-Marc FLAPP : Zapper le paratexte Je sors de la lecture d’Algorithme éponyme avec comme un malaise qui fait que j’éprouve là certaine difficulté à trouver quoi en dire mais bon il faut y aller… et donc qu’il soit bien clair (avant toute autre chose) que je trouve le…Lire la suite BABOUILLEC | Algorithme éponyme

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Regards croisés sur Algorithme éponyme de BABOUILLEC
DISSONANCES #37

Jean-Marc FLAPP :
Zapper le paratexte
Je sors de la lecture d’Algorithme éponyme avec comme un malaise qui fait que j’éprouve là certaine difficulté à trouver quoi en dire mais bon il faut y aller… et donc qu’il soit bien clair (avant toute autre chose) que je trouve le texte splendide : jailli des profondeurs, fulgurant, crépitant (« Le remue-méninges qui squatte la boîte à trier les infos pète mes neurones timbrés en partance pour nulle part. »), avançant par courts blocs d’extrême densité faits de mots-particules qui fusent filent s’entrechoquent (libérant ce faisant – stroboscopiquement – l’étincelle poétique) pour sauter de la page (avec un sens du rythme – un swing – hallucinant) comme autant de directs à la tête du lecteur, bref c’est vraiment très bon – bourré de sens, en plus, mais là je n’ai pas le temps. Parce que oui bon d’accord Babouillec est autiste et c’est très important : en-soi évidemment (l’autisme c’est important) puis parce que tout le texte vient de là et le dit (et de façon si forte qu’on en sort… différent). Fallait-il donc vraiment le redire à ce point paratextuellement (préface de Pierre Meunier + double intro de l’auteure + bio et quatrième de couv de l’éditeur + postface de la mère : et pourquoi pas le facteur ?) et pour dire quoi en fait : que Babouillec est géniale ? que sa mère l’est aussi ? que tous les autistes le sont et que c’est hyper-cool quand on sait leur parler ? Sur moi en tous les cas une telle insistance sur tant de handicaps a eu l’effet idiot de me faire douter (maîtriser à ce point l’orthographe lexicale sans avoir jamais lu ? faire une mise en pages aussi élaborée avec des bouts de papier sur une table en bois ?) mais bon, on oublie ça : le texte en tous les cas est de toute beauté.

Côme FREDAIGUE :
Poétique de la nuit
Algorithme éponyme fait partie de ces œuvres inclassables qui se prêtent difficilement à la critique tant elles échappent aux critères esthétiques communément admis. Est-ce beau ? Parfois, avec des fulgurances à couper le souffle. Est-ce profond ? Oui, insondable même et pourtant d’une lucidité féroce : « Otage de l’inertie moderne / D’un monde qui consomme […] / Nous traversons l’opercule du rien […] / Et tu descends / Chargé des lumières / De la nuit »
Rarement texte poétique m’est apparu si énigmatique. L’acte d’écriture semble jaillir en deça du langage, à la frontière du dicible. Mais les mots touchent, se jouant de notre « mécanique culturelle ». Cela se lit comme on écoute parler à travers un mur : on ne saisit pas tout, mais qu’importe puisqu’une présence se presse derrière la paroie. Etrange langage où l’organique se mêle au conceptuel, l’obscurité à la lumière. Babouillec nous place dans sa situation à elle, une nuit traversée de « nyctalopes », et cette symétrie nous la rend si proche qu’un pan refoulé de notre humanité émerge des limbes.
Est-ce de la poésie ? Assurément si la poésie se comprend comme un dépassement du langage par lui-même. « Ca ne veut pas rien dire » écrivait Rimbaud à ceux qui jugeaient ses textes illisibles. C’est qu’il restera toujours une énigme inhérente à toute altérité, « l’infracassable noyau de nuit » cher aux surréalistes qui nous habite et que Babouillec, poète autiste, nous fait toucher du doigt. Les rouages de la machinerie des codes sociaux – d’ordinaire si bien huilée – se grippent, nous est rendu quelque chose de notre singularité et nous sortons, le temps d’un texte, de l’équation : « Dure Réalité Iconoclaste / Libre I Am »

Anne MONTEIL-BAUER :
De l’autre côté du silence
Babouillec est le nom que s’est donné Hélène Nicolas, autiste « très déclarée sans paroles » dont le verbe éclate comme autant de sillons nouveaux tracés dans le champ des certitudes. Diagnostiquée (très à tort) « déficiente à 80 % », personne ne s’explique comment elle a appris à lire, mais aujourd’hui on sait qu’elle a des capacités intellectuelles exceptionnelles – enfermées dans un corps sans paroles, « un corps codé loin des normes ». Et c’est cet écart – entre le normal et l’anormal – que charrie en éclats lumineux et énigmatiques le recueil Algorithme éponyme. On est face à ce texte comme face à un mystère. La poétesse écrit à l’aide de petites lettres en cartons déposées sur la page : « Perdue au fond de mon corps, j’observe sans relâche le monde », elle « guette les étoiles qui brillent dans [s]a tête » et déploie « les questions qui interrogent les réponses ». La précision des mots est proprement hallucinante et le reflux du mot « éponyme » semble nous dire qu’ils sont choisis à chaque fois parce qu’ils donnent naissance aux choses. Âpre, profonde, drôle («  Il marche comme un ouvre-boîte, mon cornichon de cerveau »), l’écriture de Babouillec touche autant qu’elle précipite dans la spéculation : « Qui suis-je dans cette absence de ce moi interactif dans le débat social […]  ? » Jamais peut-être on n’a été si près de croire que les mots pouvaient traduire ce qu’est l’être et que la poésie est bel et bien « Un cri [qui] sort de la boîte à penser ». Jamais non plus sans doute n’a-t-on senti à quel point le monde que nous avons construit fabrique « un spleen social » qui isole, ni à quel point « le réflexe de la barricade enferme ».

Julie PROUST TANGUY :
Fourvoyer la normalité
Arrivée dans notre «  jeu de quilles comme un boulet de canon », Babouillec déchire la « jacasserie humaine » pour nous montrer que, derrière sa bouche désespérément muette et son incapacité à graphier, se cache une pensée vive nous conviant à la libération de «  l’infinie gourmandise jubilatoire du cerveau ».
Embarqué dans une euphorie sensorielle au rythme survolté, le lecteur n’a plus qu’à rendre les armes : soit il accepte de se laisser chambouler par cette écriture qui, vierge de toutes normes littéraires et sociales, fait exploser de l’intérieur ses mécanismes familiers… Soit il finit noyé par la casse systématique des symboles constituant sa vision rassurante du monde et la communication.
S’il refuse d’emprunter « la passerelle des impossibles […] torturant les repères sociaux », il ratera alors l’occasion de découvrir le questionnement fascinant de celle qui, à travers son autisme, sait mieux que tous dénoncer « les règles universelles qui ne s’appliquent pas dans l’espace morcelé du cerveau humain », « les besoins spectaculaires de la mise en scène sociale » ne donnant naissance qu’à des « pensées restrictives »… Bref, il renoncera à dépasser l’idée absurde de la Normalité, celle-là même qui détruit nos potentiels neuronaux-poétiques.
« Déclarée sans parole », Babouillec nous offre pourtant ici un « ogresque pamphlet », un art poétique brut d’où émerge, fascinante, une intelligence viscérale cherchant à s’extirper d’un corps trop encombrant. Jaillissant « par intempérance », cet esprit atypique hurle à la vie et invite à faire de nos « itinérances passagères sur la terre » des festins ivres de mots.

éd. Christophe Chomant, 2013
112 pages
12,5 euros

rééd. Rivages, 2016
100 pages
15 euros

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JACQUOT Martine L. (extraits) https://revuedissonances.com/jacquot-martine-l-extraits/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:33 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3766 DISSONANCES #37 | IMPUR Fourmillements « Les parfums habitent l’air stagnant dans la chaleur écrasante d’un début d’été morose. L’élagage se fait de l’intérieur. Petit à petit. Douloureusement. Nous partons tous pour un ailleurs que d’autres fuiront à leur tour. Comme si cela en valait la peine. Comme si le bonheur jouait à cache-cache entre des myriades…Lire la suite JACQUOT Martine L. (extraits)

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DISSONANCES #37 | IMPUR
Fourmillements
« Les parfums habitent l’air stagnant dans la chaleur écrasante d’un début d’été morose. L’élagage se fait de l’intérieur. Petit à petit. Douloureusement. Nous partons tous pour un ailleurs que d’autres fuiront à leur tour. Comme si cela en valait la peine. Comme si le bonheur jouait à cache-cache entre des myriades de nuances insaisissables. Il n’y aura jamais assez d’amour pour combler un trou noir. Jamais assez pour blanchir l’impur.

Porter le secret des autres comme une marmite lourde de fausses pièces. Trésor de basse-cour inutile et encombrant. Taisez vos misères de pacotille. Les autres dimensions qui s’interceptent encore et encore vous échappent, tout comme le caquetage d’autrui, si atone que personne ne l’écoute. Enregistrons le fourmillement que camouflent les sanctuaires de verdure. Harmonie invisible de mille vies.

Je suis le dernier fantôme à hanter les lieux. Tout s’est dissipé dans… »

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X.C. (extraits) https://revuedissonances.com/x-c-extraits/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:33 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3738 DISSONANCES #37 | IMPUR Impures « On se croirait dans une publicité, pas vrai ? La photo sera du plus bel effet dans ton hall d’entrée. Les fillettes sont mignonnes, tout de blanc vêtues. Elles n’en demeurent pas moins impures. Fruits de mes égarements nocturnes, les angelots ont le nez d’Alain, le dernier arrivé dans notre charmante petite…Lire la suite X.C. (extraits)

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DISSONANCES #37 | IMPUR
Impures
« On se croirait dans une publicité, pas vrai ? La photo sera du plus bel effet dans ton hall d’entrée. Les fillettes sont mignonnes, tout de blanc vêtues. Elles n’en demeurent pas moins impures. Fruits de mes égarements nocturnes, les angelots ont le nez d’Alain, le dernier arrivé dans notre charmante petite secte. Pour autant, il ne faudrait pas me blâmer ; la demeure où tu as réuni toute ta tribu, pour la tenir sous ton joug, est si grande et le réseau de couloirs si labyrinthique que s’y perdre en revenant des toilettes ne présente rien d’étonnant. Sacré papa, si tu savais de quelle trompette céleste tes petits angelots sont sortis. Mais peut-être le sais-tu ? Celle qui apportera l’héritier auquel tu pourras léguer ton empire méritera sa statue. Et ce, quelle que soit la provenance du chromosome Y… Ah, daddy, daddy… même sur cette stupide photo, il a fallu que tu occupes la meilleure place. Si tu pouvais, tu nous pousserais tous en dehors du cadre ; tu n’as toujours eu d’yeux que pour toi et tes investissements. Tu maries ton autre fille et c’est toi qui poses au milieu de la scène. Je te reconnais bien là. Toutes les lignes de la composition se coupent sur ton nombril. Le centre du monde. Les gypsophiles sont dans… »

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PONTHUS Joseph | À la ligne https://revuedissonances.com/ponthus-joseph-a-ligne/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:31 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3821 Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour À la ligne de Joseph PONTHUS DISSONANCES #37 Avec ce journal intime poétique, Joseph Ponthus, éducateur devenu dépoteur de chimères, égoutteur de tofu, découpeur de porc, nous immerge dans son quotidien d’intérimaire, en écrivant comme il travaille, « À la chaîne, à la ligne », en vers libres et sans ponctuation, pour « raconter le travail dans sa…Lire la suite PONTHUS Joseph | À la ligne

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Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour À la ligne de Joseph PONTHUS
DISSONANCES #37

Avec ce journal intime poétique, Joseph Ponthus, éducateur devenu dépoteur de chimères, égoutteur de tofu, découpeur de porc, nous immerge dans son quotidien d’intérimaire, en écrivant comme il travaille, « À la chaîne, à la ligne », en vers libres et sans ponctuation, pour « raconter le travail dans sa plus banale nudité ». Ici, l’usine impose son rythme à l’écriture et «  le besoin d’écrire s’incruste tenace comme une arête de poisson ». Pour survivre, il faut rire, « de non-sens et de bulots », convoquer les poètes, et tenter de poétiser en cet univers déshumanisé : « Quelle poésie trouver dans la machine la cadence et l’abrutissement répétitif ». Pourtant, la « magie de la servitude volontaire » opère, et la fulgurance des vers révèle la beauté paradoxale de l’usine : « Dans cette nuit sans fin éclairée de néons blafards sur les carreaux blancs des murs les inox des / tables de travail les tapis mécaniques et le sol marronnasse / Dans des animaux morts qu’on travaille à longueur de nuit de matin / Aucun oiseau ne vient jamais par une ouverture dérobée s’introduire dans nos ateliers / Les seuls animaux vivants sont les rats qu’on combat près des poubelles extérieures / Nos gueules sont des portraits d’Otto Dix / Nos corps sont des atlas de troubles musculo-squelettiques / Nos joies sont de petits riens / Des bouts d’insignifiance qui prennent sens et beauté dans le grand tout le grand rien de l’usine ». Et c’est avec raison que l’auteur cite Pontus de Tyard, son ancêtre, « dont deux vers s’accordent si bien avec ces feuillets d’usine », long poème sobre et poignant : « Qu’incessamment en toute humilité / Ma langue honore et mon esprit contemple ».

éd. La Table ronde, 2019
264 pages
18 €

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BONMORT André | L’âme avance masquée https://revuedissonances.com/bonmort-andre-lame-avance-masquee/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:31 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3817 Coup-de-cœur de Romain PARIS pour L’âme avance masquée d’André BONMORT DISSONANCES #37 Je me suis surpris à lire L’âme avance masquée comme si j’avais affaire là à un chapitre du Grand Livre du Souffle Vital, ou à un Cantique libertaire offert à l’incrédulité ambiante. On y plonge au cœur d’une prosodie de l’infiniment profond – aux hauteurs hors…Lire la suite BONMORT André | L’âme avance masquée

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Coup-de-cœur de Romain PARIS pour L’âme avance masquée d’André BONMORT
DISSONANCES #37

Je me suis surpris à lire L’âme avance masquée comme si j’avais affaire là à un chapitre du Grand Livre du Souffle Vital, ou à un Cantique libertaire offert à l’incrédulité ambiante. On y plonge au cœur d’une prosodie de l’infiniment profond – aux hauteurs hors de proportion -, maelström réfractaire, libérateur, qui ébrèche dare-dare la noirceur des orages cérébraux mais qui se fait aussi infinitésimale illumination d’un envol subversif. Toutefois encore, il nous faut « Offrir en perchoir son bras à l’oiseau du dedans. » On festoie alors avec cette fichue Conscience Universelle, pour sûr, on surfe même sur la houle étincelante d’une clairvoyance de nature toute odysséenne. Ici, le Divin EST Sauvagerie toujours propre à engrosser l’organique sacral de notre Néant Intime. Notre âme, outre les trésors hallucinatoires de cette Dimension nuptiale tourbillonnaire et plantureuse, par son crawl forcené au fil de la Galaxie Existentielle, acquiert sa force et fait flamboyer son horizon. Stricto sensu, de la lyre d’André Bonmort fusent des lettres éruptives, une rythmique en marée d’équinoxe et un langage telle la fronde qui d’un caillou abattit Goliath. L’Oracle d’une écriture ainsi qu’un astéroïde part à la conquête de notre Cosmos intérieur et au fond de nos cortex ivres cette poésie par rafales s’amplifie crescendo à la façon d’une bacchanale animiste. On capte alors les accords d’un bel canto qui vient nourrir tant nos jachères mystiques que les viviers offshores d’une politique miraculeuse et qui, « souterraine polyphonie dont l’impérieux ébranlement intimera aux tissus de prendre leur envol, fera de la chair une parole. »

éd. Sulliver, 2019
108 pages
9 €

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DISSO #37 : Marc GRACIANO https://revuedissonances.com/disso-37-marc-graciano/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:30 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3842 Extrait de l’entretien avec Marc GRACIANO publié dans DISSONANCES #37     Marc GRACIANO (petit) Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ? J’écris d’abord pour. Pour le monde. Pour la beauté du monde. Pour chanter la beauté du monde. Pour paraphraser Hemingway, le monde est un bel endroit et il…Lire la suite DISSO #37 : Marc GRACIANO

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Extrait de l’entretien avec Marc GRACIANO publié dans DISSONANCES #37

    Marc GRACIANO (petit)

Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ?
J’écris d’abord pour.
Pour le monde.
Pour la beauté du monde.
Pour chanter la beauté du monde.
Pour paraphraser Hemingway, le monde est un bel endroit et il vaut la peine que l’on écrive pour lui.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
Nulle.
Je n’écris que lorsque j’en éprouve le désir.
Je suis contre l’idée de travail et revendique, avec Paul Lafargue, le droit à la paresse.
Ecrire est pour moi un jeu (parfois éprouvant) qui consiste à rendre réel, grâce aux mots, mon imaginaire, ce qui est, bien-sûr, tout sauf un divertissement, et une activité infantile profondément essentielle.
La plupart du temps, je laisse venir et trouve en même temps que je crée.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Je m’occupe d’adolescents qui ont mal à leur vie, je voyage en camping-car, je dors dans les forêts, je bois du vin, et je rêve beaucoup…

Qui est votre premier lecteur ?
Mon éditrice, Fabienne Raphoz.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Un lecteur passionné par ses auteurs, mais, en même temps, intraitable – voire cruel – d’objectivité.

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
Je n’ai rien à lui dire.
Qu’il se débrouille… comme nous l’avons tous fait.

Quelle fut votre première grande émotion de lecteur ?
La gloire de mon père
de Marcel Pagnol, lu à haute voix plusieurs soirs successifs, pour toute la fratrie, par mon propre père, à une époque de mon enfance que…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #37

BIO

Marc Graciano est né le jour de la Saint-Valentin 1966. Infirmier psychiatrique auprès d’adolescents, il n’entre sur la scène littéraire qu’à l’âge de 47 ans. Son premier roman, Liberté dans la montagne, pose d’entrée le décor principal de son œuvre : un Moyen-âge imaginaire où les chairs sentent fort, où l’espace et les distances s’étirent aux limites du champ de vision tandis que la rencontre des êtres porte immanquablement en elle la possibilité d’une violence inouïe, qui semble ne jamais devoir prendre fin, ni dans le temps, ni dans l’échelle macroscopique à travers laquelle elle se donne à voir.
Loin des romans épiques, où le lecteur se sait protégé du réel par l’épaisseur fantasmagorique du livre, Marc Graciano convoque une langue hybride, endurcie par une multitude de mots oubliés, pour mieux nous confronter à la matière des objets, des corps et des lieux qu’il nous fait habiter. Ses personnages, anonymes, muets (aucun dialogue direct), encellulés dans une époque incertaine, nous renvoient finalement aux représentations contemporaines de la violence et aux paradoxes de notre rapport à la nature.

BIBLIO 2019

Liberté dans la montagne (éd. José Corti, 2013)
Une forêt profonde et bleue (éd. José Corti, 2015)
Au pays de la fille électrique (éd. José Corti, 2016)
Enfant-pluie (éd. José Corti, 2017, avec des illustrations de Laurent Graciano)
Le Sacret (éd. José Corti, 2018)
Embrasse l’ours (éd. José Corti, 2019)

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CRENN Antonin (extraits) https://revuedissonances.com/crenn-antonin-extraits/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:27 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3781 DISSONANCES #37 | IMPUR Molécules « les copeaux détachés arrachés de la peau usée râpée contre les carreaux les parois blanches ça ne se voit pas à l’œil et pourtant je sais le corps beau malgré eux malgré les fragments les cellules renouvelées les débris et chutes bouts de corps morts échappés du corps vivant corps avalés…Lire la suite CRENN Antonin (extraits)

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DISSONANCES #37 | IMPUR
Molécules
« les copeaux détachés arrachés de la peau usée
râpée contre les carreaux les parois blanches
ça ne se voit pas à l’œil et pourtant je sais
le corps beau malgré eux malgré les fragments
les cellules renouvelées les débris et chutes
bouts de corps morts échappés du corps vivant
corps avalés digérés par les corps des autres

amas de molécules cellules déchets minuscules
les peaux les muscles les os de tout le monde
et dedans les siens bien assemblés tout beaux
beaux et forts comme lui car lui n’a pas peur
d’y tremper de mêler ce beau corps à… »

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BOURJON Marie-Claude (extraits) https://revuedissonances.com/bourjon-marie-claude/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:27 +0000 http://revuedissonances.com/?p=192 DISSONANCES #37 | IMPUR Impure « abjecte ignoble ordurière servile adultère impie infidèle avilie pourrie altérée boueuse corrompue fangeuse charnelle concupiscente libidineuse trouble contaminée infectée débauchée déliquescente dénaturée dissolue perverse dépravée dévergondée libertine orgiaque vile déshonorée perdue dévoyée délinquante détournée égarée vaurienne frelatée équivoque obscène suspecte honteuse coupable honnie ignominieuse misérable indécente innommable odieuse pernicieuse subversive impudique…Lire la suite BOURJON Marie-Claude (extraits)

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DISSONANCES #37 | IMPUR
Impure
« abjecte ignoble ordurière servile adultère impie infidèle avilie pourrie altérée boueuse corrompue fangeuse charnelle concupiscente libidineuse trouble contaminée infectée débauchée déliquescente dénaturée dissolue perverse dépravée dévergondée libertine orgiaque vile déshonorée perdue dévoyée délinquante détournée égarée vaurienne frelatée équivoque obscène suspecte honteuse coupable honnie ignominieuse misérable indécente innommable odieuse pernicieuse subversive impudique licencieuse paillarde salace immorale scabreuse osée indigne méprisable scandaleuse infâme crapuleuse salope lascive lubrique vicieuse souillon pouilleuse pécheresse polluée maudite dégénérée
elle
vague
vagabonde
s’envole
amère… »

DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
La dame de Joliette
« Vous n’avez pas encore ouvert les yeux. Vous grimacez un peu. Sans doute les rayons horizontaux du soleil levant viennent-il de frôler votre visage. À travers vos paupières, vous devinez qu’il fait très beau. Vous vous étirez, paresseuse. Il vous revient à l’esprit que c’est aujourd’hui que commence la fête. La jubilation au cœur, vous vous levez cependant sans hâte. Vous ouvrez la fenêtre sur le jardin et vous flairez l’air, à l’affût des parfums du plein été. Vous vous dites que le mirage s’évanouira bientôt, bien que rien encore n’annonce le lumineux déclin à venir.

L’arôme du café que vous êtes en train de préparer suscite une vague d’images suaves. Vous n’étiez pas seule à le déguster autrefois, sous la tonnelle colorée, au long des dimanches de la douce saison. Votre tasse à la main, vous descendez les quelques marches qui mènent à la plateforme de bois en suivant la rampe avec précaution. Sous le grand févier aux branches nonchalantes, vous prenez le temps de disposer la petite table et le canapé d’osier pour vous y prendre vos aises. Vos gestes lents sont précis et réservés. Cet après-midi… »

DISSONANCES #29 | TABOU
Gésine
« Debout sous l’arbre tutélaire, les mains agrippées à la branche qui retient sa douleur, elle refuse de déchirer son ventre. Auprès d’elle, les femmes ahanent et piétinent le sol à la cadence de son corps en besogne. Ressassant les rites ancestraux, elles invoquent les prophètes aussi bien que les secrètes divinités terrestres.

Le désir qui l’habite résiste à la charge impétueuse. Elle peut encore ensevelir l’enfant dans sa chair, le soustraire à la fatalité, l’abandonner aux ténèbres du seul mouvement de sa volonté défiant celle de l’avenir. Elle peut encore réfuter la mémoire et dérober son butin au nom indéchiffrable. Elle pleure déjà celui qui vient, inexorable pourtant.

L’enfant se débat avec obstination dans le sas obscur. Mais elle continue de braver le sort en resserrant ses… »

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LEJAULT Louis (extraits) https://revuedissonances.com/lejault-louis-extraits/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:22 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3760 DISSONANCES #37 | IMPUR Princesse « Il verse la dernière goutte de la bouteille dans son verre carré. Ses yeux rougis sont éclairés par une ampoule nue qui pend au plafond. Elle crépite. Il est dans un appartement une pièce, des plaques de cuisson électriques incrustées de saletés derrière lui. Un petit réfrigérateur siffle en continu. Un…Lire la suite LEJAULT Louis (extraits)

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DISSONANCES #37 | IMPUR
Princesse
« Il verse la dernière goutte de la bouteille dans son verre carré. Ses yeux rougis sont éclairés par une ampoule nue qui pend au plafond. Elle crépite. Il est dans un appartement une pièce, des plaques de cuisson électriques incrustées de saletés derrière lui. Un petit réfrigérateur siffle en continu. Un lit simple, défait, draps noirs parsemés de petites taches blanches, occupe le fond de la pièce, à gauche de la table en formica à laquelle il est assis, sur une chaise de jardin en plastique blanc. Il porte le verre à ses lèvres. Une armoire se dresse à droite de la table, juste à côté de la porte d’entrée. Un petit lavabo fait face à cette porte, un miroir au-dessus, touché par le calcaire.
Dans ses mains, une petite souris au crochet, jaune et rouge, parcourue de tâches noires, sans patte. Deux ronds noirs dans deux plus grands, blancs, font office d’yeux ; quatre fils fins, entortillés entre eux, représentent les moustaches ; les deux oreilles sont roses, coupées dans un papier épais. Il joue avec. Il passe son index sur le corps de l’animal, s’attarde sur les jonctions entre les couleurs. Il caresse la queue, la tord légèrement. Il rote. Il se lève, ouvre un placard au-dessus des plaques, et prend une bouteille. Il se rassoit et verse l’alcool dans le verre carré. Il tourne la tête vers… »

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BARROT Philippe | Sol perdu https://revuedissonances.com/barrot-philippe-sol-perdu/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:21 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3804 Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Sol perdu de Philippe BARROT DISSONANCES #37 « Santiago se saisit d’une lime et une à une effaça les lettres de la machine, les râpa jusqu’à la tige métallique. » Romancier, poète, chercheur, directeur de la revue Chroniques du çà et là et éditeur, Philippe Barrot sort un recueil fort original de quinze nouvelles dont la…Lire la suite BARROT Philippe | Sol perdu

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Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Sol perdu de Philippe BARROT
DISSONANCES #37

« Santiago se saisit d’une lime et une à une effaça les lettres de la machine, les râpa jusqu’à la tige métallique. » Romancier, poète, chercheur, directeur de la revue Chroniques du çà et là et éditeur, Philippe Barrot sort un recueil fort original de quinze nouvelles dont la variété recèle une dialectique de l’ordre et du chaos. Un chaos vierge – de la marginalité native contre tout pouvoir et un chaos délétère – du dérèglement fatal d’un ordre autophage, révèle l’évidence de mécanismes viciés que l’écriture, à l’image parfaite de son propos, trahit par la poésie, l’ironie, la parodie, l’absurde. Le tout saisi entre deux nouvelles à bord d’une pirogue, fendant l’eau trouble d’un réel et d’un imaginaire mêlés. Chaque histoire, portée par un narrateur engagé ou témoin, décline le paradigme de l’impérieuse récupération du chaos par l’ordre : un délirant psychiatrique frappé par sa lucidité aveugle ; un maniaque guéri par l’assassinat de son docteur ; un hypersomniaque employé à dormir sous contrôle de ses rêves pour rentabiliser une entreprise fragilisée ; comment échapper à l’invasion pernicieuse d’une glycine par des algues tueuses ou récupérer au nom de l’art conceptuel bourgeois un écrivain lettriste fou, la violence urbaine ou des enfants difformes. Perspective tentaculaire, trompe-l’œil, stratégie, labyrinthe, mandala sont de ces mots qui ouvrent à une littérature baroque, fondée à s’extraire du vide conceptuel, à dire non à toute structure stérilisante. Alors « Les apatrides éperdus chantent le sol perdu », nostalgiques d’un trouble originel, d’une indifférenciation libre.

éd. PhB, 2019
160 pages
12 €

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HUGUES Laurence | Pas vu Maurice https://revuedissonances.com/hugues-laurence-maurice/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:20 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3828 Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour Pas vu Maurice de Laurence HUGUES DISSONANCES #37 La lecture de Pas vu Maurice s’apparente à une forme de trébuchement doux, de chute alentie qui dépose sans heurt les souvenirs d’un temps pas si lointain, calme sans être trop silencieux, quand Marie vivait dans sa maison du Haut-Forez, en Auvergne. C’est là que la…Lire la suite HUGUES Laurence | Pas vu Maurice

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Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour Pas vu Maurice de Laurence HUGUES
DISSONANCES #37

La lecture de Pas vu Maurice s’apparente à une forme de trébuchement doux, de chute alentie qui dépose sans heurt les souvenirs d’un temps pas si lointain, calme sans être trop silencieux, quand Marie vivait dans sa maison du Haut-Forez, en Auvergne. C’est là que la vieille dame remplissait, à raison d’un par an de 1987 à 2000, de petits carnets dans lesquels elle consignait la substance de ses jours d’une écriture invasive et débordante : « Beau. Brosser. Repasser. Cousu. Fin des choux. 2 pompes cerise. Marie Noirétable en moto. Beurre. Ramoner le poêle. » La vie quotidienne ne conjugue pas les verbes, ne souffre pas les mots de liaison. Elle s’étire au rythme des visites de Maurice, le neveu qui vient bricoler et offrir sa compagnie, ou qui ne vient pas. Laurence Hugues, qui a grandi dans le voisinage, s’empare de ce trésor de moments minuscules pour dresser l’inventaire d’une fin de siècle qui coïncide avec l’achèvement d’une époque, celle de l’enfance, de quand il y avait encore du miel, des insectes et des oiseaux, des pommes ou des coings à ramasser à la fin de l’été. « En cherchant des photos du village, j’ai retrouvé un papier avec l’écriture de ma mère, au stylo à encre bleue. / Je suis morte le / J’ai été incinérée le / Ni Dieu ni maître / On peut remplir les blancs. Ou plutôt non. Pas vraiment.  »
Les photographies de Claude Benoît à la Guillaume accompagnent le texte en disant délicatement le fragment, le morceau d’existence, toute chose qui finit par transformer la matière de l’ordinaire en acte poétique.

éd. Créaphis, 2018
138 pages
9 €

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CAVAILLÈS Nicolas | Rotroldiques https://revuedissonances.com/cavailles-nicolas-rotroldiques/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:19 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3800 Coup-de-cœur de Christophe ESNAULT pour Rotroldiques de Nicolas CAVAILLÈS DISSONANCES #37 Après lecture d’un gros millier de romans, je n’en peux plus des histoires ou alors si, mais je vais au cinéma. Rotroldiques de Nicolas Cavaillès met à mal mon dire. Ou m’oblige à l’expliciter davantage. Il faut dire non aux raconteurs d’histoires quand leur écriture n’est pas au service…Lire la suite CAVAILLÈS Nicolas | Rotroldiques

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Coup-de-cœur de Christophe ESNAULT pour Rotroldiques de Nicolas CAVAILLÈS
DISSONANCES #37

Après lecture d’un gros millier de romans, je n’en peux plus des histoires ou alors si, mais je vais au cinéma. Rotroldiques de Nicolas Cavaillès met à mal mon dire. Ou m’oblige à l’expliciter davantage. Il faut dire non aux raconteurs d’histoires quand leur écriture n’est pas au service d’une langue. Et chez Cavaillès, on se régale les sens, c’est-à-dire et pour ma part que je le lis comme un poète ou un écrivain qui dans la fiction ou la nouvelle tend toujours vers le poétique. Ça se passe aussi ainsi avec les écritures de Marc Graciano ou de Claude Louis-Combet. Voici ce qui se passe dans ses phrases : « Ainsi part-il seul déambuler et perdre son temps, à défaut d’argent, dans les arcanes tranquilles de sa ville, où l’avenir ressemblerait à un parking vide s’il n’existait pas aussi un moyen de conjurer tout cela, de ne pas vendre son âme pour une bouchée de pain, de ne pas rêver d’ailleurs, de ne pas s’assommer dans l’ennui surchargé de pages publicitaires et de mélodies commerciales qui envahit les rues achalandées,… » Petite touche de perversion : l’autre moitié de la phrase se retrouve en page 15. Et je n’ai pas encore évoqué le bar de Nanar de Nogent-le-Rotrou ni et surtout Legrand qui est assez large pour s’imposer durablement, s’installer dans votre réel (et donc effacer mille autres personnages de romans). Là où il y a littérature, il y a inconfort. À la description d’une chirurgie oculaire on pourra emmener son œil deux pages plus loin, ce qui serait bien dommage. On dit que les écrivains sont de petits bourgeois confortablement installés, Cavaillès a dû se poser sur des tabourets de bar très coupants.

éd. Marguerite Waknine, 2019
60 pages
9 €

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GRACIANO Marc | Au pays de la fille électrique https://revuedissonances.com/graciano-marc-pays-de-fille-electrique/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:16 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3813 Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Au pays de la fille électrique de Marc GRACIANO DISSONANCES #37 « Putain j’y crois pas, dit l’homme en se donnant des gifles légères, comme pour vérifier qu’il ne rêvait pas, regardez la jolie pute qu’on s’est dénichés là, […] », et vingt-cinq pages après (d’un « Prologue » effroyable fait d’une seule phrase aussi limpide et fluide…Lire la suite GRACIANO Marc | Au pays de la fille électrique

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Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Au pays de la fille électrique de Marc GRACIANO
DISSONANCES #37

« Putain j’y crois pas, dit l’homme en se donnant des gifles légères, comme pour vérifier qu’il ne rêvait pas, regardez la jolie pute qu’on s’est dénichés là, […] », et vingt-cinq pages après (d’un « Prologue » effroyable fait d’une seule phrase aussi limpide et fluide que sont abominables (limite soutenables) les horreurs qu’elle décrit) : « […] qu’est-ce que tu veux qu’elle dise, il affirma, elle sait pas qui on est ni d’où on vient et vu son état elle se souviendra de rien, […] et tous partirent en laissant la fille seule dans le noir.  » et là, si le lecteur a surmonté l’épreuve (ce mot n’étant ici nullement exagéré : jamais rien lu de tel – d’aussi traumatisant – sauf parfois chez Selby), il y a une ellipse et l’on retrouve la fille ailleurs et bien plus tard seule et très amaigrie et dont les vêtements se sont beaucoup usés, et qui est devenue un peu comme une bête qui aurait été battue et se serait enfuie, marchant le long des routes et dormant dans les bois et se lavant sans cesse très délicatement comme une petite chatte qui aurait été blessée, rencontrant des humains que sa beauté étonne et qui pour la plupart sont tout prêts à l’aider mais elle poursuit sa route et traverse leurs vies parce qu’elle va où elle doit et que c’est plus fort qu’elle qui ne peut donc tarder, de sorte que le monde la regarde passer « sans rien faire ni dire mais en clignant doucement et éperdument les yeux » et, s’ouvrant devant elle, il la mène avec nous au terme du voyage qui nous est dévoilé dans un court « Épilogue » qui est une apogée qui laisse sidéré… et tout cela narré dans cette langue magique et de haute volée (ample, millimétrée, sensorielle, hypnotique) qui est comme l’adn de l’œuvre de Graciano. Bref c’est hallucinant (et ce livre est très grand).

éd. Corti, 2016
160 pages
19 €

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BONNEAU François (extraits) https://revuedissonances.com/bonneau-francois-extraits/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:09 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3791 DISSONANCES #37 | IMPUR Deux nuits de plus à jouir dans la bouche de Dieu « Mon cœur claudiquant, J’ai bien trouvé ta lettre, l’écrin, le petit nœud, en rentrant ce soir. J’ai lu, j’ai vu. Et, non, je ne peux pas être d’accord avec toi. Alors, comme tu le lis actuellement, je te réponds. Tu n’as…Lire la suite BONNEAU François (extraits)

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DISSONANCES #37 | IMPUR
Deux nuits de plus à jouir dans la bouche de Dieu
« Mon cœur claudiquant,
J’ai bien trouvé ta lettre, l’écrin, le petit nœud, en rentrant ce soir. J’ai lu, j’ai vu. Et, non, je ne peux pas être d’accord avec toi. Alors, comme tu le lis actuellement, je te réponds. Tu n’as pas tout compris, j’en ai bien peur.
Si seulement j’avais trouvé, dans son panier, un chiot lévrier croisé basset qui fait le beau, là, d’accord, je t’aurais fait la fête. Ou alors, si tu m’avais emmené une semaine au Chili, avec des nems à chaque repas. Là, j’aurais compris que tu avais compris.
Je ne demande rien d’impossible, pourtant. Peut-être une simple promenade galante, mais dans un bourbier sans fond ; là, d’accord. Là, tu aurais vu des étincelles dans mes yeux. Des étincelles de disqueuse dans un fin-fond d’atelier, qui donnent des teintes étranges au cambouis répandu, et tu aurais su que tu avais vu juste.
Non mais, t’es-tu bien relu ? Je t’offre ce que nous sommes, nous deux ? Vraiment ?
J’avais le palpitant en déchirant l’emballage d’un geste maladroit, je ne… »

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BERETTA Luna (extraits) https://revuedissonances.com/beretta-luna-extraits/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:08 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2478 DISSONANCES #37 | IMPUR Chair avariée « Il y a ces putains de flashs qui surprennent tout au long de la journée. La nuit c’est pire encore ; la nuit, c’est toujours pire. Le pouvoir du cerveau c’est sentir des brûlures même quand rien ne touche la peau. Le pouvoir du cerveau c’est ressasser infiniment les souvenirs qu’on…Lire la suite BERETTA Luna (extraits)

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DISSONANCES #37 | IMPUR
Chair avariée
« Il y a ces putains de flashs qui surprennent tout au long de la journée. La nuit c’est pire encore ; la nuit, c’est toujours pire. Le pouvoir du cerveau c’est sentir des brûlures même quand rien ne touche la peau. Le pouvoir du cerveau c’est ressasser infiniment les souvenirs qu’on voudrait faire crever. Juste. Faire. Crever. Non, les épreuves ne nous rendent pas plus forts. Non, haïr n’est pas une manière de se sentir en vie. Il aurait fallu que ça donne de la force mais ce n’est pas vrai. Ce qui est vrai c’est que pleurer toute la journée fatigue mais ne soulage pas. On se dit tiens, ça part de moi, ça coule, ça s’expulse, mais ça ne soulage pas. On ne vide pas ce qui est dépeuplé. Tout ce qui coule, c’est du faux, du chiqué, c’est que du rien qui dégouline et ça n’existe pas. Le pouvoir du cerveau c’est aussi tenailler la colère et la plaquer contre soi pour se faire très très mal. La colère, c’est pas qu’une boule dans le ventre, ça peut éclore partout tout le temps et des fois c’est gluant. Il y a ce doigt tapoté, rien que ça me ramène aux dents sur mon index. La douleur de mon cou sous ses mains. La pression de ma chaussure sur l’astragale, c’est ses orteils qui appuient pour entrouvrir mes jambes. Mes seins, je les sens tout le temps, ils pèsent trop lourds comme les… »

DISSONANCES #34 | TRACES
Victime

« De la pointe du couteau, je soulève un morceau de mozzarella sans oser relever les yeux. Un voile trouble me fait voir grossièrement la pizza, par couches de couleurs – vert basilic, rouge tomate ; ce doit être l’alcool car je ne pleure pas. Sachant déjà qu’il est trop tard, j’hésite à parler. Son regard au moment où j’ai prononcé le mot : rétractation du cerveau, corps qui se contient, tout son organisme agité de pourquoi, soubresauts de violence, j’ai plongé dans l’assiette parce que je regrettais de lui avoir dit, parce que je savais que s’étaient imprimées sur ma face les lettres de VICTIME, et qu’elles clignoteraient désormais chaque fois qu’il me verrait. Me revient ce jeu à la con où on colle une étiquette sur le front de son voisin. Je m’excuse et il se lève, fait le tour de la table pour m’étreindre ; je n’en ai pas envie et pourtant je ne fais rien, le laisse m’envahir et me clôturer avec affection. Il n’y a pas que ses bras qui m’enferment : je contemple son esprit me circonscrire sans aucune pudeur. Il faudrait en dire bien plus – il aurait fallu se taire. Le nez collé à… »

DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
Hors d’usage
« X se lève. Il pousse un grognement, manque de me marcher dessus et arrive finalement à m’enjamber sans me faire trop mal. J’ai la bouche pâteuse, collée, je ressens ma mauvaise haleine comme si elle se diffusait dans mon corps tout entier. Je bouge un peu, j’ai mal à la hanche, je ne vois aucune raison à cette douleur. J’ai très soif, pourtant je sais que l’eau passera mal. J’entends X remuer dans la salle de bains, il fait un bruit d’enfer, je me demande vraiment ce qu’il fout. Il veut tout péter ou quoi ? Je l’entends se moucher, et il n’arrête pas. C’est comme s’il se mouchait dans mon oreille, il fait un putain de boucan, je ne pensais pas que quelqu’un pouvait sortir autant de choses de son pif, ça m’énerve vraiment, j’aimerais me rendormir et ce bruit m’obsède. J’ai carrément envie de lui hurler « Ta gueule », mais j’ai pas la force. Et de toute manière, je le connais, il s’arrêtera pas pour si peu.
Je cherche mon portable. Il y a plein de bordel autour du pieu. Je touche un truc visqueux, inidentifiable. À côté, mon téléphone. Heure : 15h37. Pas de nouveau message. Les rideaux sont fermés. Faudrait les ouvrir pour voir un peu la lumière du jour, il fera... »

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CHAUVET Christophe (extraits) https://revuedissonances.com/chauvet-christophe-extraits/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:05 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3786 DISSONANCES #37 | IMPUR La tueuse « Je t’ai vu. Allez. Sors de là. Tu m’connais quand même. Je viens tous les jours. C’est pas la peine de prétendre. Puisque je t’ai vu. Elle enfonce un brin d’herbe pour faire sortir le criquet de son refuge. Mais le criquet s’obstine et Marie perd patience. Elle frappe du…Lire la suite CHAUVET Christophe (extraits)

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DISSONANCES #37 | IMPUR
La tueuse
« Je t’ai vu. Allez. Sors de là. Tu m’connais quand même. Je viens tous les jours. C’est pas la peine de prétendre. Puisque je t’ai vu. Elle enfonce un brin d’herbe pour faire sortir le criquet de son refuge. Mais le criquet s’obstine et Marie perd patience. Elle frappe du pied l’endroit où l’insecte s’est réfugié. Elle écrase l’entrée de son tunnel de plusieurs coups de talon, avec les deux pieds, puis se met à courir. Puisque c’est comme ça. Puisque tu veux tant te cacher. Te voilà enterré. Marie s’avance jusqu’au bord de la rivière. Elle s’allonge sur la berge. Elle coule ses mains dans l’eau, les ramène contre elle pour y porter sa bouche, répond à son image en y plongeant ses lèvres. Le dos arqué, pincé, suraigu, lapidaire. Elle se fige. Le sang s’écoule, s’échappe entre ses cuisses qu’elle referme, fermant les yeux au ciel. Elle saigne pour la première fois. Elle croit qu’elle va mourir. Elle croit que toutes les jeunes filles de son âge meurent de cette manière. Elle n’a jamais connu l’amour que par un baiser sur l’oreille et ne sait pas que cet amour est lié à un organe du ventre. Elle effleure du bout des doigts l’intérieur de sa jambe. Contre sa joue, sa jouette, sous la pupille. Elle ramène plus près d’elle la vision de son sang. Son visage… »

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BLEUSHER Nicolas (extraits) https://revuedissonances.com/bleusher-nicolas-extraits/ Sat, 05 Oct 2019 11:00:00 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3795 DISSONANCES #37 | IMPUR Je veux « Je veux le dandy en hiver, ses nuits confortables, son humour au Fernet-Branca. Je veux le voyou qui me « chut ! » dans la cage d’escalier. Le frisson de la capuche. Je veux l’apprenti et l’impur. Son corps blanc tendu comme une offrande, son cœur crochu comme un bec. Je veux le… »

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DISSONANCES #37 | IMPUR
Je veux
« Je veux le dandy en hiver,
ses nuits confortables,
son humour au Fernet-Branca.

Je veux le voyou qui me « chut ! »
dans la cage d’escalier.
Le frisson de la capuche.

Je veux l’apprenti et l’impur.
Son corps blanc tendu comme une offrande,
son cœur crochu comme un bec.

Je veux le… »

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DISSONANCES #36 LA VÉRITÉ https://revuedissonances.com/dissonances-36-verite/ Sat, 04 May 2019 15:30:57 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3552 mai 2019 / 48 pages / 5 euros mise en images : Hélène BAUTISTA – ÉDITO : TOUTE LA […] RIEN QUE LA […] Ça ne doit pas être facile, d’être La Vérité : on l’exige, on la flaire, on la traque, on s’en approche, on la débusque (elle jaillit alors, lumineuse, toute nue), on met le doigt dessus (tout en étant en dessous…Lire la suite DISSONANCES #36 LA VÉRITÉ

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mai 201948 pages / 5 euros
mise en images : 
Hélène BAUTISTA

ÉDITO : TOUTE LA […] RIEN QUE LA […]

Ça ne doit pas être facile, d’être La Vérité : on l’exige, on la flaire, on la traque, on s’en approche, on la débusque (elle jaillit alors, lumineuse, toute nue), on met le doigt dessus (tout en étant en dessous – quand ce n’est pas à cent lieues), on la regarde en face et on la trouve soudain… cruelle, odieuse, horrible (en un mot : dérangeante), on ne la supporte pas, on recule devant elle (on en a peur en fait) alors on s’en écarte (on lui tourne le dos ou on la dissimule), on lui fait une entorse (ce qui est assez mesquin), on l’étouffe, on la tronque, et pour qu’elle triomphe (du moins c’est ce qu’on prétend) on la fait éclater… ce qui fait que sans doute, si elle pouvait parler (voire si elle existait), à toute l’Humanité (qui est un peu son fan-club) La Vérité dirait : « J’en ai marre de vos gueules : vous grouillez, vous êtes laids (cons, tordus : malfaisants) et vous me dégoûtez. Allez vous faire foutre et fichez-moi la paix ! » Ce qui, on en conviendra, serait assez grossier mais très compréhensible (certain énervement) et franc en tous les cas (ce qui est bien le moins venant de La Vérité). On serait tentés alors (pour qu’elle se calme un peu) de lui dire : « D’accord. Repose-toi : on te lâche. » mais en fait c’est bien d’elle qu’on va causer ici (on lui aurait donc menti). Et d’autres choses aussi (vous pouvez vérifier : on vous jure que c’est vrai).

Jean-Marc FLAPP

DOSSIER « CRÉATION » : LA VÉRITÉ

Thierry COVOLO  : Le voisin de Jo Campo
« Je suis le voisin de Jo Campo. Le voisin de Jo Campo. C’est devenu notre lot à tous, dans le coin. Le voisin de Jo Campo. Le coiffeur de Jo Campo. La fille qu’est sortie au lycée avec Jo Campo. Le gars qu’a vu la voiture de Jo Campo garée près du lac, un jour où il était allé… »

Marie du CREST  : Ekphrasis
« Elle est là, debout comme marchant dans sa direction, pourtant immobile sur la toile, dans l’atelier où la lumière du jour décline. Son pied gauche se soulève pour faire un pas léger. Un seul. Descend-elle quelque degré en pierre ? Il a longtemps rêvé d’Elle ; il l’a griffonnée sur… »

Aurélia DECLERCQ  : Quatre, actrice une
« 4 murs, pas de théâtre au centre des 4 murs, Elsa. Elsa n’est pas une actrice. Elsa porte une robe narrative, elle n’est pas une actrice. Elle est coincée là. Coincée dans un lieu X. Pas de théâtre au centre des 4 murs, une table. Une longue table attend des invités. Ricanement… »

Christophe ESNAULT  : Vie et morts du Chargé de mission
« Dieu a été vu en short et en chaussure de golf en train de zoner autour de bons de réduction abandonnés caisse 47.  Je dois t’assurer – sans un superlatif, sans un lexique poussif ni appuyé, et avec un nombre de signes limités – que je suis indiscutablement l’… »

Joseph FABRO : Champ de blé aux corbeaux
« Il était schizophrène, et bipolaire, syphilitique, et atteint de saturnisme. Il s’est tiré une balle dans la poitrine en visant le cœur, et les frères Secrétan lui ont tiré une balle dans la poitrine par accident en jouant aux cow-boys, et les frères Secrétan lui ont tiré une… »

Pierre GONDRAN DIT REMOUX : Paysages
« au sentier bûcheron, tu foules le ciel des herbes
plein du chagrin de l’âme verte de leurs feuilles
dans l’odeur rousse des grumes d’… »

Philippe GUERRY : Palais d’émail
« La vérité, c’est que le Père Noël n’existe pas, que la petite souris n’existe pas non plus et que ton père, n’insiste pas, n’existe plus. Voilà : tu voulais savoir et maintenant tu sais. Le pôle Nord n’existe pas, les lutins n’existent pas, les palais d’émail laiteux constellés de petites… »

Élodie HEMBERG : Pulp
« Elle m’a dit, dans une énième déclinaison d’un café type Brooklyn, Pulp ®, en plein Bruxelles, devant un grand latte macchiato aromatisé à la fleur de vanille (même si cette information n’est d’aucune importance, j’ai simplement une tendance à absorber grand… »

Lionel LATHUILLE  : Une coupure
« (Nous avions cherché, rien ne se transformait jamais. Rien de nous ne devenait une empreinte, une forme disposée à nous révéler. Nous finissions par habiter une carcasse abandonnée à la lumière crue du réel, séparément, sans vérité pour nous réunir. Nous devenions… »

Jasmin LIMANS : La vie la vérité
« la vérité n’existe pas mon frère l’a vérifié deux fois notre conception ne nous appartient pas on ne naît pas heureux on hurle à la lumière quelqu’un sectionne pour nous notre cordon ombilical puis on essaye de vivre on fait du mieux qu’on peut on regarde les autres un… »

Jean-Pascal MARTIN : L’amour vrai
« Je viens de faire l’amour avec mon mari. Je me sens bien, vivante, comme quand je danse, comme quand je nage ou que je t’embrasse. Jean lit ce SMS d’Emma, oscillant entre colère et déception. Abattu, il ne relève même pas l’expression « faire l’amour » qu’il déteste autant que… »

Samuel MARTIN-BOCHE : Premier sang
« À feuilleter une à une
les pages de l’enfance
dans la… »

Romain PARIS  : Naufrages
« Y a plus rien à siffler, mec. Eh, t’as vu ? En plus, le patron tire la tronche d’une murène qu’a confondu l’hameçon avec le jackpot. Et les filles seraient capables de se taper n’importe quel portefeuille en partance pour Bora-Bora. Cette candeur m’écœure. « Et d’abord… »

Marie-Paule RAMO  : La cuillère d’uri geller
« J’ai posé ma main sur ton front pour vérifier que tu allais bien que tu n’avais pas attrapé la fièvre que ce n’était pas comme la dernière fois que le palu n’était plus qu’un mauvais souvenir toi toute seule dans cette chambre d’hôtel minable les draps rêches la peau brûlante tu… »

Catherine SERRE  : Double lien
« heures d’après-solstice  –  comme des vagues
se moquent des proportions  –  de la fin de la nuit longue
sur ligne de départ  –  elles se transforment sans… »

Lola THIERY  : Mange tes pâtes
« Tout ce que je vis est inspiré de faits réels. Aujourd’hui je ne m’amuse pas. J’ai la greffe du délire au corps et je bois un thé boisé, épicé, charpenté. Un Mokalbari Golden Tips par exemple, aux parfums fragmentés. Je délire. Tandis que les vérités ont autant de notes de tête, de… »

Marlène TISSOT : C’est ma bouteille pour ce soir
« Mon père est là. Il me regarde. Il sourit. Chambre d’hôpital. Des tuyaux partout. Des machines qui clignotent. Il sait qu’il porte une couche, papa. Il sait qu’il se chie dessus. Mais il s’en fout. Il perd la tête, mélange les époques, ne sait plus quel âge il a, ni ce qui est normal ou pas. Il… »

PORTFOLIO : Hélène BAUTISTA

« Née à Rodez en 1974, Hélène Bautista a grandi à Toulouse en gribouillant – depuis toujours – dans les marges. Nourrie de Gustave Doré, Honoré Daumier, Félix Vallotton, elle s’est formée à la gravure sur cuivre et aux techniques d’illustration-narration puis son amour des livres l’a… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un.e auteur.e connu.e) :
Perrine LE QUERREC
« Quelle fut votre première grande émotion de lectrice ?
Les lettres noires qui s’animent et soudain forment un mot. Et ce mot je le vois, je le comprends. J’ai trois ans, une encyclopédie pour enfant déployée en grand sur les jambes, jusqu’alors il y avait… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
Bastard Battle (Céline MINARD)
« Ils sont sept, dotés de noms empruntés à la saga Au bord de l’eau, au Seven Swords de Tsui Hark ou à un Moyen-Âge enfumé de champignons fantasmagoriques. Sept mercenaires uchroniques au sabir plein de gouaille, prêts à dégainer katanas et kung-fu pour venir... »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture)  :
Laure ANDERS
 : Cent lignes à un amant – éd. La Boucherie littéraire
« La collection Carné poétique de La Boucherie littéraire sait mettre très en valeur un court texte. Le voici logé entre quarante pages blanches (vierges). Je suis daltonien gravement atteint, mais au risque de l’erreur la couverture est d’un rouge écarlate. Ou carmin. Ou… »
Luc CHOMARAT : Un petit chef d’œuvre de littérature – éd. Marest
« « Au-dehors Paris devenait une ville indifférenciée, avec des H&M, des McDo, des Zara, un peu tout ce qu’on pouvait trouver à Venise, par exemple. Il était devenu difficile d’écrire sur les villes, ou sur les femmes. » C’est un badinage habile sur les niveaux de langage, où les… »
Stéphane DOUBINSKY : Le manifeste du Zaporogue – éd. Lunatique
« Le Manifeste du Zaporogue aurait mérité de sortir à 7,7 milliards d’exemplaires : autant d’écrivains, de lecteurs, de QG éditoriaux. Autant de résistants pour qui ce bouquin devrait jouer le rôle d’une coupe d’eau fraîche en pleine fournaise. « Or, la culture, c’est l’eau, qui désaltère et… »
Delphine DURAND  : Connaissance de l’ombre – éd. le Réalgar
« Cette jeune poétesse érudite, fidèle à la revue Apulée initiée par Hubert Haddad à qui elle dédie ce premier recueil, est férue de kabbale, de mystique soufie et hantée par William Blake, Dante et Ibn Arabi. Elle est de ces voyantes qui explorent, pénètrent en leur tombeau les… »
Marc GRACIANO
 : Le sacret – éd. Corti
« «  L’oiseau de proie était tellement figé que, de loin, il avait semblé au garçon une motte de terre, et l’oiseau était tellement faible qu’il laissa s’approcher le garçon sans réagir, et, quand le garçon fut proche, il vit que l’oiseau avait une aile blessée […] » et ses ailes Le sacret vient de les… »
Maëlle LEVACHER  : Zébulon ou le chat – éd. La part commune
« « Consolation n’est que le nom qu’on donne à une saison sèche. » Comment faire son deuil d’un être aimé ? Patiemment Maëlle Levacher a attendu son heure pour évoquer la vie et l’œuvre de feu Zébulon. Par petites touches, pensées, maximes et aphorismes, elle ressuscite leur… »
Hans LIMON  : Poéticide – éd. Quidam
« « Tous les crever ! » C’est par cette injonction que s’ouvre Poéticide, dont les poèmes, à l’exception du dernier, sont barrés, et les poètes assassinés par le verbe fougueux d’Hans Limon : « C’est au berceau qu’il faudrait les prendre. Les pendre. Avant qu’ils ne sachent écrire ou… »
Hyam ZAYTOUN  : Vigile – éd. Le Tripode
« Un soir, la narratrice se couche contrariée. Elle est enrhumée, s’est disputée avec son compagnon. Un échange de reproches banals et injustes, la vie en somme. Quand elle se réveille en pleine nuit, toute cette normalité s’est désintégrée. L’homme qu’elle aime est en train de… »

DI(S)GRESSION (carte blanche sur un domaine autre que la littérature)
Ingrid S. KIM  : Des aiguilles et des femmes
« Je ne crois pas qu’elles se connaissent. Et pourtant. La post-punk discrète, la performeuse exubérante, deux adeptes de l’encre à qui le kraft ou le papier à un moment n’ont plus suffi, qui ont voulu graver plutôt qu’esquisser, qui ont troqué le pinceau, le crayon, le clavier pour l’… »

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LIMANS Jasmin (extraits) https://revuedissonances.com/limans-jasmin-extraits/ Sat, 04 May 2019 15:30:54 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3577 DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ La vie la vérité « la vérité n’existe pas mon frère l’a vérifié deux fois notre conception ne nous appartient pas on ne naît pas heureux on hurle à la lumière quelqu’un sectionne pour nous notre cordon ombilical puis on essaye de vivre on fait du mieux qu’on peut on regarde les…Lire la suite LIMANS Jasmin (extraits)

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DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
La vie la vérité
« la vérité n’existe pas mon frère l’a vérifié deux fois
notre conception ne nous appartient pas on ne naît pas heureux on hurle à la lumière quelqu’un sectionne pour nous notre cordon ombilical puis on essaye de vivre on fait du mieux qu’on peut on regarde les autres un jour on marche on assemble des mots on apprend à répondre on pense être et avoir on se familiarise avec les auxiliaires on fait des phrases simples on se risque aux complexes on subordonne beaucoup on tient comme ça un temps on a des habitudes des buts des objectifs la langue nous suffit la grammaire est vivante on ne fait pas semblant on joue à chaque instant avec le réel le sens de la vie se déplie en vérités mobiles en réflexes sublimes et nous pousse en avant on marche sur ses traces dans les pas de nos pères on tombe on recommence on recommence souvent on aime recommencer on répète l’expérience on passe quelquefois facilement quelquefois aux travers des pluies l’après-midi des longues parties de cartes des flaques dans le brouillard des prairies sous la neige un cheval à l’arrêt au milieu des forêts un pluriel imbécile un bruit dans un buisson une peur d’enfant partagée un moment on passe on force à… »

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DOUBINSKY Stéphane | Le manifeste du Zaporogue https://revuedissonances.com/doubinsky-stephane-manifeste-zaporogue/ Sat, 04 May 2019 15:30:52 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3670 Coup-de-cœur de Romain PARIS pour Le manifeste du Zaporogue de Stéphane DOUBINSKY DISSONANCES #36 Le manifeste du Zaporogue aurait mérité de sortir à 7,7 milliards d’exemplaires : autant d’écrivains, de lecteurs, de QG éditoriaux. Autant de résistants pour qui ce bouquin devrait jouer le rôle d’une coupe d’eau fraîche en pleine fournaise. «  Or, la culture, c’est l’eau, qui désaltère…Lire la suite DOUBINSKY Stéphane | Le manifeste du Zaporogue

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Coup-de-cœur de Romain PARIS pour Le manifeste du Zaporogue de Stéphane DOUBINSKY
DISSONANCES #36

Le manifeste du Zaporogue aurait mérité de sortir à 7,7 milliards d’exemplaires : autant d’écrivains, de lecteurs, de QG éditoriaux. Autant de résistants pour qui ce bouquin devrait jouer le rôle d’une coupe d’eau fraîche en pleine fournaise. «  Or, la culture, c’est l’eau, qui désaltère et qui fait pousser les vergers dans le désert. Ce n’est pas un miracle. C’est la vie, simplement. » Ce dithyrambe à la Littérature, loin de n’être qu’une déclaration de guerre, crie haut et fort l’acceptation du défi auquel Dieu et les Marchands nous contraignent. Dieu, vu ici comme l’incarnation des hautes sphères qui dirigent aujourd’hui cette Civilisation en état d’urgence. Et les Marchands comme outils essentiels à l’édification de notre ignorance. On se bat, et on se battra. Sans craindre les coups en traître. « La barbarie n’est pas la cruauté. La barbarie est une autre façon de s’exprimer. La poésie, le théâtre sont, par essence, barbares. » La luxuriance du verbe s’occupe du reste. Nous entraîne. Au cœur de ces zones de conflit qu’un capitalisme à fond la caisse, avec la contribution mercantile de charlatans moralistes, voudraient nous faire prendre pour une salle d’attente. L’actuelle condition de la littérature, et donc de la culture, en ce qu’elle a de plus irréductible, de plus fructueux, est ici abordée sur tous les fronts avec une profusion de réflexions et une rhétorique farcie de TNT. « Éditer aujourd’hui est un acte suicidaire. Mais c’est un suicide fertile. Généreux. » Constat féroce, certes, car objectif et lucide, mais avant tout ouverture sur des possibilités d’action infinies. Aussi que Sébastien Doubinsky ne s’impatiente pas : c’est avec joie qu’on fera chanter la bouteille à ce festin fou.

éd. Lunatique, 2017
90 pages
10 €

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CHOMARAT Luc | Un petit chef d’oeuvre de littérature https://revuedissonances.com/chomarat-petit-chef-doeuvre-de-litterature/ Sat, 04 May 2019 15:30:50 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3681 Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour Un petit chef d’œuvre de littérature de Luc CHOMARAT DISSONANCES #36 « Au-dehors Paris devenait une ville indifférenciée, avec des H&M, des McDo, des Zara, un peu tout ce qu’on pouvait trouver à Venise, par exemple. Il était devenu difficile d’écrire sur les villes, ou sur les femmes.  » C’est un badinage habile sur les…Lire la suite CHOMARAT Luc | Un petit chef d’oeuvre de littérature

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Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour Un petit chef d’œuvre de littérature de Luc CHOMARAT
DISSONANCES #36

« Au-dehors Paris devenait une ville indifférenciée, avec des H&M, des McDo, des Zara, un peu tout ce qu’on pouvait trouver à Venise, par exemple. Il était devenu difficile d’écrire sur les villes, ou sur les femmes.  » C’est un badinage habile sur les niveaux de langage, où les sentences d’un barman de TGV («  La littérature, c’était la force de l’invisible ») s’encastrent dans l’indifférence d’un Rastignac en surchauffe, trop occupé à mater « deux petites nanas de l’autre côté de la voiture-bar ». C’est la mise en abîme d’un livre auteur de lui-même et dont le titre, Un petit chef-d’œuvre de littérature, provoque une série de malentendus qui pourraient lui faire perdre la maîtrise de sa carrière littéraire, donc de son existence : « – C’est un peu facile. / – Quoi donc ? / – D’appeler ça Un petit chef-d’œuvre. / C’était un ami critique littéraire qui parlait. / En fait, ce n’était pas vraiment un ami. / C’était plutôt un critique littéraire. »
Luc Chomarat se joue ici de notre rapport fantasmagorique à l’œuvre, à la figure de l’écrivain – tour à tour auteur, personnage ou archétype social -, à l’acte d’écriture et à ce qu’il en coûte de refuser des mots pour en accueillir d’autres. Sans avoir l’air d’y toucher, il se place à l’endroit précis d’où il pourra joyeusement torpiller les styles, les conventions du milieu de l’édition et les allégories standardisées (le Prestige de l’écrivain, la Magie des livres, la Postérité) pour mieux développer un art millimétré de l’ellipse et de la concision : «  L’appartement était encombré d’une fille en nuisette qu’il ne connaissait pas, une brune qui ressemblait à un gif pornographique, même sans rien faire. »

éd. Marest, 2018
138 pages
9 €

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ANDERS Laure | Cent lignes à un amant https://revuedissonances.com/anders-laure-cent-lignes-a-amant/ Sat, 04 May 2019 15:30:49 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3685 Coup-de-cœur de Christophe ESNAULT pour Cent lignes à un amant de Laure ANDERS DISSONANCES #36 La collection Carné poétique de La Boucherie littéraire sait mettre très en valeur un court texte. Celui-ci est logé entre quarante pages blanches (vierges). Je suis daltonien gravement atteint mais, au risque de l’erreur, la couverture est d’un rouge écarlate. Ou carmin. Ou…Lire la suite ANDERS Laure | Cent lignes à un amant

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Coup-de-cœur de Christophe ESNAULT pour Cent lignes à un amant de Laure ANDERS
DISSONANCES #36

La collection Carné poétique de La Boucherie littéraire sait mettre très en valeur un court texte. Celui-ci est logé entre quarante pages blanches (vierges). Je suis daltonien gravement atteint mais, au risque de l’erreur, la couverture est d’un rouge écarlate. Ou carmin. Ou verte. Même avec cette marge d’erreur, il est certain que ce livre aux allures de carnet est fort joli.
Le dispositif est simple : 99 très courts textes commençant par « Je vous embrasse » et un centième qui commence comme il veut. Pas d’inquiétude, ça suffit parfaitement pour faire un livre, je vous l’assure : «  85. Je vous embrasse parce que je n’ai pas eu le temps de me donner à vous, parce que nous n’avons eu que des éclipses. » On pourra penser à l’Ouvroir de littérature potentielle, à Clémentine Mélois ou encore à Nelly Maurel. C’est aussi une réponse à une phrase que je vous laisserai découvrir : on ne va pas trop vous dévoiler ce livre d’une authentique fragmentiste. Il se trouve que j’en aime un certain nombre, de fragmentistes : cette chronique aurait pu être une liste de 99 fragmentistes + un romancier ennuyeux à mourir.
Mais je suis là pour aider votre amant, votre amante, à voir arriver dans ses mains ce Cent lignes à un amant. La question qui se pose ensuite étant : Qu’est-ce qu’on écrit sur les pages blanches ? On dessine ? On fait des collages ? On est trop timide, on les laisse blanches ? On les découpe et on fabrique des avions de papier sur lesquels on écrit : « J’ai envie de t’embrasser » ou « Si tu ne m’embrasses pas, j’embrasse ta mère » ? À vous de voir (de vivre). Les possibilités sont infinies.

éd. La Boucherie littéraire, 2018
72 pages
10 €

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LIMON Hans | Poéticide https://revuedissonances.com/limon-hans-poeticide/ Sat, 04 May 2019 15:30:49 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3656 Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Poéticide de Hans LIMON DISSONANCES #36 « Tous les crever ! Tous les rayer ! » C’est par cette injonction que s’ouvre Poéticide, dont les poèmes, à l’exception du dernier, sont barrés, et les poètes assassinés par le verbe fougueux de Hans Limon : « C’est au berceau qu’il faudrait les prendre. Les pendre. Avant qu’ils ne sachent écrire ou…Lire la suite LIMON Hans | Poéticide

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Coup-de-cœur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Poéticide de Hans LIMON
DISSONANCES #36

« Tous les crever ! Tous les rayer ! » C’est par cette injonction que s’ouvre Poéticide, dont les poèmes, à l’exception du dernier, sont barrés, et les poètes assassinés par le verbe fougueux de Hans Limon : « C’est au berceau qu’il faudrait les prendre. Les pendre. Avant qu’ils ne sachent écrire ou parler, autrement dit mentir, aveugler, recouvrir, dissimuler. Des faux-monnayeurs par nature ou vocation. Le ver est dans la pomme et la pomme en ma paume : à moi de l’engloutir. »
Jailli d’une écriture frénétique sur un téléphone portable au terme de quatre jours de marche, Poéticide retrace le parcours d’un vieil homme dialoguant avec Shakespeare, Hugo, Rilke, Rimbaud et autres figures du père. Avec cette oeuvre insolite, subversive, jouissive, Hans Limon joue des genres et des codes, renouant avec la poésie classique dans une langue inventive, triviale et précieuse, non dénuée d’humour potache (« Quand les pourvoyeurs de crachats / Prendront ma poésie sous le bras / On débarrassera les linceuls / Et Rimbaud pissera le choléra »).
À l’issue de ce tendre jeu de massacre-hommage irrévérencieux, le personnage redevient jeune homme, et le dernier poème, qui s’achève dans un grand cri cosmique, donne à voir une poésie purifiée, un poète devenu voyant : « J’ai vu / Des galaxies-pieuvres embrassant maintes épaves sismiques / Piquées d’étincelles frondeuses / Des planètes siamoises vrillant comme de multicolores / Toupies / Dans leurs jupes ceinturées d’or chamarrant l’infini rieur / De brutes bordées crachant le météore et le chaos »
« LA POÉSIE N’EXISTE PAS », conclut l’auteur. Elle est en effet sans cesse à réinventer.

éd. Quidam, 2018
92 pages
13 €

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ZAYTOUN Hyam | Vigile https://revuedissonances.com/zaytoun-hyam-vigile/ Sat, 04 May 2019 15:30:47 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3651 Coup-de-cœur de Sophie WESTENDORP pour Vigile de Hyam ZAYTOUN DISSONANCES #36 Un soir, la narratrice se couche contrariée. Elle est enrhumée, s’est disputée avec son compagnon. Un échange de reproches banals et injustes, la vie en somme. Quand elle se réveille en pleine nuit, toute cette normalité s’est désintégrée. L’homme qu’elle aime est en train de faire un…Lire la suite ZAYTOUN Hyam | Vigile

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Coup-de-cœur de Sophie WESTENDORP pour Vigile de Hyam ZAYTOUN
DISSONANCES #36

Un soir, la narratrice se couche contrariée. Elle est enrhumée, s’est disputée avec son compagnon. Un échange de reproches banals et injustes, la vie en somme. Quand elle se réveille en pleine nuit, toute cette normalité s’est désintégrée. L’homme qu’elle aime est en train de faire un infarctus. « Tu fais le malin, je crois. C’est une blague, ce vrombissement de la bouche. Ce jeu étrange que tu fais au milieu de la nuit. Serait-ce que je ronfle et tu te moques ? J’ai tant de mal à vaincre le sommeil, cette nuit-là. » Massage cardiaque, pompiers, ambulance. « Comme je comprends maintenant la stupeur et le temps qui s’arrête. » Et puis la vie déjà qui doit reprendre, les enfants à gérer, les parents à prévenir, l’hôpital. « Je tente de composer une petite valise, de choisir dans ton armoire ce qui serait utile. Chacun de tes vêtements me nargue cruellement. Ils sont intacts. Une vie plus solide que la tienne, on dirait, ces choses qui t’appartiennent. » Des heures interminables commencent alors, à réfléchir à l’après au cas où tout en trouvant les mots susceptibles de raccrocher son amoureux à la vie. Lui raconter leur histoire, faire venir les amis, jeter toutes ses forces dans cette étrange bataille silencieuse. Gérer l’angoisse, l’absence et la culpabilité. Avec des phrases simples et lumineuses qu’elle a mis cinq ans à pouvoir écrire, Hyam Zaytoun plonge le lecteur dans ces quelques jours où le destin semble hésiter et l’existence ne tenir qu’à un fil. Un texte pudique et bouleversant qui raconte la peur, l’espoir, mais aussi la force insoupçonnée de la vie : (se) découvrir Eurydice capable de ramener son Orphée des Enfers.

éd. Le Tripode, 2019
128 pages
13 €

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MARTIN Jean-Pascal (extraits) https://revuedissonances.com/martin-jean-pascal-extraits/ Sat, 04 May 2019 15:30:44 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3575 DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ L’amour vrai « Je viens de faire l’amour avec mon mari. Je me sens bien, vivante, comme quand je danse, comme quand je nage ou que je t’embrasse. Jean lit ce SMS d’Emma, oscillant entre colère et déception. Abattu, il ne relève même pas l’expression « faire l’amour » qu’il déteste autant que « pantoufle » ou…Lire la suite MARTIN Jean-Pascal (extraits)

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DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
L’amour vrai

« Je viens de faire l’amour avec mon mari. Je me sens bien, vivante, comme quand je danse, comme quand je nage ou que je t’embrasse. Jean lit ce SMS d’Emma, oscillant entre colère et déception. Abattu, il ne relève même pas l’expression « faire l’amour » qu’il déteste autant que « pantoufle » ou « chair ». Ce message marquera la fin de la joie innocente, mais il ne le sait pas encore. Emma et Jean sont techniquement amants depuis un mois. Au SMS, il répond un truc mou et bête, il essaie d’être drôle et de rebondir sur les derniers mots du message. Il ne veut pas contrarier sa maîtresse, car il ne croit jamais aux femmes qui le choisissent. Mais l’amour qu’il voue à Emma, cette belle énergie lumineuse et légère qui lui donne une joie divine et l’emplit de générosité, subit son premier court-circuit.
– Demain, dit-elle, il fera beau et j’irai pique-niquer dans les hautes herbes derrière la plage.
– Toute seule ?
– Je ne sais pas.
Le lendemain, il pensera qu’il a dû rêver son sourire complice. Quand il rentre chez lui déjeuner, il trépigne, prêt à partir la retrouver. Il attend un message, une invitation à… »

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HEMBERG Élodie (extraits) https://revuedissonances.com/hemberg-elodie-extraits/ Sat, 04 May 2019 15:30:43 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3580 DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ Pulp « Elle m’a dit, dans une énième déclinaison d’un café type Brooklyn, Pulp ®, en plein Bruxelles, devant un grand latte macchiato aromatisé à la fleur de vanille (même si cette information n’est d’aucune importance, j’ai simplement une tendance à absorber grand nombre de détails dans les instants d’angoisse) avec une…Lire la suite HEMBERG Élodie (extraits)

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DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
Pulp

« Elle m’a dit, dans une énième déclinaison d’un café type Brooklyn, Pulp ®, en plein Bruxelles, devant un grand latte macchiato aromatisé à la fleur de vanille (même si cette information n’est d’aucune importance, j’ai simplement une tendance à absorber grand nombre de détails dans les instants d’angoisse) avec une légère moustache de lait et son corps beaucoup trop penché vers le mien : Je t’aime.
Tout de suite j’ai pensé : 1. aux pédophiles qui aiment eux aussi – les enfants. 2. aux chasseurs attachant les pattes des faisans morts tout en adorant l’aube et la nature. 3. à ce général qui a tiré dans le dos d’un déserteur, ami de mon grand-père, par amour pour sa nation. 4. à Donald Trump qui aime les femmes et les tient par la chatte. 5. aux sentiments amoureux qui poussèrent Demis Roussos à chanter Quand je t’aime. 6. et, par association, au corps lourd comme un cheval mort de Johnny Halliday. 7. à ce père qui aimait tellement sa fille qu’elle ne pouvait jamais sortir de la cave. 8. aux Aztèques qui, par adoration pour Tezcaltipoca, dieu de la mort et de la nuit, sacrifiaient des humains. 9. à ce philosophe écrivant dans sa lettre de suicide : J’aime la vie. 10. aux… »

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DURAND Delphine | Connaissance de l’ombre https://revuedissonances.com/durand-delphine-connaissance-de-lombre/ https://revuedissonances.com/durand-delphine-connaissance-de-lombre/#comments Sat, 04 May 2019 15:30:35 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3666 Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Connaissance de l’ombre de Delphine DURAND DISSONANCES #36 Cette jeune poétesse érudite, fidèle à la revue Apulée initiée par Hubert Haddad à qui elle dédie ce premier recueil, est férue de kabbale et de mystique soufie, hantée par William Blake, Dante et Ibn Arabi. Elle est de ces voyantes qui explorent, pénètrent en…Lire la suite DURAND Delphine | Connaissance de l’ombre

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Coup-de-cœur de Tristan FELIX pour Connaissance de l’ombre de Delphine DURAND
DISSONANCES #36

Cette jeune poétesse érudite, fidèle à la revue Apulée initiée par Hubert Haddad à qui elle dédie ce premier recueil, est férue de kabbale et de mystique soufie, hantée par William Blake, Dante et Ibn Arabi. Elle est de ces voyantes qui explorent, pénètrent en leur tombeau les corps et les psychés en souffrance, à travers une langue foudroyante, secouée de cauchemars d’une beauté redoutable. Emporté dans un torrent de visions apocalyptiques découpées au scalpel, le lecteur incorpore «  la terre » de Yeats, «  l’argile brûlant » d’Artaud, les «  mains décharnées » de Garcia Lorca, les « ventres collés l‘un sur l‘autre comme des feuilles » de Trakl et de sa sœur, « cette voix de lave et de brume qui nombre les mythologies mortes » des Maori. Le vers partout halète, suffoque, jouit de chanter comme de faire chanter les morts. «  Chaque poème est une tentative de suicide » pour exhumer 61 figures de poètes, d’artistes, de peuples broyés par des destins tragiques. Cette migration dantesque par le feu de la langue ressource notre interrogation sur la place de la poésie aujourd’hui, si souvent narcissique, décorative, anecdotique ou absconse. « La nuit est cette lumière vaincue / Dans le fragile squelette du poème » lit-on pour John Donne, obsédé par la mort et pour Giovanni di Paolo, illustrateur de Dante, «  Une gangrène de pétales / A rongé les doigts / Aux lances corrosives / Qui ne mènent qu’à des mâchoires d’ânes ». Escortés de ténébreux fragments peints par Serge Kantorowicz, lambeaux de chair palpitants arrachés aux morts, ces poèmes sont de ceux, inépuisables, dont la magie électrise encore quand on a cessé de lire.

éd. le Réalgar, 2019
210 page
22 €

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SERRE Catherine (extraits) https://revuedissonances.com/catherine-serre/ Sat, 04 May 2019 15:30:35 +0000 http://revuedissonances.com/?p=168 DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ Double lien  » heures d’après-solstice  –  comme des vagues se moquent des proportions  –  de la fin de la nuit longue sur ligne de départ  –  elles se transforment sans cesse mille vérités  –  elles renoncent juste après solstice  –  trop peu de blancheur dans la bataille  –  syllabes en morceaux…Lire la suite SERRE Catherine (extraits)

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DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
Double lien

 » heures d’après-solstice  –  comme des vagues
se moquent des proportions  –  de la fin de la nuit longue
sur ligne de départ  –  elles se transforment sans cesse
mille vérités  –  elles renoncent
juste après solstice  –  trop peu de blancheur
dans la bataille  –  syllabes en morceaux
l’enfance mitée de mythe  –  elle a passé un cap
reconstruite  –  avec avantages secondaires
malheureuse ou pire  –  partiellement couverte d’un manteau
heureuse mais c’est pareil non ?  –  à utiliser des images

grosses mains calleuses tenant menotte

poisson dans un panier si ça se trouve  –  et si la pêche est bonne
ongles à rougir et visages encadrés de boucles  –  heures sans… »

« DISSONANCES #29 | TABOU
Pièces mineures
« Pendant ce temps
Petite ombre traverse et se sauve
Petit sourire s’écarte
Petite peur s’endort
Petit coup de ciseau écharpe le papier
Petit silence se donne un nom d’emprunt
Petite rage se bat contre la pluie
Petit corps ne ferme plus les yeux

Pendant ce temps
Le fou en diagonale bouscule la reine éperdue
Les pions
Enfilent leurs chaussures d’eau
Les galets plats ricochent
Et les deux tours s’effondrent
Les bouchées de sucre n’y suffisent plus
Et les nuits sont des… »

DISSONANCES #27 | ORGASMES
Six ans et balançoire

« Deux anneaux blancs dans des spirales de fer
Deux cordes rêches sèches coupantes
Balançoire au jardin
Au vent
Et à la force
Promesse d’envolée
Six ans et balançoire
Toute excitée de prunes
Et de ciel
Les caresses du vent
La jupe se relève
Et ça siffle aux oreilles
Et le ciel
Et les prunes
Balançoire à l’… »

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DU CREST Marie (extraits) https://revuedissonances.com/crest-marie-extraits/ Sat, 04 May 2019 15:30:34 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3594 DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ Ekphrasis « Elle est là, debout comme marchant dans sa direction, pourtant immobile sur la toile, dans l’atelier où la lumière du jour décline. Son pied gauche se soulève pour faire un pas léger. Un seul. Descend-elle quelque degré en pierre ? Il a longtemps rêvé d’Elle ; il l’a griffonnée sur son carnet,…Lire la suite DU CREST Marie (extraits)

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DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
Ekphrasis
« Elle est là, debout comme marchant dans sa direction, pourtant immobile sur la toile, dans l’atelier où la lumière du jour décline. Son pied gauche se soulève pour faire un pas léger. Un seul. Descend-elle quelque degré en pierre ? Il a longtemps rêvé d’Elle ; il l’a griffonnée sur son carnet, tournant rageusement une page, reprenant encore ses traits, ses courbes, déchirant le papier maudit. Il a cherché, partout dans l’histoire de la peinture, sa représentation.

La Vérité est ROUSSE, d’une rousseur profonde, charnelle comme le pelage des bêtes. Celui du renard, celui de la rouge flamande, broutant dans les prés, celui de l’écureuil voltigeur.
Longue chevelure qui coule sur le corps blanc, presque laiteux.
Précieuse étole sur ses épaules.
La Vérité a pris forme, a pris corps, a pris le corps du modèle vivant. La jeune femme s’est dévêtue derrière le paravent japonais, a défait son chignon épais, a séparé en deux la masse de ses cheveux et a joué les gestes du tableau à venir.

Le sexe de la Vérité est marbre blanc de… »

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DISSO #36 : Perrine LE QUERREC https://revuedissonances.com/disso-36-perrine-querrec/ Sat, 04 May 2019 15:30:32 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3635 Extrait de l’entretien avec Perrine LE QUERREC publié dans DISSONANCES #36     Perrine LE QUERREC (petite) Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? Pour. Pour les innocents, pour les humiliés, pour les victimes, pour les pendu.e.s, pour les suicidé.e.s, pour les maltraité.e.s, pour les fragiles, pour les différent.e.s, pour les…Lire la suite DISSO #36 : Perrine LE QUERREC

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Extrait de l’entretien avec Perrine LE QUERREC publié dans DISSONANCES #36

    Perrine LE QUERREC (petite)

Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
Pour. Pour les innocents, pour les humiliés, pour les victimes, pour les pendu.e.s, pour les suicidé.e.s, pour les maltraité.e.s, pour les fragiles, pour les différent.e.s, pour les boiteux, pour les invisibles, pour les marges, pour les fous, pour les originaux, pour briser les silences, pour dénoncer les injustices, pour déchiqueter le cynisme, pour faire face à la honte, pour tenter d’ouvrir les yeux, pour sauver de l’oubli ceux et celles que j’aime.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
C’est la part humaine. Respecter absolument mes personnages, réels, irréels. Ne pas être en surplomb. Ne pas être imprécise. Ne pas interpréter. Ne pas faire semblant. Ne rien retenir. Ne me réserver aucune zone de confort.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Je rêve beaucoup. J’arpente. Je découpe des images pour créer d’autres images, je chantonne, je me nourris d’art, je visite des inconnus.

Qui est votre premier lecteur ?
Mon personnage. Mes héroïnes, mes héros. Comme ils ont vécu, ou vivent encore, ce sont eux pour lesquels j’écris en premier lieu, et qui me lisent d’abord. S’ils sont morts, je les sens à côté de moi, attentifs, et ma vigilance est en alerte ; s’ils sont vivants, je leur donne mes pages, ou leur lis.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Celui qui relève vos défis, qui vous accompagne jusqu’au bout.

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
D’être patient ! De prendre les refus avec légèreté et les incivilités avec courage.

Quelle fut votre première grande émotion de lectrice ?
Les lettres noires qui s’animent et soudain forment un mot. Et ce mot je le vois, je le comprends. J’ai trois ans, une encyclopédie pour enfant déployée en grand sur les jambes, jusqu’alors il y avait les images, les signes noirs, l’odeur du papier, et soudain il y eut le sens, les définitions, et ce…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #36

BIO

Perrine Le Querrec est née en 1968 à Paris. Après des études de lettres et d’histoire de l’art, elle s’établit comme recherchiste indépendante (travaillant pour France Télévisions, Canal Plus, Seuil, la Cimade…), publie en 2007 son premier roman (Coups de ciseaux – éd. Carnets du Dessert de Lune), souffle un peu puis revient (2011) par la porte poésie (No Control – éd. Maison Dagoit) pour ensuite enchaîner (recueils, pamphlets, romans) au rythme hallucinant d’entre une et quatre publication(s) par an (vingt-deux à ce jour) dans l’urgence absolue d’une écriture-vie qui est comme une transe d’amour et de douleur : un chant autant qu’un cri.

BIBLIO SÉLECTIVE (2019)

poésie
Bacon le cannibale (éd. Hippocampe, 2018)
Les tondues (Z4 éditions, 2017)
Ruines (éd. Tinbad, 2017)
La Patagonie (éd. Les Carnets du Dessert de Lune, 2014)
L’Initiale (éd. Derrière la salle de bains, 2014)
Silence je me noie (Maison Dagoit, 2013)

roman de prose et de poésie
La Construction (éd. art&fiction, 2018)
Le Plancher (éd. Les Doigts dans la prose, 2013 / rééd. L’Eveilleur, 2018)
Jeanne L’Étang (éd. Bruit Blanc, avril 2013)

pamphlet
Pieds nus dans R. (éd. Les Carnets du Dessert de Lune, 2015)
Bec & Ongles (éd. Les Carnets du Dessert de Lune, 2011)

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LEVACHER Maëlle | Zébulon ou le chat https://revuedissonances.com/levacher-maelle-zebulon-chat/ Sat, 04 May 2019 15:30:21 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3659 Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour Zébulon ou le chat de Maëlle LEVACHER DISSONANCES #36 « Consolation n’est que le nom qu’on donne à une saison sèche. » Comment faire son deuil d’un être aimé ? Patiemment Maëlle Levacher a attendu son heure pour évoquer la vie et l’œuvre de feu Zébulon. Par petites touches, pensées, maximes et aphorismes, elle ressuscite leur…Lire la suite LEVACHER Maëlle | Zébulon ou le chat

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Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour Zébulon ou le chat de Maëlle LEVACHER
DISSONANCES #36

« Consolation n’est que le nom qu’on donne à une saison sèche. »
Comment faire son deuil d’un être aimé ? Patiemment Maëlle Levacher a attendu son heure pour évoquer la vie et l’œuvre de feu Zébulon. Par petites touches, pensées, maximes et aphorismes, elle ressuscite leur histoire, ou plutôt l’histoire telle qu’elle l’a vécue. Car Zébulon était un chat, son chat, insaisissable, familier et mystérieux.
« Elle veut, au service de sa Bête, s’élever au rang d’historiographe. »
L’écriture, imprégnée de classicisme, constitue un écrin parfait à l’évocation de la bestiole. Hommage aux grands moralistes autant qu’à Zébulon, le texte est empreint d’une ironie mordante et interroge, par l’auscultation des rapports entre l’animal et son maître (et vice-versa), l’ambiguïté des liens d’amour. Car le ronronneur est aussi avicide, mais cela n’entame pas la solidité de l’attachement. Amour aveugle ou amour lucide ? Miroir de notre ego, le chat, mais miroir imparfait et insaisissable qui oblige à la mise en sommeil des excès d’amour-propre pour construire une relation pleine et entière. Zébulon est donc prétexte pour parler du rapport à l’autre, du regard, de la construction du lien, mais pas seulement. Car loin du simple exercice d’imitation et d’admiration, le livre déborde d’amour et touche infiniment, par cette attention aux détails, au partage de ces petits moments d’échanges privilégiés entre deux créatures débarrassées d’elles-mêmes : « J’ai dû dire […] que Zébulon était un sujet bas, de peu de dignité. Cette vérité dans l’ordre littéraire est, […] dans l’ordre des sentiments, démentie partout en cet ouvrage, que résumerait un mot d’amour. »

éd. La Part commune, 2019
80 pages
13 €

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GRACIANO Marc | Le Sacret https://revuedissonances.com/graciano-marc-sacret/ Sat, 04 May 2019 15:30:18 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3662 Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Le Sacret de Marc GRACIANO DISSONANCES #36 « L’oiseau de proie était tellement figé que, de loin, il avait semblé au garçon une motte de terre, et l’oiseau était tellement faible qu’il laissa s’approcher le garçon sans réagir, et, quand le garçon fut proche, il vit que l’oiseau avait une aile blessée […] », et…Lire la suite GRACIANO Marc | Le Sacret

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Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Le Sacret de Marc GRACIANO
DISSONANCES #36

« L’oiseau de proie était tellement figé que, de loin, il avait semblé au garçon une motte de terre, et l’oiseau était tellement faible qu’il laissa s’approcher le garçon sans réagir, et, quand le garçon fut proche, il vit que l’oiseau avait une aile blessée […] », et ses ailes Le Sacret vient de les déployer, et la suite c’est cette phrase qui vient de s’envoler pour, sur quatre-vingts pages (sans jamais se poser, se perdre, s’essouffler), dérouler un récit factuellement très simple (dans les temps médiévaux un jeune serviteur sauve un rapace blessé dont la grande noblesse fait qu’ils sont invités par le seigneur local à une chasse au vol) mais auquel l’ampleur-même de cette phrase unique (par le rythme organique de sa respiration, par l’extrême précision (la musicalité, le constant chatoiement) de son vocabulaire et de ses descriptions (« […] et les yeux du lièvre possédaient un iris doré presque de la même taille que l’oeil, si bien que la sclère était quasi invisible, avec une immense pupille en forme de bille noire, et leurs cornées brillantes continuaient de refléter immensément le monde autour […] »), par la sauvagerie de ce qu’elle décrit, par son érudition comme par sa souplesse et par sa concision) donne une force suggestive impressionnante et rare (on pense à Claude Simon) qui fait que s’y lancer (et se laisser porter) c’est vivre l’expérience d’une lecture-hypnose qui est une sorte de transe (ou d’extase selon) par laquelle ce qui se passe dans le texte qu’on lit on le vit du dedans (peut-être même plus que si on le vivait vraiment) et donc là on y est (on voit on touche on sent) : comme en voyage astral dans l’espace et le temps on vole également, et c’est enthousiasmant.

éd. Corti, 2018
96 pages
14 €

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RAMO Marie-Paule (extraits) https://revuedissonances.com/ramo-marie-paule-extraits/ Sat, 04 May 2019 15:30:15 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3573 DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ La cuillère d’uri geller  » J’ai posé ma main sur ton front pour vérifier que tu allais bien que tu n’avais pas attrapé la fièvre que ce n’était pas comme la dernière fois que le palu n’était plus qu’un mauvais souvenir toi toute seule dans cette chambre d’hôtel minable les draps…Lire la suite RAMO Marie-Paule (extraits)

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DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
La cuillère d’uri geller

 » J’ai posé ma main sur ton front pour vérifier que tu allais bien que tu n’avais pas attrapé la fièvre que ce n’était pas comme la dernière fois que le palu n’était plus qu’un mauvais souvenir toi toute seule dans cette chambre d’hôtel minable les draps rêches la peau brûlante tu transpirais tu hoquetais tu délirais tu le savais que tu délirais mais rien ne pouvait t’empêcher de partir déchirer la stratosphère et de camper dans les étoiles tu as posé bivouac sur la voie lactée tu te rappelles le geste précis qu’il faut faire pour s’envoler un caoutchouc un tuyau mou couleur caramel que tu laces autour du bras et que tu serres avec les dents la veine qui gonfle la constellation de petites piqûres à la saignée du coude la seringue un peu sale ? dans la main droite la petite cuillère non d’abord la petite cuillère au-dessus de la flamme du briquet non d’abord la poudre que tu déverses dans la petite cuillère on dirait qu’elle est passée par uri geller la petite cuillère qui se souvient d’uri geller ? rien qu’à les regarder il les pliait les petites cuillères c’était à la télévision dans des temps immémoriaux tu n’étais pas née mon amour moi j’étais née et je regardais uri geller à la téloche s’adonner à la psychokinésie de bazar après je me souviens je n’avais de cesse de… »

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MINARD Céline | Bastard Battle https://revuedissonances.com/minard-celine-bastard-battle/ Sat, 04 May 2019 15:30:14 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3643 Regards croisés sur Bastard Battle de Céline MINARD DISSONANCES #36 Jean-Marc FLAPP : Montjoie Saint-Fuji ! Il n’est guère reluisant, le Moyen-Âge décrit par Céline Minard (« Les chaumières brûlaient ci et là comme mesches de lampe gorgées d’huylle et les tombereaux de pluye qui les noyaient ne sauvaient rien, emportaient cendres et gravats ») ni courtois pour deux sous (« Avoûtre,…Lire la suite MINARD Céline | Bastard Battle

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Regards croisés sur Bastard Battle de Céline MINARD
DISSONANCES #36

Jean-Marc FLAPP :
Montjoie Saint-Fuji !
Il n’est guère reluisant, le Moyen-Âge décrit par Céline Minard (« Les chaumières brûlaient ci et là comme mesches de lampe gorgées d’huylle et les tombereaux de pluye qui les noyaient ne sauvaient rien, emportaient cendres et gravats ») ni courtois pour deux sous (« Avoûtre, vessard, tu chies dans tes chausses ! Amène-toi qu’on en finisse ! Eh bastard ! ») mais très proche sans doute de la réalité des campagnes champenoises de 1437 (fin de la Guerre de Cent Ans) où les bandes d’Écorcheurs règnent par la terreur, où le lecteur est projeté par dessus les murailles dans la ville de Chaumont prise par les soudards d’Aligot de Bourbon, où tout de suite ça coince : qui donc est cette « démone » qui vient troubler la fête, vers laquelle aussi sec « trois-cents flèches » sont tirées dont elle se débarrasse grâce à sa hallebarde tournant « en moulin fol, par en bas, par le ciel » avant de quitter la scène sur un bond mémorable direct du sol aux toits ? puis que viennent faire là le sabreur Akira, le mercenaire Billy équipé de « couleuvrines à barillet tournant » ou ce Brucelet (ha ha !) « en chausses noires, nu torse […] mains par devant, ouvertes et tenues, les cinq doigts comme des griffes ») ? Bref on comprend très vite que Céline Minard s’amuse comme une folle à faire partouzer chronique médiévale, film de sabre et western, jouant des codes narratifs dans un proto-françoys parfaitement crédible, bourré d’énergie pure et d’inventions jouissives (truffé d’anachronismes), nous offrant un récit qui est tout à la fois une plongée dans l’Histoire, une sacrée cavalcade, une prouesse linguistique, une grosse rigolade… et un régal à lire !

Côme FREDAIGUE :
Une esthétique bâtarde
Bastard Battle est une fiction au sens étymologique du terme, le latin fingere évoquant à la fois le modelage, la composition et l’invention : si la matière du récit prend ici sa source dans l’histoire médiévale, l’auteur brode à plaisir sur cette toile de fond, y insérant des éléments dissonants puisés dans la culture contemporaine, comme lors de la bataille finale où s’hybrident épopée médiévale et film de kung fu : «  Lors Brucelet fait un petit bond d’avant et sautillant devant les aultres bouches bées, à petits pieds, lance un miaulement de chat fol, escaudé, de sorcellerie au bucher ». Loin de se limiter au mélange des codes et des genres, Céline Minard invente aussi une langue, un français abâtardi où roule le verbe de Villon mêlé de tournures ultra contemporaines, et la fiction se déploie ici sur le terrain même de l’écriture : « Que ja on m’en reparle. J’ay dit. Aulcun corps, nobody, never, ne lui recorda ce revers ». Le jeu des assonances et des étymologies tisse d’étranges accointances, créant une chimère à la fois familière et étrangère qui immerge le lecteur dans l’action autant qu’elle le tient à distance. On pourrait arguer qu’un tel exercice de style, aussi virtuose soit-il, risque de se réduire à un tour de force spectaculaire mais un peu vain : les grandes fictions littéraires nous dévoilent quelque chose de la réalité or Bastard Battle semble coupé de notre monde pour former un univers clos. Mais ce pur divertissement ludique et jubilatoire interroge avec profondeur notre rapport à la langue et aux représentations qu’elle véhicule, c’est un remède à la sclérose qui invite à l’exploration et à l’expérimentation en développant un dialogue original et extraordinairement vivant entre les littératures et les époques.

Anne MONTEIL-BAUER :
Moyen moyen…
Ça se passe au Moyen-Âge « ce jour d’automne MCCCCXXXXIV », même si le gros des guerroyades et embrochades se déroule entre «  Le dix décembre mil quatre cens trente sept » et «  le jour sept de novembre mil quatre cens trente sept ».
C’est écrit en moyen français revisité, ça se voudrait sans doute une agréable « fable diffamante, affabulation de trobar pris de vin, idiotie à fioritures et tragédie jeskspirienne ! ». On y croise plus de « saigneurs » que de seigneurs, on y taille, on y pille, on y daube, on y «  force les pucelles » (et les non pucelles), on y «  occit vitement les rejetons », les « espouses » sont « toutes plus ou moins des putains rouées et viles bagasses », les autres des « bastards » tantôt hirsutes, tantôt bavants qui « s’écharpent dent pour dent ».
Les descriptions sont longues, focalisées sur l’apparence de protagonistes qui jamais n’existent comme personnages, les actions répétitives : ce Moyen-Âge n’est fait que de batailles, et les références historiques Clairvaux, Fontenay, Notre-Dame-de-Lorette ne semblent convoquées que comme accumulations jonchant les pages comme autant de cadavres (pas exquis, hélas).
Une « fumelle » tout droit sortie de Kill Bill (mais elle n’est pas la copine de Billy – the Kid ?) pourrait sauver la mise, mais non, cette accumulation de clichés entre Les Visiteurs et Kamelott, lasse, ennuie et démantibule la patience. Mais peut-être est-ce un plaisir d’érudit.e et que je ne le suis pas (érudite)…
Un glossaire et quelques notes sur les « évènements historiques réels » vantés en quatrième de couverture auraient sans doute rendu la chose plus digeste.

Julie PROUST TANGUY :
François Kurosawa ou Akira Villon ?
Ils sont sept, dotés de noms empruntés à la saga Au bord de l’eau, au Seven Swords de Tsui Hark ou à un Moyen-Âge enfumé de champignons fantasmagoriques. Sept mercenaires uchroniques au sabir plein de gouaille, prêts à dégainer katanas et kung-fu pour venir à bout d’une armée de veules tripailleurs à la solde d’Aligot de Bourbon, second bastard du nom.
Sous la plume de Céline Minard, la bataille de Chaumont prend des allures grandiloquentes de « tragédie jeskspirienne » que l’on aurait éclaboussée d’humour rabelaisien et de pop-culture, « vironnée par mi moult gerbes de sang » et « haché[e] partout. Rien n’apparaist mais si tu le découds des coilles ou menton, c’est en bouillie que tu verras jaillir sa membrature, chair, os et viscères. ». Pétri d’un pastiche de jargon médiéval, juteux de mille inventions linguistiques inspirées de Villon, Rutebeuf et Pantagruel, cet hanami verbal recompose avec une liberté corrosive un des derniers épisodes de la guerre de Cent Ans, frictionnant et fissurant l’Histoire jusqu’à ce qu’en surgisse, au pas de course, la joie de fracasser les codes littéraires et les cervelles. En naît un western savoureux où l’on pleure de rire comme d’amertume sur le sort des héros impossibles et des charognes merdeuses, et où l’on dévore à pleines dents chaque paragraphe paillard, punk, libertaire et irrévérencieux, comme si c’était le dernier. « Lors puisant une fois encore dans le muid de Gevrey, haut les gobeaux, entrechoqués, nous portâmes la plus belle brinde de la soirée, à nous aultres nous-mesmes :
– Que vivent et longue vie ! Longue vie aux sept samouraïs ! Yeepee ! »

éd. Léo Scheer, 2008
112 pages
12 euros

rééd. Tristram, 2013
116 pages
6,95 euros

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MARTIN-BOCHE Samuel (extraits) https://revuedissonances.com/martin-boche-samuel-extraits/ Sat, 04 May 2019 15:30:07 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3492 DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ Premier sang « À feuilleter une à une les pages de l’enfance dans la lumière incisive du matin incidemment je me suis… » DISSONANCES #35 | LA HONTE L’insigne « Rasant les murs tête baissée ou sur le fil avec l’enfant balbutiant en toi retranché qui titube tu avances malséant sur le devant de l’existence quand…Lire la suite MARTIN-BOCHE Samuel (extraits)

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DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
Premier sang
« À feuilleter une à une
les pages de l’enfance
dans la lumière incisive
du matin incidemment
je me suis… »

DISSONANCES #35 | LA HONTE
L’insigne
« Rasant les murs tête baissée ou
sur le fil avec l’enfant balbutiant
en toi retranché qui titube
tu avances malséant sur le devant
de l’existence
quand tous les regards de l’assemblée
convergent immanquablement vers… »

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DECLERCQ Aurélia (extraits) https://revuedissonances.com/declercq-aurelia-extraits/ Sat, 04 May 2019 15:30:04 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3590 DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ Quatre, actrice une « 4 murs, pas de théâtre au centre des 4 murs, Elsa. Elsa n’est pas une actrice. Elsa porte une robe narrative, elle n’est pas une actrice. Elle est coincée là. Coincée dans un lieu X. Pas de théâtre au centre des 4 murs, une table. Une longue table attend…Lire la suite DECLERCQ Aurélia (extraits)

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DISSONANCES #36 | LA VÉRITÉ
Quatre, actrice une
« 4 murs, pas de théâtre au centre des 4 murs, Elsa. Elsa n’est pas une actrice. Elsa porte une robe narrative, elle n’est pas une actrice. Elle est coincée là. Coincée dans un lieu X. Pas de théâtre au centre des 4 murs, une table. Une longue table attend des invités. Ricanement, qui ? Un lieu X se promène, instaure, il se, délicatement jusqu’au Y, puisqu’il l’emmerde. Elsa crache sur les murs du lieu X, crachat promené, instauré, crachat se, délicatement jusqu’au Y puisqu’il l’emmerde, mur trempé du crachat d’Elsa : ta haine, est-ce un jeu d’acteur ?

Elsa, es-tu une actrice ?
Elsa, est-ce la tienne de salive ?

Elle pourrait ouvrir la bouche, à voir. Elle pourrait ouvrir la bouche, à dire. Non : elle ferme la bouche, annule le etc, « je vous emmerde, vous, je vous emmerde, invités absents ». Charabia constant face à la longue table, pourtant elle en rit. Quatre, les invités absents des 4 murs arrivent et s’installent. Quatre, les invités absents des 4 murs sont les scénaristes d’… »

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DISSO #35 : Laurent ALBARRACIN https://revuedissonances.com/disso-35-laurent-albarracin/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:52 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3420 Extrait de l’entretien avec Laurent ALBARRACIN publié dans DISSONANCES #35     Laurent ALBARRACIN (petit) Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? Je dirais volontiers que j’écris « vers ». Vers les choses et vers ce que je tente de dire et de rejoindre. Quelle est la part de la contrainte dans votre…Lire la suite DISSO #35 : Laurent ALBARRACIN

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Extrait de l’entretien avec Laurent ALBARRACIN publié dans DISSONANCES #35

    Laurent ALBARRACIN (petit)

Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
Je dirais volontiers que j’écris « vers ». Vers les choses et vers ce que je tente de dire et de rejoindre.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
Assez réduite, mais enfin j’aime parfois m’imposer l’emploi de l’alexandrin. Parce que c’est un formidable moteur d’invention verbale. Sa désuétude même suscite la drôlerie du texte. Disons que je fais un usage ironique de l’alexandrin, même si j’ai beaucoup de respect pour les for

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Eh bien tout le reste, et ce ne sont pas uniquement des corvées.

Qui est votre premier lecteur ?
L’éditeur à qui je soumets mon texte.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
D’abord un bon lecteur. Quelqu’un qui édite de bons livres.

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
Que s’il est auteur et donc lecteur, il doit déjà avoir une petite idée des éditeurs à qui s’adresser. S’il n’en a aucune idée, il faut qu’il lise ses contemporains. Il peut être souhaitable aussi de les rencontrer.

Quelle fut votre première grande émotion de lecteur ?
Tintin et Astérix.

Que faut-il lire de vous ?
Oh mais rien. Ou bien tout, par exemple.

Votre ego de poète vous gêne-t-il pour marcher ?
Manquerait plus que ça. Au contraire, il m’aide quelquefois à marcher.

Qu’est-ce que la poésie ?
Une…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #35

BIO

Laurent Albarracin naît en 1970 à Angers. Y passe sa jeunesse. Au lycée, crée avec quelques camarades un journal ayant pour titre Suspicion et analyse d’urine (sic). S’installe en Corrèze en 1995, y rencontre le poète Pierre Peuchmaurd dont il donnera une anthologie aux éditions des Vanneaux en 2011. Participe à l’aventure de la revue Le Jardin ouvrier d’Ivar Ch’Vavar. En 2009, fonde les éditions Le Cadran ligné (75 plaquettes et 8 livres parus à ce jour, essentiellement de poésie : Boris Wolowiec, François Jacqmin…). Publie des notes de lecture sur le site de Pierre Campion, Poezibao, dans la revue Europe. Depuis 2017, anime avec Pierre Vinclair et Guillaume Condello la revue de création en ligne Catastrophes.

BIBLIO (2018)

Le feu brûle (éd. Atelier de l’Agneau, 2004)
De l’image (éd. L’Attente, 2007)
Le secret secret (éd. Flammarion, 2012)
Herbe pour herbe (éd. Dernier télégramme, 2014)
Le Grand Chosier (éd. Le Corridor bleu, 2015)
Cela (éd. Rougerie, 2016)
Plein vent – 111 haïkus (éd. Pierre Mainard, 2017)
Res rerum (éd. Arfuyen, 2018)

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BONFILS Cédric (extraits) https://revuedissonances.com/bonfils-cedric-extraits/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:52 +0000 http://revuedissonances.com/?p=988 DISSONANCES #35 | LA HONTE L’amour, le poulet et tout ce qui s’ensuit « À l’aube, plusieurs jambes dans mon lit. Impossible de compter. Elles se débattent comme des poules dans une cage étroite. Le bas de mon ventre, cicatrice illisible. D’ailleurs, une femme, je l’aime encore. Elle dort dans une autre ville, après la mer. Elle aimait beaucoup…Lire la suite BONFILS Cédric (extraits)

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DISSONANCES #35 | LA HONTE
L’amour, le poulet et tout ce qui s’ensuit
« À l’aube, plusieurs jambes dans mon lit. Impossible de compter. Elles se débattent comme des poules dans une cage étroite. Le bas de mon ventre, cicatrice illisible. D’ailleurs, une femme, je l’aime encore. Elle dort dans une autre ville, après la mer. Elle aimait beaucoup les chaussures. Ma mère est un magma. Son corps est une larme interminable qui dégouline dans le mien. Mon père l’a tuée sans la toucher. Des pensées. Des insultes. Des prostituées qu’il allait voir sans se cacher. Il est resté libre, mon père. Homicide impuni. Le dimanche avec ma mère je suis sur les lieux du crime. Je crois qu’on a un peu honte. Surtout de ne pas oublier mon père. A chaque fois pour le déjeuner il y a du poulet. Je préfèrerais être dans mon coin sur une île. Un cabanon dans la boue avec vue sur le vide. Je hais la langue de bœuf, je ne me lasse pas du poulet parce que tant qu’il y a du poulet, on ne mange pas de langue de bœuf. Une vieille femme avec une croûte dans l’œil m’a fixé un moment comme un volcan s’éteint. C’était dans la rue il y a quelques minutes. J’aurais voulu une vie de rechange avant d’avoir. Je suis saoul si on me laisse trop et parfois sans. J’allais dire « sans… »

DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
Asphodèles
« Tes murs humides. Taches bleuâtres. Comme des veines écrasées dans une flaque de lait. Quinze mètres carrés. Personne d’autre que toi n’entre jamais. Et tu sors le moins possible.

Il y a deux nuits, tu as vu Annabelle, elle marchait vite en pleurant. A quelques mètres devant toi. Elle était encore une inconnue. Elle est tombée. Tu as pensé qu’elle avait glissé. Tu t’es approché d’elle. Tu lui as parlé pour la première fois, lui demandant si elle s’était fait mal. Elle t’a répondu : « Je ne me souviens pas quand je me suis fait du bien. » Elle tenait un livre dans sa main gauche. Elle portait une robe noire jusqu’aux genoux, des chaussures montantes, en toile, d’un rouge éclatant. Elle est restée un moment assise, la tête inclinée vers le sol, ses larmes semblaient couler dans ses longs cheveux, comme la pluie dans les feuillages.

L’électricité coupée dans ton studio. Dernières factures impayées. Partout des bougies. Tu songes parfois à mettre le feu et tu y renonces, parce que l’incendie n’aurait de sens que si tu y restais.

Quand Annabelle a voulu se relever, tu lui as... »

DISSONANCES #27 | ORGASMES
Jouir, tenir

« La nuit se retire
Ton orage de désir insatisfait
Et le mystère de cette hargne haine
Réveillé bandant agité de vertiges et cauchemars
Tes sueurs partout sur l’oreiller la couette
Les murs peut-être humides à force
Le corps flou assemblage comme dans le brouillard de pièces détachées
Combien de fois as-tu cherché dans ton sommeil trituré
une jambe un bras la chair qui manquait
La main sans cesse caresse triste sur ton sexe
Geste mécanique dans l’engrenage de l’angoisse et du réel
Ton caleçon par terre torchon de tes masturbations
Tes yeux rivés sur la violence qui te… »

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CASTELLANÈ (de) Alice (extraits) https://revuedissonances.com/castellane-de-alice-extraits/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:51 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3521 DISSONANCES #35 | LA HONTE Faux pas « Les mots glissent sur vous sans anicroche, piste blanche cotonneuse. Vous reniflez, peu concerné. Jusqu’à la pierre camouflée au détour d’une gerbe d’ortie. La machine grippe. Vous toussotez. Qu’a-t-il dit, en fait ? Vous rembobinez le discours pompeux qui s’acharne au-dessus de votre crâne, sans avoir l’air d’y toucher. Mielleux et…Lire la suite CASTELLANÈ (de) Alice (extraits)

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DISSONANCES #35 | LA HONTE
Faux pas
« Les mots glissent sur vous sans anicroche, piste blanche cotonneuse. Vous reniflez, peu concerné. Jusqu’à la pierre camouflée au détour d’une gerbe d’ortie.
La machine grippe. Vous toussotez.
Qu’a-t-il dit, en fait ?
Vous rembobinez le discours pompeux qui s’acharne au-dessus de votre crâne, sans avoir l’air d’y toucher. Mielleux et souriant. Pervers. C’est à vous qu’il s’adresse tout en plongeant son regard dans celui de votre mère.
Il, lui. C’est de vous qu’il parle, qu’il tabasse à coup de verbes assassins.
Vous êtes fort, vous résistez, fermez les poings et les yeux.
Les paroles tournent et tournent, carrousel dans votre tête. Elles s’infiltrent insidieuses.
Qu’a-t-il vraiment dit ?
Vos épaules se ratatinent, des fourmis agitent vos doigts. Une odeur de… »

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DUFOREAU Marianne (extraits) https://revuedissonances.com/duforeau-marianne-extraits/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:51 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3512 DISSONANCES #35 | LA HONTE Quartier H « Lorsqu’une douleur crie, chacun calcule avec son corps la meilleure position pour entendre, voir, se cacher, observer ou fuir. Il faut du courage au paysage pour accepter, entourer, laisser une place. Le corps et la ville ont l’espace en commun. Vieille ville, zone industrielle, jardin public ou quartier nord : tout…Lire la suite DUFOREAU Marianne (extraits)

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DISSONANCES #35 | LA HONTE
Quartier H
« Lorsqu’une douleur crie, chacun calcule avec son corps la meilleure position pour entendre, voir, se cacher, observer ou fuir. Il faut du courage au paysage pour accepter, entourer, laisser une place. Le corps et la ville ont l’espace en commun. Vieille ville, zone industrielle, jardin public ou quartier nord : tout est corps. Un corps qu’on partage. Les frontières qu’on y trouve sont des constructions, plus ou moins anciennes, héritages de civilisations plus ou moins connues. On les dépasse en refusant l’idée de pièce, concept stérile pour emboîtements qui ne s’hybrident jamais. Une boîte pour tout corps, une ville qui s’oublie dans la permanence de ses bâtiments. Le corps malade est une ville à observer lentement : rues, carrefours, lieux de rencontres ou d’enfermements. Les habitants doivent être entendus. On est tous une part de l’autre. Nous sommes une femme que tu regardes. Vous êtes un quartier de ma ville.

C’est une ville qui aspire, se souvient, détruit avec rage autant qu’avec légèreté. Des murs suivent les contours d’un geste tendre, une parole glisse dans la rue et s’échappe d’un… »

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DISSONANCES #35 LA HONTE https://revuedissonances.com/dissonances-35-honte/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:49 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3356 novembre 2018 / 48 pages / 5 euros mise en images : Rim BATTAL – ÉDITO : DÉ/M/H/ONTÉES La honte, ça ressemble à un anti-sujet Tapies dans les recoins sombres de l’être, petites ou grandes, tentant d’échapper à l’œil contempteur ouvert jour et nuit comme un commissariat de police, nos hontes baissent la tête et se taisent, n’entrebaillant leurs misères que…Lire la suite DISSONANCES #35 LA HONTE

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novembre 201848 pages / 5 euros
mise en images : 
Rim BATTAL

ÉDITO : DÉ/M/H/ONTÉES

La honte, ça ressemble à un anti-sujet

Tapies dans les recoins sombres de l’être, petites ou grandes, tentant d’échapper à l’œil contempteur ouvert jour et nuit comme un commissariat de police, nos hontes baissent la tête et se taisent, n’entrebaillant leurs misères que dans les confessionnaux, avec ou sans divan

et là… gare aux portes ouvertes sur l’épanchement égotique

La première personne boursouflée de son importance qui déversant la banalité de sa condition humaine sans sincérité oublie que dire ne suffit pas, qu’il faut aussi – dans le même mouvement – mettre à bas la langue et la ré-inventer

miraculeusement, à la façon des lépidoptères

Disséquées, tournées en ridicule ou retournées en colère, offertes en partage ou brandies en étendard, les hontes en littérature déploient leurs ailes et décalottent la normalité. Ce n’est sans doute qu’une fois accompli ce baptême qu’une écriture peut naître… dans la seule nécessité qu’advienne, sans honte (ni pathos, son corollaire), une vérité

(ce sera le thème du prochain numéro)

((et sur la pointe des pieds, se referme mon premier et dernier édito : au revoir, Dissonances, et merci du voyage))

Anne MONTEIL-BAUER

DOSSIER « CRÉATION » : LA HONTE

Cédric BONFILS : L’amour, le poulet et tout ce qui s’ensuit
« À l’aube, plusieurs jambes dans mon lit. Impossible de compter. Elles se débattent comme des poules dans une cage étroite. Le bas de mon ventre, cicatrice illisible. D’ailleurs, une femme, je l’aime encore. Elle dort dans une autre ville, après la mer. Elle… »

Pascale BRICE : La saison des pêches
« D’abord petite. / C’est un jour de poussière et de guêpes énervées. Le vent brûle. L’ombre abrupte rase à peine la pierre des murs. Le gravier que chacun foule d’un pas alenti par la condescendance. Le ciel empli d’un glas traînant. Sinon le silence. Les lèvres serrées des… »

Alice de CASTELLANÈ : Obstruée
« Les mots glissent sur vous sans anicroche, piste blanche cotonneuse. Vous reniflez, peu concerné. Jusqu’à la pierre camouflée au détour d’une gerbe d’ortie. / La machine grippe. Vous toussotez. / Qu’a-t-il dit, en fait ? / Vous rembobinez le discours pompeux qui… »

Blaise CHABANIS : Revanche
 » Non, j’ai pas honte. Non. Pas la peine de me crier dessus comme ça. Contente toi de faire ton boulot et d’appeler les flics. Faut absolument qu’elle me fasse comprendre que voler c’est mal. Que je vais aller en enfer. Et puis quoi encore ? Son budget bouffe à elle… »

Marianne DUFOREAU : Quartier H
« Lorsqu’une douleur crie, chacun calcule avec son corps la meilleure position pour entendre, voir, se cacher, observer ou fuir. Il faut du courage au paysage pour accepter, entourer, laisser une place. Le corps et la ville ont l’espace en commun. Vieille ville, zone industrielle… »

Amélie GUYOT : Chamaille de nerfs
« On se réveille. On se maintient dans un semi sommeil.
On a ressassé la nuit aux heures creuses. Revu les cotillons pelotonnés
en petits tas piétinés sur le lino sirupeux et les… »

Ingrid S. KIM : Pétrichor
« J’ai retrouvé ce cliché de toi tu sais, celui où tu riais à demi nu une clope à la main gauche avec le Frangin qu’on devine au bord, tes yeux fermés je m’en foutais, faudrait que j’en grille des neurones pour oublier tes étangs même encore aujourd’hui. Je voulais en… »

Philippe LABAUNE : Solemnia
« Ogresse cyclope qui se tut si longtemps tu sais ce qu’il y a dans un silence quand tu montes les marches vers sa grotte de peau et de fumée tu entres tu as reconnu sur ses lèvres le sourire du père tu soulèves le drap de petit Monsieur le 6 / À vif dans l’air et… »

Perrine LE QUERREC : Vauban
« Le regard sur moi il voudrait il ne voudrait pas le regard s’appuyer à peine se poser mais m’appuie quand même quand il me frôle / de sa présence / s’appuie m’appuie / sur la nuque mes mots surtout mes mots / Le regard auprès de moi sa place prend de la… »

Patrice MALTAVERNE : Cancer
« Cette fille que tu n’aimais pas vraiment est tombée malade. Une vraie maladie à en perdre les cheveux. / Cette fille à qui tu as rendu visite sur un coup de tête alors qu’elle ne se sentait pas très bien et que tu n’as plus jamais voulu revoir. / Elle s’en est sortie sans… »

Novella MARGELLE : Mauvaise fille
« L’odeur d’éther et de mauvaise soupe nous accueille. Nous suivons le père. Il entre les bras chargés de vide. / Je patiente de longues secondes derrière la masse autoritaire. Je devine mes frères qui s’approchent du lit métallique. Pas feutrés. Mes semelles glissent sur… »

Samuel MARTIN-BOCHE : L’insigne
« Rasant les murs tête baissée ou
sur le fil avec l’enfant balbutiant
en toi retranché qui… »

Sélène MOIZAN : Dans les yeux de on
« On te        parle – de haut
On te        regarde – comme si tu empestais
On te        sourit – avec… »

Timothée PELLETIER : Holodomor
« La porte se referme. Les parfums de charcuterie, de punch et d’accolades transpirantes embaument l’espace. Le spectacle se met en place dans l’entrée. Le chœur est juste derrière, sur le seuil. Il fredonne une mélodie pour apaiser les tensions qui naissent des… »

Julien TRANSY : À l’autre bout
« Des fois
J’ai l’impression que mon chien
S’il pouvait… »

ZOÉ : À main levée
« Une gifle et puis l’autre
Du plat d’une main immense
La coiffure démise… »

PORTFOLIO : Rim BATTAL

« Pierre angulaire du surmoi, la Honte s’infiltre insidieusement dans les interstices de l’être lorsqu’elle y trouve un chemin, envahit les entrailles, grimpe chaque parcelle de chair et s’y ancre comme un lierre. Intrinsèquement liée au contexte culturel, moral, politique, la Honte est… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un(e) auteur(e) connu(e)) :
Laurent ALBARRACIN
« Où en êtes-vous avec l’utopie ?
Je n’ai jamais cru aux utopies, du moins à leur réalisation. Je les laisse à leur non-lieu. Mais je n’ai rien contre les utopies, d’ailleurs, elles servent aussi à savoir ce que l’on veut pour soi… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
Le corps lesbien (Monique WITTIG)
« Douze fragments et onze placards en majuscules (comme 11 radiographies) se font face dans ce texte et s’entremêlent à la manière de la double hélice de l’adn pour répondre à un titre à l’ironie explosive : Le corps lesbien. Anti-Chansons de Bilitis, le ton et le... »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture)  :
Raymond COUSSE : Stratégie pour deux jambons
– éd. Zones sensibles
« « Je suis seul maintenant et tout laisse à penser qu’il en sera ainsi jusqu’à la fin ». Notre cochon érudit et philosophe est pourtant en paix avec son sort. Malgré quelques anicroches avec son porcher, son 4m² répond à tous ses besoins. Il sait comment sa… »
David DUMORTIER : Au milieu d’Amman – éd. Al Manar
« J’imagine volontiers qu’Au milieu d’Amman trône au fond d’un café obscur des faubourgs d’Inde ou d’Afrique. Dans le coffre à outils d’un mécano. À la fenêtre d’une cahutte de la Baie d’Hudson. N’importe où. Tant que la Routine s’y ouvre à un Rêve Éveillé. Que le Temps… »
Christophe ESNAULT : Mordre l’essentiel – éd. Tinbad
« Sauter à l’élastique dans le cerveau d’Esnault et Mordre l’essentiel («  Oxyde ton cœur à trop aimer. Traverse les frontières pour mesurer l’inutilité. N’économise rien. ») / Explorer les seize cercles (16 = 4 + 4 + 8 : « (S’approprier la) Puissance symbolique du 4.48 » : saluer… »
Claudine GAETZI : Grammaire blanche – éd. Samizdat
 » « Plissures se faisant se démultipliant ». Rien ici ne se paraphrase, ne se reformule. Stérilité d’esquisser les contours d’un propos qui dévierait tant que la phrase (ou le vers-émotion-sens) deviendrait une grossière copie. « Cousant bord à bord les récits, je… »
Jean-Claude GOIRI : Ressacs 
– éd. Z4
« Ce veilleur à vif pilote avec ferveur la revue FMP et les éditions Tarmac. Copeaux contre la Barbarie chez Tarmac s’ouvrait ainsi : « l’inculture se cultive en perçant la rétine – avec une balle c’est mieux » ; Ressacs, plus intime, annonce : « j’écris pour que mon… »
Julia KERNINON : Ma dévotion – éd. du Rouergue
« Quand Helen croise Franck par hasard sur un trottoir londonien, cela fait vingt-trois ans qu’ils ne se sont pas parlé. Et justement, Helen a beaucoup à dire. Alors à ce vieillard de 80 ans, elle entreprend de tout raconter. Tous ces détails que sa mémoire a soigneusement… »
Annie ROLLAND & Mahdi BOUGHRARI : Désert indigo – éd. Stéphane Batigne
« Ce livre, c’est un peu comme un album photo : tout en instantanés (courts textes : touches sèches, intimes, distanciées) donnant à voir des gens et des scènes de vie dans leur banalité, il ramène à l’esprit une époque et un monde qui pour être passés n’en ont pas moins été un… »
Patrick VARETZ : Rougeville – éd. La Contre Allée
« «  Ainsi quand je clique au centre de l’image, pour traverser la route, les véhicules s’effacent de l’écran comme par magie, et un panneau publicitaire fait son apparition à l’extrémité de l’aire de stationnement (un magasin d’ameublement et de décoration… »

DISGRESSION (carte blanche sur un domaine autre que la littérature)
Nicolas LE GOLVAN : Repp avec Lacan
« Certains osent tout, entre dicton populaire et mot d’Audiard : on me reconnaîtra. Mais quoi, tout bien considéré, ça se pourrait bien, et même sans rire, que Repp et Lacan nous délivrent le même message. / Pierre Repp, le comique bafouilleur et bégayeur, fantôme fragile et… »

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CHABANIS Blaise (extraits) https://revuedissonances.com/chabanis-blaise-extraits/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:41 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3517 DISSONANCES #35 | LA HONTE Revanche  » Non, j’ai pas honte. Non. Pas la peine de me crier dessus comme ça. Contente toi de faire ton boulot et d’appeler les flics. Faut absolument qu’elle me fasse comprendre que voler c’est mal. Que je vais aller en enfer. Et puis quoi encore ? Son budget bouffe à elle, il…Lire la suite CHABANIS Blaise (extraits)

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DISSONANCES #35 | LA HONTE
Revanche
 » Non, j’ai pas honte. Non. Pas la peine de me crier dessus comme ça. Contente toi de faire ton boulot et d’appeler les flics. Faut absolument qu’elle me fasse comprendre que voler c’est mal. Que je vais aller en enfer. Et puis quoi encore ? Son budget bouffe à elle, il est pas de soixante euros par mois. Ça se voit. Trois cinquante-sept les quatre tranches de jambon, ils font comment mes gosses pour les protéines ? Ils mangent des insectes ? Connasse. Non j’ai pas honte. Elle va arrêter de hurler ? Non, j’ai rien fait de mal. Tout le monde est propre à la maison. Mes enfants, ils sont sages. Enfin, le mieux qu’ils peuvent. Enzo, il s’ennuie à l’école parce qu’il voit pas au tableau. Je vais lui dire quoi, quand il fait une bêtise ? Je vais lui crier dessus comme ça, comme cette folle, et lui demander s’il a pas honte ? Il a pas honte, il s’ennuie. La maîtresse, elle a qu’à lui acheter des lunettes si elle veut qu’il soit sage. Oui, j’ai aussi pris des tampons. Elle va déballer tout mon sac et faire des commentaires sur tout ? Elle doit pas avoir besoin de tampons, elle, c’est pour ça qu’elle est aigrie comme ça. La religion, ça vous assèche de l’intérieur. Surtout si vous avez un salaire. Moi on peut… »

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PELLETIER Timothée (extraits) https://revuedissonances.com/pelletier-timothee-extraits/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:41 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3482 DISSONANCES #35 | LA HONTE Holodomor « La porte se referme. Les parfums de charcuterie, de punch et d’accolades transpirantes embaument l’espace. Le spectacle se met en place dans l’entrée. Le chœur est juste derrière, sur le seuil. Il fredonne une mélodie pour apaiser les tensions qui naissent des retrouvailles ; celles qu’on est contraint de renouveler. Elle commence.…Lire la suite PELLETIER Timothée (extraits)

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DISSONANCES #35 | LA HONTE
Holodomor
« La porte se referme. Les parfums de charcuterie, de punch et d’accolades transpirantes embaument l’espace. Le spectacle se met en place dans l’entrée. Le chœur est juste derrière, sur le seuil. Il fredonne une mélodie pour apaiser les tensions qui naissent des retrouvailles ; celles qu’on est contraint de renouveler. Elle commence. Embrassades et premières engueulades. Impression d’être en famille — le concept est vague, presque inexistant. Depuis qu’Elle s’est installée, il y a de cela quelques semaines. Que dis-je, quelques années. Je me souviens de tous ces Noëls, de tous ces hivers qu’on espérait enneigés. Ils ne sont plus qu’une poignée de poussière, écumée dans le vent glacial qui caresse les plaines et forêts pictaviennes. Aujourd’hui, vingt-cinq décembre, tout est terminé.
Regardez-les. Ces avaleurs réveillonnés qui se réunissent une fois par an pour festoyer. Iels s’esclaffent. Iels se disent que c’est positif de s’esclaffer. Iels se persuadent que c’est pour rire et non pour se moquer. Iels font cela très bien, entre deux verres de vin. Les visages… »

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BOUGHRARI Mahdi & ROLLAND Annie | Désert indigo https://revuedissonances.com/3386-2/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:38 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3386 Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Désert indigo d’A. ROLLAND & M. BOUGHRARI DISSONANCES #35 « L’intuition charnelle d’être vivant nous vient au désert ». Durant des jours et des nuits indigo, Annie Rolland a suivi la caravane des Touaregs, au cœur du Sahara, écoutant le désert à travers le minéral, l’animal, l’humain. De ce voyage, « restitué dans sa dimension imaginaire, la…Lire la suite BOUGHRARI Mahdi & ROLLAND Annie | Désert indigo

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Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Désert indigo d’A. ROLLAND & M. BOUGHRARI
DISSONANCES #35

« L’intuition charnelle d’être vivant nous vient au désert ».
Durant des jours et des nuits indigo, Annie Rolland a suivi la caravane des Touaregs, au cœur du Sahara, écoutant le désert à travers le minéral, l’animal, l’humain. De ce voyage, « restitué dans sa dimension imaginaire, la seule qui vaille qu’on prenne la route », est né ce récit nourri de sensations, réflexions, contes et proverbes de ce peuple dont «  la pensée est sculptée par le désert », et dont la « parole voilée », « à l’image d’un paysage d’une beauté incomparable, est un vecteur essentiel du sentiment d’exister ». Dans l’immensité désertique qui contraste avec la densité poétique, le lecteur-voyageur découvre ainsi la poésie Touarègue, « mélancolique et nostalgique, dont les contes sont bâtis sur la violence des sentiments  » et « traversés par cette question lancinante : comment redonner corps au monde ? »
Constante du récit de voyage, la survie est une leçon d’humilité : « on apprend que suivre les traces et observer les signes sont les choses les plus importantes pour trouver ce que l’on cherche et rester en vie », que « l’eau c’est la vie », dans cette langue où l’eau, « Aman », se confond à la vie, « Iman ». Et les dunes façonnées par le vent du Sahara nous enseignent que « toute forme d’ordre orchestrée par les hommes est vaine ».
Omniprésente, la dimension philosophique questionne notre rapport au temps et à l’espace, notre place sur la planète. Ainsi, à travers l’observation des corps dans ce mouvement intrinsèque au désert – « car l’immobilité contient une menace d’anéantissement » – la caravane des nomades devient la métaphore de tous les peuples qui aspirent à vivre.

éd. Stéphane Batigne, 2018
155 pages
16 €

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MARGELLE Novella (extraits) https://revuedissonances.com/margelle-novella-extraits/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:37 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3497 DISSONANCES #35 | LA HONTE Mauvaise fille « L’odeur d’éther et de mauvaise soupe nous accueille. Nous suivons le père. Il entre les bras chargés de vide. Je patiente de longues secondes derrière la masse autoritaire. Je devine mes frères qui s’approchent du lit métallique. Pas feutrés. Mes semelles glissent sur le linoléum. Je m’extirpe lentement de ma…Lire la suite MARGELLE Novella (extraits)

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DISSONANCES #35 | LA HONTE
Mauvaise fille
« L’odeur d’éther et de mauvaise soupe nous accueille. Nous suivons le père. Il entre les bras chargés de vide.
Je patiente de longues secondes derrière la masse autoritaire. Je devine mes frères qui s’approchent du lit métallique. Pas feutrés. Mes semelles glissent sur le linoléum. Je m’extirpe lentement de ma torpeur.
Le corps maternel en plis se dissimule à peine sous le drap bleu ciel. J’essaie de localiser l’emplacement des points. La cicatrice. Je tente de gommer de mon esprit le dessin de la poitrine lourde, des mamelons, de la peau distendue. Féminité perdue. Excès lipidiques. Du flasque du mou du moche du vieux. Mes yeux se posent à contrecœur sur le visage usé. Ça signe la souffrance la fatigue le désarroi. Ça fait naître le liquide au fond de ma gorge, au bord des… »

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TRANSY Julien (extraits) https://revuedissonances.com/transy-julien-extraits/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:33 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2938 DISSONANCES #35 | LA HONTE À l’autre bout « Des fois J’ai l’impression que mon chien S’il pouvait Se confondrait en excuses auprès des siens A propos de l’espèce De l’espèce de… » DISSONANCES #33 | FUIR Se fuir, laisse venir « Dehors le vent réinvente un roseau J’écris le verbe fuir À la… »

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DISSONANCES #35 | LA HONTE
À l’autre bout
« Des fois
J’ai l’impression que mon chien
S’il pouvait
Se confondrait en excuses auprès des siens
A propos de l’espèce
De l’espèce de… »

DISSONANCES #33 | FUIR
Se fuir, laisse venir
« Dehors le vent réinvente un roseau
J’écris le verbe fuir
À la… »

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BRICE Pascale (extraits) https://revuedissonances.com/brice-pascale-extraits/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:31 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3525 DISSONANCES #35 | LA HONTE La saison des pêches « D’abord petite. C’est un jour de poussière et de guêpes énervées. Le vent brûle. L’ombre abrupte rase à peine la pierre des murs. Le gravier que chacun foule d’un pas alenti par la condescendance. Le ciel empli d’un glas traînant. Sinon le silence. Les lèvres serrées des villageois…Lire la suite BRICE Pascale (extraits)

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DISSONANCES #35 | LA HONTE
La saison des pêches
« D’abord petite.
C’est un jour de poussière et de guêpes énervées. Le vent brûle. L’ombre abrupte rase à peine la pierre des murs. Le gravier que chacun foule d’un pas alenti par la condescendance. Le ciel empli d’un glas traînant. Sinon le silence. Les lèvres serrées des villageois portent aux commissures un rien d’écume blanche. Des pans éblouissants de marbre lisse, le trou béant au bord de l’allée, la poignée de terre jetée sur le bois. Puis le cortège en déroute, une volée de corbeaux derrière la charrue. Les frères et les oncles, tous pressent le pas maintenant, les femmes ont déjà tranché les brioches. On déboutonne les vestons, desserre le nœud et dégage de l’index la peau fripée dans les cols jaunis, tombe le chapeau d’un revers de manche qui éponge en même temps les fronts ruisselants. Ça commence par chuchoter, ça murmure et maugrée, ça pouffe et ricane. Enfin ça déblatère sur le corps encore tiède. On parle d’abord de lui, qui reste veuf éploré, le pauvre homme ! Puis on ne parle bientôt plus que de sa garce. De ses boucles rousses sur la cambrure de son dos, de sa chair rebondie sous les robes trop fendues. Le feu aux joues les… »

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MOIZAN Sélène (extraits) https://revuedissonances.com/moizan-selene-extraits/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:30 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3487 DISSONANCES #35 | LA HONTE Holodomor « On   te parle – de haut On    te regarde – comme si tu empestais On    te sourit – avec condescendance On    te répond à coups de poncifs – rien de pensé pour toi On    te reconduit à la porte – avant que tu aies songé à partir…Lire la suite MOIZAN Sélène (extraits)

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DISSONANCES #35 | LA HONTE
Holodomor
« On   te parle – de haut
On    te regarde – comme si tu empestais
On    te sourit – avec condescendance
On    te répond à coups de poncifs – rien de pensé pour toi
On    te reconduit à la porte – avant que tu aies songé à partir
On    te soumet à des besognes sans liens avec tes compétences
On    te demande de les exécuter avec conviction – et le sourire
On    te fait attendre – des heures
On    te consent quelques minutes – à peine
On    te dit que tu manques de réalisme – et de niaque
On    te compare avec l’incomparable
On    te tapote brièvement le bord de l’épaule
On    te sert en… »

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COUSSE Raymond | Stratégie pour deux jambons https://revuedissonances.com/cousse-raymond-strategie-deux-jambons/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:30 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3410 Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Stratégie pour deux jambons de Raymond COUSSE DISSONANCES #35 « Je suis seul maintenant et tout laisse à penser qu’il en sera ainsi jusqu’à la fin ». Notre cochon érudit et philosophe est pourtant en paix avec son sort. Malgré quelques anicroches avec son porcher, son 4m² répond à tous ses besoins. Il sait comment sa…Lire la suite COUSSE Raymond | Stratégie pour deux jambons

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Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Stratégie pour deux jambons de Raymond COUSSE
DISSONANCES #35

« Je suis seul maintenant et tout laisse à penser qu’il en sera ainsi jusqu’à la fin ». Notre cochon érudit et philosophe est pourtant en paix avec son sort. Malgré quelques anicroches avec son porcher, son 4m² répond à tous ses besoins. Il sait comment sa vie va se terminer et s’en accommode parfaitement. Il en tire même une grande fierté : ses jambons seront sans doute la pièce maîtresse de quelque grand festin, allez savoir ? D’ailleurs il n’échangerait son sort de cochon ordinaire pour rien au monde. Regardez le verrat : malgré ses prouesses volumiques en production de semence (bien supérieures à celles du porcher, soit dit en passant), « jeté prématurément dans les poubelles de l’Histoire, il sombrera dans l’oubli éternel. Voilà ce qui arrive, quand on n’est pas sage ». Cependant, le cochon ne peut s’empêcher de s’interroger. Il y a du bruit, qu’est-ce donc ? Y aurait-il d’autres cochons au-dessus de sa tête ? Comment sont-ils arrivés là ? Sont-ils eux aussi des cochons ordinaires ? Notre cochon réfléchit. « Comment nier, en effet, que c’est en partie sur mon dos que s’échafaude la pyramide ? […] Nul doute que les jambons présidentiels soient sélectionnés en bas âge et le cochon qui en a la garde traité avec d’autres égards ». Notre cochon, c’est l’Innommable de Beckett mais avec deux beaux jambonneaux de plus. Fable métaphysique et politique à l’humour ravageur et au style délicieusement précieux, Stratégie pour deux jambons est un chef d’œuvre. La preuve : 40 ans et pas une ride (« Si l’on ne veut pas la révolution, il faut commencer par ne pas la rendre inévitable »).

éd. Zones sensibles, 2018
96 pages
13,77 €

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VARETZ Patrick | Rougeville https://revuedissonances.com/varetz-patrick-rougeville/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:28 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3374 Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Rougeville de Patrick VARETZ DISSONANCES #35 « Ainsi quand je clique au centre de l’image, pour traverser la route, les véhicules s’effacent de l’écran comme par magie, et un panneau publicitaire fait son apparition à l’extrémité de l’aire de stationnement (un magasin d’ameublement et de décoration intérieure, plus sûrement de déstockage, y vantant la promotion…Lire la suite VARETZ Patrick | Rougeville

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Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Rougeville de Patrick VARETZ
DISSONANCES #35

« Ainsi quand je clique au centre de l’image, pour traverser la route, les véhicules s’effacent de l’écran comme par magie, et un panneau publicitaire fait son apparition à l’extrémité de l’aire de stationnement (un magasin d’ameublement et de décoration intérieure, plus sûrement de déstockage, y vantant la promotion d’une piscine gonflable à 399 €, tout en assurant être ouvert le 14 juillet). » À l’aube de la soixantaine, Pascal parcourt les rues et les impasses de son enfance à Rougeville, petite cité minière du nord de la France. Périple immobile, paysages en vase clos terminés par les bords d’un écran d’ordinateur branché sur Google Street View. Le narrateur nous raconte l’agonie d’un monde ouvrier qui se dérobe à notre regard, disloqué dans les flous, les faux raccords et les angles morts d’une image numérique approximative où les Intermarché et les zones d’activité ont remplacé les écoles et les MJC.
Dans les rues scrupuleusement cartographiées de Rougeville, le lecteur croit distinguer à la surface des vitrines abandonnées les reflets de Joyce et d’Eddy Bellegueule, de Didier Eribon ou de Bruce Bégout, comme une manière d’arpenter un lieu déjà presque familier. Le « funérarium se situe toujours rue de Cracovie, sur les hauteurs du boulevard Gambetta, peu après la mairie – je m’autorise cette précision puisque vous semblez désormais en mesure de vous orienter ». Tout est là, on pénètre dans la cour du collège ou on surplombe le fond de la vallée, on ressent l’effort d’une côte à gravir, mais en comblant artificiellement la distance qui le sépare de son adolescence, Patrick Varetz nous propose une réflexion salvatrice sur notre rapport ambivalent à l’expérience et à la confrontation sensible au monde.

éd. La Contre Allée, 2018
92 pages
8,5 €

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GUYOT Amélie (extraits) https://revuedissonances.com/guyot-amelie-extraits/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:27 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2458 DISSONANCES #35 | LA HONTE Chamaille de nerfs « On se réveille. On se maintient dans un semi sommeil. On a ressassé la nuit aux heures creuses. Revu les cotillons pelotonnés en petits tas piétinés sur le lino sirupeux et les joutes verbales où l’on perd plumes et célérité. Ce matin dans la tête ça sent l’alcool frelaté…Lire la suite GUYOT Amélie (extraits)

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DISSONANCES #35 | LA HONTE
Chamaille de nerfs
« On se réveille. On se maintient dans un semi sommeil.
On a ressassé la nuit aux heures creuses. Revu les cotillons pelotonnés
en petits tas piétinés sur le lino sirupeux et les joutes verbales
où l’on perd plumes et célérité.
Ce matin dans la tête ça sent l’alcool frelaté et la punaise écrasée.
Une pièce où on ne laisse entrer ni la lumière ni les visiteurs. Là-dedans
ça pue le manque de contact et les débris amassés. Toutes ces choses
qui encombrent le corps. L’humidité où tout est bile guette le nez.
Dès huit heures pelures d’oignon dans les yeux. On entre en eau.
L’âme est à l’état liquide. Restreinte.
À l’intérieur tout fait pelote. Un maillage spongieux de sourires ironiques
monte à la gorge. Enflamme la thyroïde. On se souvient… »

DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
Les engrenages asymétriques
« j’aimerais tourner le dos à l’insécurité des programmes comme aux mandats divers, narguer les enclosures techniques nichées sous la langue de la gouvernementalité moderne, coulée du deuil assumé de la pensée, de la déduction, de la décision, poissée de lieux désaffectés, de zones expropriées, de mots vides ou creux, de promesses accumulées et méprisées, à la fois effrayantes et ridicules, rappelant la vanité de la condition humaine, martelant l’hégémonie des dominations, la toute puissance des chocs disruptifs, comme le flot ininterrompu d’événements improbables, irréversibles et extrêmes qui se multiplient et se combinent de manière inattendue, quoique prévisibles, enrayant la machine à confiance, dynamitant l’organe central, réduisant la portée du collectif par une suite improbable d’actions et de réactions ineptes, de causes et d’effets ubuesques, de vacuité de syntagmes à tailler, à polir, à hurler, desquels on pourrait rire si le coeur y était, desquels on pourrait s’esclaffer à tout moment, surtout aux heures intermédiaires, celles des jointures et des lisières, de l’entre deux, ni jour ni nuit, celles de l’accord possible entre ce qui se lève et s’achève, du 3 huit au levain des boulangeries, les... »

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WITTIG Monique | Le corps lesbien https://revuedissonances.com/wittig-monique-corps-lesbien/ https://revuedissonances.com/wittig-monique-corps-lesbien/#comments Fri, 26 Oct 2018 19:00:19 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3414 Regards croisés sur Le corps lesbien de Monique WITTIG DISSONANCES #35 Jean-Marc FLAPP : Cri du Corps Chant de 111 chants rythmé par l’irruption – massive, métronomique – de 11 doubles-pages de mots en majuscules listant organes fonctions et productions du corps, ode à la femme aimée dans sa totalité (soi-même pulvérisé/e dans cette ampleur d’aimer), monologue de…Lire la suite WITTIG Monique | Le corps lesbien

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Regards croisés sur Le corps lesbien de Monique WITTIG
DISSONANCES #35

Jean-Marc FLAPP :
Cri du Corps
Chant de 111 chants rythmé par l’irruption – massive, métronomique – de 11 doubles-pages de mots en majuscules listant organes fonctions et productions du corps, ode à la femme aimée dans sa totalité (soi-même pulvérisé/e dans cette ampleur d’aimer), monologue de folle (haletant, délirant), cri d’extase de faim de douleur et de mort, Le corps lesbien calcine (tout en s’en nourrissant : Sappho partout présente, Labbé quasi citée : « j//ai si mal de toi que j//ai bonheur extrême ») les canons ancestraux (rien de trop cru quand même) de la poésie d’amour : Wittig dit la pulsion de fusion amoureuse à son plus haut niveau, son «  j//e » mord dans l’aimée (qui l’occupant entière – faisant une avec elle – la mord pareillement) et par la déchirure s’introduit et l’explore (« J//ai accès à ta glotte et à ton larynx rouges de sang bloqué. J//atteins ta trachée artère, je m//immisce »), l’exhibe par morceaux, ainsi parcellisée sous éclairage cru (quasi pornographique) la fait étinceler, la divinise, l’implore (« j/e t’en prie à voix très douce, vomis-m/oi de toutes tes forces agnelle de lait muselée reine chat crache m/oi  »), lui fait subir le pire (la dissèque, la déchire, l’éviscère, la dévore : libère ses phantasmes avec délectation), pulvérise le langage et les codes moraux pour célébrer la femme en son essence-même (« que ta vulve soit, lèvres cœur clitoris iris crocus d’osmium odorant réfractaire, sois forte m/a plus belle et la plus enfiévrée »), l’amour et le désir en leur incandescence, et la machine-corps qui offre le plaisir (où est la liberté) à qui n’en a pas peur… Bref ce texte brûlant, fait de chair et de sang, cru, révolutionnaire, crie la folie d’aimer comme jamais avant.

Côme FREDAIGUE :
Du vieux nouveau
Le corps lesbien de Monique Wittig se présente comme un long poème assez fastidieux à lire pour peu qu’on renâcle devant les textes poético-politico- conceptuels. De prime abord cela semble à peine lisible mais, dans la mouvance des expérimentations du nouveau roman, on y verra la marque d’une littérature exigeante renouvelant pour les siècles à venir les formes figées d’antan ! Ici on « invente » donc un nouveau langage pour dire – non pas le désir d’une femme pour une autre, ce serait trop facile- mais la caducité des anciens schèmes sexuels. Wittig inflige à son lecteur / lectrice un discours amoureux qui, s’il pouvait passer pour novateur dans les années 70, semble aujourd’hui bien daté : interminable liste d’organes, détournement de références culturelles, déstructuration du langage et construction itérative. Livrons à titre d’exemple un passage parmi d’autres : «  Feu feu feu jusqu’au tendon d’Achillea la bien nommée celle qui a tant aimé Patroclea. Les muscles en effet s’incendient tous en même temps les trapèzes les deltoïdes les pectoraux les dentelés les obliques les grands droits les adducteurs […] » Le manuel de lecture n’est pas fourni avec l’œuvre mais la fréquentation des critiques post-structuralistes et l’étude des articles de la revue Tel Quel y suppléeront avantageusement. On comprendra tout : la volonté d’échapper aux carcans normatifs, la dimension spéculaire d’un texte qui s’objective lui-même, la déconstruction du discours littéraire, etc. Hélas, ni l’émotion, ni la sidération ne seront au rendez-vous car rien n’emporte dans ce texte démonstratif et artificiel. Ne subsiste qu’un ennui profond face à cet amour noyé dans le concept.

Anne MONTEIL-BAUER :
Les 12 travaux d’Herculea
Douze fragments et onze placards en majuscules (comme 11 radiographies) se font face dans ce texte et s’entremêlent à la manière de la double hélice de l’adn pour répondre à un titre à l’ironie explosive : Le corps lesbien. Anti-Chansons de Bilitis, le ton et le sens sont donnés dès la première phrase : « Dans cette géhenne dorée adorée noire fais tes adieux m/a très belle m/a très forte m/a très indomptable m/a très savante m/a très féroce m/a très douce m/a plus aimée, à ce qu’elles nomment l’affection la tendresse ou le gracieux abandon. » Le texte de Monique Wittig s’adresse aux inventeurs et inventrices de leur propre éros-hymne. Amateurs et amatrices de littérature dite éro-tique passez votre chemin, rien ne sera fait à votre place, quant à celles et ceux qui ouvraient le livre en quête de définition, iels en seront pour leurs frais, le corps lesbien aime comme tous les autres. L’amour, la rencontre de l’autre, fracasse et démultiplie l’être – le pronom personnel à la première personne et sa ribambelle de possessifs sont tailladés d’un slash, l’ego vole en éclat et le rythme s’emballe dans une poétique qui réinvente le monde en réinventant la langue. Le neutre assumé d’ordinaire par le masculin se transmue en un féminin pluriel qui charrie la norme et fait obstacle. « Elles lâchent sur m/oi vos chiens quand j/e m//approche. » Mythologie, bible, règnes végétal et animal sont convoqués pour dire l’universalité d’un corps à corps total avec l’autre et les affrontements avec les diktats du monde. On a rarement l’occasion de lire un texte aussi profond, aussi dense et aussi poétique, et bien sûr, ce n’est pas facile.

Julie PROUST TANGUY :
Ceci est t/on corps
Comment parler de lesbianisme de manière radicale et ainsi détruire les codes du lyrisme amoureux, de la représentation du corps et des amours féminins ? Comment rendre, en 1973, leur liberté aux amantes ? En martelant le corps-texte d’un lexique anatomique, en disjoignant rageusement les pronoms personnels flétris par le romantisme et en laissant libre cours à une violence passionnée où l’amour se fait dévoration, défloration des mystères organiques, pétrissage de la langue autant que de la chair aimée !
Finis les mythes des tendres amours saphiques et les figures héroïques virilistes (« Feu feu feu jusqu’au tendon d’Achillea la bien nommée celle qui tant a aimé Patroclea »), mort aux sournois alanguissements du français et aux tabous qu’il force sur l’expression poétique. Place à l’irrévérence linguistique, saccageant goulûment les blasons de l’éternel féminin pour en exp/l/oser les arnaques séculaires ; victoire du Féminin comme genre universel et comme héroïne des légendes à réécrire : « J/e cherche en toute hâte tes morceaux dans la boue, m/es ongles râclent les menues pierres et les cailloux, j/e trouve ton nez une partie de ta vulve tes nymphes ton clitoris, j/e trouve tes oreilles un tibia puis l’autre, j/e te rassemble bout à bout, j/e te reconstitue  ».
En morcelant le corps lesbien et en le rassemblant poétiquement, telle une moderne Isis, Wittig lui offre ainsi une nouvelle unité poétique qui bouleverse, en 111 fragments amoureux, les discours avilissants ou abêtissants que la médecine anatomique, la littérature courtoise ou pornographique ont pu porter sur lui. Elle lui rend sa pleine liberté d’aimer et, par là-même, d’exister.

éd. de Minuit, 1973
188 pages
18,50 euros

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DUMORTIER David | Au milieu d’Amman https://revuedissonances.com/dumortier-david-milieu-damman/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:15 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3406 Coup-de-coeur de Romain PARIS pour Au milieu d’Amman de David DUMORTIER DISSONANCES #35 J’imagine volontiers qu’Au milieu d’Amman trône au fond d’un café obscur des faubourgs d’Inde ou d’Afrique. Dans le coffre à outils d’un mécano. À la fenêtre d’une cahute de la Baie d’Hudson. N’importe où. Tant que la Routine s’y ouvre à un Rêve Éveillé. Que le…Lire la suite DUMORTIER David | Au milieu d’Amman

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Coup-de-coeur de Romain PARIS pour Au milieu d’Amman de David DUMORTIER
DISSONANCES #35

J’imagine volontiers qu’Au milieu d’Amman trône au fond d’un café obscur des faubourgs d’Inde ou d’Afrique. Dans le coffre à outils d’un mécano. À la fenêtre d’une cahute de la Baie d’Hudson. N’importe où. Tant que la Routine s’y ouvre à un Rêve Éveillé. Que le Temps s’y fige. Amman. Ces villes comme Amman, « On peut les aborder sans être bien habillé, sans être des menteurs sur nous-mêmes, elles ne nous obligent pas à nous vanter, à nous inventer une vie que l’on n’a pas connue ». Peu de mots suffisent à David Dumortier pour décrire des atmosphères, des endroits, ou les anti-évènements du quotidien. Pour croquer le portrait des citadins. Nous faire connaître quelqu’un – en profondeur – en le confrontant à une situation – ordinaire. Bref. «  Il est si beau que même si je lui donnais tout l’or de la reine de Saba il serait encore mendiant » et ça suffit pour faire vibrer – lettre après lettre – l’Horizon d’Amman. De la même façon, l’aridité réfractaire du site contribue à octroyer un éclat d’Éternité au moindre détail. Par contre, n’oublions pas que les cerfs-volants, les moineaux et les jets qui saturent le zénith ne font qu’enfiévrer davantage encore la quiétude ancestrale de Djebel Jaufa ou Asrafia. Enfin, si Amman fait mine d’être rébarbative, elle est en fait comme Ahmed, qui, au moment de frapper, «  a cicatrisé cet instant par un sourire ». Amman. Le Tintamarre des klaxons a englouti la zizanie de son Histoire Antédiluvienne. Et si les Mille et Une Nuits se cachent le long des Ruines en friche, elles le font bien : une Tempête de Sable a réuni – croirait-on – toute une Humanité au cœur des Montagnes d’Amman. Qui ouvrira ce livre, partira à sa rencontre.

éd. Al Manar, 2008
49 pages
10 €

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ESNAULT Christophe | Mordre l’essentiel https://revuedissonances.com/esnault-christophe-mordre-lessentiel/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:13 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3401 Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Mordre l’essentiel de Christophe ESNAULT DISSONANCES #35 Sauter à l’élastique dans le cerveau d’Esnault et Mordre l’essentiel («  Oxyde ton cœur à trop aimer. Traverse les frontières pour mesurer l’inutilité. N’économise rien. ») / Explorer les seize cercles (16 = 4 + 4 + 8 : « (S’approprier la) Puissance symbolique du 4.48 » : saluer Sarah Kane) d’une œuvre polymorphe…Lire la suite ESNAULT Christophe | Mordre l’essentiel

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Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Mordre l’essentiel de Christophe ESNAULT
DISSONANCES #35

Sauter à l’élastique dans le cerveau d’Esnault et Mordre l’essentiel («  Oxyde ton cœur à trop aimer. Traverse les frontières pour mesurer l’inutilité. N’économise rien. ») / Explorer les seize cercles (16 = 4 + 4 + 8 : « (S’approprier la) Puissance symbolique du 4.48 » : saluer Sarah Kane) d’une œuvre polymorphe (multidirectionnelle) à très haute tension, sans nulle concession, toute cisaillée d’éclairs (courts-circuits synaptiques crépitant dans l’air sec (« Une survie aléatoire. Tenu pour dit. Vaincu pour rien. L’acide jeté. Souffrir donne soif. »), incongruités graphiques bousculant le lecteur (le tenant en éveil pour son plus grand bonheur), attentats continuels à la pudeur tiédasse («  L’abcès aussi veut être aimé ») et autres avatars politiquement corrects de la pensée unique en occident transi / Se bidonner aussi : quand l’auteur (déchaîné) exécute son psy (verbalement au moins : « Comme je ne peux vous casser la gueule sans risquer des poursuites judiciaires éprouvantes, je cherche une solution alternative. »), quand il aligne les couvs et quatrièmes de couv de romans pas écrits («  Demain sera pire – roman astrologique »), quand il dresse les portraits («  Prenez soin de votre névrose ») de soixante-dix-huit largué.e.s obsessionnel.le.s comme lui (et c’est très bien ainsi) / Tenir entre les mains un ovni littéraire de très grande ambition (« Auréoler le vide d’un emballage poétique. […] Déposer le brevet avant qu’un autre s’en empare. Potentiellement détenir un joyau rarissime de drôlerie et de sonorités exquises.  ») et voir son objectif amplement dépassé : attendre IMPATIEMMENT qu’arrive le prochain.

éd. Tinbad, 2018
336 pages
26 €

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GAETZI Claudine | Grammaire blanche https://revuedissonances.com/gaetzi-claudine-grammaire-blanche/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:12 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3397 Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Grammaire blanche de Claudine GAETZI DISSONANCES #35 «  Plissures se faisant se démultipliant ». Rien ici ne se paraphrase, ne se reformule. Stérilité d’esquisser les contours d’un propos qui dévierait tant que la phrase (ou le vers-émotion-sens) deviendrait une grossière copie. « Cousant bord à bord les récits, je m’entends aux cicatrices.  » Cette impression à chaque nouveau…Lire la suite GAETZI Claudine | Grammaire blanche

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Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Grammaire blanche de Claudine GAETZI
DISSONANCES #35

«  Plissures se faisant se démultipliant ». Rien ici ne se paraphrase, ne se reformule. Stérilité d’esquisser les contours d’un propos qui dévierait tant que la phrase (ou le vers-émotion-sens) deviendrait une grossière copie. « Cousant bord à bord les récits, je m’entends aux cicatrices.  » Cette impression à chaque nouveau fragment d’une avancée dans une exposition, sans sujet ou fil nécessaires. Se perdre, revenir sur ses pas, revoir ou relire sans impression de déjà-vu, dans une primauté originelle, enfantine, sans nulle redite. Le désespoir et la mélancolie n’entrent pas – ou alors lors de mouvements qui à aucun moment ne se figent. Un faux air de tonalité modérée, excessive par sa seule élégance. C’est peut-être cela la rencontre avec l’écriture de Claudine Gaetzi. Toutes ses vies n’entrent pas dans ce livre, on sent bien que les prochains eux aussi seront trop étroits pour ce qui se bouscule, en forêts, en rivières et en lucidité. La pensée et la langue en un même fragment textuel. On pourrait les nommer poésie et littérature ou truite fario insaisissable. Texte-truite que l’on essayerait d’attraper en plongeant ses mains sous les racines de l’Être de son auteur. Entre dansé et densité, avec pour vocable une gastronomie sensorielle et ontologique. On remplacerait toute question par un Vivre démultiplié par les palettes du vivre. « Aimer ? ». Le deuxième texte du livre, Belles saisons imparfaites, m’évoque un déménagement-fantaisie où l’on demanderait de l’aide aux mots, tous les mots, pour soulever les meubles de cette impatience à vivre ses plus belles vies futures, passées et son, ses maintenant(s).

éd. Samizdat, 2018
68 pages
13 €

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GOIRI Jean-Claude | Ressacs https://revuedissonances.com/goiri-jean-claude-ressacs/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:07 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3394 Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Ressacs de Jean-Claude GOIRI DISSONANCES #35 Ce veilleur à vif pilote avec ferveur la revue FMP et les éditions Tarmac. Copeaux contre la Barbarie chez Tarmac s’ouvrait ainsi : « l’inculture se cultive en perçant la rétine – avec une balle c’est mieux » ; Ressacs, plus intime, annonce : « j’écris pour que mon corps prenne moins de place ».…Lire la suite GOIRI Jean-Claude | Ressacs

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Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Ressacs de Jean-Claude GOIRI
DISSONANCES #35

Ce veilleur à vif pilote avec ferveur la revue FMP et les éditions Tarmac. Copeaux contre la Barbarie chez Tarmac s’ouvrait ainsi : « l’inculture se cultive en perçant la rétine – avec une balle c’est mieux » ; Ressacs, plus intime, annonce : « j’écris pour que mon corps prenne moins de place ». Le poète engage sa langue dense et lucide, où luit parfois la candeur panique de Michaux, dans une lutte contre l’emprise et l’imposture. Contre l’impuissance ou la défaite du corps « Il lève le poing comme un fœtus dans sa poche » car tout renaît du vide qui n’est pas rien ! « Il faut mourir une chose en soi pour en faire naître une autre » jusqu’à « L’extase de déterrer ce qu’on ne savait pas ». Les treize encres sombres et diaphanes d’Ysabelle Voscaroudis, par ailleurs comédienne, chanteuse et art thérapeute, absorbent en leur fluide des paroles de l’auteur, les rendant à leur humeur native. Ouverte aux ressacs ou ferme en sa tenue aphoristique, l’écriture croise ici le signe mallarméen : «  Un mot se mesure au poids du silence qu’il provoque ». Point de littérature sans cette sidération qui cloue le bec à l’instant même de la profération. Or, cet impensable de la présence/absence et du dedans/dehors libère malgré lui, comme en deçà du signe, l’interface d’une conscience primitive qui serait l’espace même du langage qui advient, qui accouche on ne sait même pas de quoi, car l’identité de soi toujours flotte, jamais finie. « La solitude, c’est la conscience de l’autre ». Et si, en ce cinquième opuscule du poète nancéen, l’autre n’était pas cette scie du je rimbaldien mais la poche où renaître grandi et transfiguré ?

éd. Z4, 2018
46 pages
12 €

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KERNINON Julia | Ma dévotion https://revuedissonances.com/kerninon-julia-devotion/ Fri, 26 Oct 2018 19:00:06 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3390 Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Ma dévotion de Julia KERNINON DISSONANCES #35 Quand Helen croise Franck par hasard sur un trottoir londonien, cela fait vingt-trois ans qu’ils ne se sont pas parlé. Et justement, Helen a beaucoup à dire. Alors à ce vieillard de 80 ans, elle entreprend de tout raconter. Tous ces détails que sa mémoire a soigneusement…Lire la suite KERNINON Julia | Ma dévotion

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Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Ma dévotion de Julia KERNINON
DISSONANCES #35

Quand Helen croise Franck par hasard sur un trottoir londonien, cela fait vingt-trois ans qu’ils ne se sont pas parlé. Et justement, Helen a beaucoup à dire. Alors à ce vieillard de 80 ans, elle entreprend de tout raconter. Tous ces détails que sa mémoire a soigneusement conservés, tout ce qu’elle ne lui a jamais dit, sa version de leur histoire commune. «  Tu voudrais sans doute me demander comment je vais et me donner de tes nouvelles, mais il y a vingt-trois ans que je pense à toi tous les jours de ton absence, alors tu ne vas pas parler, cette fois, Franck. C’est moi qui vais parler, et moi seule. Je vais tout te raconter, ici et maintenant, debout dans la rue, je vais te raconter toute notre histoire depuis le début, parce qu’il faut que je l’entende, moi aussi. » Commence alors un long monologue haletant, qui saisit le lecteur dès les premières phrases. Le récit de quatre décennies de non-dits d’une amitié amoureuse à sens unique qui a porté Franck au sommet de sa carrière de peintre. « C’était ma position dans le monde – j’étais le lieu où tu revenais. Comme d’autres font des voyages de santé dans leur village de naissance, il me semblait que toi, tu revenais irrésistiblement dans mes parages, comme si c’était moi, ta maison, moi ton essence, ton centre.  » Quarante-quatre ans de petits accommodements et de grands mensonges, jusqu’à l’épilogue tragique de leur histoire. De Franck, l’artiste égocentrique et immature, nous n’entendrons jamais la voix ni la défense. Helen l’avait annoncé d’emblée : « Aucun homme, Franck, n’est un héros pour sa meilleure amie. »

éd. du Rouergue, 2018
299 pages
20 €

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DESTAL Arnault (extraits) https://revuedissonances.com/destal-arnault-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:58 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3275 DISSONANCES #34 | TRACES Un sale quart d’heure « – Vous devriez pouvoir faire l’impasse sur le Luminol. Elle avait dit ça comme on regarde un feu d’artifice dans une ville que l’on rêve de quitter. Il faut dire qu’il y en avait jusqu’au plafond. Les traces de transfert se mêlaient aux projections et aux tâches passives…Lire la suite DESTAL Arnault (extraits)

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DISSONANCES #34 | TRACES
Un sale quart d’heure

« – Vous devriez pouvoir faire l’impasse sur le Luminol.
Elle avait dit ça comme on regarde un feu d’artifice dans une ville que l’on rêve de quitter. Il faut dire qu’il y en avait jusqu’au plafond. Les traces de transfert se mêlaient aux projections et aux tâches passives dans une orgie de dégradés donnant à la pièce la mesure du carnage.
– Vous en pensez quoi ? demanda l’homme.
– Qu’on a passé un sale quart d’heure.
Il ajusta son écharpe en s’examinant dans le psyché flanqué dans un coin. Le miroir n’était pas épargné par les stries contaminant l’espace. Par chevauchement, son reflet portait les marques du drame qui s’était joué là. Immobile, une balafre semblait découper son visage en deux, tandis que sa veste se parait de marbrures grotesques. Il pivota pour s’extraire du cadre et s’épargner cette version sauvage de lui-même.
– Quand je dis sale quart d’heure, précisa-t-elle en se dirigeant vers la… »

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PAULIN Frédéric | La Peste soit des mangeurs de viande https://revuedissonances.com/paulin-frederic-peste-soit-mangeurs-de-viande/ Tue, 15 May 2018 16:00:57 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3315 Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour La peste soit des mangeurs de viande de Frédéric PAULIN DISSONANCES #34 « Il y a d’abord l’odeur. C’est une odeur écœurante, âcre, qui oblige à ne plus respirer que par la bouche et qui rappelle en permanence ce qui se passe derrière les murs gris. Une odeur de viande. Une odeur de mort.…Lire la suite PAULIN Frédéric | La Peste soit des mangeurs de viande

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Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour La peste soit des mangeurs de viande de Frédéric PAULIN
DISSONANCES #34

« Il y a d’abord l’odeur. C’est une odeur écœurante, âcre, qui oblige à ne plus respirer que par la bouche et qui rappelle en permanence ce qui se passe derrière les murs gris. Une odeur de viande. Une odeur de mort. Parce que derrière ces murs gris, des milliers de bovins sont mis à mort, désossés, découpés et finalement conditionnés pour être vendus dans la grande distribution, chaque jour. Vingt mille tonnes de viande sortent chaque année de l’abattoir. Cette année, il y aura quatre-vingts kilos de plus. Oui, le capitaine Pierre Luchaire devait peser quatre-vingts kilos. Juste avant qu’on ne l’égorge. » Sur sa poitrine, un post-it questionne : « Peuvent-ils souffrir ? », et oriente les enquêteurs vers les militants de La mort est dans le pré.
Ainsi débute cette plongée dans la barbarie de l’élevage industriel.
Selon une construction originale qui déstructure le roman d’enquête, Frédéric Paulin nous rapporte « Ce que l’on dit » avant de nous montrer « Ce qui s’est passé ». À travers le prisme des regards (policiers de l’IGPN, militants de la cause animale, employés des abattoirs), les enjeux économiques et les vies broyées se télescopent ; les maux qui gangrènent notre société se retrouvent alors liés, comme dans l’engrenage d’une chaîne d’abattage : cruauté envers les animaux, violences faites aux femmes, déshumanisation des employés.
Roman noir militant, efficace, documenté, étayé (entre autres) des réflexions philosophiques de Peter Singer, La peste soit des mangeurs de viande imprime en nous des images effroyables et indélébiles de l’enfer des abattoirs, animaux humains et non humains sacrifiés sur le même autel de l’immoralité productiviste.

éd. La Manufacture de livres, 2017
332 pages
19,90 €

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AZALBERT Nicolas & CARRERA Eduardo : L’Argentine malgré tout https://revuedissonances.com/azalbert-nicolas-carrera-eduardo-largentine-malgre/ Tue, 15 May 2018 16:00:55 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3295 Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour L’Argentine malgré tout de Nicolas AZALBERT & Eduardo CARRERA DISSONANCES #34 Une adolescente en robe d’été dort à plat ventre sur un lit pas défait, la lumière du jour occupe les murs vides ; on devine les rêves chancelants d’une sieste aux heures moites de l’après-midi. Format carré, immobile, elle ne se réveillera pas tout…Lire la suite AZALBERT Nicolas & CARRERA Eduardo : L’Argentine malgré tout

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Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour L’Argentine malgré tout de Nicolas AZALBERT Eduardo CARRERA
DISSONANCES #34

Une adolescente en robe d’été dort à plat ventre sur un lit pas défait, la lumière du jour occupe les murs vides ; on devine les rêves chancelants d’une sieste aux heures moites de l’après-midi. Format carré, immobile, elle ne se réveillera pas tout de suite et dans ce corps désirable et à l’abandon on reconnaît l’Argentine épuisée par un début de siècle en crise. La mise en regard des photographies d’Eduardo Carrera et des textes de Nicolas Azalbert nous raconte les rêves et les douleurs d’une jeunesse politique. « Cher Christian, Je me réjouis de te revoir même si cette perspective n’est pas dépourvue de craintes. Crainte de me laisser emporter par tes explorations des abîmes, crainte qu’on se lasse, crainte qu’on se déçoive. Si tu es un chemin, une transmission, une intelligence du monde, une éthique, je ne veux pas de l’anéantissement, des chiens errants, jouer pour perdre, jouir de l’échec et de l’explosion finale. »
Lettre à un amant, poème, nouvelle, critique cinématographique, extraits épars comme les pensées inconstruites naissant du souvenir d’un lieu ou d’une rencontre. Ici, l’évolution de la part de l’industrie dans le PIB argentin entre 1976 et 2002 dialogue avec l’image d’un parc d’attraction à l’abandon et une photographie prise au téléphone portable lors d’une tentative d’occupation du Palais du Gouvernement. Plus loin, l’évolution du taux de chômage éclaire différemment la chambre de la jeune fille. On comprend alors que l’intelligence du livre réside aussi dans la liberté du lecteur d’y tracer ses propres itinéraires, et de parcourir avec délectation les formes captives de ce cadavre exquis lumineux.

éd. Warm, 2017
64 pages
13 €

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RIVEL Daniel (extraits) https://revuedissonances.com/rivel-daniel-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:54 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3238 DISSONANCES #34 | TRACES Novembre à marée basse « dans le flou d’une écriture d’eau sur des marges de peu de relief des échassiers tracent à petits pas des points lâches dans la toile élimée d’un… »

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DISSONANCES #34 | TRACES
Novembre à marée basse

« dans le flou
d’une écriture d’eau
sur des marges de peu de relief
des échassiers tracent
à petits pas
des points lâches
dans la toile élimée
d’un… »

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PENBLANC Juliette (extraits) https://revuedissonances.com/penblanc-juliette-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:53 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3243 DISSONANCES #34 | TRACES Rien (n’)aura eu lieu « Le lac n’est plus qu’un mot convoque miroir à force de le tourner contre son palais il s’est usé de sens et d’eau ses pieds abordent le fond ne trouvent que poussière herbes rousses terre craquelée ilots d’argile sèche dont les frontières… »

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DISSONANCES #34 | TRACES
Rien (n’)aura eu lieu
« Le lac n’est plus qu’un mot
convoque miroir
à force de le tourner contre son palais
il s’est usé de sens
et d’eau

ses pieds abordent le fond
ne trouvent que poussière
herbes rousses
terre craquelée
ilots d’argile sèche
dont les frontières… »

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SARABADZIC Lou | Ensemble https://revuedissonances.com/3298-2/ Tue, 15 May 2018 16:00:52 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3298 Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Ensemble de Lou SARABADZIC DISSONANCES #34 Ce livre, c’est un peu comme un album photo : tout en instantanés (courts textes : touches sèches, intimes, distanciées) donnant à voir des gens et des scènes de vie dans leur banalité, il ramène à l’esprit une époque et un monde qui pour être passés n’en ont pas…Lire la suite SARABADZIC Lou | Ensemble

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Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Ensemble de Lou SARABADZIC
DISSONANCES #34

Ce livre, c’est un peu comme un album photo : tout en instantanés (courts textes : touches sèches, intimes, distanciées) donnant à voir des gens et des scènes de vie dans leur banalité, il ramène à l’esprit une époque et un monde qui pour être passés n’en ont pas moins été un maillon capital dans la chaîne menant à ce qu’est le présent (« Je ne saurai jamais le nombre exact qu’ils ont été à me construire, ni si c’est de moi que je parle quand je dis je »), il est une interface permettant le passage de notre actualité à ce qui y a mené et la compréhension (en partie tout au moins) de la place qu’y a (et comment elle la vit) son auteure aujourd’hui (« La télévision c’est mon ordi portable articule il l’a tuée de plus de trois cents coups de couteau. Je suis dans la cuisine, depuis mon foyer protégée, je sens comme si j’y étais, avec elle sous la lame, la souffrance impensable – alors que c’est moi qui la tiens, la lame, je suis seule. ») C’est sans doute pourquoi Ensemble est ainsi fait : réactivant d’abord (vibrantes miniatures) des sensations d’enfance imprégnées fortement (sans rien jamais de niais) du bonheur d’exister et se sentir grandir au sein d’une famille encore pas éclatée dans la communauté de voisins HLM partageant leurs week-end entre apéros-dîners et jardins ouvriers, il nous fait remonter des racines anciennes à ce qu’est devenue (« une femme moderne connaissant ses classiques ») celle qui l’a écrit (« il faut quand même bien exister ») dans le monde où on vit : « Je vis le temps ailleurs mais c’est le même, même décalé même inversé. Le temps comme partout ne dit qu’une chose c’est qu’il passe et qu’il s’en fout. » Bref c’est très juste et beau.

éd. de la Crypte, 2017
92 pages
15 €

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DORIO Jean-Jacques | Poèmes à ma morte https://revuedissonances.com/dorio-jean-jacques-poemes-a-morte/ Tue, 15 May 2018 16:00:49 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3310 Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Poèmes à ma morte de Jean-Jacques DORIO DISSONANCES #3415 « Ma femme sort de son coffre de pierre / Faisant flotter son écharpe de secrets ». Que meure subitement l’être aimé et la vie du survivant entre en jeu – de vers, de carmen et d’échos : soixante-trois auteurs convoqués sur l’autel où gît un cœur,…Lire la suite DORIO Jean-Jacques | Poèmes à ma morte

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Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Poèmes à ma morte de Jean-Jacques DORIO
DISSONANCES #3415

« Ma femme sort de son coffre de pierre / Faisant flotter son écharpe de secrets ». Que meure subitement l’être aimé et la vie du survivant entre en jeu – de vers, de carmen et d’échos : soixante-trois auteurs convoqués sur l’autel où gît un cœur, il n’y va pas de main morte le Dorio : d’Orléans, Marot, Butor, Scève, Goytisolo, Tabucchi, Sophocle, Tzara, Ferré, Desnos, Roy, Hugo, Brigitte Fontaine… « Leur constellation unique façonne un puzzle dont nous sommes en quelque sorte la pièce manquante », lui dit Pérec. Notre poète, inconnu troubadour libertaire à ses heures (deux albums de chansons-poèmes), vit de cette rarissime passion de tresser, de passer, d’entrelacer, de brasser – pour mieux embrasser l’absente. Son blog sur le site lemonde.fr offre un poème inédit par jour depuis le 08/01/2006 et accueille des poèmes avec lesquels toujours entrer en résonnance. Tendre ses bras vers l’autre, parce que « Je suis pierre trouée dans le grand vide ». Ce recueil en forme d’offrande, invite au recueillement, au partage de la peine, en un rituel de condoléances croisées. Son ordre alphabétique ingénument ordonne la douleur : Ariane, Deuil, Mer, Rire, Tamanoir… Mais « Je t’écris dans le plus grand désordre / De vers imprécis / Déréglés  », car cette poésie n’est que la sismographie d’un désastre intime. Ni furieuses trouvailles ni affèteries poétiques ici, mais un bouquet d’humeurs au cœur d’un herbier intime, ouvert sur le grand lit vide. Héritier des traditions lyriques, Dorio affûte ses lames : « Lèvres et dents des moribonds / Prélude funeste de l’œil du deuil ». Poésie, tu fascines la mort.

éd. L’Harmattan, 2018
118 pages
14 €

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ICARD Jules (extraits) https://revuedissonances.com/icard-jules-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:49 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3261 DISSONANCES #34 | TRACES Débâcle « Le studio est comme je l’ai laissé : ce serait mentir d’écrire qu’il vibre de sa présence, mais il n’est pas muet non plus. Il est venu manger tout à l’heure avant que l’on aille boire une bière près de San Giacomo dell’Orio. Puis je me suis assis avec lui sur un…Lire la suite ICARD Jules (extraits)

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DISSONANCES #34 | TRACES
Débâcle

« Le studio est comme je l’ai laissé : ce serait mentir d’écrire qu’il vibre de sa présence, mais il n’est pas muet non plus. Il est venu manger tout à l’heure avant que l’on aille boire une bière près de San Giacomo dell’Orio. Puis je me suis assis avec lui sur un banc, il m’a dit ces choses, il est parti et j’ai continué à boire.
La boîte d’oeufs agonise près des plaques de cuisson, le carton est taché d’albumen, les tristes coquilles montrent les dents. Je jette le tout. La poêle graisseuse et les assiettes gisent abandonnées dans l’évier. Je les lave et le verre où il a posé ses lèvres.
Le canapé est enfoncé à l’endroit où il s’est assis, gardant le souvenir matériel de sa présence, dont la maison déplore la fuite. Je m’imagine coulant quelque cire sur le tissu de l’assise pour enregistrer la forme de cette courbe casuelle, qui est tout ce qu’il me reste de lui. Puis je tirerais une matrice de plâtre et je ferais sculpter un fauteuil de marbre conscient de son… »

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DURAIN Marc (extraits) https://revuedissonances.com/durain-marc-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:48 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3270 DISSONANCES #34 | TRACES En mémoire « Chaque message que j’envoie est une marque d’activité. Tout est journal – Toutes les marques de vie sont dûment répertoriées Dans la mémoire sans défaut de mon ordinateur. Demain je déjeune avec Raphie : rencontre, marque de vie Qu’il m’incombe de consigner. Comme le café avec Alexis. Mais ce que je voulais…Lire la suite DURAIN Marc (extraits)

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DISSONANCES #34 | TRACES
En mémoire

« Chaque message que j’envoie est une marque d’activité.
Tout est journal –
Toutes les marques de vie sont dûment répertoriées
Dans la mémoire sans défaut de mon ordinateur.

Demain je déjeune avec Raphie : rencontre, marque de vie
Qu’il m’incombe de consigner. Comme le café avec Alexis.
Mais ce que je voulais écrire ce matin
Ne m’est pas réapparu.

Il pouvait être question, justement, de l’e-mail
Annonçant à mes collègues la publication prochaine de nos actes.
Il pouvait s’agir de la mort de… »

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MOREAU Marie-Hélène (extraits) https://revuedissonances.com/moreau-marie-helene-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:45 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3249 DISSONANCES #34 | TRACES Le ruban rose « La poussière se soulève à chacun de ses pas. Une fine poudre blanche qui s’envole et flotte légèrement juste au-dessus du sol. Puis retombe. Ses pieds en sont couverts. Son regard s’égare dans les creux du chemin. Il frôle chaque pierre. Puis se perd au-delà, parmi les herbes folles…Lire la suite MOREAU Marie-Hélène (extraits)

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DISSONANCES #34 | TRACES
Le ruban rose

« La poussière se soulève à chacun de ses pas. Une fine poudre blanche qui s’envole et flotte légèrement juste au-dessus du sol. Puis retombe. Ses pieds en sont couverts.
Son regard s’égare dans les creux du chemin. Il frôle chaque pierre. Puis se perd au-delà, parmi les herbes folles aplaties par les rares voitures qui passent encore ici. La plupart des gens prennent la nationale.
— C’est plus court par là. C’est pour ça…
Longer la nationale est tellement dangereux. C’est ce qu’elle leur a dit lorsqu’ils ont demandé pourquoi elle lui avait permis de prendre le chemin.
— Tout de même…
Reproches non formulés qu’elle ressasse sans cesse comme pour se faire du mal. Elle sait que ça ne sert à rien. Pourtant elle continue. Se punir d’être là, encore.
La poussière s’accroche à ses chevilles. Elle n’a croisé personne. Vu aucune… »

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VARLET Anaïs (extraits) https://revuedissonances.com/varlet-anais-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:44 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3231 DISSONANCES #34 | TRACES Entendu dans l’interstice « Pour te réconcilier avec l’ineffaçable il y a ces êtres rares qui ne laissent pas de trace et le vol des… »

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DISSONANCES #34 | TRACES
Entendu dans l’interstice

« Pour te réconcilier
avec l’ineffaçable

il y a ces êtres rares
qui ne laissent pas de trace

et le vol des… »

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SARRAT Yoann (extraits) https://revuedissonances.com/sarrat-yoann-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:33 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3235 DISSONANCES #34 | TRACES Phlyctènes « Maria est née il y a 43 ans avec les jambes en forme de Z, les bras atrophiés et la langue surdimensionnée, sortant alors continuellement de sa bouche comme sa bave qui pourrait remplir des piscines. Elle s’exprime par grondements, mugissements, sifflements, reniflements, renâclements, murmures, marmonnements, bruissements, grommellements, grognements, glouglous, stridences,…Lire la suite SARRAT Yoann (extraits)

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DISSONANCES #34 | TRACES
Phlyctènes

« Maria est née il y a 43 ans avec les jambes en forme de Z, les bras atrophiés et la langue surdimensionnée, sortant alors continuellement de sa bouche comme sa bave qui pourrait remplir des piscines. Elle s’exprime par grondements, mugissements, sifflements, reniflements, renâclements, murmures, marmonnements, bruissements, grommellements, grognements, glouglous, stridences, craquements, bourdonnements. Mais son discours est signifiant quand on accepte de tourner les oreilles dans l’autre sens.
Sa mère avait bu trop de rhum pendant la grossesse, déformant progressivement l’embryon puis le fœtus qu’enfermait son ventre déjà abîmé par la vie.
Maria pèse aujourd’hui 98 kilos et les hospitaliers réfléchissent à chaque fois à comment s’y prendre pour la transférer d’un lit à un autre. Souvent ils mettent un drap sous son corps et la portent à plusieurs après un décompte maladroit et de violents soupirs.
Un trou est creusé dans son ventre reliant ses intestins à une poche de stomie par… »

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DESROZIERS Marianne (extraits) https://revuedissonances.com/desroziers-marianne-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:33 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1786 DISSONANCES #34 | TRACES Obstruée « Boule dans la gorge Depuis longtemps J’étouffe Arrêter ça L’expulser La cracher Je tousse Rien ne sort Ça ne veut pas Par la fenêtre Ciel gris Taches noires Oiseaux dans… » DISSONANCES #33 | FUIR La fugue « Petit matin blême Table de la cuisine Famille autour Nous n’irons pas au phare aujourd’hui Dit la…Lire la suite DESROZIERS Marianne (extraits)

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DISSONANCES #34 | TRACES
Obstruée

« Boule dans la gorge
Depuis longtemps
J’étouffe
Arrêter ça
L’expulser
La cracher
Je tousse
Rien ne sort
Ça ne veut pas
Par la fenêtre
Ciel gris
Taches noires
Oiseaux dans… »

DISSONANCES #33 | FUIR
La fugue
« Petit matin blême
Table de la cuisine
Famille autour
Nous n’irons pas au phare aujourd’hui
Dit la mère de son air le plus sévère
Mais vous aviez promis dit l’aînée
Ne réponds pas à ta mère dit le père
Vous n’avez aucune parole dit le cadet
Si tu réponds encore ça va mal se passer dit le père
Tout le monde se tait
Les adultes boivent leur café
Les adultes mangent leur tartine
Les enfants ne… »

DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Dans le jardin
« D’abord sortir de la maison en catimini. Puis entendre la porte se refermer doucement derrière soi. Enfin seul, sans adultes pour nous surveiller, nous empêcher, nous embêter. Sans notre mère surtout, qui s’inquiète pour tout, les maladies, les accidents, les kidnapping, le racket, internet, le harcèlement scolaire. Regarder le soleil en face, parce que c’est terriblement bon, même si notre mère dit que ça fait mal aux yeux et qu’on peut devenir aveugle. Avoir fait exprés d’oublier de mettre notre casquette. Détester porter une casquette, ça tient trop chaud, ça gêne. Ne pas craindre l’insolation. Ni ça ni rien d’autre. Ne rien craindre vraiment. Juste faire semblant parfois d’avoir peur pour rire.

Explorer le jardin en aventurier. D’abord calmement mètre carré par mètre carré cherchant quelque chose d’intéressant un insecte une fleur n’importe quoi. Puis chercher avec une excitation croissante, le regard sautant d’une fleur à une tomate à une sauterelle à un concombre à un doryphore à un brin d’herbe. Réveiller le chat roux qui dort contre la margelle du puits. Le caresser pour le faire ronronner. Son poil est brûlant. Regarder le soleil illuminer son pelage et rétrécir sa pupille jusqu’à… »

DISSONANCES #22 | RITUELS
Dimanche et

« Dimanche et son odeur de pain frais. Dimanche et l’enfant qu’il a été. S’ennuyant ce jour-là car il n’y a pas école. Demandant quand est-ce qu’on mange. Chapardant un quignon de pain ramené par son père… quand il pensait à s’arrêter sur le chemin du retour en rentrant du P.M.U. Attendant avec impatience le moment où les grands boivent l’apéritif et où il a droit à du soda, chose interdite en semaine.

Dimanche et son odeur de poulet rôti au four. Dimanche et les pommes de terre qui vont avec. Mangeant la cuisse de poule fermier avec les doigts parce que le poulet, on a droit. Le droit aussi de manger la peau toute grillée même si c’est gras.

Dimanche et son odeur de gâteaux de pain. Dimanche et les petits plaisirs des gens modestes. Regardant sa mère malaxant les restes de pain dur de la semaine trempés dans du lait. Accoudé sur la table de la cuisine, admirant ses belles mains blanches et fines battre les œufs avec le sucre et bien mélanger le tout. Sans oublier des... »

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PLAMONDON Eric | Taqawan https://revuedissonances.com/plamondon-eric-taqawan/ Tue, 15 May 2018 16:00:32 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3323 Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Taqawan d’Eric PLAMONDON DISSONANCES #34 « Il y a quatre cent millions d’années, à l’époque du Dévonien, les poissons sont rois. » Le saumon, Taqawan, fut roi, il est aujourd’hui proie et l’étendue de son territoire, de la rivière à la mer puis à nouveau à la rivière, ne le sauve pas. Moyen…Lire la suite PLAMONDON Eric | Taqawan

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Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Taqawan d’Eric PLAMONDON
DISSONANCES #34

« Il y a quatre cent millions d’années, à l’époque du Dévonien, les poissons sont rois. » Le saumon, Taqawan, fut roi, il est aujourd’hui proie et l’étendue de son territoire, de la rivière à la mer puis à nouveau à la rivière, ne le sauve pas. Moyen de subsistance, objet de convoitise, le vénérable ancêtre sert ici de fil conducteur à une puissante évocation du Québec. Dans un ballet virtuose, les récits se mêlent, pastilles historiques, recette de cuisine ou conte cruel, et se déposent en strates. Le livre brasse large : points de vue historique, écologique, juridique même. Mais jamais cette érudition ne pèse. Les idées s’entrechoquent, des passerelles se créent, entre les âges, les récits, dans une absolue économie de moyens. L’apparente aridité stylistique laisse au lecteur la place nécessaire pour qu’il puisse construire sa propre histoire, sans rien imposer. « D’où vient cette nécessité, comme innée, depuis le fond des âges, qui veut que l’espèce humaine se batte et s’entretue au nom d’un lieu, d’une famille, d’une différence irréductible ? » Pourquoi le saumon retourne-t-il frayer dans sa rivière natale ? Pourquoi tant de massacres pour quelques bouts de terre ? Comment peut-on s’arroger le droit de s’approprier le corps d’un autre ? Variation sur le thème du territoire, de la propriété, dans un Québec mythique, déchiré, disputé, Taqawan fascine. Ce Québec à l’accent bonhomme qu’on aime sans le connaître se révèle sous un jour nouveau, sombre et poignant, et on a soudain envie de remonter aux sources. À contre-courant. « Le saumon qui bondit et lutte, un même spectacle pour trois hommes différents, trois rêves pour un même poisson. »

éd. Quidam, 2018
208 pages
20 €

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VOSCANNELLI Olga (extraits) https://revuedissonances.com/voscannelli-olga-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:32 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3224 DISSONANCES #34 | TRACES Mausolée « Tu vas leur dire tout ce que vous aviez construit ensemble, tu vas produire vos relevés d’années communes, vos notes, vos paperolles, vous étiez déjà quittes. Assise devant le secrétaire, tu les tiens dans tes mains, aussi sèches. Lesquelles au juste s’échappent en confettis ? Tu n’auras qu’à t’étendre sur vos souvenirs,…Lire la suite VOSCANNELLI Olga (extraits)

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DISSONANCES #34 | TRACES
Mausolée

« Tu vas leur dire tout ce que vous aviez construit ensemble, tu vas produire vos relevés d’années communes, vos notes, vos paperolles, vous étiez déjà quittes. Assise devant le secrétaire, tu les tiens dans tes mains, aussi sèches. Lesquelles au juste s’échappent en confettis ?
Tu n’auras qu’à t’étendre sur vos souvenirs, rouvrir tes albums de photos, votre histoire commençait à cet âge de papier et tu n’en reviens pas ! Tu fouilleras ensuite tes fichiers non classés, le vrac de votre vie pour une histoire en attente, une matière immense, oui. Vous n’en faisiez plus rien. Il fallait juste ouvrir les yeux pour comprendre, il suffisait de se regarder ne plus se regarder. Ils avaient compris.
C’est simple, tu n’auras qu’à faire peser cette moitié de vie ensemble pour qu’ils constatent à quel point il s’agit d’un effondrement. Le peu de leur temps à eux suffit à comprendre ce qui se perd là, et ne se relèvera pas. Tu vas leur passer votre diaporama interminable, plus long que… »

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LO PINTO Marie (extraits) https://revuedissonances.com/lo-pinto-marie-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:31 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3252 DISSONANCES #34 | TRACES Trace d’aucun « on émerge les pieds parallèles la tête haute hors de tous paramètres on cherche le sujet devant soi on tend les bras rien ne bouge comme pour dire attraper quelques spectres comme pour mieux entendre les voix quelques mots venus d’on ne sait où on creuse des paradigmes jusqu’à l’erreur…Lire la suite LO PINTO Marie (extraits)

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DISSONANCES #34 | TRACES
Trace d’aucun

« on émerge les pieds parallèles la tête haute hors de tous paramètres on cherche le sujet devant soi on tend les bras rien ne bouge comme pour dire attraper quelques spectres comme pour mieux entendre les voix quelques mots venus d’on ne sait où on creuse des paradigmes jusqu’à l’erreur on cherche dans les lettres mortes des sons accrochés à l’inaudible on ne bouge plus rien à dire on regarde nos doigts blancs comme les morts s’agiter devant nos yeux réveille-toi réveille-toi on repart de plus belle les jambes dégourdies on prend de l’assurance on court à perdre haleine on crie nos noms dans le vent on s’arrime à l’écho on cherche des réponses on dit je- suis on dit je- pense et je- n’y suis pas on joue à chat on tire des plans sur la comète par-dessus l’existence on retire nos manteaux on se retourne sur nos cendres rien à voir on fouille partout dans tous les messages inversés les radiations de l’Autre les oreilles bouchées on écoute les émanations de l’être on spécule des apparitions on s’invente bâtisseur des sons bougent nos… »

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MARTHOURET Thibault (extraits) https://revuedissonances.com/marthouret-thibault-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:30 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1891 DISSONANCES #34 | TRACES Les soirs d’orage « Lettres, photos, partitions, déposées au fond du grand sac, corde et gorge nouées, nylon tressé, je l’ai enterré là où le cours du ruisseau forme un coude où les courants tournent sur eux-mêmes, l’eau torsade tout et son contraire, polit les pierres et les rejette. La pointe d’un bâton…Lire la suite MARTHOURET Thibault (extraits)

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DISSONANCES #34 | TRACES
Les soirs d’orage

« Lettres, photos, partitions, déposées au fond du grand sac,
corde et gorge nouées, nylon tressé, je l’ai enterré là

où le cours du ruisseau forme un coude
où les courants tournent sur eux-mêmes, l’eau torsade
tout et son contraire, polit les pierres et les

rejette.

La pointe d’un bâton trace une croix dans la terre humide.
Les soirs où l’orage trépane la montagne, le… »

DISSONANCES #21 | LE VIDE
Inspiration
« Sous la lave de l’instant,
la lymphe brute de la perte.

Révolution des fluides
autour d’un noyau vide,

œil de cyclone,
cœur creux de… »

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TISON Marc | Des abribus pour l’exode https://revuedissonances.com/tison-marc-abribus-lexode/ Tue, 15 May 2018 16:00:28 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3306 Coup-de-coeur de Romain PARIS pour Des abribus pour l’exode de Marc TISON DISSONANCES #34 Des Abribus pour l’Exode : un grand « Chut ! » après la Tempête. Marc Tison porte sa lucidité de boucanier aguerri en bandoulière. Car « La nuit elle se voit par nos yeux de lumières. » Au cœur d’une Rêverie aurifère. Réfractaire au raffut quotidien. Fraîcheur de l’Écrit ou exactitude de…Lire la suite TISON Marc | Des abribus pour l’exode

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Coup-de-coeur de Romain PARIS pour Des abribus pour l’exode de Marc TISON
DISSONANCES #34

Des Abribus pour l’Exode : un grand « Chut ! » après la Tempête. Marc Tison porte sa lucidité de boucanier aguerri en bandoulière. Car « La nuit elle se voit par nos yeux de lumières. » Au cœur d’une Rêverie aurifère. Réfractaire au raffut quotidien. Fraîcheur de l’Écrit ou exactitude de la Chair. Juste là où s’est figée une Humanité en voie d’extinction. Ici, nulle Nostalgie. Plutôt une sorte de cessez-le-feu sans véritable capitulation d’un côté ou de l’autre (Conquistadors des Sens vs Société du profit). Eh oui, « Le moi romantique se cogne aux logorrhées de l’hyper information. » C’est un Voyage Incandescent. « – Où ça ? – Au For Intérieur ! » Côte à côte avec l’Amoureuse. Sur la Route rétive aux GPS, et toujours périlleuse, parce que TOTALE. Dans des Rades Narcotiques – ces frégates du naufrage – ou au fil des festivals de la Jouissance Absolue. À l’Abandon : toute une manière d’entrer en Résistance. Envers et contre rien : « Overdose de lumière et mourir. » Des mots liés entre eux dirait-on par la grâce d’une orfèvrerie textuelle expresse. Comme autant de vaguelettes de retour des Antipodes. Venues se jeter – à contrecourant – dans l’Estuaire Natal : « Je reviens à mon pays, intérieur, affranchi, en orpailleur. » Voilà bien la sobriété d’un style forgé à force de bitures. De Sauts de l’Ange ou de Douceurs. D’écorchures. Avec des bribes de silence pour toute opulence. Rappelons-nous que par-delà l’Abjection du Néolibéralisme, il y aura toujours le sirocco – ou le vent d’ouest – pour attiser notre flamme secrète. En écho aux « Je t’aime » à vif. « Toute disparition fera un renouvellement. » : l’Aube – Catafalque de l’Excès – s’ouvrira sur cette ÉviDanse mise à nu.

éd. Le Citron Gare, 2017
32 pages
10 €

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ARLIX Eric | Golden hello https://revuedissonances.com/arlix-eric-golden-hello/ Tue, 15 May 2018 16:00:26 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3303 Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Golden hello d’Eric ARLIX DISSONANCES #34 Bienvenue à tous les Asphidimorpha-sanctaecrusis-salariés : Éric Arlix nous refile sa vision du monde méta-contemporain quand celle-ci croise et/ou percute / ou gît dans / celle de l’Histoire du libéralisme. On a déjà vu approchant en lisant Ballard, Volodine, Damasio, Bégout, Minard, Caligaris, Jauffret (pour l’humour).…Lire la suite ARLIX Eric | Golden hello

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Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Golden hello d’Eric ARLIX
DISSONANCES #34

Bienvenue à tous les Asphidimorpha-sanctaecrusis-salariés : Éric Arlix nous refile sa vision du monde méta-contemporain quand celle-ci croise et/ou percute / ou gît dans / celle de l’Histoire du libéralisme. On a déjà vu approchant en lisant Ballard, Volodine, Damasio, Bégout, Minard, Caligaris, Jauffret (pour l’humour). On sent bien aussi qu’avant de se lancer en littérature Arlix a placé dans sa bibliothèque-préparer-une-riposte un gros paquet de livres bouate-à-outils… Quatorze textes qui nous disent : Voici le monde et amusez-vous bien ! Une écriture qui s’appuie notamment sur l’utilisation de divers technolectes. De l’entreprise, de l’univers Youtubesque, du blogueur expert qui analyse à l’excès les ressorts scénaristiques/esthétiques de sa série télé préférée, le champ lexical du management ou du ceci-cela, le hashtag en mantra, la structure du texte réduite à un timing de supérette. Technolectes ou structures ultra fun et parfois parodies sitcomiennes… C’est entres autres avec cela qu’Arlix dessine un personnage omniscient à l’intérieur d’une « histoire » (ton / mon / notre Réel-refusé). C’est tellement savoureux (et fun (redite)) que tu as envie d’en lire une sélection de textes à ta stagiaire ou à tes potes (ou d’écrire à ton tour une apologie du capitalisme ?). « Et pour le coup nous avions fait des listes, des listes de ce que nous ne voulions plus faire […] de l’argent que nous avions perdu toute notre vie pour être conformes à nos fictions ou à celles des autres […] des listes de mots qui ne nous étaient plus d’aucune utilité, comme « manager », « solde », « heures supplémentaires », « cuisines équipée », « 4×4 », « 4G », « 24/7 », « COP 21 », « FMI » ». Un monde enfin plus grand avec quelques mots en plus moins.

éd. Jou, 2015
126 pages
11 €

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FORGERON Arnaud (extraits) https://revuedissonances.com/forgeron-arnaud-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:25 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3268 DISSONANCES #34 | TRACES Vue de hamac « réduire la cadence des pas regarder le ciel les nuages se faire se défaire entre deux chênes vue de hamac Les univers, c’est comme les nuages de septembre, ça s’écarte, se rencontre, se diffuse, s’éprend, et moi, je me balance sur un tapis de tissus flottant à un petit…Lire la suite FORGERON Arnaud (extraits)

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DISSONANCES #34 | TRACES
Vue de hamac

« réduire
la cadence des pas

regarder le ciel
les nuages se faire
se défaire

entre deux chênes

vue de hamac

Les univers, c’est comme les nuages de septembre, ça s’écarte, se rencontre, se diffuse, s’éprend, et moi, je me balance sur un tapis de tissus flottant à un petit mètre de la terre.

J’aurais voulu être là quand tout s’est allumé, au grand, au magistral flash de lumière. Depuis… »

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VIGNERON Julien (extraits) https://revuedissonances.com/vigneron-julien-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:25 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3227 DISSONANCES #34 | TRACES La philosophie du pain de mie « Premier post-it : J’ai passé une nuit délicieuse. Je n’ai pas voulu te réveiller, sachant que tu ne travailles pas le vendredi. Deuxième post-it : J’aurais bien aimé resté au lit avec toi. Appelle-moi dans la journée Y Note à moi-même : Ne pas boire de champagne trop vite…Lire la suite VIGNERON Julien (extraits)

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DISSONANCES #34 | TRACES
La philosophie du pain de mie

« Premier post-it : J’ai passé une nuit délicieuse. Je n’ai pas voulu te réveiller, sachant que tu ne travailles pas le vendredi.
Deuxième post-it : J’aurais bien aimé resté au lit avec toi. Appelle-moi dans la journée
Y
Note à moi-même : Ne pas boire de champagne trop vite aux pots d’équipe. D’abord parce que je commence à rire bêtement, ensuite parce que j’ai envie de coucher avec mon collègue de bureau et enfin parce que je me retrouve avec un mot collé sur mon réfrigérateur le lendemain, en l’occurrence de Y.
Note supplémentaire : Finalement, que reste-t-il des nuits de caresse ? Des foutrages délicieux (comme dirait grand-mère) ? Des lignes tracées sur des petits bouts de papier, témoin solitaire du matin.
Je t’ai laissé un croissant. On se… »

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HUPÉ Annie (extraits) https://revuedissonances.com/hupe-annie-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:22 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3263 DISSONANCES #34 | TRACES Conversion « Renverse jésus au lieu d’en chercher les traces et deviens… »

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DISSONANCES #34 | TRACES
Conversion

« Renverse jésus
au lieu d’en chercher les traces
et deviens… »

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RALF René (extraits) https://revuedissonances.com/ralf-rene-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:21 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3241 DISSONANCES #34 | TRACES Pure perte « la neige gomme tout trottoir métro mémoire & le balai lancinant des essuie-glaces ne ravive rien tout est blanc tout est blême aucun souvenir pour… »

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DISSONANCES #34 | TRACES
Pure perte

« la neige gomme tout
trottoir
métro
mémoire
& le balai lancinant
des essuie-glaces
ne ravive
rien

tout est blanc
tout est blême

aucun souvenir pour… »

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DISSO #34 : Nicole CALIGARIS https://revuedissonances.com/disso-34-nicole-caligaris/ Tue, 15 May 2018 16:00:15 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3282 Extrait de l’entretien avec Nicole CALIGARIS publié dans DISSONANCES #34      Nicole CALIGARIS (petite) Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? J’écris dans les interstices. Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ? La contrainte littéraire ? L’idée même aurait tendance à me couper la chique. C’est la vision…Lire la suite DISSO #34 : Nicole CALIGARIS

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Extrait de l’entretien avec Nicole CALIGARIS publié dans DISSONANCES #34

     Nicole CALIGARIS (petite)

Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
J’écris dans les interstices.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
La contrainte littéraire ? L’idée même aurait tendance à me couper la chique. C’est la vision ou la projection d’une forme qui entraîne mes récits.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
J’essaie de gagner de l’argent.

Qui est votre premier lecteur ?
Jean-Yves Bochet accepte de prendre cette très inconfortable position.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Un bon éditeur littéraire ? Un(e) corsaire. En pinçant pour les coups de force. Imposant sa marque autant qu’un auteur impose sa marque. Intransigeant(e) dans sa lecture et son retour sur les textes. Assez cinglé(e) pour travailler sur les textes des autres, contre leur légèreté, contre leur désespoir.

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
Dans l’abstrait, comme ça ? ! Mais qu’est-ce que vous voulez que je lui dise ? je ne sais pas, moi ! Si vous sous-entendez un conseil, c’est à un éditeur qu’il faudrait demander. En dépit de ce qui remplit les caisses des spécialistes de « Développement personnel », « coaching » de bazar, philosophies de la vie telle que vous allez l’aimer et autres quincailleries pour magazines, je ne crois ni aux conseils ni aux stratégies. Est-ce qu’il s’agit de faire ce qu’il faut pour que « ça marche » ? Chacun, avec ce qu’il est, trouve sa façon d’avancer.
Relire les écrivains dont nous admirons la puissance, qui se sont bagarrés contre l’écrasement. Je pense à Jean-Pierre Martinet, fichu en l’air par l’indifférence dans laquelle est tombé son très grand Jérôme au moment de sa sortie. Malgré l’engagement de son éditeur Raphaël Sorin. Aucun rapport avec votre question mais j’en profite pour…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #34

BIO

Nicole Caligaris est née à Nice en 1959. Elle vit et travaille actuellement à Paris. Sans nulle concession, son œuvre polymorphe aborde (mord dans / secoue) les thèmes de la guerre, de l’exil, du travail, jouant radicalement des genres littéraires, des tons, des points de vue, mettant en scène des personnages tout à la fois modernes, aliénés et sauvages, dont elle tire les ficelles avec jubilation, beaucoup d’intelligence, une réelle violence, et l’énorme puissance d’une écriture crue, pulsionnelle, acérée, poétique, panique, de très haute volée. Son site personnel (http://pointn.free.fr/) en dit beaucoup sur elle : vaut vraiment le détour. Les Samothraces et Le paradis entre les jambes ont été chroniqués (quatre regards sur le second) dans Dissonances #33.

BIBLIO (2018)

Trèfle à quatre (éd. Cheyne, 1993)
Ombre avec détails (éd. L’Iris noir, 1994)
La scie patriotique (éd. Mercure de France, 1997 – rééd. Le Nouvel Attila, 2016)
Les Samothraces (éd. Mercure de France, 2000 – rééd. Le Nouvel Attila, 2016)
Barnum des ombres (éd. Verticales, 2003)
Désir voilé/La Dernière Chambre (éd. Abstème & Bobance, 2003)
Tombal Cross, destination Mervyn Peak (éd. Joelle Losfeld, 2005)
L’Os du doute (éd. Verticales, 2006)
Medium is mess (éd. Inventaire/Invention, 2007)
Okosténie (éd. Verticales, 2008)
Le paradis entre les jambes (éd. Verticales, 2013)
Le jour est entré dans la nuit – Hubert Duprat (éd. François Bourin, 2015)

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MONTEIL-BAUER Anne (extraits) https://revuedissonances.com/monteil-bauer-anne/ Tue, 15 May 2018 16:00:15 +0000 http://revuedissonances.com/?p=331 DISSONANCES #34 | DISGRESSION Mary Cassatt, pas l’élève de Degas « Elle Mary Cassatt (1844-1926) a peint dessiné gravé ce qu’il y avait autour d’elle des femmes qui prennent le thé des femmes qui lisent des femmes qui s’occupent de leurs enfants les baignent, les peignent, les vêtent, les portent les couchent, les… » DISSONANCES #28 | DISGRESSION Là…Lire la suite MONTEIL-BAUER Anne (extraits)

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DISSONANCES #34 | DISGRESSION
Mary Cassatt, pas l’élève de Degas

« Elle

Mary Cassatt (1844-1926)

a peint
dessiné
gravé

ce qu’il y avait autour d’elle

des femmes qui prennent le thé
des femmes qui lisent
des femmes qui s’occupent de leurs enfants
les baignent, les peignent, les vêtent, les portent
les couchent, les… »

DISSONANCES #28DISGRESSION
Là où nos pas nous mènent
(II) : Art brut / Art policé
« Je suis allée vous voir, Judith Scott.
Au Brooklyn Museum, au quatrième étage.
J’ai recouvert mon corps de pull-overs à cause du froid du mois de février, la tête prise dans les filaments du décalage horaire, des souvenirs et des dictionnaires.
Art brut.
Comme un animal affamé, mon crâne réclame sa pitance.
Comme un domestique zélé, j’ouvre tous les livres pour lui servir ses repas.
Art brut,
« Nous entendons par là des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique, dans lesquels donc le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, ait peu ou pas de part, de sorte que leurs auteurs y tirent tout (sujets, choix des… »

DISSONANCES #27 | DISGRESSION
Là où nos pas nous mènent
(I) : Judith Scott
« Pris dans le diktat des choses à faire, qu’est-ce qui fait qu’on pousse une porte plutôt qu’une autre ?
Être plume, être fil, presqu’invisible, ne vous frôler que par la caresse.
Pas de tsouin-tsouin, pas d’œillades, pas d’arrières pensées, pas de bras de fer.
Une parenthèse, dont le corps de chacun forme les accolades.
L’essentiel surgi et partagé.
La première fois que j’ai poussé la porte de la Collection d’Art Brut de Lausanne, il y a une dizaine d’années, je ne me souviens pas vous y avoir vue.
N’y étiez-vous pas encore ou ne savais-je pas encore voir ?
C’est la deuxième fois, que je vous ai rencontrée. Poum ! Pelote contre pelote.
Vous étiez au premier étage, à droite, en haut de l’escalier.
Bing ! Le corps et la tête enroulés dans vos fils entre envie de… »

DISSONANCES #25 | LA PEAU
Peau [po] n.f. (desquamation du sens)
« Le sac qui maintient mes os tous ensemble

L’endroit où commence la différence entre toi et moi
La terre sur laquelle s’affichent mes chemins
L’étoffe qui plisse un peu plus chaque matin
Le voile qui dérobe la vérité de l’intérieur de moi

La surface tendue du chaos
L’irregardable et le trop regardé
Le velouté du sein qu’il faut cacher

Les traits formés par ses bords à bords reconstitués
L’enveloppe qui contient les cris que j’ai voulu… »

DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
Le redoublement de la 19ème

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BÉROT Violaine | Tombée des nues https://revuedissonances.com/violaine-berot-tombee-nues/ Tue, 15 May 2018 16:00:12 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3318 Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Tombée des nues de Violaine BÉROT DISSONANCES #34 Tout d’abord il y a le jeu littéraire, éternelle gourmandise pour les amateurs du genre. À la manière de Marelle de Julio Cortázar, Tombée des nues peut se lire soit de manière linéaire, soit en suivant l’ordre des chapitres indiqué par l’auteure. Deux manières pour…Lire la suite BÉROT Violaine | Tombée des nues

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Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Tombée des nues de Violaine BÉROT
DISSONANCES #34

Tout d’abord il y a le jeu littéraire, éternelle gourmandise pour les amateurs du genre. À la manière de Marelle de Julio Cortázar, Tombée des nues peut se lire soit de manière linéaire, soit en suivant l’ordre des chapitres indiqué par l’auteure. Deux manières pour le lecteur de pénétrer dans le chaos qui s’empare d’un village de montagne en ce matin de février. Car Marion, la petite Marion, Marionouchette vient d’accoucher dans sa baignoire d’un bébé que personne n’a vu venir, et surtout pas elle. « Même cette date du 29 février est étrange vous ne trouvez pas, un jour qui n’existera plus pendant quatre ans, on voudrait gommer les traces on ne ferait pas mieux, ça se passe donc cette nuit du 28 au 29 et nous on ne se doute de rien, comment voulez-vous que nous puissions nous douter d’une horreur pareille ». Passé le choc et l’incompréhension initiale, tout le village se met en branle pour essayer d’aider. Amis, voisins, sage-femme, chacun à sa manière tente d’apporter sa petite pierre à la reconstruction et de faire sortir la jeune femme de son état de sidération. « On aurait dit une bête qu’a plus le courage de se battre, et quand ça t’arrive, une que t’es pas d’accord pour te la laisser mourir, tu la secoues, tu la bouscules, tu te la frictionnes de partout pour faire circuler le sang, tu veux que la vie lui revienne dans le corps ». Au fil des voix alternées et saccadées que le lecteur apprend rapidement à reconnaître, le récit se met en place de manière dense et subtile. Une belle histoire de résilience individuelle et collective.

éd. Buchet/Chastel, 2018
161 pages
13 €

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BELLOC Denis | Néons https://revuedissonances.com/belloc-denis-neons/ Tue, 15 May 2018 16:00:12 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3290 Regards croisés sur Néons de Denis BELLOC DISSONANCES #34 Jean-Marc FLAPP  : Dans ta face Néons raconte la vie d’un type massacré avant qu’il ne l’écrive comme en la vomissant et ainsi l’exorcise : un père mort trop tôt («  Il avait vingt-cinq ans. Et moi un et demi. Et ce qu’il m’a fait ce soir de juillet 1951, j’ai…Lire la suite BELLOC Denis | Néons

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Regards croisés sur Néons de Denis BELLOC
DISSONANCES #34

Jean-Marc FLAPP  :
Dans ta face
Néons raconte la vie d’un type massacré avant qu’il ne l’écrive comme en la vomissant et ainsi l’exorcise : un père mort trop tôt («  Il avait vingt-cinq ans. Et moi un et demi. Et ce qu’il m’a fait ce soir de juillet 1951, j’ai pas pu lui pardonner. J’ai pensé : […] T’es qu’un fumier absent et je te hais. »), un beau-père qui cogne, une mère dépassée par les événements, la découverte précoce d’une sexualité crue et sacrificielle (« Et je pose mon cartable dans la pissotière en allant à l’école, en revenant de l’école, je me fais branler et je branle aussi, parfois ils sucent ma queue mais moi je veux pas sucer. »), la petite délinquance, la maison de redressement, la galère, le trottoir, la descente au plus bas dans l’extrême solitude et le dégoût de soi (« Baisser son froc, écarter les jambes. Offrir sa bouche et ses fesses. Tourbillon de foutre et de merde, souillures pour s’oublier. »), la mort qui tend les bras mais la mère qui revient, la peinture et ce livre pour s’en sortir enfin, peut-être (et en fait pas… mais la suite s’écrit dans les romans d’après). On aura bien compris que lire celui-ci est assez éprouvant : parce que la vérité n’y est jamais fardée, parce que sa langue est crue (fût-elle souvent sublime), parce qu’au bout de tout ça (qui laisse à espérer) vu comment c’est parti il n’y a rien forcément. Pas l’amour en tout cas. Rien donc que ce Néons qui est beaucoup déjà car de ces livres rares ramenés de l’Enfer qui laissent au lecteur (qu’ils recrachent à la fin sidéré et secoué) un goût de cendres en bouche et l’esprit chamboulé de venir d’assister à rien moins qu’un miracle : celui de l’éclosion, dans la fange et la mouise, d’un chant des profondeurs tout de manque et d’excès, donc d’une grande violence… mais de pure beauté.

Côme FREDAIGUE  :
Ligne de fuite
« Je me souviens de rien, c’est elle qui m’a raconté ». Ainsi commence Néons, sur une phrase excavée qui tente vainement de se donner une assise. Du cauchemar de l’enfance aux nuits souillées de la jeunesse, s’esquisse le récit d’une fuite en avant que rien ne semble pouvoir contenir. C’est un fantôme de fils qui peuple une absence de père, la tension qui se creuse dans le ventre à la vue du premier sexe d’homme, et puis les néons et leurs teintes de rêve au milieu de la nuit qui prennent « la couleur du ciel inventé ». Le manque. Qui ronge jusqu’au verbe si laconique qu’il en deviendrait acerbe. La douleur et la déchéance donnent substance à la perte, l’outragent comme si cela pouvait la rendre tangible : « je décharge dans ses entrailles une giclée de tréponèmes : je hais les mômes et la queue des hommes ». Le vide que tente de conjurer Belloc en s’y vautrant avec une lucidité de procès verbal travaille le texte de bout en bout qui ne se maintient qu’en s’accrochant à un pronom. « Elle », la mère étonnamment discrète, arrime pourtant le récit, transmet à son fils ses forces de vie, son talent pour la peinture. Contrepoint essentiel de l’oeuvre, cette figure féminine apporte au texte sa couleur, l’empêche de sombrer définitivement dans la grisaille des histoires sans issues. Naître qu’à moitié perdu puisqu’un cordon se tend au-dessus de l’abîme. C’est donc sur la corde raide que s’écrit le roman, une plongée en eau trouble sans complaisance où se dessine, derrière la quête du pire, l’urgence de dire : jeter sur le manque cette lumière crue qui sauve ce qu’elle dévoile. Écrire.

Anne MONTEIL-BAUER  :
Regarder par le trou du néant
Bref roman autobiographique, Néons est construit en trois parties : «  L’Espagnol », « Gloria », « Couleurs  ». Paru en 1987 chez Lieu Commun, il a été ré-édité en 2017 par les éditions du Chemin de Fer, trois ans après la mort de son auteur, Denis Belloc, « épuisé de came et d’alcool ». Enfant maltraité par un beau-père violent (l’Espagnol), Belloc découvre à douze ans la sexualité des pissotières : « en rentrant de l’école je me fais branler et je branle moi aussi, parfois ils sucent ma queue mais moi je ne veux pas sucer. », à quinze ans la prison (pour braquage) où le troc s’installe « Il vous sucera, mais vous m’filerez un paquet d’clops », à dix-sept les foyers où il rencontre Roland et son amant Pierre qui « met un peu de vaseline sur ses doigts et l’étale sur mon cul  », re-braquage, re-prison, et puis Pigalle et les michés (clients). C’est écrit en flash brutaux comme des coups de reins sans tendresse, la langue est rapeuse, familière, argotique, elle se veut au plus prêt du réel, elle prend des raccourcis souvent faciles (« Paula est grande et belle. Paula fait chier. »), parfois fulgurants. Ce qui se raconte dans Néons est intemporel : la misère, la solitude, l’exploitation de l’autre, mais ni catharsis, ni distanciation. Il y a une puissance de la vérité, mais une impuissance littéraire. La langue dépaysera les non-initié.e.s qui seront, au choix, ou fasciné.e.s ou choqué.e.s, mais elle n’invente, ni ne révèle rien. Désagréable impression que l’auteur vend sa misère ou naïvement se la fait voler par la société du spectacle. On a mal pour lui.

Julie PROUST TANGUY  :
Exu(l)toire
« J’ai pétri de la boue et j’en ai fait de l’or » : Belloc pourrait emprunter ce vers de Baudelaire, devenu cliché, pour en faire le sous-titre de ses Néons. Récit d’une découverte de soi à travers une misère obscène (le spectacle d’un père mourant à l’issue d’un combat de boxe, la mère remariée à un cogneur, la découverte de son homosexualité dans une pissotière, la prostitution entre Pigalle et Barbès où l’on se vend pour cinquante balles, les partouzes au Bois, la maison de redressement, la taule, les défonces…) et une langue cruelle et implacable, Néons entraîne le lecteur dans sa dérive, en refusant toute forme de misérabilisme et de regret… mais en cherchant, convulsivement, comment faire jaillir des écorchures un humour noir salvateur : « J’entends des mots : « morbide », « dépravé » et puis « pauvre type ». […] Je cherche le mot dans mon dico : MORBIDE : relatif à la maladie : état morbide. Qui dénote un déséquilibre maladif, dépravé : imagination morbide. DÉPRAVÉ : Gâté : goût dépravé. Perverti, débauché. Pour « pauvre type », je cherche pas. Je sais. » De cet étrange récit biographique qui cherche à recréer, façon roman pulp, une vie dont la douceur et la lumière ont été raclées à vif, on retient le sourire sarcastique de Denis Belloc, qui transforme la lubricité en révélateur d’une certaine vérité sociale (« J’ai quinze ans, je pige rien au matérialisme dialectique et j’en ai rien à foutre de la lutte des classes. J’aime pas assez la mienne ») et parvient à faire ressentir, sous les couches d’anecdotes impitoyables assénées sans enrobage, toute l’innocence d’un être désinhibé, sauvage, et d’une honnêteté assourdissante.

éd. du Chemin de Fer, 2013
150 pages
17 euros

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KNERR Frédéric (extraits) https://revuedissonances.com/knerr-frederic-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:10 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3258 DISSONANCES #34 | TRACES Stigmate « À moi, Abdellatif, le laveur des morts, on a demandé de donner soin au visage de cet homme qui fut grand parmi les hommes et homme de bien parmi les grands du vaste monde, qui fit de sa vie une fable pour les enfants et un conte pour les vieillards. Cet…Lire la suite KNERR Frédéric (extraits)

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DISSONANCES #34 | TRACES
Stigmate

« À moi, Abdellatif, le laveur des morts, on a demandé de donner soin au visage de cet homme qui fut grand parmi les hommes et homme de bien parmi les grands du vaste monde, qui fit de sa vie une fable pour les enfants et un conte pour les vieillards. Cet homme qui fut le bâtisseur de cette terre et à qui la terre va bâtir, avec l’aide du vent, une montagne de poussière sur la poussière de ses os. Cet homme était seigneur de toutes les terres entourant les dunes le long du fleuve. Cet homme était craint et respecté. Cet homme avait porté la dignité avec grâce. Voilà tout ce que l’on m’a dit de cet homme que je ne connaissais pas lorsque les habitants de cette contrée sont venus jusqu’à mon lointain village, jusqu’à ma maison, guidés par ma réputation qui enjambe les collines et les marigots.
Oui, c’est à moi que revient la tâche de combler les morsures de la vie sur cette face pieuse et révérée. Je mesure l’importance de ce qu’il faut accomplir pour ce peuple qui… »

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DUC Hélène (extraits) https://revuedissonances.com/duc-helene-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:09 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3272 DISSONANCES #34 | TRACES Sans laisser de traces « Il rentre tard, il rentre ivre, en colère contre le monde entier. C’est jusqu’à son ombre qui pue l’alcool. Titubant, il t’attrape par les cheveux, s’essuie les pieds sur ton âme, écrase son mégot sur ton cœur, respire ton visage blême, déjà entre sueur et larmes, te postillonne…Lire la suite DUC Hélène (extraits)

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DISSONANCES #34 | TRACES
Sans laisser de traces

« Il rentre tard, il rentre ivre, en colère contre le monde entier. C’est jusqu’à son ombre qui pue l’alcool. Titubant, il t’attrape par les cheveux, s’essuie les pieds sur ton âme, écrase son mégot sur ton cœur, respire ton visage blême, déjà entre sueur et larmes, te postillonne son pouvoir en pleine face.

Son haleine zébrée d’orage prend ton souffle au lasso. Tu te cabres et rues. Ses dents mordent ton prénom et le taillent en pièces. Coup de pieds, uppercuts. Il te cogne comme ce vieux meuble qu’on heurte en passant sans vraiment y penser. Te frappe jusqu’à ta peau de quelqu’un d’autre, pour marquer de son empreinte celle que tu étais avant lui. En deux minutes, cent ans te pleuvent sur le corps.

Vertige de paupière fendue. Le mascara imprimé en grillage sous tes yeux. Même si tu voulais crier, ta voix reste coincée au fond de tes os en miettes. Il t’écrase, tu t’écroules. La honte dans la moelle, tout s’effondre en toi. Le rire affaissé au fond de la gorge. À genoux, tête… »

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PELÉ Fred (extraits) https://revuedissonances.com/pele-fred-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:08 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3246 DISSONANCES #34 | TRACES Les frasques des traces « Sans papier, J’étais parti pour faire pipi. Puis, finalement, j’ai… »

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DISSONANCES #34 | TRACES
Les frasques des traces

« Sans papier,
J’étais parti pour faire pipi.
Puis, finalement, j’ai… »

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DISSONANCES #34 TRACES https://revuedissonances.com/dissonances-34-traces/ Tue, 15 May 2018 16:00:08 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3196 mai 2018 / 48 pages / 5 euros mise en images : Armelle LE DANTEC – ÉDITO : EN-QUÊTE La blessure saigne encore sous la cicatrice, l’étoile abolie brille toujours au fond de l’œil qui en contemple l’éclat comme cette encre signe une absence qu’elle désigne en creux. Le passé décidément ne passe pas, s’accroche au temps, y laissant subsister d’infimes…Lire la suite DISSONANCES #34 TRACES

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mai 201848 pages / 5 euros
mise en images : 
Armelle LE DANTEC

ÉDITO : EN-QUÊTE

La blessure saigne encore sous la cicatrice, l’étoile abolie brille toujours au fond de l’œil qui en contemple l’éclat comme cette encre signe une absence qu’elle désigne en creux. Le passé décidément ne passe pas, s’accroche au temps, y laissant subsister d’infimes lambeaux d’où s’exhale le parfum d’un monde équivoque où le réel et l’imaginaire se mêlent. Quelle aubaine pour le rêveur qui trouvera dans ce sillage mille portes à ouvrir. Vingt-sept auteurs ont laissé dans les pages de ce 34ème numéro autant de traces que suivront celles et ceux qui savent qu’un signe n’est qu’un manque en forme d’appel, une lumière jetée sur l’ombre comme les Néons de Denis Belloc ou les formes aux contours incertains que nous propose Armelle Le Dantec, à la fois indéterminables et étrangement tangibles. Autant de pistes de lecture à tracer avec pour compagnes de route la verve de Nicole Caligaris et l’impressionnisme de Mary Cassatt, deux pionnières nous invitant à délaisser les voies bien balisées pour frayer des chemins de traverse.

Côme FREDAIGUE

DOSSIER «  CRÉATION » : TRACES

Jean-Christophe BELLEVEAUX : Labiles cicatrices
« feu libre de manger le bois la sciure des fourmilières yeux pour regarder l’incendie plumes aussi dans le tourbillon duvet blanc léger un peu de sang collé cinq roseaux graciles mal alignés œil encore pour regarder les foulques dans les herbes brûlure dard de l’… »

Luna BERETTA : Victime
« De la pointe du couteau, je soulève un morceau de mozzarella sans oser relever les yeux. Un voile trouble me fait voir grossièrement la pizza, par couches de couleurs – vert basilic, rouge tomate ; ce doit être l’alcool car je ne pleure pas. Sachant déjà qu’il est trop tard, j’… »

Marianne DESROZIERS : Obstruée
« Boule dans la gorge
Depuis longtemps
J’… »

Arnault DESTAL : Un sale quart d’heure
 » – Vous devriez pouvoir faire l’impasse sur le Luminol.
Elle avait dit ça comme on regarde un feu d’artifice dans une ville que l’on rêve de quitter. Il faut dire qu’il y en avait jusqu’au plafond. Les traces de transfert se mêlaient aux… »

Hélène DUC : Sans laisser de traces
« Il rentre tard, il rentre ivre, en colère contre le monde entier. C’est jusqu’à son ombre qui pue l’alcool. Titubant, il t’attrape par les cheveux, s’essuie les pieds sur ton âme, écrase son mégot sur ton cœur, respire ton visage blême, déjà entre sueur et larmes, te postillonne son… »

Marc DURAIN : En mémoire
 » Chaque message que j’envoie est une marque d’activité.
Tout est journal –
Toutes les marques de vie sont dûment… »

Arnaud FORGERON : Vue de hamac
« réduire
la cadence des pas
regarder le… »

Isabelle HUBERSON : Draps : brique rouge rubis #B50032
« Mon côté à gauche, zébré de 3 longs fils capillaires bruns, s’étoffe dans la nuit de micro particules et sécrétions corporelles, festin d’une armée d’acariens qui se transformerait en pouponnière si je faisais mon lit. Absorbés par le textile de l’oreiller des résidus invisibles de… »

Annie HUPÉ : Conversion
« Renverse jésus
au lieu d’en chercher les traces
et… »

Jules ICARD : Débâcle
« Le studio est comme je l’ai laissé : ce serait mentir d’écrire qu’il vibre de sa présence, mais il n’est pas muet non plus. Il est venu manger tout à l’heure avant que l’on aille boire une bière près de San Giacomo dell’Orio. Puis je me suis assis avec lui sur un banc, il m’a dit ces choses, il… »

Ingrid S. KIM : La fugue
« Mais j’ai dansé dessus moi Pierrot en armure
Moi quand je lui disais j’irai la décrocher j’irai te la chercher moi pas des mots en l’air
Héritage insensé des poètes des fous des pianos vers le ciel à pleurer dans son… »

Frédéric KNERR : Stigmate
« À moi, Abdellatif, le laveur des morts, on a demandé de donner soin au visage de cet homme qui fut grand parmi les hommes et homme de bien parmi les grands du vaste monde, qui fit de sa vie une fable pour les enfants et un conte pour les vieillards. Cet homme qui fut le… »

Lionel LATHUILLE : Cinq temps du photographe
« 1. De dos. Faire une photographie de dos. Je précise : en remontant le cours de la lumière. Faire une photographie qui ramènerait celle ou celui qui était là et qui n’y est plus. Faire une photographie qui rendrait le regard qui a quitté le lieu où nous regardons maintenant. Non… »

Marie LO PINTO : Trace d’aucun
« on émerge les pieds parallèles la tête haute hors de tous paramètres on cherche le sujet devant soi on tend les bras rien ne bouge comme pour dire attraper quelques spectres comme pour mieux entendre les voix quelques mots venus d’on ne sait où on creuse des… »

Thibault MARTHOURET : Les soirs d’orage
« Lettres, photos, partitions, déposées au fond du grand sac,
corde et gorge nouées, nylon tressé, je l’ai enterré là
où le cours du ruisseau forme… »

Marie-Hélène MOREAU : Le ruban rose
« La poussière se soulève à chacun de ses pas. Une fine poudre blanche qui s’envole et flotte légèrement juste au-dessus du sol. Puis retombe. Ses pieds en sont couverts. Son regard s’égare dans les creux du chemin. Il frôle chaque pierre. Puis se perd au-delà, parmi… »

Romain PARIS : L’outremer du ciel
« L’œil au cœur de la nuit, l’Âme se lovant au creux de cette feuille de figuier, et la chair sous ce sirocco d’or. Voilà : ton sourire illustre tout à trac l’outremer du ciel. L’orbe du Deuil. Est-il toujours facile de pister qui s’en va ? Cette trace d’incertitude, d’affliction, de… »

Fred PELÉ : Les frasques des traces
« Sans papier,
J’étais parti pour faire pipi.
Puis… »

Juliette PENBLANC : Rien (n’)aura eu lieu
« Le lac n’est plus qu’un mot
convoque miroir
à force de le tourner contre son… »

Carine PERALS-PUJOL : Pas
« je compte tes
/ pas en moi
je compte et j’énumère tes… »

René RALF : Pure perte
« la neige gomme tout
trottoir
métro… »

Daniel RIVEL : Novembre à marée basse
« dans le flou
d’une écriture d’eau
sur des marges de peu de… »

Yoann SARRAT : Phlyctènes
« Maria est née il y a 43 ans avec les jambes en forme de Z, les bras atrophiés et la langue surdimensionnée, sortant alors continuellement de sa bouche comme sa bave qui pourrait remplir des piscines. Elle s’exprime par grondements, mugissements, sifflements… »

Axel SOURISSEAU : Bulletin Archéologique Lombavien
« L’ouverture du tombeau, longtemps attendue, au lieu de révéler enfin sa nature définitive et la fonction de son propriétaire, n’a soulevé que de nouvelles interrogations. Si le sigle dynastique (fig. a) et sa variante (fig. b) est partout présent sur le site et signale sans équivoque… »

Anaïs VARLET : Entendu dans l’interstice
« Pour te réconcilier
avec l’ineffaçable
il y a ces… »

Julien VIGNERON : La philosophie du pain de mie
« Premier post-it : J’ai passé une nuit délicieuse. Je n’ai pas voulu te réveiller, sachant que tu ne travailles pas le vendredi.
Deuxième post-it : J’aurais bien aimé resté au lit avec toi. Appelle-moi dans… »

Olga VOSCANNELLI : Mausolée
« Tu vas leur dire tout ce que vous aviez construit ensemble, tu vas produire vos relevés d’années communes, vos notes, vos paperolles, vous étiez déjà quittes. Assise devant le secrétaire, tu les tiens dans tes mains, aussi sèches. Lesquelles au juste s’échappent en… »

PORTFOLIO : Armelle LE DANTEC

« Armelle Le Dantec dessine. Les formes qu’elle nous propose résultent de la juxtaposition d’une infinité de petits traits, drus comme une pluie fine, mais comme dirigés par des champs magnétiques invisibles et contradictoires qui orientent le sens de… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un(e) auteur(e) connu(e)) :
Nicole CALIGARIS
« Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ?
Ma poésie fait feu de tout bois ; comme le dit Hannah Arendt dans une éloquente entrevue : l’esprit humain a plus besoin de cohérence que de vérité, quitte à épouser une… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
Néons (Denis BELLOC)
« Comment se construit-on à l’ombre de quelque chose que l’on a en partie oublié, faute de l’avoir tout à fait vécu ? 38 ans après le W de Perec, Nicole Caligaris raconte comment le souvenir opaque de sa rencontre avec Issei Sagawa a façonné sa carrière d’écrivain. Mélangeant... »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture)  :
Éric ARLIX : Golden hello
– éd. Jou
« Bienvenue à tous les Asphidimorpha-sanctaecrusis-salariés : Éric Arlix nous refile sa vision du monde méta-contemporain quand celle-ci croise et/ou percute / ou gît dans / celle de l’Histoire du libéralisme. On a déjà vu approchant en lisant Ballard, Volodine, Damasio, Bégout… »
Nicolas AZALBERT et Eduardo CARRERA : L’Argentine malgré tout – éd. Warm
« Une adolescente en robe d’été dort à plat ventre sur un lit pas défait, la lumière du jour occupe les murs vides ; on devine les rêves chancelants d’une sieste aux heures moites de l’après-midi. Format carré, immobile, elle ne se réveillera pas tout de suite et dans ce corps… »
Violaine BÉROT : Tombée des nues – éd. Buchet/Chastel
« Tout d’abord il y a le jeu littéraire, éternelle gourmandise pour les amateurs du genre. À la manière de Marelle de Julio Cortázar, Tombée des nues peut se lire soit de manière linéaire, soit en suivant l’ordre des chapitres indiqué par l’auteure. Deux manières pour le lecteur de… »
Jean-Jacques DORIO : Poèmes à ma morte – éd. L’Harmattan
« « Ma femme sort de son coffre de pierre / Faisant flotter son écharpe de secrets ». Que meure subitement l’être aimé et la vie du survivant entre en jeu – de vers, de carmen et d’échos : soixante-trois auteurs convoqués sur l’autel où gît un cœur, il n’y va pas de… »
Frédéric PAULIN : La peste soit des mangeurs de viande 
– éd. La Manufacture de livres
« « Il y a d’abord l’odeur. C’est une odeur écœurante, âcre, qui oblige à ne plus respirer que par la bouche et qui rappelle en permanence ce qui se passe derrière les murs gris. Une odeur de viande. Une odeur de mort. Parce que derrière ces murs gris, des milliers de bovins sont… »
Éric PLAMONDON : Taqawan – éd. Quidam
« « Il y a quatre cent millions d’années, à l’époque du Dévonien, les poissons sont rois. » Le saumon, Taqawan, fut roi, il est aujourd’hui proie et l’étendue de son territoire, de la rivière à la mer puis à nouveau à la rivière, ne le sauve pas. Moyen de subsistance, objet de… »
Lou SARABADZIC : Ensemble – éd. La Crypte
« Ce livre, c’est un peu comme un album photo : tout en instantanés (courts textes : touches sèches, intimes, distanciées) donnant à voir des gens et des scènes de vie dans leur banalité, il ramène à l’esprit une époque et un monde qui pour être passés n’en ont pas moins été un… »
Marc TISON : Des abribus pour l’exode – éd. Le Citron Gare
« Des Abribus pour l’Exode : un grand « Chut ! » après la Tempête. Marc Tison porte sa lucidité de boucanier aguerri en bandoulière. Car « La nuit elle se voit par nos yeux de lumières. » Au cœur d’une Rêverie aurifère. Réfractaire au raffut quotidien. Fraîcheur de… »

DISGRESSION (carte blanche sur un domaine autre que la littérature)
Anne MONTEIL-BAUER : Mary Cassatt, pas l’élève de Degas
« Elle / Mary Cassatt (1844-1926) / a peint / dessiné / gravé / ce qu’il y avait autour d’elle / des femmes qui prennent le thé / des femmes qui lisent / des femmes qui s’occupent de leurs enfants / les baignent, les peignent, les vêtent, les portent / les couchent, les… »

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PERALS-PUJOL Carine (extraits) https://revuedissonances.com/perals-pujol-carine/ Tue, 15 May 2018 16:00:08 +0000 http://revuedissonances.com/?p=336 DISSONANCES #34 | TRACES Pas « je compte tes / pas en moi je compte et j’énumère tes / pas en moi je compte et j’énumère et je classe tes / pas en moi (ils me font des creux d’empreintes – as-tu envisagé le scandale d’être ainsi avec tes / pas en moi creusée depuis le dedans,…Lire la suite PERALS-PUJOL Carine (extraits)

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DISSONANCES #34 | TRACES
Pas
« je compte tes
/ pas en moi
je compte et j’énumère tes
/ pas en moi
je compte et j’énumère et je classe tes
/ pas en moi
(ils me font des creux d’empreintes – as-tu envisagé le scandale d’être ainsi avec tes
/ pas en moi
creusée depuis le dedans, trouée,
et lisible – peut-être ?)
il arrive que tu prolifères le processus est enclenché dispersion ventilation diffraction partout tes… »

DISSONANCES #25 | LA PEAU
Tendre écorchée
« tu reposes tandis que j’entame le lent parcours de corps ton corps avec l’instrument léger la lame tranchante et aiguisée du scalpel corps ton corps figé dans son sommeil maintenant profond de plus en plus lointain il me faudra – je le sais – creuser mieux pour trouver te trouver et ce qui n’était jusqu’alors qu’un effleurement subtil devient desquamation entêtée et patiente éviction de la couche cornée peau ta peau que je ne caresse plus mais dont je tente à nouveau la rencontre corps ton corps que je sais jeté sur la rive éloignée d’un rêve

rêve que je poursuis du bout des doigts en suivant les sillons de ton abdomen les replis de ce n’est pas la peau ici mais la chair tant ces replis sont épais et – peut-être encore plus pour cette raison – parce qu’ils protègent plus bas la peau plus fine de sexe ton sexe vulve ta… »

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HUBERSON Isabelle (extraits) https://revuedissonances.com/huberson-isabelle-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:07 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2701 DISSONANCES #34 | TRACES Draps : brique rouge rubis #B50032 « Mon côté à gauche, zébré de 3 longs fils capillaires bruns, s’étoffe dans la nuit de micro particules et sécrétions corporelles, festin d’une armée d’acariens qui se transformerait en pouponnière si je faisais mon lit*. Absorbés par le textile de l’oreiller des résidus invisibles de liquide salivaire…Lire la suite HUBERSON Isabelle (extraits)

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DISSONANCES #34 | TRACES
Draps : brique rouge rubis #B50032
« Mon côté à gauche, zébré de 3 longs fils capillaires bruns, s’étoffe dans la nuit de micro particules et sécrétions corporelles, festin d’une armée d’acariens qui se transformerait en pouponnière si je faisais mon lit*. Absorbés par le textile de l’oreiller des résidus invisibles de liquide salivaire et lacrymal. Dans l’espace de jeu cotonneux où s’exprime ma chatte une griffe de cyprine.
De ton côté idem. Cheveux plus courts, imperceptible signature de sperme séché, moins de peau morte mais sueur plus intense qui au fil des nuits produit et nourrit une anémone sépia.
Elle s’épanouit sous les draps.
Ton empreinte corporelle plus profonde que la mienne.
Pour mettre à niveau on retourne le matelas.
Je n’aime pas quand l’anémone passe en dessous de moi.
On retourne deux fois pour qu’elle patiente à… »

DISSONANCES #32 | NU
Tous les hommes s’appellent Paul
« Lit d’hôpital centre gérontologique.
Bras maigres tendons saillants peau parchemin court-circuit veineux au tracé exorbitant yeux clos bouche sèche parfois ouverte joues creusées deux fosses pommettes angulaires visage ciré gestes imprécis la main s’émancipe puis retombe lentement elle part en vrille tout y va direction entonnoir. Les circuits nerveux s’enflamment s’électrisent le cerveau ne commande plus bien la douleur la douleur la DOULEUR.
Révolte.
Paul pousse le drap rèche en trois coups. Repos. Paul fait glisser sa chemise d’hôpital bleue lentement. Elle s’accroche. Lui aussi. Paul répète le geste de haut en bas jusqu’à ce qu’elle ploie. Gagné. Le bras gauche est débarrassé. Reste le droit plus difficile entuyauté cordon transparent distillant de l’eau sucrée un sirop invisible. Il pousse le tissu plusieurs fois jusqu’au bout du bras. Il réussit. Une boule bleue textile en fin de phalanges. Il l’étrangle la serre de toutes ses pâles forces en extirpe son jus de tripe et ça lui fait du bien. Repos. Mais ce n’est pas le projet. Mission périlleuse. En bon soldat il obéit aux ordres. Pas sûr que ça vienne d’en haut. Plutôt la... »

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SOURISSEAU Axel (extraits) https://revuedissonances.com/sourisseau-axel-extraits/ Tue, 15 May 2018 16:00:06 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3233 DISSONANCES #34 | TRACES Bulletin Archéologique Lombavien « TOMBEAU SLDE.1 (MAILLAGE OUEST, ZONE C) Compte-rendu d’Alexa Roussi Une troisième campagne de fouilles et de nouvelles questions. L’ouverture du tombeau, longtemps attendue, au lieu de révéler enfin sa nature définitive et la fonction de son propriétaire, n’a soulevé que de nouvelles interrogations. Si le sigle dynastique (fig. a)…Lire la suite SOURISSEAU Axel (extraits)

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DISSONANCES #34 | TRACES
Bulletin Archéologique Lombavien

« TOMBEAU SLDE.1 (MAILLAGE OUEST, ZONE C)
Compte-rendu d’Alexa Roussi
Une troisième campagne de fouilles et de nouvelles questions.
L’ouverture du tombeau, longtemps attendue, au lieu de révéler enfin sa nature définitive et la fonction de son propriétaire, n’a soulevé que de nouvelles interrogations. Si le sigle dynastique (fig. a) et sa variante (fig. b) est partout présent sur le site et signale sans équivoque possible une inhumation royale, aucun corps n’a été découvert au sein du complexe. Les caveaux métalliques ne renfermaient que des sédiments argileux, et le sarcophage principal demeurait vide. Dans ce cas, s’agirait-il d’un cénotaphe ou d’un temple funéraire ? L’ensemble architectural, relativement bien conservé et dont l’achèvement semble avoir été célébré 1 le 24 mars 1969 du calendrier B, témoigne d’une volonté d’impressionner : les deux tours aux structures de type hyperboloïde et le15… »

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LIMON Hans | Frères inhumains https://revuedissonances.com/limon-hans-freres-inhumains/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:58 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3020 Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Frères inhumains de Hans LIMON DISSONANCES #33 « Les chaos d’hier font les bosses d’aujourd’hui ». Dans un appartement HLM qui menace de s’effondrer, un enfant pleure en silence. « J’ai pas dix ans, je suis à peine plus vieux qu’un fœtus et j’ai peur de mourir ». C’est que la balle tirée par le père…Lire la suite LIMON Hans | Frères inhumains

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Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Frères inhumains de Hans LIMON
DISSONANCES #33

« Les chaos d’hier font les bosses d’aujourd’hui ». Dans un appartement HLM qui menace de s’effondrer, un enfant pleure en silence. « J’ai pas dix ans, je suis à peine plus vieux qu’un fœtus et j’ai peur de mourir ». C’est que la balle tirée par le père sur le voisin s’est logée dans le mur qui se fissure. C’est que l’enfant, après ce meurtre, a été enfermé dans la chambre, nu et maculé de sang, par son aîné qui le traînera plus tard devant le cadavre de la sœur tuée pour expier les crimes du père et le silence de la mère. Complice, celle-ci a laissé les coups rebondir de frères en sœur, les corps et les cœurs se meurtrir. Résignée, elle énonce, dès la première scène de la pièce, la tragédie à venir : « Ce démon c’est le mien ! Si tu l’enlèves, je suis vide. Un corps sans vie, comme celui des possédés qu’on vient d’exorciser, et qui s’écroulent.  » Il en va de même pour cette fratrie, façonnée par la violence du père, qui pour s’en libérer se déchire. Le martyre enduré ne la soude pas, il anime au contraire une révolte fratricide. Viol, inceste, meurtre, suicide se succèdent dans une atmosphère suffocante qui n’est pas sans rappeler le théâtre de Mouawad ou Koltès. Les dialogues, violents, dérangeants, s’étirent en monologues qui charrient souffrance et colère. Et quand bien même la famille est délivrée du père, sa folie haineuse demeure : « Le père est mort. Le monde est un peu moins dégueulasse. Mais quelque chose de lui est encore vivant. Comme une tique, sa tête est restée plantée dans ma peau ». Les victimes perpétuent le mal et s’autodétruisent, tel est le constat effroyable de ce huis clos familial, à travers lequel Hans Limon nous dresse sa « généalogie de l’immoral ».

Evidence Editions, 2017
128 pages
12 €

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ANDREANI Pierre (extraits) https://revuedissonances.com/andreani-pierre-extraits/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:51 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3008 DISSONANCES #33 | FUIR Six mois de détention pour deux délits de fuite « (désert) Une longue plaine aride, des cailloux blancs, un panneau : « à chaque pas en avant, autant de coups seront portés » la nuque brûlante et rouge, la main qui passe sur les perles de sueur, le chapeau rond qui tourne, la voiture verte rouillée aux…Lire la suite ANDREANI Pierre (extraits)

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DISSONANCES #33 | FUIR
Six mois de détention pour deux délits de fuite
« (désert)
Une longue plaine aride,
des cailloux blancs, un panneau :
« à chaque pas en avant, autant de coups seront portés »
la nuque brûlante et rouge,
la main qui passe sur les perles de sueur,
le chapeau rond qui tourne,
la voiture verte rouillée aux entournures,
le bidon d’essence,
la clé, le contact, le moteur qui remue.
Le vent, la longue route beige et blanche
dans la longue plaine aride et pâle,
la poussière qui décolle du sol, le bruit du… »

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LECONTE Arnaud (extraits) https://revuedissonances.com/leconte-arnaud-extraits/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:49 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2965 DISSONANCES #33 | FUIR Talon-Aiguille « Tic-tac fait la Trotteuse Sur ses aiguilles talons Nul mac ni rabatteuse Du trottoir tout le long L’Asphalteuse n’a de cesse De semer à la ronde Son cliquetis nous presse Sous ses pas les secondes Précèdent celle que l’Escorte Vous souffle d’un baiser Le diable vous… »

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DISSONANCES #33 | FUIR
Talon-Aiguille
« Tic-tac fait la Trotteuse
Sur ses aiguilles talons
Nul mac ni rabatteuse
Du trottoir tout le long

L’Asphalteuse n’a de cesse
De semer à la ronde
Son cliquetis nous presse
Sous ses pas les secondes

Précèdent celle que l’Escorte
Vous souffle d’un baiser
Le diable vous… »

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SARLIN-JOLY Raphaël (extraits) https://revuedissonances.com/sarlin-joly-raphael-extraits/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:45 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2947 DISSONANCES #33 | FUIR Échappatoires « Et ce désir de fuite ne t’avait mené qu’à une chambre d’hôtel de Moscou où tu t’attendais presque à retrouver le dernier poème d’Essessine, laissé dans la chambre d’hôtel où il s’était suicidé, écrit avec son propre sang Au revoir, mon ami, sans geste, sans mot, Ne sois ni triste, ni en…Lire la suite SARLIN-JOLY Raphaël (extraits)

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DISSONANCES #33 | FUIR
Échappatoires
« Et ce désir de fuite ne t’avait mené qu’à une chambre d’hôtel de Moscou
où tu t’attendais presque à retrouver le dernier poème d’Essessine, laissé dans la chambre d’hôtel où il s’était suicidé, écrit avec son propre sang
Au revoir, mon ami, sans geste, sans mot,
Ne sois ni triste, ni en chagrin.
Mourir en cette vie n’est pas nouveau,
Mais vivre, bien sûr n’y est pas plus nouveau
une chambre d’hôtel pareille à toutes les chambres d’hôtel
chambres pauvres maculées de passades où le sommeil se recroqueville au creux du lit comme un chien crevant au fond d’un fossé, chambres riches au passé astiqué de petit palais dérisoire où le corps s’allonge et s’étire sur le drap comme un lévrier de porcelaine sur le linteau d’une cheminée, chambres neuves de voyageurs qui n’y passent que quelques heures, jamais vacantes mais toujours vides, où l’on tente d’oublier le désert de la nuit en se livrant aux… »

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WEBER Dominique (extraits) https://revuedissonances.com/weber-dominique-extraits/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:41 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2934 DISSONANCES #33 | FUIR Se fuir, laisse venir « l ’ e s p a c e te… »

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DISSONANCES #33 | FUIR
Se fuir, laisse venir
« l

e

s

p

a

c

e

te… »

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POURCHAYRE Thomas (extraits) https://revuedissonances.com/pourchayre-thomas/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:39 +0000 http://revuedissonances.com/?p=632 DISSONANCES #33 | FUIR Au bout de la dune « Et à partir de là Épuisés de marcher parmi les crabes Nos espoirs écoulés dans le sablier Passé le campement des fidèles que nous ne sauverons pas À partir de là seulement il nous reste à fuir Leur souvenir rassérénant en poche Et comme un porte-clé encombrant dans…Lire la suite POURCHAYRE Thomas (extraits)

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DISSONANCES #33 | FUIR
Au bout de la dune
« Et à partir de là
Épuisés de marcher parmi les crabes
Nos espoirs écoulés dans le sablier
Passé le campement des fidèles que nous ne sauverons pas
À partir de là seulement il nous reste à fuir
Leur souvenir rassérénant en poche
Et comme un porte-clé encombrant dans la même poche
Le sentiment à s’en blesser les cuisses de l’avoir volé
À quelle borne kilométrique siège le début de… »

DISSONANCES #28 | AILLEURS
Pile & Face
« Pile
Ailleurs l’herbe est plus verte. Les moutons sont noirs façon limousines, il pleut moins et ils votent mieux façon responsables. Quelle paix propreté aussi. Quelle ingéniosité et pourtant quelle simplicité pour que la poule y retrouve toujours ses petits. On ne lui volera pas un œuf, de toute façon, tout y est très sécurisé. Tout est si parfait que la poule et l’œuf, l’œuf et le bœuf sont dans l’ordre des choses sans qu’on se pose la question de l’ordre tout court. Le ciel, quand on lève les yeux après tout ça sans grande nécessité, est plus bleu. Et la nuit tous les chats sont rouges, du coup on ne les écrase pas. Il suffisait d’y penser.
Face
Ailleurs viendra, je me disais. Avec son goût de lointain, ses atomes comme un peu de sable oublié dans les poches d’un pantalon, que l’on perd peu à peu au fil des lessives, des galipettes, ou des… »

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DICENAIRE Sebastian | Dernières nouvelles de l’avenir https://revuedissonances.com/dicenaire-sebastian-dernieres-nouvelles-de-lavenir/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:38 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3030 Coup-de-coeur de Romain PARIS pour Dernières nouvelles de l’avenir de Sebastian DICENAIRE DISSONANCES #33 Qui ouvre Dernières nouvelles de l’avenir plonge droit au cœur d’une Sodome hallucinatoire hyperconnectée où chacun « poursuit obstinément le parcours précis que lui dicte la racine carrée de son code-barres ». Des technocrates totalement schizos administrent nos fantasmes les plus lucratifs. Ici, comme chez nous – ou…Lire la suite DICENAIRE Sebastian | Dernières nouvelles de l’avenir

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Coup-de-coeur de Romain PARIS pour Dernières nouvelles de l’avenir de Sebastian DICENAIRE
DISSONANCES #33

Qui ouvre Dernières nouvelles de l’avenir plonge droit au cœur d’une Sodome hallucinatoire hyperconnectée où chacun « poursuit obstinément le parcours précis que lui dicte la racine carrée de son code-barres ». Des technocrates totalement schizos administrent nos fantasmes les plus lucratifs. Ici, comme chez nous – ou quasi – nul n’a beaucoup d’empathie pour ses frères humains, un capitalisme anthropophage a privatisé le meurtre et nos plus noirs cauchemars font office de service public ou d’attraction touristique : « lorsqu’il ne reste plus que les os blanchis de la jeune fille dans la fosse, une salve d’applaudissements hystériques parcourt le public ». Pour Dicenaire, l’exploitation du verbe est génératrice d’artefacts ethnographiques, de concepts subliminaux et de potentialités psychotropes qui font chavirer sous nos yeux la machinerie nihiliste et concentrationnaire de notre civilisation marchande. Dans cet univers limitrophe décrit en une succession de tableaux à l’ironie surréaliste – façon de parler – on naît consommateur – au pouvoir pour ainsi dire absolu – de souffrance globale en vente libre. Si nous traversons une crise spirituelle sans précédent, c’est parce que « nous avons épuisé le réel ». Et, face à l’extravagance et au côté morbide des mœurs en vigueur, beaucoup d’exclus sont écœurés : « Rien n’y fait. J’ai tout essayé. Même les nouveaux désherbants psychologiques hyperpuissants qu’on voit à la télévision. Je suis au bout du rouleau ». Toutefois, envers et contre tout, on tentera de rester stoïque en s’avisant que «  pour un cerveau exact, dissoudre des exodes radieux est un besoin vital ». En fermant ce livre, j’ai eu le sentiment d’avoir réchappé à un cataclysme.

éd. Atelier de l’Agneau, 2013
81 pages
15

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CHERIFI Corinne (extraits) https://revuedissonances.com/cherifi-corinne-extraits/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:36 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2994 DISSONANCES #33 | FUIR Séduc’tif « – Et voilà ! s’exclama Mme Génin, la coiffeuse, en orientant le miroir de manière à ce qu’Antoine puisse se regarder entièrement. – J’ai bien dégagé le front et les oreilles, s’extasia la coiffeuse. C’est très réussi ! Antoine n’entendait déjà plus. Tout ce qu’il voyait, c’était deux oreilles de chou énormes, un front…Lire la suite CHERIFI Corinne (extraits)

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DISSONANCES #33 | FUIR
Séduc’tif
« – Et voilà ! s’exclama Mme Génin, la coiffeuse, en orientant le miroir de manière à ce qu’Antoine puisse se regarder entièrement.
– J’ai bien dégagé le front et les oreilles, s’extasia la coiffeuse. C’est très réussi !
Antoine n’entendait déjà plus. Tout ce qu’il voyait, c’était deux oreilles de chou énormes, un front blême et son sourire niaiseux sur une dentition imparfaite. Une horreur…
Il avait décidé de séduire Clara… mais comment séduire Clara avec une telle coupe de cheveux ?
Il était devenu un monstre !
Pendant que la capillicultrice fautive bavassait, Antoine sentit en lui rugir la colère. Et elle se déversa comme un fiel empoisonné… Dans un élan irrépressible et impétueux, il décocha un uppercut dans l’abdomen de la coiffeuse ! Elle s’écroula à terre pendant que ses apprenties hurlaient, affolées. Antoine brisa violemment le miroir qui lui faisait face et à peine l’objet tombé au sol en mille morceaux, toute la rue fut alertée. Les sirènes des pompiers et de la police résonnaient déjà. Il fila, aussi vite qu’il put. Courir ! Survivre ! Mais des voitures hurlantes l’avaient déjà pris en chasse. Antoine doubla sa vitesse de foulée. Des badauds ahuris… »

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RÉGNIEZ Emmanuel | Notre Château https://revuedissonances.com/regniez-emmanuel-chateau/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:34 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3012 Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Notre Château d’Emmanuel RÉGNIEZ DISSONANCES #33 « Rien ne nous prédisposait à mener une telle vie ». Octave et sa sœur, Véra, vivent reclus entourés de livres dans une vaste et belle demeure, héritage familial providentiel pour ces deux solitaires. Leur vie dans la maison est une succession de rituels : tous les jeudis il…Lire la suite RÉGNIEZ Emmanuel | Notre Château

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Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Notre Château d’Emmanuel RÉGNIEZ
DISSONANCES #33

« Rien ne nous prédisposait à mener une telle vie ». Octave et sa sœur, Véra, vivent reclus entourés de livres dans une vaste et belle demeure, héritage familial providentiel pour ces deux solitaires. Leur vie dans la maison est une succession de rituels : tous les jeudis il part acheter des livres à la librairie, le matin il prépare le petit-déjeuner, le soir il fait la lecture et parfois il couche avec sa sœur. Ils se sont créé un monde à eux, bâti sur les souvenirs de leurs parents disparus et sur les montagnes d’histoires dont ils se sont imprégnés, il est le prince, elle est la princesse, ils vivent dans un château. « Une maison qui contient beaucoup de livres est une maison ouverte au monde, est une maison qui laisse entrer le monde  ». Évidemment, le bel équilibre finit par vaciller. Un numéro de bus erroné, un cendrier, un coup de sonnette et l’univers clos s’entrouvre, les souvenirs affluent, les fantômes s’invitent. «  Elle fut étrange notre enfance, tout de même  ». Emmanuel Régniez ne manque pas d’audace en s’attaquant à un thème classique de la littérature fantastique, la maison. Mais il le fait avec modestie et finesse, instillant de manière très subtile et amoureuse ses nombreuses références. Les phrases sont courtes, hypnotiques et chaloupées comme ce morceau de Couperin que jouait la mère dans leur enfance, et nous happent dès la première page. L’auteur trouve la distance idéale, le ton parfait pour nous immerger dans cette étrange maison qui est à la fois ouverture sur le monde et cocon protecteur de ce qui n’est autre qu’une singulière et mystérieuse histoire d’amour.

éd. Le Tripode, 2016
123 pages
11 €

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CALIGARIS Nicole | Le Paradis entre les jambes https://revuedissonances.com/2928-2/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:34 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2928 Regards croisés sur Le Paradis entre les jambes de Nicole CALIGARIS DISSONANCES #33 Jean-Marc FLAPP : Écrit primal Il en est de ce livre comme des plantes carnivores (mot qui résonne ici assez étrangement) : sous l’abord séducteur d’une corolle ou d’un titre (Le paradis entre les jambes : n’est-ce pas joliment dit ?) c’est la mort qui se cache pour l’insecte…Lire la suite CALIGARIS Nicole | Le Paradis entre les jambes

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Regards croisés sur Le Paradis entre les jambes de Nicole CALIGARIS
DISSONANCES #33

Jean-Marc FLAPP :
Écrit primal
Il en est de ce livre comme des plantes carnivores (mot qui résonne ici assez étrangement) : sous l’abord séducteur d’une corolle ou d’un titre (Le paradis entre les jambes : n’est-ce pas joliment dit ?) c’est la mort qui se cache pour l’insecte naïf et le cœur des ténèbres pour le lecteur happé par l’auteure qui l’entraîne en descente aux enfers enfouis dans son passé et dans lesquels son œuvre a plongé ses racines : retour aux origines… et donc au fait-divers (abattage, dépeçage et ingurgitation d’une partie du corps de Renée Harteveldt par Issei Sagawa) qui est tellement connu qu’on peut douter d’abord (vite on ne doute plus) du fait que la narratrice y a été mêlée d’aussi près qu’elle le dit, sur lequel elle revient dès les premières pages (à la sèche façon d’un rapport de police) pour évacuer d’entrée l’anecdote elle-même (si monstrueuse fût-elle) et pouvoir consacrer le reste de l’ouvrage à essayer de comprendre… non le crime lui-même (trop hors-norme pour ça) mais l’effet qu’il nous fait et ce qu’il dit sur nous, sur l’interculturel, sur l’art, sur le tabou, sur ce qu’est être une femme (comme sujet et objet), sur elle-même qui se cherche, s’interroge, se livre (autant qu’il lui est possible), revisitant les mythes de Coré ou d’Orphée, convoquant des artistes (Bacon, Rodin, Paulhan…), plongeant dans son enfance, dans les lettres du tueur reçues après le drame, tentant de formuler (dans une langue splendide, âprement dépouillée de toute préciosité) donc de mettre un peu d’ordre dans le chaos du monde, de sa vie, de ses choix. Tout cela tient à la fois du récit, de l’essai et de l’autobiographie, est d’une intelligence et d’une densité et d’une honnêteté rarement rencontrées, ne va qu’à l’essentiel : est de très haut niveau.

Côme FREDAIGUE :
Un essai manqué
Essai autobiographique, Le Paradis entre les jambes est une œuvre incertaine où Nicole Caligaris interroge un moment clef de sa jeunesse qui la vit tout à la fois s’engager dans sa vocation littéraire, construire son identité féminine, et correspondre avec Issei Sagawa, l’amant cannibale. « À présent, il s’agit de descendre » écrit-elle, afin de se confronter à ce qui s’est noué, là, dans l’obscurité des origines. L’écriture se nourrit de bribes de souvenirs, de réflexions pour tenter de dénouer la trame invisible de cette période fondatrice. « Je m’intéresse à l’énigme que cette période a laissé dans ma vie au moment où elle choisissait la littérature bien plus profondément que je ne le savais ». L’entreprise est d’autant plus périlleuse qu’elle doit maintenir à distance (sans toujours y parvenir) le piège de l’analyse psychologique, la tentation de reconstruire a posteriori un vécu trop ancien pour être ressaisi et le risque de tomber dans un sensationnalisme que le très médiatique Sagawa a lui même orchestré. « […] mon texte, au lieu de se former, se ferme, entre l’embourbement dans l’affaire judiciaire et la dérobade au déclenchement de mon passé ». C’est donc une toile décousue « qui s’en va par tous les bouts, vainement  », pleine d’accrocs et de failles que tente de tisser l’auteure avec une confusion assumée, mais pas nécessairement justifiée.  Car si l’on sent bien un obscur centre de gravité autour duquel l’oeuvre tente de se construire, si parfois le voile semble vouloir se lever, il retombe vite laissant au lecteur un sentiment de frustration, comme si le livre ne parvenait pas à trouver son achèvement – sa raison d’être – et flottait dans les limbes, avorté : « Ce que veut être ce livre, je l’ignore ».

Anne MONTEIL-BAUER :
Rendre
En 1981, Nicole Caligaris, a suivi un séminaire sur le surréalisme et eu comme camarade d’université Issei Sagawa qui allait assassiner sa condisciple, Renée Harteveldt, la découper en morceaux et à demi la manger. Amateur.trice.s de faits divers, passez votre chemin, Le paradis entre les jambes ne vous donnera pas de détails. Organisé en quatre parties : Le monde de la fille, L’homme étranger à l’homme, L’écrivain sait qu’il est coupable, Quatre points de silence, encadré d’une introduction et des lettres d’Issei Sagawa, ce texte creuse, descend dans les ténèbres de l’être, il « s’occupe de tailler des brindilles pour aller asticoter la honte au fond du trou. » Mais, précise Caligaris, « Je ne cherche pas comprendre l’acte commis par Issei Sagawa, c’est ma répulsion que j’ausculte. » Une répulsion tressée de plusieurs fils et ouvrant sur des questions qui ne trouveront pas de réponses, en tout cas pas faciles. Deux lignes saillantes dans ce cheminement, deux transgressions, être une femme écrivant : « J’écris pour contrarier la programmation de mon entrejambe », et avoir entretenu une correspondance avec Sagawa la première année de son emprisonnement (son premier acte littéraire ?) : « La littérature n’est ni propre ni convenable ». Dans un jeu de ping-pong complexe, l’auteure va et vient entre la culpabilité de l’artiste et celle du criminel, entre la sienne et celle d’Issei Sagawa. Par son acte cannibale « La bouche d’Issei Sagawa s’est déprise du langage », en écrivant son texte, Caligaris en crée un. Si l’artiste prend, transgresse, ingère, il restitue et il transforme, son crime est métaphorique. On s’en réjouit.

Julie PROUST TANGUY :
I.S. ou le souvenir d’adulescence
Comment se construit-on à l’ombre de quelque chose que l’on a en partie oublié, faute de l’avoir tout à fait vécu ? 38 ans après le W de Perec, Nicole Caligaris raconte comment le souvenir opaque de sa rencontre avec Issei Sagawa a façonné sa carrière d’écrivain. Mélangeant autobiographie et essai là où Perec mêlait fiction et souvenirs tortueux, elle se saisit de « ce fait divers dans [s]on existence » pour «  retrouver son contact, là où le hasard l’a placé, à l’origine de [s]a vie littéraire ». Comment concilier l’acte terrible avec l’image de « l’étudiant innocent » avec qui elle étudiait le surréalisme ? Comment peut-il être cannibale, cet homme discret qui lui a fait découvrir le raffinement de l’esthétique japonaise et sa vocation littéraire ? Comment une barbarie qu’elle ne peut qu’imaginer a-t-elle pu lui faire prendre conscience de l’objectivisation de la femme dans les années 70, des tabous liés au sexe féminin, et de sa propre féminité, elle qui se refusait à avoir ce « paradis entre les jambes » célébré par Jean Clair ?
Se perdant dans une toile de références (Sade, Bacon, Breton, le mythe de Coré…) et de souvenirs de sa jeunesse, se confrontant à l’horreur abjecte du drame et à ce que son obscénité révèle de notre société, Caligaris tresse un récit intimiste révélant combien la littérature est à la fois ce qui ne peut rendre compte de la réalité de nos répulsions et ce qui, les recréant par le langage, les transcende… tout comme Sagawa, en étranglant les mots dans la gorge d’une jeune femme ne comprenant pas la part d’ombre de son camarade de classe, a donné naissance aux ambitions littéraires d’une autre.

éd. Verticales, 2013
176 pages
16,90 euros

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HADDAD Hubert | Mā https://revuedissonances.com/haddad-hubert-ma/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:30 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3026 Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Mā d’Hubert HADDAD  DISSONANCES #33 Lire Hubert Haddad, comme narrer la biographie d’un poète, c’est participer à un rituel guérisseur où, d’un roman à l’autre, les figures du double, de la noyée, de la dépossession d’enfance, de la mémoire fantôme, du vide, de la fange et de l’éblouissement séraphique, de l’errance ou…Lire la suite HADDAD Hubert | Mā

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Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour  d’Hubert HADDAD 
DISSONANCES #33

Lire Hubert Haddad, comme narrer la biographie d’un poète, c’est participer à un rituel guérisseur où, d’un roman à l’autre, les figures du double, de la noyée, de la dépossession d’enfance, de la mémoire fantôme, du vide, de la fange et de l’éblouissement séraphique, de l’errance ou du rêve tissent une poétique intime et élégante, avec ses pèlerinages assonancés, ses énigmes allitératives, ses strophes rocambolesques à la Takeshi Kitano, ses enjambements spectraux. Ici, enveloppé des charmes de l’estampe, escorté de haïkus et de visions hallucinées – « des cadavres carbonisés chutent des fenêtres comme de grosses chauves-souris endormies » -, le lecteur suit, au cours d’une narration parallèle et en abîme, deux voyages intérieurs : celui à la troisième personne du clochard céleste Taneda Shōichi, devenu Santōka le haïkiste, avatar de Bashō, puis Kōho le moine érudit, et celui, à la première personne, du narrateur homonyme Shōichi, étudiant énamouré de Saori, biographe secrète de Santōka. Par amour pour elle, il sera « dernier moine pèlerin sur ces terres chancelantes », le seul avec qui elle eût aimé vivre : «  j’ai relu en pensée le roman vrai de Saori ». Vivre sera pérégriner en l’autre, s’inscrire dans un destin littéraire pour se guérir en se dépossédant de soi. La blessure des deux héros est l’origine manquée, la perte de la maman et de l’amour : la mère du poète se jette dans un puits par dépit amoureux, celle du narrateur s’écroule puis son amante se noie. Entre les échos lointains d’un monde chaotique, vivre sera revenir à la matrice, tracer au-delà de la feuille son kanji : Mā.

éd. Zulma, 2015
201 pages
8,95 euros

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SCURI Samuel (extraits) https://revuedissonances.com/scuri-samuel-extraits/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:25 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2942 DISSONANCES #33 | FUIR Boucle d’Or « Une main tourne la poignée. Plan fixe : « C’est là qu’elle a vécu ». Une pile d’objets bancale. Dinette. Peluches borgnes. Un peu d’enfance inhumaine (parmi des ours ?). La caméra à l’épaule répète des postures et des gestes maintenant sans corps : boire manger dormir. L’œil trace à vide des boucles – les contours…Lire la suite SCURI Samuel (extraits)

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DISSONANCES #33 | FUIR
Boucle d’Or
« Une main tourne la poignée. Plan fixe : « C’est là qu’elle a vécu ». Une pile d’objets bancale. Dinette. Peluches borgnes. Un peu d’enfance inhumaine (parmi des ours ?). La caméra à l’épaule répète des postures et des gestes maintenant sans corps : boire manger dormir. L’œil trace à vide des boucles – les contours une gamine soudain abstraite : ça tourne.

C’est peut-être dû à la fin de la trêve hivernale à une famille d’ours à la hausse des loyers à une certaine logique narrative à la fonte des neiges aux politiques migratoires aux urbanistes du Grand Paris aux objets qui se taillent leur propre place et vous chassent – on ne sait pas.

Le dessin d’une maison au bord de l’eau une mise en demeure des mèches blondes le trait épais du feutre autour des nuages lourds un accusé de réception des pattes des museaux un matelas qu’on éventre – ne pas déborder la ligne – de la vaisselle renversée sur le trottoir. Trop d’images. Chacun la voit différemment. On imagine une… »

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AZZARELLI Alice (extraits) https://revuedissonances.com/azzarelli-alice-extraits/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:24 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3004 DISSONANCES #33 | FUIR Règlement intérieur « Inhabité d’une existence nouvelle, l’épuration commence. Le réceptacle, déterminant de lui-même son inaptitude à la réalisation de son destin biologique, engage le processus d’assainissement. Ce qui fut voué à un autre s’annule, s’abîme, se libère, se répand enfin. Programmation non informatisée, imputable aux seules règles naturelles, véritable cerveau invisible, puissance implacable…Lire la suite AZZARELLI Alice (extraits)

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DISSONANCES #33 | FUIR
Règlement intérieur
« Inhabité d’une existence nouvelle, l’épuration commence.
Le réceptacle, déterminant de lui-même son inaptitude à la réalisation de son destin biologique, engage le processus d’assainissement.
Ce qui fut voué à un autre s’annule, s’abîme, se libère, se répand enfin.
Programmation non informatisée, imputable aux seules règles naturelles, véritable cerveau invisible, puissance implacable indépendante de toute forme de volonté, a priori incontrôlable en tant qu’elle est sa propre loi.
Impitoyable destinée, six jours par mois, douze fois l’année.
Environ.
L’occasion d’un rappel aux sentences de la culture, écrasant de son orgueil ce qu’une sélection multimillénaire était parvenue à ériger en condition d’existence, en pouvoir d’un sexe de survivre à sa non-reconduction.
Peur. Honte.
Peur de l’impuissance de nos artifices à… »

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3004
POCHESCI Bruno (extraits) https://revuedissonances.com/pochesci-bruno-extraits/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:21 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2956 DISSONANCES #33 | FUIR L’exil d’Arik « MET ? … Il fait ténèbres, ici. Seuls quelques phosphènes, aussi ténus qu’une aube arctique, en brisent parfois l’obscur voile de leurs impromptus spiroïdaux. Depuis combien de temps suis-je donc ainsi, à la fois errant et perclus sur moi-même ? Dix ans ? Dix siècles ? Je ne saurais le dire. J’ai tellement pris l’habitude…Lire la suite POCHESCI Bruno (extraits)

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DISSONANCES #33 | FUIR
L’exil d’Arik
« MET ?
… Il fait ténèbres, ici.
Seuls quelques phosphènes, aussi ténus qu’une aube arctique, en brisent parfois l’obscur voile de leurs impromptus spiroïdaux. Depuis combien de temps suis-je donc ainsi, à la fois errant et perclus sur moi-même ? Dix ans ? Dix siècles ? Je ne saurais le dire. J’ai tellement pris l’habitude de l’inespoir… Et ce d’autant plus que…
Il fait douleur, ici.
Pas vraiment insoutenable, mais omniprésente. Tenace. Je suis crampes et mini-estrapades à volonté. Stock d’escarres. Raide et craquelant, comme une vieille pâte à modeler incrustée de poussières, qu’on aurait laissé durcir sur le rebord d’une fenêtre pour caler la table d’un condamné à mort, dressée pour son dernier repas. À ce propos…
Il fait faim, ici.
J’ai des fringales de miséreux. De continuelles convulsions des tripes. Je suis inanition à l’état pur, malgré d’étranges et récurrents flux qui me donnent l’illusion d’un… »

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DISSO #33 : Denis PÉAN https://revuedissonances.com/disso-33-denis-pean/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:21 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2871 Extrait de l’entretien avec Denis PÉAN publié dans DISSONANCES #33     Denis PÉAN (petit) Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? Ma poésie fait feu de tout bois ; comme le dit Hannah Arendt dans une éloquente entrevue : l’esprit humain a plus besoin de cohérence que de vérité, quitte à épouser…Lire la suite DISSO #33 : Denis PÉAN

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Extrait de l’entretien avec Denis PÉAN publié dans DISSONANCES #33

    Denis PÉAN (petit)

Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
Ma poésie fait feu de tout bois ; comme le dit Hannah Arendt dans une éloquente entrevue : l’esprit humain a plus besoin de cohérence que de vérité, quitte à épouser une cohérence néfaste ou absurde. Je me régale avec l’incohérence et la fusion des contraires.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
Seul le manque d’idée ou d’inspiration à l’heure de rendre un texte impose sa douloureuse contrainte.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Je passe en fait peu de temps à écrire, je n’écris que des choses courtes d’une part et consacre par ailleurs la plupart de mon temps à la musique et à la conséquente activité qui va avec la vie d’un groupe. J’habite un lieu collectif qui demande une attention permanente. L’écriture, pour moi, c’est ce que dépose sur la portée du jour ce tamis d’expérience, avec une grande économie de mots.

Qui est votre premier lecteur ?
Souvent ma fille. Elle est complice et exigeante.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Celui qui est là au bon moment.

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
Déjà qu’il s’assure que ce qu’il écrit a quelque intérêt, il y a tellement de livres médiocres ou vains.

Quelle fut votre première grande émotion de lecteur ?
Je ne crois pas que ce fut une « grande émotion » mais la sensation pleine d’une absence muette qui s’avéra être un socle. J’étais en CM2 et sur le mur de la classe j’ai lu…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #33

BIO

Né en 1961, Denis Péan étudie un temps le basson et la musique de chambre au Conservatoire d’Angers, fonde le groupe Lo’jo (1982), part sur la route avec la compagnie de théâtre de rue Jo Bithume (1988), crée avec Lo’jo le premier Festival au désert dans le nord du Mali (2001), voyage depuis 30 ans de Timbuktu à Tbilisi, de Canton à Alger, de nulle part à ailleurs. Compositeur, chanteur et pianiste, il invente des géographies pour orchestre de computers et d’orgue-jouet, des blues d’oiseaux sur transgressions de fréquences. Il lance sur papier poésies inquiètes et proses solaires. Calligraphe pour miniatures d’extraordinaire, il mène la vie comme ses entre-sorts forains, de bric-et-de-broc… « à l’aventure ».

BIBLIO (2017)

Les passagers ordinaires du temps (éd. Deleatur, 1996)
Sommeil, sommeil (éd. Deleatur, 2000)
Musée la Parole (éd. Almarita, 2007)
Oniric Théâtre (éd. Le Cadran Ligné, 2015)
Mes bottes de sept lieux – Objet Littéraire Postal (éd. Aé, 2016)
Angers par les interstices – photos : J-M. Delage (éd. Le Petit Pavé, 2017)
Miniatures d’extraordinaire (éd. du Hanneton, sortie décembre 2017)

DISCO LO’JO (2017)

The international Courabou (autoproduit réédité avec 310 lunes, 1991)
Siempre (single autoproduit, 1991)
Fils de Zamal (Lo’Jo – Fnac music – Night and day – Tapsit, 1993)
G7 of destruction & artisans of peace (Pratik – Fnac music – Lo’Jo, 1994)
Sin Acabar (Emma prod – Warner Chapell – Lo’Jo, 1996)
Mo’jo Radio (Emma prod – Universal, 1998)
Bohème de cristal (Emma prod – Universal, 2000)
L’une des siens (Emma prod – Universal, 2002)
Ce soir làlive (Emma prod /Universal, 2004)
Bazar Savant (Emma prod – AZ, 2006)
Cosmophono (Wagram, 2009)
Cinéma el Mundo (World Village, 2012)
310 lunes (World Village, 2014)
Fonetiq Flowers (PIAS – World Village, 2017)

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MAUREL Nelly | Fatiguer la réponse, reposer la question https://revuedissonances.com/maurel-nelly-fatiguer-reponse-reposer-question/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:16 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3016 Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Fatiguer la réponse, reposer la question de Nelly MAUREL DISSONANCES #33 Avoir ses ours chez Stephen King nous emmène dans la Carrie : ici on rit (ou on évolue, éveillé(s) entre sourires et rires embryonnaires). Pas si fréquent de découvrir une (une c’est déjà beaucoup) écriture qui se distingue dans la profusion…Lire la suite MAUREL Nelly | Fatiguer la réponse, reposer la question

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Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Fatiguer la réponse, reposer la question de Nelly MAUREL
DISSONANCES #33

Avoir ses ours chez Stephen King nous emmène dans la Carrie : ici on rit (ou on évolue, éveillé(s) entre sourires et rires embryonnaires). Pas si fréquent de découvrir une (une c’est déjà beaucoup) écriture qui se distingue dans la profusion des revues littéraires. L’Ours Blanc, basé en Suisse, a donc tout compris, puisqu’en son n°8 comme dans les précédents on ne découvre le travail que d’un.e seul.e auteur.e bien sélectionné.e et dès le début du texte l’hameçon est dans mon nez. Nelly Maurel. Ne pour négation, lly comme à la fin d’Ignatus Reilly, Maur pour mort qui est toujours un mot qui rehausse une phrase (exemple : Ma mort précède l’écriture de cette chronique), el (le) : merci les filles de nous vendre autre chose que « du féminin sans femme ». Y a-t-il plaisir plus grand que de croquer une aile de poulet (pou laid) mal assis ? « Pour vivre l’amour avec un grand tas, accepteriez-vous de recevoir deux laides ? » Successions de questions posées par l’auteur. On le sait depuis toujours, les questions sont des mondes plus vastes que leurs réponses. On pense au Chevillard de L’Autofictif. Nelly Maurel, elle, se contente de quelques points de crochet dispensé sur l’humour-même (une forme de terrorisme délicat de la langue qui renverse le sens). Elle touchera des êtres raffinés (né / né.e.s). Double tout le monde dans le virage (Clémentine Mélois crève un pneu). Que l’artiste prenne un peu de temps avant de devenir un produit. Selon King l’écrivain est celui qui gagne sa vie avec l’écriture. Nelly, votre psychanalyste vous paie-t-il les séances ? Lacan aurait pris des notes, vous auriez é-cri quelques-uns de ses séminaires. Nelly, votre psychanalyste vous paie-t-il les séances ?

éd. Héros-Limite, 2015
28 pages
5 €

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GILLIBERT Élodie (extraits) https://revuedissonances.com/gillibert-elodie-extraits/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:15 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2706 DISSONANCES #33 | FUIR Issues « Ça a claqué sur le sol comme un coup de fouet, en pleine nuit. C’est comme ça que ça s’écroule. Ça ne choisit pas son moment. Ça arrive comme ça, n’importe quand, même la nuit. On avait tenu contre tout, contre la menace, les autres, la peur et l’isolement, toutes les intempéries…Lire la suite GILLIBERT Élodie (extraits)

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DISSONANCES #33 | FUIR
Issues
« Ça a claqué sur le sol comme un coup de fouet, en pleine nuit. C’est comme ça que ça s’écroule. Ça ne choisit pas son moment. Ça arrive comme ça, n’importe quand, même la nuit.

On avait tenu contre tout, contre la menace, les autres, la peur et l’isolement, toutes les intempéries de ce temps maudit. C’était aux autres que ça arrivait au début. Nous, on fabriquait des bouts de chiffon. On tentait de colmater et ça s’écroulait quand même pour tout le monde à la fin, la vie.

La nuit, tu tricotes des SOS, des bouts de ficelle pour tenir. Tu reçois parfois des signaux d’amis mais inévitablement rien ne se reconstruit, et ça fuit, le temps. Ca s’arrête mais ça fuit, comme une charmante folie aveugle. La ville entière est comme un corps mort, elle attend et elle refroidit très lentement. Tous, on pense sans voir devant. On pense aux petites choses de l’ennui, pour s’occuper, et puis on n’espère plus rien. Plus de bruit. On pense tout seul comme une horloge : on compte parce que rien ne compte plus. On ne se met plus sur la pointe des pieds pour espérer, guetter, deviner l’autre. On se recroqueville un peu. Tout s’est posé en trace sur la… »

DISSONANCES #32 | NU
Comme si
« Personne ne doit savoir. Il est tard, on n’a pas le droit, on doit dormir. Personne ne sait.
Les doigts mêlés dans la fourrure blanche synthétique, une couverture cousue par bandes. Les doigts caressent les bandes synthétiques dans un sens puis dans l’autre ; ils créent des formes plus grises en relevant la fourrure blanche, plus blanches en la rabattant. Tout est froid dans la chambre carrée au rez-de-chaussée. On se voit à peine, on se devine quand les sourires font des ombres sur les visages.
Les motifs blancs en forme de fleurs et de tiges mêlées s’égrènent sur les murs et le plafond dans la chambre en forme de cube tapissée comme l’intérieur d’une boîte à bonbons. Les rideaux sont bleus avec des motifs blancs de fleurs et de tiges mêlées près de la fenêtre qui donne sur le lac, froid.
On s’enroule dans la couverture.
Personne ne doit savoir. Il est tard, on n’a pas le droit, on doit dormir, personne ne sait.
Nues sous la grosse couverture blanche, on saute par la fenêtre, pieds nus dans... »

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BOROWCZAK Rachel (extraits) https://revuedissonances.com/borowczak-rachel-extraits/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:14 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2999 DISSONANCES #33 | FUIR Rouvrez les déroutes « – Cela commence par la mort et cela finit de même.< – Oui, mais entre-temps, la vie triomphe. (…), alors je me suis tiré sans coup férir. Simplement. Les jambes pendues au cou, le cœur hors de poitrine et les poumons raclant la terre. De la bave sur le béton…Lire la suite BOROWCZAK Rachel (extraits)

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DISSONANCES #33 | FUIR
Rouvrez les déroutes
« – Cela commence par la mort et cela finit de même.<
– Oui, mais entre-temps, la vie triomphe.

(…), alors je me suis tiré sans coup férir.
Simplement.
Les jambes pendues au cou, le cœur hors de poitrine et les poumons raclant la terre.
De la bave sur le béton (la nôtre) / de la sueur sur le corps (le mien).

Mon haleine se ramassait dans la nuit,
– noires toutes deux.
(Il y a un homme en arrière-plan qui dégénère.)

Et la vue d’ensemble :
un sprint, une exaltation bouffonne dans des rues impraticables
(matêtematêtematête).
Catharsis sans… »

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CLEMENCI Jean (extraits) https://revuedissonances.com/clemenci-jean-extraits/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:14 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2986 DISSONANCES #33 | FUIR Évitement (stratégies d’) « Je t’aperçois soudain. Tu es pourtant encore loin (tu sors de cet immeuble à une centaine de mètres sur ce trottoir où grouille (tourbillonne, s’éparpille) une centaine de gens) mais à peine apparu au bout de cette foule tu m’as sauté aux yeux et je t’ai reconnu. Toi tu ne m’as…Lire la suite CLEMENCI Jean (extraits)

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DISSONANCES #33 | FUIR
Évitement (stratégies d’)
« Je t’aperçois soudain. Tu es pourtant encore loin (tu sors de cet immeuble à une centaine de mètres sur ce trottoir où grouille (tourbillonne, s’éparpille) une centaine de gens) mais à peine apparu au bout de cette foule tu m’as sauté aux yeux et je t’ai reconnu.
Toi tu ne m’as pas vu : tu es tout à tes pensées tout en les évitant (je te connais par cœur : tu es comme ça tout le temps) car comme tes actions, tes sensations, ta vie, tes pensées te précèdent et tu ne sais pas mieux faire que les sentir fuser et leur courir après, même si tu essaies (mais y crois-tu vraiment ?) d’en attraper certaines pour donner à tout ça un peu de sens enfin, ou de stabilité (le temps de te poser : juste un peu profiter), mais tu manques d’énergie et l’une chasse l’autre sans que tu en arrêtes aucune, elles glissent entre tes doigts, elles courent devant toi, te tiennent à distance et, t’échappant, t’entraînent (décident de tout pour toi) puis de toutes façons quand elles se posent d’elles-mêmes et t’attendent un peu (comme si tu finissais par leur faire pitié) tu te mets à flipper car tout ce qui t’oblige à faire face à toi-même te met en perspective dans ton rapport au monde et c’est si peu brillant (si proche du néant) qu’à peu près tout de suite… »

DISSONANCES #32 | NU
Nerfs à nu

« Au revers de ta peau je planterais mes crocs et baiserais tes os (si ce n’est pas abuser) sans même t’éveiller (nous serions nus bien sûr)
note 1 : Peau : carte parcourue sans relâche avec l’envie de s’égarer encore.
note 2 : Parenthèses : murmures des inaccessibles, hésitation lente de la bouche et des doigts.

Là je suis devant toi, debout, blanc de poussière, nu bien sûr (je m’égare) : ton regard me traverse et autour il n’y a rien (nous ne sommes pas là)
note 1 : Les veines des amants charrient un sang blanc ; il irrigue les moindres parcelles de leurs territoires. Le blanc est la couleur des vertiges qui entraînent la chute des corps l’un dans l’autre.
note 2 : Là (déictique) : espace-temps enclos dans la parenthèse des corps.

Tu flottes nue (en croix) et tournes sur toi-même (lentement, lentement) dans de l’espace blanc : je calcule ton orbite et mets tous mes espoirs dans l’attraction des corps
note 1 : Dans une première version du texte, le poète avait écrit : « Nue, tu flottes dans de l’espace blanc : je lis à même le grain de ta peau les constellations », la dernière phrase étant… »

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LACOMME Thomas (extraits) https://revuedissonances.com/lacomme-thomas-extraits/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:13 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2969 DISSONANCES #33 | FUIR Barbara « La fille de l’air titille tes pieds et tu vas faire un trou à la nuit. Tes chaussures sont prêtes, polies cirées, complices des adjas qu’il te faut mettre, pour disparaître souvent. Les voiles hurlent aux amarres larguées : tous ces cordages, comme ils encombrent ! Tu ne restes pas en place, ta case…Lire la suite LACOMME Thomas (extraits)

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DISSONANCES #33 | FUIR
Barbara
« La fille de l’air titille tes pieds et tu vas faire un trou à la nuit. Tes chaussures sont prêtes, polies cirées, complices des adjas qu’il te faut mettre, pour disparaître souvent. Les voiles hurlent aux amarres larguées : tous ces cordages, comme ils encombrent ! Tu ne restes pas en place, ta case assignée, bien propre bien rangée, avec des gosses et une blanquette, tu l’as taguée à la bombe verte, bombe le torse comme l’ennemi fait.

La fille de l’air vole au vent, cheveux défaits. Tu regardes tous ses loopings, tu suis de ton index ses tours et retours, son long détour dans les contours du haut, parce qu’il y a des bornes même dans le ciel : elles sont bleues – qu’importe ! Deux paires de petites ailes sont apparues à l’arrière de tes chaussures, vernies lustrées. Qu’importe le rire de Barbara, qu’importe son beau prénom et ses dix doigts, qu’importe sa langue sur tes lèvres du bas. Tu lèves la tête pour voir passer la voltigeuse. Barbara a parlé d’alliance, parce que maintenant on a le droit : tous ces cordages, comme ils encombrent !

La fille de l’air sculpte son nom dans les nuages : liberté ! Tes pieds te démangent et tes… »

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ESTIOT Alexandra (extraits) https://revuedissonances.com/estiot-alexandra-extraits/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:12 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2974 DISSONANCES #33 | FUIR Du haut de la falaise de Plaisance « Je me réveille mais n’ouvre pas les yeux. Je sens que je suis allongée sur un lit, nue, qu’aucun drap ne me recouvre. Je laisse mes mains et mes pieds glisser, explorer le drap dont je sens les plis, chaque pli. Mon sommeil a été agité.…Lire la suite ESTIOT Alexandra (extraits)

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DISSONANCES #33 | FUIR
Du haut de la falaise de Plaisance
« Je me réveille mais n’ouvre pas les yeux. Je sens que je suis allongée sur un lit, nue, qu’aucun drap ne me recouvre. Je laisse mes mains et mes pieds glisser, explorer le drap dont je sens les plis, chaque pli. Mon sommeil a été agité. Il fait chaud, humide. Un souffle caresse mes pieds, un souffle chaud et lourd qui vient de ma droite. L’odeur de la mer. Le bruit des vagues. Là, à ma droite, il y a une fenêtre sur la mer.
J’ouvre les yeux. Un plafond haut, un lustre vieillot. Laideur lourde de détails, de travail, de couleurs. Autour de moi, un lit en bois, sombre et travaillé, sculpté de détails perdus sous la poussière. Ce bois sombre, le même que celui de l’armoire, massive, que celui de la coiffeuse, bancale.
Une chambre d’hôtel en Italie ?
Un chant monte. L’appel à la prière. La Tunisie ? La Turquie ? Non, pas la Turquie : le bidet. La Tunisie non plus : le crucifix, les volets en métal. Pas la Tunisie.
Une serviette est posée à côté de moi. Je l’attrape, l’enroule autour de mon corps et me lève. Aux pieds du lit, il y a une valise, la mienne ; je la reconnais, comme je reconnais mon… »

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2974
PERETTI François (extraits) https://revuedissonances.com/peretti-francois-extraits/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:11 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2678 DISSONANCES #33 | FUIR Tirons-nous « C’est le boxon dans la pièce y a un lit à gauche, on a mal fixé les trucs en bois qui coulissent ça couine à chaque mouvement les piles de draps atténuent le roulis, j’ai le corps tortillé de vieux vêtements la cravate béé au cou comme une corde à pendre, et…Lire la suite PERETTI François (extraits)

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DISSONANCES #33 | FUIR
Tirons-nous
« C’est le boxon dans la pièce y a un lit à gauche, on a mal fixé les trucs en bois qui coulissent ça couine à chaque mouvement les piles de draps atténuent le roulis, j’ai le corps tortillé de vieux vêtements la cravate béé au cou comme une corde à pendre, et j’y passerais en serrant le noeud bien fort.
Tirons-nous.
J’écris pour gagner du temps – bourrine un sac file, balance tes pompes dans un wagon, va te pincer plus loin ; faut qu’on saborde / Quoi ? Tout Ouais je t’assure, fuir j’y ai pensé l’idée tourne, ça mouline comme une soucoupe foraine l’échine hérissée d’épines, ça gueule j’ai peur que ça dure et qu’on s’y fasse à force, faut que j’écrive là-dessus mes mots il en reste plus grand chose, comme si je bloquais mes touches aux mêmes trucs que d’hab. C’est la grande heure qui vient, pointe sa Dukkah crocs tirés, faut tailler, tes veines ou la route, on a pansé nos mondes d’un grand drap blanc des mecs en tailleur prient autour, agitent des fanions dansent, mais rien ne change, tu m’entends, TOUT EST DÉJÀ SEC, les poètes griffonnent à la morgue. Range tes… »

DISSONANCES #32 | NU
À la rue
« Les toits malmènent mon ciel, à la rue – longs serpentins de soleil chevelures de gouttes azurs carrés piquants – et mes Saintes cloches sans tunes, qui hurlent et boivent braillent entre elles, tapent leurs cuisses fixées de rire puis tirent la tronche enfilent leurs ganaches tristes comme des loups de macadam. Mes potes de crasses poussent plus bas, toujours on les aide bien pour ça ; on naît poussières mais eux squattent les grains à vie s’y roulent, complus à ce grand jeu de rôle pleurent des scènes – mon peuple nu frotte au sol des bas-fonds. On n’est vraiment à poil qu’ici. Ni dans tes draps en soie satinés de tétines ; ni dans ses bras d’albâtres au chaud d’une plage de Corse motel minable chambres de bonnes exposées plein Sud. Le goudron t’accouche comme tu l’es vraiment. Y a pas de fard aux briques. Quand tu y dors et vis, et mange, la rue est ton seul intérieur – plus de tissu à lui effeuiller – rien que cette peau, rêche camée grise comme un morceau de trottoir c’est ton seul apparat, ta grande robe de chair marbrée de bleus. Pour la plupart des gens avoir des choses à perdre est un bon début on a choisi de ne rien laisser au reste comptant les pavés – assis – comme des jours dans le crachat des autres, tous ont leur place ici sauf… »

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RAGOT Jérôme (extraits) https://revuedissonances.com/ragot-jerome-extraits/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:09 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2951 DISSONANCES #33 | FUIR Rex ex nihilo « Au crépitement du tungstène sous le pas des antilopes, quand viendra le temps du roucou sous l’angle occipital, vous atteindrez la valeur asymptotique de l’impact corpusculaire. L’emprunte étoilée de ce premier pas vous ouvrira des espaces tangibles où vous prendrez conscience de l’autre versant : adret des nuits, ubac des jours… Loin…Lire la suite RAGOT Jérôme (extraits)

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DISSONANCES #33 | FUIR
Rex ex nihilo
« Au crépitement du tungstène sous le pas des antilopes, quand viendra le temps du roucou sous l’angle occipital, vous atteindrez la valeur asymptotique de l’impact corpusculaire. L’emprunte étoilée de ce premier pas vous ouvrira des espaces tangibles où vous prendrez conscience de l’autre versant : adret des nuits, ubac des jours… Loin de vous enfoncer horizontalement au travers des champs pointilleux, vos carapaces d’ivoire et d’ébène deviendront sensibles et de vous inexplorées. Sans absence, ni obsession, vos sueurs étirables deviendront mordorées et vos ongles et vos visages chercheront la fuite autant que la prise au dessus de l’atoll moiré. Le capitole cèdera, les clés auront disparu. La matière n’aura plus cours et vos idées frelatées seront suspendues à la pure sensibilité au milieu des champs, au dessus des ruelles claires, profitant des nuages autant que des profondeurs de la terre et de l’enfance retrouvée. Ce n’est qu’après l’aurore arborée que vous respirerez à nouveau, que les poissons rejailliront franchissant la limite de l’espace et du vide. Vous aurez creusé le miroir sans vous en rendre compte et attaquerez la… »

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GABET Alain (extraits) https://revuedissonances.com/gabet-alain-extraits/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:09 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2923 DISSONANCES #33 | FUIR Tu connais Lo’Jo ? « La chanson « Bonjour ignorance » fut ma porte d’entrée dans le monde de Lo’Jo un après-midi de 2007. J’étais à la recherche de nouvelles musiques après une longue période d’exploration des univers classiques et je tamisais des gigaoctets de pacotilles diverses. France 5 diffusait alors des petites vidéos enregistrées live dans…Lire la suite GABET Alain (extraits)

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DISSONANCES #33 | FUIR
Tu connais Lo’Jo ?
« La chanson « Bonjour ignorance » fut ma porte d’entrée dans le monde de Lo’Jo un après-midi de 2007. J’étais à la recherche de nouvelles musiques après une longue période d’exploration des univers classiques et je tamisais des gigaoctets de pacotilles diverses. France 5 diffusait alors des petites vidéos enregistrées live dans l’émission « Studio 5 ». Dans une de celles-ci, je fus intrigué par les mots de l’homme au chapeau – dont je découvrirais vite le nom, Denis Péan – qui chantait sans complaisance pour la caméra : « Bonjour ignorance ». L’apostrophe n’était pas banale et se calait sur un riff de basse plongeant ses racines dans le meilleur du rock anglo-saxon. « Bonjour ignorance, je te donne le salut des secrets et des manques ». Les mots psalmodiés m’emmenaient là où j’avais envie d’aller, vers le contraire de l’évidence. « Bonjour ignorance ! Je te donne le salut des secrets et des manques, le salut d’une chanson qui parle ». Oui, la chanson peut parler sans être bavarde, se faire aphorisme pentatonique, lover la profondeur du monde au creux d’un vers. « Bonjour ignorance ! Je te donne le salut des secrets et des manques, le salut d’une chanson qui parle, et le salut des choses sans… »

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BARSICS Catherine (extraits) https://revuedissonances.com/catherine-barsic/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:07 +0000 http://revuedissonances.com/?p=166 DISSONANCES #33 | FUIR La différence « Tu montes dans des trains bourrés de bureaucrates En costume cravate caissons blindés Qui se laissent bercer comme toi par l’ignorance de la vitesse Tu mets des écluses des échangeurs des bornes kilométriques à ton compteur Tu t’engouffres dans des ports, des zones d’ombres et de chaos Tu chevauches avec des…Lire la suite BARSICS Catherine (extraits)

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DISSONANCES #33 | FUIR
La différence
« Tu montes dans des trains bourrés de bureaucrates
En costume cravate caissons blindés
Qui se laissent bercer comme toi par l’ignorance de la vitesse
Tu mets des écluses des échangeurs des bornes kilométriques à ton compteur
Tu t’engouffres dans des ports, des zones d’ombres et de chaos
Tu chevauches avec des brigands, tu t’ébroues dans le galop
Ébouriffant ; et tu reprends haleine.

Les arbres s’espacent et cèdent à des déserts humides,
À des montagnes arides, des terrasses lézardées.
Tu fréquentes des bars de baroud
Et tu examines l’existence à travers des tessons de verre :
Il arrive que tu y voies si clair.

Tu marches sur des… »

DISSONANCES #29 | TABOU
Les fleurs d’agave
« Nous n’avons pas coutume de nous exprimer sur ces questions qui pourtant nous pétrissent le larynx. Ces questions que tu portes élégamment en bracelets, en chapelets dépareillés. Nous préférons nous taire. Admirer la gangrène qui ronge doucement les artères de nos souvenirs. Baigner ces souvenirs dans un berceau de méthylène. Nous absoudre dans ce bleu que n’empourpre aucun doute.
Nous promettons de dire la vérité nue. Mais nos cœurs sont cousus de vin, nos lèvres fourbues par la lie déboutées. Nous n’avons plus la patience des mots : ceux-là se sont enfuis en grappes amères ; ceux-là se sont cachés, calfeutrés au-delà des dunes, brume en poupe, acier à la proue, orbe en… »

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DISSONANCES #33 FUIR https://revuedissonances.com/dissonances-33-fuir/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:06 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2845 octobre 2017 / 48 pages / 5 euros mise en images : Olivia HB – ÉDITO : NE TE RETOURNE PAS La fuite originelle, la bonde arrachée d’un coup et la matrice qui lâche, une dépression, la première déjà, insupportable et nécessaire, pas la dernière. Des barreaux tout autour de ton lit, des tentatives d’évasion et des chutes. Puis ça ressemble à…Lire la suite DISSONANCES #33 FUIR

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octobre 2017 / 48 pages / 5 euros
mise en images : 
Olivia HB

ÉDITO : NE TE RETOURNE PAS

La fuite originelle, la bonde arrachée d’un coup et la matrice qui lâche, une dépression, la première déjà, insupportable et nécessaire, pas la dernière. Des barreaux tout autour de ton lit, des tentatives d’évasion et des chutes. Puis ça ressemble à l’adolescence. Tu cours avec les poumons en bandoulière, dans le rétroviseur ceux qui t’ont vu naître s’amenuisent jusqu’à l’insignifiance. Tous les témoins doivent disparaître, ceux des premières fois et des renoncements, des balbutiements et des échecs. Après ? Après ne te retourne plus. Fuis ton patron, ton métro, ta carte bancaire et ton psy. Fuis le soleil, la Nouvelle Vague, le jambon sous vide et les programmes de fidélité. Fuis la misère et tout ce qui ressemble à une bourgeoise, fuis les stations-services, les compartiments Famille et les espaces non-fumeurs. Fuis tes origines, ta classe sociale, la logique des rues et de leurs intersections, tes tarés de voisins et les gyrophares, coupe les virages et tire-toi au moment de payer l’addition. Fuis l’ennui, les gens qui baillent, les évidences, les heures creuses, les « Que pensez-vous pouvoir apporter à notre entreprise ? », appuie sur la gâchette et arrache-toi. Fuis la réalité et tous ceux qui tentent de t’y ramener. Invente-toi, creuse un sillon là où rien ne pousse, va chercher des mots au-delà du langage, trouve un rythme, un style, un nouveau Nouveau roman, reprends une dernière fois ton souffle et tourne la page : c’est de la vie que tu tiens entre tes mains.

Alban LÉCUYER

DOSSIER « CRÉATION » : FUIR

Pierre ANDREANI : Six mois de détention pour deux délits de fuite
« (désert) / Une longue plaine aride, / des cailloux blancs, un panneau : / « à chaque pas en avant, / autant de coups seront portés » / la nuque brûlante et rouge, / la main qui passe sur les perles de sueur, / le chapeau rond qui tourne, / la voiture verte rouillée aux… »

Alice AZZARELLI : Réglement intérieur
« Inhabité d’une existence nouvelle, l’épuration commence. / Le réceptacle, déterminant de lui-même son inaptitude à la réalisation de son destin biologique, engage le processus d’assainissement. / Ce qui fut voué à un autre s’annule, s’abîme, se libère, se… »

Catherine BARSICS : La différence
« Tu montes dans des trains bourrés de bureaucrates / En costume cravate caissons blindés / Qui se laissent bercer comme toi par l’ignorance de la vitesse / Tu mets des écluses des échangeurs des bornes kilométriques à ton compteur / Tu t’engouffres dans des… »

Jean-Christophe BELLEVEAUX : S’évader encore ?
« bras, yeux perdus, gisant, j’ai tant fui, couché, j’aurais définitivement voulu une mort verticale, la fulgurance plutôt que cette lenteur qui ramène ses images, ce sépia d’une vie rouillée – kif // sur la plage de Tanger / jusqu’à faire péter la tête / scansion des falaises qui… »

Rachel BOROWCZAK : Rouvrez les déroutes
« – Cela commence par la mort et cela finit de même. / – Oui, mais entre-temps, la vie triomphe. / * / (…), alors je me suis tiré sans coup férir. / Simplement. / Les jambes pendues au cou, le cœur hors de poitrine et les poumons raclant la terre. / De la bave sur le béton (la… »

Benoit CAMUS : Ceux qui restent
« Elle ne dit rien. Le regarde s’activer dans la chambre. Vider le tiroir, son étagère, la penderie. J’aurai plus de place pour mes affaires, songe-t-elle. Remplir les deux valises. Deux valises : une à chaque main. Et un petit sac à dos. Elle le regarde. La façon dont il étale ses… »

Corinne CHERIFI : Séduc’tif
« – Et voilà ! s’exclama Mme Génin, la coiffeuse, en orientant le miroir de manière à ce qu’Antoine puisse se regarder entièrement. / – J’ai bien dégagé le front et les oreilles, s’extasia la coiffeuse. C’est très réussi ! / Antoine n’entendait déjà plus. Tout ce qu’il voyait, c’était… »

Jean CLEMENCI : Évitement (stratégies d’)
« Je t’aperçois soudain. Tu es pourtant encore loin (tu sors de cet immeuble à une centaine de mètres sur ce trottoir où grouille (tourbillonne, s’éparpille) une centaine de gens) mais à peine apparu au bout de cette foule tu m’as sauté aux yeux et je t’ai reconnu. Toi tu ne… »

Thierry COVOLO : Une fille à marier
« Honk se réveille avec une sérieuse gueule de bois. Il a joué aux dés une bonne partie de la nuit avec des types qu’il ne connaissait pas. L’un d’eux avait amené plusieurs bouteille d’un alcool plutôt correct, sûrement volées quelque part. Des filles sont passées. Ils se sont… »

Clément DESPAS : Blason
« Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle, / Vous vous ferez dessus. Moi je ne serai plus / Que souvenirs furtifs, pâlichons et perclus, / Passant en courants d’air dedans votre cervelle / Mais on s’en fout au fond : ce qui compte, ma belle, / Ce sont vos flux actuels, délicieux… »

Marianne DESROZIERS : La fugue
« Petit matin blême / Table de la cuisine / Famille autour / Nous n’irons pas au phare aujourd’hui / Dit la mère de son air le plus sévère / Mais vous aviez promis dit l’aînée / Ne réponds pas à ta mère dit le père / Vous n’avez aucune parole dit le cadet / Si tu réponds encore… »

Eva DÉZULIER : Une échappée
« Debout sur la terre craquelée, cinq arbres dressent leurs silhouettes obliques. Penchés en avant, ils semblent fuir, à bout de vitesse et de frayeur. Leur écorce tortueuse paraît figée dans l’élan d’une course éperdue, décisive. / L’impulsion se lit dans les contours de… »

Alexandra ESTIOT : Du haut de la falaise de Plaisance
« Je me réveille mais n’ouvre pas les yeux. Je sens que je suis allongée sur un lit, nue, qu’aucun drap ne me recouvre. Je laisse mes mains et mes pieds glisser, explorer le drap dont je sens les plis, chaque pli. Mon sommeil a été agité. Il fait chaud, humide. Un souffle… »

Élodie GILLIBERT : Issues
« Ça a claqué sur le sol comme un coup de fouet, en pleine nuit. C’est comme ça que ça s’écroule. Ça ne choisit pas son moment. Ça arrive comme ça, n’importe quand, même la nuit. / On avait tenu contre tout, contre la menace, les autres, la peur et l’isolement, toutes les… »

Ingrid S. KIM : Disrupt
« Tu ne vas plus marcher la nuit pauvre conne comment veux-tu écrire encore sans retourner marcher la nuit sans le bâton et sans la route – et cesse donc de te gratter, comment veux-tu que je supporte ce corps minuscule endormi cette âme bradée si on ne… »

Thomas LACOMME : Barbara
« La fille de l’air titille tes pieds et tu vas faire un trou à la nuit. Tes chaussures sont prêtes, polies cirées, complices des adjas qu’il te faut mettre, pour disparaître souvent. Les voiles hurlent aux amarres larguées : tous ces cordages, comme ils encombrent ! Tu ne… »

Arnaud LECONTE : Talon-Aiguille
« Tic-tac fait la Trotteuse / Sur ses aiguilles talons / Nul mac ni rabatteuse / Du trottoir tout le long / L’Asphalteuse n’a de cesse / De semer à la ronde / Son cliquetis nous presse / Sous ses pas les secondes / Précèdent celle que l’Escorte / Vous… »

Patrice MALTAVERNE : 1979
« L’image de l’auto qui devait nous emporter me sembla soudain trop pitoyable. / Ces gens se tenaient debout dans l’habitacle d’une vieille carcasse et je me demandais pourquoi ils ne pouvaient pas passer les pieds à travers le bas de caisse afin de… »

Nathalie PALAYRET : Laque rouge
« Elle a éprouvé les quatre murs et / La laque rouge des meubles / Dans son bégaiement têtu / Fatiguée entière posée sur la table / Vite repartie vers la lumière / Transparence ni issue ni secours / Du noir vrombissement lassée / J’ai… »

François PERETTI : Tirons-nous
« C’est le boxon dans la pièce y a un lit à gauche, on a mal fixé les trucs en bois qui coulissent ça couine à chaque mouvement les piles de draps atténuent le roulis, j’ai le corps tortillé de vieux vêtements la cravate béé au cou comme une corde à pendre, et j’y… »

Bruno POCHESCI : L’exil d’Arik
« MET ? / … Il fait ténèbres, ici. / Seuls quelques phosphènes, aussi ténus qu’une aube arctique, en brisent parfois l’obscur voile de leurs impromptus spiroïdaux. Depuis combien de temps suis-je donc ainsi, à la fois errant et perclus sur moi-même ? Dix ans ? Dix siècles ? Je ne… »

Thomas POURCHAYRE : Au bout de la dune
« Et à partir de là / Épuisés de marcher parmi les crabes / Nos espoirs écoulés dans le sablier / Passé le campement des fidèles que nous ne sauverons pas / À partir de là seulement il nous reste à fuir / Leur souvenir rassérénant en poche / Et comme un porte-clé encombrant… »

Jérôme RAGOT : Rex ex nihilo
« Au crépitement du tungstène sous le pas des antilopes, quand viendra le temps du roucou sous l’angle occipital, vous atteindrez la valeur asymptotique de l’impact corpusculaire. L’emprunte étoilée de ce premier pas vous ouvrira des espaces tangibles où vous… »

Raphaël SARLIN-JOLY : Échappatoires
« Et ce désir de fuite ne t’avait mené qu’à une chambre d’hôtel de Moscou / où tu t’attendais presque à retrouver le dernier poème d’Essessine, laissé dans la chambre d’hôtel où il s’était suicidé, écrit avec son propre sang / Au revoir, mon ami, sans geste, sans… »

Samuel SCURI : Boucle d’Or
« Une main tourne la poignée. Plan fixe : « C’est là qu’elle a vécu ». Une pile d’objets bancale. Dinette. Peluches borgnes. Un peu d’enfance inhumaine (parmi des ours ?). La caméra à l’épaule répète des postures et des gestes maintenant sans corps : boire manger dormir. L’œil… »

Julien TRANSY : Exercice
« Dehors le vent réinvente un roseau
J’écris le verbe fuir
À la… »

Dominique WEBER : Se fuir, laisse venir
« l / ‘ / e / s / p / a / c / e / t / e / p / r… »

PORTFOLIO : Olivia HB

« Olivia HB est née ailleurs un jour d’automne… Elle a eu ensuite tout le reste des saisons pour se rendre à droite et à gauche du monde, reporter et rapporter quelques instants volés à l’impromptu ainsi que de jolies rencontres sensibles qui lui ont ouvert un… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un(e) auteur(e) connu(e)) :
Denis PÉAN
« Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ?
Ma poésie fait feu de tout bois ; comme le dit Hannah Arendt dans une éloquente entrevue : l’esprit humain a plus besoin de cohérence que de vérité, quitte à épouser une… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
Le Paradis entre les jambes (Nicole CALIGARIS)
« Comment se construit-on à l’ombre de quelque chose que l’on a en partie oublié, faute de l’avoir tout à fait vécu ? 38 ans après le W de Perec, Nicole Caligaris raconte comment le souvenir opaque de sa rencontre avec Issei Sagawa a façonné sa carrière d’écrivain. Mélangeant... »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture)  :
Nicole CALIGARIS : Les Samothraces
 – éd. Le Nouvel Attila
« On entre dans ce livre par la voix d’une foule (épuisée, obsédée) qui piétine et s’écrase sur un guichet fermé où peut-être obtenir (si on tient jusque là) le visa pour partir («  à chaque poussée, pousser […] pas perdre ses papiers. Se méfier. Vérifier. Constamment. Ses papiers. ») ; s’en… »
Manuel DAULL : Toute une vie bien verticale – éd. L’Atelier contemporain
« C’est l’histoire de « celle qui est née dans la cité – dans la cité des hommes et des femmes il y a des années ». Comment elle a mal grandi, vers le haut et au détriment des racines, comment elle s’est inachevée aussi, parce que la ville autour d’elle accordait trop de place à… »
Sebastian DICENAIRE : Dernières nouvelles de l’avenir – éd. Atelier de l’Agneau
« Qui ouvre Dernières nouvelles de l’avenir plonge droit au cœur d’une Sodome hallucinatoire hyperconnectée où chacun « poursuit obstinément le parcours précis que lui dicte la racine carrée de son code-barres ». Des technocrates totalement schizos administrent nos… »
Hubert HADDAD :  
– éd. Zulma
« Lire Hubert Haddad, comme narrer la biographie d’un poète, c’est participer à un rituel guérisseur où, d’un roman à l’autre, les figures du double, de la noyée, de la dépossession d’enfance, de la mémoire fantôme, du vide, de la fange et de l’éblouissement séraphique, de… »
Noël HERPE : Dissimulons ! – éd. Plein Jour
« Au début des années 2000, bien avant de devenir un écrivain et un historien du cinéma reconnus, Noël Herpe apprend à son grand désarroi qu’il est nommé maître de conférences à l’Université de Caen. « Si le néant avait un visage, il ressemblerait à cette ville aux… »
Hans LIMON : Frères inhumains – Evidence Editions
« «  Les chaos d’hier font les bosses d’aujourd’hui ». Dans un appartement HLM qui menace de s’effondrer, un enfant pleure en silence. « J’ai pas dix ans, je suis à peine plus vieux qu’un fœtus et j’ai peur de mourir ». C’est que la balle tirée par le père sur le voisin s’est… »
Nelly MAUREL : Fatiguer la réponse, reposer la question – éd. Héros-Limite
« Avoir ses ours chez Stephen King nous emmène dans la Carrie : ici on rit (ou on évolue, éveillé(s) entre sourires et rires embryonnaires). Pas si fréquent de découvrir une (une c’est déjà beaucoup) écriture qui se distingue dans la profusion des revues… »
Emmanuel RÉGNIEZ : Notre Château – éd. Le Tripode
« « Rien ne nous prédisposait à mener une telle vie ». Octave et sa sœur, Véra, vivent reclus entourés de livres dans une vaste et belle demeure, héritage familial providentiel pour ces deux solitaires. Leur vie dans la maison est une succession de rituels : tous les jeudis il… »

DISGRESSION (carte blanche sur un domaine autre que la littérature)
Alain GABET : Tu connais Lo’Jo ?
« La chanson « Bonjour ignorance » fut ma porte d’entrée dans le monde de Lo’Jo un après-midi de 2007. J’étais à la recherche de nouvelles musiques après une longue période d’exploration des univers classiques et je tamisais des gigaoctets de pacotilles diverses. France 5 diffusait… »

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DAULL Manuel | Toute une vie bien verticale https://revuedissonances.com/daull-manuel-toute-vie-bien-verticale/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:05 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3034 Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Toute une vie bien verticale de Manuel DAULL DISSONANCES #33 C’est l’histoire de « celle qui est née dans la cité – dans la cité des hommes et des femmes il y a des années ». Comment elle a mal grandi, vers le haut et au détriment des racines, comment elle s’est inachevée aussi,…Lire la suite DAULL Manuel | Toute une vie bien verticale

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Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Toute une vie bien verticale de Manuel DAULL
DISSONANCES #33

C’est l’histoire de « celle qui est née dans la cité – dans la cité des hommes et des femmes il y a des années ». Comment elle a mal grandi, vers le haut et au détriment des racines, comment elle s’est inachevée aussi, parce que la ville autour d’elle accordait trop de place à l’absence et à l’attente : «  elles sont rares les nourritures de l’esprit dans la cité – on ne trouve pas n’importe quoi, la poudre est entrée dans la cité – comme si l’esprit seul pouvait se barrer d’ici – des trous partout, pas longtemps, assez pour que mon père s’en aperçoive – assez pour être suffisamment dans la merde pour tailler des pipes dans les caves, à en perdre la faim – suffisamment longtemps pour voir les hommes de près, à vomir ça me coûtait ». Après il y aura des trains, qu’on prend ou qu’on regarde passer, et des déclarations d’amour, de celles qu’on préfère laisser sur un répondeur téléphonique : « le bonheur n’était pas prévu dans le cahier des charges ».
Toute une vie bien verticale est un livre sur la périphérie, sur cette distance incompressible qui marque la frontière entre là où les choses adviennent et les ailleurs qui se définissent d’abord par leur inertie, et leur entêtante propension à faire naître en nous le sentiment d’un en-dehors indépassable. Avec son obsession de la réitération, Manuel Daull construit un admirable récit autour de la recherche obsessionnelle de « l’Art d’Habiter sa vie ». Un art qui réside peut-être tout entier dans la question du langage telle qu’elle se trouve ici formulée, entre les mots qui prennent corps et les corps indicibles.

éd. L’Atelier contemporain, 2015
148 pages
15 €

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HERPE Noël | Dissimulons ! https://revuedissonances.com/herpe-noel-dissimulons/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:04 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3023 Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Dissimulons ! de Noël HERPE DISSONANCES #33 Au début des années 2000, bien avant de devenir un écrivain et un historien du cinéma reconnus, Noël Herpe apprend à son grand désarroi qu’il est nommé maître de conférences à l’Université de Caen. « Si le néant avait un visage, il ressemblerait à cette ville aux trois-quarts…Lire la suite HERPE Noël | Dissimulons !

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Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Dissimulons ! de Noël HERPE
DISSONANCES #33

Au début des années 2000, bien avant de devenir un écrivain et un historien du cinéma reconnus, Noël Herpe apprend à son grand désarroi qu’il est nommé maître de conférences à l’Université de Caen. « Si le néant avait un visage, il ressemblerait à cette ville aux trois-quarts dévastée par les bombardements et que l’urbanisme triste de l’après-guerre avait achevé de défigurer. » Lui, l’homosexuel parisien hétérodoxe et érudit, prend immédiatement en grippe le microcosme normand, qui le lui rend bien. D’abord plein d’amertume face à l’ostracisme dont il est victime, il se coule peu à peu avec une « obscure jouissance » dans le rôle du paria, figure douce-amère qui le fascine depuis l’enfance. « Je me laissais aller au bonheur de n’être rien. Au fond de ces arrière-salles miteuses où s’entassaient les familles, j’aimais me retrouver sur une scène vide, figurant d’une pièce qui n’avait aucune importance. » Il se trouve un allié improbable aussi rejeté que lui, fomente des révoltes vaines contre sa hiérarchie, se grime à ses heures perdues en personnage féminin fantasmagorique pour choquer encore d’avantage le bourgeois. « En toute occasion, j’exhibais une altérité irréductible, quelque chose qui refuse de se fondre dans aucun moule. Je redevenais l’enfant qui joue tout seul au fond de la cour, qui parle aux arbres, et qui, dès qu’un garçon ou une fille s’approche, ne lui répond que « Zut ».  » Un récit puissant en forme d’hommage aux excentriques, aux différents, aux inclassables qui hantent les marges de toute norme.

éd. Plein Jour, 2016
80 pages
11 €

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CALIGARIS Nicole | Les Samothraces  https://revuedissonances.com/caligaris-nicole-samothraces/ Wed, 25 Oct 2017 11:00:01 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3038 Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Les Samothraces de Nicole CALIGARIS DISSONANCES #33 On entre dans ce livre par la voix d’une foule (épuisée, obsédée) qui piétine et s’écrase sur un guichet fermé où peut-être obtenir (si on tient jusque là) le visa pour partir («  à chaque poussée, pousser […] pas perdre ses papiers. Se méfier. Vérifier. Constamment.…Lire la suite CALIGARIS Nicole | Les Samothraces 

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Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Les Samothraces de Nicole CALIGARIS
DISSONANCES #33

On entre dans ce livre par la voix d’une foule (épuisée, obsédée) qui piétine et s’écrase sur un guichet fermé où peut-être obtenir (si on tient jusque là) le visa pour partir («  à chaque poussée, pousser […] pas perdre ses papiers. Se méfier. Vérifier. Constamment. Ses papiers. ») ; s’en distinguent bientôt – comme autant de solos d’abord vite couverts puis se développant – les voix propres de Sambre, Madame Pépite, Sissi, que leurs vies ont menées, pour des raisons diverses, à se rencontrer là puis suivre et faire corps dans le désir commun d’aller tenter ailleurs, coûte que coûte, d’exister ; et c’est donc sur ces chants (de la foule et des femmes) que Les Samothraces nous mène des bureaux (où ça bloque) au bus (où on s’entasse) pour rallier la frontière où se faire gauler, enfermer, renvoyer, voir tomber ceux qui lâchent, être de moins en moins, s’accrocher d’autant plus (« Nous sommes devenus des becs. Des mains : paumes et griffes. ») au hasard, à la chance, aux passeurs « en maraude » et « costumés de chic », au squelette suintant des cales du cargo où balloter terrées – plus qu’à trois maintenant – vers la nouvelle vie (s’accrocher à celle-ci)…
Porté de bout en bout par une langue crue, poétique, panique (« Nous sommes parfaitement invisibles, l’ombre et nous c’est pareil, nous avons appris ça »), quasiment prophétique (publié en 2000 au Mercure de France et devenu depuis d’une urgence absolue), bellement réédité au Nouvel Attila (l’ouvrage s’y déployant sur six mètres de long – le texte d’un côté, sur l’autre une «  Nuée » de plus de mille photos), Les Samothraces tape fort, qui se lit et s’écoute et se voit et se vit comme un De Profundis à très haute tension.

éd. Le Nouvel Attila, 2016
44 pages
27 €

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MOURIER Maurice | Ajoupa-Bouillon https://revuedissonances.com/mourier-maurice-ajoupa-bouillon/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:56 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3075 Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Ajoupa-Bouillon de Maurice MOURIER DISSONANCES #20 Gobert de Bouillon, avant de trépasser en 1680, fit construire sur la pente de la Montagne Pelée une résidence, ajoupa en créole, qui signifie abri. Cet abri dut être rudement costaud pour que deux siècles plus tard naquît Ajoupa-Bouillon, bourgade de Martinique. Le sieur gobait-il le bouillon, commerçait-il…Lire la suite MOURIER Maurice | Ajoupa-Bouillon

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Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Ajoupa-Bouillon de Maurice MOURIER
DISSONANCES #20

Gobert de Bouillon, avant de trépasser en 1680, fit construire sur la pente de la Montagne Pelée une résidence, ajoupa en créole, qui signifie abri. Cet abri dut être rudement costaud pour que deux siècles plus tard naquît Ajoupa-Bouillon, bourgade de Martinique. Le sieur gobait-il le bouillon, commerçait-il avec Dieu le Célèbre (Gott le Berht) ou s’était-il élevé pour échapper à la boue des marigots ? Toujours est-il que l’ouvrage n’en fait qu’à sa bouille, n’aspirant que l’air d’un exotisme salvateur, viscéral, ontologique. Le romancier-poète nous offre ici un très rare recueil qui, parce qu’irrigué par le bouillon renouvelé de mainte émotion esthétique, court-circuite tout consensus poétique, dépayse, décentre. Aucun folklore, mais un pittoresque organique, psychique et cosmique dans un espace-temps à sa mesure hallucinée. Courez sur les pas d’Ajoupa-Bouillon, créature au-dedans et dehors, mâle et femelle, humaine et animale, spectrale. Elle console de la laideur et se souvient de quand on n’était pas là : « Elle peint le monde avant qu’il ne diminue ». Cent poèmes en prose élastique, cent métamorphoses de l’autre en soi-même.

éd. EST-Samuel Tastet, 2009
358 pages
22 euros

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DISSO #20 : Mathieu RIBOULET https://revuedissonances.com/disso-20-mathieu-riboulet/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:47 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3067 Extrait de l’entretien avec Mathieu RIBOULET publié dans DISSONANCES #20     Mathieu RIBOULET (petit) Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? Pour, dans, sur, avec, toujours jusqu’ici j’ai fait mienne l’injonction de Paulhan : la poésie doit être un éloge. Et même quand j’écris contre, j’essaie de passer par les canaux…Lire la suite DISSO #20 : Mathieu RIBOULET

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Extrait de l’entretien avec Mathieu RIBOULET publié dans DISSONANCES #20

    Mathieu RIBOULET (petit)

Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
Pour, dans, sur, avec, toujours jusqu’ici j’ai fait mienne l’injonction de Paulhan : la poésie doit être un éloge. Et même quand j’écris contre, j’essaie de passer par les canaux du pour.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
Nulle.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Je vis, j’observe, j’emmagasine.

Qui est votre premier lecteur ?
L’homme qui partage ma vie.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Une sorte de miracle ! Une attention et une présence qui ne se démentent pas, avancent avec vous dans le temps et le travail sans rien calculer qui ne soit pour le texte, voire l’œuvre…

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
De s’obstiner – il y a tant d’éditeurs – et de ne croire à rien tant que rien n’est signé !

Quelle fut votre première grande émotion de lecteur ?
Pas de souvenir précis de jour ni de titre… Les livres m’accompagnent depuis que je sais lire, j’ai compris très tôt, vers 8 ans, qu’ils me sauveraient de toutes les…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #20

BIO

Mathieu Riboulet est né en 1960 en région parisienne. Après des études de cinéma et de lettres modernes, il réalise des films de fiction et des documentaires pendant une dizaine d’années, puis se consacre à l’écriture. Il vit et travaille actuellement dans la Creuse.

BIBLIO (2011)

Un sentiment océanique (Maurice Nadeau, 1996)
Mère Biscuit (Maurice Nadeau, 1999)
Quelqu’un s’approche (Maurice Nadeau, 2000)
Le Regard de la source (Maurice Nadeau, 2003)
Les Âmes inachevées (Gallimard, 2004)
Le Corps des anges (Gallimard, 2005)
Deux larmes dans un peu d’eau (Gallimard, 2006)
L’Amant des morts (Verdier, 2008)
Avec Bastien (Verdier, 2010)

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HUYNH Sabine (extraits) https://revuedissonances.com/huynh-sabine-extraits/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:45 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3132 DISSONANCES #20 | MAMAN Les mères invisibles « Moriana : là d’où elles viennent l’ombre de leur mère est une feuille de papier calque sur chacun des côtés translucides une mère et une fille ne peuvent ni être séparées ni se regarder en face Argia : là d’où elle vient les mères n’ont ni chaleur ni sourire ni peau rien…Lire la suite HUYNH Sabine (extraits)

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DISSONANCES #20 | MAMAN
Les mères invisibles
« Moriana :
là d’où elles viennent
l’ombre de leur mère
est une feuille de papier calque
sur chacun des côtés translucides
une mère et une fille
ne peuvent ni être séparées
ni se regarder en face

Argia :
là d’où elle vient
les mères n’ont ni chaleur
ni sourire ni peau
rien qui pourrait
les faire ressembler à des mères
sauf des utérus d’… »

 

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PESSAN Eric (extraits) https://revuedissonances.com/pessan-eric-extraits/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:39 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3117 DISSONANCES #20 | MAMAN L’accord  « Cela avait ponctué mon enfance, c’était l’accord secret qui me liait à ma mère, la base sur laquelle j’ai été élevé : maman, je ne comprenais que trop les motifs de sa dépression, comme je ne comprenais que trop qu’elle déteste mon père, cet homme qu’il me serait impossible de nommer papa. Je…Lire la suite PESSAN Eric (extraits)

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DISSONANCES #20 | MAMAN
L’accord 
« Cela avait ponctué mon enfance, c’était l’accord secret qui me liait à ma mère, la base sur laquelle j’ai été élevé : maman, je ne comprenais que trop les motifs de sa dépression, comme je ne comprenais que trop qu’elle déteste mon père, cet homme qu’il me serait impossible de nommer papa.
Je l’avais toujours épaulée dans sa haine envers les hommes, me rendant insupportable dès que l’un d’eux pénétrait dans le salon, refusant de dire bonjour, de remercier si l’homme me tendait un cadeau, donnant une fois un coup de pied dans le tibia d’un collègue que ma mère avait invité à l’apéritif.
J’avais toujours supporté les gifles qu’elle s’obligeait à me donner en ces rares occasions, puisque je savais qu’une fois l’homme enfui ma mère viendrait dans ma chambre, me prendrait dans ses bras en s’excusant, et me proposerait de dormir dans son lit cette nuit.
J’étais toujours d’accord sur les critiques dont ma mère si présente accablait mon père si absent : il était lâche veule misérable alcoolique immature égoïste indifférent égocentrique trompeur nul fourbe malhonnête tricheur injuste déloyal hypocrite insensible minable… »

 

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AMANTS GLUANTS Les (extraits) https://revuedissonances.com/amants-gluants-extraits/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:39 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1389 DISSONANCES #24 | LE MAL Epectase « ♫♫ Et mourir de plaisir ♫♫ – Michel Sardou Seuls les fumeurs de crack savent me démolir amoureusement. Ma foi me pousse vers les parias, les fous à la violence démoniaque. J’y retourne sans arrêt, guidée par l’urgence à rejoindre la lumière. Le premier soir, j’étais venue apporter des couvertures dans…Lire la suite AMANTS GLUANTS Les (extraits)

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DISSONANCES #24 | LE MAL
Epectase

« ♫♫ Et mourir de plaisir ♫♫ – Michel Sardou
Seuls les fumeurs de crack savent me démolir amoureusement. Ma foi me pousse vers les parias, les fous à la violence démoniaque. J’y retourne sans arrêt, guidée par l’urgence à rejoindre la lumière. Le premier soir, j’étais venue apporter des couvertures dans un squat de La Goutte d’or et je me suis réveillée à l’hôpital. Dents brisées. Seins brûlés. Côtes fêlées. Hématomes en chaîne. Hémorragie interne. J’ai refusé de décrire ceux que les policiers qualifiaient d’agresseurs et ce qu’ils nommaient actes de barbarie. Les enquêteurs n’entendent rien à ma rencontre charnelle avec Dieu. Je leur répète que je l’aime. Ils disent que j’ai un problème. Dieu m’avait bien souvent mise à genoux, mais il ne m’avait jamais écartelée ni délivrée du m♥l. Qui comprendra que je ne peux... »

DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
Moi président de la république

« Moi président de la république, je préfère me faire sucer au bord de l’eau
Moi première dame des punks à chiens, je gravis ton pylône pour électriser le peuple
Moi président de la république, je m’affirme en slip et en bretelles
Moi première dame des punks à chiens, je deviens la guest-star de tes pornos intimes
Moi président de la république, je monte sur le podium pour couler un bronze
Moi première dame des punks à chiens, je déclare l’orgasme grande cause nationale
Moi président de la république, je bois des bières au comptoir avec tous les travailleurs du coude
Moi première dame des punks à chiens, je fais sauter ta crêpe et flambe ton Pastis
Moi président de la république, je promets des trampolines sur ta fiche de paye
Moi première dame des punks à chiens, je pointe à l’usine et rends ton tablier
Moi président de la république, je double la prime à l’... »

DISSONANCES #20 | MAMAN
Depuis des générations
« le prof 2 bio ma colé 3 h c dgeu
Dès le texto affiché, Madame De Genlis écourte sa réunion et prend un taxi pour se rendre au collège. Elle demande à parler immédiatement au principal. Exige des explications. Arthur a été dissipé et insolent envers son professeur, la punition est totalement justifiée, affirme le chef d’établissement. Mais elle ne l’entend pas ainsi. Sait-il à qui il s’adresse ? Elle déballe ses références : formatrice à l’IUFM de Blois, enseignante à Paris VIII. Elle a publié plusieurs livres très pointus en sciences de l’éducation. Son fils est un excellent élève. Le professeur qui l’a collé est vraisemblablement un piètre pédagogue. Si ses cours sont ennuyeux, il est normal que son fils soit peu attentif voire réfractaire à l’autorité incompétente. C’est même bon signe… Une sanction injuste pourrait donc entraîner des répercutions dommageables sur l’esprit critique d’Alexandre. Je conçois qu’en général la confrontation à l’injustice puisse être salutaire à titre d’expérience pour la majorité des individus, mais Alexandre est un être particulièrement précoce et doué, aussi il n’a pas besoin de cela pour bâtir sa personnalité.  Sachez que depuis... »

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TORLINI Yannick (extraits) https://revuedissonances.com/torlini-yannick/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:39 +0000 http://revuedissonances.com/?p=341 DISSONANCES #25 | LA PEAU Ici « ici, nous travaillons l’oubli comme une terre. nous creusons avec nos corps, la roche, la glaise, la racine, l’improbable devenir de. nous creusons la langue, nous creusons, et la guerre creuse notre peau à notre insu. ce front que l’on nomme habitude : matin, attente, quotidien. ici ça va : nous…Lire la suite TORLINI Yannick (extraits)

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DISSONANCES #25 | LA PEAU
Ici
« ici, nous travaillons l’oubli comme une terre. nous creusons avec nos corps, la roche, la glaise, la racine, l’improbable devenir de. nous creusons la langue, nous creusons, et la guerre creuse notre peau à notre insu. ce front que l’on nomme habitude : matin, attente, quotidien. ici ça va : nous n’avançons plus. l’immonde est notre promesse : la dispersion du corps la condition, du lendemain.

vous êtes toujours là, précis, délimités, à nous entendre à, refermer, lentement les portes sur notre passage. vous : tracez toujours la ligne, la fine délimitation entre l’acceptable et l’inacceptable, entre le corps et le non-corps vous refusez ce qu’ils vous laissent. ici ça va, nous nous demandons, où commencent où, finissent, nos bras, nos jambes, l’os et la peau cette dispersion du sensible cette dispersion ici. il nous faut… »

DISSONANCES #22 | RITUELS
Ici
« se vomir. comme je me réveille. se vomir. se réveiller. se vomir. se réveiller. sans cesse. comme un miroir. se réveiller se vomir. mouvement identique. comme un miroir.
aaaaaidentique.
aaaaaidentique.
aaaaaidentique.
ne jamais s’arrêter. ne jamais arrêter. comme un miroir. ne jamais pouvoir. arrêter.
se réveiller se vomir. chaque matin insecte. chaque matin comme je me réveille. insecte.
métamorphosé en homme
aaaaa(dixit Ghérasim Luca).
aaaaaaaaaainsecte fait homme et.
et. que je respire. et. que je respire et. respire et. res. pire. cadence. et. res. pire. tout de même. un peu. et. par des poumons autres. et. extérieurs. et. des poumons du dehors et. des poumons dans. un autre corps. et des poumons. et… »

DISSONANCES #20 | MAMAN
La malangue
« maman
me parl
e mama
n dit je p
arle ma
man je p
arle le m
a man dè
s que j’ou
vre la bou
che c’ est
ma ma m
an que… »

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MARTIN Lionel-Edouard (extraits) https://revuedissonances.com/martin-lionel-edouard-extraits/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:34 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3125 DISSONANCES #20 | MAMAN Dolentem cum filio  « Sans lieu ni date Quand mon père m’appelait pour frapper ses factures, c’était en sous-sol, dans l’arrière-cuisine où il avait établi son bureau d’artisan. Je m’asseyais près du vinaigrier de grès, jarre naine greffée d’oreillettes. Dans son ventre hermétique dormait la mère en forme de cette molle silencieuse visqueuse délivrance…Lire la suite MARTIN Lionel-Edouard (extraits)

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DISSONANCES #20 | MAMAN
Dolentem cum filio 
« Sans lieu ni date
Quand mon père m’appelait pour frapper ses factures, c’était en sous-sol, dans l’arrière-cuisine où il avait établi son bureau d’artisan. Je m’asseyais près du vinaigrier de grès, jarre naine greffée d’oreillettes. Dans son ventre hermétique dormait la mère en forme de cette molle silencieuse visqueuse délivrance d’accouchée qu’on percevait quand, soulevant le couvercle, on y jetait un fond de vin – toujours à souples gestes, précautionneux : c’est qu’on redoutait plus que tout son éveil et qu’elle se mît à parler comme parlaient, dans la vieille Histoire, ouvertes au couteau par l’haruspice et balbutiant le destin, les entrailles des bêtes entre le fiel et l’aorte.

Sans lieu ni date
Barques et brochets sont veufs des battoirs et de la crasse rituelle – que reste-t-il des lessives d’antan ? Démoli, le lavoir est tout juste un souvenir, où clapotent les draps jetés en amont de la rivière, puis flottés, empoignés par les coins, déferlant vers la mer.
La lavandière agenouillée rince le temps, fait voguer sa caresse dans le… »

 

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MUNN Derek (extraits) https://revuedissonances.com/munn-derek/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:34 +0000 http://revuedissonances.com/?p=333 DISSONANCES #31 | DÉSORDRES Manger donne faim « il fait chaud elle a froid elle dort dans un bain d’eau refroidie puis elle est debout tombée entre deux sommeils, c’est la guerre dit sa fille mais sa fille n’est pas là elle n’est pas rentrée, t’inquiète pas les sirènes font tourner l’air les gyrophares rendent aigre le…Lire la suite MUNN Derek (extraits)

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DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
Manger donne faim
« il fait chaud elle a froid elle dort dans un bain d’eau refroidie puis elle est debout tombée entre deux sommeils, c’est la guerre dit sa fille mais sa fille n’est pas là elle n’est pas rentrée, t’inquiète pas

les sirènes font tourner l’air les gyrophares rendent aigre le blême elle ne les voit pas c’est en bas c’est plus loin de temps à autre le calme revient soudain pire encore, pour ça qu’elle a mis la télé entendre les gens rire elle ne regarde pas les murs vacillent les rideaux s’en moquent, des cons dit sa fille des cons qui nous prennent pour des cons, elle parle comme elle mange comme elle court, t’inquiète pas

les voisins regardent une autre chaîne ils ne rient pas en même temps, mais si c’est la guerre c’est perdu d’avance ma fille, tu parles on n’a rien à perdre, elle n’est pas rentrée n’a rien mangé, t’inquiète pas crois pas ce qu’ils te disent l’info ce n’est pas de l’information regarde dit sa fille notre homme-drapeau, à l’écran une tête à la peau blafarde bleutée sur... »

DISSONANCES #25 | LA PEAU
Un texte mal dans sa peau
« La peau. Tout. Rien.
En parler, inventer quelque chose.
J’avais une idée. Ça commençait : Mon pauvre, un Land Rover s’enliserait dans tes plis. C’est une femme qui parle. Elle parle en faisant son repassage. Elle râle. Se plaint du temps passé, des coups pris, une vie perdue dans le trop tôt, le trop tard, le trop cher, le trop peu de temps. On finit par comprendre que ce qu’elle repasse est le corps de son mari. Elle tente de le remettre à neuf comme une énième chemise. Je n’arrive pas à décider s’il est déjà mort ou simplement mourant, impuissant. Bien qu’elle soit nouvelle, il me semble avoir écrit cette histoire trop de fois déjà, elle est terne, stagnante. Une peau s’est formée dessus comme sur du lait chaud refroidi. Ça la rend dégoûtante. Je l’abandonne.
Mais elle continue d’exister, inutile de… »

DISSONANCES #21 | LE VIDE
Carnet des antijours
« Leudi. Quand j’ai quitté l’hôpital le soleil a obliqué, le monde m’a tourné le dos. Autour du parking plein de voitures vides, on coupait l’herbe. L’appartement ne m’attendait pas, surtout le salon. Ses couleurs ont vieilli, la moquette a poussé. Je ne trouve pas ma place dans cette absence.

Dimardi. Je ne m’éloigne pas de la cuisine. Même si c’est d’ici que suis parti. À cause du blanc. Tout tendait vers le blanc. Je me souviens. Je m’effaçais par touches, ma tête était légère comme une cannette vide, je pensais à l’écraser avec mes doigts. Je me suis dit, entre maintenant et de l’autre côté de la cuisine il y aura des pièges. Je ne pouvais rien faire. Par terre, le sac des courses s’est affaissé, des tomates roulaient sur le sol. Puis je me suis repris, me suis dit, il faut manger, parce qu’il faut manger, parce que. Et je me suis fait en soupe. Je me rappelle, il semblait important d’ajouter de la verdure. Quelques feuilles de salade fanée, du basilic. Je mijotais dans une boue visqueuse. Deux parmi les bulles remuées par l’ébullition étaient mes yeux. La vapeur enrobait ma vision. Mais le pain était sec, j’aurais dû… »

DISSONANCES #20 | MAMAN
Mamanville 
« Sens mes lèvres
Quoi ?
Sens-les. Ça te rappelle quelque chose ?
Un mauvais simulacre chimique qui s’imagine fraise ?
Non, c’est les bisous de maman.
Notre mère ne puait pas comme ça.
T’es affreux. Et dis pas mère. Ils le disent dans la brochure. Maman. Prends un bonbon, ça t’adoucira. Ils étaient en cadeau dans la chemise, il y a un DVD aussi.

Parfumé comme les lèvres, le bonbon réveille une sensation ambiguë. Il voit que les traces de l’infiltration sont réapparues dans le coin au-dessus de la fenêtre. Sa sœur venait de repeindre lors de sa dernière visite. Elle lui en a parlé longuement du calvaire de cette tache, la fuite à son origine, la dispute avec les voisins, le syndic, l’… »

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DECOURT Guillaume (extraits) https://revuedissonances.com/decourt-guillaume-extraits/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:33 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1162 DISSONANCES #26 | ANIMAL(S) Le bestiaire « Tu seras ma guenon ma femme primitive Et tu m’initieras aux rites des gibbons Agitant sous mon nez ton cul rose bonbon Aux rythmes saccadés de vos danses lascives Mais l’Africaine outrée me traite de colon Tu seras ma jument ma femme poulinière Et je te monterai à cru par goût…Lire la suite DECOURT Guillaume (extraits)

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DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
Le bestiaire

« Tu seras ma guenon ma femme primitive
Et tu m’initieras aux rites des gibbons
Agitant sous mon nez ton cul rose bonbon
Aux rythmes saccadés de vos danses lascives

Mais l’Africaine outrée me traite de colon

Tu seras ma jument ma femme poulinière
Et je te monterai à cru par goût du risque
Cinglant de ma cravache ta croupe d’odalisque
Pour que tu te cabres et que tu m’envoies en l’air

Mais la fermière outrée me traite de pervers

Tu seras ma cochonne ma femme suidée
Et je savourerai boursouflé sous la couette
Tes pipes en écumes lubriques et bien… »

DISSONANCES #24 | LE MAL
Récolte

« Tout bien considéré
Je suis en état de siège

Vous m’avez engraissé
Affectueusement
Et présentement
Vous assoyez sur moi sans mot dire

Certaines choses vont d’elles-mêmes
Ici-bas l’on ne passe plus à gué
La colonne
Vertébrale s’est faite promontoire

Et ça craque de… »

DISSONANCES #20 | MAMAN
Je veux
« Je veux
Qu’à ma mort on m’enterre
En respectant
Les rites funéraires Mélanésiens
Pas n’importe lesquels
Non
Précisément ceux des Maories
Ces têtes tatouées
Momifiées
Scarifiées
Voilà

Je veux
Qu’on exhume mon corps
Qu’on le décapite
Et qu’on... »

 

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MARTIN Lionel-Édouard | La vieille au buisson de roses https://revuedissonances.com/martin-lionel-edouard-vieille-buisson-de-roses/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:31 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3082 Coup-de-coeur d’Alban ORSINI pour La vieille au buisson de roses de Lionel-Édouard MARTIN DISSONANCES #20 La Vieille au Buisson de Roses conte l’histoire de trois solitudes rurales : celle de la Vieille, personnage haut en couleurs, indubitable écho des aînées respectées, résurgence de ces recluses acariâtres et bigotes dont on se souvient si bien, celle du Comte, richissime isolé de…Lire la suite MARTIN Lionel-Édouard | La vieille au buisson de roses

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Coup-de-coeur d’Alban ORSINI pour La vieille au buisson de roses de Lionel-Édouard MARTIN
DISSONANCES #20

La Vieille au Buisson de Roses conte l’histoire de trois solitudes rurales : celle de la Vieille, personnage haut en couleurs, indubitable écho des aînées respectées, résurgence de ces recluses acariâtres et bigotes dont on se souvient si bien, celle du Comte, richissime isolé de terres immenses métronomiquement rappelées au klaxon complice du facteur, figure emblématique et mystérieuse d’une campagne désertée, celle du cabot galeux et malaimé Diurc, un chien qui a l’étrange faculté de chanter la messe en latin et d’importuner son petit monde. Entremêlé de chats que l’on noie, de volailles que l’on déplume et que l’on bout sur le devant de la porte, de lampes à pétrole chéries comme des saintes, le livre se déploie dans toute sa mesure non plus dans l’histoire seule mais dans la langue même, et au-delà, par la langue et pour la langue. Qu’il s’agisse des réflexions sur le pourquoi du langage, sur le pouvoir des objets à raconter l’histoire, du talent érudit de Lionel-Edouard Martin à choisir le mot juste, tout contribue dans ce roman à faire de l’écrit un plaisir gourmand tant tout y coule admirablement : à recommander chaudement.

éd. Le Vampire Actif, 2010
204 pages
Prix : 15€

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ADRIANSEN Sophie (extraits) https://revuedissonances.com/adriansen-sophie-extraits/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:19 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3151 DISSONANCES #20 | MAMAN Troisième visite « La sonnette du portail et le gong de la comtoise retentissent avec une synchronisation parfaite. Elle est fatiguée à l’idée de leur faire faire à nouveau le tour du propriétaire, fatiguée du poids de son ventre. Elle se sent massive, horloge violon pleine d’un mouvement qu’elle ne contrôle pas. Patrick est…Lire la suite ADRIANSEN Sophie (extraits)

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DISSONANCES #20 | MAMAN
Troisième visite
« La sonnette du portail et le gong de la comtoise retentissent avec une synchronisation parfaite.
Elle est fatiguée à l’idée de leur faire faire à nouveau le tour du propriétaire, fatiguée du poids de son ventre. Elle se sent massive, horloge violon pleine d’un mouvement qu’elle ne contrôle pas.
Patrick est dans son atelier. Depuis qu’il s’est pris de passion pour les entrailles des carillons, il leur consacre soirées et week-ends.

Elle aime cette maison. La clepsydre de sa vie ici se vide avec fatalisme. Après leur mariage, ils ont emménagé dans un appartement en pierres claires et colombages, derrière le campanile ; un lieu qui a donné, au fil des saisons, tout son sens au mariage. Elle a pris la mesure de ce qu’était le quotidien avec un homme, sa rudesse, l’invariable fréquence à laquelle les vibrantes douleurs se plantent en elle comme dans une cible. Elle a compris pourquoi l’hyménée est appelé lit. Elle s’y est résignée, automate oscillant sans plaisir au rythme de l’instrument, ressort humide faisant les mêmes gestes mécaniques.

Le couple est devenu famille avec l’arrivée de… »

 

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ANON Ed (extraits) https://revuedissonances.com/anon-ed/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:17 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3143 DISSONANCES #20 | MAMAN Débordement « L’eau déborde Maman va me gronder Comme toujours quand L’eau déborde elle déborde toujours quand Maman va... »  

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DISSONANCES #20 | MAMAN
Débordement
« L’eau déborde
Maman va me gronder
Comme toujours quand
L’eau déborde elle déborde toujours quand
Maman va... »

 

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HANDSCHIN P.N.A – Ma vie https://revuedissonances.com/handschin-p-n-a-vie/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:16 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3090 Coup-de-coeur de David MARSAC pour Ma vie de P.N.A HANDSCHIN DISSONANCES #20 Cet ovni littéraire est construit sur le principe de l’accumulation.Cet ovni littéraire est construit sur le principe de l’accumulation. Ma vie défie toute approche narrative, brouille les repères spatio-temporels, exige la soumission du lecteur à un monde dérouté, contredit d’une phrase à l’autre. Chef-d’œuvre de la littérature volatile,…Lire la suite HANDSCHIN P.N.A – Ma vie

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Coup-de-coeur de David MARSAC pour Ma vie de P.N.A HANDSCHIN
DISSONANCES #20

Cet ovni littéraire est construit sur le principe de l’accumulation.Cet ovni littéraire est construit sur le principe de l’accumulation. Ma vie défie toute approche narrative, brouille les repères spatio-temporels, exige la soumission du lecteur à un monde dérouté, contredit d’une phrase à l’autre. Chef-d’œuvre de la littérature volatile, rien dans son contenu n’est linéaire hormis le fragile contact des yeux avec le texte. Autobiographie mobile, concaténation encyclopédique, réalisme bègue, Ma vie est à l’image du patronyme de son auteur : suspect d’invention. De même, les références érudites qui saturent le texte ont l’air fictives dans le même temps où les figures de Paul Hisson ou de Grégor Gonzola signalent la grossièreté de la posture romanesque. Face à cette compulsion taxinomique, le lecteur est sommé de choisir ses parcours de lecture, de stabiliser ses hallucinations au fil des allusions, des retours du même, des déroutes de la variation. À moi, les trames juive et psychiatrique m’ont paru dire le vrai de cette vie étonnante de P.N.A. HANDSCHIN. En littérature, les machines volantes ont désormais un nom.

éd. Argol, 2010
380 pages
19 euros

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VINAU Thomas | Tenir tête à l’orage https://revuedissonances.com/vinau-thomas-tenir-tete-a-lorage/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:13 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3071 Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Tenir tête à l’orage de Thomas VINAU DISSONANCES #20 Des instantanés. Courts poèmes bricolés de mots simples. Une fausse simplicité. De celle qu’on retrouve dans Journal japonais ou Il pleut en amour de Richard Brautigan. Nulle volonté d’en mettre plein la vue. Minimalisme. Pas si éloigné du haïku parfois. La forêt, le fossé, la…Lire la suite VINAU Thomas | Tenir tête à l’orage

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Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Tenir tête à l’orage de Thomas VINAU
DISSONANCES #20

Des instantanés. Courts poèmes bricolés de mots simples. Une fausse simplicité. De celle qu’on retrouve dans Journal japonais ou Il pleut en amour de Richard Brautigan. Nulle volonté d’en mettre plein la vue. Minimalisme. Pas si éloigné du haïku parfois. La forêt, le fossé, la brindille soulevée par le vent, l’ombre d’un chien égaré ne sont jamais bien loin. Une cabane et une fenêtre ouverte, l’œil du poète vers le dehors. On pense aussi aux univers de Jim Harrison et de Walt Whitman. Des mots qui, comme la flèche, touchent avec précision leur cible. Au cœur de l’émotion revigorante : « Mets-toi dans le sens de la terre et germe. »
Très actif dans les revues littéraires, Thomas Vinau creuse sa place dans le microcosme poétique. Il a déjà beaucoup publié. Son blog est une petite merveille riche d’un tas de belles pépites. Au-delà des poèmes, entre les respirations, dans un amour de la vie empreint d’une touche de mélancolie, ce jeune auteur excelle à restituer les variations de lumière auxquelles il est ultrasensible. On est déjà plus d’un à le penser : ce sera peut-être lui qui écrira le livre que nous attendons tous.

éd. Noir & Blanc, 2010
74 pages
12 euros

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DI MARIA Philippe (extraits) https://revuedissonances.com/di-maria-philippe-extraits/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:12 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3136 DISSONANCES #20 | MAMAN La naissance « …et le sort en est jeté ici ailleurs partout là est-ce toi hier qui apporta l’amour que je n’ai pas saisi à ce moment quand j’essayais de sentir l’éclat d’étoile en toi est ce toi ou est-ce l’autre à côté de toi ou est-ce l’autre à côté de l’autre qui est toi…Lire la suite DI MARIA Philippe (extraits)

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DISSONANCES #20 | MAMAN
La naissance
« et le sort en est jeté ici ailleurs partout là est-ce toi hier qui apporta l’amour que je n’ai pas saisi à ce moment quand j’essayais de sentir l’éclat d’étoile en toi est ce toi ou est-ce l’autre à côté de toi ou est-ce l’autre à côté de l’autre qui est toi que je dois aimer quand j’ai écouté Maman sur tes lèvres rousses de Mars j’ai lu ton cœur silex j’ai écouté ce qu’est l’amour dis-le dis-le moi transmets-le moi injecte-le moi inocule-le moi avec la luciole de ton iris seringue dont j’ai vu briller l’érubescent acier dans la lune de ton regard sélénite parmi les regards des autres regards des autres femmes des autres mères e lucevan le stelle se souvenir de tout pour trouver quand tout a commencé à commencer par ce moment crucial de ma naissance d’où sourd la question de savoir si tu étais déjà là au départ si ton essence suintait en moi dès ce moment précis de ma naissance puis s’est endormi jusqu’à l’étincelle d’hier si c’est ton sourire qui réveilla la semence ensommeillée je veux savoir si l’amour est le siamois dissimulé de l’existence qui attend ainsi que sonne son heure au seuil des sentiments ou est-ce ce silence qui se manifeste sans arrêt et c’est ainsi que les choses sont faites ça y est je suis là tu me dis réveille-toi tête dure cœur assoupi c’est... »

 

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BLONDEAU Philippe (extraits) https://revuedissonances.com/philippe-blondeau/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:09 +0000 http://revuedissonances.com/?p=153 DISSONANCES #29 | TABOU « Sans tabou » « « Sans tabou » s’entend communément comme un écho de confidences modérément salaces pour émission de fin de programme, comme une révélation de choses-très-intimes à destination de publications pour adultes. Le « sans tabou » est le scabreux propre, qui flirte avec la perversion tout en se défendant de la pornographie. Sous cette…Lire la suite BLONDEAU Philippe (extraits)

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DISSONANCES #29 | TABOU
« Sans tabou »
« « Sans tabou » s’entend communément comme un écho de confidences modérément salaces pour émission de fin de programme, comme une révélation de choses-très-intimes à destination de publications pour adultes. Le « sans tabou » est le scabreux propre, qui flirte avec la perversion tout en se défendant de la pornographie. Sous cette forme banalisée, il est la version édulcorée de la révolution des mœurs qui appelait à vivre sa sexualité « sans tabou », en brisant les règles et les rites.
Depuis quelques années, le « sans tabou » a fait une entrée insidieuse dans le champ du politico-médiatique. À côté du développement durable, du syndicalisme d’accompagnement et autres escroqueries intellectuelles, il figure en première ligne des vanités contemporaines – autrement dites concepts à la con. Comme… »

DISSONANCES #20 | MAMAN
Blâme funèbre de la mère
« Vous nous aurez gâtés de vos tendresses, au fond. Nous étions si bien, crucifiés au calvaire de vos membres profonds et doux, que nous aurons mal résisté aux exigences plus rudes d’un âge d’homme, comme on dit. Vos gestes tout penchés, votre visage à l’air vague auréolé d’un ennui supérieur, vos mains berçant nos corps de pauvres christs tordus, semblables à ceux qu’on voit dans des églises de province égarées, tout cela nous aura dès longtemps préparés à la passion des faibles.
Puis, tout à coup, vous nous avez manqué. Vous vous étiez détournée ; vous nous aviez oubliés et, à votre place, plus rien qu’une tache grattée sur une vielle photographie d’enfance. Pourquoi avez-vous fait de votre absence ce trou noir par où pendent des bouts de néant ?
Nous vous en voulons de n’être plus là, et nous vous en voulons pourtant de votre présence éternellement attachée à nous comme une loque. Vous nous avez laissé avec votre ombre un vêtement de trop qui nous embarrasse ; vous nous avez laissé, comme un... »

 

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PREVOTEAU Gisèle (extraits) https://revuedissonances.com/prevoteau-gisele-extraits/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:04 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3113 DISSONANCES #20 | MAMAN Toi  « Tes yeux disent l’atoll où s’est réfugiée ton âme, dans une solitude orgueilleuse où seule la cigarette a sa place. Sur le lit de ta chambre tu trônes, un livre de la Série noire posé à tes côtés. Le monde défile dans la froideur de ton regard vert… où je n’existe pas.…Lire la suite PREVOTEAU Gisèle (extraits)

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DISSONANCES #20 | MAMAN
Toi 
« Tes yeux disent l’atoll où s’est réfugiée ton âme, dans une solitude orgueilleuse où seule la cigarette a sa place. Sur le lit de ta chambre tu trônes, un livre de la Série noire posé à tes côtés. Le monde défile dans la froideur de ton regard vert… où je n’existe pas.
Au pied du lit, je te regarde, je t’observe, je t’admire, je t’attends. Et je ne sais pas encore, du haut de mes centimètres d’enfance, que je t’attendrai longtemps, en vain.

Seule existe ta vie, seule compte ta silhouette. « Est-ce que tu me trouves belle ? » Voilà ta question favorite à laquelle je réponds avec passion.

Tu rêves de Paris. Tu me parles des Grands Boulevards, ta main reste suspendue au bout d’une volute dessinée dans l’air d’où s’évanouit toute volupté. Tu refais le film de tes promenades sur les Champs Élysées et tu racontes une fois encore comment le maître d’hôtel de chez Lasserre t’apporta une minuscule cassolette en porcelaine, représentant la… »

 

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DAULL Manuel | Les oiseaux, peut-être https://revuedissonances.com/daull-manuel-oiseaux-etre/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:04 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3096 Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Les oiseaux, peut-être de Manuel DAULL DISSONANCES #20 Une seule phrase : de 55 pages, sans début majuscule ni point final. Une seule phrase, au hasard : « je suis mieux […] ici que dans ma chambre où l’horizon restreint ne s’oublie que la nuit, si je dormais ». Pierre Lorenz ouvre des livres au hasard et perd le…Lire la suite DAULL Manuel | Les oiseaux, peut-être

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Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Les oiseaux, peut-être de Manuel DAULL
DISSONANCES #20

Une seule phrase : de 55 pages, sans début majuscule ni point final. Une seule phrase, au hasard : « je suis mieux […] ici que dans ma chambre où l’horizon restreint ne s’oublie que la nuit, si je dormais ». Pierre Lorenz ouvre des livres au hasard et perd le sommeil dans un hôtel loin de la ville. On pressent que l’endroit deviendra autre chose, un sanatorium zweiguien ou une maison de repos, que Lorenz aura besoin de deux femmes pour retrouver ce qui manque aux hommes : l’usage des mots. Il y aura Orlane Dubois, qui regarde par la fenêtre les oiseaux de la forêt toute proche, et son double sexuel. Trois personnages Nouvelle Vague qui se contentent d’exister, égarés dans la salle à manger nouveau roman de l’hôtel. À force, les mots aussi se mettent à errer sur la page et menacent de se décrocher, on se souvient de la forme de l’écriture chez Selby. Plus tard il y aura un accident, on tentera peut-être de réduire les oiseaux au silence, mais au fond peu importe. Car c’est avant tout à une question de forme que répond Manuel Daull, et de mise en espace, loin des évidences du langage.

éd. Cambourakis, 2010
64 pages
8 euros

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DISSONANCES #20 MAMAN https://revuedissonances.com/dissonances-20-maman/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:03 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3043 mai 2011 / 32 pages / 3 euros mise en images : Milady RENOIR – ÉDITO : CARTOGRAPHIE DE(S) MAMAN(S) Chez le psychanalyste, elles ont tous les torts : surprotection, castration symbolique, inceste latent… la liste est longue. Quinze auteurs ont été retenus pour donner à entendre l’écho de leur cri primal et la photographe Milady Renoir nous offre quelques-unes de ses visions.…Lire la suite DISSONANCES #20 MAMAN

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mai 2011 / 32 pages / 3 euros
mise en images : 
Milady RENOIR

ÉDITO : CARTOGRAPHIE DE(S) MAMAN(S)

Chez le psychanalyste, elles ont tous les torts : surprotection, castration symbolique, inceste latent… la liste est longue. Quinze auteurs ont été retenus pour donner à entendre l’écho de leur cri primal et la photographe Milady Renoir nous offre quelques-unes de ses visions.

TA MAMAN VA ADORER
(stratégie marketing : parution pour la Fête des Mères)

Méfiez-vous tout de même : la mienne (ma maman) déteste DISSONANCES (« Ceux qui lisent ça sont des pervers »). Peu de sexe ici mais beaucoup trop pour ma maman. Je parle trop de ma maman. Je ne veux pas vous saouler plus longtemps : place aux polytraumatisés, aux rescapés, à la marmaille, aux angles d’attaque surprenants et subtils.

Message personnel : Maman, rien pour toi n’est plus excitant que la page décès de Ouest France (et le bulletin paroissial) mais Papa lit DISSONANCES en cachette à quatre heures du matin (il sait que si tu le surprends dans sa lecture, tu vas lui faire un sketch : « Ta mère va encore m’agonir »).

Christophe ESNAULT

DOSSIER « CRÉATION » : MAMAN

Sophie ADRIANSEN : Troisième visite
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

Les AMANTS GLUANTS : Depuis des générations 
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

Ed ANON : Débordement
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

Philippe BLONDEAU : Blâme funèbre de la mère
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

Marc BONETTO : Aurore
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

Guillaume DECOURT : Je veux
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

Philippe DI MARIA : La naissance
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

Lionel FONDEVILLE : Mon cul c’est de la porcelaine
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

Sabine HUYNH : Les mères invisibles
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

Alban LÉCUYER : Mammifère
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

Lionel-Edouard MARTIN : Dolentem cum filio
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

Derek MUNN : Mamanville
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

Dominique PASCAUD : Billets doux
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

Eric PESSAN : L’accord
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

Gisèle PREVOTEAU : Toi
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

Yannick TORLINI : La malangue
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

Catherine YSMAL : Écho(-graphie) 
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

 

IMAGES : Milady RENOIR

« D’un ventre à l’autre, de partage à tâche, il est une maternité par femme. Une mère par homme. Les identités meurtrières, les miroirs brisés, tous ces corps motorisés, schématisés avec une transmission sanguine, une veine émotionnelle. Toutes les mêmes, sauf ma mère, par… »

 

RUBRIQUES « CRITIQUE »

QUESTIONS À (21 questions à un(e) auteur(e) connu(e)) :
Mathieu RIBOULET
« Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ? Pour, dans, sur, avec, toujours jusqu’ici j’ai fait mienne l’injonction de Paulhan : la poésie doit être un éloge. Et même quand j’écris contre, j’essaie de passer par les canaux du… »

REGARDS CROISÉS (sur une oeuvre remarquable)  :
Madman Bovary (CLARO)
« On connaissait le syndrome de Stendhal, cet état de folie, de confusion mentale provoqué par la contemplation d’une oeuvre d’art, Claro invente un syndrome de Flaubert avec un récit qui nous entraîne dans une plongée vertigineuse au cœur de... »

À SUIVRE (6 coups-de-cœur de lecture)  :
Manuel DAULL : Les oiseaux, peut-être – éd. Cambourakis
« Une seule phrase : de 55 pages, sans début majuscule ni point final. Une seule phrase, au hasard : « je suis mieux […] ici que dans ma chambre où l’horizon restreint ne s’oublie que la nuit, si je dormais ». Pierre Lorenz ouvre des,… »
P.N.A HANDSCHIN : Ma vie – éd. Argol
« Cet ovni littéraire est construit sur le principe de l’accumulation. Cet ovni littéraire est construit sur le principe de l’accumulation. Ma vie défie toute approche narrative, brouille les repères spatio-temporels, exige la soumission du lecteur à… »
Jean-Charles LEVY : Marge occupée – éd. Les Doigts dans la prose
« D’entrée à fond de train, Jean-Paul Sartre à vélo, enragé (E.P.O ?), sprinte à mort sur Céline qui, dans une véronique d’un style oral parfait, évite le missile qui s’écrase à ses pieds : olé ! Mais l’attentat déjoué dès les premières lignes de ce… »
Lionel-Édouard MARTIN : La vieille au buisson de roses – éd. Le Vampire Actif
« La Vieille au Buisson de Roses conte l’histoire de trois solitudes rurales : celle de la Vieille, personnage haut en couleurs, indubitable écho des aînées respectées, résurgence de ces recluses acariâtres et bigotes dont on… »
Maurice MOURIER : Ajoupa-Bouillon – éd. EST-Samuel Tastet
« Gobert de Bouillon, avant de trépasser en 1680, fit construire sur la pente de la Montagne Pelée une résidence, ajoupa en créole, qui signifie abri. Cet abri dut être rudement costaud pour que deux siècles plus tard naquît… »
Thomas VINAU : Tenir tête à l’orage – éd. Noir & Blanc
« Des instantanés. Courts poèmes bricolés de mots simples. Une fausse simplicité. De celle qu’on retrouve dans Journal japonais ou Il pleut en amour de Richard Brautigan. Nulle volonté d’en mettre plein la vue. Minimalisme. Pas si éloigné du… »

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LEVY Jean-Charles | Marge occupée https://revuedissonances.com/levy-jean-charles-marge-occupee/ Wed, 18 Oct 2017 17:00:01 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3085 Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Marge occupée de Jean-Charles LEVY DISSONANCES #20 D’entrée à fond de train, Jean-Paul Sartre à vélo, enragé (E.P.O ?), sprinte à mort sur Céline qui, dans une véronique d’un style oral parfait, évite le missile qui s’écrase à ses pieds : olé ! Mais l’attentat déjoué dès les premières lignes de ce roman foutraque n’est qu’une mise en…Lire la suite LEVY Jean-Charles | Marge occupée

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Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Marge occupée de Jean-Charles LEVY
DISSONANCES #20

D’entrée à fond de train, Jean-Paul Sartre à vélo, enragé (E.P.O ?), sprinte à mort sur Céline qui, dans une véronique d’un style oral parfait, évite le missile qui s’écrase à ses pieds : olé ! Mais l’attentat déjoué dès les premières lignes de ce roman foutraque n’est qu’une mise en bouche, et bouchées doubles donc (voire triples) à la suite car nous sommes à Paris en pleine Occupation, c’est l’été 42 et un bordel sans nom : entre autres personnages échappés à leurs pages et pipoles déjantés (ça fourmille de partout), Julien Sorel cavale sans lâcher son échelle, Madame de Rênal et la Princesse de Clèves attaquent la Milice (chassent-croisent BHL, Gavroche ou Chevillard), Dieu tombe sur une patrouille et Grégoire Samsa se fait remettre en place par Freud le pornographe – entre autres je disais : c’est comme ça sans arrêt ! Méta-littérature bouffonne et électrique, érudite, sarcastique, Marge occupée attaque, concasse mythes et bon goût, mêle outrancièrement jouissance langagière, jeux avec le lecteur (ses nerfs, ses convictions), nihilisme et santé : c’est la panique au Flore et c’est diantrement bon !

éd. Les doigts dans la prose, 2010
148 pages
12 euros

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LOVERA VITALI Corinne | Ce qu’il faut https://revuedissonances.com/lovera-vitali-corinne-quil-faut/ https://revuedissonances.com/lovera-vitali-corinne-quil-faut/#comments Mon, 16 Oct 2017 22:39:52 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2911 Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Ce qu’il faut de Corinne LOVERA VITALI DISSONANCES #32 Passablement secoué, je repose Ce qu’il faut et j’écoute le silence de la nuit au-dehors alors que dans ma tête résonnent lancinants les échos très profonds de cette voix singulière (disgressive, obstinée, hypnotique, écorchée : « il y a un temps après que ceux que l’on aime sont morts brutalement…Lire la suite LOVERA VITALI Corinne | Ce qu’il faut

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Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Ce qu’il faut de Corinne LOVERA VITALI
DISSONANCES #32

Passablement secoué, je repose Ce qu’il faut et j’écoute le silence de la nuit au-dehors alors que dans ma tête résonnent lancinants les échos très profonds de cette voix singulière (disgressive, obstinée, hypnotique, écorchée : « il y a un temps après que ceux que l’on aime sont morts brutalement où tout est source de mort tout a ce pouvoir tout peut tuer tout va tuer brutalement y compris ce qui les a tués qui ne peut plus les tuer mais qui va continuer… ») qui m’a enveloppé et ravi à moi-même pour me faire descendre au Styx qui coule en nous et qu’ont passé tous ceux qui nous ont condamnés à la perpétuité de l’absence sans retour. Poème en dix-neuf chants d’amour et de douleur, Ce qu’il faut dit (et plus : fait sentir pour de vrai) l’injustice absolue de la disparition, le chaos qui s’ensuit et la difficulté de survivre aux morts proches, l’extrême imbrication et la fragilité de nos destins mêlés, et que nous ne sommes au fond que la somme de ceux qui nous ont précédés, accompagnés, quittés. Et le propos bien sûr n’est nullement « d’adoucir ce qui ne peut pas l’être et ça n’a pas à voir non plus avec ce qu’on appelle le deuil qui est une commodité de syntaxe un nom de code qui signifie peu il faut être plus précis » mais peut-être simplement de convoquer les mânes pour danser avec eux dans le temps retrouvé de l’innocence perdue suspendu et vibrant au-dessus du néant par le pouvoir immense (même si dérisoire) du langage (« quand on écrit sa vie durant on peut esquisser le passé en en réanimant les poussières dorées on peut l’empêcher de retomber sa vie durant »). Pour le dire autrement : c’est très beau, très puissant. Essentiel. Bouleversant.

éd. publie.net, 2016
184 pages
17 €

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DAGTEKIN Seyhmus | À l’ouest des ombres https://revuedissonances.com/dagtekin-seyhmus-a-louest-ombres/ Mon, 16 Oct 2017 22:33:13 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2906 Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour À l’ouest des ombres de Seyhmus DAGTEKIN DISSONANCES #32 « La poésie est cette force de résistance que chacun peut, que chacun doit opposer à l’oppression, pour qu’une existence sans oppression puisse être possible entre tous les vivants ». C’est sur cette « Invitation à sortir de l’abîme », manifeste poétique et politique, que s’ouvre le recueil de Seyhmus…Lire la suite DAGTEKIN Seyhmus | À l’ouest des ombres

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Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour À l’ouest des ombres de Seyhmus DAGTEKIN
DISSONANCES #32

« La poésie est cette force de résistance que chacun peut, que chacun doit opposer à l’oppression, pour qu’une existence sans oppression puisse être possible entre tous les vivants ». C’est sur cette « Invitation à sortir de l’abîme », manifeste poétique et politique, que s’ouvre le recueil de Seyhmus Dagtekin, À l’Ouest des ombres. Il y proclame le pouvoir de lutte et de fraternité de la parole poétique, invitant le lecteur à « entrer dans un rapport d’égalité, d’échange et de découverte », car la poésie est « au centre des choses », « au cœur des êtres ». Le poète, lui, n’est plus le « voleur de feu », mais celui qui œuvre à « ce que chacun puisse voler de son propre feu » et « [vienne] avec sa part de feu réchauffer le déclin de l’autre ».
Un préambule dense et puissant qui concentre la démarche et l’engagement de l’auteur. Mais pour sortir véritablement de l’abîme, il faut se laisser porter par le flux poétique de Seyhmus, suivre ses fulgurances à travers les cinq parties du recueil. Sentir le souffle de cette poésie qui agite les éléments en embrassant la vie : « Sans que le verbe n’épuise le sommeil des sens / Celui qui me retrouve au-delà des sens / Un rêve vivant dans un bois dont on ne connaîtra pas la fin / Dans un mélange de temps et de terre / Qui tombe sur la forêt entre peur et rêve / Et pas un fantôme ne me dira si je suis perdu ou si je te retrouverais / Comme si là était ma manière de nous dire multiple » et se laisser soulever par ses aphorismes : « Nous nous fracasserons contre le peuple total qui aura une faim d’avance sur le rêve  ».
À l’ouest des ombres qui avilissent, s’élève la parole lumineuse de Seyhmus Dagtekin, « l’enivré de la goutte qui poursuit tes traces ».

éd. Le Castor Astral, 2016
121 pages
10 €

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SICARD Jacques | Abécédaire https://revuedissonances.com/sicard-jacques-abecedaire/ Mon, 16 Oct 2017 22:24:03 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2902 Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Abécédaire de Jacques SICARD DISSONANCES #32 Dédié à Gilles Deleuze, à son Abécédaire et au film réalisé en 1988 sur celui-ci par Pierre-André Boutang, l’Abécédaire de Jacques Sicard peut se lire et se relire en quinze minutes, à peu près le même temps que nécessite la lecture de la conférence donnée à la Femis en mai…Lire la suite SICARD Jacques | Abécédaire

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Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Abécédaire de Jacques SICARD
DISSONANCES #32

Dédié à Gilles Deleuze, à son Abécédaire et au film réalisé en 1988 sur celui-ci par Pierre-André Boutang, l’Abécédaire de Jacques Sicard peut se lire et se relire en quinze minutes, à peu près le même temps que nécessite la lecture de la conférence donnée à la Femis en mai 1987 par le philosophe. Je ne cesse depuis plusieurs années de revenir à ce texte intitulé Qu’est-ce que l’acte de création ? qui n’a pas été mis en valeur sous la forme autonome d’un joli petit livre à rabats mais seulement publié parmi d’autres. Jacques Sicard aurait pu publier son Abécédaire dans une revue, on lui aurait peut-être demandé de ramasser un peu son texte (jugé trop aéré) en optant par exemple pour quatre définitions (blocs de mouvements-durée ?) par page, mais il n’y aurait pas eu une ouverture au noir, une fermeture au noir, un texte d’Olivier Gallon (son éditeur-monteur). Alors, qu’est-ce que ce livre ? De la pensée en mouvement logée dans vingt-six rectangles (blancs-transposés-sur-un-espace-accueillant-la-forme-textuelle ?) ? En tous les cas, moi (lecteur-corps), j’ai marché un bon moment avec des phrases telles que «  L’amitié, c’est consentir à entrer dans les rêves d’un autre, et cela jusqu’au cauchemar, pour l’exclusive passion spectatrice qu’ils génèrent  » ou « le désir est toujours désir d’absence » et j’invite chacun à y aller de son Alphabet. Je commence par la lettre L : Libraire : Amoureux de littérature (et de poésie !) défendant essentiellement les textes publiés à la marge (les autres n’ont pas besoin de lui) et opérant de manière déterminée, plaçant le livre dans la main du chaland en disant : lecture(s) obligatoire(s).

éd. La Barque, 2014
40 pages
9 €

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FAYOLLE Marion | L’homme en pièces https://revuedissonances.com/fayolle-marion-lhomme-pieces/ Mon, 16 Oct 2017 22:13:27 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2898 Coup-de-coeur de David MARSAC pour L’homme en pièces de Marion FAYOLLE DISSONANCES #32 J’en ai fini avec les mots de la littérature. Je me mets au dessin. À la BD, l’illustration. Je cesse de lire. Je regarde. J’admire. Je tourne les planches. J’apprécie les couleurs, les formes, l’évocation des mythes : Ulysse et Galathée, entre autres. Ce livre n’appartient à aucun…Lire la suite FAYOLLE Marion | L’homme en pièces

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Coup-de-coeur de David MARSAC pour L’homme en pièces de Marion FAYOLLE
DISSONANCES #32

J’en ai fini avec les mots de la littérature. Je me mets au dessin. À la BD, l’illustration. Je cesse de lire. Je regarde. J’admire. Je tourne les planches. J’apprécie les couleurs, les formes, l’évocation des mythes : Ulysse et Galathée, entre autres. Ce livre n’appartient à aucun genre précis du genre auquel il appartient. Ni véritable BD, ni livre pour enfants, ni même roman graphique, son unité est sujette à caution. C’est une suite de fragments, vaguement reliés par la situation d’un couple qui s’aime et se sépare, se recompose par moitié dans une drôle de famille mal assortie, désaccordée : une demie fille et un demi garçon se retrouvent dans une maison faite de demis fauteuils, demies commodes, demis tableaux mal raboutés.
La tendance de ce récit sans mot est à la destruction, à la reconstruction, façon puzzle, d’une humanité qui a du mal à échapper aux pièces qui la composent. Tout part et se délite et se perd en morceaux dans ces miettes de récit : de la maison aux habitants qui tentent de l’habiter, du chat qui finit en pelote, de l’homme absent qu’une femme replie après avoir dîné, de la femme qui s’efface à l’éponge dans son bain, tout se désarticule, fout le camp, a du mal à tenir debout. À se montrer entier. L’humanité, c’est du morceau.
Les personnages de Marion Fayolle sont voués au cannibalisme et à l’autophagie comme à un destin. Chacun n’a qu’une idée : prendre possession de l’autre, pour disparaître dans sa carcasse et dans sa peau. L’habiter enfin. Le hanter. Devenir autre par une suite incessante de métamorphoses. Ce sera mon dernier mot.

éd. Magnani, 2015
64 pages
20 €

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LOUIS LAYAZ Michel | Louis Soutter, probablement https://revuedissonances.com/louis-layaz-michel-louis-soutter-probablement/ Mon, 16 Oct 2017 22:05:55 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2894 Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Louis Soutter, probablement de Michel LAYAZ DISSONANCES #32 Il promène sa drôle de silhouette le long de ces pages, Louis Soutter, violoniste de formation, issu d’une famille aisée, un jour marié et installé, le lendemain (encore dans la force de l’âge) envoyé pour toujours à l’asile par sa famille. Là, Louis est malheureux, il s’enfuit,…Lire la suite LOUIS LAYAZ Michel | Louis Soutter, probablement

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Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Louis Soutter, probablement de Michel LAYAZ
DISSONANCES #32

Il promène sa drôle de silhouette le long de ces pages, Louis Soutter, violoniste de formation, issu d’une famille aisée, un jour marié et installé, le lendemain (encore dans la force de l’âge) envoyé pour toujours à l’asile par sa famille. Là, Louis est malheureux, il s’enfuit, il revient, mais surtout il dessine et ses dessins l’ont fait entrer dans la postérité. Que s’est-il passé ? « Côtoyer Louis ne laissait personne indemne. Sa sensibilité à vif, constamment imprévisible, pouvait irriter ou fatiguer. Autour de lui, il arrivait que l’air se charge de nervosité, perde de sa paix. À beaucoup, Louis faisait peur. » Michel Layaz reconstitue le puzzle de la vie de Louis Soutter, en résonance avec l’hypersensibilité de son héros. Il ausculte les réactions probables de son entourage, affirme, tâtonne, joue avec l’histoire. Généralement taquine et vagabonde, l’écriture de Michel Layaz, dès qu’il s’agit de la peinture de Louis Soutter, se densifie, prend corps et chair. On sent toute la fascination de l’auteur pour cette œuvre et cette force créatrice inextinguible. Louis Soutter n’assimile aucune forme de cadre, dissout les murs, capte les vibrations de tout ce qui l’entoure pour en faire art. « Que voyait-on de si terrible sur ce papier ? Les dessins de Louis, quand on sait qu’ils réussissent, […] par leurs ondes et leur fluide, à mettre à nu notre chair, à éveiller sur notre peau des sensations anciennes qui appartiennent à un temps autre, celui d’une plénitude perdue, ou qu’ils créent dans l’esprit des images incertaines, heureuses ou honteuses, ensevelies sous le maçonnage moral, pourquoi continuer à les décrire ? » Un livre à l’image de son héros. Libre.

éd. Zoé, 2016
240 pages
17,50 €

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COSNAY Marie | Jours de répit à Baigorri https://revuedissonances.com/cosnay-marie-jours-de-repit-a-baigorri/ Mon, 16 Oct 2017 21:56:37 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2889 Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Jours de répit à Baigorri de Marie  COSNAY DISSONANCES #32 L’auteur évoque des bribes. Des notes prises au contact d’une cinquantaine de réfugiés partis de Calais pour un séjour de répit – terme qui dira l’épuisement, autant du refuge que de ceux qui l’occupent – dans un village du Pays basque français. Bribes de lieux, de rencontres,…Lire la suite COSNAY Marie | Jours de répit à Baigorri

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Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Jours de répit à Baigorri de Marie  COSNAY
DISSONANCES #32

L’auteur évoque des bribes. Des notes prises au contact d’une cinquantaine de réfugiés partis de Calais pour un séjour de répit – terme qui dira l’épuisement, autant du refuge que de ceux qui l’occupent – dans un village du Pays basque français. Bribes de lieux, de rencontres, de souvenirs ; bribes d’un discours où l’on s’autorise l’oubli et les je crois. «  Il se peut donc que les personnes citées ne se reconnaissent pas […], je n’aurais évoqué d’elles (de leurs paroles) que ce qui rencontrait quelque chose en moi. Je les aurais installées dans un paysage forcément reconstruit. Qui n‘est pas faux d’avoir été reconstruit. »
Tout au long de cette «  aventure d’hospitalité », Marie Cosnay ne cesse de poser la question du langage. Celui, magnifique d’imperfections, de la traduction. Celui, devenu inerte, des sigles (Cada, Ofii, Frontex, etc) qui jalonnent les parcours migratoires. Celui, peut-être le seul qui importe en fin de compte, du corps de ceux qui n’ont pas encore réussi à atteindre leur destination. « C’est très dangereux, les camions. Dix minutes pour passer mais si tu respires pas. On se comprend avec les gestes. Les deux doigts, un tout petit espace entre les deux, pour montrer le peu de souffle, de respiration. Le signe qu’on est terrassé, la tête de côté, comme endormi, ou mort. »
Émerge alors une économie de mots symétrique à celle qu’imposent les langues apprises dans l’urgence, de cette urgence qui pousse à témoigner et à écrire en dehors de soi, à partir de soi, jusqu’à combler la distance avec l’autre. « Au bout du monde, qu’est-ce que tu aurais, toi, à offrir, qui ne passe pas par la langue, qui soit collectif ? »

éd. Créaphis, 2016
72 pages
8 €

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HADDAD Hubert | L’êcre et l’étrit https://revuedissonances.com/lecre-letrit-hubert-haddad/ Mon, 16 Oct 2017 21:43:58 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2884 Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour L’êcre et l’étrit d‘Hubert HADDAD DISSONANCES #32 Quand la vie vient à manquer tout soudain – drame intime et planétaire -, il est un poète, hanté par la mort, ultra-sensible aux frémissements de la dépossession, pour nous rappeler que « Toutes choses font des signes au vivant ». Et lui, H.H., intarissable source, de nous conduire…Lire la suite HADDAD Hubert | L’êcre et l’étrit

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Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour L’êcre et l’étrit dHubert HADDAD
DISSONANCES #32

Quand la vie vient à manquer tout soudain – drame intime et planétaire -, il est un poète, hanté par la mort, ultra-sensible aux frémissements de la dépossession, pour nous rappeler que « Toutes choses font des signes au vivant ». Et lui, H.H., intarissable source, de nous conduire aux tréfonds de sa caverne tapissée de toutes les formes d’« un langage de l’occultation », éployant comme un ruban de rêve ses « débris de lumière » sur des tâches mouvantes, des esquisses trempées de suie, des corps lacérés, des idéogrammes vifs. Imaginez un livre bruissant de présences spectrales, ouvrant ses galeries comme autant d’ailes tatouées de protoglyphes de la pensée : coulées poétiques, paradoxes effarants, lyriques et farcesques parlent aux sens extrêmes. Ici, nulle vérité creuse à force de réversibilité mais des lambeaux de chairs inscrits dans la paroi d’une grotte, dans le pigment ténébreux de figures obsédantes : anges, corps nus, enfants, noyés, astres, désastres nourrissent une poésie à apprendre par cœur comme un collier de talismans contre la mort. «  L’être n’est pas perdu, il est la perte même ». Alors, le poète se fait mystique, veilleur et voyant du dedans même de la mort : il consulte les signes et les interprète de façon à ce que tous résonnent entre eux, non dans un pari de hasard électronique, mais dans le rêve d’une perception aiguë des harmoniques. L’êcre et l’étrit, ce chantier hallucinant où signe et figure, peinture et vers s’interpénètrent, est un Grand Œuvre qui renoue avec nos origines, qui tend la main à Antonin Artaud, Unica Zürn, Stani Nitkowski, à l’homme de Cro-Magnon.

éd. Jean-Michel Place, 2016
80 pages
29 €

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SAGALOVITSCH Laurent | Véra Kaplan https://revuedissonances.com/sagalovitsch-laurent-vera-kaplan/ Mon, 16 Oct 2017 21:30:16 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2878 Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Véra Kaplan de Laurent SAGALOVITSCH DISSONANCES #32 Alors qu’il vient passer quelques jours à Tel-Aviv dans l’appartement de sa mère décédée, un homme reçoit un courrier en provenance d’Allemagne. Les confidences posthumes d’une grand-mère – Vera Kaplan – dont il ignorait tout. Quelques pages qui éclairent le tabou qui l’entourait : Vera a pactisé avec…Lire la suite SAGALOVITSCH Laurent | Véra Kaplan

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Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Véra Kaplan de Laurent SAGALOVITSCH
DISSONANCES #32

Alors qu’il vient passer quelques jours à Tel-Aviv dans l’appartement de sa mère décédée, un homme reçoit un courrier en provenance d’Allemagne. Les confidences posthumes d’une grand-mère – Vera Kaplan – dont il ignorait tout. Quelques pages qui éclairent le tabou qui l’entourait : Vera a pactisé avec les nazis et traqué d’autres Juifs pour sauver sa propre vie. À travers deux cahiers – son journal de guerre mais aussi sa relecture a posteriori des événements – Vera raconte sa volonté farouche de sauver les siens, puis juste de se sauver elle-même. Mais aussi sa colère face à la résignation et à l’apathie de ses semblables. « Ils n’avaient plus rien à perdre, ils ne pouvaient plus rien espérer, et pourtant, semaine après semaine, jour après jour, heure après heure, je les voyais se dépêcher de grimper dans ces camions, se laisser insulter, cracher dessus, humilier, sans que jamais personne n’ose se révolter. Et cette passivité me rendait folle. » Un roman fort et dérangeant sur la force de vie et le refus du renoncement, pour lequel l’auteur s’est inspiré du destin de Stella Goldschlag, condamnée après-guerre pour avoir dénoncé des centaines de Juifs, et qui n’a jamais tenté de s’excuser. « Je n’ai jamais minimisé le poids de mes fautes ni la gravité de mes actes. Je ne me suis jamais complue dans le déni. Si j’avais pu éviter de me comporter de la manière dont je me suis comportée, je l’aurais fait. Simplement je n’ai pas eu le choix. Et j’ai eu raison. » Le destin amoral et atypique d’une petite fille juive née à Berlin en 1922. « Dès le départ, elle n’avait aucune chance pour que son histoire se termine bien. »

éd. Buchet/Chastel, 2016
160 pages
13 €

 

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DISSONANCES #29 TABOU https://revuedissonances.com/dissonances-29-tabou/ Mon, 16 Oct 2017 17:38:42 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2802 octobre 2016 / 48 pages / 5 euros mise en images : Lili PLASTICIENNE – ÉDITO : HORS SUJET Le tabou n’est pas. N’est pas la pédophilie, qui se pratique chez des gens tout à fait convenables. N’est pas non plus la sodomie, les triple éjacs faciales ou l’appétence pour les golden showers, j’en parlais encore avec ma mère la semaine dernière. N’est…Lire la suite DISSONANCES #29 TABOU

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octobre 2016 / 48 pages / 5 euros
mise en images : 
Lili PLASTICIENNE

ÉDITO : HORS SUJET

Le tabou n’est pas. N’est pas la pédophilie, qui se pratique chez des gens tout à fait convenables. N’est pas non plus la sodomie, les triple éjacs faciales ou l’appétence pour les golden showers, j’en parlais encore avec ma mère la semaine dernière. N’est pas davantage la mort – tout le monde s’y adonne un jour – ni la consommation de drogues dures en milieu littéraire, il faut bien ça pour supporter la lecture des textes les plus idiots, navrants ou hors-sujet que nous recevons.

Le tabou pourrait résider dans les pires déviances contemporaines – l’accession à la propriété, l’obéissance aux hiérarchies professionnelles, la vie de couple, le véganisme – mais la télévision s’est depuis longtemps chargée d’en ridiculiser les paradigmes.

Le 29ème numéro de DISSONANCES propose d’interroger notre relation au sacré et à l’interdit à travers une politique du langage, d’un art de formuler l’informulable, ou d’informuler le formulable pour mieux désamorcer la vaine tentation d’une provocation itérative et dépourvue de finalité. Les textes sélectionnés s’attaquent avant tout à l’épaisse tranche de gras culturel qui empoisse toute velléité de penser en dehors, à côté de. L’humour et la dérision, la science et l’absurde réduisent ici le tabou, dans toute sa complexité, à ce qu’il ne devrait jamais cesser d’être : un moyen privilégié de mettre en doute notre morale collective, et de nous en abstraire.

Alban LÉCUYER

DOSSIER « CRÉATION » : TABOU

Jean AZAREL : Mater Infanticidium
« « Maman, maman / J’humide / Je me lave / L’eau monte et je ne peux pas parler / J’ai froid dedans / Je m’entrechoque / Pourquoi tu m’as mis là / Pourquoi tu ne pleures rien / Maman, maman / L’eau rentre dans mes narines / Elle se répand dans ma gorge, elle court dans… »

Catherine BARSICS : Les fleurs d’agave
« Nous n’avons pas coutume de nous exprimer sur ces questions qui pourtant nous pétrissent le larynx. Ces questions que tu portes élégamment en bracelets, en chapelets dépareillés. Nous préférons nous taire. Admirer la gangrène qui ronge doucement les… »

Aurélia BÉCUWE : Matrice en cage
« Accroupie dans la cour, elle récure un pot de fer. / La mère accompagne l’homme jusqu’à la porte de la chambre où l’attend le père. Il y est enfermé depuis le matin. / Puis elle entend une voix ferme qui prononce son prénom et elle va, en suspendant sa hâte, les… »

David BENSAÏD : Mon côté Juif
« Je suis sioniste / Je sais que c’est mal mais / Je ne peux pas m’en empêcher / C’est mon côté Juif / Je sais aussi que / Ce n’est pas bon pour la drague / Surtout quand on aime / Par-dessus tout / Les belles bites dorées arabes / Seulement / Je ne peux pas m’en… »

Marilyne BERTONCINI : Le visage de ta mort
« Je n’ai pas vu ton dernier visage – j’ai vu le visage de ta mort. / J’étais loin – j’ai eu ta voix au téléphone – une voix d’enfant perdu qui me parlait de moi comme d’une autre. Je n’ai pas vu ton dernier visage. / Ton corps était allongé dans un costume qui n’était… »

Philippe BLONDEAU : « Sans tabou »
« « Sans tabou » s’entend communément comme un écho de confidences modérément salaces pour émission de fin de programme, comme une révélation de choses-très-intimes à destination de publications pour adultes. Le « sans tabou » est le scabreux propre, qui… »

Marie-Claude BOURJON : Gésine
« Debout sous l’arbre tutélaire, les mains agrippées à la branche qui retient sa douleur, elle refuse de déchirer son ventre. Auprès d’elle, les femmes ahanent et piétinent le sol à la cadence de son corps en besogne. Ressassant les rites ancestraux, elles invoquent les… »

Julien BOUTONNIER : J’ai giclé
« C’était l’après-midi. Je me suis caché derrière des buissons. J’ai ouvert mon pantalon. J’ai pris ma queue. Je me suis branlé vite. Un afflux de salive dans ma bouche. J’ai giclé. Après je me suis promené un peu. J’ai tourné autour des jeux pour enfants. J’ai… »

Julien BOUTREUX : Near death experience
« L’autre jour, pour m’amuser, au lieu d’enculer ma fille avec ma bite, j’ai voulu lui fourrer mes couilles. C’est pas facile, parce que c’est un peu mou, mais son anus est tellement dilaté que je finis par y arriver. Le problème, c’est quand ensuite il se… »

Joël CARAYON : Souillures 
« … ta boule ta boule de nerfs tanguera entre le jour et la nuit tant que tant que le temps, temps livresque, tant que ta fresque, ta presque ivresse ne se sera brisée sur la lame du tabou, tant qu’elle ne priera éprise d’un regret, un regret d’absolu, regret d’… »

Jacques CAUDA : Chère maman
« Chère maman sais-tu l’exaltation des selles / Lorsque tu portes la feuille bise du mûrier / Aux lèvres des sentines adonnées au sommeil ? / Et quand les feuillées (les moissons du noir / Le tourment des essaims les ordures légères) / Collent à ton être éperdu d’… »

Lambert CLET-WATTELAMNE : Taire les décombres
« Qui éparpille nos traces successives ? / Nos sujets émiettés bafouillent et se dédient / Projectiles / Trajectoires aléatoires parmi les Turbulences / Verbes / Actions se dépossédant d’elles-mêmes / Même nos paresses vacillent / Devant cette inconnue qui… »

Gilbert CRAM : Tabou, infiniment
« « Ah mais vous êtes fou mon ami ! » Imaginons-nous dans une sorte d’amphithéâtre, vers la fin du XIXe siècle. En 1882, pour fixer les idées. Une assemblée d’hommes fort sérieux écoute le discours enflammé d’un tribun au regard de braise. Ce tribun, c’est… »

Sandrine CUZZUCOLI : Sous le signe de Diane
« je la voyais s’avancer vers moi sa façon de marcher de se faire une tresse en marchant de tenir des fleurs dans l’autre main de s’étendre sur un divan après s’être déshabillée de me regarder lascivement avec derrière elle la fenêtre ouverte et son… »

Charles DESAILLY : Signes interdits
« L’éditeur me demande de revoir un manuscrit plein de foutre et de vie. Il souhaite des poèmes érotiques propres et sans vulgarité. La chambre sent la tombe et les fluides ont perdu leur énergie. Miraculeusement ce soir, Chet Baker m’emporte dans la… »

Clément DESPAS : Petit interdit
« Ma princesse totem a de petits tabous. À genoux à ses pieds je regarde son ventre se tendre ou se creuser pendant que mes doigts jouent à effleurer son sexe et c’est vraiment joli mais toute retenue qu’elle est habituellement elle est là… énervée : déjà de sa… »

Jean-Marc GOUGEON : Définition
« Tabou [tabu] : n. m. – pl. taboux [article 8b ter, noms communs se terminant par « -ou », exceptions – correctif de l’arrêté du 27 mai 2015]. Empr. lat. class. subtabula, littéralt ce qui est (caché) sous la table ; dér. de subtabulare, cacher sous la table ; dissimuler, repousser… »

Franz GRIERS : Évelyne
« Mon Fabrice, / Quand tu liras cette lettre, je ne serai plus de ce monde. / De moi, il ne restera qu’un sac de viande pendu au lustre Ikea de ce salon glacial où je ne me suis jamais senti chez moi. Ou plutôt un sac à merde aux cervicales brisées gisant aux côtés d’un… »

Dominic LAPERRIÈRE-MARCHESSAULT : Le portrait
« Dans la maison familiale au bout du corridor il y a deux portraits un peu jaunis par le soleil et les années des clichés pour taire les noms pour taire l’histoire des clichés comme seul vestige d’une existence comme seule preuve d’une appartenance à un… »

Isabelle PELLEGRINI : Nue
« Des mots, des mots, des mots, tant de mots qui sortent de ma bouche. Et jamais de ce trou. Corps, corps, corps. Proférer le mot jusqu’à n’en plus pouvoir. Le répéter jusqu’à le faire exister. L’enfoncer dans la chair, sans retenue, sans délicatesse. Inflexible. Aller à… »

Catherine SERRE : Pièces mineures
« Pendant ce temps / Petite ombre traverse et se sauve / Petit sourire s’écarte / Petite peur s’endort / Petit coup de ciseau écharpe le papier / Petit silence se donne un nom d’emprunt / Petite rage se bat contre la pluie / Petit corps ne ferme plus les yeux / Pendant… »

Albane TAPEH : Ghosts in translation
« Français : Ce peuple [français], qui tombe de plus en plus au niveau des nègres, met sourdement en danger, par l’appui qu’il prête aux Juifs pour atteindre leur but de domination universelle, l’existence de la race blanche en Europe. (Adolf… »

Ana TOT : La bergère et le lilas
« J’étais bergère ma mère cueillant des lilas. / J’étais bergère mon père les cueillant dans mes bras. / Mon père sentait la terre et ma mère j’aimais ça. / Mon père sentait la terre quand il passait par là. / Ses mains larges comme le ventre et mon ventre aimait ça. / Dans les… »

Nicolas VARGAS : Vous êtes de l’arbre de derrière
« Tu as accueilli des mineurs, du marié, de l’animal, de l’ado, du novice, du beau-frère, de l’impatience, du refoulé, des générales libidineuses, du masqué, du casqué, de la culotte naine, des dos, de la meilleure amie, des fesses, des vessies, des boyaux de… »

Astrid WALISZEK : Cher Amour
« Dans mon bain tout à l’heure, j’ai vu mes seins changer de forme – était-ce la forme qu’ils avaient à mes quinze ans ? Ces poires parfaites ? Dieu, que ça devait être délicieux ; je regrette de n’en avoir pas profité assez moi-même mais certainement pas d’en… »

Amandine WALLON : L’intranquille 
« Il fait noir. Un noir vibrant, profond et comme peuplé de présences. Hostile. Peu à peu, j’oublie où je suis et me voici repartie. Là-bas. Encore une fois. / Il règne une chaleur moite, le ventilateur tourne et hoquette, toute la nuit durant ; les pales s’agitent en… »

PORTFOLIO : Lili PLASTICIENNE

« Dans les créations de Lili PLASTICIENNE, le mot tabou résonne aussi bien dans son acception première – en lien avec le sacré – que dans celle de chose interdite. Le sacré s’inscrit dans des images détournées par connotation à travers les textes ou les mots collés. Les idoles et les croix n’habitent plus… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un(e) auteur(e) connu(e)) :
Eric PESSAN
« Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ? Trop longtemps, j’ai tenté d’écrire « contre » : conte mon éducation, contre ma culture que je jugais bien trop populaire, puis – peu à peu – j’ai appris à… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
Au régal des vermines (Marc-Édouard NABE)
« Elle cherche. Elle, Nathalie Dalain devenue Chloé Delaume. Elle se remet au monde par la mise en fiction d’une histoire familiale terrifiante : son père – qui-n’est-pas-son-père, mais elle ne l’apprend qu’en 2004 – tue sa mère devant ses yeux et se... »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture)  :
Jean-Louis BAILLY  : Un divertissementéd. Louise Bottu
« Ce n’est pas faute d’en avoir soulevé, des essais et des fictions, d’en avoir lu un certain nombre, mais parmi les productions de ces récentes années, je n’avais pas trouvé… »
Philippe BLONDEAU : Mourantes natures
éd. Corps Puce
« « Ça commence comme ça » : elle, sur son balcon au huitième étage d’un immeuble parisien, repeint ses meubles, faisant table rase d’une vie maritale qui l’a « essorée et séchée », où… »
Alexandre CIVICO : La terre sous les ongles – éd. Rivages
« « Ici commence le chant qui durera autant que les hommes. » Dix ans, dit le poète, pour écrire ce long poème, dans le giron d’Ulysse revenant à Ithaque offrir à Pénélope ses trahisons et… »
Rosine CRÉMIEUX & Pierre SULLIVAN : La traîne-sauvage éd. Signes et Balises
 » Nous, représentants du peuple, décrétons martyrs les citoyens de droit exerçant les activités d’ouvriers, […] agents d’entretien, hôtes de caisse, téléopérateurs, salariés de la restauration… »
Ludovic DEGROOTE : Monologue – éd. Champ Vallon
« C’est une trajectoire qui sans faire de bruit s’enfonce dans la glace et, dans la chaleur du soleil, reprend son envol. C’est un mystère textuel, un miroir aux multiples facettes, un… »
Bruno FERN, Typhaine GARNIER, Christian PRIGENT : Pages rosses – éd. Impressions Nouvelles
« Neuf personnages qui se débattent et cherchent leur souffle aux quatre coins d’une Europe tourmentée, neuf récits comme autant de quêtes de sens et de rédemption. D’une… »
Roger GILBERT-LECOMTE : La vie l’amour la mort le vide et le vent – éd. Prairial
« « Si l’on détestait seulement les gens qui nous font du mal, où serait le mérite ? » Je viens de lire les deux volumes de Roger Rudigoz – deux volumes d’un Journal qui en compte… »
Raphaëlle RIOL : Ultra Violette – éd. du Rouergue
« Page 119 (texte 56) : « il ne s’est jamais rien passé dans ma vie, il n’y a aucune biographie à écrire, seulement quelques centaines, quelques milliers de minuscules biographèmes » et… »

DISGRESSION (carte blanche sur un domaine autre que la littérature)
Lionel FONDEVILLE : Mendelson me regarde
« Je ne veux pas mourir. Bordeaux, septembre 1997. Le parquet de l’appartement, le soleil par la fenêtre, la platine CD Sony. Parmi les titres d’une compil de rentrée, une chanson réelle. Mon réel de lotissement, d’étrangeté ordinaire est dans cette voix, dans ce… »

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SERRANO Xavier (extraits) https://revuedissonances.com/serrano-xavier-extraits/ Mon, 01 May 2017 11:00:58 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2669 DISSONANCES #32 | NU L’acteur mis à nu par le regard même « Canto 1 / Nous sommes les émanations des sous-sols. Ecoutez… Une assemblée de lèvres dressées sur des mâchoires au garde-à-vous, prêtes à sectionner ou à fourrer leurs trognes d’alien baveux dans des entrailles fraîchement exhibées. Un banquet de sans-grades élevés aux amphétamines et aux hormones grouillant dans des…Lire la suite SERRANO Xavier (extraits)

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DISSONANCES #32 | NU
L’acteur mis à nu par le regard même
« Canto 1 / Nous sommes les émanations des sous-sols. Ecoutez… Une assemblée de lèvres dressées sur des mâchoires au garde-à-vous, prêtes à sectionner ou à fourrer leurs trognes d’alien baveux dans des entrailles fraîchement exhibées. Un banquet de sans-grades élevés aux amphétamines et aux hormones grouillant dans des chairs faisandées. Un volcan de merde en ébullition coincée depuis trop longtemps et qui lentement se propage, souterraine, dans les grottes et les nappes phréatiques. Nous sommes des moins que rien, de simples manœuvres dans les coulisses de l’horreur. On chante, on boit, on rote. Personne ne sait ce que nous célébrons. Mais c’est avec ferveur que nous le faisons. Donnez-nous des pelles, des pioches pour creuser les tombes de votre ennui et contaminer la terre de nos souvenirs néfastes. Laissez monter à vous le chant lancinant des pourritures. Laissez-vous hanter par nos berceuses suicidaires.

Canto 2 / Nous sommes les héros à la rencontre de Thanatos. Prêts à encaisser le regard de l’autre, à amortir l’impact d’un jugement humiliant. Dans ce film où se succèdent... »

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MACHET Béatrice (extraits) https://revuedissonances.com/machet-beatrice-extraits/ Mon, 01 May 2017 11:00:55 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2692 DISSONANCES #32 | NU (déshabillons) l’alphabet « nu(e) réponse a  : comme une vie aboutissant son cycle en automne réponse b  : comme un passage dans les limbes figurant un retour à l’utérus réponse c  : comme l’état mental le plus proche de l’hallucination réponse d  : comme l’autre signification de faire l’amour réponse e  : comme contenu…Lire la suite MACHET Béatrice (extraits)

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DISSONANCES #32 | NU
(déshabillons) l’alphabet
« nu(e)
réponse a  : comme une vie aboutissant son cycle en automne
réponse b  : comme un passage dans les limbes figurant un retour à l’utérus
réponse c  : comme l’état mental le plus proche de l’hallucination
réponse d  : comme l’autre signification de faire l’amour
réponse e  : comme contenu possible (mais alors quoi et qu’est-ce que cela cache encore ?)
réponse f  : comme on serait vide ? aveugle ? ultra conscient ?
réponse g  : comme on resterait toujours à l’extérieur de quelque chose que la pudeur exige de… »

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GAMBIN Frédérick (extraits) https://revuedissonances.com/gambin-frederick-extraits/ Mon, 01 May 2017 11:00:52 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2714 DISSONANCES #32 | NU PS) « Nous pourrions être en Inde, être nus, ou ailleurs. Ici est un voyage. Quand je vois l’âtre de la cheminée, il a dans son renfoncement des pertuis qui invitent, une constellation de fines langues ponctuées. Ta poitrine en prononce un regard. Je m’y attarde, je m’y engage. Cela coule. De peau comme…Lire la suite GAMBIN Frédérick (extraits)

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DISSONANCES #32 | NU
PS)
« Nous pourrions être en Inde, être nus, ou ailleurs. Ici est un voyage.
Quand je vois l’âtre de la cheminée, il a dans son renfoncement des pertuis qui invitent, une constellation de fines langues ponctuées. Ta poitrine en prononce un regard. Je m’y attarde, je m’y engage.
Cela coule. De peau comme de jour, rien à reprendre au tableau. Tout a des mains pour habiter notre caresse. Tu te tournes sur le flanc, c’est la chambre qui rayonne. L’heure a posé ses lèvres parmi nous, elle cueille nombril et l’effeuille, les murs fleurissent ; il y a des chaleurs ainsi qui n’ont plus de saison, alors je m’y allonge, nos empreintes se lisent dans l’œil, des doigts passent ; ils ont comme des ailes pour emprunter au ciel quelques vapeurs de nuage ; la femme du calendrier se donne dans sa... »

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CARABAS Marquise de (extraits) https://revuedissonances.com/carabas-marquise-de-extraits/ Mon, 01 May 2017 11:00:47 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2728 DISSONANCES #32 | NU Encore belle « Mon corps est lourd, un peu gourd. Dans les mains alertes de cette femme, je le sens maladroit, vacillant, hésitant. Elle me frictionne avec intensité, sans trop y penser, je dois être la dixième de sa journée. – Vous avez encore de belles jambes, Madame Laine. Je lui souris, les yeux…Lire la suite CARABAS Marquise de (extraits)

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DISSONANCES #32 | NU
Encore belle
« Mon corps est lourd, un peu gourd. Dans les mains alertes de cette femme, je le sens maladroit, vacillant, hésitant. Elle me frictionne avec intensité, sans trop y penser, je dois être la dixième de sa journée.
– Vous avez encore de belles jambes, Madame Laine.
Je lui souris, les yeux légèrement brillants, j’ai tellement envie d’y croire, à sa gentillesse, à ses compliments. Ma bouche n’a plus toutes ses dents et je bave un peu. Au lieu de pouvoir la remercier, un son informe s’échappe de mes lèvres. Une larme apparaît au coin de mon oeil.
– Mais si, mais si, Madame Laine, vous êtes encore belle, me cajole-t-elle en finissant ma toilette.
Je plisse les paupières et me laisse aller. Lentement. Imperceptiblement.
Encore belle. Ses mots flottent derrière mes pupilles fatiguées. Je dérive dans la torpeur de mon esprit délité. Je rêve du passé. De son odeur familière. Tendre et sucrée.
Il y a la marée de mon âme qui me ressac vers l’intérieur, vers mes profondeurs. Sur la berge, je retrouve son souffle à lui, ses caresses sur ma peau, ses lèvres sur mon flanc lisse, ses... »

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CAREL Louise (extraits) https://revuedissonances.com/carel-louise-extraits/ Mon, 01 May 2017 11:00:46 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2724 DISSONANCES #32 | NU Nerfs à nu « Au revers de ta peau je planterais mes crocs et baiserais tes os (si ce n’est pas abuser) sans même t’éveiller (nous serions nus bien sûr) note 1 : Peau : carte parcourue sans relâche avec l’envie de s’égarer encore. note 2 : Parenthèses : murmures des inaccessibles, hésitation lente de la bouche et des doigts. Là je suis devant…Lire la suite CAREL Louise (extraits)

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DISSONANCES #32 | NU
Nerfs à nu
« Au revers de ta peau je planterais mes crocs et baiserais tes os (si ce n’est pas abuser) sans même t’éveiller (nous serions nus bien sûr)
note 1 : Peau : carte parcourue sans relâche avec l’envie de s’égarer encore.
note 2 : Parenthèses : murmures des inaccessibles, hésitation lente de la bouche et des doigts.

Là je suis devant toi, debout, blanc de poussière, nu bien sûr (je m’égare) : ton regard me traverse et autour il n’y a rien (nous ne sommes pas là)
note 1 : Les veines des amants charrient un sang blanc ; il irrigue les moindres parcelles de leurs territoires. Le blanc est la couleur des vertiges qui entraînent la chute des corps l’un dans l’autre.
note 2 : Là (déictique) : espace-temps enclos dans la parenthèse des corps.

Tu flottes nue (en croix) et tournes sur toi-même (lentement, lentement) dans de l’espace blanc : je calcule ton orbite et mets tous mes espoirs dans l’attraction des corps
note 1 : Dans une première version du texte, le poète avait écrit : « Nue, tu flottes dans de l’espace blanc : je lis à même le grain de ta peau les constellations », la dernière phrase étant... »

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DISSO #32 : Philippe JAFFEUX https://revuedissonances.com/disso-32-philippe-jaffeux/ Mon, 01 May 2017 11:00:46 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2573 Extrait de l’entretien avec Philippe JAFFEUX publié dans DISSONANCES #32     Philippe JAFFEUX (petit) Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? J’écris pour essayer de ne pas faire de choix ni d’utiliser ma volonté Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ? L’écriture elle-même est ma contrainte qui est…Lire la suite DISSO #32 : Philippe JAFFEUX

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Extrait de l’entretien avec Philippe JAFFEUX publié dans DISSONANCES #32

    Philippe JAFFEUX (petit)

Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
J’écris pour essayer de ne pas faire de choix ni d’utiliser ma volonté

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
L’écriture elle-même est ma contrainte qui est aussi celle d’un jeu

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
L’être oppresse les lettres lorsque je n’écris pas

Qui est votre premier lecteur ?
Je suis mon premier lecteur parce que J’écris d’abord pour moi-même

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Quelqu’un qui ne pose pas de questions indiscrètes

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
Votre premier éditeur vous trouvera lorsque vous serez perdu

Quelle fut votre première grande émotion de lecteur ?
Un abécédaire certainement… vu l’influence que…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #32

BIO

Philippe Jaffeux est né à Paris en 1962, a fait des études de lettres et de cinéma, habite à Toulon, bâtit une oeuvre poétique – conceptuelle et électrique – d’une absolue pureté.

BIBLIO (2016)

O L’AN / (éd. Atelier de l’agneau, 2011)
N L’E N IEMe (éd. Passage d’encres, 2013)
Courants blancs (éd. Atelier de l’agneau, 2014)
Alphabet de A à M (éd. Passage d’encres,) 2014)
Autres courants (éd. Atelier de l’agneau, 2015)
Écrit parléentretien avec Béatrice Machet (éd. Passage d’encres, 2016)
Entre (éd. Lanskine, 2017)

à paraître :
Deux (éd. Tinbad, juin 2017)
Glissements (éd. Lanskine, juin 2017)

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HOUELLEBECQ Michel | Soumission https://revuedissonances.com/houellebecq-michel-soumission/ Mon, 01 May 2017 11:00:45 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2756 Regards croisés sur Soumission de Michel HOUELLEBECQ DISSONANCES #32 Jean-Marc FLAPP : Pour faire un bon succès Très malin, moche, sale con, parfait électron libre, l’homme Houellebecq me plaît… mais pas ce qu’il écrit : intrigué par le buzz, j’ai lu à sa sortie (il y a bien longtemps) Extension du domaine de la lutte que j’ai trouvé si chiant qu’à celles des suivants…Lire la suite HOUELLEBECQ Michel | Soumission

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Regards croisés sur Soumission de Michel HOUELLEBECQ
DISSONANCES #32

Jean-Marc FLAPP :
Pour faire un bon succès
Très malin, moche, sale con, parfait électron libre, l’homme Houellebecq me plaît… mais pas ce qu’il écrit : intrigué par le buzz, j’ai lu à sa sortie (il y a bien longtemps) Extension du domaine de la lutte que j’ai trouvé si chiant qu’à celles des suivants avant de retenter j’ai prudemment feuilleté à la table du libraire… et chaque fois reposé. Mais encore une fois le type me plaît bien et le thème de Soumission sentait assez le soufre pour que ce soit tout prêt à revoir mon avis sur Houellebecq l’écrivain que je me suis lancé, que j’ai lu (jusqu’au bout) ce qui s’est vite avéré (comme précédemment) être formellement aussi convenu et plat (« Elle se retourna, s’agenouillant sur le canapé pour examiner les rideaux. « Ils sont jolis » conclut-elle finalement ») qu’extrêmement cliché au niveau de la pensée (« Chinoises d’un sérieux réfrigérant […] Maghrébines voilées […] catholiques solidaires et tiersmondistes  ») et narrativement parfaitement prévisible – même si intéressant. Comment se fait-il donc que ça vende à ce point ? C’est sans doute simplement qu’Houellebecq l’a composé d’à peu près tout ce qu’il faut pour donner l’impression au lectorat bobo qui achète ses livres (ou qui en fait la promo) qu’il n’est pas tant que ça politiquement correct : une dose de provoc (misogynie, cynisme et islamophobie – rien d’excessif bien sûr : c’est (au plus) énervant), une autre de culture un peu rare et réac (Huysmans comme ingrédient), une pincée de cul et une autre d’humour, touillées dans un bouillon de nihilisme mou (« rien que le mot d’humanisme me donnait légèrement envie de vomir ») et ça paraît tout bête… mais ça fonctionne très bien : Houellebecq connait la recette et sait faire la soupe (aigrelette et légère) qu’apprécient ses clients – à défaut d’être Huysmans, c’est un cuisinier doué.

Côme FREDAIGUE :
La possibilité du Nihil
« Ce livre est une saisissante fable politique et morale » annonce la quatrième de couverture avec un sens du slogan qui frise la publicité mensongère. L’argument politique – comprenez l’islamisation de la société – est si peu crédible qu’on se gardera de le prendre au sérieux : réforme coranique de l’Éducation Nationale, mariage pour tous polygame, phallodémocratie, tout cela sans que ni les intellectuels, ni les femmes, ni qui que ce soit d’ailleurs ne protestent, surtout pas les collabos socialo-centristes. « Ça me paraît énorme… » s’étonne le narrateur. Et nous donc. Quant au propos moral, il se borne à déplorer avec fatalisme la perte des valeurs dans la société de consommation. Comme c’est triste ! Heureusement le pseudo Des Esseintes trouvera chez les dociles envoilées le moyen de préserver son goût pour les plaisirs de bouche : la fellation et la cuisine de terroir. À croire que la soumission assouvit un fantasme encore vivace chez les nihilistes occidentaux.
Ne crachons pas pour autant sur ce roman qui comble magistralement les attentes de ses lecteurs surfant sur les peurs du moment avec ce qu’il faut d’humour (ne pas plomber l’ambiance), de références littéraires (de la profondeur) et d’érotisme subtilement relevé d’une pointe de poésie (bander avec art). Ajoutez quelques people et beaucoup d’ironie pour faire passer le tout et vous obtiendrez un récit attrayant, digeste qui ne manquera pas de susciter de belles conversations dans les cercles lettrés. La promotion aura d’ailleurs été à la hauteur de l’ouvrage sur fond de scandale avec en prime la gueule de l’auteur en Artaud de Prisunic.
Un achat parfaitement recommandable à se procurer en poche, à la Fnac de préférence.

Anne MONTEIL-BAUER :
Un roman de car-macron
Pour François, le personnage archi-principal de Soumission, tout tourne autour de Huysmans – « un ami fidèle » – et de la normalité de ses érections – « You-porn répondait aux fantasmes des hommes normaux, répartis à la surface de la planète, j’étais, cela se confirma dès les premières minutes, un homme d’une normalité absolue ». Après des études à Paris IV, il est nommé à Paris III « … un peu moins prestigieuse, mais située elle aussi dans le cinquième arrondissement ». Ses étudiant.e.s s’ennuient pendant ses cours et lui, en en sortant, se demande « en quoi les deux vierges en burka [peuvent-elles] être intéressées par Jean Lorrain, ce pédé dégoûtant, qui se proclamait lui-même enfilanthrope ? » Nous sommes en 2022, dans un roman d’anticipation donc, mais l’auteur, Michel Houellebecq, ne prend la peine d’aucune extrapolation sur l’avenir : les débats télévisés sont présentés par David Pujadas, le parti de droite s’appelle l’UMP, son ordinateur est un iMac 27, ses seules futurologies tournent autour de l’arrivée au pouvoir de la Fraternité musulmane, la France basculant dans un islam fait uniquement de prières, de repas halal et de femmes voilées, machines à assurer la reproduction, car « Pour eux, l’essentiel, c’est la démographie ». Les scènes de sexe sont émaillées d’inévitables fellations. Les phrases sont courtes, le vocabulaire emprunté aux conversations de comptoir : les questions sont « oiseuses », l’offre politique « médiocre », les femmes « morflent » après quarante ans, la musique « bouge bien », les métaphores sont quasiment absentes. C’est parfaitement calibré pour vendre.

Julie PROUST TANGUY :
Beaucoup de bruit pour rien
Michel Houellebecq a développé un art bien à lui : celui de faire passer un roman de gare pour un orgasme germano-pratin. Spécialiste du pétard mouillé, il tisse ici une toile politique sans épaisseur, gonflée par quelques effets de style qui pourraient faire croire à la profondeur s’ils ne masquaient pas aussi mal l’insuffisance de celui qui pose en penseur de la France de demain.
Pour produire un grand roman politique, il ne suffit pas d’agiter des sujets de polémiques (qu’elles touchent le milieu universitaire ou la possibilité de voir un président musulman au pouvoir) ou de constater les déficiences et turpitudes de l’humanisme libéral. De même, l’ironie ne peut pas être un signe d’intelligence et de perspicacité quand elle emprunte des chemins si convenus qu’elle perd en subtilité et en efficacité…
Que reste-t-il alors du texte ? Un bégaiement maladroit, se posant comme un anti-Zemmour, qui, en insistant jusqu’à l’écœurement sur les idées de décadence moderne et d’échecs (politiques, sexuels, culturels, éducatifs), ne produit qu’un pet littéraire désabusé essayant de se draper dans des attitudes nihilistes. Houellebecq se propose d’imiter un parcours à la Huysmans et n’offre qu’un roman bourgeois ankylosé balbutiant la désagrégation de l’Occident, le besoin forcené de croire et notre supposé besoin d’écrasement et d’intégration (la soumission annoncée par le titre).
Quand cessera-t-on donc de s’amouracher pour cet histrion, tout juste bon à mettre les pieds dans le plat des préjugés et à nourrir des buzz aussi flasques que le sexe de ses clones de héros ?

éd. Flammarion, 2015
300 pages
21 euros

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BOURRE Sara (extraits) https://revuedissonances.com/bourre-sara-extraits/ Mon, 01 May 2017 11:00:44 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2745 DISSONANCES #32 | NU Ni le froid ni la foudre « Dévoilement continu, peau après peau, jusqu’au blanc éclatant d’une moelle épinière. Jusqu’à la colère. Nous sommes nombreux. Nus comme des pierres. Rien ne nous dissimule. Nous avons le corps dur. Les tempêtes noires nous penchent en avant. Nous dansons parmi les chiens aux grandes ailes de métal.…Lire la suite BOURRE Sara (extraits)

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DISSONANCES #32 | NU
Ni le froid ni la foudre
« Dévoilement continu, peau après peau, jusqu’au blanc éclatant d’une moelle épinière. Jusqu’à la colère.
Nous sommes nombreux. Nus comme des pierres. Rien ne nous dissimule.
Nous avons le corps dur. Les tempêtes noires nous penchent en avant.
Nous dansons parmi les chiens aux grandes ailes de métal.
Nous n’avons rien à nous mettre. La peau se charge de ce que nous sommes. Le bleu du ciel arrive en rafale dans nos gorges offertes, nos bouches crachent des soleils par paquets, nos regards flirtent avec la nuit.
Nous sommes nus, les fantômes guettent nos silences, nous ne craignons ni le froid ni la foudre.
Sous notre peau le temps bat la chamade.
Nous aimons ce ciel sous nos pieds, ce ciel rouge que des aigles déments traversent avec fracas. Nous aimons l’amour comme des enfants fous et si nos lèvres parfois saignent c’est d’avoir prononcé des phrases tranchantes comme... »

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MÉNARD Sébastien (extraits) https://revuedissonances.com/menard-sebastien-extraits/ Mon, 01 May 2017 11:00:42 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2321 DISSONANCES #32 | NU Lointains & possibles « Le feu continue de brûler. La nuit est déjà là depuis longtemps. Ils ont nommé les étoiles. Ils ont dit leurs fatigues. Ils ont mangé, ils ont bu. Leurs corps se reposent. Ils sont nus. À remuer des braises avec un bâton. De temps à autre, ils placent un petit…Lire la suite MÉNARD Sébastien (extraits)

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DISSONANCES #32 | NU
Lointains & possibles
« Le feu continue de brûler. La nuit est déjà là depuis longtemps. Ils ont nommé les étoiles. Ils ont dit leurs fatigues. Ils ont mangé, ils ont bu. Leurs corps se reposent. Ils sont nus. À remuer des braises avec un bâton. De temps à autre, ils placent un petit morceau de bois au centre. Flammes. Elles durent quelques minutes. Ça les réchauffe, les éclaire et les fait sourire. Ils voient leurs formes, leurs peaux. Leurs yeux brillent. Le noir, à nouveau. Leurs yeux… »

DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Dans un train de l’Est
« Était-ce une dernière fois ou bien une fois de plus – nous avions choisi de traverser notre Est lointain comme on traverse un récit. Derrière la vitre du train défilait les plaines les baraques et les montagnes. Nous prenions notes à la fois des bêtes sauvages – des bétons abandonnés – des ferrailles rouillées et des collines mystérieuses. Derrière la vitre les images de notre Est lointain défilaient à la vitesse lente d’un train de l’est – technicolor moderne du vieux monde.

Nous repassions tranquillement le film de nos traversées de nos bordées – nous relisions nos notes et discutions lentement des routes et des ombres. Là un homme conduit un troupeau de moutons – là des plastiques s’entassent – là une femme porte son enfant – là un homme sème à la main les graines de ses récoltes à venir – et cet hiver qui n’en portait plus que le nom semblait disparaître avec les semi-remorques et le gasoil.

Nous observions les montagnes au loin – les rivières – les arbres. On imaginait des abris – des lieux à l’ombre – des cabanes pour une nuit – nous prononcions le mot bivouac comme on... »

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BENITAH Rachel (extraits) https://revuedissonances.com/benitah-rachel-extraits/ Mon, 01 May 2017 11:00:41 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2565 DISSONANCES #32 | DISGRESSION Maguy Marin l’insoumise « Qu’est-ce qu’on retient d’un spectacle de danse ? J’ai été récemment invitée par une revue genevoise à me remémorer des scènes marquantes de spectacles de danse en lien avec la sexualité. Loin de moi l’intention de répondre ici à la vaste question de la représentation sur scène de la sexualité (ce qui…Lire la suite BENITAH Rachel (extraits)

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DISSONANCES #32 | DISGRESSION
Maguy Marin l’insoumise
« Qu’est-ce qu’on retient d’un spectacle de danse ?

J’ai été récemment invitée par une revue genevoise à me remémorer des scènes marquantes de spectacles de danse en lien avec la sexualité. Loin de moi l’intention de répondre ici à la vaste question de la représentation sur scène de la sexualité (ce qui en ressort le plus souvent pour le spectateur est plus sensuel ou sensoriel que véritablement sexuel, puis de nombreux ouvrages proposent à ce niveau des analyses passionnantes – pour en citer un : celui de Roland Huesca, La danse des orifices). Cela dit, dans mes souvenirs, je faisais référence à la pièce emblématique Quando l’uomo principale è una donna de l’artiste flamand Jan Fabre. C’est un solo que le chorégraphe a créé pour la sublime danseuse Lisbeth Gruwez : nous sommes en 2004, la jeune femme danse sous un plafond de bouteilles d’huile d’olive, lesquelles vont couler tout d’abord goutte à goutte, puis à flots ; au bout de diverses métamorphoses, Lisbeth Gruwez finit nue dans un bain d’huile, le corps luisant, glissant au sol, produisant une danse extatique, animale, sensuelle. Une pièce magistrale pour une interprète hors du commun qui de1puis est devenue chorégraphe et crée des pièces extrêmement intéressantes.

Mais là j’ai envie de revenir sur mon premier souvenir marquant de spectatrice, et par là-même de rendre hommage à une des chorégraphes les plus remarquables de notre époque : Maguy Marin. Pourquoi elle ? Tout simplement parce que je l’aime : son œuvre… »

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DISSONANCES #32 NU https://revuedissonances.com/dissonances-32-nu/ Mon, 01 May 2017 11:00:40 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2545 avril 2017 / 48 pages / 5 euros mise en images : Laure MISSIR – ÉDITO : SCÈNES DE NU Sous le fard, le visage. Sous l’étoffe, la peau. Sous les mots, l’intention. Quelles qu’en soient les raisons, à la grande différence de nos amies les bêtes – les sauvages au moins – qui – à poil, plumes ou écailles – passent toute leur vie nues comme…Lire la suite DISSONANCES #32 NU

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avril 2017 / 48 pages / 5 euros
mise en images : 
Laure MISSIR

ÉDITO : SCÈNES DE NU

Sous le fard, le visage. Sous l’étoffe, la peau. Sous les mots, l’intention. Quelles qu’en soient les raisons, à la grande différence de nos amies les bêtes – les sauvages au moins – qui – à poil, plumes ou écailles – passent toute leur vie nues comme à leur naissance, agissent comme elles sentent, ne se paient pas de mots, nous humains habillons – c’est à dire déguisons. Sans doute cela tient-il à ce que nous sommes plus qu’elles conscients de nos faiblesses, sans doute cette conscience nous rend-elle plus craintifs et peut-être qu’avoir croqué à la pomme d’un langage vraiment élaboré a-t-il fait que les hommes « connurent qu’ils étaient nus ; et ils cousirent ensemble des feuilles de figuier et s’en firent des ceintures » (Gen 3:7). Le résultat en tout cas est que nous dissimulons à peu près tout le temps. Ce qui a ça de bien que tout découvrement (du corps que l’on désire comme de celui du Roi qui apparaît soudain (façon tombé des nues) ridiculement pâle sous ses costards Arnys) en devient excitant. Ainsi de ce dissonances tout en dévoilements (de vingt-deux auteur.e.s en partie « création » (Laure Missir aux visions), de Philippe Jaffeux se livrant aux questions de notre « Dissection », de l’émotion Marin, de Houellebecq mis cul nu pour une grosse fessée par les quatre chroniqueurs (pour une fois unanimes) de notre « Disjonction ») et puis c’est mai (enfin) : faisons ce qui nous plaît (à poil si nous voulons) ! Par exemple, lisons : bienvenue chez nu donc.

Jean-Marc FLAPP

DOSSIER « CRÉATION » : NU

Jean-Christophe BELLEVEAUX : Le trouble
« Singapore Sling cocktail glacé au retour du bowling / L’orage quotidien d’équateur enfle sûrement dans l’air / Au dortoir du sixième étage la moiteur a pris le linge / Cinq dollars pour un lit / Quelqu’un dort qui doit être une…. »

Marc BONETTO : Trois haïculs
« Ce moustique affamé
Sur ta fesse gauche
Vais-je… »

Sara BOURRE : Ni le froid ni la foudre
« Dévoilement continu, peau après peau, jusqu’au blanc éclatant d’une moelle épinière. Jusqu’à la colère. / Nous sommes nombreux. Nus comme des pierres. Rien ne nous dissimule. / Nous avons le corps dur. Les tempêtes noires nous… »

Delphine BURNOD : Rire
« Tiens c’est la première fois que je le vois nu j’ai pensé quand il s’est levé pour s’habiller. Je ne l’ai pas tout de suite aimé comme ça : il était blanc, si blanc que j’ai eu envie de rire. Je me suis retenue jusqu’à ce que je n’en puisse plus et… »

Marquise de CARABAS : Encore belle
« Mon corps est lourd, un peu gourd. Dans les mains alertes de cette femme, je le sens maladroit, vacillant, hésitant. Elle me frictionne avec intensité, sans trop y penser, je dois être la dixième de sa journée. – Vous avez encore de belles… »

Louise CAREL & Jean CLÉMENCI : Nerfs à nu
« Au revers de ta peau je planterais mes crocs et baiserais tes os (si ce n’est pas abuser) sans même t’éveiller (nous serions nus bien sûr)
note 1 : Peau : carte parcourue sans… »

Henri CLERC : Moi je ne pleure jamais
« […] Je n’aurais jamais dû le laisser faire, déjà que j’ai consenti à ce qu’il ramène de l’alcool, mais non ça ne lui a pas suffi… il a fallu qu’il invite un ami… c’est affligeant, tous ces enfants sont sous notre responsabilité mais ça lui passe… »

Frédérick GAMBIN : PS)
« Nous pourrions être en Inde, être nus, ou ailleurs. Ici est un voyage. / Quand je vois l’âtre de la cheminée, il a dans son renfoncement des pertuis qui invitent, une constellation de fines langues ponctuées. Ta poitrine en… »

Véronique GAULT : Ad vitam æternam
« Il est allongé sur le lit. S’il n’avait pas la boîte crânienne défoncée, on pourrait croire qu’il dort. L’été touche à sa fin. Malgré tout, la chaleur est intense. Ce mois de septembre est le plus chaud que la France ait connu depuis… »

Élodie GILLIBERT : Comme si
« Personne ne doit savoir. Il est tard, on n’a pas le droit, on doit dormir. Personne ne sait. Les doigts mêlés dans la fourrure blanche synthétique, une couverture cousue par bandes. Les doigts caressent les bandes synthétiques dans… »

Isabelle GUILLOTEAU : Libération
« Un demi-siècle sans revenir au village. J’y suis le fou, le détraqué, le fils raté. L’enfant qui a vu et s’est tu. Ici l’amnistie s’est muée en amnésie. Les plus anciens continuent de s’enfermer dans un mutisme complice dès lors qu’on… »

Isabelle HUBERSON : Tous les hommes s’appellent Paul
« Lit d’hôpital centre gérontologique. Bras maigres tendons saillants peau parchemin court-circuit veineux au tracé exorbitant yeux clos bouche sèche parfois ouverte joues creusées deux fosses pommettes angulaires visage ciré gestes… »

Ingrid S. KIM : Strip-tease
« Il faudrait effeuiller cette langue qui en crève d’être offerte à des porcs, il aurait fallu les faire taire, tout de suite, et se saigner du dernier mot juste – plus pour leurs conneries, leurs je t’aime, la fraternité, la patrie – la tendresse même les… »

Thomas D. LAMOUROUX : Feuilles de rose
« C’est d’amour qu’il s’agit et qu’on vive C’est de humer la rose comme mange l’âne qu’on parle comme peut que faire Humer la rose eros et le destin de merde Les fesses sont là Les fesses sont là Les fesses sont roses et faut qu’on masse Qu’on… »

Béatrice MACHET : (déshabillons) l’alphabet
« nu(e)
réponse a  : comme une vie aboutissant son cycle en automne
réponse b  : comme un passage dans… »

Sébastien MÉNARD : Lointains & possibles
« Le feu continue de brûler. La nuit est déjà là depuis longtemps. Ils ont nommé les étoiles. Ils ont dit leurs fatigues. Ils ont mangé, ils ont bu. Leurs corps se reposent. Ils sont nus. À remuer des braises avec un bâton. De temps à autre, ils… »

Romain PARIS : Tu as beau te faire belle
« Oh my boiling baby, sais-tu que tu as beau te caparaçonner dans tes corsets style steampunk, t’accoutrer avec tes jupes glam rock ou crazy lolita, t’enrober dans tes jupons écossais ou de pin-up vintage, t’attifer de boléros romantiques et… »

Jan PECZKA : Abattoir
« […] voici la page, un désert vierge en attente ; y serai-je furtif, crachotant et inquiet ? y salirai-je les noms de dieu et de la sainte trinité ? m’y coucherai-je sans bruit – alors me viendraient des rêves de crapule qui s’enivre, copule, jure et… »

François PERETTI : À la rue
« Les toits malmènent mon ciel, à la rue – longs serpentins de soleil chevelures de gouttes azurs carrés piquants – et mes Saintes cloches sans tunes, qui hurlent et boivent braillent entre elles, tapent leurs cuisses fixées de rire puis… »

Lambert SCHLECHTER : Voir nu, regarder sexe
 » ♣ Dans le Livre d’Habaqouq, 2 :15, il est écrit : « Tu fais boire ton ami pour l’enivrer et le voir nu ». La plupart des traducteurs traduisent le voir nu – Chouraqui, au ras du texte hébreux, écrit : regarder [son] sexe.♣ Dans « Letters to… »

Xavier SERRANO : L’acteur mis à nu par le regard même
« Canto 1 / Nous sommes les émanations des sous-sols. Ecoutez… Une assemblée de lèvres dressées sur des mâchoires au garde-à-vous, prêtes à sectionner ou à fourrer leurs trognes d’alien baveux dans des entrailles fraîchement… »

Ana TOT : En pelotas (lettre pour te la mettre)
« Vais tout te prendre, hijo de puta, je te dis. L’appartement, les enfants, l’argent, la viande, les os, los huevos, la voiture, les allocs, les organes et les meubles. Vais te faire rendre jusqu’à la dernière goutte. D’eau, de sang, de foutre, de… »

PORTFOLIO : Laure MISSIR

« Quoi ? Faire dérailler le déjà vu, entrouvrir les volets des possibles, désynchroniser les sensations et proposer un lieu où respirer dans la fragile immobilité retrouvée. Le collage est une fenêtre d’évasion aventureuse. Il récupère les… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un(e) auteur(e) connu(e))  :
Philippe JAFFEUX
« Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ? J’écris pour essayer de ne pas faire de choix ni d’utiliser ma volonté / Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?  L’écriture elle-même est ma contrainte qui est aussi… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
Soumission (Michel HOUELLEBECQ)
« Pour François, le personnage archi-principal de Soumission, tout tourne autour de Huysmans – « un ami fidèle » – et de la normalité de ses érections – « You-porn répondait aux fantasmes des hommes normaux, répartis à la surface de la... »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture)  :
Laurent SAGALOVITSCH
 : Véra Kaplan – éd. Buchet/Chastel
« Alors qu’il vient passer quelques jours à Tel-Aviv dans l’appartement de sa mère décédée, un homme reçoit un courrier en provenance d’Allemagne. Les confidences posthumes d’une… »

Hubert HADDAD : L’êcre et l’étrit 
– éd. Jean-Michel Place
« Quand la vie vient à manquer tout soudain – drame intime et planétaire -, il est un poète, hanté par la mort, ultra-sensible aux frémissements de la dépossession, pour nous rappeler que… »

Marie COSNAY : Jours de répit à Baigorri – éd. Créaphis
« L’auteur évoque des bribes. Des notes prises au contact d’une cinquantaine de réfugiés partis de Calais pour un séjour de répit – terme qui dira l’épuisement, autant du refuge que de ceux… »
Michel LAYAZ : Louis Soutter, probablement – éd. Zoé
« Il promène sa drôle de silhouette le long de ces pages, Louis Soutter, violoniste de formation, issu d’une famille aisée, un jour marié et installé, le lendemain (encore dans la force de l’âge)… »
Marion FAYOLLE : L’homme en pièces – éd. Magnani
« J’en ai fini avec les mots de la littérature. Je me mets au dessin. À la BD, l’illustration. Je cesse de lire. Je regarde. J’admire. Je tourne les planches. J’apprécie les couleurs, les formes, l’… »
Jacques SICARD : Abécédaire – éd. La Barque
« Dédié à Gilles Deleuze, à son Abécédaire et au film réalisé en 1988 sur celui-ci par Pierre-André Boutang, L’Abécédaire de Jacques Sicard peut se lire et se relire en quinze minutes, à… »
Seyhmus DAGTEKIN : À l’ouest des ombres – éd. Le Castor Astral
« « La poésie est cette force de résistance que chacun peut, que chacun doit opposer à l’oppression, pour qu’une existence sans oppression puisse être possible entre tous les vivants ». C’est sur… »
Corinne LOVERA VITALI : Ce qu’il faut – éd. publie.net
« Passablement secoué, je repose Ce qu’il faut et j’écoute le silence de la nuit au-dehors alors que dans ma tête résonnent lancinants les échos très profonds de cette voix singulière (disgressive… »

DISGRESSION (carte blanche sur un domaine autre que la littérature)
Rachel BENITAH : Maguy Marin l’insoumise
« Qu’est-ce qu’on retient d’un spectacle de danse ? J’ai été récemment invitée par une revue genevoise à me remémorer des scènes marquantes de spectacles de danse en lien avec la sexualité. Loin de moi l’intention de répondre ici à la vaste question de… »

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PECZKA Jan (extraits) https://revuedissonances.com/peczka-jan-extraits/ Mon, 01 May 2017 11:00:25 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2680 DISSONANCES #32 | NU Abattoir « […] voici la page, un désert vierge en attente ; y serai-je furtif, crachotant et inquiet ? y salirai-je les noms de dieu et de la sainte trinité ? m’y coucherai-je sans bruit – alors me viendraient des rêves de crapule qui s’enivre, copule, jure et vomit : des rumeurs de gouffres moites, des visions subreptices…Lire la suite PECZKA Jan (extraits)

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DISSONANCES #32 | NU
Abattoir
« […] voici la page, un désert vierge en attente ; y serai-je furtif, crachotant et inquiet ? y salirai-je les noms de dieu et de la sainte trinité ? m’y coucherai-je sans bruit – alors me viendraient des rêves de crapule qui s’enivre, copule, jure et vomit : des rumeurs de gouffres moites, des visions subreptices de vulves. je dormirais comme une bête qui ne se sait pas libre et ne peut l’être.

ah la vache ! réception des animaux, Blonde d’Aquitaine à la robe blanc crème, Parthenaise de couleur fauve, Charolaise blanche qui produit une viande légèrement persillée, Limousine acajou, nom d’une pipe en bois !

la vérité je dis, abalourdi. je dis, têtu, la vérité abstruse, les moments, les ruses.

puis les animaux sont dirigés vers le piège de tuerie. le candidat doit être nu – quid de la robe acajou ? – pour permettre les saignées rituelles. la mort est caractérisée par « la disparition irréversible de l’activité cérébrale mise en évidence par la perte des réflexes du tronc cérébral ».

sont-ce les tenailles de la morale qui m’arrachent la langue ? allons qui d’autre que… »

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CLERC Henri (extraits) https://revuedissonances.com/clerc-henri-extraits/ Mon, 01 May 2017 11:00:23 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2719 DISSONANCES #32 | NU Moi je ne pleure jamais « […] Je n’aurais jamais dû le laisser faire, déjà que j’ai consenti à ce qu’il ramène de l’alcool, mais non ça ne lui a pas suffi… il a fallu qu’il invite un ami… c’est affligeant, tous ces enfants sont sous notre responsabilité mais ça lui passe au-dessus. Il…Lire la suite CLERC Henri (extraits)

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DISSONANCES #32 | NU
Moi je ne pleure jamais
« […] Je n’aurais jamais dû le laisser faire, déjà que j’ai consenti à ce qu’il ramène de l’alcool, mais non ça ne lui a pas suffi… il a fallu qu’il invite un ami… c’est affligeant, tous ces enfants sont sous notre responsabilité mais ça lui passe au-dessus. Il est venu là pour prendre du bon temps et exercer son minable petit pouvoir de séduction sur nous. Depuis plusieurs jours il me fait, comme dit Sandrine, du « rentre-dedans » ; il m’insupporte, j’aimerais avoir le courage de mettre une gifle à cette ordure. […]

[…] Ils vont pas se la fermer. Ça m’énerve, pas le droit de sortir des tentes… pas le droit de sortir des tentes… mais eux ils n’arrêtent pas de l’ouvrir grande comme ça et ils veulent qu’on dorme. Bah drôle d’idée ! C’est comme mes parents quand ils me demandent d’aller me coucher et qu’ils font « han han », bah non désolé j’y arrive pas ! […]

[…] Cet après-midi, à la piscine du camping, je suis passé devant la porte du vestiaire et j’ai presque vu son zizi. Après si je me serais penché j’aurais pu le voir mais ça aurait été la honte. Déjà quand Sandrine m’a demandé « ce que je reluquais » je suis devenue toute rouge et j’ai... »

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SCHLECHTER Lambert (extraits) https://revuedissonances.com/lambert-schlechter-extraits/ Mon, 01 May 2017 11:00:23 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2674 DISSONANCES #32 | NU Voir nu, regarder sexe « ♣ Dans le Livre d’Habaqouq, 2 :15, il est écrit : « Tu fais boire ton ami pour l’enivrer et le voir nu ». La plupart des traducteurs traduisent le voir nu — Chouraqui, au ras du texte hébreux, écrit : regarder [son] sexe. ♣ Dans « Letters to Yesenin » (1973), lettre 12e, Jim Harrison mentionne…Lire la suite SCHLECHTER Lambert (extraits)

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DISSONANCES #32 | NU
Voir nu, regarder sexe
« ♣ Dans le Livre d’Habaqouq, 2 :15, il est écrit : « Tu fais boire ton ami pour l’enivrer et le voir nu ». La plupart des traducteurs traduisent le voir nu — Chouraqui, au ras du texte hébreux, écrit : regarder [son] sexe.

♣ Dans « Letters to Yesenin » (1973), lettre 12e, Jim Harrison mentionne ce gamin qui sees his first dirty picture… Quand il dit ça, il veut dire : une femme nue, puisque cette première image remonte à l’enfance, et cela déclenche un crucial questionnaire, c’était quand cette première image et comment était-elle et dans quelles circonstances a-t-elle été vue ?
Ce n’était sans doute pas une photo mais très probablement la reproduction d’une peinture, puisqu’en peinture il y a un inépuisable trésor de féminine nudité.

♣ Pour un questionnaire maxfrischien :
― Quand et comment te rends-tu compte de la différence entre garçon et fille ? Très tôt. J’avais une petite sœur, de trois ans ma cadette ; j’ai dû voir son sexe, quand ma mère lui faisait prendre son bain ou la langeait ; n’en garde aucun souvenir. Mais l’information était… »

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TOT Ana (extraits) https://revuedissonances.com/ana-tot/ Mon, 01 May 2017 11:00:16 +0000 http://revuedissonances.com/?p=143 DISSONANCES #32 | NU En pelotas (lettre pour te la mettre) « Vais tout te prendre, hijo de puta, je te dis. L’appartement, les enfants, l’argent, la viande, les os, los huevos, la voiture, les allocs, les organes et les meubles. Vais te faire rendre jusqu’à la dernière goutte. D’eau, de sang, de foutre, de sueur, jusqu’au moindre…Lire la suite TOT Ana (extraits)

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DISSONANCES #32 | NU
En pelotas (lettre pour te la mettre)
« Vais tout te prendre, hijo de puta, je te dis. L’appartement, les enfants, l’argent, la viande, les os, los huevos, la voiture, les allocs, les organes et les meubles. Vais te faire rendre jusqu’à la dernière goutte. D’eau, de sang, de foutre, de sueur, jusqu’au moindre centime et la dernière humeur, lueur, tumeur, espoir. Ton heure, pour toi hélas, elle a sonné. Je vais t’essorer, t’éplucher, te rincer, te détrousser, te rançonner. Te mettre à poil. En pelotas, te vas a quedar. Tu vas te rendre et rendre l’âme, ¡hijo de la gran puta ! Je vais te faire la peau, les poches, l’amour, un dernier tour, un dernier round, y basta. Vais me te faire, je te dis, me te faire une putain de última vez, avant que tu retournes à ton état primero, cabrón, à ta maman, à tes hermanas, à la flaccidité de ton destin, au cloaque d’où je t’ai extirpé un jour, maldito día de mierda, je vais te rendre et rendre le peu de toi que je ne digère pas, car, ¡ánimo !, j’ai l’estomac bien accroché. Haut les coeurs, oui ! j’engloutis tout, j’assimile casi todo, le gras, le dur, le mou, l’indescriptible, la glue, le sel, le sable et même la mierda dont tu es fait, je ne rendrai qu’un peu, nada, juste un peu de toi avec la bile, ta peau, ma bile, ta peau… tu vois, ta peau, cabrón, est immangeable, je la cracherai comme... »

DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Je me creuse
« je me creuse pour être vide pour le désir d’être pleine. Je veux être vide pour pouvoir être pleine. Je me creuse parce que j’ai envie de me remplir. Tu me creuses parce que tu as envie de me remplir. Tu me remplis parce que tu as envie de te vider. Pour mieux me remplir. Pour mieux te vider. Tu te vides pour pouvoir te remplir à nouveau. Pour être plein. Tu te remplis parce qu’encore une fois tu as envie d’être vide pour le plaisir d’être vide. Tu es vide, je suis pleine. Je me vide, tu es vide encore vide. Je me remplis pendant que tu te vides et te remplis, te vides et te remplis, te remplis, te vides, me remplis, me remplis, me remplis. Tu ne me vides jamais. Tu ne te remplis pas longtemps. Je me vide toute seule. D’un coup je me vide. D’un coup : vide. Je ne suis ni pleine ni vide, je suis fermée. Je me creuse parce que j’ai envie d’être pleine. Je m’ouvre pour toi, pour que tu me remplisses, pour que tu te vides, pour que tu te remplisses. Pour me sentir pleine pour pouvoir me vider pour avoir envie de me remplir. Je me… »

DISSONANCES #29 | TABOU
La bergère et le lilas
« J’étais bergère ma mère cueillant des lilas.
J’étais bergère mon père les cueillant dans mes bras.
Mon père sentait la terre et ma mère j’aimais ça.
Mon père sentait la terre quand il passait par là.

Ses mains larges comme le ventre et mon ventre aimait ça.
Dans les champs de lilas dans l’enclos des moutons
Plus d’une fois ses moustaches quand ma mère n’était pas.
Si c’était jour de lune il passait par derrière
Il sentait moins la terre mais mon ventre aimait ça.
Dans un champ de lilas sous un arbre à noisettes
Nous mangions des noisettes et mon ventre aimait ça.

Au printemps cette année les moutons s’égarèrent
La charrue allait seule et ma mère nous… »

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BURNOD Delphine (extraits) https://revuedissonances.com/burnod-delphine-extraits/ Mon, 01 May 2017 11:00:04 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2739 DISSONANCES #32 | NU Rire « Tiens c’est la première fois que je le vois nu j’ai pensé quand il s’est levé pour s’habiller. Je ne l’ai pas tout de suite aimé comme ça : il était blanc, si blanc que j’ai eu envie de rire. Je me suis retenue jusqu’à ce que je n’en puisse plus et mes dents…Lire la suite BURNOD Delphine (extraits)

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DISSONANCES #32 | NU
Rire
« Tiens c’est la première fois que je le vois nu j’ai pensé quand il s’est levé pour s’habiller. Je ne l’ai pas tout de suite aimé comme ça : il était blanc, si blanc que j’ai eu envie de rire. Je me suis retenue jusqu’à ce que je n’en puisse plus et mes dents blanches aussi s’en sont donné à coeur joie.
Ça n’a pas eu l’air de l’ennuyer ; au contraire, j’ai même deviné que ça lui plaisait : un débordement d’émotions rien que pour son corps nu, ses épaules nues, ses…
Il a joué au gars faussement embêté, histoire de ne pas perdre la face, avant de se retourner brusquement. De face justement. J’ai ri de plus belle sans pouvoir m’arrêter et mes joues rouges de tant d’efforts se sont mises à chauffer.
De l’air ! De l’air ! j’ai crié en feignant m’étouffer.
Puis un volet a claqué, le rayon de soleil qui baignait la pièce a disparu et... »

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GAULT Véronique (extraits) https://revuedissonances.com/gault-veronique-extraits/ Mon, 01 May 2017 11:00:00 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2711 DISSONANCES #32 | NU Ad vitam æternam « Il est allongé sur le lit. S’il n’avait pas la boîte crânienne défoncée, on pourrait croire qu’il dort. L’été touche à sa fin. Malgré tout, la chaleur est intense. Ce mois de septembre est le plus chaud que la France ait connu depuis une cinquantaine d’années. Le vieux est mort…Lire la suite GAULT Véronique (extraits)

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DISSONANCES #32 | NU
Ad vitam æternam
« Il est allongé sur le lit. S’il n’avait pas la boîte crânienne défoncée, on pourrait croire qu’il dort.

L’été touche à sa fin. Malgré tout, la chaleur est intense. Ce mois de septembre est le plus chaud que la France ait connu depuis une cinquantaine d’années.
Le vieux est mort il y a deux jours. Sa femme s’est approchée du lit pendant qu’il dormait et lui a donné un coup de masse sur la tête. Pourquoi ? Je n’en sais rien, c’est l’affaire des flics. Mais elle n’a pas nié son geste. Moi, mon boulot, maintenant, c’est de le rendre présentable à la famille. Sa fille, la quarantaine passée, m’a demandé de lui mettre le costume qu’il portait à son mariage. Étrange requête. Si son épouse le haïssait au point de lui broyer les os du crâne, pourquoi célébrer, post mortem, une union mortifère ?

Mais ce n’est pas mon problème. Le vieux est là, allongé sur ce lit, le crâne ouvert et les yeux définitivement clos sur des souvenirs qui ne regardent que lui.
Je ne crois pas à d’autres vies après la vie. On a suffisamment à faire avec la seule qui nous est donnée pour ne pas être emmerdé avec... »

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LAGORRE Corinne | Voyons-nous https://revuedissonances.com/lagorre-corinne-voyons/ Sat, 29 Apr 2017 18:00:59 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2621 Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Voyons-nous de Corinne LAGORRE DISSONANCES #31 « Ça commence comme ça » : elle, sur son balcon au huitième étage d’un immeuble parisien, repeint ses meubles, faisant table rase d’une vie maritale qui l’a « essorée et séchée », où famille rime avec famine. Lui, sur le balcon d’en face, musicien esseulé, focalisé sur ses poissons rouges, va se…Lire la suite LAGORRE Corinne | Voyons-nous

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Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Voyons-nous de Corinne LAGORRE
DISSONANCES #31

« Ça commence comme ça » : elle, sur son balcon au huitième étage d’un immeuble parisien, repeint ses meubles, faisant table rase d’une vie maritale qui l’a « essorée et séchée », où famille rime avec famine. Lui, sur le balcon d’en face, musicien esseulé, focalisé sur ses poissons rouges, va se trouver happé par cette femme, la « Marie-Madeleine du Titien et sa longue chevelure étalée sur sa nudité ». Ces deux héros à la fois singuliers et universels ne se quitteront plus des yeux. Naufragés virtuoses, ils vont se laisser porter par leur part de merveilleux, jusqu’à se hisser sur les toits parisiens, contre la bassesse du monde. Au fil du récit, le lecteur suit le cheminement de leurs sentiments naissants. Et c’est sur le théâtre du balcon, dans le jeu des postures et des miroirs, que leurs élans et leurs doutes s’incarnent. « Tu penses à partir et à rester. Tu penses à d’autres couples que tu pourrais former, et tu tombes sur aimer et détester. Aimer et détester s’assemblent, ils restent collés ». Corinne Lagorre nous dévoile ici une relation intime, aérienne comme son écriture qui s’envole en salves poétiques, convoquant Baudelaire et Apollinaire. Les voix narratives mêlent les regards, se distancient, se rapprochent, comme ces deux corps tendus au-dessus du vide, et « C’est à se demander qui regarde qui ». Voyons-nous est un premier roman surprenant et audacieux, qui rassemble et renouvelle des topoï éculés : la rencontre, le balcon, l’artiste solitaire. Et même le violon y fait entendre une partition inédite, une musique de l’âme qui nous entraîne dans une frénésie de vie, où le regard révèle l’essentiel des choses insignifiantes. Parce que « Tout est important ».

éd. Sulliver, 2016
90 pages
10 euros

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LAMBERSY Werner | Dernières nouvelles d’Ulysse https://revuedissonances.com/lambersy-werner-dernieres-nouvelles-dulysse/ Sat, 29 Apr 2017 18:00:58 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2580 Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Dernières nouvelles d’Ulysse de Werner LAMBERSY DISSONANCES #31 « Ici commence le chant qui durera autant que les hommes. » Dix ans, dit le poète, pour écrire ce long poème, dans le giron d’Ulysse revenant à Ithaque offrir à Pénélope ses trahisons et son amour intact pour éprouver s’il est encore lui-même ou personne. Une Odyssée à…Lire la suite LAMBERSY Werner | Dernières nouvelles d’Ulysse

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Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Dernières nouvelles d’Ulysse de Werner LAMBERSY
DISSONANCES #31

« Ici commence le chant qui durera autant que les hommes. » Dix ans, dit le poète, pour écrire ce long poème, dans le giron d’Ulysse revenant à Ithaque offrir à Pénélope ses trahisons et son amour intact pour éprouver s’il est encore lui-même ou personne. Une Odyssée à bord du poème, cette antique énigme qui interroge la nécessité du verbe comme urgence de la beauté, qui fend les flots d’une culture universelle en explorant les gouffres de la mémoire en cours comme les galeries d’une Babel en ruine : commerce de migrants, trafic d’organes, tortures, exterminations, fascismes renaissants. Déjà dans Requiem allemand 1986, la mémoire des noms et des faits tournoyait en orbes obsédants et houleux comme chez Joyce ou Dante pour suivre l’aventurier aux mille vies et langues jusqu’au cœur de sa cité, de son enfer. Le recueil, cousu et collé, avec une remarquable préface d’Hubert Haddad et armorié de sept peintures d’Anne-Marie Vesco, contient dix chants d’inégale longueur, proférés pour la plupart sur le mode du distique ou du tercet (parfois des citations), disposés en deux colonnes sur chaque page ainsi que des rangées de rameurs entonnent avec le nautonier des paroles contre la perdition. Si « Ulysse n’a rien dit de ce qu’il a entendu », c’est qu’« il y a dans la voix des zones de ténèbres ». Son chant pourtant doit percer son propre silence, déchirer les flancs du cheval de Troie, se faire sortilège avec l’art inattendu du pied de nez dans l’aphorisme : «  Orages / d’aurore boréale / sur la banquise brûlante // Et mascara / de courtisane autour / la danse érotique du cil // Tout nouveau-né court vers / mort inconnu ». Chez Lambersy, « la beauté demeure l’éternel début » et se permet le poème total.

éd. Rougier V., 2015
103 pages
18 euros

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PADOVANI Stéphane | Le bleu du ciel est déjà en eux https://revuedissonances.com/padovani-stephane-bleu-ciel-deja-eux/ Sat, 29 Apr 2017 18:00:55 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2596 Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Le bleu du ciel est déjà en eux de Stéphane PADOVANI DISSONANCES #31 Neuf personnages qui se débattent et cherchent leur souffle aux quatre coins d’une Europe tourmentée, neuf récits comme autant de quêtes de sens et de rédemption. D’une Athènes écartelée entre crise économique et sirènes néonazies aux bars sombres de Lisbonne, de…Lire la suite PADOVANI Stéphane | Le bleu du ciel est déjà en eux

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Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Le bleu du ciel est déjà en eux de Stéphane PADOVANI
DISSONANCES #31

Neuf personnages qui se débattent et cherchent leur souffle aux quatre coins d’une Europe tourmentée, neuf récits comme autant de quêtes de sens et de rédemption. D’une Athènes écartelée entre crise économique et sirènes néonazies aux bars sombres de Lisbonne, de la froideur d’une cité de province au vide d’un grand appartement parisien, comment vivre avec le poids de son passé, avec ses regrets, avec la pesanteur du monde ? « Ce jour-là, vivre avec. Quoi qu’en disent Aristote et toute la philosophie, il n’est rien d’égal au tabac. Mais on ne peut plus fumer en Occident. » Jeune traducteur déraciné, sœur inconsolable ou vieil alcoolique repenti, tous vont devoir affronter les fantômes qui les hantent et chercher dans les mots, dans la rencontre avec l’autre ou dans leur propre mémoire les clés de leur reconstruction. Jusqu’à, parfois, se rendre compte que c’est en eux-mêmes qu’ils trouveront leur petite part de ciel bleu. « Nous aimerions devenir autres, dépasser nos limites, muter, mais nous sommes toujours renvoyés à notre humanité. C’est ensemble, m’écrivait mon ami peu avant sa mort, lui qu’on disait pessimiste, que nous sortirons de la brume, tâtonnants, hagards, fourbus mais encore avides de nous revoir vivants, de nous sentir tels. Il pleut ce matin. Tu me manques.  » À travers ces neuf nouvelles denses et oniriques aux faux airs de contes philosophiques, Stéphane Padovani interroge ce moment de nos vies où tout se remet enfin en place, où nous faisons la paix avec nos démons. Ou pas.

éd. Quidam, 2016
148 pages
15 euros

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LEFEBVRE Jérémie | Avril https://revuedissonances.com/lefebvre-jeremie-avril/ Sat, 29 Apr 2017 18:00:53 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2600 Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Avril de Jérémie LEFEBVRE DISSONANCES #31 « Nous, représentants du peuple, décrétons martyrs les citoyens de droit exerçant les activités d’ouvriers, […] agents d’entretien, hôtes de caisse, téléopérateurs, salariés de la restauration rapide, infirmiers. » Un mois d’avril contemporain en France. Après l’évacuation violente d’un squatt à Paris, le pays connaît sa seconde révolution. Les voitures…Lire la suite LEFEBVRE Jérémie | Avril

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Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Avril de Jérémie LEFEBVRE
DISSONANCES #31

« Nous, représentants du peuple, décrétons martyrs les citoyens de droit exerçant les activités d’ouvriers, […] agents d’entretien, hôtes de caisse, téléopérateurs, salariés de la restauration rapide, infirmiers. » Un mois d’avril contemporain en France. Après l’évacuation violente d’un squatt à Paris, le pays connaît sa seconde révolution. Les voitures crament, la police et l’armée sont dissoutes, tandis qu’on reste sans nouvelles des élites de la nation, Michel Houellebecq, Jean-Marc Morandini ou Mylène Farmer. Surtout, l’ordre social se trouve inversé : les bourgeois des centres-villes sont relogés de force dans les cités, les banlieusards investissent les beaux-quartiers. Pour définir le nouveau régime, une Convention nationale édicte une série de décrets salvateurs : abolition de l’héritage et de la propriété privée, interdiction de la chirurgie esthétique et de la presse people, nationalisation des sociétés de coaching et d’événementiel, etc. Jérémie Lefebvre nous fait entendre les voix des acteurs et des témoins – politiques chassés du pouvoir, médias étrangers, nouveaux riches ou cadre sup déclassés – confrontés à ce qui constitue, selon les points de vues, un drame ou une délivrance. « Hou hou, faut se réveiller Carole, t’es plus aux 4000, entre-temps y a eu la révolution, on est dans un trois cents mètres carrés à Madeleine, le mur au fond du couloir ça s’appelle une porte blindée. » Avril nous plonge ainsi dans l’anticipation jouissive et hilarante d’une révolution d’inspiration mao-bio-bobo, d’une insurrection qui advient enfin et ne se contente pas de palabrer la nuit, debout.

éd. Buchet Chastel, 2016
130 pages
13 euros

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SCHLECHTER Lambert | Inévitables bifurcations https://revuedissonances.com/schlechter-lambert-inevitables-bifurcations/ Sat, 29 Apr 2017 18:00:51 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2625 Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Inévitables bifurcations de Lambert SCHLECHTER DISSONANCES #31 Page 119 (texte 56) : « il ne s’est jamais rien passé dans ma vie, il n’y a aucune biographie à écrire, seulement quelques centaines, quelques milliers de minuscules biographèmes » et c’est bien là ce qu’est ce quatrième tome (après deux publiés chez le Castor Astral et un…Lire la suite SCHLECHTER Lambert | Inévitables bifurcations

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Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Inévitables bifurcations de Lambert SCHLECHTER
DISSONANCES #31

Page 119 (texte 56) : « il ne s’est jamais rien passé dans ma vie, il n’y a aucune biographie à écrire, seulement quelques centaines, quelques milliers de minuscules biographèmes » et c’est bien là ce qu’est ce quatrième tome (après deux publiés chez le Castor Astral et un chez les Vanneaux) du Murmure du monde : soixante-dix-sept courts textes d’une densité rare et d’une puissance égale à leur simplicité (ça se lit comme du petit lait), faits d’éclats de pensée et de fragments de vie d’un poète philosophe érudit amoureux libre humain énervé dosant parfaitement le désordre apparent de cette « encyclopédie permanente & portative que je construis par bribes & lambeaux » qui dans l’époque actuelle (délétère, régressive, mortifère, anxiogène) détonne splendidement : intelligence pure et luminosité, et puis il y a ceci : il fait chaud (c’est l’été), peau à peau elle et moi étendus côte à côte, irradiés du plaisir que nous nous sommes offert, nous écoutons nos cœurs peu à peu se calmer et soudain elle demande tu lis quoi en ce moment ? je lui réponds Schlechter, elle me dit tu m’en lis ? et je prends le bouquin que je commence à lire là où il s’est ouvert et elle prend ma main libre qu’elle plaque entre ses cuisses où mon majeur s’étend très naturellement tout du long (bouleversant) de son sexe inondé, je poursuis ma lecture, elle referme ses cuisses, imprime à son bassin un va-et-vient très doux puis de plus en plus fort, je lis je lis je lis, elle palpite maintenant et d’un coup elle s’arcboute, elle crie, puis se détend : je repose le bouquin, je la regarde : elle pleure (et j’ai envie aussi) ainsi, mon cher Lambert, vos mots avec ma voix ont fait jouir mon amie : c’était de toute beauté (je vous en remercie).

éd. Les doigts dans la prose, 2016
162 pages
20 euros

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NAVARRO Mariette | Les chemins contraires https://revuedissonances.com/navarro-mariette-chemins-contraires/ Sat, 29 Apr 2017 18:00:46 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2604 Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Les chemins contraires de Mariette NAVARRO DISSONANCES #31 C’est une trajectoire qui sans faire de bruit s’enfonce dans la glace et, dans la chaleur du soleil, reprend son envol. C’est un mystère textuel, un miroir aux multiples facettes, un insaisissable poème en prose composé de deux parties radicalement opposées et pourtant intimement liées. La…Lire la suite NAVARRO Mariette | Les chemins contraires

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Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Les chemins contraires de Mariette NAVARRO
DISSONANCES #31

C’est une trajectoire qui sans faire de bruit s’enfonce dans la glace et, dans la chaleur du soleil, reprend son envol. C’est un mystère textuel, un miroir aux multiples facettes, un insaisissable poème en prose composé de deux parties radicalement opposées et pourtant intimement liées. La première entremêle deux voix. Celle d’un « Ils » d’abord. Ils, qui perdent leur chemin, se perdent eux-même, se font grignoter impuissants par le quotidien, et dont les liens aux autres se brisent insidieusement. « Chaque jour un nouveau mot se dérobe à eux, ils ne comprennent plus les phrases auxquelles ils doivent obéir.  » Et puis il y a cet Ici qui t’accueille en son sein étincelant de propreté et de contrôle. Cet Ici qui ausculte et solutionne, qui régule et répare, qui te propose avec une bienveillance d’être «  la barrière de tes débordements. Le ciment pour combler tes lacunes ». La seconde partie met en scène un « IL » irrésistible, bavard et solaire, capable de faire s’arrêter la pluie d’un doigt, et IL entraîne dans son sillage un homme entre parenthèses qui a déjà presque cessé de vivre. Alors IL l’accompagne dans une folle promenade, et, d’un coup, fait rentrer de l’air dans ses poumons. « Enfin quelque chose a mis fin au tangage. A l’envie de vomir mécanique et permanente. Enfin on redécouvre qu’il y a du vertical.  » Ainsi, Mariette Navarro offre au lecteur un espace de projection, construit un dispositif formel subtil et maîtrisé où percent l’intime, la douleur, la violence et la joie. Rien de plus vrai, rien de plus touchant : « Tu gueuleras, on te bousculera, te plaira, en te frôlant on hurlera de désir et ce sera déjà pas mal pour la première nuit. »

éd. Cheyne, 2016
112 pages
19 euros

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DELAUME Chloé | Les juin ont tous la même peau https://revuedissonances.com/delaume-chloe-juin-ont-meme-peau/ Sat, 29 Apr 2017 18:00:41 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2638 Regards croisés sur Les juin ont tous la même peau de Chloé DELAUME DISSONANCES #31 Jean-Marc FLAPP : Tels pères Étrange « Rapport sur Boris Vian » qui ne m’a rien appris hormis quelques détails (date-heure-lieu de sa mort) sur l’iconique auteur de L’Écume des jours (qui a été pour moi (comme pour Chloé Delaume et toute une foule d’autres…Lire la suite DELAUME Chloé | Les juin ont tous la même peau

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Regards croisés sur Les juin ont tous la même peau de Chloé DELAUME
DISSONANCES #31

Jean-Marc FLAPP :
Tels pères
Étrange « Rapport sur Boris Vian » qui ne m’a rien appris hormis quelques détails (date-heure-lieu de sa mort) sur l’iconique auteur de L’Écume des jours (qui a été pour moi (comme pour Chloé Delaume et toute une foule d’autres lecteurs adolescents) une révélation lorsque j’avais quinze ans) mais c’est assez normal car le sujet réel de cet étrange rapport s’avère très vite être son auteure elle-même dans ses rapports (précisément) à un trauma d’enfance spécialement violent (« Mon corps avait neuf ans quand mon père a tiré. J’ai perdu mes poupées dans le déménagement. »), aux autres (« Alors j’ai crié c’est pas triste, c’est déchirant, comme déchiré les tissus dedans déchirés, mais pourquoi vous ne comprenez pas, pourquoi vous ne comprenez rien, pourquoi vous ne. »), à la réalité (« Alors à ce moment là je me suis réveillée avec un goût de cerveau dans la bouche.  ») et avant tout (c’est sûr) à la littérature qui est où tout cela (l’enfance, les autres, Vian) l’a menée à ce qu’on lit (« Je regarde aujourd’hui s’affairer les faiseurs, les poètes ratés labellisés maudits par autoproclamation, les piètres écrivaillons à l’ego tubercule. […] Alors que ce n’est pas là que ça peut se passer. Se passer, passage, passation. Ce n’est pas aux méandres de la biographie que se joue la littérature. ») et c’est non seulement très beau et émouvant (comme un film en time-lapse où en quelques dizaines de pages haletantes éclot une femme de lettres qui est une fleur de mort) mais aussi et surtout déroutant et puissant et extrêmement concis, dérangé et urgent. Donc très impressionnant. Alors pour Boris Vian (apprendre des trucs sur lui) on fera autrement.

Côme FREDAIGUE :
Chloé cherche Boris
« Je suis la maladie d’un mort à qui je voudrais dire merci ». Ainsi s’énonce le projet de ce court texte de Chloé Delaume qui tient tout autant de l’auto-fiction et du tombeau littéraire que de l’art poétique. Tout part de la lecture de L’écume des jours, de la rencontre fondatrice avec cet écrivain, Boris Vian, « qui ne m’a jamais parlé et qui pourtant m’a dit. » Cela dit, Les juins ont tous la même peau est plus qu’un hommage à celui qui fut à l’origine de sa vocation : Delaume y explore ce qui fait sans doute l’essence même de la littérature, ce lieu hors de l’espace et du temps où communient les mots d’un auteur et l’âme d’un lecteur. Aux antipodes d’un essai désincarné, elle tente de percer l’énigme de cette écriture qui l’a révélée à elle-même un soir des années 80 et nous fait éprouver « physiquement » son aventure de lectrice. Du coup de foudre de « cette nuit-là où j’ai perdu ma virginité de lectrice » au deuil de la séparation : « déjà en moi l’amnésie te dévore », un dialogue impossible cherche son oméga. Si dans l’intimité du texte s’est nouée une rencontre ineffable, l’altérité demeure avec son indépassable frustration. Ce n’est ni « aux méandres de la biographie », ni dans l’exégèse d’une forme au « secret bien gardé » qu’elle trouvera son « Boris Vian Boris ». L’oeuvre ne la renvoie qu’à elle-même qui doit finalement s’avouer vaincue : « c’est toujours moi qui parle ». Pourtant, cet écho fait entendre quelque chose de plus, ainsi Delaume s’est faite Chloé, personnage de fiction bien réel, avec sa langue singulièrement libre, d’une liberté de torrent, grondante et heurtée, qui remonte vers sa source : « le je est obèse de tous ses dévorés. »

Anne MONTEIL-BAUER :
Diffraction de l’adn d’une écrivaine
Elle cherche. Elle, Nathalie Dalain devenue Chloé Delaume. Elle se remet au monde par la mise en fiction d’une histoire familiale terrifiante : son père – qui-n’est-pas-son-père mais elle ne l’apprend qu’en 2004 – tue sa mère devant ses yeux et se donne la mort à coup de carabine et de cervelle dispersée sur son corps d’enfant. Confiée à sa tante, elle erre en Nathalie Dalain. Et puis « une nuit dans les années quatre-vingt, à Houilles, Yvelines (78) », elle lit L’écume des jours. « Je suis tombée au fond de moi, j’ignorais que c’était possible, qu’il y avait un double-fond derrière le derme ». Entre Vianet Nathalie en train de devenir Chloé, ça cause, ça parle, ça dit – fuse, ça dit – ffracte, ça dit – vision de l’adn, ça fabrique un monde. Littéraire. Les juins ont tous la même peau est une porte entrebâillée sur ce monde. L’écriture y est contaminée par l’œuvre de Vian, mais aussi celles de Lewis Caroll et d’Henry James, ça fourmille (rouge) de références, d’échos, de motifs (dans le tapis). C’est complexe (compliqué parfois), c’est une écriture en espaliers, bouturée, pleines de greffes et de rejets. C’est une quête impossible : « J’ai besoin de savoir. De connaître la grille de lecture du grimoire. D’accéder au secret. Sinon à tout jamais ne serai qu’homonculus ». C’est un paradoxe formidable qui rappelle que « Ce n’est pas aux méandres de la biographie que se joue la littérature. Parce qu’elle n’a pas besoin des hommes, qu’elle les traverse sans s’attarder. Qu’au commencement était le Verbe alors que personne n’était là et qu’à la fin ce sera pareil. »
PS : Recommande aussi (peut-être même en priorité ) : Le Deuil des deux syllabes (éd. L’une & l’autre, 2011 – 36 pages)

Julie PROUST TANGUY :
Rapport sur Chloé
Comment écrire son entrée en littérature, quand on se décrit soi-même comme « un personnage de fiction », « la maladie d’un mort. D’un mort extrêmement précis à qui [on] voudrait bien parler » et à qui l’on doit son nom ?
On se demande d’abord comment écrire à un mort – vouvoiement ? Tutoiement ? – et on enquête sur sa vie sans y retrouver vraiment la substance des livres ou du « puzzle » qui formerait Boris Vian, « casse-tête supplice chinois », «  distingu[ant] Boris Vian de Boris Vian Boris ».
On entrelace aux dates sues par cœur des fragments de sa propre vie pour former des résonnances entre cris et ravissements : chez Delaume, la quête d’identité passe par une affectivité qui coud, bord à bord, sa fascination pour Vian et les fantômes effilochés de sa propre existence. L’écriture se fait toile d’araignée où le lecteur s’englue dans le rythme saccadé d’une langue « aux croches triples nickelées et aux silences sans rouille » et dans les entortillements déroutants des fils narratifs, certains tissés depuis les romans de Vian et d’autres en provenance des « fragments racornis de la réalité » de Chloé, cette adolescente vêtue des vêtements des morts et des mots des autres, hurlant depuis «  cet âge où l’on attend, voire on exige, qu’il se passe quelque chose ».
Au final on écrit moins sur le mort que sur soi-même, sur ce prénom arboré comme une preuve de résilience qui permet d’être, plus que le « personnage d’une fiction à la con, d’un scénario goret, d’un roman familial putride et affligeant », une ombre en devenir, « en forme de soi ».

éd. La Chasse au Snark, 2005 (reprise poche en Points Seuil, 2009)
77 pages
5,10 euros

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DISSONANCES #31 DÉSORDRES https://revuedissonances.com/dissonances-31-desordres/ Sat, 29 Apr 2017 18:00:10 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2396 octobre 2016 / 48 pages / 5 euros mise en images : Isthmaël BAUDRY – ÉDITO : TÉLÉCHARGE L’APPLI DÉSORDRES GO ! Aucun auteur n’a pensé à ressortir des limbes la femme qui vivait dans son HLM sans avoir jamais descendu une poubelle ni le type de l’aide sociale qui vomit son pain aux raisins quand il passe la tête à l’entrée de l’habitacle…Lire la suite DISSONANCES #31 DÉSORDRES

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octobre 2016 / 48 pages / 5 euros
mise en images : 
Isthmaël BAUDRY

ÉDITO : TÉLÉCHARGE L’APPLI DÉSORDRES GO !

Aucun auteur n’a pensé à ressortir des limbes la femme qui vivait dans son HLM sans avoir jamais descendu une poubelle ni le type de l’aide sociale qui vomit son pain aux raisins quand il passe la tête à l’entrée de l’habitacle ni le Premier ministre et autres débilos interchangeables sur les bancs de l’Assemblée nationale assaillis par une horde de joueurs méta-connectés pour nous offrir un final féérique de propulsion de merde liquide à tout-va grâce aux nouveaux produits d’une start-up approvisionnant en recharges les pistolets que tout le monde s’arrache. On attendra un peu pour visionner ça sur les réseaux sociaux où jusque là on aura perdu son temps. Les médias de masse reprendront les images. BFM TV sera notre amie et on achètera un exemplaire de tous les quotidiens nationaux en souvenir. Ceux-là même qui ne parleront jamais des vingt-et-un auteurs de notre partie création, sauf si l’un d’eux se fait avaler par l’industrie du livre. Cela dit, ces politiques et « journalistes » ne liront pas ce qui va suivre, pas plus qu’ils ne s’éveilleront – un jour proche ou lointain – à la conscience. Finalement, étonnante surprise, ce numéro censé t’aider à déprimer davantage est plutôt fun, et on s’en réjouit. Tu veux détourner la tête de cette vacuité devenue généralisée, alors fonce ! Si tu rencontres un poète, une pensée vive ou une image parfaite, dis-toi que quelques auteurs ont tenté l’expérience d’inspecter leur propre chaos (ou celui qu’ils ont observé). Ainsi, parfois, le désordre c’est la fête !

Christophe ESNAULT

DOSSIER « CRÉATION » : DÉSORDRES

Jean AZAREL : Le sexe savant
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements… »

Marie-Paule BARGÈS : Tu me touches (oui, toi, oui)
« – oui toi – tu me touches grandement tu m’éparpilles tu me désordres tu noues dans ma poitrine tes doigts longs doux tu me tricotes des tremblements tu me flingues à balles dans l’estomac bang ! bang ! même pas morte – moi – j’en… »

Aurélia BÉCUWE : Conjugopathie
« Je te reconnais mais je n’en laisse rien paraître. Tu es l’homme avec qui j’ai arpenté l’ennui. Avec qui j’ai procréé et élevé, j’ai acheté et construit, j’ai dépensé et j’ai compté. Je n’aime pas ton regard compassionnel. Il sonne creux. C’est… »

Jean-Christophe BELLEVEAUX : Karl Marx ne m’est d’aucun secours
« torsion sont-ce encore bras visages dans les couloirs sortilèges marmonnés ah couloirs pour un lent glissement Cronos ricane c’est un endormissement l’hôpital prend tous les muscles la pensée elle-même simulacre paralysé… »

Luna BERETTA : Hors d’usage
« X se lève. Il pousse un grognement, manque de me marcher dessus et arrive finalement à m’enjamber sans me faire trop mal. J’ai la bouche pâteuse, collée, je ressens ma mauvaise haleine comme si elle se diffusait dans mon… »

Cédric BONFILS : Asphodèles
« Tes murs humides. Taches bleuâtres. Comme des veines écrasées dans une flaque de lait. Quinze mètres carrés. Personne d’autre que toi n’entre jamais. Et tu sors le moins possible. Il y a deux nuits, tu as vu Annabelle, elle marchait vite en… »

Sandrine CAPELLE : Mon Viking banana
« Tu as été ma pagaille intérieure. Non. Je mens. Tu es ma pagaille interne. Te voir me donne envie d’aller à la plage, de manger un beignet à la framboise, de boire une bière espagnole et de m’ouvrir les veines un matin d’été. Quand tu me… »

Sandrine CUZZUCOLI : D’après Hans Holbein
« Sur des panneaux de chêne la peinture à l’huile recouvre des manches bouffantes des soies de la fourrure différentes sortes de tissus probablement d’odeurs liées à ces tissus des couleurs exubérantes soit mais douces à… »

Clément DESPAS : Sens dessus dessous
« Soudain j’ouvre les yeux. La chambre est dans le noir et il fait vraiment chaud. Par la fenêtre ouverte sur la nuit étoilée au-dessus de ma tête s’écoule sur ma peau, le long de mon corps nu, s’étale sur le lit et du lit dans… »

Blandine FAURÉ : Jour de perte
« Un amour se termine. Tu es parti, c’est irrémédiable. Tu pars, définitivement, et mes espoirs sont deux grands yeux vides sans lumière. Je regarde au sol, j’ai perdu quelque chose, personne ne sait quoi et je ne parviens pas à leur… »

Amélie GUYOT : Les engrenages asymétriques
« j’aimerais tourner le dos à l’insécurité des programmes comme aux mandats divers, narguer les enclosures techniques nichées sous la langue de la gouvernementalité moderne, coulée du deuil assumé de la pensée, de la… »

Philippe JAFFEUX : Chaordre
« Ses pages se glissent entre des phrases qui nomment un spectacle du hasart Une circulation du chaos surmonte son approche de l’écriture Le hasart tourne autour de ses tourbillons d’intervalles Tes coups de dés mesurent l’… »

Ingrid S. KIM : Monologue
« Essuie cette tache de vin sur le carrelage beige. Essuie-la dans l’élan, avant qu’on ne te le demande, avant même qu’elle n’ait touché le carrelage beige, qu’elle ne l’ait sali, défiguré. Et mets tout ton cœur à essuyer cette… »

Clara MELQUIAD : En papier haché
« Sur la table de la salle à manger il y en a un peu partout : une paire de ciseaux, un tube de colle pour écoliers et tout un tas de magazines éventrés, laissés là ouverts parfois arrachés avec de petits morceaux d’eux-mêmes qui… »

Derek MUNN : Manger donne faim
« il fait chaud elle a froid elle dort dans un bain d’eau refroidie puis elle est debout tombée entre deux sommeils, c’est la guerre dit sa fille mais sa fille n’est pas là elle n’est pas rentrée, t’inquiète pas les sirènes font tourner l’… »

Nathalie PALAYRET : Encore et toujours la chaussette
« Encore et toujours la chaussette
Seule de l’espèce non accouplée
Aux tyrannosaures désolés qui… »

Romain PARIS : Les harmoniques du chaos
« Comprenez bien que ce qu’on appelle désordre résulte d’une vue de l’esprit, d’une vision altérée des circonstances et de notre environnement, d’une interprétation erronée des mouvements spontanés qui façonnent et… »

Olivier ROBERT : Un vague goût d’apocalypse
« S’étale à perte de vue
Son crime plus flagrant qu’un soleil
Voyez la terre qui saigne pour lui… »

Stéphen URANI : frouchhh
« C’est comme quand il écrit des trucs. Sans doute la nécessité d’ordonner se fait-elle sentir, mais comment procéder ? Que le monde ait un ordre à lui, c’est entendu, mais à l’intérieur tout ce qui le compose semble avoir son… »

Patrick VARETZ : La Main crispée
« Quand bien même lancés
Du fond d’un naufrage ces
Mots dont l’élan retombe… »

PORTFOLIO : Isthmaël BAUDRY

« J’ai débuté la photographie en prenant des groupes de rock et électro en photo, après ma licence d’histoire, j’ai commencé à sillonner l’Europe Centrale, Balkanique puis Orientale, j’ai appris à peaufiner mes cadrages, de paysages de… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un(e) auteur(e) connu(e))  :
Lambert SCHLECHTER
« Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ? J’écris égoïstement, égotistement, autistiquement pour moi. J’écris compulsivement contre l’entropie, contre le crépuscule, contre le… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
Les juin ont tous la même peau (Chloé DELAUME)
« Elle cherche. Elle, Nathalie Dalain devenue Chloé Delaume. Elle se remet au monde par la mise en fiction d’une histoire familiale terrifiante : son père – qui-n’est-pas-son-père, mais elle ne l’apprend qu’en 2004 – tue sa mère devant ses yeux et se... »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture)  :
Alain DAMASIO & Benjamin MAYET : Le dehors de toute chose – éd. La Volte
« Ce n’est pas faute d’en avoir soulevé, des essais et des fictions, d’en avoir lu un certain nombre, mais parmi les productions de ces récentes années, je n’avais pas trouvé… »

Corinne LAGORRE : Voyons-nous 
– éd. Sulliver
« « Ça commence comme ça » : elle, sur son balcon au huitième étage d’un immeuble parisien, repeint ses meubles, faisant table rase d’une vie maritale qui l’a « essorée et séchée », où… »

Werner LAMBERSY : Dernières nouvelles d’Ulysse – éd. Rougier V.
« « Ici commence le chant qui durera autant que les hommes. » Dix ans, dit le poète, pour écrire ce long poème, dans le giron d’Ulysse revenant à Ithaque offrir à Pénélope ses trahisons et… »
Jérémie LEFEBVRE : Avril – éd. Buchet Chastel
 » Nous, représentants du peuple, décrétons martyrs les citoyens de droit exerçant les activités d’ouvriers, […] agents d’entretien, hôtes de caisse, téléopérateurs, salariés de la restauration… »
Mariette NAVARRO : Les chemins contraires – éd. Cheyne
« C’est une trajectoire qui sans faire de bruit s’enfonce dans la glace et, dans la chaleur du soleil, reprend son envol. C’est un mystère textuel, un miroir aux multiples facettes, un… »
Stéphane PADOVANI : Le bleu du ciel est déjà en eux – éd. Quidam
« Neuf personnages qui se débattent et cherchent leur souffle aux quatre coins d’une Europe tourmentée, neuf récits comme autant de quêtes de sens et de rédemption. D’une… »
Roger RUDIGOZ : Saute le temps – éd. Finitude
« « Si l’on détestait seulement les gens qui nous font du mal, où serait le mérite ? » Je viens de lire les deux volumes de Roger Rudigoz – deux volumes d’un Journal qui en compte… »
Lambert SCHLECHTER : Inévitables bifurcations – éd. Les doigts dans la prose
« Page 119 (texte 56) : « il ne s’est jamais rien passé dans ma vie, il n’y a aucune biographie à écrire, seulement quelques centaines, quelques milliers de minuscules biographèmes » et… »

DISGRESSION (carte blanche sur un domaine autre que la littérature)
Tristan FELIX : Clown de mes deux !
« Pourquoi, comment devient-on clown, bonne mère ? Digressons par la voie personnelle puisqu’il y a dix ans, dans le Cotentin, je le devins, un soir de nouvel an, entre cinq amis d’une compagnie de théâtre étrange, Le Pergonicaspop, rompue aux… »

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RUDIGOZ Roger | Saute le temps https://revuedissonances.com/rudigoz-roger-saute-temps/ Sat, 29 Apr 2017 18:00:08 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2632 Coup-de-coeur de David MARSAC pour Saute le temps de Roger RUDIGOZ DISSONANCES #31 « Si l’on détestait seulement les gens qui nous font du mal, où serait le mérite ? » Je viens de lire les deux volumes de Roger Rudigoz – deux volumes d’un Journal qui en compte plus peut-être ? Car je veux plus de la même chose. Rudigoz est mineur,…Lire la suite RUDIGOZ Roger | Saute le temps

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Coup-de-coeur de David MARSAC pour Saute le temps de Roger RUDIGOZ
DISSONANCES #31

« Si l’on détestait seulement les gens qui nous font du mal, où serait le mérite ? »
Je viens de lire les deux volumes de Roger Rudigoz – deux volumes d’un Journal qui en compte plus peut-être ?
Car je veux plus de la même chose.
Rudigoz est mineur, de cette minorité qui fait qu’André Blanchard aussi est grand. Saute le temps (et À tout prix) couvrent les années 60-62. Rudigoz, c’est de la rhétorique grand siècle 20, le beau milieu qui donna Hyvernaud, autre rhéteur de première force, un peu comme Rudigoz, mais différent. Chez Hyvernaud la tendresse est quasi invisible, alors que Rudigoz sait être grand par ce côté de la fragilité humaine : sa rhétorique pique dans l’humain, pioche le réel, avec parfois quelques bons mots (« René Julliard a la jaunisse. Dans quel but ? »). Mais récit tendre d’abord : sur l’enfance, père devenu libraire après avoir été fleuriste, les débuts d’un puceau à Marseille, un vrai roman d’apprentissage, amours inabouties pour une grande bringue promenant une levrette, solitude et misère. Le plaisir de regarder les gens et les événements suffit à faire de ce journal un livre dont la cuisine littéraire est quasiment absente. De sorte que la lecture des écrivains mineurs me semble bien plus intéressante que celle du catalogue des nouveautés : le récent est rarement le nouveau. Et donc retour à Rudigoz – même s’il m’agace un peu avec ses airs de crève-la-faim, d’écrivain méconnu conscient de l’être. On pourrait croire dans ces moments que Rudigoz a inventé la littérature à lui tout seul ! C’est pour cela que Rudigoz est grand.

éd. Finitude, 2012
224 pages
19,50 euros

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DAMASIO Alain & MAYET Benjamin | Le dehors de toute chose https://revuedissonances.com/damasio-alain-mayet-benjamin-de-toute-chose/ Sat, 29 Apr 2017 18:00:06 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2614 Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Le dehors de toute chose de Alain DAMASIO & Benjamin MAYET DISSONANCES #31 Ce n’est pas faute d’en avoir soulevé, des essais et des fictions, d’en avoir lu un certain nombre, mais parmi les productions de ces récentes années, je n’avais pas trouvé grand-chose. Benjamin Mayet entretient une relation amoureuse avec le texte d’Alain Damasio. Il…Lire la suite DAMASIO Alain & MAYET Benjamin | Le dehors de toute chose

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Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Le dehors de toute chose de Alain DAMASIO & Benjamin MAYET
DISSONANCES #31

Ce n’est pas faute d’en avoir soulevé, des essais et des fictions, d’en avoir lu un certain nombre, mais parmi les productions de ces récentes années, je n’avais pas trouvé grand-chose. Benjamin Mayet entretient une relation amoureuse avec le texte d’Alain Damasio. Il l’a adapté et joué au théâtre et ce qu’il nous propose-là est un montage d’extraits de La Zone du Dehors, texte visionnaire sur les sociétés de contrôle devenu succès de librairie après une première parution en 1999. « La Zone du Dehors n’a jamais été pour moi un roman. C’était un bréviaire de combat, destiné à ceux dont la révolte dépasse le périmètre de leur peau ». Ce que j’ai pu observer en fréquentant la marge (réseaux alternatifs, anarchistes et libertaires, autonomes, militants, utopistes actifs, femmes libres), je le retrouve ici : « le seul changement qui vaille est interne. Nous sommes l’unique terrain sur lequel la rébellion peut avoir lieu ». On pourra tenter de rire de notre société moderne : « Le monde peut continuer à rester ce qu’il est tant que je peux gérer au quotidien mon monde, tant qu’on me laisse manipuler le tamagotchi des choix minuscules qui singent ma liberté ». Que faire ? Vivre en poète, nous enseigne Siméon en exergue du livre. Phase un de toute action : naître à sa propre vie. Ce n’est pas une mince affaire. Lire ce texte est peut-être un prélude pour une poignée d’entre nous. Allons vers « Un monde d’inventeurs de possibilités de jouir, de sentir et de voir qui n’aura pas peur d’essayer et d’échouer ! »

éd. La Volte, 2016
72 pages
6 euros

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LE QUERREC Perrine (extraits) https://revuedissonances.com/le-querrec-perrine-extraits/ Wed, 26 Oct 2016 19:00:51 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1353 DISSONANCES #35 | LA HONTE Vauban « Le regard sur moi il voudrait il ne voudrait pas le regard s’appuyer à peine se poser mais m’appuie quand même quand il me frôle de sa présence s’appuie m’appuie sur la nuque mes mots surtout mes mots Le regard auprès de moi sa place prend de la place que je…Lire la suite LE QUERREC Perrine (extraits)

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DISSONANCES #35 | LA HONTE
Vauban
« Le regard sur moi il voudrait il ne voudrait pas le regard s’appuyer à peine se poser mais m’appuie quand même quand il me frôle
de sa présence
s’appuie m’appuie
sur la nuque mes mots surtout mes mots
Le regard auprès de moi sa place prend de la place que je prenais entière j’y installais ma solitude Reine du milieu de mon ventre au bord précipice de ma langue littérature répandant dans ma tête un étonnement sans parole
Sans prévenir quand ma réalité de pain transformée en réalité du pronom, mon visage un autre jusqu’alors caché seul au monde ce visage des mois à se creuser se heurter aux jours sans pain jours des pronoms de la ponctuation les jours crus de vérité, je cherche de plus en plus l’autre visage sa réalité irregardable inavouée
Les jours d’abattoirs suspendue à l’esse je saigne m’égoutte la… »

DISSONANCES #24 | LE MAL
La menace
« Plusieurs fois par jour, le viol par ton cri, quand toutes les deux, tête à tête, les autres partis, les autres ailleurs, échappés, et toutes les deux, toi et moi, toi dresseuse, porte la culotte, bardée
d’autorité, toi ta colère, tes cris, tes hurlements, ce cri que j’entends encore tout au fond, cette terreur, plusieurs fois par jour, le viol par ton cri, quand tu pénètres mon corps d’enfant, violente ma chair, m’ouvre en deux, me fend, c’est si mal, ça fait si mal, j’ai peur, j’ai peur je veux être la peur, juste peur juste mal pendant que tu me violes, plusieurs fois par jour, avec ton gros cri, ton grand cri violacé, qui m’écartèle, je te prends en plein dedans, mon cœur remonte dans ma gorge, ton gros cri en moi, planté, enfoncé, je peur, je immobile, je plus bouger, plus respirer plus exister plus là, quand le cri se retire et me laisse déchirée, le cri s’éloigne mais je sais, je sais il va revenir.
Alors vite.
Entre deux cris,
construire les… »

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SEURAT Alexandre | La maladroite https://revuedissonances.com/proust-tanguy-julie-sorcieres-2/ Mon, 10 Oct 2016 17:42:45 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2512 Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour La maladroite de Alexandre SEURAT DISSONANCES #30 Diana ne paraît pas ses 8 ans. Mutique, peut-être un peu attardée, maladroite évidemment, la petite fille pose ses grands yeux incompréhensifs sur un monde brouillé et inaudible, qui semble lui parvenir de beaucoup trop loin. Alors quand elle disparaît, tous ceux qui l’ont connue – sa tante, sa grand-mère,…Lire la suite SEURAT Alexandre | La maladroite

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Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour La maladroite de Alexandre SEURAT
DISSONANCES #30

Diana ne paraît pas ses 8 ans. Mutique, peut-être un peu attardée, maladroite évidemment, la petite fille pose ses grands yeux incompréhensifs sur un monde brouillé et inaudible, qui semble lui parvenir de beaucoup trop loin. Alors quand elle disparaît, tous ceux qui l’ont connue – sa tante, sa grand-mère, son frère, ses instituteurs, etc. – reviennent sur les instants passés en sa compagnie pour essayer de comprendre à quel moment elle leur a échappé, à quel moment ils n’ont pas su voir ce qui était en train d’advenir. Le frère : «  J’aimerais pouvoir dire que je l’aimais comme une sœur – mais elle n’en était pas une pour moi, puisqu’elle n’était rien, puisqu’on ne la voyait pas, qu’on n’avait pas le droit de jouer avec elle, qu’elle passait des journées entières dans sa chambre, et si elle pleurait c’était pire, parce qu’elle était punie ».
La maladroite renoue avec la structure narrative du Citizen Kane d’Orson Welles : le récit repose entièrement sur une succession de témoignages parcellaires, subjectifs, laissant le lecteur seul en possession de cette matière incertaine et dérangeante. Le style d’Alexandre Seurat épouse parfaitement la singularité de ces paroles qui se répondent et se contredisent, révèlent l’évidence des faits pour aussitôt la mettre en doute. Beaucoup de phrases échouent avant d’avoir réussi à convoquer un verbe, comme pour dire l’impuissance, la mauvaise conscience, et le silence assourdissant de Diana finit par nous retenir de force à l’intérieur de ce huis clos familial et banlieusard où les faux-semblants restent la seule échappatoire.

éd. du Rouergue, 2015
122 pages
13,80 euros

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PROUST-TANGUY Julie | Sorcières https://revuedissonances.com/proust-tanguy-julie-sorcieres/ Mon, 10 Oct 2016 16:17:09 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2508 Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Sorcières de Julie PROUST-TANGUY DISSONANCES #30 L’auteure nous avait déjà régalés de Pirates. Elle nous offre cette fois-ci une somme d’érudition, un travail de plusieurs années, une immersion totale dans tous les documents disponibles. Julie Proust-Tanguy a fait le voyage jusqu’au musée de Rothenburg pour une série de photographies (chaise de torture et autres joyeusetés) : marque…Lire la suite PROUST-TANGUY Julie | Sorcières

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Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Sorcières de Julie PROUST-TANGUY
DISSONANCES #30

L’auteure nous avait déjà régalés de Pirates. Elle nous offre cette fois-ci une somme d’érudition, un travail de plusieurs années, une immersion totale dans tous les documents disponibles. Julie Proust-Tanguy a fait le voyage jusqu’au musée de Rothenburg pour une série de photographies (chaise de torture et autres joyeusetés) : marque de son implication… Ovide, Virgile, Bosch, Hugo, Walt Disney, Voltaire, Balzac, Blake, Baudelaire, les Rita Mitsouko, le Marteau des sorcières et pas moins de trois cents autres références (mon affection allant particulièrement à Jules Michelet qui fut le premier à réhabiliter (tardivement) la sorcière : je passe commande d’un de ses livres) : Julie Proust-Tanguy vous donnera envie d’aller plus loin parce qu’elle sait rendre merveilleusement euphorisante sa passion pour le littéraire et que l’iconographie (très riche) est superbe. Ainsi, grâce à de larges extraits d’œuvres littéraires ou historiques et des apports cinématographiques nombreux – entre autres sources – on découvre que la sorcière est le bouc émissaire d’une époque lointaine (mais nous avons les nôtres) et que les persécutions et atrocités commises sur elle nous parlent de notre société (et des hommes) confrontée à la peur de ses désirs : la sorcière n’est autre que la première des féministes. Ce livre devient en creux une boîte à outils pour la femme qui souhaite comprendre son parcours et accéder à l’émancipation. Aux hommes (la honte d’en être un nous a submergé à la lecture de certains passages du livre) de les aimer davantage et plus follement.

éd. Les Moutons électriques, 2015
244 pages
23 euros

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LE GOLVAN | Psaume des psaumes https://revuedissonances.com/golvan-psaume-psaumes/ Mon, 10 Oct 2016 16:10:46 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2504 Coup-de-coeur de David MARSAC pour Psaume des psaumes de LE GOLVAN DISSONANCES #30 « J’écrirai lorsque physiquement les autres n’en auront plus la force. » Ce Psaume des psaumes  est de la race des grands chants, dont le plus grand dans la lignée reste à jamais « Le Roi d’Asiné  » de l’immense Séféris («  Et Asiné… Et Asiné… »). Lyrique, érudite, propitiatoire, la langue de Le Golvan…Lire la suite LE GOLVAN | Psaume des psaumes

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Coup-de-coeur de David MARSAC pour Psaume des psaumes de LE GOLVAN
DISSONANCES #30

« J’écrirai lorsque physiquement les autres n’en auront plus la force. » Ce Psaume des psaumes  est de la race des grands chants, dont le plus grand dans la lignée reste à jamais « Le Roi d’Asiné  » de l’immense Séféris («  Et Asiné… Et Asiné… »). Lyrique, érudite, propitiatoire, la langue de Le Golvan se hisse à la hauteur requise pour dire le Verbe, qui est d’abord poussière avant d’être chant : « Au débit de ton nom, David, je n’ai pas démérité. » Parodique à peine, le psalmiste détaille sa passion pour un homme, un roi, un éditeur peut-être, lui-même souvent, passant de la douceur quasi érotique à l’imprécation tendre. «  David mes bras étaient comblés de toi.  » C’est aussi la longue confession d’un impossible dévouement à la cause du chant, plus grand que le poème (de ce dernier, la vie et l’amour sont aujourd’hui les restes décharnés). Face à ce lyrisme âpre (le sens très heureusement échappe et ne pourra être retenu contre son auteur), le lecteur se retrouve face au vide de son propre masque. Ce psaume énigmatique brosse aussi le portrait de l’écrivain d’aujourd’hui, qu’un rien de grâce habite, grâce qui attise sa faim autant que sa vanité, car le talent n’est rien à force d’être partagé dans l’espace à jamais contemporain de la littérature. La technique a fait de chacun d’entre nous des lecteurs habiles et des écrivains automatiques – des rois ordinaires : aussitôt nés, aussitôt achevés. Il n’y a plus de lecteurs pour les grands poèmes. Il n’y a plus de grand poème. Reste le chant. De ce chant résiduel, Le Golvan est le maître.

éd. La sirène étoilée, 2015
48 pages
12 euros

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2504
LAMBERSY Werner | Un requiem allemand 1986 https://revuedissonances.com/lambersy-werner-requiem-allemand-1986/ Mon, 10 Oct 2016 16:01:34 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2502 Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Un requiem allemand 1986 de Werner LAMBERSY DISSONANCES #30 Un récitatif, de la densité hallucinante des morts face au poème, où s’invitent Brahms, Gluck, Britten, Purcell, Bartók, Cage, Otis Redding, Parker, Holiday, Marilyn, Makeba, Pasolini, Garbo, Rothko, Eschyle, Homère, Dante, Lowry, Welles, Malaparte, Han Shan, Pratt… non pas cautions savantes ou populaires mais racines et branches…Lire la suite LAMBERSY Werner | Un requiem allemand 1986

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Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Un requiem allemand 1986 de Werner LAMBERSY
DISSONANCES #30

Un récitatif, de la densité hallucinante des morts face au poème, où s’invitent Brahms, Gluck, Britten, Purcell, Bartók, Cage, Otis Redding, Parker, Holiday, Marilyn, Makeba, Pasolini, Garbo, Rothko, Eschyle, Homère, Dante, Lowry, Welles, Malaparte, Han Shan, Pratt… non pas cautions savantes ou populaires mais racines et branches auxquelles s’agripper pour ne pas dévaler la pente boueuse d’une identité schizophrène : Werner est convié en 1986 pour la traduction en allemand de Quoique mon cœur en gronde. Venu un jour plus tôt, comme au seuil du passé et de l’avenir, il erre dans la forêt de Wannssee où sa mémoire se perd dans une enfance cauchemardesque et tente de rappeler à la conscience universelle que l’histoire de l’homme est celle de son massacre. « Se haïssaient-ils tellement ou aimaient-ils tant l’exécrable triomphe des peurs par la victoire sur les plus inoffensifs, ceux qui en deux heures à la villa Marlier, ont justifié l’horreur pour les siècles à venir et posé la terreur en système éternel ? » Ecrire comme Oreste, coupable-salvateur, s’agenouille pour exténuer les Erinyes ; se retourner sur le lieu-même où se tint la conférence des exterminateurs ; écrire pour incorporer la mère juive et sceller le trou noir du père flamingant engagé dans la Waffen SS en 1941 ; écrire parce que le poème est « une genèse urgente » après la Solution Finale planifiée en 1942, en présence subalterne du père qui jamais ne reniera ses convictions en prison. Lisant ce Requiem, je pense aussi à Joe Bousquet, à Bruno Schultz dont les chairs faites métaphores se mêlent au gouffre du poème.

éd. Caractères, 2015
50 pages
9 euros

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DISSO #31 : Lambert SCHLECHTER https://revuedissonances.com/disso-31-lambert-schlechter/ Mon, 10 Oct 2016 16:00:14 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2423 Extrait de l’entretien avec Lambert SCHLECHTER publié dans DISSONANCES #31     Lambert SCHLECHTER (petit) Ecrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? J’écris égoïstement, égotistement, autistiquement pour moi. J’écris compulsivement contre l’entropie, contre le crépuscule, contre le pentu de la pente. J’écris dans la jubilation, connecté à l’immense réseau-circuit où d’autres écriveurs à travers…Lire la suite DISSO #31 : Lambert SCHLECHTER

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Extrait de l’entretien avec Lambert SCHLECHTER publié dans DISSONANCES #31

septembre-1944-liberation    Lambert SCHLECHTER (petit)

Ecrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
J’écris égoïstement, égotistement, autistiquement pour moi. J’écris compulsivement contre l’entropie, contre le crépuscule, contre le pentu de la pente. J’écris dans la jubilation, connecté à l’immense réseau-circuit où d’autres écriveurs à travers les siècles vibrent. J’écris hors du temps et hors du monde viscéralement vissé au temps et au monde. J’écris malgré les assassins. J’écris à propos de moi et donc de l’universelle condition.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
La contrainte pour moi joue un rôle décisif. La plupart de mes écrits ont été produits avec la contrainte comme moteur : sans la contrainte ils n’auraient pas été écrits ̶ ou alors j’aurais écrit autre chose mais je ne sais pas quoi.
Contrainte en poésie : c’est le quatrain (en général octosyllabique) dans Le Papillon de Solutré (2003) et dans Les Repentirs de Froberger (2011), c’est le distique décasyllabique dans La Théorie de l’univers (2015), c’est le neuvain structuré en quatre distiques et un vers final dans Piéton sur la voie lactée (2012), dans Enculer la camarde (2013), dans Je est un pronom sans conséquence (2014) et dans Milliards de manières de mourir (2016) – et chaque fois 99 neuvains par recueil.
Contrainte en prose : c’est le format. Dans la plupart de mes ouvrages en prose le texte se structure strictement ou en page ou en alinéa. A l’origine, ce sont les dimensions des cahiers et carnets qui génèrent la longueur des textes qui sont toujours écrits à l’encre avant d’être typographiés.
La page, c’est, selon les livres, 1000 ou 1800 signes. Chaque page est aussi un chapitre, que ce soit dans des récits comme Angle mort (1988, 2005) ou Partances (2003) ou dans les livres à…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #31

BIO

Lambert Schlechter est né en décembre 1941 à Luxembourg. Publié dès 1960, il a ensuite patiemment construit une œuvre considérable dans tous les sens du terme, érudite, sensuelle, polymorphe, lyrique, humaniste, posée en équilibre entre poésie pure et considérations philosophiques, qui dit avant tout (sans doute) l’émerveillement et la jouissance d’être au monde. Depuis 2006, il travaille (entre autres) à l’élaboration d’un projet au long cours, Le Murmure du monde, vaste collection en expansion de fragments littéraires, philosophiques et autobiographiques. En 2015, des milliers de livres et la quasi-totalité de ses manuscrits ont disparu dans l’incendie de sa maison. Il vit aujourd’hui seul dans le vignoble de la Moselle luxembourgeoise.

BIBLIO SÉLECTIVE (2016)

La Muse démuselée (éd. Phi, 1982)
Partances (éd. L’Escampette, 2003)
Smoky (éd. Le Temps qu’il fait, 2003)
La Robe de nudité (éd. des Vanneaux, 2008)
La Pivoine de Cervantès (éd. La part commune, 2011)
Les Repentirs de Froberger (éd. La Part des anges, 2011)
Je est un pronom sans conséquence (éd. Phi, 2014)

Le Murmure du monde :
1 Le Murmure du monde (éd. Le Castor astral, 2006)
2 La Trame des jours (éd. des Vanneaux, 2010)
3 Le Fracas des nuages (éd. Le Castor astral, 2013)
4 Inévitables bifurcations (éd. Les Doigts dans la prose, 2016)
5 Le Ressac du temps (éd. des Vanneaux, 2016)

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DENIEL-LAURENT Bruno | Éloge des phénomènes https://revuedissonances.com/deniel-laurent-bruno-eloge-phenomenes/ Mon, 10 Oct 2016 15:52:37 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2496 Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Éloge des phénomènes de Bruno DENIEL-LAURENT DISSONANCES #30 C’est sur le rayonnant sourire de deux jeunes femmes heureuses que s’ouvre cet essai. L’une est française et l’autre khmère, elles « ne se connaissent pas et ne se rencontreront probablement jamais. Mais l’une et l’autre possèdent un chromosome surnuméraire, malicieusement accroché à la vingt-et-unième paire » : toutes deux…Lire la suite DENIEL-LAURENT Bruno | Éloge des phénomènes

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Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Éloge des phénomènes de Bruno DENIEL-LAURENT
DISSONANCES #30

C’est sur le rayonnant sourire de deux jeunes femmes heureuses que s’ouvre cet essai. L’une est française et l’autre khmère, elles « ne se connaissent pas et ne se rencontreront probablement jamais. Mais l’une et l’autre possèdent un chromosome surnuméraire, malicieusement accroché à la vingt-et-unième paire » : toutes deux donc mongoliennes et à ce titre «  phénomènes » même si de par le monde leurs semblables et elles sont intégrés au point – adultes – de travailler… et même se prostituer – la scène est saisissante – ou écrire une poésie qui est « comme un dieu / Qui épelle mon visage / Et qui enfonce le clou dans un puits » (ce qui vaut bien en effet (j’ai bien ri) tout l’œuvre de Grand Corps Malade et Perret réunis). Mais il y a leurs têtes (impossibles à ne pas voir), la déficience mentale, une santé fragile : un côté boulet donc. Et tout le poids social. D’où ce constat qu’en France « 96 % des fœtus trisomiques détectés sont désormais supprimés avec l’accord plus ou moins contraint des familles et la complicité de l’institution hospitalière. » puis une réflexion extrêmement pertinente (et brillamment écrite) sur les raisons de ça : citant abondamment, mettant en relation, Bruno DENIEL-LAURENT démontre la logique (historique, politique) d’un eugénisme actuel, occidental, d’état, pas tellement éloigné niveau motivations (délire de pureté, souci d’économie) du projet nazi (Aktion T4) d’élimination des handicapés – juste un peu plus moderne, transhumaniste, cool, et gonflé aux hormones de la technologie. Éloge donc ? Sans doute… mais aussi avertissement : « Voulons-nous à ce point vivre à Gattaca ? » et avec celle-ci tout un tas d’autres questions que cette dénonciation nous pose forcément. Un très bel essai donc.

éd. Max Milo, 2014
60 pages
9,90 euros

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BOUCHERON Patrick & RIBOULET Mathieu | Prendre dates https://revuedissonances.com/boucheron-patrick-riboulet-mathieu-prendre-dates/ https://revuedissonances.com/boucheron-patrick-riboulet-mathieu-prendre-dates/#comments Mon, 10 Oct 2016 15:44:05 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2493 Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Prendre dates de Patrick BOUCHERON et Mathieu RIBOULET DISSONANCES #30 « Comment oublier l’état où nous fûmes, l’escorte des stupéfactions qui, d’un coup, plia nos âmes ? » Il faut peu de choses parfois (ici les premiers mots d’un texte) pour réaliser que les plaies ne sont et ne seront jamais refermées, pour dégeler les douleurs enfouies et leur…Lire la suite BOUCHERON Patrick & RIBOULET Mathieu | Prendre dates

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Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Prendre dates de Patrick BOUCHERON et Mathieu RIBOULET
DISSONANCES #30

« Comment oublier l’état où nous fûmes, l’escorte des stupéfactions qui, d’un coup, plia nos âmes ? » Il faut peu de choses parfois (ici les premiers mots d’un texte) pour réaliser que les plaies ne sont et ne seront jamais refermées, pour dégeler les douleurs enfouies et leur redonner vie. A quatre mains, un historien et un écrivain relatent les attentats de janvier 2015, un peu avant, un peu après, pour rendre compte, poser sur papier les faits externes et les processus internes, ce qu’ils ont pensé, ressenti, à juste place entre le déroulement des événements et le début de la mise à distance. Et c’est bouleversant. Bouleversant de justesse des sentiments, et d’intelligence. «  Ce qu’il fallait d’abord, c’est prendre dates, et le faire à deux pour se préparer à être ensemble, puisque deux en somme est le premier pas vers le plusieurs ». Prendre dates est un livre nécessaire en ce sens qu’il refuse la mort de l’émotion collective qui nous a saisis à la gorge et qui s’est pourtant évanouie à peine éclose. Le livre peut-être vu en ça comme un espace de recueillement, un lieu dans lequel on peut raviver sans honte ce sentiment rare et puissant de communion, d’existence d’un «  nous » si rarement tangible. Mais l’émotion n’est rien sans intelligence. Fin, subtil, documenté, Prendre dates nourrit l’esprit, révèle, met en lumière les rouages, les failles, les zones d’ombre et ose même proposer, anticiper, s’engager. Aujourd’hui, la dernière phrase de l’ouvrage résonne douloureusement aux oreilles du lecteur et ancre définitivement l’absolue nécessité de l’existence même d’un tel livre : « On sait faire, […]  : s’occuper des morts et calmer les vivants. Pour le reste, ça commence. Tout est à refaire.  »

éd. Verdier, 2015
144 pages
4,50 euros

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BENOTMAN Abdel Hafed | Le 5ème mur ou l’Athégriste https://revuedissonances.com/anseaume-camille-facon-detre-monde/ Mon, 10 Oct 2016 15:36:16 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2487 Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Le 5ème mur d’Abdel Hafed BENOTMAN DISSONANCES #30 Œuvre posthume, Le 5e mur tient à la fois du témoignage, du réquisitoire, de la profession de foi et de la réflexion philosophique. D’emblée, l’auteur nous avertit : « je ne sais pas ce que j’ai écrit, un mini-roman, un long poème, un pamphlet, un exercice de style, de la…Lire la suite BENOTMAN Abdel Hafed | Le 5ème mur ou l’Athégriste

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Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Le 5ème mur d’Abdel Hafed BENOTMAN
DISSONANCES #30

Œuvre posthume, Le 5e mur tient à la fois du témoignage, du réquisitoire, de la profession de foi et de la réflexion philosophique. D’emblée, l’auteur nous avertit : « je ne sais pas ce que j’ai écrit, un mini-roman, un long poème, un pamphlet, un exercice de style, de la philo, du caca ? ». En effet, les formes se succèdent pour dénoncer enfermements, mensonges et mystifications : récits, poèmes, lettre « à cœur ouvert et cul serré au président de la république », dialogues (entre acteurs suicidé et déifié, ou bien entre Joëlle et Nathalie, sœurs de geôle). Tirant à boulets rouges sur les institutions, les religions, le monde politique, journalistique, littéraire, Benotman fait tomber murs et masques. Tel Montaigne avançant par « sauts et gambades », il nous peint l’humaine condition à travers digressions et fulgurances, nous livre sa vision lucide et poétique du monde. On retrouve ici la plume incisive des Brèves de parloir et de Style au noir, les chroniques de l’Athégriste. Une « tentative de livre » qui réunit tous les combats de son auteur – la détention, la double peine, le fichage ADN… – et qui érige face aux murs « le LSD, Légitime Social Défense ». Un texte qui dit l’attachement viscéral à la liberté et la force des passions – théâtre, cinéma, écriture (« je n’ai ni ambition ni vanité littéraire, juste un orgueil d’écriture… J’écris pour le cul des femmes, puisant l’humus de la vie ») mais aussi l’amitié et l’amour, valeurs rédemptrices : « C’est avec l’Amour, l’immense Amour, que chacun chacune peut racheter sa part au diable ». Un testament qui fait entendre d’outre-tombe et par-delà les murs, la voix d’Hafed, rageuse, tendre, drôle et libre.

éd. du Horsain, 2015
205 pages
8 euros

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ANSEAUME Camille | Ta façon d’être au monde https://revuedissonances.com/albarracin-laurent-de-limage/ Mon, 10 Oct 2016 15:23:38 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2485 Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Ta façon d’être au monde de Camille ANSEAUME DISSONANCES #30 C’est l’histoire d’une amitié de gosses, devenue une amitié d’ados puis une amitié d’adultes. De deux copines qui n’ont au départ comme point commun qu’une nouvelle petite sœur, « une petite sœur qui s’appelait pareil, enfin « pareil » c’était pas son prénom, disons qu’elles avaient le même,…Lire la suite ANSEAUME Camille | Ta façon d’être au monde

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Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Ta façon d’être au monde de Camille ANSEAUME
DISSONANCES #30

C’est l’histoire d’une amitié de gosses, devenue une amitié d’ados puis une amitié d’adultes. De deux copines qui n’ont au départ comme point commun qu’une nouvelle petite sœur, « une petite sœur qui s’appelait pareil, enfin « pareil » c’était pas son prénom, disons qu’elles avaient le même, de prénom, et aussi d’âge. Tu lui as dit que la tienne était trisomique, elle a répondu que la sienne était Capricorne. » C’est l’histoire d’un groupe d’amis qui s’agrègent petit à petit, au gré des vacances, des rentrées scolaires, des coups de cœur des uns et des autres puis de l’inévitable montée à Paris. Et puis c’est l’histoire de la mort bête de l’un d’entre eux. Et soudain on comprend que toute la première partie du livre n’était qu’un long prologue sucré et somme toute un peu banal, une mise en place des protagonistes pour ces quelques dizaines de pages extraordinaires sur le deuil. Deuil d’un ami, d’un amant, deuil d’une vie qui démarrait, d’une légèreté perdue. « Chez H&M, tu as trouvé une petite veste noire et un petit haut gris. Pourquoi dit-on toujours « petit » pour qualifier les choses du quotidien ? On échange un petit mot, on boit un petit verre, puis un matin un petit café, on se rend de petits services, on passe de bonnes petites soirées, on se présente nos petits amis, et un jour on choisit une petite tenue pour aller les enterrer.  » Comme dans son premier roman Un tout petit rien, Camille Anseaume arrive à mettre des mots lumineux sur le vague à l’âme, à décrire une tristesse toujours pleine de fous rires malgré tout, de maladresses et de non-dits. Le genre de livre que l’on rouvre à peine terminé, à la recherche de toutes les clés que l’auteure avait semées çà et là.

éd. Kéro, 2016
234 pages
17,90 euros

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BARGÈS Marie-Paule (extraits) https://revuedissonances.com/barges-marie-paule-aurelia-extraits/ Mon, 10 Oct 2016 09:33:01 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2480 DISSONANCES #31 | DÉSORDRES Tu me touches (oui, toi, oui) « – oui toi – tu me touches grandement tu m’éparpilles tu me désordres tu noues dans ma poitrine tes doigts longs doux tu me tricotes des tremblements tu me flingues à balles dans l’estomac bang ! bang ! même pas morte – moi – j’en redemande des balles…Lire la suite BARGÈS Marie-Paule (extraits)

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DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
Tu me touches (oui, toi, oui)
« – oui
toi – tu me touches grandement tu m’éparpilles tu me désordres tu noues dans ma poitrine tes doigts longs doux tu me tricotes des tremblements tu me flingues à balles dans l’estomac bang ! bang ! même pas morte – moi – j’en redemande des balles à blanc des saveurs de flèche de ta langue qui vient contre avec les mots dans ma bouche – toi – tu brûles mes surfaces avec l’eau de tes lèvres à l’envie sur mes lèvres ma peau – oui – avec tes mots de salive tes murmures murmurés dans mon oreille tes mots que j’écoute en murmure à mon oreille tout près de tes lèvres tes mots tout contre – moi – me touchent dans les profondeurs me submergent – oui – tes mots que je lis et relis couchés répétés mille fois reliés cousus brodés sous mes paupières lourdes de désir pour – toi – ces mots de – toi & toi – que je vois tel que je t’imagine me touchent tu me touches tu me touches tout le temps je les bois je te bois sur la page mouillée des crépuscules quand tu écris ce que tu murmures quand tu m’écris les murmures – oui – tu m’enivres je bois les mots avec – toi – tout entier je bois les murmures je bois tout ce qui en découle je m’en lèche les doigts de – toi moi – entre mes jambes en écoulements chauds comme ces coulures de... »

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CAPELLE Sandrine (extraits) https://revuedissonances.com/capelle-sandrine-extraits/ Sun, 09 Oct 2016 12:57:46 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2466 DISSONANCES #31 | DÉSORDRES Mon Viking banana « Tu as été ma pagaille intérieure. Non. Je mens. Tu es ma pagaille interne. Te voir me donne envie d’aller à la plage, de manger un beignet à la framboise, de boire une bière espagnole et de m’ouvrir les veines un matin d’été. Quand tu me parles, j’imagine ma langue…Lire la suite CAPELLE Sandrine (extraits)

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DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
Mon Viking banana
« Tu as été ma pagaille intérieure. Non. Je mens. Tu es ma pagaille interne. Te voir me donne envie d’aller à la plage, de manger un beignet à la framboise, de boire une bière espagnole et de m’ouvrir les veines un matin d’été. Quand tu me parles, j’imagine ma langue sur ta joue gauche et une fourchette plantée dans ton menton. J’ai passé tellement de secondes à t’attendre en contemplant le voisin regarder la télévision sur sa terrasse au milieu de ses citronniers et de ses bouteilles de tequila. J’ai souvent voulu être lui pour vivre exactement la même chose. Sans toi. Seule. Avec un cochon d’Inde qui porterait ton prénom. Christoffer. Chris pour les intimes et les polyglottes qui ne parlent qu’anglais. Je me souviens de tout. Surtout de mon imagination. De ton skate. De mes doigts sur ta dent ébréchée. De tes tatouages. De ton envie de me faire peur. De ta sangria maison toujours trop chaude qui me donnait envie de faire l’amour. De te faire l’amour. De baiser. Ta chambre se résume à un lit, un peignoir trop grand pour tes petites jambes et à une plante, une sorte de palmier nain. Un petit palmier. A quoi ça sert ? Il est comme toi : On a envie de le laisser crever avec beaucoup d’amour. Tous les… »

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MELQUIAD Clara (extraits) https://revuedissonances.com/varetz-patrick-extraits-2/ Sat, 08 Oct 2016 13:02:42 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2445 DISSONANCES #31 | DÉSORDRES En papier haché « Sur la table de la salle à manger il y en a un peu partout : une paire de ciseaux, un tube de colle pour écoliers et tout un tas de magazines éventrés, laissés là ouverts parfois arrachés avec de petits morceaux d’eux-mêmes qui pendent piteusement aux quatre bords de…Lire la suite MELQUIAD Clara (extraits)

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DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
En papier haché
« Sur la table de la salle à manger il y en a un peu partout : une paire de ciseaux, un tube de colle pour écoliers et tout un tas de magazines éventrés, laissés là ouverts parfois arrachés avec de petits morceaux d’eux-mêmes qui pendent piteusement aux quatre bords de la table ou tout à fait détachés si étrangers qu’on ne saurait dire à quoi ils se rattachent, pour Lilou c’est la première fois qu’autant de bouts de papiers se trouvent collés côte à côte sur une grande feuille de papier blanc, première fois qu’autant d’enfants sont décédés je suis très impressionné il faut définir un périmètre de sécurité les agents sillonnent les plages la sécurité avant tout fouiller les sacs de plage le prêtre a aussi prié pour le mec qui a fait ça et moi je suis d’accord l’écran du téléviseur depuis plus d’une heure roule les mêmes images le tueur de 18 ans souffrait de dépression une nouvelle cérémonie aux personnes endeuillées dédiée au cardinal en présence des victimes du gouvernement d’Erdogan purge comme d’un cancer les métastases dans la tête d’un réseau d’écoles de syndicats et d’universités il en a profité pour fermer aujourd’hui l’école est finie mais pour les parents anxieux certains cahiers de vacances se font ludiques et colorés et pour ceux qui... »

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ROBERT Olivier (extraits) https://revuedissonances.com/robert-catherine-extraits/ Sat, 08 Oct 2016 12:46:39 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2437 DISSONANCES #31 | DÉSORDRES Un vague goût d’apocalypse « S’étale à perte de vue Son crime plus flagrant qu’un soleil Voyez la terre qui saigne pour lui Et toutes ces fleurs qui jamais ne repousseront Et ces becs d’oiseaux aux chants dévastés Un songe pour mémoires d’outre-tombe Car qui regrettera ce qui d’indolence s’oublie Quand ailleurs partout…Lire la suite ROBERT Olivier (extraits)

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DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
Un vague goût d’apocalypse
« S’étale à perte de vue
Son crime plus flagrant qu’un soleil
Voyez la terre qui saigne pour lui
Et toutes ces fleurs qui jamais ne repousseront
Et ces becs d’oiseaux aux chants dévastés
Un songe pour mémoires d’outre-tombe
Car qui regrettera ce qui d’indolence s’oublie
Quand ailleurs partout pareille à un monstre
Une vaste machinerie aiguise ses candeurs
Algorithmes fidèles, nivelle le renouveau de la science
Savoir sera faire, et faire toujours plus
Jusqu’à ce que rien ne dépasse
Hors des limites de telles... »

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URANI Stéphen (extraits) https://revuedissonances.com/urani-stephen-extraits/ Fri, 07 Oct 2016 11:51:22 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2430 DISSONANCES #31 | DÉSORDRES frouchhh « C’est comme quand il écrit des trucs. Sans doute la nécessité d’ordonner se fait-elle sentir, mais comment procéder ? Que le monde ait un ordre à lui, c’est entendu, mais à l’intérieur tout ce qui le compose semble avoir son ordre bien à soi aussi. Tout le mystère des agencements réciproques. Et…Lire la suite URANI Stéphen (extraits)

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DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
frouchhh

« C’est comme quand il écrit des trucs. Sans doute la nécessité d’ordonner se fait-elle sentir, mais comment procéder ? Que le monde ait un ordre à lui, c’est entendu, mais à l’intérieur tout ce qui le compose semble avoir son ordre bien à soi aussi. Tout le mystère des agencements réciproques. Et c’est un vrai problème.

Ainsi le réel serait dépourvu d’évidence ?

Mais ça lui plaît bien. Plutôt, ça ne le dérange pas.
Disons que ça ne le concerne pas.

                          frouchhhhhh

Sans cette queue absurde chez le bouquiniste (deux hommes et une femme, avant lui, qui chacun commentaient chacun de leurs achats avec le type à la caisse), sans la gamelle rue Léon Radouille, sans le remord (sorti sans sa carte bleue, demi-tour, puis… »

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VARETZ Patrick (extraits) https://revuedissonances.com/varetz-patrick-extraits/ Fri, 07 Oct 2016 11:22:51 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2428 DISSONANCES #31 | DÉSORDRES La Main crispée « 1 601. Quand bien même lancés Du fond d’un naufrage ces Mots dont l’élan retombe Font jaillir le vide très à L’intérieur où ils résument L’ombre enfouie sa béante Profondeur ils se laissent Ces mots couper au ras Des bonds et s’adaptent Ici à la coque du poème. Quand…Lire la suite VARETZ Patrick (extraits)

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DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
La Main crispée
« 1 601.

Quand bien même lancés
Du fond d’un naufrage ces
Mots dont l’élan retombe

Font jaillir le vide très à
L’intérieur où ils résument
L’ombre enfouie sa béante

Profondeur ils se laissent
Ces mots couper au ras
Des bonds et s’adaptent

Ici à la coque du poème.

Quand bien même lancés

1 602.

Ils penchent d’un bord à
L’autre tous ces... »

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DESPENTES Virginie | King Kong Théorie https://revuedissonances.com/despentes-virginie-king-kong-theorie/ Thu, 06 Oct 2016 19:28:55 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2390 Regards croisés sur King Kong Théorie de Virginie DESPENTES DISSONANCES #30 Jean-Marc FLAPP : Punk not dead « J’écris de chez les moches  » balance Despentes direct, annonçant la couleur : à grands coups de tatanes dans les dents du beau style, ce texte de cogneuse, entre essai féministe et pamphlet libertaire, énergétique, hargneux (genre pitbull littéraire), veut faire réagir.…Lire la suite DESPENTES Virginie | King Kong Théorie

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Regards croisés sur King Kong Théorie de Virginie DESPENTES
DISSONANCES #30

Jean-Marc FLAPP :
Punk not dead
« J’écris de chez les moches  » balance Despentes direct, annonçant la couleur : à grands coups de tatanes dans les dents du beau style, ce texte de cogneuse, entre essai féministe et pamphlet libertaire, énergétique, hargneux (genre pitbull littéraire), veut faire réagir. Il y arrive parfaitement, promouvant la « révolution des genres » comme seule résistance possible à la fascisation des sociétés modernes, mettant en perspective viol et structure sociale (« Le viol, c’est la guerre civile, l’organisation politique par laquelle un sexe déclare à l’autre : je prends tous les droits sur toi, je te force à te sentir inférieure, coupable et dégradée. »), démontrant clairement combien le mariage classique est une prostitution quand la prostitution peut être l’exercice d’une vraie liberté (« C’est le contrôle exercé sur nous qui est violent, cette faculté de décider à notre place ce qui est digne et ce qui ne l’est pas. »), dénonçant la pression tant morale que légale sur l’espace d’expression démocratique qu’est la pornographie (« La morale protégée est celle qui veut que que seuls les dirigeants fassent l’expérience d’une sexualité ludique. »), fustigeant les rôles sociaux préformatés (« Être complexée, voilà qui est féminin. Effacée. Bien écouter. […] Les hommes, c’est cool, on passe notre temps à les comprendre. ») pour appeler au final à un féminisme qui soit « une aventure collective, pour les femmes, pour les hommes, et pour les autres » donc à « tout foutre en l’air ». Et même si parfois ça tourne un peu en rond (puis ça ne propose rien), rien qu’à taper dans le tas tous azimuths comme ça je trouve ça réjouissant. Et pertinent. Et sain.

Côme FREDAIGUE :
Mélange des genres
Pamphlet autobiographique, essai punk-rock, King-Kong Théorie est un joli morceau de provocation qui appuie là où ça fait sens, sur l’embourgeoisement du féminisme avec son culte de la dignité de la femme, sur les hommes aussi, ces mâles douteux, esclaves de leur hégémonie qui regardent passer les trains sans comprendre qu’ils sont eux aussi embarqués dans la grande valse des genres. Ce que l’on est, ce qu’on voudrait être, ce qu’on nous impose de devenir.
Suivant une démarche qui peut rappeler celle d’un Montaigne, les expériences vécues et les analyses se croisent pour tisser un texte aussi rugueux qu’impudique où Despentes essaie sa propre « féminité » et s’expose, outrageusement vivante. Elle, la fille qui ne cadre pas avec les stéréotypes, défend sa position, la seule qui mérite d’être défendue : « Je n’échangerais ma place contre aucune autre, parce qu’être Virginie Despentes me semble être une affaire plus intéressante à mener que n’importe quelle autre affaire.  ».
Plus qu’un brûlot post-féministe, King-Kong Théorie est un livre libérateur, un manuel de désapprentissage à l’usage des cancres du sexe, « celles qui sont trop mal foutues » et « ceux qui chialent volontiers ». Portée par une écriture salement efficace, la charge fait vaciller les évidences et pointe avec acuité le véritable adversaire, celui qui dans l’ombre distribue les rôles : « La polarité dans la réalité se fait en fonction de la classe sociale ».
Puissent les lecteurs, vivifiés par cette saine lecture, s’affranchir des déterminismes en tout genre, vivre et copuler comme bon leur semble !

Anne MONTEIL-BAUER :
King Kong dans un magasin de porcelaine
On nous dit que c’est un essai et même « un manifeste pour un nouveau féminisme », chouette, on espère une analyse portée par une pensée engagée et créative, Despentes est une « punkette pratiquante », et elle nous le dit : « Le punk-rock est un exercice d’éclatement des codes établis, notamment concernant les genres », parfait, on y va, c’est quoi, cette King Kong Théorie ?
Hélas, un galimatias colérique qui hoquète entre déclarations définitives et autocélébration. La sexualité, le genre, le viol, la prostitution, la pornographie sont abordé.e.s à coups de gourdin. La question de la beauté est obsessionnelle et réduite aux apparences « Finalement pas besoin d’être une mégabombasse pour devenir une femme fatale […] une fois la tenue endossée. ».  La solution proposée en filigrane du texte étant de prendre « l’ennemi » – dont on ne se sait jamais si c’est l’homme, le monde marchand ou une construction culturelle – à son propre piège en étant plus violente que lui. « Je t’encule ou tu m’encules ? » : imaginaire saturé de pensées binaires et fascinées par ce qu’elles prétendent dénoncer, quoi que proclame l’invitation finale à « tout foutre en l’air ». Ce que Colette, Duras, Beauvoir et Yourcenar réunies n’auraient pas compris, « toutes prennent soin de montrer patte blanche, […] de s’excuser d’écrire […] et ne veulent surtout pas – quoi qu’elles en disent –  foutre le bordel » !
On a envie de recommander à Despentes une promenade en forêt et la lecture de Faiseuses d’histoires – Que font les femmes à la pensée ? d’Isabelle Stengers et Vinciane Despret, mais la complexité n’entre pas dans la recette d’un best-seller.

Julie PROUST-TANGUY :
Punk-féminisme
Écrire pour toutes les femmes (y compris « les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf  ») et pour les hommes (même les « pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés »), pour leur faire comprendre, à grands coups de Dr. Martens dans le cul, que la société moderne enferme les femmes dans des idéaux de féminité inaccessibles, qu’elle bride leurs désirs ou enferme le sexe dans une case puritaine qui entraîne les excès. Parler de tous les sujets qui fâchent et font frémir les pudibonds : la culture du viol, la place du porno, la prostitution, la libération sexuelle, l’art de la servilité et/ou de la « putasserie », la patriarchie capitaliste… Et de ce qu’est le féminisme pour les blanches, pour les noires, pour toutes ces femmes qui cherchent simplement à être elles-mêmes, c’est-à-dire des individus courageux, lassées d’être enfermées dans des stéréotypes ou dans un « affaiblissement consenti » qui les place « sous la protection du plus désirant, du plus fort, du plus adapté » et les empêche de jouir librement de leur corps et de leur vie.
Despentes se livre dans une langue qui racle et crache à la gueule sa syntaxe. Si elle se perd parfois dans des automatismes ou des jurons dont la répétition finit par être plate et convenue, elle a le mérite de dégager une sincérité brutale et de proposer une argumentation souvent juste quant à l’aliénation de la femme, malgré quelques ratés et approximations (fallait-il vraiment chercher à démontrer si la putain vaut mieux que la sainte ?).

éd. Grasset, 2006
342 pages
15,20 euros

 

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DISSONANCES #30 QUE DU BONHEUR ! https://revuedissonances.com/dissonances-30-bonheur/ Thu, 21 Apr 2016 10:11:49 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2262 avril 2016 / 48 pages / 5 euros mise en images : Benoît BEDROSSIAN – ÉDITO : ALORS, HEUREUX ? Le rédacteur en chef me met la pression pour que je boucle mon édito, il est furax parce qu’il a dû se taper 20 heures de mise en page, qu’il est crevé et que je suis à la bourre. Il faut dire que depuis qu’un…Lire la suite DISSONANCES #30 QUE DU BONHEUR !

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avril 2016 / 48 pages / 5 euros
mise en images : 
Benoît BEDROSSIAN

ÉDITO : ALORS, HEUREUX ?

Le rédacteur en chef me met la pression pour que je boucle mon édito, il est furax parce qu’il a dû se taper 20 heures de mise en page, qu’il est crevé et que je suis à la bourre. Il faut dire que depuis qu’un auteur refusé m’a flingué mon portable avec un virus protestataire, je galère. Le pire c’est que mon texte s’est fait sortir au comité de lecture. Dix pages de haïku politico-oniriques hyper novateurs ; j’y voyais un vertigineux saut à l’élastique dans le vide contemporain mais ces nazes l’ont trouvé hors thème. Tant pis, je me console en draguant la secrétaire même si j’ai plus trop la cote depuis que j’ai tenté de la soudoyer pour pistonner un pote, elle m’a refusé l’accès à la liste des auteurs, du coup j’ai pas aimé le texte de mon pote et il m’en veut à mort de s’être fait bouler. Elle me le paiera.
Allez, je dois me magner : j’ai encore une chronique à torcher sur Despentes et après je vais devoir tout relire pour le bon à tirer…
Nan, je vous jure : animateur de revue, c’est pas que du bonheur.

Côme FREDAIGUE

DOSSIER « CRÉATION » : QUE DU BONHEUR !

Aurélia BÉCUWE : Adieu Stockholm
« Depuis des années il a éteint la lumière, fermé les volets et décidé que le bonheur, c’est non. Définitivement non. Il a lu Cioran et Schopenhauer. Il a débranché le téléphone et la sonnette de la porte d’entrée. Il s’est… »

Jean-Christophe BELLEVEAUX : La trajectoire du papillon
« Le mot qui dit la chose la sort de l’indistinct, la désigne dans son existence reconnue. Je me l’approprie. Dans le même temps, la nommant, je l’accouche et m’en éloigne définitivement. Je ne sais pas. La poésie serait… »

Marie-Claude BOURJON : La dame de Joliette
« Vous n’avez pas encore ouvert les yeux. Vous grimacez un peu. Sans doute les rayons horizontaux du soleil levant viennent-il de frôler votre visage. À travers vos paupières, vous devinez qu’il fait très beau. Vous… »

Julien BOUTREUX : Épicurisme
« Quand je me lève, c’est toujours le cœur léger. Il est presque dix heures en général. Je ne mange pas vraiment, n’ai jamais faim avant midi. Je vais consulter mes messages sur Gmail. Le plus souvent, je n’en… »

B.P. : Chiffres, lettres, mains
« Les soirs d’ennui véritable – rubrique chiens écrasés personnes mutilées billet de loterie perdant et punaise je suis toujours célibataire à trente ans les soirs d’ennui qui tendraient à tourner à la déprime légère, à un… »

Daniel CABANIS : Cadeau
« On cherche une idée de cadeau pour Bonnard. Il prend sa retraite. On se rapproche de Viviane, sa femme. Elle conseille : Un bras, ça lui ferait plaisir j’en suis certaine, sinon je ne vois pas ; une perceuse électrique, il… »

Olivia DEL PROPOSTO : Merci
« Merci. / Merci pour le café ce matin. / Merci pour la lumière du soleil sur le mur. / Merci pour la voiture qui démarre. / Merci pour la chanson à la radio. / Merci pour les paillettes sur le sol & sous mes pieds. / Pour les… »

Marianne DESROZIERS : Dans le jardin
« D’abord sortir de la maison en catimini. Puis entendre la porte se refermer doucement derrière soi. Enfin seul, sans adultes pour nous surveiller, nous empêcher, nous embêter. Sans notre mère surtout, qui… »

Christophe ESNAULT : Écrire sur le bonheur : laissons faire les spécialistes
« On ne peut pas écrire un texte valable sur le bonheur. Une phrase, un aphorisme, un fragment, oui, mais rien au-delà. La vérité de la douleur, tout le monde la connaît. La vérité du bonheur est invérifiable, elle est… »

Jean-Marc GOUGEON : Que du bonheur quand…
« … une auto passe à cent à l’heure / à cinq centimètres de ta peau / et ça te fait du bien / de savoir / que tu pourras encore vivre / ça / une autre fois / / / tu as appris à ta fille de deux ans / que patate et pomme de terre / sont… »

Justine GRANJARD : La voie Machame
« C’est qu’avec la distance, l’altitude et cette douce anesthésie de l’air se raréfiant qui rend chaque bouffée plus précieuse, elle en vient à se dire qu’ils ne sont pas si terribles, après tout. La mère est un peu cruelle, monstrueuse dans… »

Franz GRIERS : D’autres visages dans la pénombre
« Il était temps que cette semaine s’achève, que ma vie reprenne. Du lundi au vendredi, les affres d’une médiocrité inaltérable, majoritaire, polymorphe. Celle des cafards qui maintiennent la porte fermée entre moi et… »

Sébastien MÉNARD : Dans un train de l’Est
« Était-ce une dernière fois ou bien une fois de plus – nous avions choisi de traverser notre Est lointain comme on traverse un récit. Derrière la vitre du train défilait les plaines les baraques et les montagnes. Nous prenions… »

Cédric MERLAND : La voiture neuve
« Plusieurs fois elle a eu envie de l’appeler / il ne faut pas l’attendre / elle rentrera un peu plus tard / que prévu / après la livraison de la voiture / cette première voiture neuve / qu’ils ont attendue pendant des années / pour laquelle… »

Danièle MOMONT : Les machins  choses
« Sous peu de la grenouille au bord du ru comme l’ongle d’un pouce, bouleuses petites barbaques & mordorées, brimborions dans l’herbette, minus topaze où l’on met à fraîchir les bouteilles. / On ira sous peu & sous… »

Romain PONÇOT : La brigade du bonheur
« La brigade venait d’atterrir devant l’immeuble. Deux policiers robots jaillirent du véhicule. Moins de cinq minutes après mon appel, ils étaient déjà là. Des copains répétaient dans le salon pour un concert de charité. À la… »

Michel REYNAUD : Je vais acheter des allumettes
« Elle s’est absentée, plus longtemps que prévu. Au bout de vingt-cinq ans j’ai compris qu’elle ne reviendrait plus. Oubli ou acte délibéré, elle avait laissé ses lèvres sur l’oreiller. Alors je lui parle, elle me répond. Nous n’… »

Jacques SICARD : Le Bonheur de Marcel Lherbier
« Elle s’avança sur le devant de la scène. Elle allait chanter. Son collier de diamants allait chanter. Son épaisse chevelure libre de Chine, ses lèvres rouges, sa peau blanche, son fuseau noir allaient chanter. Il y eut dans… »

Ahmed SLAMA : Lambeaux parcellaires de bonheur
« … une lumière filtrait halo tassé par le bois de la porte ; quelques rumeurs parvenaient chuchotis inaudibles ; là-bas fond du couloir séjour ; imaginer, recomposer le décor du séjour : au seuil le réfrigérateur, fiché contre… »

Albane TAPEH : Posologie du bonheur (cut-up)
« Les effets indésirables suivants ont également été rapportés chez des patients traités par PROZAC : Très fréquents (plus d’1 patient sur 10) : insomnies, maux de tête, diarrhée, envie de vomir (nausées), fatigue. Que ce soit à l′… »

Ana TOT : Je me creuse
« je me creuse pour être vide pour le désir d’être pleine. Je veux être vide pour pouvoir être pleine. Je me creuse parce que j’ai envie de me remplir. Tu me creuses parce que tu as envie de me remplir. Tu me remplis parce que tu… »

Jacques VINCENT : Sieste
« Des signes de vieillissement sur le corps de l’aimée étonnent son désir quand leurs peaux se découvrent. Renonçant à ses peurs, il l’enlace. Elle accueille son ardeur, la contient par des mots. Rien ne presse maintenant que… »

PORTFOLIO : Benoît BEDROSSIAN

« Salut, je m’appelle Benoît BEDROSSIAN mais on me connaît surtout sous le pseudo de BEUH que je traîne depuis le lycée… je tiens d’ailleurs à préciser que contrairement à ce qu’il peut laisser supposer, je ne fume pas. Pas même la clope. Par contre niveau… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un(e) auteur(e) connu(e))  :
Emmanuelle PAGANO
« Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ? J’écris surtout à partir de questions que je me pose, j’écris parce que je suis curieuse, parce que j’ai peur d’oublier, parce que… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
King Kong Théorie (Virginie DESPENTES)
« « J’écris de chez les moches » balance Despentes direct, annonçant la couleur : à grands coups de tatanes dans les dents du beau style, ce texte de cogneuse, entre essai féministe et pamphlet libertaire, énergétique, hargneux (genre... »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture)  :
Camille ANSEAUME : Ta façon d’être au monde – éd. Kero
« C’est l’histoire d’une amitié de gosses, devenue une amitié d’ados puis une amitié d’adultes… »
A.H. Murdos BENOTMAN : Le 5ème mur ou l’Athégriste – éd. Horsan
« Œuvre posthume, Le 5e mur tient à la fois du témoignage, du réquisitoire, de la… »
Patrick BOUCHERON et Mathieu RIBOULET : Prendre dates – éd. Verdier
« «  Comment oublier l’état où nous fûmes, l’escorte des stupéfactions qui, d’un coup, plia... »
Bruno DENIEL-LAURENT : Éloge des phénomènes – éd. Max Milo
« C’est sur le rayonnant sourire de deux jeunes femmes heureuses que s’ouvre cet essai. L’une… »
Werner LAMBERSY : Un requiem allemand 1986 – éd. Caractères
« Un récitatif, de la densité hallucinante des morts face au poème, où s’invitent Brahms… »
LE GOLVAN : Psaume des psaumes – éd. Le Sirène étoilée
« « J’écrirai lorsque physiquement les autres n’en auront plus la force.  » Ce Psaume des… »
Julie PROUST-TANGUY : Sorcières ! – éd. Les Moutons électriques
« L’auteure nous avait déjà régalés de Pirates. Elle nous offre cette fois-ci une somme d’… »
Alexandre SEURAT : La maladroite – éd. du Rouergue
« Diana ne paraît pas ses 8 ans. Mutique, peut-être un peu attardée, maladroite… »

DISGRESSION (carte blanche sur un domaine autre que la littérature)
Alban LÉCUYER : Les villes irréconciliées d’Antoine d’Agata
« C’est un détail, à la fois infime et fondamental : entre Psychogéographie, travail de commande consacré aux opérations de renouvellement urbain à Marseille, et Anticorps, rétrospective volubile et monumentale d’un millier de clichés, Antoine d’Agata a… »

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DISSO #30 : Emmanuelle PAGANO https://revuedissonances.com/disso-30-emmanuelle-pagano/ Thu, 21 Apr 2016 10:11:32 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2261 Extrait de l’entretien avec Emmanuelle PAGANO publié dans DISSONANCES #30     Emmanuelle PAGANO (petite) Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? J’écris surtout à partir de questions que je me pose, j’écris parce que je suis curieuse, parce que j’ai peur d’oublier, parce que je ne veux pas disparaître. Quelle est…Lire la suite DISSO #30 : Emmanuelle PAGANO

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Extrait de l’entretien avec Emmanuelle PAGANO publié dans DISSONANCES #30

    Emmanuelle PAGANO (petite)

Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? J’écris surtout à partir de questions que je me pose, j’écris parce que je suis curieuse, parce que j’ai peur d’oublier, parce que je ne veux pas disparaître.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
Comme pour tout travail de création indépendant je crois, s’obliger à le faire, même quand on n’en a pas envie. Écrire tous les jours ou presque, ne pas se laisser déconcentrer. La contrainte, c’est de ne pas en avoir (ni patrons ni horaires ni bêtes ni méteo à surveiller ni responsabilité) et de devoir se forcer parfois. Écrire c’est une grande victoire sur soi.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Comme tout le monde, par exemple je parle à mes enfants, je lis (mais ça c’est écrire), je marche (mais ça c’est me préparer à écrire), je regarde des films (mais ça c’est écrire), je fais le ménage (mais ça c’est me préparer à écrire), la lessive, j’épluche des légumes, j’écoute la radio (mais ça c’est écrire), j’essaie de vivre. Et aussi je voyage pour mes livres, mais ça c’est écrire, encore.

Qui est votre premier lecteur ?
Mon éditeur

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Quelqu’un qui aime lire, encore plus que nous, qui est à notre écoute, qui à l’audace de…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #30

BIO

Née en 1969 à Rodez, Emmanuelle PAGANO a suivi des études en Esthétique du cinéma et de l’audiovisuel qui l’ont menée à une thèse (inachevée) sur « Le cinéma cicatriciel« . Agrégée en Arts Plastiques en 1997, elle a enseigné jusqu’en 2012. Auteure de romans, de nouvelles, de récits, elle a publié à ce jour (depuis 2002) une douzaine d’ouvrages chez divers éditeurs. Pensionnaire à la Villa Médicis d’avril 2013 à septembre 2014, elle vit et travaille sur le plateau ardéchois qu’elle quitte parfois pour des résidences où – comme elle-même le dit sur le site P.O.L – elle peut écrire sans se « préoccuper de la quantité de bois à rentrer« .

BIBLIO (2016)

Ligne & Filsroman – (éd. P.O.L, 2015)
Ligne 12fragments – (Square éd., 2015)
En cheveux (éd. Invenit, 2014)
Le Travail de mourir (éd. Les Inaperçus, 2013)
Nouons-nous – fragments – (éd. P.O.L, 2013)
Un Renard à mains nuesnouvelles – (éd. P.O.L, 2012)
L’Absence d’oiseaux d’eauroman – (éd. P.O.L, 2010)
Les Mains gaminesroman – (éd. P.O.L, 2008)
Les Adolescents troglodytesroman – (éd. P.O.L, 2007)
Le Tiroir à cheveuxroman – (éd. P.O.L, 2005)
Pas devant les gens roman – (éd. La Martinière, 2004)
Pour être chez moirécit – (éd. Le Rouergue, 2002)

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B.P. (extraits) https://revuedissonances.com/b-p-extraits/ Sat, 09 Apr 2016 21:57:51 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2338 DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR ! Chiffres, lettres, mains « Les soirs d’ennui véritable – rubrique chiens écrasés personnes mutilées billet de loterie perdant et punaise je suis toujours célibataire à trente ans les soirs d’ennui qui tendraient à tourner à la déprime légère, à un mou gris et tiède, vous additionnez les chiffres. Au hasard. Des combinaisons,…Lire la suite B.P. (extraits)

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DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Chiffres, lettres, mains
« Les soirs d’ennui véritable – rubrique chiens écrasés personnes mutilées billet de loterie perdant et punaise je suis toujours célibataire à trente ans les soirs d’ennui qui tendraient à tourner à la déprime légère, à un mou gris et tiède, vous additionnez les chiffres. Au hasard. Des combinaisons, des milliers, des centaines de centaines de milliers qui vous font comme étourdi. Vous aimez les A, les R, les B, vous les comptez, vous enfilez vos gants et d’une main leste saisissez vos aiguilles et tricotez des mailles de chiffres et de lettres ; vous y insérez parfois un exotique W, un U flamboyant, un 19 imparfait. Vous les enfilez comme des perles et le petit tic, tic, tic que les aiguilles font en s’entrechoquant vous rassure. Parfois vous fermez les yeux et vous voici bercé. Ce soir vous fermez les yeux et vous voilà assoupi. Vous ajoutez automatiquement au maillage trente-quatre « C », huit « O », six « N », quarante-quatre « H ». C’est étonnant, beau et précis.

Les soirs de douleur blanchâtre vous continuez parfois, et survient toujours survient, le moment où le petit pas des aiguilles clôt d’un coup sec vos paupières. Vous tricotez C, puis 7. Huit « H » d’un coup. N, puis 4, suivis de deux « O » qui vous mirent à… »

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CABANIS Daniel (extraits) https://revuedissonances.com/cabanis-daniel-extraits/ Sat, 09 Apr 2016 21:55:07 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2265 DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR ! Cadeau « On cherche une idée de cadeau pour Bonnard. Il prend sa retraite. On se rapproche de Viviane, sa femme. Elle conseille : Un bras, ça lui ferait plaisir j’en suis certaine, sinon je ne vois pas ; une perceuse électrique, il en déjà une. Donc, un bras. En chair humaine bien sûr,…Lire la suite CABANIS Daniel (extraits)

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DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Cadeau
« On cherche une idée de cadeau pour Bonnard. Il prend sa retraite. On se rapproche de Viviane, sa femme. Elle conseille : Un bras, ça lui ferait plaisir j’en suis certaine, sinon je ne vois pas ; une perceuse électrique, il en déjà une. Donc, un bras. En chair humaine bien sûr, pas une imitation en plastique ou en résine époxy, ni une prothèse. Homme, femme, enfant ? Femme de préférence, elle dit ; c’est plus gracieux. Et il faudra le faire embaumer ? Viviane pense que oui, embaumé c’est plus chic. Ça se conserve mieux, elle dit. Donc, on cherche un bras. C’est assez difficile. Aucun magasin ne vend des bras. La demande est trop faible, observe un commerçant. On passe des annonces dans les journaux. Le résultat n’est pas probant. Un type vend un bras de sa vieille mère qu’une maladie incurable menace d’emporter sous huitaine ; il est un peu amaigri, dit-il, mais a encore de la gueule. Ça paierait les funérailles, il ajoute. Les autres réponses ne sont pas moins fantaisistes. Quant aux trafiquants de bras étrangers, ils sont très chers et n’offrent aucune garantie de qualité. Je revois Viviane. Je lui fais part de… »

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DEL PROPOSTO Olivia (extraits) https://revuedissonances.com/del-proposto-olivia-extraits/ Sat, 09 Apr 2016 21:52:47 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2334 DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR ! Merci « Merci. Merci pour le café ce matin. Merci pour la lumière du soleil sur le mur. Merci pour la voiture qui démarre. Merci pour la chanson à la radio. Merci pour les paillettes sur le sol & sous mes pieds. Pour les cheveux sur la brosse. Pour l’eau si chaude.…Lire la suite DEL PROPOSTO Olivia (extraits)

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DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Merci
« Merci.

Merci pour le café ce matin.
Merci pour la lumière du soleil sur le mur.
Merci pour la voiture qui démarre.

Merci pour la chanson à la radio.

Merci pour les paillettes sur le sol & sous mes pieds.
Pour les cheveux sur la brosse.
Pour l’eau si chaude.

Merci d’avoir ouvert la fenêtre.
Merci pour la vue sur… »

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GRANJARD Justine (extraits) https://revuedissonances.com/granjard-justine-extraits/ Sat, 09 Apr 2016 20:05:08 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2327 DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR ! La voie Machame « C’est qu’avec la distance, l’altitude et cette douce anesthésie de l’air se raréfiant qui rend chaque bouffée plus précieuse, elle en vient à se dire qu’ils ne sont pas si terribles, après tout. La mère est un peu cruelle, monstrueuse dans sa façon de donner toujours plus et…Lire la suite GRANJARD Justine (extraits)

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DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
La voie Machame
« C’est qu’avec la distance, l’altitude et cette douce anesthésie de l’air se raréfiant qui rend chaque bouffée plus précieuse, elle en vient à se dire qu’ils ne sont pas si terribles, après tout. La mère est un peu cruelle, monstrueuse dans sa façon de donner toujours plus et sans concession. Elle habitue à cette générosité, à ce don absolu de soi qui ne peut qu’engendrer la déception. Elle est somme toute comme les autres, elle ne pense qu’à elle lorsqu’elle se retrouve au bord du gouffre, qu’il faut survivre. La mère donne et cesse un jour, d’un coup. Elle te laisse sur ta faim comme une idiote avec tes attentes ridicules, seule et trop gâtée en terre hostile. Elle te laisse avec des yeux trop bleus, trop grands. Trop bleus pour affronter la noirceur. Et trop naïfs, trop pleins d’amour pour concevoir qu’un autre sentiment puisse dominer le monde et motiver les hommes. Elle te laisse des siècles de féminité en cadeau, et te dit « marche, mon enfant ». Et toi, quand tu entreprends le voyage, tu ne sais pas dans quoi tu t’embarques. Personne ne te le dit, que tu traîneras tout derrière toi, le poids accumulé des générations, la somme des conneries que tu paieras sans comprendre, jusqu’au jour où tu t’en déchargeras sur une autre plus petite que toi, sans plus… »

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MERLAND Cédric (extraits) https://revuedissonances.com/merland-cedric-extraits/ Sat, 09 Apr 2016 19:51:38 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2319 DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR ! La voiture neuve « Plusieurs fois elle a eu envie de l’appeler il ne faut pas l’attendre elle rentrera un peu plus tard que prévu après la livraison de la voiture cette première voiture neuve qu’ils ont attendue pendant des années pour laquelle son mari a travaillé dur Comme elle le connaît…Lire la suite MERLAND Cédric (extraits)

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DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
La voiture neuve
« Plusieurs fois elle a eu envie de l’appeler
il ne faut pas l’attendre
elle rentrera un peu plus tard
que prévu
après la livraison de la voiture
cette première voiture neuve
qu’ils ont attendue pendant des années
pour laquelle son mari a travaillé dur
Comme elle le connaît
il voudra tout de suite l’essayer
faire le tour du quartier
avec les enfants à l’arrière
avec la joie des enfants à l’arrière
et sa joie à… »

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MOMONT Danièle (extraits) https://revuedissonances.com/momont-daniele-extraits/ Sat, 09 Apr 2016 19:46:28 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2316 DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR ! Les machins choses « Sous peu de la grenouille au bord du ru comme l’ongle d’un pouce, bouleuses petites barbaques & mordorées, brimborions dans l’herbette, minus topaze où l’on met à fraîchir les bouteilles. On ira sous peu & sous peu seul, heureux comme sans femme. Pendant des heures on maniera les…Lire la suite MOMONT Danièle (extraits)

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DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Les machins choses
« Sous peu de la grenouille au bord du ru comme l’ongle d’un pouce, bouleuses petites barbaques & mordorées, brimborions dans l’herbette, minus topaze où l’on met à fraîchir les bouteilles.
On ira sous peu & sous peu seul, heureux comme sans femme.
Pendant des heures on maniera les machins choses à l’œil d’or, le ru aura fraîchi mais l’air doux, l’air bleu, l’air mimi dessus le carabé molli, à plat dos l’on verra des azurs, contre eux les fûts longs & minces, de pins les têtes très seules ; on sentira la brise.
À force d’affabilité du monde on se souhaitera 1 femme, ce sera dans le monde approchable et l’obligeance des ciels s’en songer 1 sous la nue dépourvue de tristesse.
Peut-être il y aura du pleur, du dont au fond l’on s’épanouit, du pleur sur la juchée du cœur altier.
Ou pas.
Sous peu mais pour l’heure on va dans la feuille hachée sèche et méchante un peu, automne ou fin d’hiver, dans l’air stoppé fûts gris, fûts longs, je vais le long, l’air a des airs gourds telle neige, suscitant l’ankylose, un peu, de l’œil et de l’oreille, nul ni rien ne réchappe de cette luminosité chiche de brune, on scrute en… »

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SLAMA Ahmed (extraits) https://revuedissonances.com/slama-ahmed-extraits/ Sat, 09 Apr 2016 19:33:22 +0000 http://revuedissonances.com/?p=2308 DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR ! Lambeaux parcellaires de bonheur « … une lumière filtrait halo tassé par le bois de la porte ; quelques rumeurs parvenaient chuchotis inaudibles ; là-bas fond du couloir séjour ; imaginer, recomposer le décor du séjour : au seuil le réfrigérateur, fiché contre le mur, coudoyant la cuisinière, et ses quatre champignons flamboyants, petit meuble à condiments, et ses…Lire la suite SLAMA Ahmed (extraits)

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DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Lambeaux parcellaires de bonheur
« … une lumière filtrait halo tassé par le bois de la porte ; quelques rumeurs parvenaient chuchotis inaudibles ; là-bas fond du couloir séjour ; imaginer, recomposer le décor du séjour : au seuil le réfrigérateur, fiché contre le mur, coudoyant la cuisinière, et ses quatre champignons flamboyants, petit meuble à condiments, et ses tiroirs lourds de couverts ; mur de devant, arc tubulaire dont l’embout pend dessus l’évier à deux cratères inox qui soutiennent la vaisselle éparse, deux battants gonflés d’humidité raclent les carrés, salissants, carrelage, battants bordés par deux barres de bétons : excroissances du mur ; légèrement sur la droite, fenêtre, fermée, deux rideaux rouges-translucides la recouvrent, ils coulent, ces rideaux, caressent l’angle de la pièce où se niche un meuble, long, bois compressé pudiquement nappé d’une surface luisante, noire et lisse, engrossé de livres il s’allonge, flirte avec l’angle opposé ; adossé au dernier mur, le canapé, chocolat, angle vertical prêt à s’aplanir avec un de ses coussins qui repose sur l’accoudoir titillant la poignée, inox, de la porte, fermée, à carreaux vitreux, peinte grossièrement de blanc, un blanc qui résonne avec celui du… »

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CIVICO Alexandre | La terre sous les ongles https://revuedissonances.com/civico-alexandre-la-terre-sous-les-ongles/ Sun, 31 Jan 2016 11:57:45 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1963 Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour La terre sous les ongles d’Alexandre CIVICO DISSONANCES #29 Un homme prend la route, direction l’Espagne, ses banlieues ingrates, ses touristes low cost, ses aires de repos désertes. Ça ressemble à un go fast filmé à 2500 images/seconde, ralenti extrême. Le coffre est chargé, évidemment, et c’est ce qui justifie le voyage. Il n’y en…Lire la suite CIVICO Alexandre | La terre sous les ongles

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Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour La terre sous les ongles d’Alexandre CIVICO
DISSONANCES #29

la terre

Un homme prend la route, direction l’Espagne, ses banlieues ingrates, ses touristes low cost, ses aires de repos désertes. Ça ressemble à un go fast filmé à 2500 images/seconde, ralenti extrême. Le coffre est chargé, évidemment, et c’est ce qui justifie le voyage. Il n’y en aura pas d’autre, c’est déjà un retour. Le narrateur croise le parcours de son père, immigré pauvre échoué dans un Paris d’usines, d’arrière-cours bruyantes et délavées. La terre sous les ongles pose la question du rythme. Celui d’une fuite qui n’en est pas une, d’une course contre personne. Ceux des langues qui s’entrechoquent dans ce corps grandi trop loin, là où l’on apprend les mots comme on dresse un mur entre soi et les autres. «  Accepter que le mur comporte des trous et même le vouloir. Combler les trous de la glaise, de la boue qui engorge ta bouche, montrer ce mur lorsqu’il est édifié et faire croire que tu as fait les trous exprès, pour le plaisir de les combler avec la glaise, avec la boue.  » L’écriture frigorifiée d’Alexandre Civico traduit le positionnement au monde d’un personnage soumis à une gravité dangereuse, qui le condamne à une discipline permanente de l’instinct. « Monter dans la chambre sans un regard pour la réception. Enlever chaussures, pantalon, chemise, passer sous la douche. La flotte qui dégouline et qui t’arrache des yeux les images qui défilaient jusqu’alors.  » Son monologue intérieur nous embarque dans sa paranoïa comme on fait monter quelqu’un de force dans une voiture, excitant habilement nos peurs, nos fantasmes, nos souvenirs imaginaires.

éd. Rivages, 2015
90 pages
15 euros

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DEGROOTE Ludovic | Monologue https://revuedissonances.com/ludovic-degroote-monologue/ Sun, 31 Jan 2016 11:53:27 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1959 Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Monologue de Ludovic DEGROOTE DISSONANCES #29 «  je m’appelle godeleine degroote, je suis morte dans un accident d’auto non loin de folkestone en angleterre le huit août mille neuf cent soixante-six » ainsi débute Monologue : par la voix de la soeur suivie de celles de son père, de sa mère et de ludo, petit frère de…Lire la suite DEGROOTE Ludovic | Monologue

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Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Monologue de Ludovic DEGROOTE
DISSONANCES #29

monologue

«  je m’appelle godeleine degroote, je suis morte dans un accident d’auto non loin de folkestone en angleterre le huit août mille neuf cent soixante-six » ainsi débute Monologue : par la voix de la soeur suivie de celles de son père, de sa mère et de ludo, petit frère de sept ans et auteur à cinquante d’un livre bouleversant tout fait de solitudes, d’amour et de douleurs, de mots très simples et forts (« méfie-toi du pathétique, petit ludovic, méfie-toi de toi  »), où le lecteur pénètre pour vivre du dedans (par points de vue successifs) le drame personnel qu’a fait de l’initial chaque membre fracassé d’une famille dévastée : godeleine mourait dans une voiture en feu pendant que ses parents discutaient (ou lisaient) tranquilles dans le salon puis ludo s’amusait dans sa chambre d’enfant quand « les cris de papa et maman, cette façon que je ne leur avais jamais vue d’être dans les bras l’un de l’autre, et moi qui leur demande pourquoi ils rient, à cause de toi, tu es morte et je n’ai rien senti », pour protéger sa femme le père empêche la mère de reconnaître le corps et la condamne ainsi au regret éternel de ne pas l’avoir fait, pour protéger son fils la mère dit à ludo que sa soeur « auprès de jésus » est heureuse et le « regarde » et « je ne peux rien lui reprocher, elle voulait me dire l’amour de dieu, j’ai entendu la peur de la faute  ». Ainsi chacun bricole fermé dans sa douleur, fait de son mieux, blesse, survit « puisqu’il n’y a rien à régler dans la vie que ce qu’il reste de vie » et puis ludo écrit… et ce texte habité comme j’en ai lu rarement est vraiment important.

éd. Champ Vallon, 2012
96 pages
11,50 euros

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RIOL Raphaëlle | Ultra Violette https://revuedissonances.com/ultra-violette-de-raphaelle-riol/ Sun, 31 Jan 2016 11:47:13 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1955 Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Ultra Violette de Raphaëlle RIOL DISSONANCES #29 Violette Nozière. Un fait divers franchouillard qui a, comme il se doit, enflammé les journalistes, divisé les intellectuels, transformé les dîners de famille en champs de bataille et donné un film de Chabrol. En résumé, une jeune fille des années 30 qui empoisonne ses parents pour fuir…Lire la suite RIOL Raphaëlle | Ultra Violette

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Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Ultra Violette de Raphaëlle RIOL
DISSONANCES #29

ultraviolette

Violette Nozière. Un fait divers franchouillard qui a, comme il se doit, enflammé les journalistes, divisé les intellectuels, transformé les dîners de famille en champs de bataille et donné un film de Chabrol. En résumé, une jeune fille des années 30 qui empoisonne ses parents pour fuir l’ennui de leur petite vie bourgeoise. Héroïne des surréalistes, cauchemar des bien-pensants. On ouvre donc le roman de Raphaëlle Riol avec circonspection, en se demandant si on ne ferait pas mieux d’aller directement consulter Wikipédia. Sauf que le sujet du livre, ce n’est pas Violette Nozière. C’est son fantôme, son double romancé, convoqué imprudemment par l’auteure et qui va peu à peu prendre toute la place dans sa vie. « Il n’y a pas de « personnage de papier ». Ceux qui vous soutiendront le contraire sont des universitaires. Un personnage, ça vit. Ça vous suit. Partout. Ça suscite des bonheurs, ça vous crée des soucis, ça vous fait partager les siens. Ça vous change une existence. » Insidieusement, le spectre en robe de soie prend ses aises, éloigne les amis, exige un droit de regard sur l’intrigue. « Alors que l’écriture de ce début de roman s’était bien passée, elle commençait à me réclamer une autre fin que la vraie. […] Changer les ficelles d’un fait divers ne changera pas le cours de l’Histoire, hurlait-elle parfois. » Lutte pied à pied entre un personnage et sa créatrice, tourbillon de passé et de présent, Ultra Violette est un roman audacieux et haletant où le lecteur succombe comme l’auteure aux prunelles noires de la mythique parricide.

éd. du Rouergue, 2015
192 pages
18 euros

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CRÉMIEUX Rosine, SULLIVAN Pierre | La traîne-sauvage https://revuedissonances.com/r-cremieux-p-sullivan-la-traine-sauvage/ Sun, 31 Jan 2016 11:40:11 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1951 Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour La traîne-sauvage de Rosine CRÉMIEUX et Pierre SULLIVAN DISSONANCES #29 « Traîne-sauvage » est le terme désignant un type de luge au Canada. Tout commence ici par un quiproquo, une erreur d’interprétation. Pierre Sullivan est le collaborateur de Rosine Crémieux, infirmière résistante dans le Vercors puis déportée en 1944 à Ravensbrück avant de devenir une grande…Lire la suite CRÉMIEUX Rosine, SULLIVAN Pierre | La traîne-sauvage

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Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour La traîne-sauvage de Rosine CRÉMIEUX et Pierre SULLIVAN
DISSONANCES #29

la traine

« Traîne-sauvage » est le terme désignant un type de luge au Canada. Tout commence ici par un quiproquo, une erreur d’interprétation. Pierre Sullivan est le collaborateur de Rosine Crémieux, infirmière résistante dans le Vercors puis déportée en 1944 à Ravensbrück avant de devenir une grande figure de la psychanalyse de l’enfant. « Pourquoi m’avoir laissée entre les deux étapes, trop avancée pour retourner vers cette vie de jeune fille calme et tranquille, pas assez cependant pour pouvoir me reposer ? » Quand il évoque devant elle la traîne-sauvage, Rosine Crémieux visualise immédiatement les trains de la déportation. Son passé, elle l’a enfoui, peu désireuse de faire porter aux autres le fardeau de son expérience. Mais voilà que les conversations avec Pierre Sullivan font ressurgir les souvenirs. « J’aime la manière dont vous racontez ; les blancs, les imprécisions ne me gênent pas. » Hors du cadre de la psychanalyse, une correspondance se met en place, la parole de l’un active la plume de l’autre et cette conversation ramène à la surface des bribes éparses du passé. La vivacité et l’énergie de Rosine Crémieux tiennent à distance le pathos et cette archéologie de la mémoire, désordonnée, bousculée, presque diffuse, bouleverse par sa volonté farouche de ne rien démontrer et de laisser au lecteur l’espace nécessaire à la construction de sa propre expérience. Rosine achève son chemin littéraire par le très beau « Nous avons bien terminé ce voyage ensemble » mais il ne faut pas s’y tromper : pour le lecteur le voyage ne fait que commencer.

éd. Signes et Balises, 2014
216 pages
17 euros

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BAILLY Jean-Louis | Un divertissement https://revuedissonances.com/jean-louis-bailly-un-divertissement/ Sun, 31 Jan 2016 11:35:10 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1948 Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Un divertissement de Jean-Louis BAILLY DISSONANCES #29 « Sa vie était finie mais il restait vivant ». Pierre, professeur de lettres, vient de perdre sa fille Lorraine. Décidant malgré tout de faire passer l’oral du bac, il vérifie l’apologue pascalien sur le divertissement : « L’homme dont le fils unique est mort, mais qui oublie son deuil en…Lire la suite BAILLY Jean-Louis | Un divertissement

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Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Un divertissement de Jean-Louis BAILLY
DISSONANCES #29

divertissnt

« Sa vie était finie mais il restait vivant ». Pierre, professeur de lettres, vient de perdre sa fille Lorraine. Décidant malgré tout de faire passer l’oral du bac, il vérifie l’apologue pascalien sur le divertissement : « L’homme dont le fils unique est mort, mais qui oublie son deuil en guettant un sanglier, c’est lui  ». Pensant ainsi se détourner de sa douleur, il va replonger dans son passé, donc dans celui de Lorraine. Certes, le dialogue avec les élèves fait diversion au deuil et nourrit une critique acerbe de l’enseignement. Il donne aussi lieu aux tendres portraits de ces candidats en lesquels l’enseignant se reconnaît. Mais surtout, il fait resurgir l’absente au détour d’un regard : «  En chacun d’eux il retrouve, même à l’état de trace, une fraction de ce qu’il fut, ou le reflet de ce qu’était Lorraine au même âge ». Hanté par une question («  À quel moment l’a-t-il perdue ? »), le narrateur dresse le constat de son imposture en tant qu’enseignant, époux, père, et se résume à « une paire de couilles qui a réussi ». Alors, chaque soir après l’oral, il poursuit seul son divertissement en écrivant des lipogrammes, à la manière de Pérec, qui construisit La Disparition sur celle de sa mère. Ainsi la Chanson du Mal-aimé devient celle du « Mal-aimant », miroir de l’échec car Pierre fut ce père mal-aimant qui « perdit celle qu’il prétendait sauver ».
Empreint de sensibilité et d’intelligence, ce roman écrit dans une langue admirable est une tragédie haletante où point l’humour poli du désespoir, un cruel divertissement qui ramène inéluctablement le narrateur à ce qu’il voulait oublier.

éd. Louise Bottu, 2013
195 pages
16 euros

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GILBERT-LECOMTE Roger | La vie l’amour la mort le vide et le vent https://revuedissonances.com/gilbert-lecomte-roger-la-vie-lamour-la-mort-le-vide-et-le-vent/ Sun, 31 Jan 2016 11:28:54 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1944 Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour La vie l’amour la mort le vide et le vent de Roger GILBERT-LECOMTE DISSONANCES #29 On connaît Gilbert-Lecomte quand on a lu Le Grand Jeu (trois numéros entre 1928 et 1930), revue qu’il a animée aux côtés de René Daumal et qui en marge des surréalistes a créé un mouvement pas si éloigné de…Lire la suite GILBERT-LECOMTE Roger | La vie l’amour la mort le vide et le vent

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Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour La vie l’amour la mort le vide et le vent de Roger GILBERT-LECOMTE
DISSONANCES #29

la vie

On connaît Gilbert-Lecomte quand on a lu Le Grand Jeu (trois numéros entre 1928 et 1930), revue qu’il a animée aux côtés de René Daumal et qui en marge des surréalistes a créé un mouvement pas si éloigné de celui d’André Breton (à qui ceux du Grand Jeu refuseront une collaboration des deux groupes), le poids dogmatique en moins, la volonté de retour à la simplicité de l’enfance en plus, sans cracher pour autant sur les drogues. Les éditions Prairial proposent ici la réédition des deux livres de Gilbert-Lecomte et cela vaut le détour : s’y mêlent des poèmes qui, soixante-dix ans après, viennent s’inscrire dans notre XXIème siècle comme s’ils avaient été écrits par un contemporain et qui savent attraper le lecteur pour l’embarquer en poésie insolite, curieuse et percutante, avec une grande économie de mots et d’effets. On y croise ainsi le pendu : « Au creux de l’estomac / Toute l’angoisse du monde / Qui serre / Le nœud coulant. » ou de simples instantanés : « Entre les lèvres du baiser / La vitre / la solitude.  » L’amorce du recueil opère via le champ théâtral. Parmi les poèmes, certains m’évoquent des textes de chansons qu’il serait bon de mettre en voix pour relever le niveau de la chanson française. En ouvrant cet ouvrage au hasard, vous tomberez peut-être sur cela : « Que vous êtes pourris vivants cerveaux d’ordures / Regardez-moi je monte au-dessous des tombeaux / Jusqu’au sommet central de l’intérieur de tout / Et je ris du grand rire en trou noir de la mort / Au tonnerre du rire de la rage des morts. »

éd. Prairial, 2014
115 pages
9 euros

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BLONDEAU Philippe | Mourantes natures https://revuedissonances.com/blondeau-philippe-mourantes-natures/ Sun, 31 Jan 2016 11:25:03 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1941 Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Mourantes natures de Philippe BLONDEAU DISSONANCES #29 « Un enfant voit passer avec inquiétude, dans la clarté froide des carrelages communs, l’homme dévêtu poussant devant lui dans son socle feuillu le tronc d’un sexe disproportionné ». L’ouvrage, issu d’une inquiétante et lente gestation, étrangère aux pullulements éditoriaux où s’épuise la création OGM jetable, sans descendance ni saveur…Lire la suite BLONDEAU Philippe | Mourantes natures

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Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Mourantes natures de Philippe BLONDEAU
DISSONANCES #29

mourantes

« Un enfant voit passer avec inquiétude, dans la clarté froide des carrelages communs, l’homme dévêtu poussant devant lui dans son socle feuillu le tronc d’un sexe disproportionné ». L’ouvrage, issu d’une inquiétante et lente gestation, étrangère aux pullulements éditoriaux où s’épuise la création OGM jetable, sans descendance ni saveur ni sapience, est éclos post mortem, un miracle de densité et d’éblouissement poétiques. Le style de Blondeau, poète confirmé, et les dessins au bâton d’encre de Chine du mystérieux érudit Coat Morvan, ex-passeur de la revue La Passe, époustouflent. Leur duo halluciné et lucide où l’un s’exhausse de l’autre dans une transfusion salutaire, se penche avec la ferveur des orfèvres sur la décrépitude végétale. On lit et relit cette fantasmagorie germinative avec la sensation d’être à chaque fois enté par des prolongements organiques : l’abandon à ces mourantes natures, donc point mortes, la participation à leur vif dépérissement sont la condition villonnesque, rabelaisienne et baudelairienne du seul contrat poétique qui vaille. Ci-gisent dix-huit reliefs d’un festin observé à travers une lentille convexe capable d’irradier les au-delà incertains de notre terre dévastée : liège, pomme, tubercule, agrume, pin, pavot, loupe, ail, orme, pigne, noix, ail en cheveux, vigne vierge, trois oignons, grenade, sureau. « Mais dans le trou de cette planète pâle, dans cet antre où s’active quelque accouplement d’astres, on voit poindre un germe d’avenir, une promesse qui roulera bientôt hors du ventre ouvert de cette boule meurtrie sur le beau glacis de l’infini. »

éd. Corps Puce, 2015
56 pages
11 euros

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FERN Bruno, GARNIER Typhaine, PRIGENT Christian | Pages rosses https://revuedissonances.com/fern-bruno-garnier-tiphaine-prigent-christian-pages-rosses/ Sun, 31 Jan 2016 11:20:56 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1938 Coup-de-coeur de David MARSAC pour Pages rosses de Bruno FERN, Typhaine GARNIER et Christian PRIGENT DISSONANCES #29 L’âne est sur les toits et n’en bougera plus. On entend braire sa langue et claquer sur les tuiles ses subtils sabots. Protégez vos dentelles, lecteurs, la craduction préfère la glaise molle et bombarde Ab absurdo. À bas, les seaux d’eau ! A fortiori, deo gratias, le…Lire la suite FERN Bruno, GARNIER Typhaine, PRIGENT Christian | Pages rosses

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Coup-de-coeur de David MARSAC pour Pages rosses de Bruno FERN, Typhaine GARNIER et Christian PRIGENT
DISSONANCES #29

pages rosses

L’âne est sur les toits et n’en bougera plus. On entend braire sa langue et claquer sur les tuiles ses subtils sabots. Protégez vos dentelles, lecteurs, la craduction préfère la glaise molle et bombarde Ab absurdo. À bas, les seaux d’eau ! A fortiori, deo gratias, le déodorant est offert. Naturellement, À force on rit. Ce lancer de tuiles roses cherche à rendre le texte réfractaire, dur à cuire, affirmant que le jeu de mots, qui vous tombe dessus sans crier Jarryve, manque toujours truellement à la littérature. Selles d’aujourd’hui notamment (Tout savoir sur nos excréments), qui distillent de l’overdose de vie et de l’expérience in vitro (céramique) pour lecteur équipé en français de cuisine. Le bon goût lessivé des romans plus ou moins mourants des rentrées d’argents a réduit le lecteur contemporain à quia devant son miroir, sur son lavabo (boules Quies et romanesque Ikea). Scio me nihil scire (Schizo, moi ? Rien à cirer !). Aucun haltère dans son ego. Le livre ne fait plus le poids. La sieste est triste, hélas, avec et sans l’ouïe. La littérature ? De la cendre tout public.

Ce bouquet Garnier de craductions latrines nous rappelle de manière Fern que la littérature se reconnaît d’abord dans le « tir au Prigent » d’argile. Immobile à grands pas. In articulo mortis : Articule quand tu meurs.

[Message personnel : J’aurais aimé de l’éditeur une impression moins crade (moins d’ouvriers bulgares sous-payés). Une impression fair trade en quelque sorte.]

Rosse est la vie.

éd. Les Impression nouvelles, 2015
96 pages
9 euros

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CHANTILLY Catherine (extraits) https://revuedissonances.com/chantilly-catherine-extraits/ Sat, 30 Jan 2016 22:22:44 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1917 DISSONANCES #21 | LE VIDE La vida l’ennui « Il adore écouter la musique. Surtout sur l’ordinateur. Il y a des images. Ça combine. Il me fait découvrir. Je regarde. J’écoute. En même temps je fais la cuisine. Souvent des crêpes. Ça me rappelle des souvenirs. Il aime bien. Avec du fromage des tomates de la verdure. Une…Lire la suite CHANTILLY Catherine (extraits)

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DISSONANCES #21 | LE VIDE
La vida l’ennui
« Il adore écouter la musique. Surtout sur l’ordinateur. Il y a des images. Ça combine. Il me fait découvrir. Je regarde. J’écoute. En même temps je fais la cuisine. Souvent des crêpes. Ça me rappelle des souvenirs. Il aime bien. Avec du fromage des tomates de la verdure. Une bonne crêpe épaisse. C’est bon. Moi je mange pas je peux pas manger mes souvenirs. Trop de peine. Il boit. En mangeant. Moi je peux pas. Trop occupée. Cuisiner écouter regarder. Ça fait beaucoup en même temps. On visionne la musique sur l’ordinateur. La soirée commence tôt vers six heures à la tombée de la nuit. Ça dure. De la musique des images. On parle pas. Il parle pas. Je parle pas. Il boit. Une bouteille de vin. Je l’accompagne. Un verre. La musique m’emporte elle vibre je la sens. Mais je suis fatiguée de rester devant l’ordinateur. Comme ça debout à regarder. On a pas la télé. J’aimerais bien voir les telenovelas qui passent en début de soirée. Y en a plein. Ça commence en fin du jour à six heures et ça se termine vers dix heures. Le programme est long. Quatre heures de novelas. Ça occupe une soirée. Pas besoin de parler de converser de combler. Les blancs les silences les violences disparaissent devant le téléviseur. Ça me... »

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CONDRIEUX Alain (extraits) https://revuedissonances.com/condrieux-alain-extraits/ Sat, 30 Jan 2016 22:18:55 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1914 DISSONANCES #21 | LE VIDE Une année ici « Comme une carte géographique : on ne peut vraiment s’en servir que si l’on sait déjà où l’on se trouve. En cette chambre, par exemple, où je réside provisoirement, rideaux violets, dessus-de-lit violet (violet sombre) : c’est un peu rouge sombre ou violet injecté de rose, la couleur de ce que…Lire la suite CONDRIEUX Alain (extraits)

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DISSONANCES #21 | LE VIDE
Une année ici
« Comme une carte géographique : on ne peut vraiment s’en servir que si l’on sait déjà où l’on se trouve.

En cette chambre, par exemple, où je réside provisoirement, rideaux violets, dessus-de-lit violet (violet sombre) : c’est un peu rouge sombre ou violet injecté de rose, la couleur de ce que l’on voit lorsqu’on ferme les yeux sans trop les exposer à la lumière : la couleur du sang contenu dans les paupières.

Je me souviens du poète persan : « Ton image est tatouée sur la face interne de mes paupières », et on ne sait jamais avec ces gens-là s’ils parlent d’une femme ou de Dieu.

C’est lundi et j’entends parler italien à la terrasse d’un café. C’est lundi c’est Paris. En prime, le printemps qui vient. En prime, le temps infini tout autour de soi : je serai éternel tout le temps que je vivrai.

Les lieux communs sont comme des galets de rivière, lisses et ronds et... »

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DECAIX Véronique (extraits) https://revuedissonances.com/decaix-veronique-extraits/ Sat, 30 Jan 2016 22:10:50 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1910 DISSONANCES #21 | LE VIDE Semper eadem « Et je me plais à imaginer ce que ce sera après et ce qu’on pourra devenir quand tu auras fini d’attendre et que j’aurais fini d’espérer. Quand je serai enfin tienne et que je pourrai t’aimer en toute liberté. Et on pourra se le dire. Et on sera bien. Et…Lire la suite DECAIX Véronique (extraits)

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DISSONANCES #21 | LE VIDE
Semper eadem
« Et je me plais à imaginer ce que ce sera après et ce qu’on pourra devenir quand tu auras fini d’attendre et que j’aurais fini d’espérer. Quand je serai enfin tienne et que je pourrai t’aimer en toute liberté. Et on pourra se le dire. Et on sera bien. Et ça sera bien.
Revivre encore ce qui accule à la vanité tout le savoir du monde. La vie qui défie les livres. Toute connaissance, toute science, toute expérience balayées par une promesse de félicité. La raison se réveillera avec le temps, mais trop tard, on l’aura vécu avant ce souffle dérisoire. L’absurdité de tout recommencer. Encore et encore. Ad libitum. Comme si l’amour restaurait notre virginité dans l’oubli et que ce désir d’éternité prenait sa source naturelle dans le Léthé, alors qu’il ne s’agit que de l’ultime répétition d’une pièce mécaniquement huilée, en mouvement perpétuel et en inertie totale, où seule la distribution a changé, enfin toi. Comme si c’était inouï, inédit et original, cet amour fou béat des premiers mois soutenus par l’excitation où l’on peut se vautrer uniquement dans le luxe de ne rien faire, l’inactivité et l’inanité la plus totale, juste parce qu’on est deux. Et tout sera neuf. Et tout sera... »

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GROSSE Isabelle (extraits) https://revuedissonances.com/grosse-isabelle-extraits/ Sat, 30 Jan 2016 21:58:45 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1902 DISSONANCES #21 | LE VIDE … « rien zéro queue dalle nada de nada absolutely nothing to say to… »

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DISSONANCES #21 | LE VIDE

« rien zéro
queue dalle
nada de nada
absolutely nothing
to say to… »

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LOUVETTE Marina (extraits) https://revuedissonances.com/louvette-marina-extraits/ Sat, 30 Jan 2016 21:44:50 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1894 DISSONANCES #21 | LE VIDE Noli me tangere « Nous sommes une fille sublime. Nous sommes imparfaitement belle, nous sommes fière de notre beauté imparfaite. Nous sommes une fille sublime. Nous sommes une fille multiple. Nous sommes forte, nous feignons d’ignorer le malaise de notre temps avec une grâce incomparable. Nous sommes une fille sublime. Nous aimons les…Lire la suite LOUVETTE Marina (extraits)

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DISSONANCES #21 | LE VIDE
Noli me tangere
« Nous sommes une fille sublime.
Nous sommes imparfaitement belle, nous sommes fière de notre beauté imparfaite. Nous sommes une fille sublime. Nous sommes une fille multiple. Nous sommes forte, nous feignons d’ignorer le malaise de notre temps avec une grâce incomparable. Nous sommes une fille sublime. Nous aimons les fleurs blanches, les grandes suicidées. Nous sommes puissante, illimitée, indestructible.

Un homme – face à nous, fille sublime. Notre nuit l’intrigue, et quelque chose le pousse irrémédiablement vers notre abîme.
Mais nous sommes une fille sublime et nous avons beaucoup de secrets.
Sublime en bord de peau – sublime comme devenir de la fumée, sublime comme ne plus jamais vraiment être là. Nous nous évaporons, nous nous sublimons – chauffée comme un métal à son triple point et toutes disparaît, sublime comme l’illusion ou le mirage. Sublime car à peine là – déjà perdue. Nous sommes une fille sublime. Nous sommes… »

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1894
MAYAULT Isabelle (extraits) https://revuedissonances.com/mayault-isabelle-extraits/ Sat, 30 Jan 2016 21:38:15 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1888 DISSONANCES #21 | LE VIDE Soleil balsamique « Un rat survit après avoir laissé son sang sur le sol d’une cuisine. Derrière une rangée de pivoines jaunes et oranges, des gens en costume parlent portugais. Fleurs et costumes égayent un balcon étroit avec vue sur un ciel figé. Les ouvriers sur le toit voisin suivent des yeux, menton…Lire la suite MAYAULT Isabelle (extraits)

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DISSONANCES #21 | LE VIDE
Soleil balsamique
« Un rat survit après avoir laissé son sang sur le sol d’une cuisine. Derrière une rangée de pivoines jaunes et oranges, des gens en costume parlent portugais. Fleurs et costumes égayent un balcon étroit avec vue sur un ciel figé. Les ouvriers sur le toit voisin suivent des yeux, menton vers le haut, rétines à la merci du soleil, des jambes nues qui cherchent à brunir. Deux cents japonais courent dans une rue déserte et effrayent un type qui sort sa poubelle. Jeanne Moreau jeune a déjà les joues qui tombent. Un klaxon parvient jusqu’à la chambre – d’un bateau, d’un camion ? Un chat sourd de l’oreille gauche fait des tours sur lui-même sans comprendre d’où vient le bruit. Elle dit : « Je n’ai plus peur de l’avion quand on est ensemble. S’il arrive quelque chose, nous partirons en paix ». Le jour éclaire la mer, les pins et l’horizon ; tout est bleu, vert et jaune. Des poils poussés trop vite sous une arcade sont arrachés pendant qu’une bouteille de Pommerol attend d’être dépoussiérée et bue. Une cuillère léchée à la va-vite repose sur un bureau bon marché. Des avions passent haut entre les immeubles avec un bruit de moteur sec. Jeanne Moreau roule par terre sous le poids de Mastroianni et crie qu’elle ne… »

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1888
SINGHER Charles (extraits) https://revuedissonances.com/singher-charles-extraits/ Sat, 30 Jan 2016 21:28:51 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1884 DISSONANCES #21 | LE VIDE Les poches pleines « L’après-midi toléré avec la patience de la lumière qui penche L’après-midi pour le corps l’enivrement de Vodka de balcon des lueurs de cigarettes S’élever porte-parole de sa langueur de canicule de brûlure de gorge sur brûlure de peau de la télévision allumée plus loin qui berce ceux qui marchent…Lire la suite SINGHER Charles (extraits)

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DISSONANCES #21 | LE VIDE
Les poches pleines
« L’après-midi toléré
avec la patience de la lumière qui penche
L’après-midi pour le corps
l’enivrement de Vodka de balcon
des lueurs de cigarettes
S’élever porte-parole de sa langueur de canicule
de brûlure de gorge sur brûlure de peau
de la télévision allumée plus loin
qui berce ceux qui marchent en bas sur le trottoir
Et dîner à travers les murs
de parfums amers de plateau de taule

Où il ne reste plus qu’à… »

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1884
UNG Kaliane (extraits) https://revuedissonances.com/ung-kaliane-extraits/ Sat, 30 Jan 2016 21:26:39 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1880 DISSONANCES #21 | LE VIDE Alexie « Alexie : n. f. – incapacité à reconnaître à la lecture les éléments du langage, les organes visuels étant intacts. ce n’est pas une histoire / d’amour / non / pas une histoire / peut-être / une naissance / qui commence / dans l’eau tiède / se termine / dans le sang…Lire la suite UNG Kaliane (extraits)

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DISSONANCES #21 | LE VIDE
Alexie
« Alexie : n. f. – incapacité à reconnaître à la lecture les éléments du langage, les organes visuels étant intacts.

ce n’est pas une histoire / d’amour / non / pas une histoire / peut-être / une naissance / qui commence / dans l’eau tiède / se termine / dans le sang / venir au monde / par une déchirure / banale malédiction / tristesse crépusculaire / parquée narration / ordinaire monochrome / j’en attends / un peu plus / de ma destinée / traque l’exceptionnel / masculin singulier / je ne suis pas l’exception / dans les ruelles nocturnes / l’hybris en gavroche / j’ai parfois / l’allure / garçonne

ce n’est pas une histoire / d’amour / non / puisque / je n’écris pas d’histoires / je ne suis pas / un garçon / je ne l’ai pas / choisi / malédiction ordinaire / monochrome déception / pour éviter / certaines chutes mortelles / je me raccroche / atomes crochus / cadavres imaginaires / médicamenteuses légendes / jumeau mort / réminiscences idylliques / gaucher / mon double / le seul / narcissique reflet / trouble et… »

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1880
VINAU Thomas (extraits) https://revuedissonances.com/vinau-thomas-extraits/ Sat, 30 Jan 2016 21:07:51 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1877 DISSONANCES #21 | LE VIDE La quart-d’heure syndical « Les petits matins tièdes comme une agonie, à tourner la touillette dans la salle commune, à dessiner le huit horizontal de l’infiniment vide dans la mousse de son café, à faire bouillir la grenouille de ses rêves dans son box en formica, à s’appliquer dans son sourire forcé aux…Lire la suite VINAU Thomas (extraits)

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DISSONANCES #21 | LE VIDE
La quart-d’heure syndical
« Les petits matins tièdes comme une agonie, à tourner la touillette dans la salle commune, à dessiner le huit horizontal de l’infiniment vide dans la mousse de son café, à faire bouillir la grenouille de ses rêves dans son box en formica, à s’appliquer dans son sourire forcé aux collègues, à juguler sa lucidité comme on serre le cou d’une portée de petits chats foutus d’avance. Les petits matins tièdes comme une agonie, il se forçait à imaginer que sa vie serait pire ailleurs, qu’il n’avait pas à se plaindre, et que son boulot aurait pu consister à trimballer sur son épaule les carcasses asticoteuses des ânes chez l’équarrisseur, ou à trier la taille des peaux de poulet dans une usine de nuggets, ou à vidanger les instruments du thanatopracteur. D’une gorgée, il finissait alors son café définitivement froid en oubliant quelques secondes les remugles de… »

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1877
YEMEN Rosa (extraits) https://revuedissonances.com/yemen-rosa-extraits/ Sat, 30 Jan 2016 21:05:41 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1874 DISSONANCES #21 | LE VIDE Une Chronologie de 7 pensées Altérées « I. Tel 1 enfant mis sous tutelle l’idée de Cracher Ecumer Râler n’a plus de sens .Réaction sous vide. Debout, plus proche de l’Actualité. Le vent s’est cimenté (- Rire au sujet pale) .Réaction sous vide. Néanmoins- Debout, Cracher Ecumer Râler (Idée tutélaire) CE MATIN A EVENTRE…Lire la suite YEMEN Rosa (extraits)

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DISSONANCES #21 | LE VIDE
Une Chronologie de 7 pensées Altérées
« I. Tel 1 enfant mis sous tutelle l’idée de Cracher Ecumer Râler n’a plus de sens
.Réaction sous vide. Debout, plus proche de l’Actualité. Le vent s’est cimenté (- Rire au sujet pale) .Réaction sous vide.
Néanmoins-
Debout, Cracher Ecumer Râler (Idée tutélaire)
CE MATIN A EVENTRE HIER

II. Les angles qui se déchirent
…tout a été Dit…
Les visions nettes à 3h tapante sans chair sans sang
…tout à__________________________
Les feuilles mortes environnent & derrière
UN TROIS CINQ SEPT SIX QUATRE DEUX
Volonté.  .je ne suis même pas… »

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1874
DISSO #21 : Abdel Hafed BENOTMAN https://revuedissonances.com/1866-2/ Sat, 30 Jan 2016 20:54:53 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1866 Extrait de l’entretien avec Abdel Hafed BENOTMAN publié dans DISSONANCES #21    Abdel Hafed BENOTMAN (petit) Ecrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? Comme je n’ai pas d’imagination, je pense que j’écris pour me confronter AU et AVEC le réel, donc je crois écrire CONTRE. Mais contre quoi ? A force d’être entouré de cons, je…Lire la suite DISSO #21 : Abdel Hafed BENOTMAN

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Extrait de l’entretien avec Abdel Hafed BENOTMAN publié dans DISSONANCES #21

hafedenfant nb   Abdel Hafed BENOTMAN (petit)

Ecrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
Comme je n’ai pas d’imagination, je pense que j’écris pour me confronter AU et AVEC le réel, donc je crois écrire CONTRE. Mais contre quoi ? A force d’être entouré de cons, je me cerne de mieux en mieux donc… contre moi-même certainement.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
Je n’ai pas de part de contrainte en écriture puisque je n’écris que lorsque j’en ai envie. D’où une publication tous les trois ans. Ecrire fait de moi un « salarié de mes loisirs », je n’ai aucune contrainte dans mes loisirs et passions.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Avant ? Je braquais des banques ! Aujourd’hui ? Je picole (vin/bière) en regardant le monde et en songeant que cette saloperie de passion d’écriture et de goût de lecture ont bel et bien foutu en l’air une grande et prometteuse carrière criminelle !

Qui est votre premier lecteur ?
Hélas, moi-même ! Je vis affectivement et socialement avec des personnes amicales ou amoureuses qui n’aiment pas lire. Elle préfèrent « une merde américaine à un chef d’œuvre français ».

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Un bon éditeur est celui qui sait que l’auteur n’est qu’une matière d’écriture et qui plante son derrick dans cette matière pour en extraire de la littérature qu’il raffinera pour en faire l’objet livre. Genre le pétrole devenant essence. Un bon éditeur doit accompagner un écrivain de livre en livre même si cela ne marche pas au niveau du public. Il ne doit pas

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #22

BIO

Abdel Hafed BENOTMAN est né en 1960 à Paris où il a toujours vécu. Incarcéré très jeune pour vols et braquages, il a cumulé évasions, récidives et peines de prison. Derrière les barreaux ou hors des murs, il ne cesse de combattre le système carcéral et d’affirmer son insoumission viscérale. Il a ainsi fondé en 2001 un journal militant, L’Envolée, pour relayer son émission destinée aux prisonniers sur Radio Libertaire. Son premier recueil, Les Forcenés, préfacé par l’auteur de polars anglais Robin COOK, est paru en 1993, lors d’une de ses incarcérations. De ses dix-sept années de prison, il retient surtout des rencontres qui l’ont conduit à l’écriture de nouvelles et romans noirs, au théâtre et au cinéma. Quel que soit leur genre, tous ses textes font entendre la voix d’une conscience sociale qui, au-delà du monde pénitentiaire, dénonce toute forme d’enfermement. Abdel Hafed BENOTMAN est aussi chroniqueur pour le site Bibliobs (blog « style au noir »). Il a en outre été primé lors du grand prix Sopadin 2010 pour le scénario de Dehors, dedans, écrit avec Nourdine Halli et Baptiste Filleul, d’après sa nouvelle Le Maître des mots.

BIBLIO SÉLECTIVE

Les Forcenés  nouvelles (Rivages, 1993)
Eboueur sur échafaud  roman (Rivages, 2003)
Les Poteaux de torture – nouvelles (Rivages, 2006)
Marche de nuit sans lune  roman (Rivages, 2008)
L’Oeil à clef  poésie (Domens, 2010)
La Joue du roi suivi de Vomitif  théâtre (L’Insomniaque, 2001)
Le Philotoon’s  « brèves de parloir » (L’Insomniaque, 2006)
Garde à vie – roman (Syros jeunesse, 2011)

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1866
BÉGOUT Bruce | Le ParK https://revuedissonances.com/begout-bruce-le-park/ Sat, 30 Jan 2016 18:35:44 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1845 Regards croisés sur Le ParK de Bruce BÉGOUT DISSONANCES #21 Jean-Marc FLAPP : Bienvenue à Le ParK En couverture un crâne de Jérôme Durand comme un avertissement : ce qui attend le lecteur est aussi fort et froid. Le lecteur n’a pas peur ? Se déploie devant lui la baroque vision d’une île en eaux malaises consacrée toute entière par…Lire la suite BÉGOUT Bruce | Le ParK

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Regards croisés sur Le ParK de Bruce BÉGOUT
DISSONANCES #21

001

Jean-Marc FLAPP :
Bienvenue à Le ParK
En couverture un crâne de Jérôme Durand comme un avertissement : ce qui attend le lecteur est aussi fort et froid. Le lecteur n’a pas peur ? Se déploie devant lui la baroque vision d’une île en eaux malaises consacrée toute entière par son propriétaire au divertissement. Cette île c’est Le ParK qui est la synthèse de luxe, obscène et pour le fun, de tout ce qui est parc : d’attractions avant tout puisqu’il s’agit d’abord d’y faire de l’argent, Le ParK est méta-parc puisque, son thème unique étant l’enfermement, il mêle casinos, camps de la mort, hôtels, prisons, musées, zoos (grouillants de figurants plus ou moins consentants) où les heureux élus (cent visiteurs par jour) en toute sécurité en étant au plus près s’offrent le grand frisson du voluptueux spectacle de l’asservissement… comme le fait le lecteur. Car selon moi au moins une des grandes réussites de cette métaphore hautement politique du monde où nous vivons (où réel et virtuel, argent et création, sauvagerie primale et haute technologie se mêlent pareillement), c’est de créer le malaise. Rapport plus que roman (intrigue et personnages réduits au mimimum, nul affect apparent), Le ParK me met en cause car si ce qu’il dénonce (dénonce-t-il d’ailleurs ?) me révulse bien sûr, il est tellement brillant et vrai et distancié que je lis jusqu’au bout, fasciné, haletant : tout autant que produit et extrapolation d’une époque indécente, Le ParK est un miroir où je me vois voyeur, donc pas si innocent. C’est fort… et inquiétant ?

Côme FREDAIGUE :
Promenade en pays claustral
On pourrait croire qu’il s’agit d’un livre de science-fiction, d’une contre utopie à la Orwell, d’un livre d’anticipation inquiétant, mais pas trop, juste pour se faire peur et cauchemarder tranquillement à propos d’un futur par essence hypothétique. Seulement voilà, Le Park n’est pas à proprement parler une fiction. Bégout n’invente rien, ou si peu, il synthétise des réalités que l’on ne considère d’ordinaire que de façon fractionnée. Tel est le postulat du livre : mettre en relief, sous leur apparente hétérogénéité, l’homologie entre les diverses formes d’enfermement.
Considérer d’un même point de vue camps de concentration et parcs d’attraction pourrait sembler artificiel si le rapprochement ne s’établissait à l’aune d’un critère redoutablement objectif, celui de l’architecture. Se dévoilent ainsi les obsessions qui travaillent nos sociétés : la dictature de la jouissance, l’éthique du spectacle, la peur surtout qui érige ses enceintes pour contenir ce qui en nous déborde, quantifier l’insondable et créer ainsi l’illusion d’un univers maîtrisable : « Le parcage est la solution pratique à la crainte paralysante de l’illimité ».
La réussite de Bégout tient à la façon dont est mise en scène cette folie claustrale, car là où prévaut l’obsession des limites, l’auteur s’emploie à abolir les frontières, brouillant la séparation entre divertissement et asservissement, pervertissant les rapports sociaux, agrégeant tous les discours moraux possibles. Il bâtit ainsi un livre monstrueux, dont on sort avec un sentiment de malaise. Un malaise salutaire ?

Anne-Françoise KAVAUVEA :
Fatale attraction
D’abord il y a une île, de celles dont Deleuze disait qu’elles sont « d’avant l’homme, ou pour après  », promesse de paradis, enfer possible, lieu circonscrit par des frontières perceptibles, désert, jungle… Le Park est tout cela à la fois. On n’entre pas facilement dans cet espace étrange et pourtant familier, au large de Bornéo, qui accueille des visiteurs acceptant de se soumettre à des règles drastiques. Le ParK, en effet, est un lieu que l’on ne peut visiter seul. Son plan retors se dévoile de place en place, dans une suite infinie de décors reproduisant tous les cauchemars de l’humanité, de la naissance présentée comme une furieuse chevauchée sur des spermatozoïdes, à la mort que l’on rencontre à chaque recoin. En effet, les zones du ParK se succèdent sans ordre apparent, se mêlent parfois en une parade obscène, parcourues au hasard par des visiteurs à l’identité incertaine. Le « je » n’y a guère de place, il se dissout comme si l’individu se fondait dans une incompréhensible humanité. Le mal est donné en spectacle ; les visiteurs évitent de se mélanger aux habitants, acteurs malgré eux de toutes les tragédies du monde. Ceux qui se perdent courent le risque de rejoindre ces cohortes misérables de détenus qui, paradoxalement, sont les seuls à vivre… Lieu infernal, Le Park est à l’image du monde et de la vie, parcours hasardeux qui ne se révèle qu’après, lorsqu’il est trop tard. Entre Froid et Lumière (Kalt et Licht) s’offre ainsi un concentré de tout ce qui nous attire et nous révulse à la fois, nous, humains captifs et assoiffés du spectacle d’un monde dont la raison d’être nous est inaccessible.

Ariane MOLKHOU :
Nowhere life
Nulle part où vivre. Ni dans l’armée des pulsions du ParK ni en dehors puisqu’il les contient toutes : odeurs d’urine, distributeurs d’espérance, capteurs à testostérone, jets de naïades rotatives, courses de bagnards, fanfares hormonales, lâchers de hyènes sous heavy metal, féérie de lumière cartoonesque, cortex en crachat. Je suis le lecteur puis le visiteur, l’observateur, l’otage, voire l’occurrence des atrocités humaines. Que penser du crématorium bleu tropique puisque tout est déjà pensé ?
Au-delà des limites géographiques, mentales et morales : mon ticket pour Mickey-Treblinka devient valable. Plus de clôture à l’innommable. Pas même le pourtour d’une enceinte. Ici est la géographie de la condition humaine dont je ne peux m’extraire. Pas d’intériorité à ce lieu. C’est le lieu même d’exister qui me manque. Mais pendant qu’on franchit les limites du no limit et que l’hypertrophie joue à plein l’orgue des barbaries, demeurent les objets du quotidien : benne à ordures, cuisine collective, kiosque à journaux. Ce n’est pas tant le chaos et l’horreur qui provoquent l’effroi que la permanence des gestes ordinaires.
Ne t’attends pas à un essai philosophique, prépare-toi plutôt à bouffer la foudre. Sois prêt à devenir danseuse polychrome et luisante prenant d’assaut des hommes saccagés de pestilence sous vibration furibarde. Pas de fiction qui ne dise le réel. Jusqu’à quand supporter l’inacceptable conditionnement ? Bruce Bégout ne précise pas. Tu es libre.

éd. Allia, 2010
152 pages
6,10 euros

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BEAUCHEMIN Jean-François | Le jour des corneilles https://revuedissonances.com/beauchemin-jean-francois-le-jour-des-corneilles/ Sat, 30 Jan 2016 17:38:47 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1842 Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Le jour des corneilles de Jean-François BEAUCHEMIN DISSONANCES #21 « que bientôt potence me rompe le col et me mène auprès de père et mère dans le silence des choses, et qu’ainsi reliés nous devenions les premiers macchabées à sourire enfin. » Si Le jour des corneilles est un récit poignant, incisant, c’est parce qu’il s’énonce…Lire la suite BEAUCHEMIN Jean-François | Le jour des corneilles

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Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Le jour des corneilles de Jean-François BEAUCHEMIN
DISSONANCES #21

005

« que bientôt potence me rompe le col et me mène auprès de père et mère dans le silence des choses, et qu’ainsi reliés nous devenions les premiers macchabées à sourire enfin. » Si Le jour des corneilles est un récit poignant, incisant, c’est parce qu’il s’énonce à grands coups de langue fouisseuse et possédée. Si la confession du fils Courge accomplit son salut – fût-il conduit à la potence – c’est parce que ses mots sont nus de paupières et échappent à toute suture : il les a appris en captivité pour plaider non coupable mais c’est leur sauvagerie d’avant la lettre qui vaut plaidoirie. Courge prétend qu’en nulle chair de son père il n’a trouvé la plus petite palpitation d’amour. Du moins l’a-t-il imprégnée toute de sa passion filiale. Est-ce pour reconnaître que le sentiment ne se touche pas, que le narrateur n’a de cesse de se rouler dans toutes les peaux ? Le lecteur seul sera juge, silencieux en sa moelle ; il revêtira la pelisse lourde d’un parler archaïque, natif : enfin sera nu. Car lire Le jour des corneilles c’est mettre la main sur du sentiment qui tressaille, espérer en l’animalité perdue, embrasser la putain de belle langue d’un Villon québécois atrocement vivant.

éd. Les Allusifs, 2004
152 pages
13 euros

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DIOP Boubacar Boris | Murambi, le livre des ossements https://revuedissonances.com/diop-boubacar-boris-murambi-le-livre-des-ossements/ Sat, 30 Jan 2016 17:27:19 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1839 Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Murambi, le livre des ossements de Boubacar Boris DIOP DISSONANCES #21 Rwanda 1994 : l’avion du président hutu Habyarimana est abattu en vol et s’ensuivent cent jours d’hystérie collective où un million de tutsis sont atrocement tués au cours du génocide de loin le plus rapide et le plus efficace (10 000 morts par jour) de…Lire la suite DIOP Boubacar Boris | Murambi, le livre des ossements

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Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Murambi, le livre des ossements de Boubacar Boris DIOP
DISSONANCES #21

002

Rwanda 1994 : l’avion du président hutu Habyarimana est abattu en vol et s’ensuivent cent jours d’hystérie collective où un million de tutsis sont atrocement tués au cours du génocide de loin le plus rapide et le plus efficace (10 000 morts par jour) de toute l’Histoire de l’Humanité. Rwanda 1998 : invité avec une dizaine d’autres écrivains africains à venir sur les lieux prendre la mesure et témoigner de ce qui s’est passé, Boubacar Boris Diop subit « le choc et l’effarement » puis rédige Murambi, roman choral vibrant faisant se succéder les voix de personnages et ex-protagonistes disant leurs points de vue (avant-pendant-après / tutsi-hutu-français) sur les événements. Retenue, dure, nue, l’œuvre est impressionnante. La postface publiée dans la réédition qu’en refait là Zulma, réflexion magistrale sur sa genèse, son sens (et donc sur le rapport littérature-réel quand ce dernier s’égare à ce point dans l’horreur), cri de colère soudain qui dénonce et accuse (la France et nous français), humble et brillante, vraie, la prolonge hautement : ce « livre des ossements » est rien moins qu’important.

éd. Zulma, 2011
270 pages
18 euros

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FOURVEL Christophe | La dernière fois où j’ai eu un corps https://revuedissonances.com/1836-2/ Sat, 30 Jan 2016 17:22:28 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1836 Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour La dernière fois où j’ai eu un corps de Christophe FOURVEL DISSONANCES #21 La dernière fois où elle a eu un corps, la jeune Albanaise qui raconte, c’était avant. Avant son oncle, le viol presque oublié de ses 12 ans. Avant les camions qui l’emmènent en France, et dont les chauffeurs se remboursent des kilomètres parcourus…Lire la suite FOURVEL Christophe | La dernière fois où j’ai eu un corps

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Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour La dernière fois où j’ai eu un corps de Christophe FOURVEL
DISSONANCES #21

004

La dernière fois où elle a eu un corps, la jeune Albanaise qui raconte, c’était avant. Avant son oncle, le viol presque oublié de ses 12 ans. Avant les camions qui l’emmènent en France, et dont les chauffeurs se remboursent des kilomètres parcourus en stationnant entre ses jambes. Dès lors, l’objet remplace le verbe de l’héroïne, ce qu’elle fait et ce qu’on lui fait, pour entrer en résonnance avec la chosification d’un corps vendu, empaqueté, livré à l’autre bout de l’Europe. Des mots pénètrent par effraction à l’intérieur du récit et usurpent l’identité des autres, abusent de l’égarement langagier de la jeune fille pour figurer l’intrusion permanente de corps étrangers dans le sien. À force on s’y habitue, comme elle, et ça ressemble à la fin de l’humanité. Le style épouse les contours du fond, comme autant de carcasses répugnantes avachies sur l’adolescente. Car c’est là, dans cet interstice asphyxié entre deux ventres, que Christophe Fourvel séquestre le lecteur à la merci du stress, de la puanteur des maisons d’abattage, la bouche « remplie à ras bord du silence que fait la peur ».

éd. du Chemin de Fer, 2011
65 pages
12 euros

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1836
LEBRUN Guillaume | Quelque chose de l’ordre de l’espèce https://revuedissonances.com/lebrun-guillaume-quelque-chose-de-lordre-de-lespece/ Sat, 30 Jan 2016 17:16:04 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1834 Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Quelque chose de l’ordre de l’espèce de Guillaume LEBRUN DISSONANCES #21 « Mon avenir pue la classe moyenne ». Texte hybride, entre poésie et flux narratif. Le genre est incertain, l’étiquette se décolle et tant mieux. « Je suis rescapé de ma propre vie, mais ignore sens et pardon, errant metastatique porte sur ses épaule tous les meurtres…Lire la suite LEBRUN Guillaume | Quelque chose de l’ordre de l’espèce

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Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Quelque chose de l’ordre de l’espèce de Guillaume LEBRUN
DISSONANCES #21

001

« Mon avenir pue la classe moyenne ». Texte hybride, entre poésie et flux narratif. Le genre est incertain, l’étiquette se décolle et tant mieux. « Je suis rescapé de ma propre vie, mais ignore sens et pardon, errant metastatique porte sur ses épaule tous les meurtres à venir ». Le père a la haine du juif (présent partout, responsable de tout : « et la radio / et la télé / infestées  »). Une ballade ludique & pédagogique avec le fils. Prendre la voiture et en buter un. Il doit payer pour les autres (en attendant le revival des fours) : « tous les matins / heil au soleil / heil au jardin / heil aux poules dans le jardin / et il fallait astiquer les croix gammées qu’il avait récupérées je ne sais où ». Une mère sous cacheton (elle va mieux sous Urbanyl®. « Je parle / je parle mais sous la surface je suis calcinée ». Papa déteste les tapettes, alors face à un trouble devant un beau garçon, se trancher les veines. Ou décrocher le fusil et tuer papa ? Admettre : il a gagné ( ?). Guillaume Lebrun parvient à s’exclure de la masse des productions vite lues vite oubliées. Il y a là un véritable écrivain.

éd. joca seria, 2011
102 pages
15 euros

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PESSAN Eric | Moi, je suis quand même passé https://revuedissonances.com/pessan-eric-moi-je-suis-quand-meme-passe/ Sat, 30 Jan 2016 17:12:11 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1832 Coup-de-coeur d’Alban ORSINI pour Moi, je suis quand même passé  d’Eric PESSAN DISSONANCES #21 Il est question ici d’un étrange objet, qui se lit de bas en haut à la façon dont on remonterait le courant d’un océan escamotable, le tranchant du fil de l’eau en horizon écumeux (fil de Twitter, 140 caractères, contrainte), d’une métaphore filée…Lire la suite PESSAN Eric | Moi, je suis quand même passé

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Coup-de-coeur d’Alban ORSINI pour Moi, je suis quand même passé  d’Eric PESSAN
DISSONANCES #21

003

Il est question ici d’un étrange objet, qui se lit de bas en haut à la façon dont on remonterait le courant d’un océan escamotable, le tranchant du fil de l’eau en horizon écumeux (fil de Twitter, 140 caractères, contrainte), d’une métaphore filée sur la mer, la salinité, d’une attente dont on ne sait trop rien et qui demeure énigmatique jusqu’au bout. Il est question là d’une poétisation de la forme, du fond, de la langue, de minimalisme, de bribes et de simplicité et de touches aux (eaux ?) profonds. Il est question enfin de fragments qui s’amoncellent, s’empilent, se déplient comme l’ouvrage, de 153 jours qui se racontent aussi bien en touts qu’en parties, en bouts qu’en mélancolies, chaque comme esquille débutant par un « Eric Pessan  » jamais vraiment écrit (le sujet, étrangement présent, par là même s’évacuant).
Si cela vous intrigue, tentez le voyage de ce « Moi, je suis quand même passé » et larguez les amarres de la technologie pour le Cousu Main.

éd. Cousu Main, 2010
14 pages
6 euros

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PETIT Pascale | Sharawadji, manuel du jardinier platonique https://revuedissonances.com/petit-pascale-sharawadji-manuel-du-jardinier-platonique/ Sat, 30 Jan 2016 17:07:53 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1819 Coup-de-coeur de David MARSAC pour Sharawadji, manuel du jardinier platonique  de Pascale PETIT DISSONANCES #21 Prenez le risque de vous perdre dans les détours de ce livre espiègle, graphique, ludique, labyrinthe textuel – et sexuel si vous vous y frottez – frottez-vous y ! « On avait une idée précise en venant ici et on ne l’a plus.  » Ça fuse, la sève de…Lire la suite PETIT Pascale | Sharawadji, manuel du jardinier platonique

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Coup-de-coeur de David MARSAC pour Sharawadji, manuel du jardinier platonique  de Pascale PETIT
DISSONANCES #21

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Prenez le risque de vous perdre dans les détours de ce livre espiègle, graphique, ludique, labyrinthe textuel – et sexuel si vous vous y frottez – frottez-vous y ! « On avait une idée précise en venant ici et on ne l’a plus.  » Ça fuse, la sève de l’esprit ! Ça part de tous côtés. « Et ces bonbons n’ont pas exactement / le goût de l’enfance. » Chaque ligne est sillon et allée découpant les contours d’un jardin sans réalité, platonique donc. Chant érotique (je n’ai pas dit pornographique) porté par l’élégance vitale d’une écriture tout en départs imprévisibles, ce livre cultive d’abord les ressources naturelles de l’imagination fantasque de son auteure, la coquecigrue, l’incongru, le bizarre, la coquinerie, sans oublier l’érudition jardinière, fleurs, fruits, bêtes, objets des jardins, et l’araignée qui court au plafond pour « arroser ceux qui sont tristes ». Livre subtil, au titre énigmatique, il appelle un lecteur nonchalant, aimant valser d’une ligne à l’autre – et beaucoup Walser.

éd. L’inventaire, 2010
128 pages
17 euros

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DISSONANCES #21 LE VIDE https://revuedissonances.com/dissonances-21-le-vide/ Fri, 29 Jan 2016 19:46:42 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1798 octobre 2011 / 32 pages / 3 euros mise en images : Pauline DUNAND – ÉDITO : PARÉS À PLONGER ? Funambules, nous sommes : posés à la naissance sur le fil de nos vies, yeux bandés (heureusement) hilares ou tremblants nous poussons nos carcasses au-dessus du néant. Ce vide inévitable grand ouvert sous nos pieds et au-dessus duquel nous chantons et dansons, nous consacrons nos…Lire la suite DISSONANCES #21 LE VIDE

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couv 21

octobre 2011 / 32 pages / 3 euros
mise en images : Pauline DUNAND

ÉDITO : PARÉS À PLONGER ?

Funambules, nous sommes : posés à la naissance sur le fil de nos vies, yeux bandés (heureusement) hilares ou tremblants nous poussons nos carcasses au-dessus du néant. Ce vide inévitable grand ouvert sous nos pieds et au-dessus duquel nous chantons et dansons, nous consacrons nos vies à tenter d’oublier qu’il est là et attend – tant sont déjà tombés tombent et tomberont et nous sommes ainsi faits que même les plus sages ne sont pas trop pressés. Il est partout pourtant, ce vide lancinant qui se rappelle sans cesse, sous mille formes cocasses, tragiques, quotidiennes, à nos esprits inquiets. Alors sans cesse on comble pour ne pas trop penser : on s’active, on s’enivre, on prie, on fait du bruit… par exemple on écrit comme les dix-neuf auteurs qui se penchent ici sur les vides de nos vies, y plongeant crânement – légèrement, gravement – leurs plumes comme on dit… des plumes, c’est cela, et déployer ses ailes, s’élancer, s’envoler : le dominer, ce vide, un peu y échapper car c’est le conjurer que faire face et y aller. L’élastique à la patte – sensations assurées – respirer et sauter : et si vous vous lanciez ?

Jean-Marc FLAPP

DOSSIER « CRÉATION » : LE VIDE 

Françoise BIGER : Mes chers concitoyens
« dans le cadre d’un développement pérenne les enjeux sont considérables et c’est en œuvrant dans une démarche partenariale à dimension intercommunale que des projets ambitieux mais raisonnés verront le jour dans le respect des valeurs qui sont les… »

Nicolas BRULEBOIS : Vidé
« Après un dernier cri, je me suis affalé sur elle, à bout de forces. Ouvrant les bras, elle m’a reçu avec sa générosité coutumière, rompue à ces émois spectaculaires qui me laissent exsangue une fois l’orage passé. Sa chair replète a amorti la chute, supportant le… »

Catherine CHANTILLY : La vida l’ennui 
« Il adore écouter la musique. Surtout sur l’ordinateur. Il y a des images. Ça combine. Il me fait découvrir. Je regarde. J’écoute. En même temps je fais la cuisine. Souvent des crêpes. Ça me rappelle des souvenirs. Il aime bien. Avec du fromage des… »

Alain CONDRIEUX : Une année ici
« Comme une carte géographique : on ne peut vraiment s’en servir que si l’on sait déjà où l’on se trouve. / En cette chambre, par exemple, où je réside provisoirement, rideaux violets, dessus-de-lit violet (violet sombre) : c’est un peu rouge sombre ou… »
 
Véronique DECAIX : Semper eadem
« Et je me plais à imaginer ce que ce sera après et ce qu’on pourra devenir quand tu auras fini d’attendre et que j’aurais fini d’espérer. Quand je serai enfin tienne et que je pourrai t’aimer en toute liberté. Et on pourra se le dire. Et on sera bien. Et ça… »

Jean-Marc FLAPP : Saut de l’ange
« puisqu’il n’y a plus rien étendu sur le dos et les yeux au plafond tu t’écoutes respirer tu sais que tu as ta dose mais marre absolument de tous ces os qui craquent tu presses le bouton et la morphine court qui s’engouffre et t’inonde un éblouissement tout le… »
 
Pascal GIBOURG : L’inépuisable vide d’Antonin Artaud
« Dans une formule que l’on pourrait trouver banale, Antonin Artaud parle d’un vide intérieur, interne même, qu’il qualifie d’inépuisable. Le sentiment d’un vide inépuisable en moi est l’expression qu’il utilise dans Histoire vécue d’Artaud-Mômo, le… »

Isabelle GROSSE : …   
« rien zéro
queue dalle
nada de… »

Isabelle GUILLOTEAU : Diversion carcérale
« Tu as couru essoufflée tes talons écorchés par les pierres pourtant personne ne te suit mais la vie à tes trousses sait-on jamais une bonne raison qui te rattraperait un sauf-conduit pour l’errance une injonction pressante à garder les pieds sur la terre hostile… »

Philippe JAFFEUX : V 
« rnement d’un enVol Vers la périphé rie d’une ligne pistée ! une épître ragaillardie se glisse sous un hasart inquiet pour englober la forme d’un sens dans une page destructible ! un abécédaire immémorial conditionne la modernité d’une lettre improVisée en… »

Marina LOUVETTE : Noli me tangere
« Nous sommes une fille sublime. Nous sommes imparfaitement belle, nous sommes fière de notre beauté imparfaite. Nous sommes une fille sublime. Nous sommes une fille multiple. Nous sommes forte, nous feignons d’ignorer le malaise de notre temps avec une… »

Thibault MARTHOURET : Inspiration
« Sous la lave de l’instant,
la lymphe brute de la perte.
Révolution des…  »

Isabelle MAYAULT : Soleil balsamique
« Un rat survit après avoir laissé son sang sur le sol d’une cuisine. Derrière une rangée de pivoines jaunes et oranges, des gens en costume parlent portugais. Fleurs et costumes égayent un balcon étroit avec vue sur un ciel figé. Les ouvriers sur le toit voisin… »

Derek MUNN : Carnet des antijours
« Leudi. Quand j’ai quitté l’hôpital le soleil a obliqué, le monde m’a tourné le dos. Autour du parking plein de voitures vides, on coupait l’herbe. L’appartement ne m’attendait pas, surtout le salon. Ses couleurs ont vieilli, la moquette a poussé. Je ne trouve pas ma… »

Charles SINGHER : Les poches pleines 
« L’après-midi toléré / avec la patience de la lumière qui penche / L’après-midi pour le corps / l’enivrement de Vodka de balcon / des lueurs de cigarettes / S’élever porte-parole de sa langueur de canicule / de brûlure de gorge sur brûlure de peau / de la… »

Kaliane UNG : Alexie
« ce n’est pas une histoire / d’amour / non / pas une histoire / peut-être / une naissance / qui commence / dans l’eau tiède / se termine / dans le sang / venir au monde / par une déchirure / banale malédiction / tristesse crépusculaire / parquée narration… »

Nicolas VARGAS C. : Anaéro’bic
« rienriendutoutnadawaloupaslapeinepaslapeinedallerplusloinvouspouvezsivousvoulezmaisverre
zbienyarienriendutoutduvideouplutôtdubazarpasdespacerienriendutoutpasdairpasdevidepasdes
pacecetespacequilfautpourrespirerallezvousenvousallezsuffoqu… »

Thomas VINAU : Le quart d’heure syndical 
« Les petits matins tièdes comme une agonie, à tourner la touillette dans la salle commune, à dessiner le huit horizontal de l’infiniment vide dans la mousse de son café, à faire bouillir la grenouille de ses rêves dans son box en formica, à s’appliquer dans… »
 
Rosa YEMEN : Une chronologie de 7 pensées altérées
« I. Tel 1 enfant mis sous tutelle l’idée de Cracher Ecumer Râler n’a plus de sens
.Réaction sous vide. Debout, plus proche de l’Actualité. Le vent s’est cimenté (- Rire au sujet pale) .Réaction sous… »

IMAGES : Pauline DUNAND

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un(e) auteur(e) connu(e))  :
Abdel Hafed BENOTMAN
« Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
Comme je n’ai pas d’imagination, je pense que j’écris pour me confronter AU et AVEC le réel, donc je crois écrire CONTRE. Mais contre quoi ? A force d’être entouré de cons, je me… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
Le ParK 
(Bruce BÉGOUT)
« Nulle part où vivre. Ni dans l’armée des pulsions du ParK ni en dehors puisqu’il les contient toutes : odeurs d’urine, distributeurs d’espérance, capteurs à testostérone, jets de naïades rotatives, courses de bagnards, fanfares hormonales, lâchers de hyènes sous… »

DISSIDENCES (6 coups-de-cœur de lecture)  :
Jean-François BEAUCHEMIN : Le jour des corneilles – éd. Les Allusifs, 2004
Boubacar Boris DIOP : Murambi, le livre des ossements – éd. Zulma, 2011
Christophe FOURVEL : La dernière fois où j’ai eu un corps – éd. du Chemin de Fer, 2011
Guillaume LEBRUN : Quelque chose de l’ordre de l’espèce – éd. Joca Seria, 2011
Eric PESSAN : Moi, je suis quand même passé – éd. Cousu Main, 2010
Pascale PETIT : Sharawadji, manuel du jardinier platonique – éd. L’Inventaire, 2010

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ELISIA Paul (extraits) https://revuedissonances.com/elisia-paul-extraits/ Fri, 29 Jan 2016 18:32:38 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1782 DISSONANCES #22 | RITUELS Ballerina « A cet instant précis, la mort fond sur elle avec ses ailes bleutées et son visage d’ange. Elle lance un regard circulaire sur le paysage et le mensonge de l’existence lui est dévoilé : les épines de ces arbres n’ont jamais été vertes, pas plus que le ciel nocturne n’est tendu de moire…Lire la suite ELISIA Paul (extraits)

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DISSONANCES #22 | RITUELS
Ballerina

« A cet instant précis, la mort fond sur elle avec ses ailes bleutées et son visage d’ange. Elle lance un regard circulaire sur le paysage et le mensonge de l’existence lui est dévoilé : les épines de ces arbres n’ont jamais été vertes, pas plus que le ciel nocturne n’est tendu de moire ou les flocons agonisant sur le sol, blanc immaculé ; le monde entier, chaque être et chaque chose sont nimbés d’une aura rose phosphorescente. Un linceul de sang plus réel que le réel lui-même. Une vérité indicible et indiscutable.

Une phrase de sa mère :
« Ne va pas trop loin en toi, tu te perdrais. »
Pourtant, encore enfant, il fallait bien s’enfoncer dans les bois et traverser les eaux gelées de la rivière pour rejoindre l’église. Les longues journées passées dans le sanctuaire abandonné. Prier jusqu’au crépuscule, ensevelie par la solitude. Le silence des travées, le regard plein de compassion des icônes et les premiers frémissements de la lune sur les vitraux. La sensation que les mains n’appartiennent plus au... »

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fm+emd:Mutants Anachroniques (extraits) https://revuedissonances.com/fmemdmutants-anachroniques-extraits/ Fri, 29 Jan 2016 18:20:51 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1775 DISSONANCES #22 | RITUELS Gammes « Fausse l’idée répandue selon quoi avant l’avènement du disque, du MP3, la musique n’apparaissait qu’au jour du concert ― le « vrai » concert, avec orchestre, virtuose, sièges tapissés de rouge, du monde au balcon. Fausse et INJUSTE : Le Bruit Sous Le Masque De La Musique la poursuit depuis qu’elle est toute jeune : La…Lire la suite fm+emd:Mutants Anachroniques (extraits)

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DISSONANCES #22 | RITUELS
Gammes

« Fausse l’idée répandue selon quoi avant l’avènement du disque, du MP3, la musique n’apparaissait qu’au jour du concert ― le « vrai » concert, avec orchestre, virtuose, sièges tapissés de rouge, du monde au balcon. Fausse et INJUSTE : Le Bruit Sous Le Masque De La Musique la poursuit depuis qu’elle est toute jeune : La Jeune Fille De La Maison. Invocation, magie fugitive. En privé en public. LE RITUEL : la plaisanterie muette, fonction de la fille de la maison.
{IMAGE} L’Ouverture de Tannhäuser ou Jeune fille au piano. Paul Cézanne.
Continue à jouer, mon enfant. La petite musique puritaine. L’envers de la vraie symphonie du Nouveau Monde, où les désirs les plus naturels ne peuvent s’exprimer qu’à travers un déchaînement d’obscénité inouï…
Manichéisme. Le Sacre du Spring Break.
{IMAGE} Maison de poupée de Petronella Oortman. École hollandaise.
La muette plaisante la mutinerie plaisait plaisant plaisantin muette la plaie s’en/te... »

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GELINAS Ariane (extraits) https://revuedissonances.com/gelinas-ariane-extraits/ Fri, 29 Jan 2016 18:12:48 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1769 DISSONANCES #22 | RITUELS La fosse aux songes « Trois-Rivières, le 18 juin. Ce matin, je n’ai aucun rêve à noter. Il s’est toutefois produit un phénomène singulier lorsque je me suis éveillé. J’étais debout devant la porte d’entrée, dont je venais de soulever le loquet. C’est le bruit d’une branche, remuée par le vent, qui m’a réveillé en…Lire la suite GELINAS Ariane (extraits)

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DISSONANCES #22 | RITUELS
La fosse aux songes

« Trois-Rivières, le 18 juin. Ce matin, je n’ai aucun rêve à noter. Il s’est toutefois produit un phénomène singulier lorsque je me suis éveillé. J’étais debout devant la porte d’entrée, dont je venais de soulever le loquet. C’est le bruit d’une branche, remuée par le vent, qui m’a réveillé en sursaut. Je n’ai pourtant jamais eu d’épisodes somnambuliques auparavant. Je ne manquerai pas de le mentionner lors de ma prochaine rencontre avec mon psychologue. Il attribuera sans doute ce comportement à la disparition de Laurence. Je suppose qu’il me dira qu’un mois après le drame, il est normal d’espérer encore son retour. C’est plus fort que moi, surtout lorsque l’insomnie me taraude. Je ne peux alors m’empêcher de me remémorer notre vie commune, de souhaiter que ma compagne vienne me visiter en rêve, à défaut de revenir à notre logis. Son absence me fait constater à quel point j’étais profondément attaché à elle…

Trois-Rivières, le 19 juin. Aucun rêve à signaler cette nuit, si ce n’est l’image obsédante du visage de Laurence. Il me faudra songer à mentionner à mon psychologue... »

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HOUDAER Frédérick (extraits) https://revuedissonances.com/houdaer-frederick-extraits/ Fri, 29 Jan 2016 18:09:37 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1766 DISSONANCES #22 | RITUELS Chiropractor holocaust « pigeon à moignon sur le rebord de la fenêtre je l’attrape le tue besoin de son sang pour un filtre d’amour à l’intention d’une jolie femme légèrement... »

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DISSONANCES #22 | RITUELS
Chiropractor holocaust

« pigeon à moignon
sur le rebord de la fenêtre
je l’attrape
le tue
besoin de son sang
pour un filtre d’amour
à l’intention d’une jolie femme
légèrement... »

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TALHOUARN Arnaud (extraits) https://revuedissonances.com/talhouarn-arnaud-extraits/ Fri, 29 Jan 2016 18:00:15 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1759 DISSONANCES #22 | RITUELS Coupures « I. (Tu questionnes, c’est vrai, et moi, je réponds :) Les mains, le cœur carbonisés, porte-les à la bien-aimée, approche-les d’elle pour qu’elle devienne, à leur contact, embrasée et pour qu’elle se consume et volatilise dans le feu, devenant comme moi, comme toi : cendre, mémoire, effet de... »

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DISSONANCES #22 | RITUELS
Coupures

« I. (Tu
questionnes, c’est vrai, et moi,
je réponds :)

Les mains, le cœur carbonisés, porte-les à
la bien-aimée, approche-les d’elle pour qu’elle devienne, à leur contact, embrasée et pour
qu’elle se consume et
volatilise dans le feu, devenant comme moi, comme
toi :
cendre,
mémoire,
effet de... »

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YNORE Else (extraits) https://revuedissonances.com/ynore-else-extraits/ Fri, 29 Jan 2016 17:39:13 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1750 DISSONANCES #22 | RITUELS Catching Else 22 « 1. J’ai toujours eu un faible pour les personnages sur le mode mineur. Endosser des rôles secondaires est un excellent moyen de se faufiler vers l’essentiel. Nous sommes le vingt-huit septembre deux mille onze et je suis comblée, on ne me propose que des rôles de filles. On se connaît, je…Lire la suite YNORE Else (extraits)

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DISSONANCES #22 | RITUELS
Catching Else 22

« 1. J’ai toujours eu un faible pour les personnages sur le mode mineur. Endosser des rôles secondaires est un excellent moyen de se faufiler vers l’essentiel. Nous sommes le vingt-huit septembre deux mille onze et je suis comblée, on ne me propose que des rôles de filles.

On se connaît, je crois ?

2. Malheureusement pour tous, je ne suis pas à la hauteur de la réputation qu’on me taille.

Tu es majeure, au moins ?

3. Rien ne m’enchante davantage que la lumière changeante du crépuscule, où le jour gémit clandestin sous un drapé lunaire. Sur le mur de briques, l’ombre, multiple, grandit. La proie, elle, ne croît plus depuis longtemps.

Et qu’est‐ce que tu... »

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DISSO #22 : Valérie ROUZEAU https://revuedissonances.com/disso-22-valerie-rouzeau/ Fri, 29 Jan 2016 16:16:17 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1745 Extrait de l’entretien avec Valérie ROUZEAU publié dans DISSONANCES #22    Valérie ROUZEAU (petite) Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? Plutôt « contre » (la mort, la grammaire prescriptive…) ce qui n’exclut pas le « pour » (la vie, la libre pensée…) Cela dépend d’abord de ce que j’ai à dire. Quelle est la part de la contrainte…Lire la suite DISSO #22 : Valérie ROUZEAU

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Extrait de l’entretien avec Valérie ROUZEAU publié dans DISSONANCES #22

petite vr   Valérie ROUZEAU (petite)

Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
Plutôt « contre » (la mort, la grammaire prescriptive…) ce qui n’exclut pas le « pour » (la vie, la libre pensée…) Cela dépend d’abord de ce que j’ai à dire.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
Variable, importante (au moins la moitié de l’énergie – pour reprendre un mot d’Antoine Emaz – nécessaire au poème).

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Je vais au cinéma, je sors marcher longuement, ou bien je traduis (et comme ça presque j’écris quand même !). Il me plairait beaucoup de jardiner.

Qui est votre premier lecteur ?
Méziga et, souvent, le poète Jean-Pascal Dubost.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Un lecteur passionnant, un découvreur, certainement pas un publieur, ni un commercial.

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
Je lui dirais de gaffer les catalogues, voir chez qui ses écrits seraient susceptibles de retenir l’attention.

Quelle fut votre première grande émotion de lectrice ?
Le petit chaperon rouge, je devais avoir sept ou huit ans, dans la version de Perrault où le loup…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #22

BIO (V.R. par V.R.)

Est née le 22 août 1967 en Bourgogne.
Lit
Écrit
Traduit

BIBLIO SÉLECTIVE

Poésie
Pas revoir (Le dé bleu, 1999)
Neige rien (Unes, 2000)
Une foule en terre foulée, avec Michel Nedjar (Travioles, 2001)
Va où (Le Temps qu’il fait, 2002 – Prix Tristan Tzara 2002)
Le monde immodérément, avec Lambert Schlechter (Nuit Myrtide éditeur, 2004)
Kékszakállú (Les Faunes éditeurs, 2004)
Récipients d’Air (avec Vincent Vergone, Le Temps qu’il Fait, 2005)
Apothicaria (Wigwam, 2007)
Mange-Matin (Le dé bleu, 2008)
Quand je me deux (Le Temps qu’il fait, 2009)
Vrouz (La Table Ronde, 2012)

Essais et varia
Sylvia Plath, un galop infatigable (Jean-Michel Place, 2003)
L’Arsimplaucoulis, délice des Carpates, avec Éric Dussert (Fornax, 2003)

Traductions
La Traversée in Arbres d’hiver – Sylvia Plath (Gallimard, 1999)
Électre sur le chemin des azalées – Sylvia Plath (Unes, 1999)
Je voulais écrire un poème – William Carlos Williams (Unes, 2000)
Poèmes 1957-1994  -Ted Hughes (Gallimard, 2009)

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NABE Marc-Edouard | Au régal des vermines https://revuedissonances.com/nabe-marc-edouard-au-regal-des-vermines/ Thu, 28 Jan 2016 18:19:48 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1737 Regards croisés sur Au régal des vermines de Marc-Édouard NABE DISSONANCES #29 Jean-Marc FLAPP : Vomir en beauté Sortant une fois de plus secoué et enchanté d’Au régal des vermines et devant en parler, on cherche l’Adjectif qui peut qualifier ça  : peut-être tonitruant ? C’est splendide en tout cas : ça fuse sans une pause, très brillant, très méchant, ça…Lire la suite NABE Marc-Edouard | Au régal des vermines

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Regards croisés sur Au régal des vermines de Marc-Édouard NABE
DISSONANCES #29

00 régal (2)

Jean-Marc FLAPP :
Vomir en beauté
Sortant une fois de plus secoué et enchanté d’Au régal des vermines et devant en parler, on cherche l’Adjectif qui peut qualifier ça  : peut-être tonitruant ? C’est splendide en tout cas : ça fuse sans une pause, très brillant, très méchant, ça cogne tous azimuths avec acharnement, avec une énergie proprement effarante (contagieuse, réjouissante), un style éblouissant, un humour monstrueux et le souci constant de se rendre détestable auprès du maximum (« La communication avec les autres aboutit à une dispersion de soi. Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tuer.  ») de sorte qu’au final réchappent du carnage (en pages extatiques) à peu près seulement : les Noirs (s’ils détestent les Blancs), le Jazz (sélectivement), le quatuor Bloy-Powys-Céline-Suarès, les femmes (animales), sa femme (leur Amour), ses parents, les bébés, les vieillards presque morts… et la Littérature – c’est plus que suffisant : tout le reste, dehors (après l’exécution) ! Les premières victimes étant évidemment les plus tabou possible (ça fait partie du plan) on ne s’étonnera pas que ça ait fait du bruit en France il y a trente ans : ça en ferait encore – si ça tant est que ça sorte : vraiment trop incorrect. D’aucuns objecteront : provocation puérile, excès de tout en tout, positionnements douteux… je dirai qu’on s’en fout : ce freluquet braillant « Moi ! Moi à cœur ouvert ! Pourriture de moi dans un premier livre. » et qui attend « les Typographes et le Messie » en pissant à jets de feu (parfaitement dessinés) sur toute l’Humanité, c’est la Littérature qui se remet à bander : je trouve ça très sain. Trop rare évidemment : on attend le prochain.

Côme FREDAIGUE :
Osez Nabe !
J’ai beau n’être ni juif, ni pédéraste, je sens bien, tant sa malveillance est universelle, l’abjection que je ne manquerais pas d’inspirer à l’auteur d’Au Régal des Vermines. Pourtant, ces tombereaux de haine que Nabe me vomit au visage, j’en redemande après avoir refermé son livre. Son lyrisme sale criblé d’humour noir m’emporte malgré moi, viole les grilles de lecture préconçues, les poncifs moraux et me catapulte par-delà le bien et le mal vers un orgasme esthétique. Est-ce malsain ? Tendancieux ? Dois-je me flageller d’éprouver un plaisir coupable en lisant ces pages saturées de « youtre », « boche », « pédé » et autres ordures ? Lire Nabe, c’est s’aventurer en terrain miné, prendre le risque de l’ambiguïté là où la prose immaculée des bonnes âmes ronronne de rassurantes mélodies, quitte à nous endormir. Voici un écrivain qui a vendu son âme au style, pour qui « le fond, c’est la forme ». Mais il n’affirme, aussi virulent soit-il, que des convictions littéraires ; sa rage est un catalyseur poétique, une source inépuisable d’infinies variations. Il faut que ça swing ! Et tant pis (ou tant mieux) si ça dissone : « C’est le cri qui compte, la gerbe de vomi sur le guéridon. Qu’importe si elle fermente ! » Que l’on puisse juger cette œuvre à l’aune de son soi-disant contenu idéologique, m’apparaît finalement aussi absurde qu’une critique du Vidal au Masque et la Plume. Seul importe le tranchant de la lame, et le bonheur d’y glisser.

Anne-Françoise KAVAUVEA :
Bon appétit !
La littérature peut-elle ne se nourrir que de haine ? On accuse Marc-Edouard Nabe des pires maux : c’est un malfaisant, un vindicatif, un imprécateur… Autant de qualités attrayantes a priori, il faut l’avouer. Pourtant, il me semble que le fiel est l’encre qu’il utilise pour bâtir une œuvre et se créer le visage d’un écrivain (un vrai !) A chaque page d’Au régal des vermines se manifestent les outrances de formules gravées pour heurter. La volonté de déclencher l’exécration ou l’adulation imprègne tout le livre, à tel point que cette lecture devient un jeu au cours duquel je me demande quel nouveau thème suscitera son ire. « Si j’étais sûr que le monde disparaisse avec moi, je me flinguerais sans sourciller. Mais je méprise le suicide. Et je vous emmerde. » L’ordure dans laquelle il engloutit l’univers, leitmotiv répété jusqu’à la nausée, suggère que Nabe est un sale gosse, un adolescent jouant les Stavroguine (c’est étrange : je ne me souviens pas de ce qu’il a pu écrire sur Dostoïevski). L’apparente coprolalie compose en fait un langage parfaitement maîtrisé, châtié jusqu’à l’excès, qui m’interroge sur la sincérité d’un auteur doué, mais à la vision du monde intentionnellement  violente : les gémonies auxquelles sont voués tous ceux qu’il évoque ne sont qu’un enfer stéréotypé. Où se cache alors la spontanéité considérée comme une marque de fabrique de l’auteur ? Je ne parviens pas à la percevoir, tant j’ai l’impression d’être engluée dans une posture esthétique d’ailleurs confirmée par le marketing innovant d’un écrivain plus calculateur que spontané.

Julie PROUST-TANGUY :
Voyage au bout de la haine ?
S’auto-saboter dès le premier ouvrage, en crachant, entre haine et provocation, sur son futur lecteur. Faire le catalogue de ses détestations (la mollesse littéraire et politique française, les noirs, les juifs, les homos, les cathos, le libéralisme, l’incompétence, l’enseignement… en bref : l’univers tout entier, auteur compris) et de ses admirations (Bloy, Céline, Rebatet, Thelonious Monk, la femme-sexe) sans « s’enfiorituriner élégamment ». Créer un livre comme un système fermé qui exclue le lecteur (« Nous ne sommes pas isolés : nous sommes isolants ») mais le force à bouffer, sans distinction, éclairs de justesse et éjaculations de pourriture.
Comment ne pas être sensible au personnage Nabe et à son envie d’en découdre avec un monde littéraire réduit à la vieille bourgeoisie de St Germain des Prés et de faire exploser les conformismes à grands coups de « Je truffé d’échardes » donnant «  le plus mauvais » de lui-même, exhibant «  un passé très lourd de bâillonné aigri d’emblée, un casier de galérien méconnu, de petit otage des barbaresques » et préconisant « l’extermination intégrale et sans discussion  » des stupidités propres au monde moderne ?
Mais comment prendre au sérieux cet Alexandre Jardin de la haine qui se complait dans une sauvagerie adolescente fière d’être vite-torchée ? Ses éclats de vérité anarchiste ou de rare beauté stylistique sont noyés dans une verbeuse, « sinistre et cynique puérilité » qu’il revendique et qui gâche, hélas, ce qui aurait pu être une entrée en littérature fervente, furieuse, sincère et radicale.

éd. Bernard Barrault, 1985 / éd. Marc-Edouard Nabe, 2012
304 pages
25 euros

 

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LOUIS-COMBET Claude | Blesse, ronce noire https://revuedissonances.com/1726-2/ Thu, 28 Jan 2016 17:22:26 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1726 Regards croisés sur Blesse, ronce noire de Claude LOUIS-COMBET DISSONANCES #22 Jean-Marc FLAPP : Mieux A rebours qu’En route Cela débute dans la pénombre prémonitoire – poupée cassée et sabre en berne – d’un grenier cimetière peuplé d’objets gisant dans le reflet exsangue d’un « miroir grandiose, serti dans un décor de plâtre doré foisonnant de palmettes et de…Lire la suite LOUIS-COMBET Claude | Blesse, ronce noire

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Regards croisés sur Blesse, ronce noire de Claude LOUIS-COMBET
DISSONANCES #22

00 couv

Jean-Marc FLAPP :
Mieux A rebours qu’En route
Cela débute dans la pénombre prémonitoire – poupée cassée et sabre en berne – d’un grenier cimetière peuplé d’objets gisant dans le reflet exsangue d’un « miroir grandiose, serti dans un décor de plâtre doré foisonnant de palmettes et de lauriers »… cette vision première annonçant ce qui suit où, de la même façon, l’enfance, les illusions, finiront fracassées, scintillant sombrement dans l’ostensoir baroque d’une écriture altière, précise et contournée : là, par une lucarne, un garçon de dix ans regarde le soleil s’enfonçant dans son sang ; sa petite sœur paraît et la cérémonie peut alors commencer. Y seront sacrifiées l’insouciance primale et la morale sociale par le simple rituel d’une jupe relevée, d’une culotte baissée, d’un regard de garçon qui se pose et découvre le sexe de sa soeur qui, étendue à terre, la tête de côté, dans le miroir magique le regarde regarder, et c’est de toute beauté. Cela ira en montant : l’amour et la tension, les actes, l’exclusion… jusqu’à ce que cela s’inverse, la transgression ultime à peine consommée, les anges ténébreux s’abîmant déchirés, maudits, finis, détruits. L’écriture toujours étant vraiment somptueuse – on pense à Gracq bien sûr, mais aussi à Huysmans, Baudelaire ou Barbey – j’aurais dû adorer… mais il y a là-dedans, de plus en plus d’ailleurs au fil de la lecture, quelque chose pour moi de gênant à tout le moins : tout cela ne fonctionne que parce qu’au bout du compte ça ne transgresse rien : les anges se flagellent et le mal est puni… Wittkop, Casanova ni le Divin Marquis ne m’auraient fait cela : c’est splendide, d’accord, mais un peu pisse-froid.

Côme FREDAIGUE :
Lumière vénéneuse
Sur un fond indistinct de ciel crépusculaire se détachent deux personnages. Ils ne seront jamais nommés que par ce qui les unit et les sépare : le frère et la sœur, le garçon et la fille, un même sang, une même âme, deux sexes et deux corps. L’un n’existent qu’à travers l’autre, dans un emportement qui tient autant de la fusion que de la destruction. Ce qui les lie, c’est un rêve d’étreinte et de souffrance, comme si la seule voie encore ouverte pour atteindre l’absolu passait nécessairement par le mal, cette « ténèbre » fascinante et destructrice qui les jette hors du monde, au delà des normes sociales, du bruit et de la fureur des hommes, leur laissant entrevoir – le temps d’un spasme – ce « point de lumière incertaine où le jour chavire dans la nuit ».
Qu’importe au fond qu’il s’agisse d’une biographie imaginaire du poète Trakl, qu’importe aussi l’argument incestueux sur lequel se construit le roman. Loin de toute étude psychologique de la perversion, Blesse, Ronce noire, c’est d’abord la séduction d’une prose poétique envoûtante et vénéneuse, qui suggère plus qu’elle n’énonce, une écriture qui se situe, et c’est tant mieux, aux antipodes de la modernité. Si l’on veut trouver à Claude Louis-Combet quelques affinités littéraires, c’est plutôt vers le XIXème siècle qu’il faut se tourner, celui des poètes décadents et symbolistes avec qui il partage le culte de la nuance et l’amour des mirages.

Anne-Françoise KAVAUVEA :
Toi sombre nuit
Entre la déchirure et la fusion, il y a l’amour, deux corps pour une âme ; cette idée, reliée aux grands mythes, se lit dans le beau roman de Claude-Louis Combet, sombre rêverie née de la poésie de Georg Trakl où toute entière se trouve inscrite l’impossibilité de cette réunion définitive entre deux êtres, Georg et Gretl, séparés par le lien fraternel. A l’origine est la faute ou plutôt son désir : le secret qui rassemble, ce regard posé par le poète sur la petite fille qui, plutôt que de fuir, se prépare. La langue poétique de Louis-Combet s’insinue dans cette fatalité. Elle est capable de dire l’indicible : ce premier sang versé par la jeune femme qui le regarde couler pour son frère, noire blessure, promesse de vie, ce don et ce repli simultanés, mots envoyés, mots cachés, cet échange fantasmé par Gretl qui s’offre à celui qu’elle aime plus que tout. L’intime tragédie se fond dans le drame commun, préfigure ce qui attend le poète. La blancheur de Gretl qui guide son frère vers l’autel du sacrifice concentre toute la beauté du monde, mais elle est destinée à être souillée en un holocauste consenti, désiré. Le sacrifice est mené à son terme : du bonheur consommé au sein d’une nature sensuelle résulte la catastrophe, et cet amour, vécu jusqu’au bout, unit la lumière aux ténèbres qui hantent la poésie de Trakl. Claude Louis-Combet nous entraîne au cœur de ce tourbillon ténébreux, nous fait admettre l’inacceptable par la magie d’une langue à la beauté douloureuse.

Julie PROUST-TANGUY :
Entre chair et verbe
C’est l’histoire d’un inceste – non, la tragédie d’un amour tabou. C’est le mythe d’une passion et de la naissance d’un poète, le récit d’une faille originelle, celle du sexe sororal, fermeture béante, interdit ouvert, qui fait jaillir la chair du poème, le cœur sombre de la création. C’est le chant d’un frère et d’une sœur, celle par qui la ténèbre arrive et celui par qui le sang a coulé, deux âmes-corps cousues l’une à l’autre, brûlées de désir opaque et de poésie blessée. C’est une écriture qui se découvre à travers la culpabilité d’un bonheur pur vécu dans le péché. C’est un conte de révélation et d’anéantissement, d’une pureté transcendante qui efface toute considération d’ordre moral.
A travers six moments-clés, Claude Louis-Combet retrace la mythobiographie crépusculaire d’un poète, Georges Trakl, et de sa sœur trop chérie. Il déplie, sous le voile des âmes, l’inéluctabilité de la chair, la danse éternelle d’Eros et Thanatos, l’opacité d’un verbe, proche et lointain, que l’on pétrit comme un corps interdit. Il donne à vivre, dans ces épisodes ramassés conduisant de la révélation du désir à l’anéantissement de la mort, le corps dense d’une langue sensuelle, errante, pudique et flamboyante à la fois, tâtonnant pour transmettre l’indicible ; un style baroque, dans ses contournements, qui fait émerger, de ses plis de verbe-chair, la perle obscure, le soleil impossible. Fouillant, fouissant les non-dits d’une relation inconciliable, il offre un véritable bain révélateur à l’œuvre de Trakl et un texte meurtri à la ronce, d’une grâce rare, qui blesse autant qu’il élève son lecteur.

éd. José Corti, 2004
126 pages
12 euros

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ESPERET François | Larrons https://revuedissonances.com/esperet-francois-larrons/ Thu, 28 Jan 2016 16:57:00 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1716 Coup-de-coeur d’Alban ORSINI pour Larrons de François ESPERET DISSONANCES #22 Ces Larrons-là se présentent sous la forme originale de quatre chants épiques évoquant chacun à leur tour un personnage de marlou, de scélérat, et cela en prenant le parti d’une langue poétique, exigeante et troublante au regard du sujet. Des petites frappes de banlieue et dealers neigeux aux caïds…Lire la suite ESPERET François | Larrons

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Coup-de-coeur d’Alban ORSINI pour Larrons de François ESPERET
DISSONANCES #22

larrons

Ces Larrons-là se présentent sous la forme originale de quatre chants épiques évoquant chacun à leur tour un personnage de marlou, de scélérat, et cela en prenant le parti d’une langue poétique, exigeante et troublante au regard du sujet. Des petites frappes de banlieue et dealers neigeux aux caïds friqués arrogants, ces portraits s’accumulent avec brio dans une ivresse de mots des plus jubilatoires. Et il faut dire que l’auteur s’y connait en mauvais garçons puisqu’il a été reçu premier au concours d’entrée à l’École des Officiers de la Gendarmerie Nationale et qu’il a servi durant quelques années au sein de la Section de Recherche de la Gendarmerie de Paris, de quoi récolter donc, la matière première indispensable à cette entreprise. C’est d’ailleurs en cela que le texte fonctionne et atteint le lecteur puisqu’il réussit à outrepasser la dureté du propos dans la poésie même, donnant ainsi l’opportunité aux voyous ainsi décrits, de se montrer sous un nouveau jour empreint de dignité, de tendresse et de sensibilité.

éd. Aux Forges de Vulcain, 2010
106 pages
14,90 euros

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HADDAD Hubert | Opium Poppy https://revuedissonances.com/haddad-hubert-opium-poppy/ Thu, 28 Jan 2016 16:52:12 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1712 Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Opium Poppy d’Hubert HADDAD DISSONANCES #22 Du ciel à la fange, le récit transmute ses substances : aucune scène de massacre qui ne résonne des litanies d’un vieux Sikh. Nul émoi du cœur qui ne soit brouillé par la dépossession de soi. Pas une méditation sur l’univers qui n’éprouve le corps à corps avec le double.…Lire la suite HADDAD Hubert | Opium Poppy

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Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Opium Poppy d’Hubert HADDAD
DISSONANCES #22

opium poppy

Du ciel à la fange, le récit transmute ses substances : aucune scène de massacre qui ne résonne des litanies d’un vieux Sikh. Nul émoi du cœur qui ne soit brouillé par la dépossession de soi. Pas une méditation sur l’univers qui n’éprouve le corps à corps avec le double. Alam, le petit clandestin, a le don de traverser tous les êtres qu’il croise, sauf le sien, absenté depuis l’enfance. Le lecteur le porte à son insu, du cimetière de Pantin aux montagnes afghanes défigurées par les affrontements entre insurgés et narcotrafiquants, d’un immeuble de Kaboul aux tentes d’un canal parisien. Parabole romanesque, sociale et politique, Opium Poppy figure l’enrôlement comme un arrachement, la violence comme un suicide, la haine comme un désespoir : oui, vitrioler celle qu’on aime, pour s’annihiler en elle. Nul misérabilisme, mais une sensibilité obsessionnelle à l’intelligence cosmique des forces de la mort : « Puis les grands miroirs de l’aube oscillaient d’un coup, muant les ruissellements d’étoiles en un unique foyer de forge et l’air peuplé d’oiseaux en sombre terre morte ». Un récit vibrant d’une tendresse pour l’humanité traquée par son inanité.

éd. Zulma, 2011
171 pages
16,50 euros

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JAFFEUX Philippe | O L’An / https://revuedissonances.com/jaffeux-philippe-o-lan/ Thu, 28 Jan 2016 16:47:00 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1709 Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour O L’An / de Philippe JAFFEUX DISSONANCES #22 26 cercles, 26 lettres, une année. Quinze phrases. Des mots de quinze lettres comportant deux O. Sur chaque page, 30 O et 60 barres diagonales qui séparent 120 lettres… Absence totale de lyrisme. Poésie concrète, oulipienne, visuelle, ancrée dans une expérimentation formelle intransigeante, extrême. Ne laissant aucune…Lire la suite JAFFEUX Philippe | O L’An /

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Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour O L’An / de Philippe JAFFEUX
DISSONANCES #22

o l'an

26 cercles, 26 lettres, une année. Quinze phrases. Des mots de quinze lettres comportant deux O. Sur chaque page, 30 O et 60 barres diagonales qui séparent 120 lettres… Absence totale de lyrisme. Poésie concrète, oulipienne, visuelle, ancrée dans une expérimentation formelle intransigeante, extrême. Ne laissant aucune place à un compromis narratif, tendant vers la méta-littérature, la quintessence d’un geste neuronal fait de connexion mathématique, numérique, circulaire… O L’An / est 1/15ème d’un projet intitulé ALPHABET (composé de 390 pages divisées en 15 lettres de 26 pages). On s’étonne de voir jaillir de la contrainte rythme et scansion, petite musique lancinante, pirouettes de sonorités, images improbables, juxtapositions de mots qui évoquent les surréalistes. On pense à La Maison des feuilles de Mark Z. Danielewski, à une littérature qui explose les codes de toutes littératures et laisse entendre une voix unique. Philippe Jaffeux m’impressionne. Il avance nu dans la vase pour tordre l’illisibilité et la folie (ampleur du projet, solitude et pureté quasi mystique). Du chocolat pour les thésards. Impossible de tout saisir, trop dense.

éd. Atelier de l’agneau, 2011
36 pages
12 euros

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JOURDE Pierre | La Présence https://revuedissonances.com/1699-2/ Thu, 28 Jan 2016 16:37:28 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1699 Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour La Présence de Pierre JOURDE DISSONANCES #22 C’est une histoire de la transmission. Des objets, des disparitions, des noms ; de quelques manques aussi, et de tout ce qu’on doit y mettre pour les remplir un peu. La Présence explore le territoire du dedans, du profond, à partir d’une chambre à coucher qui ressuscite les sommeils intranquilles…Lire la suite JOURDE Pierre | La Présence

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Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour La Présence de Pierre JOURDE
DISSONANCES #22

la présence

C’est une histoire de la transmission. Des objets, des disparitions, des noms ; de quelques manques aussi, et de tout ce qu’on doit y mettre pour les remplir un peu. La Présence explore le territoire du dedans, du profond, à partir d’une chambre à coucher qui ressuscite les sommeils intranquilles de l’auteur. Nous revient la mémoire de nos premières insomnies, de la présence indistincte d’un autre à l’intérieur de nous ou d’un masque outrancier dans l’encadrement de la porte. On cesse alors de visiter un lieu pour s’enfoncer à la verticale précise des peurs et des mondes jamais déconstruits de l’enfance. En attestent les traces de pas qui nous accompagnent, avec un peu de la terre de nos origines qui colle aux semelles et salope les surfaces trop lisses de nos achèvements adultes. Jusqu’à la fin on se risquera au-delà de toute représentation, là où l’on voit « les choses telles qu’elles sont lorsque nous n’y sommes plus ». Là où l’on ne croyait pas qu’un jour les mots suffiraient à contenir l’immensité absurde et collective des jours à venir.

éd. Les Allusifs, 2011
87 pages
11 euros

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MONTEIL-BAUER Anne | Ecchymose https://revuedissonances.com/monteil-bauer-anne-ecchymose/ Thu, 28 Jan 2016 11:47:20 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1691 Coup-de-coeur de David MARSAC pour Ecchymose d’Anne MONTEIL-BAUER DISSONANCES #22 Deux femmes se font face. L’une raconte, l’autre écrit. D’un côté la brutalité des faits, de l’autre les mots choisis pour dire la tête contre le radiateur, le viol sur le capot rouge, les coups, la peur, les voisins qui écoutent. L’une est écrivain public, l’autre femme battue. La seconde…Lire la suite MONTEIL-BAUER Anne | Ecchymose

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Coup-de-coeur de David MARSAC pour Ecchymose d’Anne MONTEIL-BAUER
DISSONANCES #22

ecchymose

Deux femmes se font face. L’une raconte, l’autre écrit. D’un côté la brutalité des faits, de l’autre les mots choisis pour dire la tête contre le radiateur, le viol sur le capot rouge, les coups, la peur, les voisins qui écoutent. L’une est écrivain public, l’autre femme battue. La seconde s’appelle Jeanne, la première Laura. « Les chiffres ont des prénoms. » On avait cru la littérature impuissante face à la mort d’un enfant (Sartre), dont il sera aussi question. Le livre d’Anne Monteil-Bauer montre au contraire qu’il est possible, à condition de brouiller les genres et les ressorts du récit, de passer d’un témoignage à un texte littéraire. À la fois roman, témoignage et poésie, Ecchymose dresse le bilan clinique d’une réconciliation possible entre la vie et la littérature à même de dire, dans une langue puissante et juste, la répétition lancinante des coups, la banalité des insultes ou les douleurs invisibles. La force de ce livre tient dans le fait qu’il tresse plusieurs fils narratifs et propose à la fin, dans un tissage subtil, le récit et son élaboration, la chose et les tâtonnements qui la disent. Les faits devenus texte et livre offrent alors au lecteur la promesse tenue d’une réparation.

éd. À plus d’un titre, 2010
210 pages
16 euros

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DISSONANCES #22 RITUELS https://revuedissonances.com/dissonances-22-rituels/ Sun, 24 Jan 2016 20:59:11 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1628 avril 2012 / 40 pages / 4 euros mise en images : Mehryl LEVISSE – ÉDITO : RITUEL, EXTASE ET CAFÉ NOIR Liturgie anodine du matin, entre tartines beurrées et café noir, envoûtement nuptial avec ses robes blanches et ses cantiques, conditionnement pavlovien, danses de houri en quête d’extase, ritournelle poussiéreuse des dimanches de la vie, poème mystique, parole creuse, temps plein, temps mort.…Lire la suite DISSONANCES #22 RITUELS

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avril 2012 / 40 pages / 4 euros
mise en images : Mehryl LEVISSE

ÉDITO : RITUEL, EXTASE ET CAFÉ NOIR

Liturgie anodine du matin, entre tartines beurrées et café noir, envoûtement nuptial avec ses robes blanches et ses cantiques, conditionnement pavlovien, danses de houri en quête d’extase, ritournelle poussiéreuse des dimanches de la vie, poème mystique, parole creuse, temps plein, temps mort. Nos rituels sont de feu, de paille, ils cimentent nos actes et leur donnent la puissance d’une opération magique ou nous font sombrer dans l’anéantissement quand ce qui nous relie n’est plus qu’usage et protocole. Eternel dilemme du fond et de la forme ; si le rite se construit sur la répétition, sa force se mesure à l’aune d’une adhésion qui en régénère sans cesse la vie. Et puisqu’un rituel n’est qu’une partition, sa vérité dépendra de ceux qui l’interprètent. Ce nouvel opus réunit donc une vingtaine de solistes pour un concert de rituels tour à tour légers, graves, hermétiques, provocants, réjouissants, simples, absurdes mais toujours habités, un concert pour profanes et initiés. L’occasion est belle, profitons en pour entonner quelques notes d’Happy Birthday pour Dissonances qui souffle ses dix bougies, augmente de huit pages et, tenue de soirée oblige, s’habille d’une nouvelle maquette.

Côme FREDAIGUE

DOSSIER « CRÉATION » : RITUELS 

Jean AZAREL : Démaquillage
« Comme d’habitude, tu t’es réveillé à trois reprises dans la nuit. Une fois parce que quelque chose dont tu ne te souviens jamais au réveil t’a turlupiné. Une autre pour aller pisser. Une dernière pour boire de l’eau. Quand tu ouvres les volets, il fait beau. Dehors, le chat a pris… »

Catherine BEDARIDA : Hommes
« épaule à épaule à épaule à épaule
contact collectif corpulent croire
chant grave caisse caisse caisse résonance… »

Marc BONETTO : Nouveaux rites de l’année liturgique 
« 1er dimanche de l’Avent – Contempler le processus de défragmentation d’un ordinateur ; admirer les changements de couleurs ; à la fin, pousser un cri de joie devant cette merveille technique. / Noël – Transformation de Jésus le Christ en nietzschéen pur jus. / Épiphanie… »

Marianne DESROZIERS : Dimanche et
« Dimanche et son odeur de pain frais. Dimanche et l’enfant qu’il a été. S’ennuyant ce jour-là car il n’y a pas école. Demandant quand est-ce qu’on mange. Chapardant un quignon de pain ramené par son père… quand il pensait à s’arrêter sur le chemin du retour en rentrant du… »

Paul ELISIA : Ballerina
« A cet instant précis, la mort fond sur elle avec ses ailes bleutées et son visage d’ange. Elle lance un regard circulaire sur le paysage et le mensonge de l’existence lui est dévoilé : les épines de ces arbres n’ont jamais été vertes, pas plus que le ciel nocturne n’est tendu de moire ou… »

Christophe ESNAULT : Cahier des charges
« Note 1 : Pour la formule d’accueil, quand vous aurez sonné et qu’il ouvrira, dites « Olivier, c’est le cadeau de Trente millions d’amis ». Evitez toutes remarques sur sa chambre et ses posters d’animaux (c’est son jardin secret). Quand il revient du C.A.T., Olivier se lave et passe un… »

Tristan FELIX : Autel d’une dépouille vive 
« Elle avait donné son corps à la science comme elle se serait donnée au miroir de l’universelle déraison. Elle s’était, vivante, peu à peu révulsée, fleur possédée par la croupe menaçante d’une ombre. Tout son collier défait, sous la châsse de verre du musée des lésions de… »

fm+emd:Mutants Anachroniques : Gammes
« Fausse l’idée répandue selon quoi avant l’avènement du disque, du MP3, la musique n’apparaissait qu’au jour du concert ― le « vrai » concert, avec orchestre, virtuose, sièges tapissés de rouge, du monde au balcon. Fausse et INJUSTE : Le Bruit Sous Le Masque De La… »

Lionel FONDEVILLE : Vies incertaines et petites morsures
« Certains arrachent avec les dents de petits morceaux à la peau de leurs doigts, visant surtout les pouces près de l’ongle, et ne s’arrêtent qu’au sang. Pendant la douleur brûlante, ils regrettent d’en être arrivés là, ignorant comment faire pour détourner autrement un flux qu’ils ne… »

Ariane GELINAS : La fosse aux songes 
« Ce matin, je n’ai aucun rêve à noter. Il s’est toutefois produit un phénomène singulier lorsque je me suis éveillé. J’étais debout devant la porte d’entrée, dont je venais de soulever le loquet. C’est le bruit d’une branche, remuée par le vent, qui m’a réveillé en sursaut. Je n’ai pourtant jamais… »

Frédérick HOUDAER : Protocole amoureux
« pigeon à moignon
sur le rebord de la fenêtre
je l’attrape… »

Philippe JAFFEUX : U n 
« – Notes : La lettre N, intitulée « L’énième », est composée de 26 carrés de 14 centimètres (et donc d’une superficie de 196 cm2). Chaque carré contient 26 phrases, 33 lignes et 32 interlignes ainsi que 196 lettres n dont chacune des apparitions est décalée. La ponctuation progressive… »

Méryl MARCHETTI : Chiropractor holocaust
« Ses parents n’assistent pas à la fête qui suit. Avant l’aube, le garçon est conduit dans la brousse pour être circoncis. Il reste assis, les yeux bandés et les oreilles bouchées avec de la bourre d’étoupe, tandis que plusieurs opérateurs travaillent à tour de rôle, en utilisant des… »

Arnaud TALHOUARN : Coupures
« I. (Tu
questionnes, c’est vrai, et moi,
je réponds :)… »

Marlène TISSOT : Les petites choses
« Les petites choses qui se glissent sous la peau des jours, celles qui démangent la pensée puis qu’on oublie, celles qui bourdonnent des histoires dans notre sommeil et qu’on chasse au matin d’un revers de main, qu’on noie dans le café, le boulot, la liste de courses, la mousse à… »

Yannick TORLINI  : (ré)génération
« se vomir. comme je me réveille. se vomir. se réveiller. se vomir. se réveiller. sans cesse. comme un miroir. se réveiller se vomir. mouvement identique. comme un miroir. / identique. / identique. / identique. / ne jamais s’arrêter. ne jamais arrêter. comme un miroir. ne jamais pouvoir… »

Laura VAZQUEZ : Ecrire, Ecrit, Ecrits
« Écrire Écrit Écrits Écrire Écrire l’après-midi, Écrits, Écrits, Écrire aussi, Écrits aussi le soir, le soir Écrire, Écrire, battre de ça / Écrire Écrit Écrits Écrire Écrire le soir, Écrits comme battre, Écrits, Écrire aussi dans la nuit, Écrits aussi le soir, le soir Écrire, / Écrire, battre de ça, et seul, Écrire… »

Else YNORE : Catching Else 22
« 1. J’ai toujours eu un faible pour les personnages sur le mode mineur. Endosser des rôles secondaires est un excellent moyen de se faufiler vers l’essentiel. Nous sommes le vingt-huit septembre deux mille onze et je suis comblée, on ne me propose que des rôles de… »

PORTFOLIO : Mehryl LEVISSE

« Si, aujourd’hui, à l’image de ce qui se faisait dans les sociétés archaïques, l’homme se remettait à danser comme un possédé, à proférer des paroles incantatoires, à sacrifier, où pourrait-il le faire si ce n’est dans l’art ? Mehryl Levisse, qui met ce numéro en images, travaille à partir… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un(e) auteur(e) connu(e))  :
Valérie ROUZEAU
« Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ?
Plutôt « contre » (la mort, la grammaire prescriptive…) ce qui n’exclut pas le « pour » (la vie, la libre pensée…) Cela dépend d’abord de ce que j’ai à dire. »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
Blesse, ronce noire 
(Claude LOUIS-COMBET)
« Sur un fond indistinct de ciel crépusculaire se détachent deux personnages. Ils ne seront jamais nommés que par ce qui les unit et les sépare : le frère et la sœur, le garçon et la fille, un même sang, une même âme, deux sexes et deux corps. L’un n’existe qu’à travers l’autre, dans un… »

DISSIDENCES (6 coups-de-cœur de lecture)  :
Jean AZAREL : Marche lente – éd. Samizdat, 2011
François ESPERET : Larrons – éd. Aux Forges de Vulcain, 2010
Hubert HADDAD : Opium poppy – éd. Zulma, 2011
Philippe JAFFEUX : O L’AN / – éd. Atelier de l’agneau, 2011
Pierre JOURDE : La Présence – éd. Les Allusifs, 2011
Anne MONTEIL-BAUER : Ecchymose – éd. À plus d’un titre, 2010

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WILEN Dimitri (extraits) https://revuedissonances.com/wilen-dimitri-extraits/ Sun, 24 Jan 2016 20:27:58 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1624 DISSONANCES #23 | SUPERSTAR Usine « Elle ne trouve pas Andy très beau. Mais elle accepte son invitation, car il insiste. Se croire génial, maître du monde, et mourir de maladie banale. Les préliminaires sont bâclés. Impatient, il a tout d’un enfant massacreur de papier-cadeau. Ça n’est pas méchant, mais ça n’est pas doux. Se tromper d’âge, de…Lire la suite WILEN Dimitri (extraits)

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DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
Usine
« Elle ne trouve pas Andy très beau. Mais elle accepte son invitation, car il insiste. Se croire génial, maître du monde, et mourir de maladie banale. Les préliminaires sont bâclés. Impatient, il a tout d’un enfant massacreur de papier-cadeau. Ça n’est pas méchant, mais ça n’est pas doux. Se tromper d’âge, de corps, et mourir de ses médocs. Le contact est technique, l’étreinte est égoïste. Sans caresse, les peaux claquent. Se vouloir moderne, et mourir de vieillesse. Pendant quelques minutes, elle devient une poupée d’autophile. Elle aurait voulu autre chose. Elle patiente ; l’indulgence, jusqu’à l’ennui, dispense de la gêne. Être triste vingt-sept ans, et mourir de soi-même. Son sexe est un peu irrité. Il prend enfin son plaisir, sans qu’elle l’entende venir, et il croit avoir partagé un bon moment. Ne pas se prendre pour de la merde, et mourir de honte. Il lui propose d’... »

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VAN MOERE Marie (extraits) https://revuedissonances.com/van-moere-marie-extraits/ Sun, 24 Jan 2016 17:33:57 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1615 DISSONANCES #23 | SUPERSTAR Supasta : monologue pour fin de règne « Préambule : Ce qui suit se déroule sur une scène de théâtre. A l’ouverture du rideau, Queenie est assise face au public, en milieu de scène, à sa gauche un escalier d’une douzaine de marches mène à un palier en hauteur où se tient de profil une fille…Lire la suite VAN MOERE Marie (extraits)

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DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
Supasta : monologue pour fin de règne
« Préambule : Ce qui suit se déroule sur une scène de théâtre. A l’ouverture du rideau, Queenie est assise face au public, en milieu de scène, à sa gauche un escalier d’une douzaine de marches mène à un palier en hauteur où se tient de profil une fille squelettique. C’est Punaise. Assise, elle se goberge d’une soupe de spaghettis à la tomate. Quand la conserve est vide, elle vomit puis balance la boîte sur Queenie qui ne réagit pas car elle est morte. Le corps est entravé par des menottes SM sur un trône rococo surmonté d’un gros Q en strass noir, couronne funéraire de la Queenie peroxydée, tête basse, raie au milieu, racines et cheveux plastique. Elle est en bottes donjon et le reste est nu comme une barbaque accrochée au rail d’une chambre froide.

« Pute de soupe : on dirait que t’es même pas sortie de ta boîte quand je t’y remets. Hey Queenie ! C’est aussi dégueu que la soupe que tu leur servais en boîte de nuit. MOI, tu m’en as toujours privée. TOI, ma mère, la richissime Queen of musicsoup, superstar, supasta, sucepétassetoutcequidépasse, tu m’aurais condamnée à crever plutôt que de me... »

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THIERRY Tangi (extraits) https://revuedissonances.com/thierry-tangy-extraits/ Sun, 24 Jan 2016 17:24:34 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1611 DISSONANCES #23 | SUPERSTAR Manque de précision « Un facteur prend une forte dose de barbituriques et meurt Il laisse ces mots : « Je n’ai pas supporté la gloire le sexe et les drogues » Sa famille... »

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DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
Manque de précision
« Un facteur prend une forte dose de barbituriques
et meurt
Il laisse ces mots :
« Je n’ai pas supporté la gloire le sexe et les drogues »

Sa famille... »

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RAULT Tiphaine (extraits) https://revuedissonances.com/rault-tiphaine-extraits/ Sun, 24 Jan 2016 17:22:18 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1608 DISSONANCES #23 | SUPERSTAR Les tristes tropiques (variations autour de Rose Hobart) « Remarquable par sa beauté, sa forme et son parfum, la rose est une fleur symbolique qui désigne l’amour, une perfection achevée et un accomplissement sans défaut. Fleur du rosier, de la famille des Rosacées, rose-mousse ou rose-thé, généralement odoriférante, dont l’espèce type comporte un calice…Lire la suite RAULT Tiphaine (extraits)

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DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
Les tristes tropiques (variations autour de Rose Hobart)
« Remarquable par sa beauté, sa forme et son parfum, la rose est une fleur symbolique qui désigne l’amour, une perfection achevée et un accomplissement sans défaut. Fleur du rosier, de la famille des Rosacées, rose-mousse ou rose-thé, généralement odoriférante, dont l’espèce type comporte un calice ovale ou arrondi, une corolle de cinq pétales d’un rouge très pâle à l’origine, de nombreuses étamines, et dont on a tiré d’innombrables variétés quant aux formes et aux coloris.
Remarquable par sa beauté, sa forme et son parfum, Rose Hobart est une actrice américaine née en 1906 et collectionnée par Joseph Cornell en 1936. Une actrice américaine portant le nom du Rose Bengale, un colorant que l’on mélange avec l’éosine bleuâtre pour obtenir une laque rose, et celui d’une ville de Tasmanie jumelée avec la ville de Brest. Une femme qui a appris les fleurs, les oiseaux et la marche. Une femme dont je possède seulement une certaine idée photographique de la beauté, de la forme et du parfum qu’elle porte peut-être.
Rose Hobart est un film de 1936. Joseph Cornell y a colligé toutes les Rose Hobart d’un... »

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PONÇOT Romain (extraits) https://revuedissonances.com/poncot-romain-extraits/ Sun, 24 Jan 2016 16:58:44 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1604 DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR ! La brigade du bonheur « La brigade venait d’atterrir devant l’immeuble. Deux policiers robots jaillirent du véhicule. Moins de cinq minutes après mon appel, ils étaient déjà là. Des copains répétaient dans le salon pour un concert de charité. A la cuisine, Blandine préparait la coke avec sa carte de crédit. Un…Lire la suite PONÇOT Romain (extraits)

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DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
La brigade du bonheur
« La brigade venait d’atterrir devant l’immeuble. Deux policiers robots jaillirent du véhicule. Moins de cinq minutes après mon appel, ils étaient déjà là. Des copains répétaient dans le salon pour un concert de charité. A la cuisine, Blandine préparait la coke avec sa carte de crédit.
Un doigt robot pressa sur la sonnette. J’enclenchai l’ouverture des portes avec mon smartphone. Les deux flics se tenaient devant moi, impassibles.
‒ Vérification du taux de bonheur.
Une voix robot résonna dans le casque. Mesure avec un appareil cylindrique.
‒ Vous êtes dans les normes, 85 % de TB.
Avec le concert de métal, la coke et ma nana dans la cuisine, j’étais certain qu’on n’aurait pas d’embêtements.
‒ Et votre voisin, celui pour qui vous avez appelé, toujours rien ?
‒ Toujours rien, j’ai rétorqué.
‒ OK on intervient.
Les deux flics me saluèrent d’un geste robotique sans faille. Leurs pas métalliques.… »

DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
Bob Dylan vs Paul Emploi

« « Je pourrais avoir un autographe ? »
Je me retourne. Un jeune homme d’une vingtaine d’années s’agite devant moi.
J’écris sur le carnet qu’il me tend : si je n’étais pas Paul Emploi, moi aussi je penserais que Paul Emploi a beaucoup de réponses. Je m’aperçois que le jeune homme au carnet ressemble étrangement à Bob Dylan, que ses traits sont ceux de Bob Dylan, que sa voix est celle de Bob Dylan. D’ailleurs, dans ce bar, ils ressemblent tous à Bob Dylan, des centaines, des milliers de Bob Dylan qui se battent pour me demander un autographe. Par le fruit d’un étrange transfert, je suis devenu une star, une superstar à tel point qu’une armée de Bob Dylan en transe se bat, se lacère, se démembre pour accéder à ma signature. Un autre carnet passe devant moi. J’écris à nouveau : si je n’étais pas Paul Emploi, moi aussi je penserais que Paul Emploi a beaucoup de réponses.
Quelque chose sonne. Un réveil ? C’est l’heure de se lever. Bob Dylan a disparu. Dans le miroir, il n’y a plus que moi. Quand j’arrive au bureau et qu’une conseillère de Pôle Emploi me tend une feuille à signer, je lui écris amoureusement : si je n’étais pas Paul Emploi, moi aussi je... »

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NAGEOTTE Agnès (extraits) https://revuedissonances.com/nageotte-agnes-extraits/ Sun, 24 Jan 2016 16:02:35 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1596 DISSONANCES #23 | SUPERSTAR Hyper sourire tout le temps « Ta cravate te serre le cou et te le serrera trente-cinq minutes encore. Tu ne l’as pas nouée toi-même, ta maquilleuse s’en est chargée. C’était une autre fille la semaine dernière, on te les change sans arrêt. Le cadre est parfait. Tu es parfait. Rien ne manque. Rien…Lire la suite NAGEOTTE Agnès (extraits)

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DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
Hyper sourire tout le temps

« Ta cravate te serre le cou et te le serrera trente-cinq minutes encore. Tu ne l’as pas nouée toi-même, ta maquilleuse s’en est chargée. C’était une autre fille la semaine dernière, on te les change sans arrêt.
Le cadre est parfait. Tu es parfait. Rien ne manque. Rien ne fait défaut. Mesdames mesdemoiselles messieurs, bonjour, tu le dis à la perfection. C’est par une triste nouvelle que nous devons débuter ce journal, oui, tristesse, tristesse infinie exhumée de tes yeux, car nous venons d’apprendre, oui, inutile de poursuivre. Tu connais la suite. Ils connaissent la suite et la messe est une onde ininterrompue. Le décès de Tamako Garnier -célèbre actrice -. Son corps sorti méconnaissable des eaux de la méditerranée. Malheureuse Tamako Garnier, si célèbre et maintenant morte célèbre.
Toi aussi, tu es célèbre. Pendant qu’un flot d’images concasse en deux minutes dix-sept sa vie son œuvre, tu regardes droit devant toi. La poussière qui habite les halos de lumière et la chaleur qui fait rebondir ses flocons les... »

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G. Nicolas Albert (extraits) https://revuedissonances.com/g-nicolas-albert-extraits/ Sun, 24 Jan 2016 15:24:36 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1585 DISSONANCES #23 | SUPERSTAR Growing up in public « Il n’aime pas l’idée de la foule qui lance des coussins. Sur les coussins il y a écrit Conseil Régional de Rhône-Alpes. Il n’avait pas envisagé tant de tee-shirts, de vestes et de pantalons sur scène. Au milieu des coussins, c’est pathétique. Et Aaron qui attrape une sorte de…Lire la suite G. Nicolas Albert (extraits)

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DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
Growing up in public

« Il n’aime pas l’idée de la foule qui lance des coussins. Sur les coussins il y a écrit Conseil Régional de Rhône-Alpes. Il n’avait pas envisagé tant de tee-shirts, de vestes et de pantalons sur scène. Au milieu des coussins, c’est pathétique. Et Aaron qui attrape une sorte de Bermuda dégueulasse, l’exhibe à la foule, se marre en découvrant ses dents de jeune juif bien portant. Il y a un grondement, un vacarme de rires, de sifflets, de sourds applaudissements. Jürgen prend des photos avec son téléphone. Des photos de tissus et de gens qui brandissent le poing en lançant des coussins. Ca vole dans l’air, c’est plein de couleurs, c’est un putain de carnaval. Mais Jürgen est jeune.  Très jeune et  passablement con ; virtuose aussi. Tony et Rob, ils ont bien vu comment ça tournait. Ils ont quitté la scène et ne sont pas là pour l’épauler. Il y a un moment dans une carrière… Il y a des moments dans une carrière… Faut vraiment se pincer pour y croire… C’est comme si plus tu vieillissais et plus le gouffre se creusait. Car enfin, il doit y avoir longtemps que ces gens ne lisent plus ce qui est écrit dans ses chansons. D’ailleurs il a bien cru qu’il allait arrêter ce concert quand il a vu les premiers briquets s’allumer sur Sunday Morning.  Et maintenant… »

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DAULL Manuel (extraits) https://revuedissonances.com/daull-manuel-extraits/ Sun, 24 Jan 2016 15:12:49 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1576 DISSONANCES #23 | SUPERSTAR 23 n’est pas seulement le n° fétiche de Mickael Jordan « (…) Diderot, Thomas, Mme d’Epinay : Qu’est-ce qu’une femme ? se demanderait Elisabeth dans un film de J.L.G. – Condorcet, Prudhomme, Guyomar… : Paroles d’homme réclame un S à homme, non – aux Roches Noires règne depuis un Calme (parmi les) bloc(s) ici bas – les…Lire la suite DAULL Manuel (extraits)

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DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
23 n’est pas seulement le n° fétiche de Mickael Jordan

« (…) Diderot, Thomas, Mme d’Epinay : Qu’est-ce qu’une femme ? se demanderait Elisabeth dans un film de J.L.G. – Condorcet, Prudhomme, Guyomar… : Paroles d’homme réclame un S à homme, non – aux Roches Noires règne depuis un Calme (parmi les) bloc(s) ici bas – les Invisibles nous questionnent sur une qualité de présence autre que visuelle voire physique (…) la légende dit que Gilles de Rai(s)-de-coeur jeune préférait à tout autre (…) les Grandes Espérances de Charles Dickens se sont évaporées avec Moby Dick – Régis Mille l’éventreur a tant marqué la population qu’on a appelé sa cité, la Ville de la peur (…) le Ventre de l’architecte j’aimerais revoir – Notre-Dame-des-Turcs est-elle aussi habitée d’ex-voto que Notre-Dame-de-la-Garde – mes petits dispositifs d’écriture ressemblent parfois à un petit Théâtre de poche (…) quand Chirac rencontre Bush lui demande-t-il Quoi de neuf sur la guerre ? (…) Arrière, fantômes ! dieu, le sexe et nous ça fait déjà beaucoup de monde dans cette histoire (…) du Kid(s) Pharaon and the lonely one j’étais fan – Gagmen est un métier dangereux, Buster Keaton, lui qui s’est déboité l’épaule en voulant arrêter un train, vous le confirmera – dans chaque chambre d’… »

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CONZALEZ Matthieu (extraits) https://revuedissonances.com/conzalez-matthieu-extraits/ Sun, 24 Jan 2016 15:09:26 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1572 DISSONANCES #23 | SUPERSTAR La mort comme imprésario « 20 Août 1885. Dorpat. Estonie. Le regard d’Ernst Hartwig se métamorphose soudainement. Ses pupilles se rétractent et son visage prend un air très sérieux. Son pouce et son index droits, qui depuis quelques minutes se baladaient frénétiquement dans les replis de sa moustache, se sont tout à coup arrêtés,…Lire la suite CONZALEZ Matthieu (extraits)

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DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
La mort comme imprésario

« 20 Août 1885. Dorpat. Estonie. Le regard d’Ernst Hartwig se métamorphose soudainement. Ses pupilles se rétractent et son visage prend un air très sérieux. Son pouce et son index droits, qui depuis quelques minutes se baladaient frénétiquement dans les replis de sa moustache, se sont tout à coup arrêtés, comme stoppés en plein élan. C’est une soirée d’été tout ce qu’il y a de plus douce. L’air à l’extérieur véhicule une légère brise. Pas de quoi remuer les arbres. Quelque chose d’enveloppant, de cotonneux. La fenêtre est entrouverte et cette agréable fraîcheur estivale s’enroule autour de son visage, se balade entre ses cheveux coupés court et redescend le long de sa nuque. La sensation en résultant devrait être apaisante. Au lieu de cela, un frisson d’électricité lui parcourt toute la colonne vertébrale. Il n’y a pas un nuage. On voit clairement, depuis l’oeil du télescope, cette clarté plus puissante que les autres. Cette intense et nouvelle tâche de lumière dans un ciel déjà cartographié, c’est SN 1885A, morte il y a plusieurs milliers d’années dans l’immensité de la spirale d’Andromède. Son image ne nous est parvenue qu’aujourd’hui, le temps de traverser l’espace pour imprimer dans le… »

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BOURVEN Arnaud (extraits) https://revuedissonances.com/bourven-arnaud-extraits/ Sun, 24 Jan 2016 15:04:12 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1569 DISSONANCES #23 | SUPERSTAR Ce qu’elle dit d’Elvis « Bande n°1 Toujours elle. La non-nommée. Déroule le fil : « Dans mon souvenir… personne… ne se disloque… Personne n’aborde cette ville… qu’en rampant… C’est sûr… » Approchent pourtant des gens qui n’ont pas fléchi. Mais rien à idolâtrer sous l’arche des pluies… Elle poursuit : « Vous connaissez ? Ce produit permettrait à certaines personnes en…Lire la suite BOURVEN Arnaud (extraits)

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DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
Ce qu’elle dit d’Elvis

« Bande n°1
Toujours elle. La non-nommée. Déroule le fil : « Dans mon souvenir… personne… ne se disloque… Personne n’aborde cette ville… qu’en rampant… C’est sûr… »
Approchent pourtant des gens qui n’ont pas fléchi. Mais rien à idolâtrer sous l’arche des pluies…
Elle poursuit : « Vous connaissez ? Ce produit permettrait à certaines personnes en phase de construction, et aux autres, de  « stabiliser leur identité, leur image ou leur moyen de dire… » C’est marqué là… On en trouve partout ici… Tout le monde en prend… C’est normal… »
Un emprunt comme seul sujet d’affection. Mais sans limite…
Elle dit : « Vous savez…le second d’mes fils n’est qu’une franche ordure… Eh bien… la suite… cherchez-la… Moi, ça m’rend malade… »
Bande n°2
Plus sa tendresse pour le fils augmente, en rapport avec sa disparition relative, plus le temps prend ses distances contre elle. Rien à… »

 

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DISSO #23 : Jude STEFAN | entretien intégral https://revuedissonances.com/disso-23-jude-stefan/ Sun, 24 Jan 2016 01:04:57 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1530 Entretien avec Jude STEFAN (publié dans DISSONANCES #23)    Jude STEFAN (petit) Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? Hors. Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ? ½. Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ? Sommeil ou féminités. Qui est votre premier lecteur ? L. Gaspar (après M. Blanchot,…Lire la suite DISSO #23 : Jude STEFAN | entretien intégral

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Entretien avec Jude STEFAN (publié dans DISSONANCES #23)

petit jude petit   Jude STEFAN (petit)

Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
Hors.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
½.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Sommeil ou féminités.

Qui est votre premier lecteur ?
L. Gaspar (après M. Blanchot, nrf).

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
Commencer bas.

Quelle fut votre première grande émotion de lecteur ?
O. Khayyam.

Que faut-il lire de vous ?
Au choix.

Votre ego d’écrivain vous gêne-t-il pour marcher ?
Non.

Qu’est-ce que la poésie ?
La Contre-Vie.

Trois œuvres qui vous ont sidéré…
Schönberg, Murnau, Magnasco.

Qu’est-ce qui vous anime ?
La Mort.

Comment vivez-vous votre époque ?
Avec dégoût.

Êtes-vous plutôt « jour » ou « nuit » ?
Nuit.

Où vous êtes-vous senti le mieux ?
Dans les bras féminins.

Quelle femme auriez-vous aimé être ?
De Tourvel.

Qu’est-ce qui est pour vous véritablement érotique ?
Elles.

Quelle est votre plus belle réussite ?
15/20 à l’Agrégation en Français.

Qu’avez-vous vraiment raté ?
Ma naissance.

Qu’admirez-vous ?
L’Art.

Que vomissez-vous ?
La Société.

Où en êtes-vous avec l’utopie ?
Abandonnée.

Qu’attendez-vous des autres ?
Jamais rien.

Quelle pourrait être votre épitaphe ?
Celle de Y. Ozu : « Néant ».

Merci Jude Stéfan.

BIO

Jude STEFAN est né à Pont-Audemer le 1er juillet 1930. Son œuvre (une soixantaine de titres à ce jour) comprend poèmes, nouvelles, journal, lettres, dialogues, traductions, essais sous des formes diverses, et a fait l’objet de thèses et de nombreuses études. Il collabore régulièrement à la N.R.F, à L’Infini et à des revues littéraires et de poésie. La poésie de Jude Stéfan se méfie de l’épanchement lyrique : « Je n’ai jamais eu le cœur de chanter » (Xénies – Gallimard, 1992) et refuse de s’inscrire dans un courant ou une école. Son écriture complexe est d’abord et avant tout un moyen de résister, d’opposer un refus à l’humaine condition de naître pour souffrir et mourir. Jude Stéfan a reçu en 1985 le Prix Max Jacob et en 1999 le Grand prix de Poésie de la Ville de Paris.

BIBLIO SÉLECTIVE

Cyprès (éd. Gallimard, 1967)
La Crevaison (éd. Gallimard, 1976)
Lettres tombales (éd. Le Temps qu’il fait, 1983)
Litanies du scribe (éd. Le Temps qu’il fait, 1984)
Faux journal (éd. Le Temps qu’il fait, 1986)
Le nouvelliste (éd. Champ Vallon, 1993)
Désespérance, déposition (éd. Gallimard, 2006)
Que ne suis-je Catulle (éd. Gallimard, 2010)
Ménippées (éd. Argol, 2011)

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JAUFFRET Régis | Claustria https://revuedissonances.com/1524-2/ Sun, 24 Jan 2016 00:20:48 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1524 Regards croisés sur Claustria de Régis JAUFFRET DISSONANCES #23 Jean-Marc FLAPP : Face à l’inconcevable On s’en souvient sans doute : printemps 2008 au pays de Hitler, Freud et Thomas Bernhard, Elizabeth Fritzl sort enfin de la cave où son père l’a cloîtrée vingt-quatre ans avant – elle en avait dix-huit – et lui a fait sept enfants nés…Lire la suite JAUFFRET Régis | Claustria

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Regards croisés sur Claustria de Régis JAUFFRET
DISSONANCES #23

zz - claustria couv

Jean-Marc FLAPP :
Face à l’inconcevable
On s’en souvient sans doute : printemps 2008 au pays de Hitler, Freud et Thomas Bernhard, Elizabeth Fritzl sort enfin de la cave où son père l’a cloîtrée vingt-quatre ans avant – elle en avait dix-huit – et lui a fait sept enfants nés en captivité dont trois qu’il lui a pris et a pu adopter, sa femme les élevant sans poser de questions. Ce fait-divers sordide constitue la matière dont Jauffret a nourri son roman Claustria, œuvre massive, toxique, mêlant de main de maître – inextricablement – réel et création, avalant le lecteur pour le faire descendre au plus sombre et profond des bas-fonds de l’humain, là où est à l’état pur, sauvage et virulent malgré tous les efforts de civilisation, ce qui fait ce qu’il est : pulsions d’amour, de mort, peurs primales du noir et de l’enfermement, instincts de conservation et de reproduction, obsession du contrôle, besoins de possession, protection, trangression… On sait cela bien sûr : Jauffret ne révèle rien, à ce niveau au moins. S’il compile, imagine, relie entre eux les faits, s’il compose et publie ce roman étouffant n’accusant que rarement (la mère, la société), c’est sans doute avant tout pour faire partager son incompréhension et son effarement face à ces vingt-quatre ans de tortures et de viols (qu’il ne décrit jamais), face au mal absolu et sa banalité, face aux moments de bonheur qu’ont forcément vécus les membres incestueux de cette famille de rats pour survivre à tout ça – face au mystère humain. On sort de là secoué et pour longtemps hanté : haute littérature qui fait un tel effet.

Côme FREDAIGUE :
Ce livre est une œuvre de fiction
Jauffret, c’est le nom de ce type qui m’a enfermé dans un roman sans issue.
Jauffret se situe exactement là où l’écrivain peut dire quelque chose du monde, sur cette arête tranchante de la fiction qui n’est ni invention ni reportage. Le mensonge serait de prétendre à une quelconque vérité. « Il est écrivain, il n’enregistrera pas, il ne prendra même pas de photos.  »
Jauffret enchaîne à sa prose des êtres de chair et d’os en les affublant d’intentions, de pensées, de sentiments qu’ils n’ont jamais eus. Plus qu’un mensonge, Claustria est une perversion de la réalité. « Le plaisir est au bout de l’horreur.  »
Jauffret est un immense écrivain. Sa phrase charrie jusqu’à nous quelques fragments d’enfer. Un coin du voile levé sur l’indicible. « Nous vivons dans un morceau et nous sommes des miettes de morceaux »
Jauffret bande-t-il encore ou son inspiration est-elle devenue si flasque qu’il lui faille la raviver avec un bon gros fait divers bien sordide ? «  Il s’accroupissait, posait son pénis sur son visage. Mais la puanteur l’incommodait et son érection tombait »
Jauffret a écrit une fiction ?
Soit.
Cette cave est donc la sienne, « fruit de la création de son auteur ».

Anne-Françoise KAVAUVEA :
Claustrum Austriacum
Passer le seuil de ce lieu double, de ce livre qui se referme en s’ouvrant, c’est engager un chemin de douleur dans la pénombre, les miasmes, la viscosité des murs qui suintent le mal, celle des sentiments qui n’en sont pas, celles des émotions qui meurent en naissant, comme l’enfant du désir criminel, qui à peine sorti de la moiteur utérine se refroidit à l’humidité de la cave – sinistre parodie de foyer, avec ses rituels : Noël en famille, le père-grand-père-époux subi, aimé et haï, aimant, violent, violant, règne sur ce monde en miniature dont la seule échappée se fait par l’écran du téléviseur ; non, le monde ne se touche pas, ne se respire pas, le soleil ne caresse rien de ses rayons, la lune n’adoucit pas le ciel d’hiver, jamais l’odeur de l’herbe n’apporte l’été, et même, les mots se vident de sens ; la solitude accouche d’une pauvre langue, incapable de transmettre la subtilité d’un émoi, la fragilité d’une idée.
Non, le monde n’existe pas, il n’est qu’une image, qu’un récit de la bouche de cet ogre-amant : l’humanité a disparu. Sauf, peut-être, et c’est ce qui rachète une lecture pénible, en cet enfant nommé R®oman – et par qui la fiction rejoint le sinistre réel.
Récit-tour de force mais vain. L’écriture habile se met au service d’étranges thèses, jusqu’à la nausée. On pense à Emmanuel Carrère, parfois, dans le ton adopté, à la fois proche et distant. Mais que reste-t-il d’autre à la fin que ce malaise ? Peu de choses et, le livre refermé, on oublie cette douleur, ce cheminement qui n’en est pas un, cette cave vouée à la disparition.

Julie PROUST-TANGUY :
Un roman-monstre complaisant
Relire le mythe de la caverne en s’inspirant d’un fait divers atroce – l’affaire Fritzl : il y avait de quoi prétendre au chef d’œuvre. Comment ne pas vouloir applaudir à ce projet brillantissime : une relecture platonicienne de la vie de ce petit peuple de la cave, qui, entre viol et maltraitance, voit son salut dans le monde fictif de la télévision, promesse impossible de libération ?
Jauffret n’est hélas pas Platon, capable de faire émerger, dans les détours mensongers du récit, la vérité froide du mal ordinaire. Il n’est que l’apprenti-sorcier de Dukas, débordé par sa fascination pour son propre projet, ne maîtrisant plus les débordements de son propre style. A trop vouloir étendre l’expérience individuelle à celle de tout un pays, enclos sur son rejet du passé, il s’autorise des raccourcis intellectuels desservant sa fiction. A trop vouloir épuiser le sens de chaque scène, pour en faire vomir la durée nauséabonde, tout en se réfugiant derrière une pseudo-neutralité journalistique, il se perd dans un cycle de fascination-répulsion qui infirme ses desseins et projette le lecteur hors-texte, le laissant perplexe, face à ce cycle de condamnation-observation dans lequel on l’enserre, et face à ce « guide » semblant se complaire, aveuglé, dans les ombres d’un projet dont il prétend se détacher.
Englué dans la noirceur fictive qu’il prétendait disséquer, Jauffret échoue à créer un grand mythe moderne et reste enfermé, à l’instar de ses personnages, dans la caverne du fait divers.

éd. Seuil, 2012
536 pages
21,90 euros

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FELIX Tristan | Journal d’Ovaine https://revuedissonances.com/felix-tristan-journal-dovaine/ Sun, 24 Jan 2016 00:01:50 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1520 Coup-de-coeur d’Alban ORSINI pour Journal d’Ovaine de Tristan FELIX DISSONANCES #23 Dans le monde des revues de création littéraire, Tristan Felix est une incontournable tant le petit univers qu’elle crée sous sa plume est délicat de poésie. Son Journal d’Ovaine est en quelque sorte la suite de l’expérimentation qu’elle avait initiée avec Ovaine aux éditions Hermaphrodite en 2009. S’égrenant à…Lire la suite FELIX Tristan | Journal d’Ovaine

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Coup-de-coeur d’Alban ORSINI pour Journal d’Ovaine de Tristan FELIX
DISSONANCES #23

journal

Dans le monde des revues de création littéraire, Tristan Felix est une incontournable tant le petit univers qu’elle crée sous sa plume est délicat de poésie. Son Journal d’Ovaine est en quelque sorte la suite de l’expérimentation qu’elle avait initiée avec Ovaine aux éditions Hermaphrodite en 2009. S’égrenant à la façon d’un journal dans lequel les jours portent des noms aussi étranges et mystérieux que « châdi », « maidi », « gardi », « infidi », les poèmes qui le composent s’écoulent comme autant de petites gourmandises à déguster sans retenue. Débutant dans l’enchantement nostalgique d’une campagne sereine, tout peu à peu se délitera et la noirceur prendra le dessus, submergeant Ovaine et son journal d’une sombre présence faite de chauve-souris et de chiens inquiétants. A noter que Tristan Felix est également et entre autres clown et dessinatrice : un magnifique dessin à la plume et à l’encre de chine illustre d’ailleurs cet ouvrage à découvrir.

éd. Atelier de l’Agneau, 2011
32 pages
10 euros

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JOURDREN Didier | Cette porte qui bat https://revuedissonances.com/didier-jourdren-didier-cette-porte-qui-bat/ Sat, 23 Jan 2016 23:50:20 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1517 Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Cette porte qui bat de Didier JOURDREN DISSONANCES #23 Dans Cette porte qui bat résonne l’échec annoncé du discours, et l’irrépressible nécessité pour le narrateur de traduire ce qu’il a vu un jour dans un verger, au moment où la lumière allait bientôt disparaître. Il l’énonce d’ailleurs très bien, le récit entier pourrait tenir en…Lire la suite JOURDREN Didier | Cette porte qui bat

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Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Cette porte qui bat de Didier JOURDREN
DISSONANCES #23

cette porte

Dans Cette porte qui bat résonne l’échec annoncé du discours, et l’irrépressible nécessité pour le narrateur de traduire ce qu’il a vu un jour dans un verger, au moment où la lumière allait bientôt disparaître. Il l’énonce d’ailleurs très bien, le récit entier pourrait tenir en une phrase seule, et il n’en resterait alors rien, rien que la dimension exacte de quelques mots mis côte à côte. Didier Jourdren construit patiemment l’épaisseur du temps qu’il faut pour s’assurer de la réalité d’un instant et de l’émotion qu’il contient : « Même si j’en ai nommé tous les éléments […] le plus subtil de ce qui m’a touché risque de demeurer hors de prise.  » Dès lors, il lui faudra y revenir sans cesse, dans cette lumière de fin d’après-midi, et reformuler inlassablement le lieu, les arbres, la valeur de la clarté, avec le risque de ne jamais pouvoir habiter totalement la mémoire du moment. Ce qui se joue là, en définitive, c’est une réflexion sur la rêverie et la matière qu’elle engendre, où la perception des objets confine à une forme de croyance, d’intuition qui nous échappe.

éd. La Part commune, 2012
179 pages
16 euros

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MINIAC Jean | Le Jour https://revuedissonances.com/miniac-jean-le-jour/ Sat, 23 Jan 2016 23:40:29 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1513 Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Le Jour de Jean MINIAC DISSONANCES #23 « Lorsque j’ai appris qu’il manquait un poil à son paillasson, / J’ai vite couru rue de Rivoli pour le remettre en place. » L’homme au paillasson est l’un de ces poèmes sobrement stupéfiants qui créent sur le champ un lecteur humble, attentif, d’une maniaquerie iconoclaste en ces temps de…Lire la suite MINIAC Jean | Le Jour

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Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Le Jour de Jean MINIAC
DISSONANCES #23

le jour

« Lorsque j’ai appris qu’il manquait un poil à son paillasson, / J’ai vite couru rue de Rivoli pour le remettre en place. » L’homme au paillasson est l’un de ces poèmes sobrement stupéfiants qui créent sur le champ un lecteur humble, attentif, d’une maniaquerie iconoclaste en ces temps de lecture au coupe-coupe. Ici, le poète, dans la gaine précieuse de sa langue, plie et déplie une matière souple, au point que chaque poème redevient un autre lorsqu’on y cherche une évidence. N’est-ce un peu cela, l’acte poétique, que de couler au moment où une main vous tire des abysses ? « on compte trois corps sur lesquels on peut compter – peut-être moins, et lorsqu’ils sont salés et blanchis à leur tour, / Alors les yeux se tournent vers l’étendue pétrifiante – mais si douce. » Le poème inaugural accule au pied des falaises, interrogeant la possibilité du poème dans la vie. Oui, à condition de s’en envelopper pour faire corps avec lui, se dissoudre en son eau trouble. Certains savent faire cela. Dialogues illuminés, méditations, images saintes et saynètes se côtoient dans les ruelles d’un village mental où l’on fait halte, « la mie de pain de l’âme, pilée entre les doigts  ».

éd. Bleu d’Encre, 2012
54 pages
5 euros

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MUNN Derek | Mon cri de Tarzan https://revuedissonances.com/munn-derek-mon-cri-de-tarzan/ Sat, 23 Jan 2016 23:32:29 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1510 Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Mon cri de Tarzan de Derek MUNN DISSONANCES #23 Etrange et puissant livre que Mon cri de Tarzan : son personnage central, où qu’il soit, quoi qu’il fasse, flotte au milieu de nulle part et c’est là, en Afrique – mais presque par hasard et sans que cela soit plus que ça signifiant – qu’il…Lire la suite MUNN Derek | Mon cri de Tarzan

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Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Mon cri de Tarzan de Derek MUNN
DISSONANCES #23

mon cri 001

Etrange et puissant livre que Mon cri de Tarzan : son personnage central, où qu’il soit, quoi qu’il fasse, flotte au milieu de nulle part et c’est là, en Afrique – mais presque par hasard et sans que cela soit plus que ça signifiant – qu’il se fait déposer pour y tourner tout seul un « petit film indépendant, pour ne pas dire marginal, fait avec rien, racontant encore moins et vraisemblablement destiné à rester invisible » car sans autre projet que peut-être trouver du sens si tant est qu’il y en ait, et puis du sens à quoi ? Paradoxalement, c’est vraiment passionnant : quarante-deux textes courts et non chronologiques font une narration comme une introspection où la pensée s’égare sans y perdre son fil, avant pendant après se percutant en tant que présents autonomes dans le réseau desquels se constituent une œuvre (le film comme le livre) et une de ces crises où la vie accélère puis dérape et bascule, changeant de direction. Il est question ici de création bien sûr, mais plus encore sans doute de rapport au réel, de relation à l’autre et de dépossession. Avec une acuité et une concision des plus impressionnants.

éd. Léo Scheer, 2012
126 pages
17 euros

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SCHLECHTER Lambert | La trame des jours https://revuedissonances.com/schlechter-lambert-la-trame-des-jours/ Sat, 23 Jan 2016 23:23:04 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1505 Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour La trame des jours de Lambert SCHLECHTER DISSONANCES #23 « Je suis allé inspecter du plus près les recoins du plaisir, et jusqu’au plus secret de la nudité, du bout des doigts, du plat de ma langue, du plein de mes yeux, du plus précis de mon regard, du plus raide de ma queue, du plus chaud…Lire la suite SCHLECHTER Lambert | La trame des jours

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Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour La trame des jours de Lambert SCHLECHTER
DISSONANCES #23

la trame

« Je suis allé inspecter du plus près les recoins du plaisir, et jusqu’au plus secret de la nudité, du bout des doigts, du plat de ma langue, du plein de mes yeux, du plus précis de mon regard, du plus raide de ma queue, du plus chaud de mon sperme. » Fragments érotiques (le diariste vit une belle histoire d’amour (on n’en doute pas)) dans ce journal non daté. L’auteur aime les arts (sans oublier la musique). Nous offre des notes de lectures, des citations, évoque son travail d’écriture, l’actualité (littéraire ou pas), nous donne à lire aussi quelques rares poèmes… « Un quatrain à Ménilmontant / La malamante est partie / Sur la paroi de la baignoire / Je recueille deux jolis poils / De son incolore toison. » J’y ai retrouvé aussi des noms d’auteurs que j’affectionne tout particulièrement : Imre Kertèsz, Thomas Bernhard, Pascal Quignard…  « Taper sur les cuisses de quelqu’un (de joie) lorsqu’on remarque qu’il réagit au nom de Tzara. » L’écriture est bien là, elle a créé pour moi une si vive addiction que je vais très vite découvrir d’autres livres (parmi une quinzaine publiés) du poète.

éd. des Vanneaux, 2010
228 pages
18 euros

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NEMON Onuma | Pr’Ose https://revuedissonances.com/nemon-onuma-prose/ Sat, 23 Jan 2016 23:12:37 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1493 Coup-de-coeur de David MARSAC pour Pr’Ose d’Onuma NEMON DISSONANCES #23 Le sens a-t-il vocation à déserter la littérature ? Onuma Nemon, écrivain sans nom, illustre en l’interrogeant le nom sens dans l’espace texte de la littérature enfin réduite au mot-seconde, au souffle que sa matière déplace, à sa dissolution sportive dans le mouvement sonore d’un texte, par accélération et saturation : « Ces…Lire la suite NEMON Onuma | Pr’Ose

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Coup-de-coeur de David MARSAC pour Pr’Ose d’Onuma NEMON
DISSONANCES #23

pr'ose

Le sens a-t-il vocation à déserter la littérature ? Onuma Nemon, écrivain sans nom, illustre en l’interrogeant le nom sens dans l’espace texte de la littérature enfin réduite au mot-seconde, au souffle que sa matière déplace, à sa dissolution sportive dans le mouvement sonore d’un texte, par accélération et saturation : « Ces Voix prennent en écharpe l’Histoire des Peuples et des Arts ce qui permet littéralement de les déporter, d’ouvrir l’anecdote en la brisant, d’élargir au plus vaste le propos. » Confrontée à la vitesse, la littérature se déroute du sens tracé, dégonde la phrase de son axe sémantique, pour se jeter dans un hors-champ cosmique : alluvions culturelles, remblai de l’Histoire et lambeaux d’humanité recréent une sorte de phénoménologie de la perception. Élaborées à partir des années 69 comme un Chant Général, ces pr’Oses prennent de vitesse le sens et imposent au lecteur une obturation lente (entendez : une lecture attentive). La littérature devient accident de la circulation d’un sens indéfiniment ajourné, avec «  persistance d’un morceau d’histoire dans sa mâchoire […] “J’ouis ! J’ouis ! crie-t-elle, une fois l’oreille nettoyée.” Les deux mains jointes, la boule, Marie (Revoir les dates de l’esprit). »

éd. Urdla, 2012
206 pages
20 euros

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DISSONANCES #23 SUPERSTAR https://revuedissonances.com/dissonances-24-superstar/ https://revuedissonances.com/dissonances-24-superstar/#comments Sat, 09 Jan 2016 21:50:39 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1393 octobre 2012 / 40 pages / 4 euros mise en images : Devis GREBU – ÉDITO : KARMA-COLA Au commencement était la visibilité. Une vingtaine d’auteurs ont survécu aux balles tirées dans la nuque par ce tueur en série qu’est notre comité de lecture. Textes à dispositif, visuels, nouvelles, poésie… Registre sensible, expérimental, humoristique ou trash… Styles et formes se partagent un espace où…Lire la suite DISSONANCES #23 SUPERSTAR

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octobre 2012 / 40 pages / 4 euros
mise en images : Devis GREBU

ÉDITO : KARMA-COLA

Au commencement était la visibilité. Une vingtaine d’auteurs ont survécu aux balles tirées dans la nuque par ce tueur en série qu’est notre comité de lecture. Textes à dispositif, visuels, nouvelles, poésie… Registre sensible, expérimental, humoristique ou trash… Styles et formes se partagent un espace où œuvre aussi Devis Grebu, l’illustrateur de ce numéro. Nos auteurs ne sont pas (encore) des superstars, mais leur quart d’heure warholien est inévitable. Au vingt-et-unième siècle, tu balances sur You Tube une vidéo filmée sur ton portable et tu es une star. Tu ne peux pas faire cent mètres sans qu’un journaliste souhaite réaliser ton portrait dans une émission grande écoute. Tu lâches un pet sonore sur Facebook et dans les dix minutes qui suivent tu ramasses 300 like (et autant de commentaires). Il va être super difficile de passer inaperçu et celui qui traversera son existence sans sa dose de célébrité sera un véritable et authentique héros du quotidien, une superstar en somme… Vous allez rencontrer dans ces pages Johnny, Bob Dylan, ou la fellatrice sans frontière du Président de la République… Ces influences astrales sur votre karma vous seront bénéfiques.

Christophe ESNAULT

DOSSIER « CRÉATION » : LE MAL 

Les AMANTS GLUANTS : Moi président de la république
« Moi président de la république, je préfère me faire sucer au bord de l’eau
Moi première dame des punks à chiens, je gravis ton pylône pour électriser le peuple
Moi président de la république, je m’affirme en slip et en… »

Gilles BERTIN : Cher Johnny
« T’es mort alors je peux t’écrire, tu liras jamais cette lettre et donc elle t’embêtera pas parce que t’étais comme moi, un grand pudique. Je t’ai aimé en secret, à distance, j’ai jamais cherché à te le faire savoir. Tu m’as rien dédicacé, j’ai pas voté pour toi à la télé, j’ai pas fait… »

Arnaud BOURVEN : Ce qu’elle dit d’Elvis
« Bande n°1 / Toujours elle. La non-nommée. Déroule le fil : « Dans mon souvenir… personne… ne se disloque… Personne n’aborde cette ville… qu’en rampant… C’est sûr… » / Approchent pourtant des gens qui n’ont pas fléchi. Mais rien à idolâtrer sous l’arche des pluies… / Elle… »

Matthieu CONZALES : La mort comme imprésario
« 20 Août 1885. Dorpat. Estonie. Le regard d’Ernst Hartwig se métamorphose soudainement. Ses pupilles se rétractent et son visage prend un air très sérieux. Son pouce et son index droits, qui depuis quelques minutes se baladaient frénétiquement dans les replis de sa… »

Manuel DAULL : 23 n’est pas seulement le n° fétiche de Michael Jordan
« En 2006, alors que POL sortait un catalogue sous intitulé 23 ans de littérature et que j’allais avoir 40 ans le 23 mai, j’ai eu envie, comme un exercice d’admiration, une performance, de réécrire ce catalogue en 23 jours, en me donnant comme contrainte d’en reprendre chaque… »

Jean-Marc FLAPP : Crépuscule d’un dieu
« ton jet perso se pose et glisse en bout de piste tu finis ton whisky avales les glaçons te tournes vers le monde toujours aussi lointain contemples le tarmac aveuglant au couchant à travers le hublot et les verres violets des lunettes de soleil que tu ne quittes jamais si… »

Lionel FONDEVILLE : Superstore
« Superstore, leader mondial du store / Je m’appelle Jean-Claude Thuret. J’ai créé mon entreprise dans un garage en 1974, et voilà. Trente-huit ans plus tard, 80 % des stores vendus en Europe, et 60 % aux États-Unis sont des stores Superstore. Depuis deux ans, on attaque l’… »

Nicolas Albert G. : Growing up in public
« Il n’aime pas l’idée de la foule qui lance des coussins. Sur les coussins il y a écrit Conseil Régional de Rhône-Alpes. Il n’avait pas envisagé tant de tee-shirts, de vestes et de pantalons sur scène. Au milieu des coussins, c’est pathétique. Et Aaron qui attrape une sorte de… »

Patrice MALTAVERNE : Décalcomanie
« Seule / avec toi / Double de / ma joie / Je me suspends à tes / lèvres / Je fais semblant de te / faire l’amour / En dansant pour toi / L’invisible / Et / si ta / musique / et si ta voix / Sont des / fusées qui / traversent le mur / De l’autre côté / Ils n’entendront / rien / Te voilà en / train de… »

Anne MONTEIL-BAUER : Le redoublement de la 19ème
« Elle avance dans la fange, sur un chemin étroit. Elle a lâché la dernière main qu’elle tenait encore. Elle sait que ce morceau de chemin, elle doit le faire, seule. Le sol s’envase, et le sentier est de plus en plus raide, de plus en plus étranglé. En face, d’elle, une bouche, l’entrée d’… »

Agnès NAGEOTTE : Hyper sourire tout le temps
« Ta cravate te serre le cou et te le serrera trente-cinq minutes encore. Tu ne l’as pas nouée toi-même, ta maquilleuse s’en est chargée. C’était une autre fille la semaine dernière, on te les change sans arrêt. Le cadre est parfait. Tu es parfait. Rien ne manque. Rien ne… »

Romain PONÇOT : Bob Dylan vs Paul Emploi
« « Je pourrais avoir un autographe ? » Je me retourne. Un jeune homme d’une vingtaine d’années s’agite devant moi. J’écris sur le carnet qu’il me tend : si je n’étais pas Paul Emploi, moi aussi je penserais que Paul Emploi a beaucoup de réponses. Je m’aperçois que… »

Tiphaine RAULT : Les tristes tropiques (variations autour de Rose Hobart)
« Remarquable par sa beauté, sa forme et son parfum, la rose est une fleur symbolique qui désigne l’amour, une perfection achevée et un accomplissement sans défaut. Fleur du rosier, de la famille des Rosacées, rose-mousse ou rose-thé, généralement odoriférante, dont… »

Tangi THIERRY : Manque de précision
« Un facteur prend une forte dose de barbituriques
et meurt
Il laisse ces… « 

Elodie VALETTE : I Can’t Get No
« Il est tard ils t’attendent ils sont bien plus nombreux que prévu tu as oublié quelle heure il est tu sais très bien quel jour on est tu es sur scène tu es tout près tu t’approches tu es debout les bras levés tu t’approches tu sais que rien ne sera jamais comme avant tu… »

Marie VAN MOERE : Supasta : monologue pour fin de règne
« Préambule : Ce qui suit se déroule sur une scène de théâtre. A l’ouverture du rideau, Queenie est assise face au public, en milieu de scène, à sa gauche un escalier d’une douzaine de marches mène à un palier en hauteur où se tient de profil une fille squelettique. C’est… »

Nicolas VARGAS C. : Ma piste aux étoiles
« Sans être juif ou champion mon grand-père trouvait sa cabane les yeux fermés, son fils ce héros a abattu de sang-froid et pour son bien un faon orphelin, sa femme détroussait les lapins comme des chaussettes, Corrine faisait la moule mieux qu’au resto pendant qu’… »

Laura VAZQUEZ : Déjà
« Éveillé déjà près de toi                  déjà. Une lumière, lorsque par la fenêtre                quelque chose se montre et n’atteint pas. Quelque chose au fond, de ce sommeil             gris ou           au fond encore dans une chambre               deux ici                bouches scellées par… »

Dimitri WILEN : Usine
« Elle ne trouve pas Andy très beau. Mais elle accepte son invitation, car il insiste. Se croire génial, maître du monde, et mourir de maladie banale. Les préliminaires sont bâclés. Impatient, il a tout d’un enfant massacreur de papier-cadeau. Ça n’est pas méchant, mais ça… »

PORTFOLIO : Devis GREBU

disso 16a

« Dans tout ce qu’il entreprend, Devis GREBU recherche passionnément du sens. Son tracé est fébrile car son intelligence est à la fois ardente et méticuleuse, car tous ses dessins représentent une décomposition du monde en ses signes les plus infimes et jusque là inaperçus… Dans les dessins de GREBU, le trait fusionne avec… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un(e) auteur(e) connu(e))  :
Jude STEFAN
« Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ?
Hors. »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
Claustria 
(Régis JAUFFRET)
« Relire le mythe de la caverne en s’inspirant d’un fait divers atroce – l’affaire Fritzl : il y avait de quoi prétendre au chef d’œuvre. Comment ne pas vouloir applaudir à ce projet brillantissime : une relecture platonicienne de la vie de ce petit peuple de la cave, qui… »

DISSIDENCES (6 coups-de-cœur de lecture)  :
Tristan FELIX : Journal d’Ovaine – éd. Atelier de l’Agneau, 2011
Didier JOURDREN : Cette porte qui bat – éd. La Part commune, 2012
Jean MINIAC  : Le Jour – éd. Bleu d’Encre, 2012
Derek MUNN : Mon cri de Tarzan – éd. Léo Scheer, 2012
Onuma NEMON : Pr’Ose – éd. Urdla, 2012
Lambert SCHLECHTER : La trame des jours – éd. des Vanneaux, 2010

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BERTIN Gilles (extraits) https://revuedissonances.com/bertin-gilles-extraits/ Sat, 09 Jan 2016 20:41:07 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1385 DISSONANCES #24 | LE MAL Zone centrale « Ce bleu fascinait Pierre, au début. Le bleu Tcherenkov. Les mots lui manquaient alors pour en parler. Ma main est froide sur la commande du pont roulant. Il avance à une allure d’escargot, encore une quinzaine de mètres. Pierre est mort cette nuit. Ils ont emporté son corps dans une…Lire la suite BERTIN Gilles (extraits)

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DISSONANCES #24 | LE MAL
Zone centrale
« Ce bleu fascinait Pierre, au début. Le bleu Tcherenkov. Les mots lui manquaient alors pour en parler. Ma main est froide sur la commande du pont roulant. Il avance à une allure d’escargot, encore une quinzaine de mètres. Pierre est mort cette nuit. Ils ont emporté son corps dans une civière étanche et je suis restée seule, avec son âme et la mienne. Tous deux, nous avons remonté la berge du fleuve dans la nuit blanchissante. Des oiseaux chantaient dans les ramures et d’autres, des oiseaux d’eau à grandes ailes, traversaient le ciel. Je ne reconnaissais rien, je savais tout. La petite chapelle où nous nous arrêtions à vélo. Les trouées sur l’autre rive. Les coudes élimés du chemin, ses fondrières ocre. Puis, soudain, après un bosquet de coudriers, les rangées de barbelés. De l’autre côté, la route de ceinture intérieure et les patrouilles. Puis au loin, mais semblant proches, les coquetiers des quatre tours de refroidissement. Leur lente fumée allégorique d’un temps paisible. À l’entrée, on m’a laissée passer normalement. J’avais mon badge d’agent technique, mon identité de tous les jours – un jour banal pour les gars de la sécurité. Le tourniquet a cliqueté derrière moi avec un jacassement de héron cendré. J’ai badgé aux… »

DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
Zone centrale
« T’es mort alors je peux t’écrire, tu liras jamais cette lettre et donc elle t’embêtera pas parce que t’étais comme moi, un grand pudique. Je t’ai aimé en secret, à distance, j’ai jamais cherché à te le faire savoir. Tu m’as rien dédicacé, j’ai pas voté pour toi à la télé, j’ai pas fait le pied de grue devant des hôtels pour être à tes côtés dans une photo. Ce que tu me donnais non seulement me suffisait mais était tellement plus vaste que moi ! J’ai toujours su que je pouvais compter sur toi. J’ai cinquante-sept ans et j’ai seize ans. Quelqu’un a mis Gabrielle. Les enceintes sont le centre du monde. Ta voix me prend, Johnny, comme si j’enfilais un pull à l’intérieur de moi. Un stroboscope cogne la salle, les vagues bleu et rouge des spots me roulent dessus, j’ai très chaud, il y a des odeurs de bière et de sueur et de fumée. Soudain je saisis le sens de la vie et perçois l’endroit précis que j’y occupe. Ça m’est jamais arrivé. J’ai jamais eu des pensées aussi personnelles. Le monde et moi, on a fait qu’un jusqu’alors, mais depuis que Gabrielle a commencé le cordon est coupé. Mes amis dansent, parlent, rient, il y a les tables, les murs, le rideau fluorescent des lumières, les verres et les cigarettes. Et il y a moi qui… »

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BRULEBOIS Nicolas (extraits) https://revuedissonances.com/brulebois-nicolas-extraits/ Sat, 09 Jan 2016 20:32:39 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1379 DISSONANCES #24 | LE MAL Péché de chair « Une fois notre désir assouvi, les masques tombent et le corps du délit se révèle sous un jour nouveau. Je découvre une petite femme rondelette qui, loin des idéalisations nocturnes, affiche un naturel décomplexé flirtant avec le prosaïsme. Lovée à mes côtés, elle joue les odalisques à ses risques…Lire la suite BRULEBOIS Nicolas (extraits)

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DISSONANCES #24 | LE MAL
Péché de chair

« Une fois notre désir assouvi, les masques tombent et le corps du délit se révèle sous un jour nouveau. Je découvre une petite femme rondelette qui, loin des idéalisations nocturnes, affiche un naturel décomplexé flirtant avec le prosaïsme. Lovée à mes côtés, elle joue les odalisques à ses risques et périls, exhibe certaines avanies qu’il aurait peut-être mieux valu laisser dans l’ombre. Je reviens sur le lieu du crime autopsier ces plis moites où j’ai vu mourir une part de moi-même. L’étalage de chair ruine l’image pieuse que je m’en faisais, oblige à repeindre le « paradis perdu » d’une couleur plus naturaliste. Ses seins ne sont que l’ombre de ceux qu’ils étaient sous mes caresses… mais ils s’affaissent avec une grâce toute personnelle – morphologie en poire tordant le cou à l’antique « fruit défendu ». Etalée dans les grandes largeurs, sa toison géométrise bien au-delà du triangle réglementaire… jusqu’entre les fesses, pour parler crûment, où elle ramifie en duvet blond clairsemé, loin de la noirceur tranchante d’une authentique femme fatale. J’y aventure un doigt pour démêler le vrai du faux, confronter ce postiche au buisson ardent qui m’inspirait un respect presque dévot, la nuit dernière. A mesure que l’… »

DISSONANCES #21 | LE VIDE
Vidé
« Après un dernier cri, je me suis affalé sur elle, à bout de forces. Ouvrant les bras, elle m’a reçu avec sa générosité coutumière, rompue à ces émois spectaculaires qui me laissent exsangue une fois l’orage passé. Sa chair replète a amorti la chute, supportant le plus tendrement possible mon corps devenu lourd, en attendant qu’il reprenne vie.

Je suis resté un long moment vautré en travers du lit, anéanti. Tout mon être, tendu comme un arc auparavant, venait de rompre : la raideur, devenue vaine, s’annihilait dans les rondeurs alentours, phagocytée par les plis du refuge où j’espérais disparaître. Malgré la violence de l’effondrement, je n’avais pas tout à fait perdu conscience : dans cet entre-deux où l’on discerne les choses sans parvenir à les identifier, je sentais autour de moi un souffle calme, contrastant avec le rythme effréné qui avait secoué mes flancs, battu mes tempes, et dont l’écho commençait juste à s’atténuer.

Je me trouvais, pour quelques minutes que j’aurais voulu prolonger des heures, dans ce... »

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COUTON Jean-Battiste (extraits) https://revuedissonances.com/couton-jean-battiste-extraits/ Sat, 09 Jan 2016 20:30:41 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1375 DISSONANCES #24 | LE MAL Le consentement « Pour être conforme à la mode anglaise tu avais décidé de porter une jupe courte et un débardeur décolleté, ce n’était pas dans tes habitudes, mais tu voulais jouer le jeu, et ici, pensais-tu, c’était ainsi vêtu que l’on se rendait au pub. D’abord tu ne sus pas où aller,…Lire la suite COUTON Jean-Battiste (extraits)

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DISSONANCES #24 | LE MAL
Le consentement

« Pour être conforme à la mode anglaise tu avais décidé de porter une jupe courte et un débardeur décolleté, ce n’était pas dans tes habitudes, mais tu voulais jouer le jeu, et ici, pensais-tu, c’était ainsi vêtu que l’on se rendait au pub. D’abord tu ne sus pas où aller, tu ne voulais pas trop t‘éloigner de chez toi au cas où tu boives plus que de raison ; ce qui, tu le savais, avait de fortes chances d’arriver ; tu marchas donc jusqu’à trouver un lieu animé.
Au comptoir du O Glady’s, tu commandas une première pinte que tu bus sans que personne ne te remarquât. A la troisième gorgée de la seconde pinte tu te focalisas sur un groupe de jeune gens, une fille et deux garçons attablés dans un coin du pub. C’était moins eux que les banquettes qu’ils occupaient qui t’intéressaient ; il faut dire que tu commençais un peu à fatiguer, debout, accoudée au comptoir. A la moitié de la seconde pinte tu te décidas à aller leur parler. Tu n’étais pas du genre timide, tu n’eus pas à prendre sur toi pour leur expliquer dans un anglais teinté d’accent marseillais que tu ne connaissais personne ici et que tu aurais plaisir à partager cette soirée avec eux. Comme tu t’y attendais, ils n’y virent aucun inconvénient. Jusqu’à la… »

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KORB Carl-Keven (extraits) https://revuedissonances.com/korb-carl-keven-extraits/ Sat, 09 Jan 2016 20:04:41 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1361 DISSONANCES #24 | LE MAL Plus tard tu brûleras « La première chose que fit Basile Coglioni en arrivant à Bordemer fut de taper contre la première porte qu’il rencontra, bang, re-bang, et re-re-bang, encore et encore, jusqu’à ce qu’on ouvre, une toute menue femme qui d’une voix qui en avait vu d’autres mais pas des comme ça…Lire la suite KORB Carl-Keven (extraits)

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DISSONANCES #24 | LE MAL
Plus tard tu brûleras

« La première chose que fit Basile Coglioni en arrivant à Bordemer fut de taper contre la première porte qu’il rencontra, bang, re-bang, et re-re-bang, encore et encore, jusqu’à ce qu’on ouvre, une toute menue femme qui d’une voix qui en avait vu d’autres mais pas des comme ça dit oui, qu’est-ce que c’est, pourriez faire moins de bruit il y a les gosses qui dorment à côté, et lui dit de sa voix de brute inquiétante ça fera, oui, ça fera, et comme retentissait soudain dans l’air qui se décolorait le vacarme de mille grenades dégoupillées, il referma la porte sans broncher, poussa le loquet, commença d’enlever sa redingote et ses guenilles en marchant droit sur elle, elle toute menue femme qui se dit en ne pleurant pas merde manquait plus que ça, Bordemer de ma malchance, et lui Basile Coglioni avec son cœur comme une troisième couille qui l’agrippe, retrousse ses jupes et te la retourne contre la table de cuisine pour râler un coup en chien qu’il était, tu te tais, j’ai mes droits, je suis vétéran des guerres d’Amérinde par-delà les mers, et elle incapable tout simplement incapable de se déprendre qui dans la surprise du hurlement qui reste emprisonné en elle lâche prise, au moins casse pas tout, au moins vas-y doucement, les… »

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KRKOŠKA Šebestian (extraits) https://revuedissonances.com/krkoska-sebestian-extraits/ Sat, 09 Jan 2016 20:02:43 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1358 DISSONANCES #24 | LE MAL Sous ma main protectrice  « Regarder dans ses larmes et sourire. Se ruiner car la puissance ressentie sera sans égale à cette heure avancée. Revenir des ondes noires, des quatre dimensions des tambours de lessiveuses allant du vert métallique au violet, sans brillance ni joie. Se laisser aller à la dérive de la…Lire la suite KRKOŠKA Šebestian (extraits)

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DISSONANCES #24 | LE MAL
Sous ma main protectrice 

« Regarder dans ses larmes et sourire. Se ruiner car la puissance ressentie sera sans égale à cette heure avancée. Revenir des ondes noires, des quatre dimensions des tambours de lessiveuses allant du vert métallique au violet, sans brillance ni joie. Se laisser aller à la dérive de la damnation dans tout son être. Se servir. A trop fixer longtemps son désir, en détruire l’objet par vengeance. Se venger de qui ? De soi ? Des ondes superposées balancées comme ça comme des gifles cuisantes. Penser avec ses instruments inutiles et utilisables à l’infini. J’irai voir vos tombes. En espérant les desceller, et y fournir une part de moi. Choisir entre se détruire soi ou les autres. Comme ça traîner son long manteau noir dans les rues sombres. Sourire comme une orange pourtant pour le plaisir de l’obtention. Obtenir, ne serait-ce que posséder un instant. S’en convaincre. Il pourrait tuer pour cela. Mais c’est tellement plus beau de regarder la peine vivante. Revenir des tréfonds, accentuer la contemplation des carrés à la lumière vacillante. Ainsi à devoir choisir, l’effort oxygéné prend les masques du revenant. Il sera là pour plonger en vous son infatigable couperet. Laisser glisser sur la peau et les écailles les ongles de l’amasseur de résidus d’… »

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SOARES Aurore (extraits) https://revuedissonances.com/soares-aurore-extraits/ Sat, 09 Jan 2016 19:44:31 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1346 DISSONANCES #24 | LE MAL Le collant « N’aurait pas dû l’enfiler ; maintenant il frotte contre là où ça la démange. Etait pressée ce matin et l’a pris dans le tiroir le qui lui passait sous la main ; à cause de l’ampoule du placard qui n’éclairait pas, car avait oublié au supermarché d’en acheter une, hier ; se souvient…Lire la suite SOARES Aurore (extraits)

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DISSONANCES #24 | LE MAL
Le collant
« N’aurait pas dû l’enfiler ; maintenant il frotte contre là où ça la démange. Etait pressée ce matin et l’a pris dans le tiroir le qui lui passait sous la main ; à cause de l’ampoule du placard qui n’éclairait pas, car avait oublié au supermarché d’en acheter une, hier ; se souvient bien maintenant que ne se souvenant plus de ce que devait absolument pourtant acheter, dos à gratter, et que ne se souvenant plus avait pesté, dos gratté, dans le magasin, et même qu’un l’avait lorgnée ; aurait dû le jeter, au lieu de le ranger, après l’avoir lavé, comme il se doit, dans le tiroir à côté des chaussettes. Maintenant il frotte contre là où ça démange, encore : parce que nulle guérison par la pommade du premier ; ni d’impossible réconfort avec la crème du deuxième ; ni d’aucun effet les onguents du troisième ; et le baume de la quatrième n’a que provoqué du pire, traité avec la crème du deuxième additionnée de la pommade du premier, mélangées aux onguents du troisième. Tout jeté. Maintenant il frotte contre encore où ça démange en pire

Doit Lutter contre le ça Qui pied gauche démange Pied droit encore… »

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TALOTTE Jacques (extraits) https://revuedissonances.com/1342-2/ Sat, 09 Jan 2016 19:41:59 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1342 DISSONANCES #24 | LE MAL Steampunk song « Ce monde creux, Jack, sonne comme un gong… On jette la sciure sur les docks, on pousse les fruits pourris vers l’égout. Un gaz inconnu s’enflamme derrière le rideau damassé. Du divan, on guette l’engrenage des pendules… on fume… On lit que la comète brillera demain. Pourriez-vous me dire l’heure ?…Lire la suite TALOTTE Jacques (extraits)

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DISSONANCES #24 | LE MAL
Steampunk song
« Ce monde creux, Jack, sonne comme un gong…
On jette la sciure sur les docks, on pousse les fruits pourris vers l’égout. Un gaz inconnu s’enflamme derrière le rideau damassé. Du divan, on guette l’engrenage des pendules… on fume… On lit que la comète brillera demain.

Pourriez-vous me dire l’heure ? Tu tournes, sans répondre, droit vers un porche où jadis un marchand de chiens vendait aussi quelques vierges, et de loin, tu cries qu’il est presque minuit. Rien ne glisse pourtant vers l’irrémédiable, une suie ternit la clarté des lanternes, une forme tassée défend l’accès du dédale… Oh Jack ! retourne toi !

Tu scrutes l’enchevêtrement des songes, tu jures que ce monde existe, tu paries sur sa solidité… Que vois-tu ? Brumes en volutes et vestiges de manège… Un braséro, près du fleuve, éclaire un colosse ivre-mort. Puis les terres du charmeur de rats : cendres sur… »

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DISSO #24 : Albane GELLÉ https://revuedissonances.com/1319-2/ Sat, 09 Jan 2016 19:18:12 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1319 Extrait de l’entretien avec Albane GELLÉ publié dans DISSONANCES #24    Albane GELLÉ (petite) Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? Dans une énergie de  pour je crois. Mais qui peut contenir parfois du contre et du malgré. Quant à dedans/dehors, j’ai le sentiment d’être sur un fil tendu entre les…Lire la suite DISSO #24 : Albane GELLÉ

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Extrait de l’entretien avec Albane GELLÉ publié dans DISSONANCES #24

albane 75 1-3   Albane GELLÉ (petite)

Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
Dans une énergie de  pour je crois. Mais qui peut contenir parfois du contre et du malgré. Quant à dedans/dehors, j’ai le sentiment d’être sur un fil tendu entre les deux quand j’écris.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
Ça dépend des livres. Souvent, elle m’arrive après avoir commencé à écrire, comme pour m’aider à poursuivre.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Je suis avec mes enfants, je lis, je monte à cheval, je vais au cinéma, je fais toutes les tâches ordinaires et quotidiennes de la maison, je voyage pour rencontrer toutes sortes de gens, autour de la poésie.

Qui est votre premier lecteur ?
L’homme avec qui je vis. Ou/et des amis poètes.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Un lecteur attentif, et qui va faire en sorte que le livre vive sa vie durablement dans des lieux différents, et qui respecte un contrat de droits d’auteur avec l’auteur.

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
De commencer par lire, d’envoyer des textes à des revues (pour le poésie), d’être patient.

Quelle fut votre première grande émotion de lectrice ?
Après les livres de la bibliothèque verte dont je ne me souviens que des titres, les premiers noms d’écrivains dont je me souvienne avec émotion sont…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #24

BIO (Albane par GELLÉ)

Albane GELLÉ est née en 1971 à Guérande (44) et vit à Saumur (49) où elle a animé l’association La Maison des Littératures (ex Littérature & Poétiques) de 2006 à 2012. Elle se déplace un peu partout pour des lectures publiques et des interventions autour de la poésie.

BIBLIO SÉLECTIVE

A partir d’un doute (éd. Voie Publique, 1993)
Hors du bocal (éd. Le chat qui tousse, 1997)
En toutes circonstances (éd. Le Dé Bleu, 2001)
De père en fille (éd. Le Chat Qui Tousse, 2001)
Un bruit de verre en elle (éd. Inventaire-Invention, 2002)
L’air libre (éd. Le Dé Bleu, 2002)
Aucun silence bien sûr (éd. Le Dé Bleu, 2002)
Quelques (éd. Inventaire-Invention, 2004)
Je te nous aime (éd. Cheyne, 2004)
Je, cheval (éd. Jacques Brémond, 2007)
Bougé(é) (éd. du Seuil, 2009)
Pointe des pieds sur le balcon (éd. La Porte, 2012)
Si je suis de ce monde (éd. Cheyne, 2012)
Voilà (éd. Contre-allées, 2012)
Nous valsons (éd. Potentille, 2012)

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WITTKOP Gabrielle | Sérénissime assassinat https://revuedissonances.com/1307-2/ Sat, 09 Jan 2016 13:22:38 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1307 Regards croisés sur Sérénissime assassinat de Gabrielle WITTKOP DISSONANCES #24 Jean-Marc FLAPP : Mort(s) à Venise Venise : des palais de dentelle édifiés sur du sable, baignant dans l’eau verdâtre d’un réseau de canaux qui sont comme des veines charriant un sang malsain, s’enfonçant dans la vase qui les engloutira. Venise la sublime sans cesse agonisant : c’est le décor…Lire la suite WITTKOP Gabrielle | Sérénissime assassinat

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Regards croisés sur Sérénissime assassinat de Gabrielle WITTKOP
DISSONANCES #24

00 couv sérénissime

Jean-Marc FLAPP :
Mort(s) à Venise
Venise : des palais de dentelle édifiés sur du sable, baignant dans l’eau verdâtre d’un réseau de canaux qui sont comme des veines charriant un sang malsain, s’enfonçant dans la vase qui les engloutira. Venise la sublime sans cesse agonisant : c’est le décor logique que l’auteur du Nécrophile a choisi de donner à ce qui est sans doute son plus baroque opus. Fin du XVIIIème siècle : dans une République tout sauf Sérénissime, on joue, badine, intrigue, dans la terreur constante des geôles sans retour d’un pouvoir sur sa fin. Là, plus qu’un accessoire, le masque est le symbole d’une société mourante où pulsion de plaisir, angoisse de la mort et dissimulation s’imbriquent forcément. Gabrielle Wittkop, homme libre et harpie, grande experte ès poisons, est là comme chez elle et s’amuse beaucoup, en toute cruauté, à tirer les ficelles d’une horrifique intrigue qui est un théâtre d’ombres où elle ne fait danser ses personnages-pantins joliment pomponnés que pour mieux les casser et nous vriller les nerfs à nous mettre le nez dans leurs tripes à l’air… qui sont les nôtres en fait. Cela à sa manière, l’atroce se parant du chatoiement somptueux des vocables précieux et formes raffinées qu’en esthète érudite elle excelle à manier : «  Humide, rosâtre, le thorax est évidé, outre béante, fente élargie, railleuse réplique de la vulve atone ouverte par omission et bâillant à mort sous le pénil gonflé ». Dernier roman anthume et chant du cygne donc d’une grande prêtresse sadienne et athée de la morbidité, cette oeuvre a la splendeur d’un miroir vénitien aux très troubles reflets.

Côme FREDAIGUE :
Un bonbon au cyanure
En dentellière virtuose, Gabrielle Wittkop nous entraîne, avec ce roman, dans les canaux sinueux d’une Venise gorgée de stupre et de sang, tissant un subtil réseau d’intrigues amoureuses féroces, de débauches calfeutrées, mêlant dates, personnages, au risque de perdre un lecteur bien vite désorienté dans ce dédale de faux semblants. Qu’on ne s’y fie pourtant pas trop, ce jeu compliqué n’est au fond qu’un prétexte, un habile expédiant pour lasser des lecteurs trop avides d’histoires bien ficelées, car Sérénissime assassinat, malgré les apparences, n’a rien d’une énigme policière.
Le plaisir, et il est grand, tient tout entier à la sensualité d’une prose magnifiquement baroque. Les corps convulsés, les visages bouffis, les toilettes maculée d’excrétions sont les sujets de choix que se plaît à peindre, avec la délicatesse d’un esthète amusé, ce narrateur-marionnettiste qui nous révulse et nous ravit : «  Le ventre, plein de gluantes agates, de courges bleues et pourpres est une tique énorme, une coque chargée de rougeâtre voilures, de liquides gloussants, de toute une fressure aux sanglants replis […] » Les turpitudes qui font la matière du roman sont narrées avec une telle grâce qu’elles perdent toute nocivité pour s’offrir en pur divertissement, c’est un met rare aux arômes délicats où explose parfois une note barbare savamment distillée. Les fins gourmets que ne dégoûtent pas les venaisons faisandées s’en délecteront, que les autres passent leur chemin en se bouchant le nez !

Anne-Françoise KAVAUVEA :
Comédie méphitique
Est-ce le journal d’une déliquescence ou une comédie de marionnettes ? Des miniatures enchâssées ou des Tiepolo qui s’oxydent ? Sérénissime Assassinat nous introduit dans un topos : la Sérénissime recèle des masques, des intrigues, des poisons, du mensonge. Les personnages s’y meuvent dans des comédies de Goldoni qui tourneraient au drame. La mort rôde à chaque détour, dans chaque alcôve. En effet, à Venise, rien de solide ne peut survivre. La femme devient ville ; ses vaisseaux sanguins s’emplissent de poison, le sang se corrompt, les parfums raffinés tournent en odeurs méphitiques.
Un drame semble se jouer. La mort, comme dans toutes les œuvres de Gabrielle Wittkop, est au centre de tout. Mais contrairement à La mort de C. ou au Nécrophile, ici, elle ne révèle rien : nulle affection humaine, nulle tendresse, nul amour. Alvise assiste blasé à la désintégration de tout espoir de perpétuation familiale :
– C’est que, Signor… votre femme est morte…
– Encore ? !
Une vie s’éteint, ou plutôt elle pourrit dans d’atroces souffrances qui, au lieu d’apitoyer, dégoûtent, écœurent. On ne s’attache à rien, dans ce roman, on est subjugué par la beauté de l’écriture, son adresse, son invention. J’ai beaucoup lu Gabrielle Wittkop ; Sérénissime Assassinat possède toutes les qualités de l’écriture de cette romancière capitale et trop peu connue. Mais tout y est vain. Ambigu spectacle qui montre par la dissimulation, le drame d’Alvise n’émeut point. Et c’est tant mieux.

Julie PROUST-TANGUY :
Au théâtre d’Hadès
Que les amateurs de romans policiers passent leur chemin : quoiqu’il soit ici question des disparitions successives des femmes d’Alvise Lanzi, cette intrigue morbide est loin d’être le centre voluptueux de Sérénissime Assassinat.
D’ailleurs, de centre, le lecteur n’en trouvera point : le voilà plutôt plongé dans un jubilatoire labyrinthe fragmentaire mimant les dédales vénitiens ; confronté à une écriture aux reflets troubles comme ceux des rio sur lesquels s’avancent, funèbres, gondoles et personnages ; convié à un théâtre aux décors peints par un Tiepolo qui, dédaignant son fameux rose, aurait plongé son pinceau dans les ors noirs d’une République qui sombre.
Wittkop nous donne à voir une Venise prise dans les rets de ses propres reflets, prisonnière de ses représentations et de ses mythes. Ses personnages se heurtent aux cadres des tableaux qui les circonscrivent et errent, privés d’âmes et de sens, entre deux rideaux de velours pourpre.
Elle capture ainsi l’essence de la ville : celle d’un théâtre où l’on peut promener ses percées fantasmatiques et manipuler ses créations comme de pauvres marionnettes, aveugles à leurs destinées ; celle d’une mascarade perpétuelle, où la « mort à Venise », loin d’être un mythe rebattu, se trouve ravivée par les éclats du baroque.
Sous sa plume, le Grand Canal se fait Styx à splendeur vénéneuse et Venise prend une « létale incandescence » qu’on ne lui connaissait plus depuis Thomas Mann.

éd. Verticales, 2000
126 pages
10,67 euros

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AYRAULT Sébastien | Loin du Monde https://revuedissonances.com/ayrault-sebastien-loin-du-monde/ Sat, 09 Jan 2016 12:55:38 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1300 Coup-de-coeur d’Alban ORSINI pour Loin du Monde de Sébastien AYRAULT DISSONANCES #24 Sébastien Ayreault, que l’on peut suivre depuis des années en revues ou bien encore sur son site internet personnel, nous livre, avec Loin du Monde, un portrait sensible de la campagne et de l’isolement qu’elle induit, et cela au travers des yeux de David Serre,…Lire la suite AYRAULT Sébastien | Loin du Monde

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Coup-de-coeur d’Alban ORSINI pour Loin du Monde de Sébastien AYRAULT
DISSONANCES #24

loin du monde

Sébastien Ayreault, que l’on peut suivre depuis des années en revues ou bien encore sur son site internet personnel, nous livre, avec Loin du Monde, un portrait sensible de la campagne et de l’isolement qu’elle induit, et cela au travers des yeux de David Serre, un garçon de dix ans. Roman que l’on imagine hautement autobiographique, Loin du Monde nous plonge dans la vie d’une famille ouvrière des années 80 et nous fait découvrir, à la façon d’un roman initiatique, les premières pérégrinations du héros dans le monde cruel des adultes, depuis la confrontation avec la mort jusqu’aux premières désillusions amoureuses, depuis les premières rébellions jusqu’aux dures humiliations de l’adolescence. Parfois crû, souvent drôle et émouvant, ce roman se lit d’une traite grâce à l’écriture serrée de son auteur, jusqu’à la chute inattendue qui tient en seulement deux phrases d’une exemplaire efficacité. Un joli livre dont la suite, Sous Les Toits, devrait être disponible sous peu : à suivre…

éd. Au diable vauvert, 2013
160 pages
15 euros

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1300
CARACO Albert | Post-Mortem https://revuedissonances.com/caraco-albert-post-mortem/ Sat, 09 Jan 2016 12:45:34 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1291 Coup-de-coeur de David MARSAC pour Post-Mortem d’Albert CARACO DISSONANCES #24 «  Heureux les chastes ! Heureux les stériles !  » La noirceur d’Albert Caraco possède un côté farce. Ce grand petit livre, que republie L’Âge d’homme, invite le lecteur à aimer la pensée absurde et outrancière de ce bilieux hors normes, mais sans jamais y adhérer (un idéal de mollusque). « Seigneur ! épargnez-nous de…Lire la suite CARACO Albert | Post-Mortem

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Coup-de-coeur de David MARSAC pour Post-Mortem d’Albert CARACO
DISSONANCES #24

post mortem

«  Heureux les chastes ! Heureux les stériles !  »
La noirceur d’Albert Caraco possède un côté farce. Ce grand petit livre, que republie L’Âge d’homme, invite le lecteur à aimer la pensée absurde et outrancière de ce bilieux hors normes, mais sans jamais y adhérer (un idéal de mollusque).
« Seigneur ! épargnez-nous de ressembler aux larves ! »
La fureur tranquille de Caraco dégonde à chaque ligne la pensée qu’elle exprime au point de la rendre inutilisable. La maxime s’étrangle dans un fou rire en cet hommage bizarre à Madame Mère. Ce livre est son tombeau à lui autant qu’à celle dont l’auteur fait la femme de sa vie stérile.
La puissance de ce livre se déploie dans l’expression d’un quotidien auquel Caraco revient sans cesse, dans un mouvement constant d’oscillation. Le monde concret surgit au cœur d’une syntaxe éthérée et s’abolit dans la négation immédiate de la vie. L’écriture en devient troublante, la pensée souple en ses ressassements. La vie abonde malgré la déshydratation d’une émotion partout présente.

éd. L’Âge d’Homme, 2012
128 pages
12 euros

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CHAUVIER Eric | Somaland https://revuedissonances.com/chauvier-eric-somaland/ Sat, 09 Jan 2016 12:29:27 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1284 Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Somaland d’Eric CHAUVIER DISSONANCES #24 Somaland est une ville et deux mondes distincts : une zone résidentielle perchée sur une colline, une zone industrielle où ont été concentrées des usines chimiques de type Seveso. Un jeune anthropologue, envoyé en mission pour un « état des lieux en vue d’une concertation autour des usines à risque  », rencontre Yacine…Lire la suite CHAUVIER Eric | Somaland

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Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Somaland d’Eric CHAUVIER
DISSONANCES #24

somaland

Somaland est une ville et deux mondes distincts : une zone résidentielle perchée sur une colline, une zone industrielle où ont été concentrées des usines chimiques de type Seveso. Un jeune anthropologue, envoyé en mission pour un « état des lieux en vue d’une concertation autour des usines à risque  », rencontre Yacine G. qui vit dans le quartier et est persuadé qu’un des produits toxiques qui y est utilisé cause chez les résidents de graves altérations psychiques. Incrédule d’abord, il en vient à douter, consulte scientifiques, élus locaux, chargés de com… et se heurte au mur des novlangues : celle des PowerPoints omniprésents de pseudo-experts délirants, celle d’une nouvelle gouvernance pas moins totalitaire que celle d’avant, celle des industriels qui tirent les ficelles au bout desquelles s’agitent les sinistres bouffons dont Chauvier retranscrit les techno-logorrhées dont le rôle évident est de noyer le poisson. Au bout de cela, rien : seulement le constat que « tout désir de savoir est voué à la solitude ». Et un livre à la fois incroyablement drôle et parfaitement glaçant : nécessaire, et urgent.

éd. Allia, 2012
172 pages
9 euros

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COLY Jacques | Voyageurs de l’absolu https://revuedissonances.com/coly-jacques-voyageurs-de-labsolu/ Sat, 09 Jan 2016 12:22:16 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1281 Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Voyageurs de l’absolu de Jacques COLY DISSONANCES #24 «  Le suicide subjugue, certes, transcende l’œuvre, et peut fasciner par l’impulsion individuelle qu’il suscite  ». Les suicidés, plus essentiels que les vifs ? La mort soufflerait-elle à l’élu de frayer nu avec la poésie ? Nul auparavant ne songea à recenser les poètes suicidés. Jacques Coly, poète entre surréalisme et…Lire la suite COLY Jacques | Voyageurs de l’absolu

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Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Voyageurs de l’absolu de Jacques COLY
DISSONANCES #24

voyageurs

«  Le suicide subjugue, certes, transcende l’œuvre, et peut fasciner par l’impulsion individuelle qu’il suscite  ». Les suicidés, plus essentiels que les vifs ? La mort soufflerait-elle à l’élu de frayer nu avec la poésie ? Nul auparavant ne songea à recenser les poètes suicidés. Jacques Coly, poète entre surréalisme et beat generation, peintre et auteur de collages, se fait ici l’écho attentif d’une cohorte de poètes francophones, disparus souvent dans la fleur de l’âge, illustres ou inconnus, tous logés à l’enseigne d’une panique, d’une angoisse larvée, d’une redoutable voyance dans l’au-delà. Loin des poussiéreux hommages funèbres, cette visite guidée très personnelle, en compagnie de 55 voyageurs de l’absolu, rappelle que la poésie est un gouffre parfois. Coly invoque à coups de pinceaux décisifs, raconte chaque suicide – grotesque, tragique, sublime, dérisoire – comme un précipité de roman. Il nous émeut d’avoir réveillé Victor Escousse, Danielle Collobert, le poète haïtien Ruben François qui s’immole par le feu au milieu de ses recueils invendus ou Jean-Pierre Duprey (1930-1959) qui nous dit : « Armé de foudres sèches, un cri/Arrache la voix et crache la bouche… »

éd. Les Deux-Siciles c/o Diérèse, 2011
298 pages
18,50 euros

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OSTER Christian | En ville https://revuedissonances.com/oster-christian-en-ville-de/ Sat, 09 Jan 2016 12:14:24 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1277 Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour En ville de Christian OSTER DISSONANCES #24 Ce n’est pas l’histoire de cinq amis qui décident de partir en vacances sur l’île grecque d’Hydra – personne ne verra Hydra. Ce n’est pas davantage l’histoire d’amour de Georges avec une agent immobilier installée en grande banlieue, ni celle de Jean, le narrateur, qui n’envisage pas de…Lire la suite OSTER Christian | En ville

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Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour En ville de Christian OSTER
DISSONANCES #24

en ville

Ce n’est pas l’histoire de cinq amis qui décident de partir en vacances sur l’île grecque d’Hydra – personne ne verra Hydra. Ce n’est pas davantage l’histoire d’amour de Georges avec une agent immobilier installée en grande banlieue, ni celle de Jean, le narrateur, qui n’envisage pas de vivre avec la femme qui attend un enfant de lui. Ce n’est pas non plus la rupture de Paul et Louise, qui se séparent sans se quitter, ni la mort de William, qui réchappe d’une embolie pulmonaire. Les personnages de Christian Oster se définissent d’abord par leur rapport au réel, par cette distance incompressible qui les sépare de leurs aspirations tout autant qu’elle les y amarre. « Ma crainte, en vérité, dit Jean, c’était de me retrouver nulle part. » Chacun en définitive joue à exister, reproduit par mimétisme des gestes malhabiles, et se retourne immédiatement sur lui-même pour apprécier la parodie, s’assurer qu’il appartient encore au monde. La littérature ici adopte avec une précision extrême les contours de tout ce qu’elle ne contient pas, et qui figure précisément notre conscience du présent.

éd. de l’Olivier, 2013
174 pages
18 euros

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PEY Serge | Qàu https://revuedissonances.com/pey-serge-qau/ Sat, 09 Jan 2016 12:02:30 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1271 Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Qàu de Serge PEY DISSONANCES #24 Partition en rouge et noir. La disposition graphique croasse (un chant). Manifeste non nommé. Une contemporanéité de la contre-attaque. Face au monde le poète affûte ses combinaisons de mots qui claquent comme des phrases définitives libres perforant la cible. « Sur Internet on trouve des reins à vendre aux…Lire la suite PEY Serge | Qàu

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Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Qàu de Serge PEY
DISSONANCES #24

qàu

Partition en rouge et noir. La disposition graphique croasse (un chant). Manifeste non nommé. Une contemporanéité de la contre-attaque. Face au monde le poète affûte ses combinaisons de mots qui claquent comme des phrases définitives libres perforant la cible. « Sur Internet on trouve des reins à vendre aux enchères pour 600 millions Les fantômes des ouvriers Mowacks continuent à voler entre les tours de Manhattan QÀU QÀU QÀU QÀU QÀU QÀU QÀU QÀU. » Serge Pey, ami intime des corbeaux ne range pas son lance-pierre. L’ennemi est protéiforme, institutionnalisé… Il y a quelque chose de périlleux à aborder le « politique », « les injustices », « à se positionner devant l’Histoire (qui se poursuit) ». Seul un grand poète peut y parvenir en se muant en musicien. « La musique cache un pistolet dans une manche et de l’autre une colombe gonflée de clous QÀU QÀU QÀU. » Serge Pey est un authentique poète performeur (le terme est trop souvent frelaté) aux influences chamaniques. Ecrivain de référence dans un microcosme à la marge, il est une figure emblématique de ce que la poésie sonore propose de meilleur.

éd. Dernier Télégramme, 2009
117 pages
15 euros

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DISSONANCES #24 LE MAL https://revuedissonances.com/dissonances-24-le-mal/ Sat, 02 Jan 2016 17:41:40 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1180 avril 2013 / 40 pages / 4 euros mise en images : Charlotte MOLLET – ÉDITO : RACINE DU MAL Pas dormi de la nuit : ma carie me taraude et j’ai envie de tuer. Je pousse la porte du dentiste. Sa secrétaire tente un « Vous avez rendez-vous ? » mais je la cloue du regard et, sentant le danger, elle m’indique l’entrée de la salle d’attente…Lire la suite DISSONANCES #24 LE MAL

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couv 24 hd

avril 2013 / 40 pages / 4 euros
mise en images : Charlotte MOLLET

ÉDITO : RACINE DU MAL

Pas dormi de la nuit : ma carie me taraude et j’ai envie de tuer. Je pousse la porte du dentiste. Sa secrétaire tente un « Vous avez rendez-vous ? » mais je la cloue du regard et, sentant le danger, elle m’indique l’entrée de la salle d’attente où je me mets à tourner comme un fauve enragé, grinçant des dents, à cran, jusqu’à ce qu’épuisé je m’affale dans un coin et saisisse au hasard dans le tas des revues étalées sur la table… DISSONANCES « LE MAL » où vingt auteurs en transe (parmi lesquels pas moi puisque le comité dont je fais pourtant partie a refusé mon texte et ça aussi fait mal même si moins que ma dent mais je me vengerai !) ont traité la souffrance qu’on inflige ou ressent avec leurs mots à eux qui sont nos maux à nous et c’est drôle ou atroce, poignant ou décalé, lyrique, cru, léger, mais quel que soit le genre c’est toujours pour de vrai comme le sont les visions de Charlotte Mollet, puis Albane Gellé chevauchant nos questions, Gabrielle Wittkop revenant nous hanter, et ces œuvres coup-de-coeur… Là le dentiste dit : « Elle est vraiment foutue : va falloir l’arracher. » Je souris : je suis prêt. Vous aussi ? Allons-y…

Jean-Marc FLAPP

DOSSIER « CRÉATION » : LE MAL 

Les AMANTS GLUANTS : Epectase 
« Seuls les fumeurs de crack savent me démolir amoureusement. Ma foi me pousse vers les parias, les fous à la violence démoniaque. J’y retourne sans arrêt, guidée par l’urgence à rejoindre la lumière. Le premier soir, j’étais venue apporter des couvertures dans un squat de… »

Stéphane BERNARD : Quelque chose de pourri
« ce nouveau mal, qu’il ait été ou non,
maintenant existe.
l’imaginer lui a donné… »

Gilles BERTIN : Zone centrale
« Ce bleu fascinait Pierre, au début. Le bleu Tcherenkov. Les mots lui manquaient alors pour en parler. Ma main est froide sur la commande du pont roulant. Il avance à une allure d’escargot, encore une quinzaine de mètres. Pierre est mort cette nuit. Ils ont emporté son… »
 
Marc BONETTO : Arrondir le silence
« Pour l’inconnue qui s’attarde
Je poserai sur le banc
Mon exemplaire des… »

Nicolas BRÛLEBOIS : Péché de chair
« Une fois notre désir assouvi, les masques tombent et le corps du délit se révèle sous un jour nouveau. Je découvre une petite femme rondelette qui, loin des idéalisations nocturnes, affiche un naturel décomplexé flirtant avec le prosaïsme. Lovée à mes côtés, elle joue les… »

Jean-Battiste COUTON : Le consentement
« Pour être conforme à la mode anglaise tu avais décidé de porter une jupe courte et un débardeur décolleté, ce n’était pas dans tes habitudes, mais tu voulais jouer le jeu, et ici, pensais-tu, c’était ainsi vêtu que l’on se rendait au pub. D’abord tu ne sus pas où aller, tu ne… »

Gilbert CRAM : Logique du mal
« Si l’on en croit les registres de la Société des Amis de l’Axiome du Choix (la SAAC pour les feignants), tenus à jour par le secrétaire ou par son faisant fonction (ce dernier était le plus souvent parfaitement illettré, heureusement), le mal s’introduisit sournoisement dans… »

Aliénor DEBROCQ : Blue Monday
« C’est à cause des néons. Ou bien est-ce l’odeur de soupe ? Elle n’en est pas très sûre. Il lui est difficile de supporter cela physiquement. Difficile d’être présente chaque jour. De faire comme si tout allait bien. Tout ne va pas bien. Elle aimerait en être capable. Elle aimerait… »

Guillaume DECOURT : Récolte
« Tout bien considéré
Je suis en état de siège
Vous m’avez… »

Christophe ESNAULT : Planches ultimes
« Proie des déclinaisons vitriolées / Déroule la langue à l’aide d’un ouvre-boîte à sardines / Les murs lépreux s’élèvent plus vite que les coulemelles grises / Un analphabète avec toute sa temporalité panoptique et la douce musique métallique / Soixante millions d’esclaves… »

Tristan FELIX : Le furet (ou comment saigner la tendresse)
« Sous la cloche des Halles, basse panse en plein cœur de Paris, le laboratoire souterrain de la déviance est sous contrôle ; l’organisation idéale de toute la violence, fondée sur la frustration. Dans ce labyrinthe mortifère obstrué par les ganglions de la richesse impérative, il… »

Philippe JAFFEUX : Page O de la lettre B 
« .La soif expansive de              noie des octets limités sous un curseur abreuvé par l’échec d’un ordinateur vide / un saint moulu de fatigue sculpte son corps vert en redressant notre sable sur l’envers d’un contraste hérétique. / .Notre peau expédie la respiration d’une suite vers… »

Carl-Keven KORB : Plus tard tu brûleras
« La première chose que fit Basile Coglioni en arrivant à Bordemer fut de taper contre la première porte qu’il rencontra, bang, re-bang, et re-re-bang, encore et encore, jusqu’à ce qu’on ouvre, une toute menue femme qui d’une voix qui en avait vu d’autres mais pas des… »

Šebestian KRKOŠKA : Sous ma main protectrice 
« Regarder dans ses larmes et sourire. Se ruiner car la puissance ressentie sera sans égale à cette heure avancée. Revenir des ondes noires, des quatre dimensions des tambours de lessiveuses allant du vert métallique au violet, sans brillance ni joie. Se laisser aller à la dérive de… »

Nicolas LE GOLVAN : Primal
« Le roi des poules accueille Niat, le nouvel ambassadeur turc en transit jusqu’à destruction intégrale du F5, bâtiment F, escalier 2, le Clos ; un résumé d’évolution qui communique d’emblée au lancer de caillou. Peu de main d’œuvre aura suffit à faire acte de civilisation. Les vingt… « 

Perrine LE QUERREC : La menace 
« Plusieurs fois par jour, le viol par ton cri, quand toutes les deux, tête à tête, les autres partis, les autres ailleurs, échappés, et toutes les deux, toi et moi, toi dresseuse, porte la culotte, bardée d’autorité, toi ta colère, tes cris, tes hurlements, ce cri que j’entends encore tout… »

Emma MOULIN-DESVERGNES : Leçons de ténèbres
« [ÉDUCATION] L’enfant est une dépendante affective SM en puissance. L’empêchement constant qui lui est fait de se laisser libre cours, d’expérimenter son autonomie que vient distraire la fonction permise – se taire, obéir, se faire toute petite – permet néanmoins… »

Dominique PASCAUD : Affection 
« Sans me retourner, je sais que c’est elle.
Sous son épiderme les glandes ont sécrété quelque chose de boisé, presque fleuri ; je lui en ai souvent parlé, cela la fait sourire. Alors, j’en profite. Je peux voir ses magnifiques… »

Aurore SOARES : Le collant
« N’aurait pas dû l’enfiler ; maintenant il frotte contre là où ça la démange. Etait pressée ce matin et l’a pris dans le tiroir le qui lui passait sous la main ; à cause de l’ampoule du placard qui n’éclairait pas, car avait oublié au supermarché d’en acheter une, hier ; se… »

Jacques TALOTTE : Steampunk song
« Ce monde creux, Jack, sonne comme un gong…
On jette la sciure sur les docks, on pousse les fruits pourris vers l’égout. Un gaz inconnu s’enflamme derrière le rideau damassé. Du divan, on guette l’engrenage des… »

PORTFOLIO : Charlotte MOLLET

poulets et lapin mut nb

« Mon travail porte essentiellement sur le Corps. Je parle du corps anatomique en tant que masse, chair périssable, matière, mais aussi du corps spirituel en tant qu’énergie et essence. Cela donne ces représentations de corps malmenés, en fusion, tantôt sous… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un(e) auteur(e) connu(e))  :
Albane GELLÉ
« Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ?
Dans une énergie de pour je crois. Mais qui peut contenir parfois du contre et du malgré. Quant à dedans/dehors, j’ai le sentiment d’être sur un fil tendu entre… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
Sérénissime assassinat
 (Gabrielle WITTKOP)
« Est-ce le journal d’une déliquescence ou une comédie de marionnettes ? Des miniatures enchâssées ou des Tiepolo qui s’oxydent ? Sérénissime Assassinat nous introduit dans un topos : la Sérénissime recèle des masques, des intrigues, des poisons, du… »

DISSIDENCES (6 coups-de-cœur de lecture)  :
Sébastien AYRAULT : Loin du Monde – éd. Au Diable Vauvert, 2013
Albert CARACO : Post-Mortem – éd. L’Age d’Homme, 2012
Eric CHAUVIER : Somaland – éd. Allia, 2012
Jacques COLY : Voyageurs de l’absolu – éd. Les Deux-Siciles, 2011
Christian OSTER : En ville – éd. de L’Olivier, 2012
Serge PEY : Qàu – éd. Dernier Télégramme, 2009

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BRESSANDE Yve (extraits) https://revuedissonances.com/bressande-yve-extraits/ Sat, 02 Jan 2016 16:49:11 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1172 DISSONANCES #26 | ANIMAL(S) L’Animal « / je souffle je souffre je je je qui est un deux trois je m’en va au bois petit bois derrière chez qui qui lui baisse ta culotte et baise-moi je m’essouffle la bête est là qui a peur du grand méchant loup pas moi pas moi pas moi qui aboie le…Lire la suite BRESSANDE Yve (extraits)

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DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
L’Animal

« / je souffle je souffre je je je qui est un deux trois je m’en va au bois petit bois derrière chez qui qui lui baisse ta culotte et baise-moi je m’essouffle la bête est là qui a peur du grand méchant loup pas moi pas moi pas moi qui aboie le soir à la lisière du bois féroces rhinocéros chromés paumés je suis tout à la fois bras en croix écartelé écartelée je suis une terre un champ de blé à labourer à moissonner je suis tout tout à la fois dis-moi dix Moi hermaphrobites chien et chat carpe et lapin loup et agneau anima animus androzoogine que veux-tu de plus toi toi le prédateur carnivorace en chaleur en rut en sol mineur en simulacre âcre en aigreur en pas vu pas pris c’est combien tourne-toi montre-moi c’est trop cher viens par là mors-moi sors tes griffes lacère-moi je vais te manger te dévorer te digérer tout entier je suis chat sauvage je suis limace panthère je suis ton cauchemar la nuit est noire la nuit brille nuit assourdissante glissante en pente savonheureuse mâlevicieuse je suis biche aux abois tigre à dents de sabre viens par-là approche-toi désire-moi je suis mante athée dévoreuse capricieuse je suis bouc barbu pieds fourchus bien couillu je suis pleine je suis lune je suis grosse de moi je suis grosse de toi je suis grosse du bois du monde prête à… »

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CAZIER Jean-Philippe (extraits) https://revuedissonances.com/cazier-jean-philippe-extraits/ Sat, 02 Jan 2016 16:47:14 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1169 DISSONANCES #26 | ANIMAL(S) L’Animal « une ombre, l’animal meurt, innombrable, et meurt, sans territoire dans le monde, les plantes, les animaux, regardent le monde, les yeux des vallées, des flammes, la cendre et la mer regardent, le monde doué de vie, l’éternité de leurs yeux bleus : création inconnue, envahie d’eau marine (autre chose que l’homme se produit,…Lire la suite CAZIER Jean-Philippe (extraits)

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DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
L’Animal

« une ombre, l’animal meurt, innombrable, et meurt, sans territoire dans le monde, les plantes, les animaux, regardent le monde, les yeux des vallées, des flammes, la cendre et la mer regardent, le monde doué de vie, l’éternité de leurs yeux bleus : création inconnue, envahie d’eau marine (autre chose que l’homme se produit, visage ou désert ou, monde les yeux d’un désert, aride visage ou autre chose, visage d’un dieu animal, un rêve mais réel, au-dehors, un règne différent, au-dehors infini, illimité désert, aride signe sans signe, qu’incarne une ligne à travers l’univers (de lumière, texte vision sombre, aveugle, signe sans existence, dans ce monde (c’est une ligne entre, deux corps deux visages, morts – c’est comme la racine qui vit entre eux – un verbe écrit sur ces feuilles blanches, sans cesse, verbe infini, signe écrit de l’infini – deux corps l’un contre l’autre, deux visages comme des mots sans lien – sonore à travers le livre, la vie du livre est, d’une blancheur sans langage

(langue du monde, sans œuvre (texte sans ressemblance, trop rapide, car la vitesse est animale, profondément – en tous sens les fragments du texte, donc imperceptible, donc muet, donc autre chose – autre chose, est l’animal – qui ne communique, que son… »

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DEBROCQ Aliénor (extraits) https://revuedissonances.com/debrocq-alienor-extraits/ Sat, 02 Jan 2016 16:45:18 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1166 DISSONANCES #26 | ANIMAL(S) La grande profondeur « Un singe ou un ours ? Elle le regarde depuis un moment et elle se demande : un singe ou un ours ? Ou bien peut-être un gros chien, tout simplement ? Un gros chien sans queue ? Où est ta queue, gros chien ? Où donc est ta queue ? Ce serait une jolie entrée en…Lire la suite DEBROCQ Aliénor (extraits)

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DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
La grande profondeur

« Un singe ou un ours ? Elle le regarde depuis un moment et elle se demande : un singe ou un ours ? Ou bien peut-être un gros chien, tout simplement ? Un gros chien sans queue ? Où est ta queue, gros chien ? Où donc est ta queue ? Ce serait une jolie entrée en matière, ça, certainement, de lui parler de sa queue. Son absence de queue. De là on pourrait aborder tous les sujets possibles : on s’empiffrerait de petits fours en parlant coccyx et autres sphincters.
Dès qu’elle est apte physiquement, quelques jours seulement après sa naissance, la reine est poussée hors de la ruche pour effectuer son vol de fécondation.
Un singe ou un ours. Elle le regarde depuis un moment. Elle attend. Singe et signe, inversion de deux lettres. Autour d’eux c’est le brouhaha des inaugurations, ça glousse, ce glapit, ça caquète en tous sens. Comment il fait pour tenir sa flûte de champagne dans sa grosse patte velue ? On dirait qu’il la tient le plus simplement du monde, entre deux doigts. Il la porte à ses lèvres barbues, couvertes d’un épais duvet, puis la fait passer délicatement d’une main à l’autre, comme un petit bijou, une chose précieuse qu’on lui aurait confiée mais à laquelle… »

DISSONANCES #24 | LE MAL
Blue Monday

« C’est à cause des néons. Ou bien est-ce l’odeur de soupe ? Elle n’en est pas très sûre. Il lui est difficile de supporter cela physiquement. Difficile d’être présente chaque jour. De faire comme si tout allait bien. Tout ne va pas bien. Elle aimerait en être capable. Elle aimerait sourire, répondre du bout des lèvres, sans effort, décrocher le téléphone tout en pianotant avec légèreté sur son clavier. Elle aimerait être satisfaite de son poste de jeune cadre. De ses vingt-deux jours de congés payés. Elle aimerait être cette personne-là. Une jeune femme bien contente de son joli salaire et de ses chèques-repas. Une jeune femme sans acouphènes, sans insomnies, sans vertiges, qui virevolterait de réunion en réunion, comme un papillon rare et coloré.

Elle n’est pas cette femme-là, n’a jamais pu endosser ce rôle plus de quelques mois. Toujours il arrive un moment où ça frotte, où ça coince. Au début ce n’est presque rien, elle ne s’en aperçoit pas, puis soudain apparaît la goutte qui s’échappera du vase, survient ce jeudi soir où immanquablement elle rentrera chez elle, accrochera son… »

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DUDOUIT Samuel (extraits) https://revuedissonances.com/dudouit-samuel-extraits/ Sat, 02 Jan 2016 16:37:08 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1159 DISSONANCES #26 | ANIMAL(S) Une petite messe de vide « Sur le mur qui s’effrite, des petits chevaux couleur rouille s’enfuient dans la mousse. Nos forces à nous s’essoufflent un peu. Mourir debout, disait la lettre, mais c’était avant l’averse. Merci d’attendre en salle d’attente, derrière le brouillard. Merci d’attendre encore. On est sur une ligne de front.…Lire la suite DUDOUIT Samuel (extraits)

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DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
Une petite messe de vide

« Sur le mur qui s’effrite, des petits chevaux couleur rouille s’enfuient dans la mousse. Nos forces à nous s’essoufflent un peu. Mourir debout, disait la lettre, mais c’était avant l’averse. Merci d’attendre en salle d’attente, derrière le brouillard. Merci d’attendre encore. On est sur une ligne de front. Les petits chevaux nous fuient. Leur rêve est plus intense. Quand tu fermes les yeux, tu rejoins presque l’herbe. Tu n’as plus rien à attendre. Il y a un chien qui te fait passer, comme s’il savait, lui, où se termine le refus, où commence l’échappée.
La pluie qui goutte sur le ciment sent la boue et l’aube. Tu décides de t’échapper et c’est une camisole qui t’attend. Les lisières sont plus bas, ferme les yeux. Pense aux petits chevaux couleur rouille sur le mur. La lente décomposition qui les emporte, c’est hier qui rejoint demain dans les herbes mouillées, dans le froid et l’absence de mots. La pourriture qui naît dans tes chaussures, c’est une autre lumière. Tu te parles à toi-même comme pour un rite de somnambule. Tes yeux poursuivent une trace, comme un pli dans le drap froissé de tes pensées. Adossé au bois de la porte ouverte, tout au bord du dehors, ton cerveau crapote une petite messe de vide où… »

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GLÜCK Michaël (extraits) https://revuedissonances.com/gluck-michael-extraits/ Sat, 02 Jan 2016 16:25:59 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1153 DISSONANCES #26 | ANIMAL(S) Mouches « A bien fallu que la mouche précédât, et de beaucoup, l’apparition du bipède humain ; a bien fallu qu’elle vînt taquiner mers, rivières, étangs, lacs et ruisseaux pour que, (via oui, mais non, via, saleté de mouche en voilà une autre qui distrait l’organisation de la phrase, le sens et la syntaxe), ce…Lire la suite GLÜCK Michaël (extraits)

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DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
Mouches

« A bien fallu que la mouche précédât, et de beaucoup, l’apparition du bipède humain ; a bien fallu qu’elle vînt taquiner mers, rivières, étangs, lacs et ruisseaux pour que, (via oui, mais non, via, saleté de mouche en voilà une autre qui distrait l’organisation de la phrase, le sens et la syntaxe), ce qui fut comme embryon de nous, embryon de l’espèce des sous-marins et autres premières variations du vivant, a bien fallu que mouche agaçât le premier affamé (ou la première affamée) qui a sorti la tête de l’eau, bien avant que ne parût la tête de l’homme, enfin mieux dire, bien avant qu’une tête d’homme ne s’exondât de la femme. A bien fallu, encore qu’il est possible de se demander si bien ou mal il fallut, ou disons (mais quelle est cette intrusion plurielle qui, pour un peu, pourrait détraquer la quête d’une pensée vers un point ?), donc a fallu. A fallu que la mouche, donc, précédât l’apparition du bipède, dont les balbutiements eux-mêmes précédèrent les énoncés partagés par le bien ou le mal. A bien fallu qu’au commencement fût la mouche, la bombinante, et puis a fallu qu’au commencement fût le poisson qui prit la mouche car, dans cette aube des commencements, l’humain était (déjà) susceptible et vaniteux. Nous n’en étions... »

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JAFFEUX Philippe (extraits) https://revuedissonances.com/jaffeux-philippe-extraits/ Sat, 02 Jan 2016 16:22:45 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1150 DISSONANCES #31 | DÉSORDRES Chaordre « Ses pages se glissent entre des phrases qui nomment un spectacle du hasart Une circulation du chaos surmonte son approche de l’écriture Le hasart tourne autour de ses tourbillons d’intervalles Tes coups de dés mesurent l’impact d’un désordre fascinant Vous confondez le vrai avec le faux parce qu’il mélange le bien…Lire la suite JAFFEUX Philippe (extraits)

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DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
Chaordre
« Ses pages se glissent entre des phrases qui nomment un spectacle du hasart Une circulation du chaos surmonte son approche de l’écriture Le hasart tourne autour de ses tourbillons d’intervalles Tes coups de dés mesurent l’impact d’un désordre fascinant Vous confondez le vrai avec le faux parce qu’il mélange le bien avec le mal Je rattache les effets de mes corrections à une résistance du chaos Elle construit une distance qui explore l’apparence d’un désastre Enchaînons les produits d’une distance à l’autre côté de nos instincts Il combine mes réflexions avec les intuitions d’un vide universel Nos pages perdent le contrôle sur ses intervalles fulgurants Mon temps se déplace sur un espace qui explore la trajectoire de son délire Un texte imprévisible enregistre chaque prédiction du hasart Sa vacuité sens dessus dessous s’immisce entre tes phrases détraquées Des blancs arbitrent un combat entre mes lignes et vos neurones Détruisons l’espace de ses règles lisibles avec une ponctuation bizarre Une image instable attire un imbroglio de lettres Vos explosions de papier déterminent la dynamique d’un vide aléatoire Il commet l’erreur d’écrire sur une image qui corrige ses lettres Le corps d’un mouvement intègre la... »

DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
Courants animaux

« Une inversion alimenta son intelligence lorsqu’il mangea un animal au lieu d’une bête.
Il prit le nom d’un chien oublié pour se souvenir qu’il était aussi un animal domestiqué.
Il vivait seulement au présent afin que son avenir devienne celui d’un animal disparu.
Notre origine est animale parce que nous sommes les créations d’une nature surhumaine.
Il fit le rêve d’un animal en extinction et un cri le réveilla de sa vie cauchemardesque.
Il écrivait par instinct auprès d’un animal qui apprenait à penser tout seul.
Sa voix d’animal le libérait d’une espèce qui disparaissait dans une parole en extinction.
Il se perdait de vue lorsqu’il se reflétait dans les yeux d’un animal inaccessible.
Il s’exprimait avec les cris d’un animal préhistorique pour venir à bout d’une écriture inhumaine.
Le cri d’un animal piège la parole d’un chasseur caché sous son courage bestial.
Il fut foudroyé par le regard sceptique d’un animal parce qu’il idolâtrait une parole invisible.
Les dieux craignent les hommes qui parlent pour se méfier de leur peurs animales.
Il fit le rêve d’un animal en extinction et un cri le réveilla de sa… »

DISSONANCES #24 | LE MAL
Page O de la lettre B 

« .La soif expansive de                    noie des octets limités sous un curseur abreuvé par l’échec d’un ordinateur vide
un saint moulu de fatigue sculpte son corps vert en redressant notre sable sur l’envers d’un contraste hérétique.
.Notre peau expédie la respiration d’une suite vers les pores d’une lettre qui enveloppe le squelette d’une page
un guérisseur du silence mutile vingt-six échos de notre souffrance en écoutant le reflet d’une image indivisible.
.Les yeux d’un aigle percent une paire de lignes moutonnières avant d’aveugler le mystère d’un point solitaire
la pression satanique d’un usurpateur piège une meute d’anges qui respectent la course d’un nombre élastique.
.Le spectacle d’un acteur machiavélique maquille une encre prête à… »

DISSONANCES #22 | RITUELS
U n

« – Notes : La lettre N, intitulée « L’énième », est composée de 26 carrés de 14 centimètres (et donc d’une superficie de 196 cm2). Chaque carré contient 26 phrases, 33 lignes et 32 interlignes ainsi que 196 lettres n dont chacune des apparitions est décalée. La ponctuation progressive consiste à mettre en exposant la dernière lettre des 26 phrases de la page A jusqu’au 26 dernières lettres des 26 phrases de la page Z. La pagination élève chaque lettre de l’alphabet à la puissance n. La lettre n disparait sur la dernière phrase avant de réapparaître dans un mot final qui annonce la lettre O.

– Précisions : Les décalages s’effectuent aussi sur les lettres n mises en exposant. Sur la page N les lettres n sont toutes mises en exposant. Les mesures récapitulatives dans N sont des : décalages de lettres n, nombres de lettres mises en exposant, pages (ou carrés), lignes et interlignes, phrases et sur la 25ième ligne de la page Z, une mesure récapitulative à partir de la lettre A. Afin de contenir 26 phrases, écrites sur... »

DISSONANCES #21 | LE VIDE
V
« rnement d’un enVol Vers la périphé rie d’une ligne pistée ! une épître ragaillardie se glisse sous un hasart inquiet pour englober la forme d’un sens dans une page destructible ! un abécédaire immémorial conditionne la modernité d’une lettre improVisée en oubliant un ordinateur programmé ! un glissement proVidentiel de l’écriture Vers un nombre interpelle la résistance d’une image indispensable à la peinture d’un jeu illisible ! une solitude Vorace renouVelle l’équilibre d’un sens prêt à digérer des mots alimentés par l’enVers d’une relation épistolaire ! un rectangle Vicieux circonscrit une limite soumise au cadre de Vingt-six prières grâce au pouVoir d’une pagination tautologique ! l’illustration d’un truisme hiératique protège les lettres d’une lettre aVec la mesure graphique d’un sens facétieux ! la pertinence homonymique de six cents soixante seize lignes rappelle à l’ordre la sixième unité d’un abécédaire asymétrique aVec des mots opposés à l’écriture ! l’anonymat d’une ponctuation minimale se réVolte contre l’exactitude autoritaire d’un style réduit à promouVoir la subjectiVité d’un alphabet planétaire ! une feuille hypnotisée tombe sur la terre d’une distance tremblante pour enVelopper un… »

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LOVERA VITALI Corinne (extraits) https://revuedissonances.com/lovera-vitali-corinne-extraits/ Sat, 02 Jan 2016 16:19:21 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1146 DISSONANCES #26 | ANIMAL(S) De tout homme « Au début de leur correspondance et pendant un certain temps Virginia qui s’appelait encore Stephens avant de nommer leur couple les Loups quand elle écrivait à Leonard orthographiait son nom en Wolf. J’ai recommencé à lire Virginia hier soir juste après avoir décidé que j’allais adopter un chat. Elle est…Lire la suite LOVERA VITALI Corinne (extraits)

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DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
De tout homme

« Au début de leur correspondance et pendant un certain temps Virginia qui s’appelait encore Stephens avant de nommer leur couple les Loups quand elle écrivait à Leonard orthographiait son nom en Wolf.
J’ai recommencé à lire Virginia hier soir juste après avoir décidé que j’allais adopter un chat. Elle est encore très jeune elle écrit qu’elle a cessé de croire au couple, puis que non finalement, elle veut être enfiévrée ou rien. Elle termine aussi une de ses lettres depuis la vilaine maison de repos où elle est immobilisée pour une de ses premières crises en demandant à Violet de venir la kidnapper, en échange de quoi elle lui enverra une vieille bouilloire ou un morceau de carrelage, je ne sais plus. Hier soir cet humour dont on dit qu’il décape, et oui il décape et ma torpeur et mon chagrin et mon simple engourdissement ont été proprement dissous dans l’humour de Virginia, puis aujourd’hui sur le chemin je cherche, je cherche et je ne trouve pas mieux pour mon décapage permanent que de lire et relire et cesser enfin de ne plus lire, cesser enfin de me priver d’eux et d’elles, puis de moi.
Je suis sur le chemin de nouveau, j’ai dans mon sac un livre de Eudora Welty, du thé glacé un vieux cahier des cigarettes et mes trois paires de lunettes. Je fais à peine cinquante mètres et… »

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MARIMBERT Jean-Jacques (extraits) https://revuedissonances.com/marimbert-jean-jacques-extraits/ Sat, 02 Jan 2016 16:16:09 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1143 DISSONANCES #26 | ANIMAL(S) Cigale « Macadam en feu ciel invisible gouffre craquelé faïence pâle de ses yeux à l’ombre d’un pin air par l’oubli dilaté de l’eau clapote à l’horizon déchirée tendue vers l’ailleurs qu’en ses élytres invoque inlassable violon des écorces brûlantes et… »

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DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
Cigale

« Macadam en feu
ciel invisible gouffre
craquelé faïence
pâle de ses yeux
à l’ombre d’un pin
air par l’oubli dilaté
de l’eau clapote
à l’horizon déchirée
tendue vers l’ailleurs
qu’en ses élytres
invoque inlassable
violon des écorces
brûlantes et… »

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MARTIN Isabelle (extraits) https://revuedissonances.com/martin-isabelle-extraits/ Sat, 02 Jan 2016 16:09:19 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1140 DISSONANCES #26 | ANIMAL(S) Faux-filet « À droite, rien. À gauche, rien. Lui, seul. Son ventre n’aspire qu’un seul fumet et cette maison respire l’absence. Vite, il lui faut se hâter, se faufiler par la porte entrouverte et onduler en rasant les murs bleus lavande du couloir, veinule qui débouche, là, sur des dalles rouges. Attention, quelqu’un. Des…Lire la suite MARTIN Isabelle (extraits)

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DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
Faux-filet

« À droite, rien. À gauche, rien. Lui, seul.
Son ventre n’aspire qu’un seul fumet et cette maison respire l’absence.
Vite, il lui faut se hâter, se faufiler par la porte entrouverte et onduler en rasant les murs bleus lavande du couloir, veinule qui débouche, là, sur des dalles rouges.
Attention, quelqu’un. Des chaussures noires piétinent des taches de gras.
Plus haut, sur la gazinière brune, il y a du bruit, un chuintement, puis un pétillement pour célébrer la rencontre entre l’huile chaude et la tranche de viande rouge et froide.
À l’arrêt, son regard avide balaie la pièce. Les meubles sont noirs, au bord des dalles rouges. Il se coule dans l’ombre, entre deux placards, aux aguets, à l’abri.
Une poussière mate amalgame les odeurs, les miettes et les restes minuscules de chaque repas. Les épluchures, les fragments d’os et de lard, les débris de pain et de gâteaux ont sédimenté leur quote-part, jour après jour, en rasant les murs, eux aussi. Ils ont choisi leurs coins pour se retirer là, au chaud, serrés les uns contre les autres, indéfectibles. Ils restent dans… »

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MOULIN-DESVERGNES Emma (extraits) https://revuedissonances.com/moulin-desvergnes-emma-extraits/ Sat, 02 Jan 2016 16:02:23 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1136 DISSONANCES #26 | ANIMAL(S) Lol’s cats « On m’appelle Lol toute entière, Anima et Persona, la Psyché et le Corps qui la représente. Je me deux est le verbe manquant pour dire Je suis au plus près du vrai, au ras du vrai. Le rat du réel, parlons-en, qui grignote l’image. Pour lui faire la peau, j’ai engagé…Lire la suite MOULIN-DESVERGNES Emma (extraits)

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DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
Lol’s cats

« On m’appelle Lol toute entière, Anima et Persona, la Psyché et le Corps qui la représente. Je me deux est le verbe manquant pour dire Je suis au plus près du vrai, au ras du vrai. Le rat du réel, parlons-en, qui grignote l’image. Pour lui faire la peau, j’ai engagé deux chats – Phantasmo et Amnesia – mais le rat est un animal obstiné.
Chaque après-midi, j’arpente La Ville comme un poisson son bocal. En Boucle, elle s’avère chaque fois nouvelle. Le Décor ne me renvoie rien qui puisse confirmer son Existence, aussi la ville m’apparaît-elle dans un présent perpétuellement renouvelé. Je cherche Là et Quand, l’espace-temps dans lequel je me suis Disparue.
A vos yeux, je m’Absente. Verbe et Adjectif à la fois. Je me deux, Moi et Celle qui n’est pas tout à fait moi que vous voyez. Adverbiale, un chat dans la gorge – ce chat laine-de-verre qui m’insonorise. Inexistant le chat du dessous. Réduit à sa seule nécessité, laisser-pisser, automate. A vos yeux, j’entre-suis.
Ravisseuse est l’image de cette figure de blessée que je vous impose, exilée des choses, qu’on n’ose pas toucher, mais qui vous fait sa… »

DISSONANCES #24 | LE MAL
Leçon de ténèbres

« [ÉDUCATION] L’enfant est une dépendante affective SM en puissance. L’empêchement constant qui lui est fait de se laisser libre cours, d’expérimenter son autonomie que vient distraire la fonction permise – se taire, obéir, se faire toute petite – permet néanmoins, quand la vigilance a l’œil ailleurs, des instants de liberté totale dont bientôt elle ne sait plus que faire, que très vite elle ne sait plus accueillir autrement qu’une sentence d’abandon. Tu vois tu es nulle, associable, tu ne sais pas jouer avec les autres. Tu ne sais rien faire de tes dix doigts prends un marteau et tape toi dessus. Cette enfant-là fut éduquée à la mort. Sage et bien tranquille.
L’éducation – une brisure – ne dessine pourtant pas une cicatrice transversale. Elle ouvre le creux en forme de trou noir qui ira s’agrandissant aspirant jusqu’à la goutte ultime d’amour propre, la part naturellement aimante que l’on a pour soi-même et qui permet d’asseoir notre volonté sur nos genoux au lieu de cette volition malléable à souhait qui finit par s’ériger en constante supplique d’absolution, le cœur mis à sac, sec, mais les reins avides.
Reins brisés bientôt elle marche comme un quadrupède, la croupe offerte à… »

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NOIROT Grégory (extraits) https://revuedissonances.com/noirot-gregory-extraits/ Sat, 02 Jan 2016 15:57:31 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1134 DISSONANCES #26 | ANIMAL(S) Manimal « L’animalcule que voilà, comme un pan qui s’ouvre en toi, et tu tentes d’esquiver l’attaque. «  Yse, Yse. » Tu t’enfonces dans ce fauteuil en skaï qui autrefois accueillait les sévices, et regroupes tes souvenirs. La Maison. Vieux. Vieille. Les invités. Aux murs du salon, tu revois les aquarelles que Vieille peignait entre deux…Lire la suite NOIROT Grégory (extraits)

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DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
Manimal

« L’animalcule que voilà, comme un pan qui s’ouvre en toi, et tu tentes d’esquiver l’attaque. «  Yse, Yse. » Tu t’enfonces dans ce fauteuil en skaï qui autrefois accueillait les sévices, et regroupes tes souvenirs. La Maison. Vieux. Vieille. Les invités.

Aux murs du salon, tu revois les aquarelles que Vieille peignait entre deux crises, des paysages de forêt tropicale, aux couleurs criardes, que tu passais des heures enfant à scruter. Elles sont aujourd’hui couvertes de poussière. Quand tu les regardes vite les unes après les autres, tu distingues le mouvement d’un couple nu dans la verdure, sautant des palmes géantes aux palétuviers dont on ne voit pas la cime. Comme avant, tu te mets à gratter légèrement le mur, pour y écrire ton nom. « Yse. » La Maison est telle que tu l’as laissée il y a vingt ans quand tu as fui, seules les teintes du papier peint ont changé.

Au centre d’épanchement, l’autre jour, le thérapeute t’a encouragé : « Vous devriez y retourner. Oui ? C’est important dans votre processus de recouvrement. Il faut se confronter au lieu, et défaire les limbes. Non ? On appelle ça repeindre une station, dans notre… »

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SAULNIER Sophie (extraits) https://revuedissonances.com/saulnier-sophie-extraits/ Sat, 02 Jan 2016 15:49:02 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1129 DISSONANCES #26 | ANIMAL(S) Cabinet de monstruosités lexicales « Trois séances. Séance 1 Tu le sais, Soraya Suturlnier, le problème a toujours été le S. Le S du pluriel, exception ou pas exception et pourquoi on devrait le mettre et pourquoi on ne devrait pas le mettre. Le problème c’est le pluriel et sa logique et l’orthographe française…Lire la suite SAULNIER Sophie (extraits)

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DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
Cabinet de monstruosités lexicales

« Trois séances.
Séance 1
Tu le sais, Soraya Suturlnier, le problème a toujours été le S. Le S du pluriel, exception ou pas exception et pourquoi on devrait le mettre et pourquoi on ne devrait pas le mettre. Le problème c’est le pluriel et sa logique et l’orthographe française et ce qu’on apprend et ce qu’on n’apprend pas, et la mémoire des listes, et savoir s’il faut mettre des e aux noms masculins en oir et s’il faut mettre des x aux noms en ou, et les histoires qu’il faut se raconter pour se souvenir de si oui ou non on doit faire ceci ou faire cela, dire ceci ou dire cela, écrire ceci ou écrire cela, rêver de ceci ou rêver de cela, quand il faut dire voici et quand il faut dire voilà, et pareil pour ceci et pour cela. Le problème c’est la langue. Le problème c’est de parler comme il faut ou comme il ne faut pas. C’est le vertige des interdits. C’est de ne pas se tromper, de prendre la bonne route. Et si je me trompe que va-t-il m’arriver ?
Alors, professeur, on le met ou on le met pas le s à animal  ?
Non, ce n’est pas vrai, le problème du S c’est le… »

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VAZQUEZ Laura (extraits) https://revuedissonances.com/vazquez-laura-extraits/ Sat, 02 Jan 2016 15:26:40 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1121 DISSONANCES #26 | ANIMAL(s) La plus belle chose au monde « La plus belle des choses qui soit du monde et de moi-même, la plus belle des choses qui soit, je peux dire que c’est l’animal, l’animal est la plus belle des choses qui soit du monde et de moi-même, il est la plus belle des choses qui…Lire la suite VAZQUEZ Laura (extraits)

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DISSONANCES #26 | ANIMAL(s)
La plus belle chose au monde
« La plus belle des choses qui soit du monde et de moi-même, la plus belle des choses qui soit, je peux dire que c’est l’animal, l’animal est la plus belle des choses qui soit du monde et de moi-même, il est la plus belle des choses qui soit parce que je le regarde et parce que je vois qu’il est la plus belle des choses qui soit. Je te prends la bouche et je te prends les mains et je prends tes seins sur ma bouche et je te prends mes seins et je sens que l’animal est la plus belle chose au monde. Je te prends la figure, je te tire la figure de mes mains et je sens que ma force tire ta figure de mes mains. Je sens que ma force est dure et que l’animal est la plus belle chose en moi. Et tes yeux vont me dire que ma force est si dure, quand ta voix le dira je sens que ta voix va me dire que l’animal est de toutes les choses la plus belle qui soit. Quand je prendrai ta figure dans mes mains, je la prendrai pour la tirer vers le bas, pour la tirer en dehors de ta forme jusqu’à ce que mon ventre me dise, jusqu’à ce que mon ventre seul me dise que la force que j’ai est la plus belle des choses du monde. Je prendrai ta figure, mais ta figure prendra mes mains et alors je sentirai que l’animal est la plus belle chose au monde et la plus belle des choses qui soit, la… »

DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
Déjà
« Éveillé déjà près de toi             déjà. Une lumière, lorsque par la fenêtre         quelque chose se montre et n’atteint pas.           Quelque chose au fond, de ce sommeil               gris ou         au fond encore dans une chambre           deux ici           bouches scellées          par la nuit          éveillé ici. Que nous arrive-t-il             maintenant ?

De         ces         heures         amassées       qui        se       concentrent et qui s’emparent au fond de
que quelque chose se montre encore. Sommes-nous si vieux                            déjà ?

Lumière                  cette chambre qui dort                peut-être. Pas vraiment triste.           Pour être enfin si blême               grise au fond sans doute. J’étais resté longtemps assis.               Et toi             la lumière                 du téléviseur sur le visage du soir, tu vois la lumière, la lumière sur son visage, qui finalement                       pour être                  si terne et au fond au fond si… »

DISSONANCES #22 | RITUELS
Écrire Écrit Écrits

« Écrire Écrit Écrits Écrire Écrire l’après-midi, Écrits, Écrits, Écrire aussi, Écrits aussi le soir, le soir Écrire, Écrire, battre de ça Écrire Écrit Écrits Écrire Écrire le soir, Écrits comme battre, Écrits, Écrire aussi dans la nuit, Écrits aussi le soir, le soir Écrire, Écrire, battre de ça, et seul, Écrire tous les jours, Écrire Écrit Écrits l’après-midi, le soir et la nuit, battre de ça, se sentir crever

             Sans en avoir envie

Écrire et retrouver la défaite quotidienne la défaite des années et des années interminables des nœuds de langue de soi-même la défaite de soi dans une v

Chaque jour écrasé par le Poids de cette folie d’Écrire L’après-midi comme le soir Depuis les années et les années laisser se former le texte et battre de ça tous les jours tous les jours tous les jours tous battre de ça dans cette folie… »

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YOUTH Henrik (extraits) https://revuedissonances.com/youth-henrick-extraits/ Sat, 02 Jan 2016 15:20:41 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1115 DISSONANCES #26 | ANIMAL(s) La Ferme des Animal(s) « On parlait pour 2012 de Fin du Monde, et plus raisonnablement de Changement d’Ere. La précédente aura vu l’ avènement de l’Enfant Jésus, et avec lui la dernière des Sectes du Soleil devenue religion. On admettra que cette nouvelle entité administra les 2000 dernières pages de notre histoire. Sociétés patriarcales, hypocrisie…Lire la suite YOUTH Henrik (extraits)

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DISSONANCES #26 | ANIMAL(s)
La Ferme des Animal(s)

« On parlait pour 2012 de Fin du Monde, et plus raisonnablement de Changement d’Ere. La précédente aura vu l’ avènement de l’Enfant Jésus, et avec lui la dernière des Sectes du Soleil devenue religion. On admettra que cette nouvelle entité administra les 2000 dernières pages de notre histoire. Sociétés patriarcales, hypocrisie démocratique, Globalisation de la Médiocrité. Le premier point est flagrant et sert aussi bien l’Eglise que l’Etat : les femmes étant de notoriété publique bien plus intelligentes, d’où la nécessité de les placer au troisième rang, après les hommes et les boîtes de haricots verts sauce piquante. Le second unit à l’identique la façon qu’a le Prêtre de prendre votre argent, pour s’en faire des colliers d’ or en échange d’une place au Paradis Imaginaire et le Président, de prendre votre liberté, pour s’en faire des ouvriers et des soldats en échange de strictement que dalle, sinon l’illusion de participer à quelque chose de grand, de fondamental. Le troisième réunit les deux autres pour transformer des bêtes de somme en personnes en somme très bêtes. Tout ceci reste bien évidemment surfait mais aurait-on, sans la Paix du Christ, découvert et annihilé le Nouveau Monde ? Ce qui est sûr, c’est que l’Arménie n’aurait pas… »

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DISSO #26 : Edith AZAM https://revuedissonances.com/disso-26-edith-azam/ Sat, 02 Jan 2016 14:44:28 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1098 Extrait de l’entretien avec Edith AZAM publié dans DISSONANCES #26    Edith AZAM (petite) Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? J’écris sans doute à la fois pour moi, contre moi, dans moi, hors de moi et malgré moi… Ce qui, en définitive, me laisse penser que je suis surtout…Lire la suite DISSO #26 : Edith AZAM

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Extrait de l’entretien avec Edith AZAM publié dans DISSONANCES #26

titazam   Edith AZAM (petite)

Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
J’écris sans doute à la fois pour moi, contre moi, dans moi, hors de moi et malgré moi… Ce qui, en définitive, me laisse penser que je suis surtout « entre ». Enfin, là, à cet instant, je me dis cela.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
Des contraintes, je pense qu’il y en a, dans la mesure où effectivement une forme apparaît. Mais je ne pense pas les établir, elles se révèlent soudain, au même titre que le récit, et me font suivre leur chemin sans que je sache qu’elles sont là. Au fond, il me semble que les contraintes m’apparaissent qu’une fois le texte fini, et du coup ne m’intéressent pas vraiment, consciemment en tous cas.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Lorsque je n’écris, je poubelle mes brouillons, ou dessine dessus, pars promener dans les bois, lis, cuisine, écris des mots de droite à gauche, rêve de partir loin, bien loin, d’avoir un jardin, etc…

Qui est votre premier lecteur ?
Une amie.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Entre autres : celle ou celui qui ne doute pas, là où l’auteur doute de tout.

Quelle fut votre première grande émotion de lectrice ?
La voix de ma Grand-Mère, son doigt glissant sur la page d’un livre, et puis le mien courant derrière.

Que faut-il lire de vous ?
Je ne sais pas.

Votre ego d’écrivaine vous gêne-t-il pour marcher ?
Non, plutôt le…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #26

BIO (Edith par AZAM)

Née en 1973. S’amuse à faire des pas de fourmi dans le salon lorsqu’elle se pose un problème. N’est pas convaincue que ses solutions soient les bonnes. Continue à tourner tout autour du salon : et du problème. Passe parfois plusieurs jours à fourmiller doucement, et pense que ce n’est pas très grave. Voilà.

BIBLIO SÉLECTIVE

L’écharpe douce aux yeux de soie  (éd. L’Atelier de l’agneau, 2007)
Rupture (éd. Dernier Télégramme, 2009)
Le mot il est sorti (éd. Al Dante, 2010)
Du pop corn dans la tête (éd. L’Atelier de l’agneau, 2010)
Soleil-Oeil-Crépu (éd. Dernier Télégramme, 2011)
Mercure (éd. Al Dante, 2011)
Qui journal fait voyage (éd. L’Atelier de l’agneau, 2012)
Décembre m’a cigüe (éd. P.O.L, 2013)
Marrez-vous, on rigole (éd. Les Arêtes, 2013)
Vous l’appellerez Rivière (éd. La Dragonne, 2013)
Mon frère d’encre (éd. Au coin de la rue de l’enfer, 2013)
La chose commune (éd. Pas vu pas pris, 2013)
Bel échec – co-écrit avec J-C Belleveaux (éd. Dernier Télégramme, 2014)
On soit : l’autre (éd. P.O.L, 2014)

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LEVÉ Édouard | Suicide https://revuedissonances.com/1094-2/ Sat, 02 Jan 2016 14:26:23 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1094 Regards croisés sur Suicide d’Édouard LEVÉ DISSONANCES #26 Jean-Marc FLAPP : Regard sur le Néant Tu as écrit Suicide et puis tu t’es pendu : comment le lire, ce livre, sans y chercher des clés ? En te donnant la mort, tu en as fait autre chose que de la littérature : ton écriture sèche, sans affect, émaciée (« Tu avais…Lire la suite LEVÉ Édouard | Suicide

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Regards croisés sur Suicide d’Édouard LEVÉ
DISSONANCES #26

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Jean-Marc FLAPP :
Regard sur le Néant
Tu as écrit Suicide et puis tu t’es pendu : comment le lire, ce livre, sans y chercher des clés ? En te donnant la mort, tu en as fait autre chose que de la littérature : ton écriture sèche, sans affect, émaciée (« Tu avais moins envie de mourir la nuit que le jour et le matin que l’après-midi. »), elle mène à ta mort mais elle n’explique rien, elle compile des fragments qui te restent d’un homme que tu n’aimais pas plus que les autres ou toi-même (« Tu ne me manques pas. Tu es plus présent dans mon souvenir que tu ne le fus dans notre vie commune. ») et on se demande bien sûr ce qui est vrai ou fictif, si c’est de ton ami ou de toi que tu parles et si ta décision de faire comme lui précède l’écriture ou en est découlée – elle empêche en tout cas qu’on lise normalement : il faudrait ignorer mais on sait et toi-même savais que l’on saurait : tu as tout embrouillé. Alors, ce livre, quoi ? Par touches aléatoires (« Décrire te vie dans l’ordre serait absurde : je me souviens de toi au hasard. »), tu y ébauches le portrait de quelqu’un qui a tout (la jeunesse, l’amour, des amis, du talent…) mais qui perd le contact parce qu’il est fait ainsi et que ça ne se guérit pas, qui descend en lui-même se regardant descendre inexorablement, qui débouche où il doit qui ne se comprend pas («  Les gens qui te survivent se sont interrogés, ils n’auront pas de réponse à ces questions. ») mais il est bien certain que dans le visage ami c’est le tien que tu vois et au-delà le néant : ce livre est ce miroir que tu as traversé et que tu as laissé là on ne saura pas pourquoi. Le lire est se pencher sur le mystère ultime : totalement fascinant.

Côme FREDAIGUE :
Un suicide narcissique
Disons-le d’emblée, Suicide est une déception. Le projet avait pourtant de quoi séduire : invoquer, par le truchement d’une narration à la 2ème personne, le souvenir de l’ami disparu pour tenter de donner sens à son suicide. Hélas le narrateur phagocyte peu à peu son destinataire, glissant du portrait à l’autoportrait. L’errance solitaire du personnage dans les rues bordelaises et son cortège d’impressions subjectives en atteste. Le tutoiement s’y réduit à un artifice masquant un « je » qui se met complaisamment en scène. Narcisse moderne contemplant dans la mort son double fantasmé, E. Levé prend la pose à chaque page, sortant du musée du rien, allant manger un morceau à l’hôtel du néant, une petite promenade digestive sur le vide avant d’aller faire un tennis et puis, en fin d’après-midi, un petit suicide après la sieste. Quel ennui ! Le texte foisonne de considérations aussi insignifiantes que le détail d’un menu pris au restaurant et aligne truismes sur truismes : «  le désir se prolonge tant qu’il ne s’est pas accompli ». Le narrateur agace tant son récit tourne à l’éloge funèbre. Son alter égo semble atteindre la perfection, voire la sainteté, avec ce suicide « d’une beauté scandaleuse » qui « rend plus intense la vie de ceux qui [lui] ont survécu ». Comment y voir autre chose qu’un fantasme morbide, une couronne funéraire que se tresse l’auteur espérant vainement hisser son suicide au rang d’œuvre d’art, comme si son acte final pouvait apporter une once de plus-value à son livre.

Anne-Françoise KAVAUVEA :
Aube noire
Voici un livre du seuil, de l’au-delà, une voix qui s’élève d’outre-mort, ou plutôt qui persiste et s’inscrit dans l’éternité de la littérature. Un homme s’adresse à son ami suicidé d’un coup de fusil dans la bouche, suicide méticuleusement préparé qui devient, étrangement, le point de départ d’une amitié poursuivie dans une temporalité sans limite.
« Es-tu mort puisque je te parle ?
Si tu vivais encore, serions-nous amis ? »
En effet, le «  tu » envahissant interroge sans réponse possible, reconstruit une vie dont tout le relief semble provenir de sa fin prévue. Le suicide en effet semble prise de contrôle sur l’existence. Plutôt que le néant il suscite un mouvement spiroïdal, retour vers le passé mais progression maîtrisée vers un avenir défini. L’ami ici se rassure à l’idée qu’une existence ne s’est pas dissoute. La douleur est à peine évoquée. Subsiste un geste prévu, calculé, fascinant, dont le seul danger serait contenu dans son échec.
Livre monument, Suicide se lit aussi comme un manifeste dérangeant. Il émane de ce texte une immense solitude et une humanité profonde. L’acte programmé devient révélation d’une liberté individuelle et artistique ; il s’insère dans un projet qui, mise en abyme terrible et virtuose, prend tout son sens après son accomplissement hors de la littérature, c’est-à-dire dans la mort au monde réel. Edouard Levé définit ainsi le point ultime, celui où fiction et réalité se rejoignent précisément, démontrant que le dialogue créé par la littérature ne peut vraiment s’engager que dans ce « tu  » adressé à l’absent.

Julie PROUST-TANGUY :
Mourir pour s’écrire
Etrange livre, que ce Suicide où la deuxième personne du singulier tutoie une écriture sobre, pour conter la mort de l’ami absent, avant de capturer sa vie par instantanés fragiles (« Décrire ta vie dans l’ordre serait absurde : je me souviens de toi au hasard. Mon cerveau te ressuscite par détails aléatoires, comme on pioche des billes dans un sac »).
L’écriture oscille entre proximité et détachement, dans un curieux ballet où l’acte fondateur jamais ne s’explique, reste béant comme cette bande-dessinée, ouverte sur une double page, ultime message du mort, perdu par un geste maladroit (« Peut être as-tu voulu préserver le mystère autour de ta mort, en pensant que rien ne devait être expliqué »), que l’écriture tente de reconstruire en creux.
La mort, sous la plume de Levé, prend la forme d’un pacte de relecture  : celle d’une vie, ses béances émotionnelles, ses espoirs trahis (« Tu te sentais un imposteur, car […] tu n’aurais jamais ressemblé aux rêves qu’ils avaient faits ») et la difficulté à trouver sa place de « comédien tragique » dans un réel malmené par des chimères. Le suicide, malgré son impact dramatique sur les proches, apparaît alors comme le seul acte créateur possible : « Tu es un livre qui me parle quand je veux. Ta mort a écrit ta vie ».
Hommage au disparu et méditation sur son geste fatal, Suicide tisse donc une esthétique dépouillée et fragmentaire de l’auto-fiction, où la disparition se fait révélateur d’une écriture de la vie : « en art, retirer est parfaire. Disparaître t’a figé dans une beauté négative ».

éd. P.O.L, 2008
124 pages
14 euros

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ALBARRACIN Laurent | De l’image https://revuedissonances.com/1072-2/ Sat, 02 Jan 2016 12:51:52 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1072 Coup-de-coeur de David MARSAC pour De l’image de Laurent ALBARRACIN DISSONANCES #26 Qui veut faire l’angle fait le coin, et bientôt le canard. C’est pourquoi le couac de la langue définit au mieux l’image poétique. Le réel naît qu’une fois. Il hait de se répéter et ne saurait être le réel que sans double. Le lecteur ne se baigne jamais…Lire la suite ALBARRACIN Laurent | De l’image

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Coup-de-coeur de David MARSAC pour De l’image de Laurent ALBARRACIN
DISSONANCES #26

de l'image

Qui veut faire l’angle fait le coin, et bientôt le canard. C’est pourquoi le couac de la langue définit au mieux l’image poétique. Le réel naît qu’une fois. Il hait de se répéter et ne saurait être le réel que sans double. Le lecteur ne se baigne jamais dans le même réel. Amateur de Clément Rosset, Laurent Albarracin a saisi la puissance de la tautologie qui répète la langue pour faire exister la chose dans la réduplication de la langue. « Un poisson est un poisson dans la langue ». Le monde n’existe en poésie qu’en tirant de soi la ressource d’être soi. Le réel laisse ainsi la trace du réel dans la répétition des mots. Il n’existe qu’en se désignant et se désigne en se répétant. La rose est la vérité du réel dans le réel, mais une idiotie dans la langue. Car dans la langue, a rose is a rose is a rose. « La chose n’est que l’élan vers l’élan qu’elle est ». L’image poétique, tautologique par nécessité, dit l’évidence d’une chose par sa fuite dans l’évidence. La grande beauté de ce livre de Laurent Albarracin, de tous les livres de ce poète rare dans une génération vouée comme nonne à Dieu au réalisme d’une poésie émotive, est de faire de cette réflexion sur l’image et la tautologie un livre perpendiculaire à son objet : « Le livre est aussi, à ce qu’il est, ce qu’il est ». L’image y est battue et débattue par l’image, le langage interrogé par le langage, l’idée par la nacelle de l’idée qui vous enlève par les aisselles et vous soulève de la page à laquelle vous êtes inexorablement rivé(e).

éd. de l’Attente, 2007
52 pages
6,50 euros

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BRODSKY Joseph | Vingt sonnets à Marie Stuart https://revuedissonances.com/1065-2/ Sat, 02 Jan 2016 12:39:19 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1065 Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Vingt sonnets à Marie Stuart de Joseph BRODSKY DISSONANCES #26 Ma première rencontre avec une traduction de ce poème remonte à ma lecture d’un volume publié par Gallimard (traduction de Claude Ernoult). J’avais lu alors plaisamment, mais bien trop vite, sans soupçonner qu’une relecture du texte dans un autre écrin provoquerait un tel ravissement. André Markowicz nous…Lire la suite BRODSKY Joseph | Vingt sonnets à Marie Stuart

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Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Vingt sonnets à Marie Stuart de Joseph BRODSKY
DISSONANCES #26

vingt sonnets

Ma première rencontre avec une traduction de ce poème remonte à ma lecture d’un volume publié par Gallimard (traduction de Claude Ernoult). J’avais lu alors plaisamment, mais bien trop vite, sans soupçonner qu’une relecture du texte dans un autre écrin provoquerait un tel ravissement. André Markowicz nous offre une seconde traduction en tous points miraculeuse. Présence du texte en russe et aussi en langue anglaise (par Peter France, dont le texte a été revue et « validé » par Brodsky lui-même). L’un des charmes de l’ouvrage, ce sont les mises en regards des différentes traductions. Outre les partis pris formels (je m’en tiendrais aux versions françaises, ne lisant pas le russe et ayant une maîtrise de l’anglais très limitée) se pose très vite la question du sens. On a assez peu l’impression de lire les mêmes textes (il s’agit là de textes de création). « Comptant le nombre de coucheries, / ça fait un nombre impressionnant, Marie – / disons, vingt-neuf, et trente, et trente et un. (A. M.) Furent-ils trois ou quatre, ou bien furent-ils trente, / furent-ils plus encore, ou quarante ou cinquante ? / As-tu compté, Marie, avec combien d’amant pris au hasard, tu as couché n’importe quand ? » (C. E.). Pour le lecteur que je suis s’est bientôt tissé une troisième traduction, fruit des fusions des deux textes et de mon imaginaire. En cela, l’expérience est unique. Le lecteur joue, tourne le livre en tous sens, découvre qu’en langue anglaise les rats deviennent pigs. Les relectures des textes offrent en surplus euphorisant un texte amovible et inépuisable. Appelons cela un régal.

éd. Les Doigts dans la prose, 2013
191 pages
18 euros

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BRON Alain | Vingt-sixième étage https://revuedissonances.com/1062-2/ Sat, 02 Jan 2016 12:32:28 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1062 Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Vingt-sixième étage d’Alain BRON DISSONANCES #26 « La morale sociale n’avait plus qu’un lointain rapport avec le management moderne d’une entreprise. Ne pas appliquer les règles du libéralisme et on s’excluait du jeu soi-même. Ne pas être au top de la profitabilité et les concurrents en meute vous désossaient sur place.  » Une tour de La…Lire la suite BRON Alain | Vingt-sixième étage

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Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Vingt-sixième étage d’Alain BRON
DISSONANCES #26

vingt-sixième étage

« La morale sociale n’avait plus qu’un lointain rapport avec le management moderne d’une entreprise. Ne pas appliquer les règles du libéralisme et on s’excluait du jeu soi-même. Ne pas être au top de la profitabilité et les concurrents en meute vous désossaient sur place.  » Une tour de La Défense, une société du tertiaire, des salariés sous pression. Et quelques semaines qui vont faire passer une entreprise prospère de son apogée à sa chute, sur fond de maximisation des profits. Pour faire monter le cours en Bourse de leur société, les dirigeants décident de lancer une vaste opération de réduction des coûts qui va rapidement déstabiliser tous les échelons de la hiérarchie et faire s’écrouler la pyramide. C’est toute la mécanique infantilisante et destructrice du management qui est passée au crible : la montée dans la hiérarchie qui ne fait qu’accroître la peur de redescendre, les entretiens individuels ubuesques, l’impuissance des salariés face aux ordres iniques venus d’en haut. La fin est annoncée dès le prologue par l’un des personnages centraux du livre, un salarié aveugle, embauché pour améliorer le quota de handicapés dans l’entreprise. C’est autour de cette figure de l’aveugle clairvoyant, sorte de Tirésias moderne, que l’auteur bâtit sa trame telle une tragédie grecque classique où les tentatives des héros pour empêcher la chute ne font que l’accélérer. Référence qui prend tout son sens si l’on se rappelle que c’était toujours l’Hybris – l’orgueil démesuré des hommes, leur soif d’avoir plus que leur part – qui finissait par causer leur perte.

éd. In Octavo, 2013
336 pages
21 euros

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BUREL Renaud | Château-Rouge Hôtel https://revuedissonances.com/1058-2/ Sat, 02 Jan 2016 12:17:05 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1058 Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Château-Rouge Hôtel de Renaud BUREL DISSONANCES #26 Renaud atterrit presque par hasard dans une soirée parisienne, boit au-delà de ce qui est nécessaire pour perdre toute trace de son existence immédiate et se réveille sur le lieu de la fête éteinte, l’appartement d’Inès. Il a depuis longtemps appris à se mouvoir dans l’inaccomplissement de toute…Lire la suite BUREL Renaud | Château-Rouge Hôtel

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Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Château-Rouge Hôtel de Renaud BUREL
DISSONANCES #26

château-rouge hôtel

Renaud atterrit presque par hasard dans une soirée parisienne, boit au-delà de ce qui est nécessaire pour perdre toute trace de son existence immédiate et se réveille sur le lieu de la fête éteinte, l’appartement d’Inès. Il a depuis longtemps appris à se mouvoir dans l’inaccomplissement de toute chose : de son rapport à la psychiatrie, interrogation sans issue sur la lucidité et ses chimères ; de sa relation avec Inès, qu’il veut totalement sans pour autant la désirer. Le roman de Renaud Burel mime les mouvements désarticulés de celui qu’envisage son personnage, chronique d’une folie tellement enracinée dans son époque qu’on finit par ne plus la remarquer. Renaud se disperse peu à peu dans le décor d’un Paris contemporain, motif malevitchien où les bars de quartier se confondent avec les chambres d’HP, l’envie avec le dégoût, le besoin de vivre avec l’urgence d’écrire et de reconnaître le reflet qui apaisera ses démences. « Il était écrit que je ne tomberais pas en amour pour la généreuse putain qui me chaufferait le plus en passant rue Blondel, mais pour mon double inaccessible incarnant l’énigme idéale de mon labyrinthe. » Cette confrontation au monde – forcément radicale – de quelqu’un qui n’a pas peur de la douleur, prend l’allure d’une danse indécise entre l’ivresse solaire des instants d’euphorie et le fond inachevé d’une bouteille de Destop. Dans une pirouette prophétique, Renaud assure pourtant dès le début que l’histoire ne s’arrête pas là : « Pour moi, pénétrer au royaume des cieux était aussi difficile que passer entre deux points, ouvrez les guillemets. »

éd. Allia, 2013
152 pages
9,20 euros

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DALMAS-ALFONSI Paul | Le voyage d’Orsantone https://revuedissonances.com/1054-2/ Sat, 02 Jan 2016 12:10:10 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1054 Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Le voyage d’Orsantone de Paul DALMAS-ALFONSI DISSONANCES #26 Alfonsi réinvente onze contes corses. Sa parole elliptique et tendue compte sequins, vœux ou syntagmes par hexasyllabes, heptasyllabes, octosyllabes : « En le voyant venir à lui, le Diable dit d’un air moqueur : — J’aperçois un garçon qui a de la cervelle. Il sait qu’il est à moi et…Lire la suite DALMAS-ALFONSI Paul | Le voyage d’Orsantone

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Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Le voyage d’Orsantone de Paul DALMAS-ALFONSI
DISSONANCES #26

orsantone

Alfonsi réinvente onze contes corses. Sa parole elliptique et tendue compte sequins, vœux ou syntagmes par hexasyllabes, heptasyllabes, octosyllabes : « En le voyant venir à lui, le Diable dit d’un air moqueur : — J’aperçois un garçon qui a de la cervelle. Il sait qu’il est à moi et il vient se livrer sans même rechigner. Une petite poule, un vrai poussin mouillé. J’aperçois un garçon qui est très avisé. » Puis, soupir, la scansion se relâche. Pour charmer les fada, temps et contretemps : capturer, lâcher, tourner en bourrique. Le conte a sa logique interne qui vous digère et régurgite. « J’ai appris qu’il s’agissait de son frère, de son unique frère, mais il était trop tard. De rage, je l’avais déjà tué. Elle mange désormais dans le fond de son crâne. Et cette drôle de cuiller m’a servi à lui ôter les yeux, à elle. Elle devait m’avertir de la venue d’un homme. » Ponctués par une invitation à dire le sien : « Fola fuletta/Mettiti in calzetta/Dite la vostra/Chì la meia hè detta  », ces contes transgressent la fatalité. Compter, conter, renouer avec le chiffre talisman où s’origine toute écriture, pour sceller en lui un contre-pouvoir, pour que toujours l’innocent retourne les mauvaises cartes à son avantage, tandis que le conteur, d’une pichenette ou d’une naïveté feinte, renvoie le drame à son inanité : « J’en avais assez d’être morte ; le fait d’appartenir à une famille de fées nous donne quelques privilèges.  » Une telle parole répare, empêche de mourir. Renversements magiques et humour propitiatoire réenchantent la condition humaine, ouvrant son insularité sur la mer des possibles. Bon voyage.

éd. Elytis, 2013
143 pages
10 euros

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GHACHEM Moncef | Mugelières https://revuedissonances.com/ghachem-moncef-mugelieres/ Sat, 02 Jan 2016 12:03:52 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1050 Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Mugelières de Moncef GHACHEM DISSONANCES #26 Dans le maillage de ses Mugelières, le poète tunisien nous livre six nouvelles ancrées à Mahdia, son «  port de fertilité et de trésor à écailles vibrantes  ». Il y fait revivre ancêtres et figures familières de pêcheurs tunisiens et italiens, dans le quotidien du port et du café Blayatt, où…Lire la suite GHACHEM Moncef | Mugelières

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Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Mugelières de Moncef GHACHEM
DISSONANCES #26

mugelières

Dans le maillage de ses Mugelières, le poète tunisien nous livre six nouvelles ancrées à Mahdia, son «  port de fertilité et de trésor à écailles vibrantes  ». Il y fait revivre ancêtres et figures familières de pêcheurs tunisiens et italiens, dans le quotidien du port et du café Blayatt, où il découvre la poésie de Marius Scalési, le maudit, auquel le dernier texte rend hommage. Au détour d’une pêche au mulet ou à la saupe, le poisson narcotique, le poète réveille l’histoire de Mahdia et ses « aubes à vaste clarté » : « comme un grain semé pour une pluie fécondante et volubile, que ma voix devienne l’épi fertile de ma ville, qu’elle soit à la fois le chant et l’enfant de sa mémoire maritime  ». Six tableaux qui évoquent le bleu paradis de l’enfance, la nostalgie d’une époque où les marins, soumis aux lois de la mer, se transmettaient les techniques de pêche ancestrales. Six chants qui disent la force de l’appartenance à la grande famille de la mer, l’attachement aux hommes et aux lieux comme le cimetière marin de Mahdia : « je voudrais tant dire à ces vieilles barques, dans le vieux port où mon père et mes aïeux ont vécu, combien je leur dois d’amour et de vie ». Six textes qui renvoient aux sources de l’écriture de Moncef Ghachem, dans « la mer de la profusion, des promesses nourricières  et d’intense rêverie », révélant une langue exigeante, où le sens du détail, des noms des poissons à ceux des filets, donne au récit sa poésie et traduit la volonté de dire dans une parole limpide, un monde révolu, celui de la Méditerranée côtière de l’après-guerre.

éd. Apogée, 2013
112 pages
15 euros

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LACHASSAGNE Geoffrey | Et je me suis caché https://revuedissonances.com/1044-2/ Sat, 02 Jan 2016 11:54:49 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1044 Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Et je me suis caché de Geoffrey LACHASSAGNE DISSONANCES #26 Trois frères de sept, quatorze et vingt-et-un ans : Jules – l’aîné – est parti pour Paris, les deux suivants – Titi et Jérémie – vivent chez leur grand-mère dans un bled limousin : dit comme cela, n’est-ce pas… mais ce qu’en fait Lachassagne est juste hallucinant : son…Lire la suite LACHASSAGNE Geoffrey | Et je me suis caché

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Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Et je me suis caché de Geoffrey LACHASSAGNE
DISSONANCES #26

et je me suis caché

Trois frères de sept, quatorze et vingt-et-un ans : Jules – l’aîné – est parti pour Paris, les deux suivants – Titi et Jérémie – vivent chez leur grand-mère dans un bled limousin : dit comme cela, n’est-ce pas… mais ce qu’en fait Lachassagne est juste hallucinant : son roman est un chant où alternent d’abord, longtemps et seulement, les voix des deux petits, puis soudain s’intercale celle du grand qui revient ; distinctes absolument, d’une justesse absolue chacune à sa façon, fortes incroyablement, ces voix nous font entrer tour à tour dans les peaux : de Jérémie – l’Innocent – prophète de sept ans (« Pour ceux qui sont partis, et pour les stècachés – prière de Jérémie, le soldat de Yahweh les mains jointes et dans ma tête baissée : Confiance »), de Titi – l’Enragé – ado incandescent (« Et ça a pas manqué : au bout d’un moment j’ai senti que. Que je me retournais. Comme un gant. Ça me brûlait de partout alors finalement j’ai hurlé. »), de Jules – le Fracassé – le déjà mort-vivant (« le désir, l’angoisse, tout cela qui ne sert à rien, ni à personne, cette souffrance absurde, celle des hommes, et ton choix, celui des anges déchus. ») ; par chorus successifs et points de vue croisés de ces trois solitudes que lient sang et racines, le récit se construit, course poursuite épique de trois paumés en transe – cas sociaux magnifiques aux rêves décalés et au besoin d’amour (à prendre et à donner) insatiable et béant : picaresque, haletant, drôle, cru, déchirant, écrit à fleur de nerfs, à très haute tension, Et je me suis caché m’a saisi à la gorge… et ne m’a pas lâché.

éd. Aux Forges de Vulcain, 2012
258 pages
17,90 euros

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MALONE Philippe | Krach https://revuedissonances.com/1039-2/ https://revuedissonances.com/1039-2/#comments Sat, 02 Jan 2016 11:45:08 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1039 Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Krach de Philippe MALONE DISSONANCES #26 Il a fallu attendre quatre années pour entendre à nouveau l’écriture de Philippe Malone. Après la déflagration Septembres, Krach vient confirmer son immense talent. Un homme tombe d’une tour, réelle, métaphorique. Sa chute est disséquée – effets, causes, lutte perdue d’avance, solitude face au grand tout. Publié chez…Lire la suite MALONE Philippe | Krach

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Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Krach de Philippe MALONE
DISSONANCES #26

krach

Il a fallu attendre quatre années pour entendre à nouveau l’écriture de Philippe Malone. Après la déflagration Septembres, Krach vient confirmer son immense talent. Un homme tombe d’une tour, réelle, métaphorique. Sa chute est disséquée – effets, causes, lutte perdue d’avance, solitude face au grand tout.
Publié chez Quartett, éditeur spécialisé dans le théâtre, Krach, texte des frontières, est pourtant inclassable. Ça commence comme un poème, une phrase « que tu craches ou heurtes le mur ne cédera pas  » qui gonfle, se nourrit, se débat dans l’impuissance de la chute. Puis, en trois tables – des heures, des semaines « 52 dont 46 produites & 6 chômées réparties comme suit : 4 été soleil huile bronzante maillot épilé Ricard mélanome » et des années – Philippe Malone résume le quotidien et l’existence de l’homme lambda. C’est drôle et terrible, d’une lucidité ravageuse. La chute reprend et le texte se fait plus dense, moins oral, les étages défilent en ordre et en statut social décroissants. Et le sol de se rapprocher.
Dans Krach, l’écriture de Philippe Malone est identifiable dès la première phrase. Et pourtant, à chaque nouveau texte l’auteur réussit à réinventer son écriture. Après l’écriture du souffle dans Septembres, l’auteur s’essaie ici à l’écriture de la chute. Moins homogène, plus polymorphe, toujours surprenante, la voix de Krach enfle, s’arrête, digresse, explique et terrasse. L’auteur ose prospecter des territoires sans doute plus personnels, le texte s’en nourrit, diffuse l’angoisse sourde de l’étouffement. Et ébranle son lecteur.

éd. Quartett, 2013
96 pages
11 euros

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https://revuedissonances.com/1039-2/feed/ 2 1039
SICARD Jacques (extraits) https://revuedissonances.com/sicard-jacques-extraits/ Sat, 02 Jan 2016 10:39:50 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1035 DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR ! Le Bonheur de Marcel Lherbier « Elle s’avança sur le devant de la scène. Elle allait chanter. Son collier de diamants allait chanter. Son épaisse chevelure libre de Chine, ses lèvres rouges, sa peau blanche, son fuseau noir allaient chanter. Il y eut dans la salle à la nuit un ébrouement de…Lire la suite SICARD Jacques (extraits)

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DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Le Bonheur de Marcel Lherbier
« Elle s’avança sur le devant de la scène. Elle allait chanter. Son collier de diamants allait chanter. Son épaisse chevelure libre de Chine, ses lèvres rouges, sa peau blanche, son fuseau noir allaient chanter. Il y eut dans la salle à la nuit un ébrouement de poitrail d’oiseau. Parterre prestigieux, dont elle était le symbole. À quoi son assassinat devait mettre fin. Bien davantage qu’en attentant à la bassesse matérielle de leurs actes, n’est-ce pas en détruisant leurs symboles que vacillent les sociétés ? La main serra le révolver au creux de la poche, lorsque de sa gorge roulèrent les premiers grelots. C’était idiot. Et faire injure à Satie, que d’en appeler la rengaine chanson d’ameublement. Le front couvert de sueur, les yeux perdus au fond des yeux de l’autre perdus dans les cintres, l’homme n’en était pas moins à cet instant au milieu de la grotte d’Aladin. La peau des doigts brûlait de frotter l’arme comme une lampe. Geisha de cire / ce qui la fait fondre fait jouir / teint sable mouvant / filigrane du levant / l’appellerai :… »

DISSONANCES #26 | DISGRESSION
Chroniques cinéma

« Après A serious man, les frères Coen reprennent à nouveaux frais l’expérience de pensée connue sous le nom de « Chat de Schrödinger » et que le physicien autrichien avait non sans ironie présentée ainsi : « Dans une chambre forte, placez un chat, ainsi qu’un atome radioactif qui a une chance sur deux de se désintégrer dans l’heure qui suit. Ajoutez un flacon d’acide cyanhydrique relié à un dispositif brisant le flacon dès la détection de la désintégration. Au bout d’une heure, l’atome est dans un état de superposition de deux états, désintégré et non désintégré. Du coup, il en va de même pour le chat, à la fois mort et vivant. » La perversité sardonique des Coen n’ayant pas de bornes, à la double superposition, ils ajoutent un état : le chat n’a jamais existé. Le « chat », dans ce film, c’est le folk-singer Llewyn Davis. Son existence est une succession ininterrompue de voyages en boucle encombrés ou non d’un vrai chat, de tours de chant rondement menés jusqu’au bord d’oreilles ennuyées, distraites, blasées, jamais il n’y tombe ou mal. Il est tout à la fois l’agent et le jouet d’une ronde sans joie ni écho qui avec le temps a l’allure d’un garrot. Lorsqu’à la fin de Inside…, le jeune Bob Dylan, encore… »

DISSONANCES #26 | ANIMAL(s)
Le loup
« Missouri, sud-ouest, plateau de l’Ozark.

Un bois – plutôt, un ossuaire de chênes et de noyers – hauts épouvantails de calcaire ligneux et tendre que le vent glacial balance au-dessus de l’écureuil – confondu avec l’écorce grise dont il est, alternant le vif et le mort, la griffe rétractile.

Une maison – aux airs de casse domestique – épaves et ferrailles automobiles, au gré de l’herbe pisseuse – nul ne fait la part de l’utile et de l’inutile – depuis que plutôt que de s’exposer au grand jour, tout passe au tamis de la poussière – qui de la pauvreté orpaille le repos.

Une présence – des hommes et des femmes qui attendaient le loup – avec ferveur, depuis l’enfance – et qui par défaut, de vieillir, s’enlaidir, l’ont inventé – le lycanthrope est un effet d’absence – il se présente sous bien des traits, le loup garou – mais n’exulte que... »

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DISSONANCES #26 ANIMAL(S) https://revuedissonances.com/dissonances-26-animals/ Thu, 31 Dec 2015 11:51:54 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1012 avril 2014 / 48 pages / 5 euros mise en images : Elena VIEILLARD – ÉDITO : PARADOXE ANIMAL On les aime, on les mange, ils nous fascinent, nous effraient, et à mesure que s’accroit la distance entre notre univers bétonné et leur milieu naturel, nous les découvrons toujours plus proches de nous. Quoi de plus paradoxal que notre rapport à l’animal ? La…Lire la suite DISSONANCES #26 ANIMAL(S)

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couv 26 hd

avril 2014 / 48 pages / 5 euros
mise en images : 
Elena VIEILLARD

ÉDITO : PARADOXE ANIMAL

On les aime, on les mange, ils nous fascinent, nous effraient, et à mesure que s’accroit la distance entre notre univers bétonné et leur milieu naturel, nous les découvrons toujours plus proches de nous. Quoi de plus paradoxal que notre rapport à l’animal ? La frontière qui nous en sépare semble si ténue qu’on se demande si elle subsiste vraiment. Cette frontière pourtant existe, la parole l’érige et la transgresse dans un même mouvement, exprime notre empathie pour la créature blessée, fait surgir la bête humaine que nous portons tous mais signale, par là-même, une différence indépassable. On aura beau faire, le regard porté sur l’animal sera toujours un regard humain. Alors, à quoi ressemble-t-il cet humanimal que le langage exile de son royaume ? Vingt-et-un auteurs, toutes espèces confondues, cherchent à le débusquer pour surprendre sa douce férocité, sa familière étrangeté, son incompréhensible évidence. Drôle d’oiseau, donc, que ce 26ème numéro de DISSONANCES qui, pour sa parade printanière, s’offre une nouvelle maquette, s’enrichit de 8 pages et de deux rubriques. Puisse le lecteur trouver son chemin, et son bonheur, dans cette jungle d’images et de mots.

Côme FREDAIGUE

DOSSIER « CRÉATION » : ANIMAL(S)

Stéphane BERNARD : La préparation du fugu
« une sorte de chirurgie pour poisson dans une recette japonaise / a décidé pour moi le modus operandi. / j’écorne donc cette page sur le fugu d’une main qui s’apprête. / personne dans mes plis ne m’a goûté… »

Françoise BIGER : Coq à l’âne pur porc
« Maintenant, il faudrait vraiment un SANGLIER ! Il faudrait comme une hallucination qu’un SANGLIER ! Impromptu, monstrueux, menaçant, sauvage, qu’un SANGLIER ! Surgisse, dévoile soudainement.. »

Yve BRESSANDE : L’Alchimère
« / je souffle je souffre je je je qui est un deux trois je m’en va au bois petit bois derrière chez qui qui lui baisse ta culotte et baise-moi je m’essouffle la bête est là qui a peur du grand méchant loup pas moi pas moi pas… »

Jean-Philippe CAZIER : L’Animal
« une ombre, l’animal meurt, innombrable, et meurt, sans territoire dans le monde, les plantes, les animaux, regardent le monde, les yeux des vallées, des flammes, la cendre et la mer regardent le monde doué de… »

Aliénor DEBROCQ : La grande profondeur
« Un singe ou un ours ? Elle le regarde depuis un moment et elle se demande : un singe ou un ours ? Ou bien peut-être un gros chien, tout simplement ? Un gros chien sans queue ? Où est ta queue, gros chien ? Où… »

Guillaume DECOURT : Le bestiaire
« Tu seras ma guenon ma femme primitive
Et tu m’initieras aux rites des gibbons
Agitant sous mon nez ton cul rose bonbon… »

Samuel DUDOUIT : Une petite messe de vide
« Sur le mur qui s’effrite, des petits chevaux couleur rouille s’enfuient dans la mousse. Nos forces à nous s’essoufflent un peu. Mourir debout, disait la lettre, mais c’était avant l’averse. Merci d’attendre en… »

Tristan FELIX : L’incision du mauvais jouir
« Baleineau d’un petit jour, largué de mère écrabouillée, par un très beau bateau broyeur. Tu laisses une mante écarlate dans l’eau, ton premier fichu de mort. Tu as quarante-huit heures pour t’en retourner aux… »

Michaël GLÜCK : Mouches
« A bien fallu que la mouche précédât, et de beaucoup, l’apparition du bipède humain ; a bien fallu qu’elle vînt taquiner mers, rivières, étangs, lacs et ruisseaux pour que, (via oui, mais non, via, saleté de mouche en… »

Philippe JAFFEUX : Courants animaux 
« Une inversion alimenta son intelligence lorsqu’il mangea un animal au lieu d’une bête. / Il prit le nom d’un chien oublié pour se souvenir qu’il était aussi un animal domestiqué. / Il vivait seulement… »

Corinne LOVERA VITALI : De tout homme
« Au début de leur correspondance et pendant un certain temps Virginia qui s’appelait encore Stephens avant de nommer leur couple les Loups quand elle écrivait à Leonard orthographiait son nom en… »

Jean-Jacques MARIMBERT : Cigale
« Macadam en feu / ciel invisible gouffre / craquelé faïence / pâle de ses yeux / à l’ombre d’un pin / air par l’oubli dilaté / de l’eau clapote / à l’horizon déchirée / tendue vers l’ailleurs / qu’en ses élytres / invoque… »

Isabelle MARTIN  : Faux-filet 
« À droite, rien. À gauche, rien. Lui, seul. Son ventre n’aspire qu’un seul fumet et cette maison respire l’absence. Vite, il lui faut se hâter, se faufiler par la porte entrouverte et onduler en rasant les murs bleus lavande du… »

Emma MOULIN-DESVERGNES : Lol’s cats
« On m’appelle Lol toute entière, Anima et Persona, la Psyché et le Corps qui la représente. Je me deux est le verbe manquant pour dire Je suis au plus près du vrai, au ras du vrai. Le rat du réel, parlons-en, qui… »

Grégory NOIROT  : Manimal
« L’animalcule que voilà, comme un pan qui s’ouvre en toi, et tu tentes d’esquiver l’attaque. « Yse, Yse. » Tu t’enfonces dans ce fauteuil en skaï qui autrefois accueillait les sévices, et regroupes tes souvenirs. La… »

Alban ORSINI : Déclaration
« Il me dit être orthodontiste des âmes et précise : « Je remets les idées droites, plus alignées » puis il sourit : ses dents ne sont pas belles. Elles sont tachées et certaines se chevauchent. Nous mangeons des… »

Sophie SAULNIER : Cabinet de monstruosités lexicales
« Tu le sais, Soraya Suturlnier, le problème a toujours été le S. Le S du pluriel, exception ou pas exception et pourquoi on devrait le mettre et pourquoi on ne devrait pas le mettre. Le problème c’est le pluriel et… »

Guillaume SIAUDEAU  : Comme des chiens
« Nous sommes les cabots du monde, l’éternité nous tient en laisse. Chaque jour apporte sa ration de roustes et de croquettes. Une nuit sur deux nous brosse dans le sens du poil. Nous sommes pleins de… »

Jacques SICARD : Le loup
« Missouri, sud-ouest, plateau de l’Ozark. Un bois – plutôt, un ossuaire de chênes et de noyers – hauts épouvantails de calcaire ligneux et tendre que le vent glacial balance au-dessus de l’écureuil – confondu avec… »

Laura VAZQUEZ : La plus belle chose au monde
« La plus belle des choses qui soit du monde et de moi-même, la plus belle des choses qui soit, je peux dire que c’est l’animal, l’animal est la plus belle des choses qui soit du monde et de moi-même, il est la… »

Henrik YOUTH : La Ferme des Animal(s)
« On parlait pour 2012 de Fin du Monde, et plus raisonnablement de Changement d’Ère. La précédente aura vu l’avènement de l’Enfant Jésus, et avec lui la dernière des Sectes du Soleil devenue… »

PORTFOLIO : Elena VIEILLARD

moloch1

« Les dessins présentés ici sont très souvent réalisés d’après des croquis issus d’observations. […] Animal(s) a été pour moi l’occasion d’approfondir ces études et de leur donner un nouveau souffle, une nouvelle lecture. Dès que l’on sort de l’anthropomorphisme et des… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un(e) auteur(e) connu(e))  :
Édith AZAM

« Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?  Lorsque je n’écris, je poubelle mes brouillons, ou dessine dessus, pars promener dans les bois, lis, cuisine, écris des mots de droite à gauche, rêve de partir loin, bien… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
Suicide (Édouard LEVÉ)
« Tu as écrit Suicide et puis tu t’es pendu : comment le lire, ce livre, sans y chercher des clés ? En te donnant la mort, tu en as fait autre chose que de la littérature : ton écriture sèche, sans affect, émaciée (« Tu avais... »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture)  :
Laurent ALBARRACIN : De l’image – éd. de l’Attente, 2007
Joseph BRODSKY : Vingt sonnets à Marie Stuart – éd. Les Doigts dans la prose, 2013
Alain BRON : Vingt-sixième étage – éd. In Octavo, 2013
Renaud BUREL : Château-Rouge Hôtel – éd. Allia, 2013
Paul DALMAS-ALFONSI : Le voyage d’Orsantone – éd. Elytis, 2013
Moncef GHACHEM : Mugelières – éd. Apogée, 2013
Geoffrey LACHASSAGNE : Et je me suis caché – éd. Aux Forges de Vulcain, 2012
Philippe MALONE : Krach – éd. Quartett, 2013

DISGRESSION (carte blanche sur un domaine autre que la littérature)
Jacques SICARD : Chroniques cinéma
« Après A serious man, les frères Coen reprennent à nouveaux frais l’expérience de pensée connue sous le nom de « Chat de Schrödinger » et que le physicien autrichien avait non sans ironie présentée ainsi : « Dans… »

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BONNIN Xavier (extraits) https://revuedissonances.com/bonnin-xavier-extraits/ Wed, 30 Dec 2015 20:02:48 +0000 http://revuedissonances.com/?p=985 DISSONANCES #27 | ORGASMES Tractus optique « Homme penché, d’entre les âges, d’entre la terre retournée, tu marches par devers les abîmes, membres croisés puis décroisés. Glisses le long de la rambarde, manques de t’effondrer, plisses les yeux, puis te redresses et te diriges vers le passage intérieur qui borde le canal, sous l’avenue. Tu serres entre…Lire la suite BONNIN Xavier (extraits)

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DISSONANCES #27 | ORGASMES
Tractus optique

« Homme penché, d’entre les âges, d’entre la terre retournée, tu marches par devers les abîmes, membres croisés puis décroisés.
Glisses le long de la rambarde, manques de t’effondrer, plisses les yeux, puis te redresses et te diriges vers le passage intérieur qui borde le canal, sous l’avenue.
Tu serres entre tes mains un petit flacon opaque de couleur sombre.
Tu en respires le contenu, par intermittence.
De plus en plus longuement.
La chaleur d’entre les entrailles ne cesse d’augmenter.
Tu relèves la tête.
La lumière des réverbères te blesse les pupilles.
Ton ombre glisse sur les murs de briques.
Puis tu t’installes sur un monticule de pierres au bord du quai, dans le passage intérieur que surplombe la… »

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BRAUN Thomas (extraits) https://revuedissonances.com/975-2/ Wed, 30 Dec 2015 19:59:39 +0000 http://revuedissonances.com/?p=975 DISSONANCES #27 | ORGASMES Le Chant de sa tête contre le mur « Elle a posé la bouteille de vodka Et s’est mise à pleurer. Le salon était triste et encore rempli Des cris et des larmes des heures passées. La nuit était là et détériorait tout La nuit était atroce et n’en finissait plus Depuis combien…Lire la suite BRAUN Thomas (extraits)

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DISSONANCES #27 | ORGASMES
Le Chant de sa tête contre le mur

« Elle a posé la bouteille de vodka
Et s’est mise à pleurer.
Le salon était triste et encore rempli
Des cris et des larmes des heures passées.
La nuit était là et détériorait tout

La nuit était atroce et n’en finissait plus
Depuis combien de temps si longue
La nuit avait commencé par des cris
Enfermés dans l’appartement, dans le salon blanc
A boire de la vodka
J’avais répondu aux cris par des cris
Les gestes, les cris les silences
Etaient brusques et violents
Les yeux s’… »

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CORME Véronique (extraits) https://revuedissonances.com/corme-veronique-extraits/ Wed, 30 Dec 2015 19:57:20 +0000 http://revuedissonances.com/?p=981 DISSONANCES #27 | ORGASMES Plic « Couloir silencieux. Tomettes. Demi-jour. Femme adossée. Homme à peine appuyé contre elle. Je ne sais pas ce que je fais. Membre dilaté tiré hors de son enveloppe textile. Verge défroquée qui hoquette un orgasme. Foutre tombant sur… »

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DISSONANCES #27 | ORGASMES
Plic

« Couloir silencieux. Tomettes. Demi-jour. Femme adossée. Homme à peine appuyé contre elle. Je ne sais pas ce que je fais. Membre dilaté tiré hors de son enveloppe textile. Verge défroquée qui hoquette un orgasme. Foutre tombant sur… »

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FAURÉ Blandine (extraits) https://revuedissonances.com/faure-blandine-extraits/ Wed, 30 Dec 2015 19:43:36 +0000 http://revuedissonances.com/?p=972 DISSONANCES #31 | DÉSORDRES Jour de perte « Un amour se termine. Tu es parti, c’est irrémédiable. Tu pars, définitivement, et mes espoirs sont deux grands yeux vides sans lumière. Je regarde au sol, j’ai perdu quelque chose, personne ne sait quoi et je ne parviens pas à leur dire, je cherche des heures durant, rue Rambuteau,…Lire la suite FAURÉ Blandine (extraits)

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DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
Jour de perte
« Un amour se termine. Tu es parti, c’est irrémédiable. Tu pars, définitivement, et mes espoirs sont deux grands yeux vides sans lumière. Je regarde au sol, j’ai perdu quelque chose, personne ne sait quoi et je ne parviens pas à leur dire, je cherche des heures durant, rue Rambuteau, la mine défaite, le corps tremblant de ton absence toute neuve. Personne ne semble voir, personne n’a vu, on se détourne, mes questions restent en suspens dans l’affairement des autres. Je fais des aller-retour, hagarde au milieu de la foule, une femme tout à coup m’attrape le poignet gauche, me demande de l’aide, je sursaute, m’extirpe de ses mains sèches et sales. Je m’attendais à ce jour.
Ma vie dérape. Sort des rails.
Quelque chose pourtant, commence.
C’est le même jour.
Tes avant-bras sont posés sur la table. Tu me fais face, l’évidence du désastre entre nous. Tes mains, je les observe, les embrasse en pensées, goûte à tes doigts modelés par le métal, la courbe douce au niveau du pouce m’obsède, les ongles si courts qu’ils... »

DISSONANCES #27 | ORGASMES
L’infixable solennité du jouir

« Je n’ai aucun souvenir de mon premier orgasme. Age, partenaire ou absence de partenaire, lieu, position, affiches scotchées au mur, larmes post-coïtales, forme du sexe ou des doigts… C’est la première fois que j’ai à faire à un tel trou noir dans l’histoire de mes souvenirs, comme si la première jouissance débordait largement la chronologie révérée des amours et des amants, avec ses dates et ses héros, ses lieux sacrés et ses images enchaînées au cerveau, ses parfums, premier regard, premier baiser, premier chagrin, première lettre d’amour, première pénétration, mais la première jouissance s’évapore dans un flou scandaleux qui annonce son redéploiement futur, sa multiplication égoïste en de multiples lieux tenant à distance le réel rugueux et odorant, fuyant les contextes de sa venue, refusant de se laisser enchaîner à des faits ou à des émotions et encore plus à des personnes – car est-elle véritablement liée à toi qui me pénètre ou à cette… »

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LACAZZI Arielle (extraits) https://revuedissonances.com/lacazzi-arielle-extraits/ Wed, 30 Dec 2015 19:23:31 +0000 http://revuedissonances.com/?p=957 DISSONANCES #27 | ORGASMES Le Pen à jouir « Je revois le mur sur lequel ces mots peints à la hâte, d’une taille démesurée : « Je suis homme avant d’être Français » et la fierté que je concevais d’en comprendre le sens, chaque fois renouvelée, lorsque notre voiture le longeait, tout près des quais de Seine. Par contre, celui…Lire la suite LACAZZI Arielle (extraits)

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DISSONANCES #27 | ORGASMES
Le Pen à jouir

« Je revois le mur sur lequel ces mots peints à la hâte, d’une taille démesurée : « Je suis homme avant d’être Français » et la fierté que je concevais d’en comprendre le sens, chaque fois renouvelée, lorsque notre voiture le longeait, tout près des quais de Seine. Par contre, celui qui portait l’inscription « Le Pen à jouir », à la sortie de Fontainebleau, ce graffiti-là m’échappait complètement. Et, même si je percevais qu’il contenait un univers de sous-entendus adultes qu’il me tardait de pénétrer, je n’osais en demander la pleine signification. Non pas que j’ignorais qui était Jean-Marie Le Pen. Mais « à jouir » ? Et puis cette construction sémantique, vraiment. Incompréhensible.

Le jour où je finis enfin par percer le mystère, cela me fit beaucoup rire. Nous roulions vers la maison, ma mère et moi. Elle me demanda ce qui m’amusait tant, je me gardais bien de lui répondre. La veille, dans un de ces gigantesques hypermarchés, j’avais eu le mauvais goût de lui… »

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LE DIZÈS Ghislaine (extraits) https://revuedissonances.com/le-dizes-ghislaine-extraits/ Wed, 30 Dec 2015 19:18:47 +0000 http://revuedissonances.com/?p=953 DISSONANCES #27 | ORGASMES Stellaire « Elle avait baisé avant, elle avait fait l’amour avant, elle avait joui avant. Mais c’est lui qui l’a rendue femme. Il la dilate si fort, si large, et si profond quand il est en elle. Il provoque l’extase des larmes. Il l’entoure, il la protège. De son buste large il l’enveloppe…Lire la suite LE DIZÈS Ghislaine (extraits)

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DISSONANCES #27 | ORGASMES
Stellaire

« Elle avait baisé avant, elle avait fait l’amour avant, elle avait joui avant.
Mais c’est lui qui l’a rendue femme.
Il la dilate si fort, si large, et si profond quand il est en elle. Il provoque l’extase des larmes. Il l’entoure, il la protège. De son buste large il l’enveloppe toute entière. La dilatation qu’elle sent alors autour d’elle est semblable à celle qu’elle ressent à l’intérieur. Elle n’est plus rien. Elle est tout. Pistil. Corolle. Coquelicot de moire à la fragilité extrême qu’aucune montagne pourtant ne griffe ou n’effleure.
Cet homme lui a retiré la peur, il a déraciné sa peur. Sa peur profonde, viscérale, qui tient aux fibres de la chair aussi solidement, sournoisement que des crocs de chiendent, elle ne l’a plus. Retirée. Expurgée.
Pour la première fois de sa vie elle a confiance. Parce qu’elle a confiance, elle s’est livrée à lui tout entière, jusqu’à l’extase des larmes.
En se plantant en elle, il lui a donné une racine d’… »

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LÉVÊQUE Samuel (extraits) https://revuedissonances.com/leveque-samuel-extraits/ Wed, 30 Dec 2015 19:12:39 +0000 http://revuedissonances.com/?p=949 DISSONANCES #27 | ORGASMES Anatomies parallèles « Dans les rêves d’Aria, elle courait en robe fourreau, sur un gigantesque green, swinguant avec des battes hypertrophiées dans des balles d’or qui s’élevaient en l’air, répandant paillettes et arcs-en-ciel sur son visage, et sur le visage de cette poupée masculine qui lui ressemblait étrangement. Parfois, enfin, elle plongeait dans…Lire la suite LÉVÊQUE Samuel (extraits)

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DISSONANCES #27 | ORGASMES
Anatomies parallèles

« Dans les rêves d’Aria, elle courait en robe fourreau, sur un gigantesque green, swinguant avec des battes hypertrophiées dans des balles d’or qui s’élevaient en l’air, répandant paillettes et arcs-en-ciel sur son visage, et sur le visage de cette poupée masculine qui lui ressemblait étrangement. Parfois, enfin, elle plongeait dans le dix-huitième trou, qui devenait une piscine à la cerise.
Quand Aria se levait, souvent, mais pas toujours, elle décidait de décider que rien de tout cela n’… »

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WB (extraits) https://revuedissonances.com/941-2/ Wed, 30 Dec 2015 19:01:46 +0000 http://revuedissonances.com/?p=941 DISSONANCES #27 | ORGASMES Wanking-class hero « L’embarras de mon pote quand sa copine découvrit la cassette dans le magnétoscope « c’était un jour où tu n’étais pas là » l’embarras terrible – mais drôle quand sa copine m’a demandé mon avis j’ai toujours bouffé du porno internet c’est avant tout ça l’annuaire et le porno le wiki l’open…Lire la suite WB (extraits)

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DISSONANCES #27 | ORGASMES
Wanking-class hero

« L’embarras de mon pote quand sa copine découvrit la cassette dans le
magnétoscope
« c’était un jour où tu n’étais pas là »
l’embarras terrible – mais drôle
quand sa copine m’a demandé mon avis
j’ai toujours bouffé du porno
internet c’est avant tout ça
l’annuaire et le porno
le wiki l’open source les geeks les google est ton ami
et les read the fucking manual
c’est encore après
je me souviens de ma vie de couple et de mes branlettes à cinq heures du
matin
j’ai toujours bouffé du… »

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DISSO #27 : Ivar CH’VAVAR https://revuedissonances.com/disso-27-ivar-chvavar/ Wed, 30 Dec 2015 18:48:56 +0000 http://revuedissonances.com/?p=932 Extrait de l’entretien avec Ivar CH’VAVAR publié dans DISSONANCES #27    Ivar CH’VAVAR (petit) Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? Contre. Il me faut écrire contre – les habitudes acquises, les certitudes des poètes, les « savoir-faire » qui nous enferment, le « poétique », les mots qui poussent pour être les premiers,…Lire la suite DISSO #27 : Ivar CH’VAVAR

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Extrait de l’entretien avec Ivar CH’VAVAR publié dans DISSONANCES #27

titivar   Ivar CH’VAVAR (petit)

Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
Contre. Il me faut écrire contre – les habitudes acquises, les certitudes des poètes, les « savoir-faire » qui nous enferment, le « poétique », les mots qui poussent pour être les premiers, le phrasé « naturel », etc. Contre tout.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
Pour aller contre, je n’écris plus que contraint et forcé par telle forme, le plus souvent le vers justifié (il faudrait dire plutôt le mètre justifié) : il faut qu’il fasse tant de centimètres et s’aligne à droite de la page aussi bien qu’à gauche. Je me sers de ce mètre a-rythmique pour créer de nouveaux rythmes, un nouveau phrasé, etc. Par ailleurs cette contrainte, très forte, m’occupe tellement l’esprit que je ne contrôle plus le contenu du texte, il n’y a quasiment plus de censure. Pour que le subconscient affleure, c’est autrement efficace que l’écriture automatique !

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
En réalité je n’écris jamais, presque jamais. Je n’ai rien écrit depuis plus de deux ans. Il se trouve donc que cette question n’a pas grand sens pour moi.

Qui est votre premier lecteur ?
Moi, puisque je ne repère que des bribes du contenu de mon texte quand je l’écris. Le relisant, en réalité je le lis, je le découvre, non sans ahurissement souvent. Je n’ai pas de « premier lecteur » attitré.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Un éditeur qui cherche et qui trouve, qui prend des risques, et qui les prend avec jubilation. Un éditeur qui court joyeusement à la

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #27

BIO

Né à Berck-sur-Mer en 1951, Ivar CH’VAVAR vit à Amiens depuis 1976. Poète en français et en picard, il a dirigé plusieurs revues, notamment L’Invention de la Picardie en 1986 et Le Jardin ouvrier en 1995 (une anthologie du Jardin ouvrier est parue chez Flammarion en 2008). Il a publié de nombreux ouvrages, certains « sous » hétéronyme, comme Le Poteau rose, attribué à Evelyne « Salope » Nourtier. Il tente, par une expérimentation continuelle, de refonder le « travail du poème » et de retrouver les voies d’une poésie populaire.

BIBLIO SÉLECTIVE

Le Jardin ouvrier – anthologie – (Flammarion, 2008)
Ichi leu / Ici là (bilingue picard-français (trad. française de Lucien Suel) éd. des Vanneaux, 2009)
Titre (éd. des Vanneaux, 2011)
Travail du poème (éd des Vanneaux, 2011)
Le Marasme chaussé (Flammarion, 2012)
Le Poteau rose (éd. Le Corridor bleu, 2013)
Le Caret (éd. des Vanneaux, 2014)
Le Tombeau de Jules Renard (éd. des Voix de garage, 2014)

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CARACO Albert | Bréviaire du Chaos https://revuedissonances.com/927-2/ Wed, 30 Dec 2015 18:33:17 +0000 http://revuedissonances.com/?p=927 Regards croisés sur Bréviaire du Chaos d’Albert CARACO DISSONANCES #27 Jean-Marc FLAPP : Dies irae « J’élève un chant de mort et je salue le chaos montant de l’abîme et la terreur antique revenue du fond des âges ! » De fait : les cent-vingt textes d’une page qui constituent l’ensemble du Bréviaire du chaos sont un sommet inouï de poésie…Lire la suite CARACO Albert | Bréviaire du Chaos

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Regards croisés sur Bréviaire du Chaos d’Albert CARACO
DISSONANCES #27

x couv

Jean-Marc FLAPP :
Dies irae
« J’élève un chant de mort et je salue le chaos montant de l’abîme et la terreur antique revenue du fond des âges ! » De fait : les cent-vingt textes d’une page qui constituent l’ensemble du Bréviaire du chaos sont un sommet inouï de poésie barbare tendance Fin des temps en même temps qu’autant de coups de boule sanglants dans les faces de l’Homme et d’une Modernité que Caraco vomit et condamne sans appel à une destruction qui seule selon lui peut enfin nettoyer le Monde qui les subit des souillures infligées. Les coupables ? Nous tous, qui nous reproduisons comme des rats effrénés et épuisons la Terre sur laquelle nous grouillons, et plus encore ceux que leur autorité – morale ou politique – n’empêche nullement de ne valoir pas mieux (« Nos religions sont des pestes et les pouvoirs, qui les appuient, des conjurations d’empoisonneurs ») car leur aveuglement et leur soif de puissance réduit à l’inutile les efforts de la Science pour tenter de sauver ce qui ne peut plus l’être tant il est tard déjà et nous sommes trop loin. Si l’outrance est ici – en ces imprécations – de mise évidemment (et l’orgueil délirant, et le ressassement), il est tellement rare de se trouver confronté à une littérature à ce point habitée, corrosive, terroriste, qu’on ne peut qu’être soufflé par l’ampleur du projet (qui est au fond d’avertir sinon de prévenir) comme par sa noire beauté : baroque et prophétique, halluciné, brûlant, sans doute à ne pas mettre entre toutes les mains (tant il est violent), cet anathème fou au style éblouissant résonne étrangement en ce début de siècle où tout semble courir, hors contrôle, au Néant. Inévitable donc.

Côme FREDAIGUE :
Faut-il prendre ce livre au sérieux ?
« Alors la Terre épousera le Ciel et la Hiérogamie remplacera le Sacrifice, alors et seulement alors la fin du monde, que nous habitons, prendra sa raison d’être ». Outrance, fanatisme, délire visionnaire, aucun doute, Caraco est un allumé de première. Il me fait penser à Philippulus, le prophète déjanté de Tintin, un ridicule pourvoyeur d’apocalypse comme il y en a tant. On lui conseillerait bien d’aller consulter mais voilà, le pauvre s’est suicidé. Et pourtant. Si une part de moi ne peut s’empêcher de ricaner à la lecture de ces pages boursouflées d’imprécations cataclysmiques, une autre (pas forcément la plus saine) se prend à considérer le Bréviaire du chaos d’un œil moins sarcastique. Pourquoi ? Rien ne me prédispose à croire les discours prophétiques : un prophète n’argumente pas, il vous balance en direct la volonté du tout puissant. Sauf qu’ici le tout puissant c’est la mort et que contrairement à Dieu elle existe. Caraco manifeste le refoulé d’une époque qui ne veut pas voir l’abîme vers lequel elle se précipite : racisme, dérèglement climatique, surpopulation, abrutissement des masses, et j’en passe, sont autant de symptômes révélant la pulsion de mort au travail. «  Nous sommes plusieurs milliards de trop à demander le Paradis sur terre et c’est l’Enfer que nous rendons inévitable » Dont acte, nous dit l’auteur, finissons-en au plus vite et passons à autre chose. C’est raide, subversif mais ce n’est pas si délirant. Alors, faut-il prendre ce livre au sérieux ?

Anne-Françoise KAVAUVEA :
Il est légion
Je n’avais avant jamais entendu parler d’Albert Caraco ni du Bréviaire du chaos. Pourtant, cette voix dissonante est à l’origine d’une sorte de vacarme harmonieux et d’une violence inouïe. « Je chante le chaos avec la mort, la mort et le chaos vont célébrer leur mariage, l’embrasement de l’oecumène éclairera leurs noces, nos villes périront et leurs maisons seront le tombeau des insectes, qui les peuplent et les souillent ». Voici la clameur d’un prophète, celui d’une apocalypse inéluctable, celui de la mort qui est l’unique enjeu et la seule solution. Entrer dans cette œuvre dérangeante n’est pas si difficile, tant l’écriture en est belle, classique presque – l’on pense parfois à un Maldoror mûri -, tant ce tourbillon est dense et bouleversant. Cependant, l’ambiguïté initiale est ce « nous » qui semble instaurer une solidarité entre le lecteur et l’auteur, communion démentie par la haine que Caraco semble vouer au genre humain (mais ce «  nous » l’y englobe aussi et il ne peut échapper à ce mépris). Le malaise est constant : la représentation du monde peinte par Caraco ne laisse place à aucun espoir (même si le mot y est évoqué brièvement). D’une effrayante modernité, le Bréviaire constitue également un miroir de la barbarie universelle et intemporelle. Cathéchisme nihiliste – cette parole est biblique, s’appuie sur l’idée d’une révélation fatale et morbide – le texte se lirait comme un cantique du désespoir, une antienne qui tournerait à vide si la sincérité de Caraco n’avait été absolue.

Julie PROUST-TANGUY :
Cinquante nuances de noir
Manifeste pessimiste, traité du désespoir, prophétie de l’apocalypse grondante, Bréviaire du chaos assène, en une litanie au style classique mais grinçant, des vérités désagréables.
On adhère à ses observations souvent justes : la surpopulation ravale le sexe à une fonction de fécondité sans plaisir et prive l’homme de son essence, en le réduisant à n’être qu’une goutte sans valeur parmi d’autres. La religion, la politique et le consumérisme se font les cancers de ce qui lui reste d’âme. La science, en multipliant les techniques pour l’aider, l’annule en tant qu’être. L’art et l’Histoire ne vivent que sur les ruines pauvrement restaurées d’une grandeur passée.
Puis l’on se détache, face à l’extrémisme gênant de certaines affirmations outrancières, et au caractère étouffant de ce recensement remâché jusqu’à l’écœurement.
Et l’on finit par s’insurger : il n’y a pas de place, dans ces propos radicaux, pour l’utopie ou un raisonnement qui, dépassant la simple constatation des dysfonctionnements et des échecs de l’humanité, proposerait une reconstruction. Si Caraco remet parfois l’avenir entre les mains des femmes, il les amalgame à des archétypes passéistes (Marie, Madeleine) qui annulent son propos païen.
Pas de place, dans ce nihilisme nietzschéen, pour une observation nuancée des solutions que l’homme crée au même rythme qu’il détruit. Or n’est-ce pas ce qui caractérise l’humain : sa capacité à porter en lui, au cœur du chaos, une étoile dansante ?
Où est-il, cet astre caracolant, dans cet essai sous forme d’invitation au suicide ?

éd. L’Âge d’Homme, 1999
126 pages
12 euros

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BACCELLI Jérôme | Aujourd’hui l’abîme https://revuedissonances.com/903-2/ Tue, 29 Dec 2015 22:36:51 +0000 http://revuedissonances.com/?p=903 Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Aujourd’hui l’abîme de Jérôme BACCELLI DISSONANCES #27 Avant il y a eu ce dialogue nocturne entre Pascal, jeune analyste financier, et son mentor, John Edward Forese, dont la fortune se contemple en toiles de maîtres sur les murs d’un ancien couvent corse. Une connexion sans fil entre les deux hommes, comme on transfère un fichier…Lire la suite BACCELLI Jérôme | Aujourd’hui l’abîme

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Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour Aujourd’hui l’abîme de Jérôme BACCELLI
DISSONANCES #27

aujourd'hui

Avant il y a eu ce dialogue nocturne entre Pascal, jeune analyste financier, et son mentor, John Edward Forese, dont la fortune se contemple en toiles de maîtres sur les murs d’un ancien couvent corse. Une connexion sans fil entre les deux hommes, comme on transfère un fichier d’un serveur à un autre. Cette nuit ivre et brûlante provoque la rupture de Pascal avec l’ensemble du monde tangible. En quittant Paris à bord d’un petit voilier, il se met à distance exutoire de la terre ferme, des algorithmes boursiers, de ses congénères, s’expatrie volontaire vers un ailleurs liquide et dépourvu de repères. «  Un écart, un décalage avec les autres, tous les autres. Il y a des gens comme ça qui naissent mal alignés, comme deux calques mal superposés. On essaie de se réaligner toute la vie. On part, ailleurs, dans une autre ville, un autre pays, on change de femme, d’homme, ou on les accumule, on se sent mieux pendant un moment, un an, dix ans, et le décalage s’installe à nouveau.  » Perdu au milieu de l’océan, Pascal incarne l’individu contemporain en quête d’un intervalle impossible, celui qu’il faut marquer entre soi et les autres pour ne pas sombrer dans l’indistinction. En convoquant les siècles de lutte pour cerner l’existence du vide, d’Anaxagore à Van Gogh, de Galilée à Steve Jobs, il tentera de comprendre le sens de la réussite de John Edward Forese – et de sa chute annoncée. Dans ce récit minimaliste et érudit, Jérôme Baccelli dresse le portrait d’une civilisation parvenue à une impasse, entre l’immensité de l’abîme numérique et le trop-plein de réponses sans questions.

éd. Le Nouvel Attila, 2014
156 pages
16 euros

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BADDOURA Ritta | Arisko Palace https://revuedissonances.com/baddoura-ritta/ Tue, 29 Dec 2015 22:31:05 +0000 http://revuedissonances.com/?p=899 Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Arisko Palace de Ritta BADDOURA DISSONANCES #27 Un garçon tombe du haut d’un balcon du cinéma Arisko Palace. Tragédie intime et amorce du texte. A partir de cela, la poètesse nous offre une variation, un travail de réécriture de la chute, de l’acte de tomber. «  Je déboutonne mon manteau puis le col de…Lire la suite BADDOURA Ritta | Arisko Palace

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Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Arisko Palace de Ritta BADDOURA
DISSONANCES #27

arisko

Un garçon tombe du haut d’un balcon du cinéma Arisko Palace. Tragédie intime et amorce du texte. A partir de cela, la poètesse nous offre une variation, un travail de réécriture de la chute, de l’acte de tomber. «  Je déboutonne mon manteau puis le col de ma robe. Je veux qu’il voit ça en tombant le garçon.  » Qui tombe finalement ? Ce gosse ? Une nation en guerre ? Un peuple tout entier courant sous les bombes ? Une petite fille apparaît à son tour. « Des peuples entiers venus de tous les côtés de la mer. Les mains vides ou chargés d’animaux d’armes de machines et d’arbres de toutes sortes. En équilibre sur la rampe ils sont impatients. La petite aussi se tient tout là-haut. Elle a perdu ses parents dans le désordre. Et son prénom et son âge.  » Au sein du texte vient se lover l’artillerie, les fragmentations, la panique, mais tout cela tombe calmement, ça pourrait presque être très doux, déposé là comme un flocon. « J’avance difficilement au milieu des décombres. Je distingue le garçon par terre dans le tic tac de la bombe scotchée à son torse. Tic tac. Je me penche et murmure à son oreille. » Ritta Baddoura est libanaise et né à Beyrouth. Son blog où elle écrivait lors de la guerre de 2006 a touché des milliers de lecteurs et a été cité par le New York Times. Elle a aussi été récompensée par de nombreux prix. C’est assez plaisant de voir que le talent peut parfois rencontrer de nombreux lecteurs. Justesse, précision et haute sensibilité nourrie avec une temporalité émotive dégoupillée. C’est encore peu dire de ce texte. Le mieux étant encore de le lire. De tomber.

éd. PLAINE Page, 2013
50 pages
5 euros

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BRASSEUR Diane | Les fidélités https://revuedissonances.com/diane-brasseur/ Tue, 29 Dec 2015 22:26:42 +0000 http://revuedissonances.com/?p=893 Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Les fidélités de Diane BRASSEUR DISSONANCES #27 C’est d’une banalité affligeante et il le sait. Tomber amoureux à 54 ans, après 19 ans de mariage, d’une femme de 31 ans. De ses cuisses fermes, de sa peau lisse, de son insouciance. «  Je voudrais qu’ils aient tort ceux qui nous regardent un peu trop longtemps,…Lire la suite BRASSEUR Diane | Les fidélités

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Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Les fidélités de Diane BRASSEUR
DISSONANCES #27

fidélités

C’est d’une banalité affligeante et il le sait. Tomber amoureux à 54 ans, après 19 ans de mariage, d’une femme de 31 ans. De ses cuisses fermes, de sa peau lisse, de son insouciance. «  Je voudrais qu’ils aient tort ceux qui nous regardent un peu trop longtemps, dans la rue, au parc, au restaurant. Ceux qui m’adressent un sourire viril et complice, comme si j’étais au volant d’une belle voiture. […] J’ai une maîtresse, j’ai une liaison. Je suis infidèle. Je le répète mentalement plusieurs fois par jour pour m’en convaincre. » Mais très vite, les certitudes se brouillent : à qui le narrateur est-il réellement infidèle ? A sa femme vers qui il revient encore et toujours, en actes comme en pensées ? Ou bien à sa jeune et confiante amoureuse, qui le croit tout à elle ? Parfois, il ne pense qu’à celle qu’il tient dans ses bras. Et puis parfois il ne pense plus qu’à l’autre. Il pourrait quitter sa femme, il a les moyens de divorcer et aucun enfant en bas âge ne le retient. Mais en a-t-il vraiment envie ? Laisser sa brosse à dents et descendre les poubelles signifie-t-il que l’on s’est créé un nouveau foyer ? «  Alix regarde mon couple comme, plus jeune, je regardais celui de mes parents. […] Pense-t-elle que le vendredi soir, pour m’accueillir à Marseille, ma femme m’embrasse sur la joue ? Ou alors elle dépose sur ma bouche un petit baiser si furtif que nos lèvres se touchent à peine ? […] Alix pense-t-elle que ma femme ne me fait plus jouir ? Ou préfère-t-elle ne pas y penser ? » Quelques heures de la vie d’un homme qui tente de faire un choix. Et la preuve qu’un grand roman peut surgir d’une trame éculée.

éd. Allary, 2014
174 pages
16,90 euros

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CAGNARD Jean | Grosses joies https://revuedissonances.com/889-2/ https://revuedissonances.com/889-2/#comments Tue, 29 Dec 2015 22:20:19 +0000 http://revuedissonances.com/?p=889 Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Grosses joies de Jean CAGNARD DISSONANCES #27 Un chien traverse la page, il n’a rien à faire là, mais il est là quand même. Le lecteur s’en étonne et le narrateur lui-même «  C’est assez étrange la présence d’un chien sur un parking d’aéroport mais il y a des jours où les parois du monde se montrent…Lire la suite CAGNARD Jean | Grosses joies

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Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Grosses joies de Jean CAGNARD
DISSONANCES #27

grosses joies

Un chien traverse la page, il n’a rien à faire là, mais il est là quand même. Le lecteur s’en étonne et le narrateur lui-même «  C’est assez étrange la présence d’un chien sur un parking d’aéroport mais il y a des jours où les parois du monde se montrent particulièrement perméables ». Donc le chien est là et ce n’est pas la seule singularité de ces Grosses joies au titre non usurpé.
Jean Cagnard signe, après son merveilleux roman L’Escalier de Jack, un recueil de nouvelles étonnantes. Les situations y sont somme toute banales : un voyage, un enterrement, une visite à la famille, une partie de pêche. L’auteur réussit à métamorphoser toutes ces historiettes. Le commun n’a ici pas sa place, il se trouve décalé, transfiguré, rêvé « car il y a toujours quelque chose de surnaturel à se trouver au bord de l’eau où les petites joies deviennent mystérieusement de grosses joies  » Chaque texte déploie son univers unique de fausse simplicité, de vraie fantaisie, d’absurde drôle et léger mais surtout d’infinie mélancolie. Car il ne faut pas s’y tromper, derrière ce quotidien réinventé pointe à tout moment la violence, la mort, la solitude. Cet homme est rejeté par sa famille, cette femme par son mari, celui-ci perd son travail. A l’improviste, la phrase bifurque, détourne l’attention du lecteur, élude la tristesse pour mieux la révéler. En toute discrétion et avec une classe absolue.
Alors, le sourire aux lèvres et le cœur fissuré, on regarde à nouveau passer le chien. Cette fois-ci la bête est peinte en bleu et Jean Cagnard de nous murmurer « Rien n’indique qu’elle en attend plus que ça de l’avenir ou même de l’humanité ».

éd. Gaïa, 2014
155 pages
17 euros

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CENNAMO Laurent | Pierres que la mer a consumées https://revuedissonances.com/885-2/ Tue, 29 Dec 2015 22:13:26 +0000 http://revuedissonances.com/?p=885 Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Pierres que la mer a consumées de Laurent CENNAMO DISSONANCES #27 Ce livre est une chapelle (romane et incongrue en ce monde affolé) dont, entré par hasard (la vie m’y ayant mené, ayant du temps pour ça), tout de suite m’a saisi la lumineuse beauté (sans nulle afféterie) comme la présence vibrante (vivante en leur absence)…Lire la suite CENNAMO Laurent | Pierres que la mer a consumées

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Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Pierres que la mer a consumées de Laurent CENNAMO
DISSONANCES #27

pierres

Ce livre est une chapelle (romane et incongrue en ce monde affolé) dont, entré par hasard (la vie m’y ayant mené, ayant du temps pour ça), tout de suite m’a saisi la lumineuse beauté (sans nulle afféterie) comme la présence vibrante (vivante en leur absence) des hommes et des femmes qui ont tous concouru à bâtir ce joyau : l’auteur évidemment et son père bien sûr (puisqu’il s’agit ici de parler de sa peinture) mais aussi celles et ceux – Deleuze, Ernaux, Soutine, Gris, Jaccottet, bien d’autres – qu’une simple citation (voire juste une mention) suffit comme par magie – blanche et de poésie – à incarner assez pour qu’ils sortent de la page et posent en nos vies un peu de leur pureté. Par fragments successifs (parfois seulement un mot) jamais ponctués au bout (s’ouvrant ainsi chacun à celui qui le suit et à la rêverie) qui sont autant de touches, Laurent Cennamo dit (célèbre, fait sentir) la peinture de son père (« En rien peinture muette (même pas tellement silencieuse). On entend presque le déchirement – entre deux êtres si tendrement liés, noués – peut-être le cri de bête, le papier qui se déchire, le cuir qui craque (ou c’est la terre qui s’ouvre)  ») – enchâssées au milieu, cinq pages en couleur donnant à voir, splendides, ce dont il est question – et son père lui-même («  Fausto (Cennamo est caché entre les feuilles, ou sous l’écorce – ou alors se traîne, soldat blessé (« carbonaro ») dans la boue, jusqu’à ce lac sombre ou ce marais) ») avec toute la puissance que confèrent à son chant, en plus de son talent, l’amour et la pudeur : en ces temps perturbés, c’est précieux on ne peut plus.

éd. Samizdat, 2013
96 pages
24 euros

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CLAIR-VICTOR Thierry | Frédérick https://revuedissonances.com/882-2/ Tue, 29 Dec 2015 22:03:40 +0000 http://revuedissonances.com/?p=882 Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Frédérick de Thierry CLAIR-VICTOR  DISSONANCES #27 « J’ai commencé à vivre le jour où j’ai su que j’allais mourir ». La symétrie inaugurale brise à la fin son axe : « Allongé sur son lit, il cassa son ampoule de cyanure  ». Frédérick ne mourra donc pas ? Ellipse trop facile à tendre – « Le temps s’est suicidé, je ne l’aimais pas. » –…Lire la suite CLAIR-VICTOR Thierry | Frédérick

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Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Frédérick de Thierry CLAIR-VICTOR 
DISSONANCES #27

frédérick

« J’ai commencé à vivre le jour où j’ai su que j’allais mourir ». La symétrie inaugurale brise à la fin son axe : « Allongé sur son lit, il cassa son ampoule de cyanure  ». Frédérick ne mourra donc pas ? Ellipse trop facile à tendre – « Le temps s’est suicidé, je ne l’aimais pas. » – car entre ces deux extrêmes, il y a un roman d’apprentissage étrange, à plusieurs voix, court et fragmenté, qui cherche la pureté à travers Baudelaire et Nietzsche et rejette toute autorité dominante : « La désespérance de provoquer la connaissance chez autrui poussait Frédérick à des banalités.  » C’est le monde à l’envers, au sens propre. Voici un journal duel entre Coriandre, vêtue de la robe trop grande de Virginie, et son alter ego Frédérick, jeune homme des années quatre-vingts, orphelin, en marge de la société, tenté par l’homosexualité, le terrorisme, le suicide et l’art. Balloté entre Paris, la Bretagne et Nice, il concentre l’espace intérieur, tant sa « peau touche le vide ». Le journal est entrecoupé de narration où « je » devient la troisième personne, la fameuse absente que l’amour, l’amitié, la politique et la littérature acculent à la solitude. Ce fasèyement identitaire ira jusqu’au « craquèlement inexorable », à l’internement en asile. « Quand une osmose se profile, il faut jeter le livre. » Qu’est-ce qu’un livre s’il ne se remet pas en question, comme son auteur et son lecteur ? La décadence de l’être a choisi ici une langue décomposée pour happer des instants d’éternité, de ceux qui font mourir, oui, mais en littérature. A bientôt d’un roman plus ample, au-delà de ses bris.

éd. de Soledade, 2013
91 pages
8 euros

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LE MEN Yvon | En fin de droits https://revuedissonances.com/877-2/ Tue, 29 Dec 2015 21:57:12 +0000 http://revuedissonances.com/?p=877 Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour En fin de droits d’Yvon LE MEN DISSONANCES #27 Yvon Le Men, poète troubadour breton, apprend un jour qu’il vient d’être radié du régime des intermittents du spectacle et doit rembourser des années d’indemnités : «  Presque quarante ans de vaches maigres, vingt ans de tranquillité ponctués d’inquiétudes dues à la vie d’artiste, et soudain, comme…Lire la suite LE MEN Yvon | En fin de droits

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Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour En fin de droits d’Yvon LE MEN
DISSONANCES #27

en fin de

Yvon Le Men, poète troubadour breton, apprend un jour qu’il vient d’être radié du régime des intermittents du spectacle et doit rembourser des années d’indemnités : «  Presque quarante ans de vaches maigres, vingt ans de tranquillité ponctués d’inquiétudes dues à la vie d’artiste, et soudain, comme un coup de foudre qui ravage ta maison. C’est ta vie qui jusqu’au retour de la justice tient à nouveau à un fil. »  Stupeur, incompréhension, colère : « ils m’accusent de voler dans les caisses / du chômage / les caisses / des maçons / des plombiers / … des couvreurs / perchés sous les étoiles / de tous ces hommes / fatigués avant l’heure / qui ont bâti la maison de mes poèmes. »
Parce que la langue administrative ne peut dire la détresse, ce texte va naître de la difficulté à écrire une lettre de recours gracieux. Des nuits durant, le poète va alors se laisser emporter par le flux, «  en vers et contre tout », pour lancer un cri de colère douce qui emprunte au slam, un appel au secours et à l’humanité.
Tendre quand il souhaite l’amour à la conseillère silencieuse, drôle quand avec Villon il interpelle les gens de Pôle Emploi (« Frères humains, n’ayez les cœurs contre nous endurcis »), poignant quand il s’empare de Verlaine pour implorer l’écoute (« Ne me déchirez pas avec vos deux mains blanches  »), ce texte est celui d’un poète-citoyen qui pose un regard pur et incrédule, d’enfant blessé, comme le soulignent en contrechamp les dessins de Pef, sur une institution déshumanisée. Et tel Ulysse face au cyclope, Le Men scande le mot « personne », hanté qu’il est par le silence opposé à ceux qui n’ont rien.

éd. Bruno Doucey, 2014
80 pages
12 euros

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SOCHARD Fred | Cordel cheminot https://revuedissonances.com/873-2/ Tue, 29 Dec 2015 21:49:14 +0000 http://revuedissonances.com/?p=873 Coup-de-coeur de David MARSAC pour Cordel cheminot de Fred SOCHARD DISSONANCES #27 Nous sauvera-t-elle, la corde du cordel ? Le fil qui tient ensemble les pages d’une littérature populaire si classieuse qu’elle transforme la rentrée littéraire en entrepôt de hard-discount ? Pas d’autre choix : soit tu cours au bordel, soit du goûtes au cordel. Va. Passe-toi la corde au cou,…Lire la suite SOCHARD Fred | Cordel cheminot

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Coup-de-coeur de David MARSAC pour Cordel cheminot de Fred SOCHARD
DISSONANCES #27

cordel

Nous sauvera-t-elle, la corde du cordel ? Le fil qui tient ensemble les pages d’une littérature populaire si classieuse qu’elle transforme la rentrée littéraire en entrepôt de hard-discount ? Pas d’autre choix : soit tu cours au bordel, soit du goûtes au cordel.
Va. Passe-toi la corde au cou, la corde du cordel, et hop ! la danse, petit lecteur, trémousse-derrière, petite lectrice. Une chose est sûre : «  On part ! » Vous me direz : et le cordel ? Kesako ? – Le cordel, tu l’achètes, tu la fermes, tu vas chez un libraire indé pas trop Dédé, numéros 1 à 5, en attendant les 6, 7, 8, qui ne sauraient tarder même s’ils sauront t’arder – le cœur, crois-moi (sinon je te rembourse, macaque).
Plus de palabres, te voilà installé (e) dans le cordel, laisse-toi porter par les images, les images, les images et quelques mots : Le Wagon rouge de ton enfance, « Saute sur la marche en t’agrippant très fort », La salle des pas perdus d’un âge que tu aurais aimé ne jamais perdre, puis tu erres Sur les quais en faisant ton Marlon devant la glace des wc tandis qu’hors champ les lecteurs hurlent : « On est mal renseigné ! » (Leur sale odeur de billet composté.) Il est grand temps pour toi d’aller voler au kiosque de La littérature de gare d’un âge bien mort (« Il est fâché le monsieur ? »).
Nan. J’ai pas de temps à perdre avec un doryphore abouché à du roman patate. Les cordels, c’est du Masereel, tu les prends, tu les payes, de toute façon, t’es fait comme le décapité du Londres-Plymouth, car la ménagerie de Fred Sochard se rue dans Les compartiments et déjà te contemple de ses crocs tendres.

éd. Les Arêtes, 2012
12 pages par volume (5 parus)
3 euros le volume

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ARNAL Justine (extraits) https://revuedissonances.com/arnal-justine-extraits/ Wed, 23 Dec 2015 20:26:36 +0000 http://revuedissonances.com/?p=857 DISSONANCES #28 | AILLEURS L’hôtesse de l’air « Depuis que je suis hôtesse de l’air je l’ai bien compris Ce que c’est, la vie, quand ailleurs ne signifie plus rien Après avoir mangé ailleurs dormi ailleurs été malade ailleurs d’avoir trop bu et trop couché ailleurs Après avoir rêvé tellement d’ailleurs ailleurs Dans tant et tant d’hôtels Avec…Lire la suite ARNAL Justine (extraits)

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DISSONANCES #28 | AILLEURS
L’hôtesse de l’air

« Depuis que je suis hôtesse de l’air je l’ai bien compris
Ce que c’est, la vie, quand ailleurs ne signifie plus rien
Après avoir mangé ailleurs dormi ailleurs été malade ailleurs d’avoir trop bu et trop couché ailleurs
Après avoir rêvé tellement d’ailleurs ailleurs
Dans tant et tant d’hôtels
Avec tant et tant de draps blancs et de serviettes blanches
Et puis toujours les mêmes cendriers transparents
Les mêmes shampooing qui ne sentent rien et qui compliquent les choses en ce qui concerne le démêlage des cheveux
Pourquoi du blanc
Toujours du blanc
Dans presque toutes les chambres d’hôtels du monde
Ce détail qui procure tellement de satisfaction aux… »

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BARANGER Christophe (extraits) https://revuedissonances.com/baranger-christophe-extraits/ Wed, 23 Dec 2015 20:24:23 +0000 http://revuedissonances.com/?p=855 DISSONANCES #28 | AILLEURS Traces « Il y a de l’eau, de l’eau, et ça c’est vrai, et dans ta tête tu boucles, tu boucles, et tu ne fais que boucler sinon il y a du vide, du vide, et ça c’est vrai, mais l’eau, l’eau c’est la seule chose de vrai, que tu boucles, tu boucles contre…Lire la suite BARANGER Christophe (extraits)

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DISSONANCES #28 | AILLEURS
Traces

« Il y a de l’eau, de l’eau, et ça c’est vrai, et dans ta tête tu boucles, tu boucles, et tu ne fais que boucler sinon il y a du vide, du vide, et ça c’est vrai, mais l’eau, l’eau c’est la seule chose de vrai, que tu boucles, tu boucles contre du vide, le vide il n’y a que ça de vrai, et tu boucles, tu boucles car sinon c’est [ RIEN ], un [ RIEN ] ça c’est vrai,
et dans la boucle tu évites le vide, et sur l’eau tu passes de haut en bas, du creux au pic, tu poses tes orbites sur l’arrondi du fond où les bleus des ciel et mer plaquent une trace blanche, un horizon comme on dit, tu pousses en avant le bout du nez, places deux orifices béants aux deux extrêmes de la traces, trouves l’équilibre complètement devant, tu vises la marge,
alors il y a de l’eau de l’eau et ça c’est vrai que tu boucles, tu… »

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BARENDSON Samantha (extraits) https://revuedissonances.com/barendson-samantha-extraits/ Wed, 23 Dec 2015 20:22:25 +0000 http://revuedissonances.com/?p=852 DISSONANCES #28 | AILLEURS Varadero « Segmentation vacancière. À gauche les pauvres, les Cubains, avec dix kilomètres de plages paradisiaques, sable blanc et fin, mer bleue translucide, quelques baraques de roche et paille, des palmiers, des pélicans en liberté, la pêche et le soleil. À droite les riches, les autres, avec dix kilomètres de plages bétonnées, des hôtels…Lire la suite BARENDSON Samantha (extraits)

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DISSONANCES #28 | AILLEURS
Varadero

« Segmentation vacancière. À gauche les pauvres, les Cubains, avec dix kilomètres de plages paradisiaques, sable blanc et fin, mer bleue translucide, quelques baraques de roche et paille, des palmiers, des pélicans en liberté, la pêche et le soleil. À droite les riches, les autres, avec dix kilomètres de plages bétonnées, des hôtels « all-inclusive », des colliers de boules en plastique coloré pour régler les consommations, des bracelets d’hôpital pour se reconnaître, s’identifier, se démarquer. Bracelet rose pour les clients du Melia Varadero, bracelet vert pour les clients du Breezes Varadero, bracelet bleu pour les clients du Paradisus Varadero. Personne ne se mélange, chacun demeure dans son hôtel tout compris, dans sa tour de cristal aveuglant, dans son paradis plastique construit de toutes pièces à deux pas d’une… »

DISSONANCES #27 | ORGASMES
Sex-teto

« Fermement ses mains l’enserrent, caressent ses anches libres, pénètrent dans le cuir, se chauffent et se dilatent au gré des tessitures, baisant le bois, les nacres, l’acier ou le laiton. Une fois encore, Astor s’accouple au bandonéon. Et les groupies argentines regardent son soufflet grandir et s’allonger, revenir et diminuer, enfler pour exploser, s’enfuir, recommencer, aller-venir, Astor qui va, Astor qui vient, Astor entre les lames, entre les basses et les aigus, entre les rêves flous de belles mélomanes, entre les cuisses lourdes des femmes de Buenos Aires qu’elles serrent et cambrent leur chevelure, aiguisent leurs talons, déchirent leurs encolures, défient leur bas Nylon, fantasment des Milongas, soupirent, sous-ferment leurs regards et sentent le tango tandis qu’Astor poursuit d’aimer son instrument, de labourer ses partitions, de souffler rauque, de frapper le clavier, de fouetter le maillechort, de jubiler, de jouir. Projection de notes, de cris, de… »

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BASQUIN Guillaume (extraits) https://revuedissonances.com/basquin-guillaume-extraits/ Wed, 23 Dec 2015 20:15:46 +0000 http://revuedissonances.com/?p=847 DISSONANCES #28 | AILLEURS (L)ivre de papier « les lettres s’appellent se divisent se multiplient coulent c’est en lisant à voix haute qu’aux tout premiers siècles de notre ère on pénétrait le sens de textes dépourvus eux aussi de ponctuation et même d’intervalles entre les mots je reviens donc vers cette origine mais que le lecteur bienveillant se…Lire la suite BASQUIN Guillaume (extraits)

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DISSONANCES #28 | AILLEURS
(L)ivre de papier

« les lettres s’appellent se divisent se multiplient coulent c’est en lisant à voix haute qu’aux tout premiers siècles de notre ère on pénétrait le sens de textes dépourvus eux aussi de ponctuation et même d’intervalles entre les mots je reviens donc vers cette origine mais que le lecteur bienveillant se rassure je n’irai pas jusqu’à supprimer les intervalles entre les vocables on ne parle pas de sade dans ce film à hurlements je travaille d’une ma­nière très traditionnelle comme le tintoret et le gréco qui peignaient en­tièrement en camaïeu à la tempéra et vers la fin ajoutaient des glacis transparents et sonores pour accentuer les contrastes je devrai faire un assez grand emploi des citations pour faire sen­tir de quoi auront été tissés en profon­deur cette aventure et moi-même et puisque nous allons tout droit paraît-il vers une nouvelle… »

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DE BERGH Anne (extraits) https://revuedissonances.com/de-bergh-anne-extraits/ Wed, 23 Dec 2015 20:08:46 +0000 http://revuedissonances.com/?p=841 DISSONANCES #28 | AILLEURS Apesanteur « Depuis des jours, nous cheminions, curieux, acharnés ou distraits, abandonnant à chaque aurore l’abri calfeutré des tentes endormies et la tiédeur accumulée au long d’une nuit bienveillante au creux de nos duvets, nos pas s’enchaînant dans l’étirement d’étroits sentiers escarpés, vertigineux, aux franges de l’abîme, progressant obstinément avec une énergique régularité ou…Lire la suite DE BERGH Anne (extraits)

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DISSONANCES #28 | AILLEURS
Apesanteur

« Depuis des jours, nous cheminions, curieux, acharnés ou distraits, abandonnant à chaque aurore l’abri calfeutré des tentes endormies et la tiédeur accumulée au long d’une nuit bienveillante au creux de nos duvets, nos pas s’enchaînant dans l’étirement d’étroits sentiers escarpés, vertigineux, aux franges de l’abîme, progressant obstinément avec une énergique régularité ou lourds d’une lassitude que nous tentions de nous dissimuler, ajustant nos foulées aux montées qui nous rapprochaient interminablement du ciel et aux descentes nous aspirant vers un vide étourdissant, englués parfois dans des écharpes de brouillard qui s’effilochaient en s’accrochant aux branches nues de magnolias ensorcelés, l’attention soudain attirée par la rugosité d’une pierre qui venait de nous faire trébucher, le lissé sombre d’une feuille de rhododendron géant, ou les effluves épicés montant de la… »

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CHANU Émeline (extraits) https://revuedissonances.com/chanu-emeline/ Wed, 23 Dec 2015 20:06:05 +0000 http://revuedissonances.com/?p=839 DISSONANCES #28 | AILLEURS Digression « Être ailleurs. la tête à autre chose. choses dans la tête. à l’ouest dans les limbes très loin oui très loin on dit dans la lune on dit perdu dans les nuages aux abonnés absents. Dans le vague. ce terrain familier. indéfinissable. Acuité visuelle momentanément indisponible. impossibilité pour le sujet de faire…Lire la suite CHANU Émeline (extraits)

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DISSONANCES #28 | AILLEURS
Digression

« Être ailleurs. la tête à autre chose. choses dans la tête. à l’ouest dans les limbes très loin oui très loin on dit dans la lune on dit perdu dans les nuages aux abonnés absents.
Dans le vague. ce terrain familier. indéfinissable.
Acuité visuelle momentanément indisponible. impossibilité pour le sujet de faire le point.
Prière de laisser vos sens au vestiaire. Ailleurs est ici. ici est là-bas. là. en dehors de toute connexion.
En dehors et en dedans. s’extraire. et s’y enfermer.
béat.
OFF-SHORE et cotonnade. le postulat n’y existe pas.
Un entre deux en fluctuation.
Un territoire sans gabarit. beauté dans le mouvement. toujours incessant.
Petit à petit. ressac et berceuse. la pensée en roue libre. se met en place. construit et déconstruit. vers une nouvelle forme. une… »

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CRAITIN François (extraits) https://revuedissonances.com/craitin-francois-extraits/ Wed, 23 Dec 2015 20:03:14 +0000 http://revuedissonances.com/?p=836 DISSONANCES #28 | AILLEURS L’automne à Brooklyn « Je pense à tout ce que les télécommunications ont fait de bien et de mal à mes relations Je pense à toutes les fois où je me suis dit « mais non, non, ça ne peut pas finir là à cause d’une panne de portable » ou d’une erreur d’affranchissement ou d’une…Lire la suite CRAITIN François (extraits)

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DISSONANCES #28 | AILLEURS
L’automne à Brooklyn

« Je pense à tout ce que les télécommunications ont fait de bien et de mal
à mes relations

Je pense à toutes les fois où je me suis dit « mais non, non,
ça ne peut pas finir là à cause d’une panne de portable »
ou d’une erreur d’affranchissement
ou d’une rupture mais de réseau

Je pense à Karine et à cette cassette audio que je lui avais envoyée
Une cassette-lettre où je parlais, chantais, jouais du piano
Un fébrile truc qui frôlait la déclaration l’abandon complet l’aveu
et la blague et le tapotis sur… »

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FICHET Alexis (extraits) https://revuedissonances.com/fichet-alexis-extraits/ Wed, 23 Dec 2015 17:07:53 +0000 http://revuedissonances.com/?p=821 DISSONANCES #28 | AILLEURS Hamlet à Tokyo « Samedi 24 janvier. Arrivé fatigué, mais aucun problème dans les zones de jonction. Je crains un séjour éprouvant. Nous avons fait dans l’avion le bilan des représentations françaises avec Jean-Christophe. Il faut que le spectacle s’éprouve, dit-il. Le bus qui nous emmène de l’aéroport au centre de Tokyo ressemble à…Lire la suite FICHET Alexis (extraits)

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DISSONANCES #28 | AILLEURS
Hamlet à Tokyo

« Samedi 24 janvier. Arrivé fatigué, mais aucun problème dans les zones de jonction. Je crains un séjour éprouvant. Nous avons fait dans l’avion le bilan des représentations françaises avec Jean-Christophe. Il faut que le spectacle s’éprouve, dit-il. Le bus qui nous emmène de l’aéroport au centre de Tokyo ressemble à un jouet en plastique. Le paysage est entre blanc et jaune, comme grillé à froid. Les rizières que j’imaginais vertes ressemblent à des champs tristes. Ma chambre donne derrière l’hôtel, directement sur une autoroute aérienne. L’enseigne du grand magasin SEYIU éclaire tout en rouge.

Dimanche 25. J’ai dormi de 20h à 8h du matin. Il fait froid. Balade à Yoyogi Park et Omotesando avec Jean-Christophe et François. Puis seul. Petit cimetière en pierre entre grands immeubles et ciel bleu d’hiver. Planches de bois gravé sur les tombes. Petits bouddhas dissous par… »

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GANTIER Aurélia (extraits) https://revuedissonances.com/gantier-aurelia-extraits/ Wed, 23 Dec 2015 17:04:59 +0000 http://revuedissonances.com/?p=819 DISSONANCES #28 | AILLEURS Déracinée « La dernière image, ce sont des mouchoirs rouges et blancs, qui tournaient au dessus de leur tête comme des hélices. Toutes les couleurs s’envolaient vers le ciel, comme des cerfs-volants, et c’était peut-être bien des cerfs-volants que l’on voyait au fond, tout là-bas, vers le phare du Bouraz. Moi, je ne savais…Lire la suite GANTIER Aurélia (extraits)

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DISSONANCES #28 | AILLEURS
Déracinée

« La dernière image, ce sont des mouchoirs rouges et blancs, qui tournaient au dessus de leur tête comme des hélices. Toutes les couleurs s’envolaient vers le ciel, comme des cerfs-volants, et c’était peut-être bien des cerfs-volants que l’on voyait au fond, tout là-bas, vers le phare du Bouraz. Moi, je ne savais pas que c’était le phare du Bouraz, je ne savais même pas qu’il existait en fait, le phare du Bouraz, c’est le vieux monsieur à côté de moi qui me l’a dit, regarde là-bas, c’est le phare du Bouraz qu’il m’a dit, regarde, ils nous disent au revoir. Plus près sur la terre, c’aurait pas été possible, car le phare, il était tout au bout d’une pointe qui avançait sur la mer, et les vagues qui tentaient de la repousser. Le monsieur à côté de moi, il m’a tout bien expliqué. Mon dernier souvenir de Tunisie, c’est d’un endroit que je ne… »

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DISSONANCES #27 ORGASMES https://revuedissonances.com/dissonances-27-orgasmes/ Tue, 22 Dec 2015 17:41:16 +0000 http://revuedissonances.com/?p=682 octobre 2014 / 48 pages / 5 euros mise en images : Frédérique LOUTZ – ÉDITO : GRANDES LIGNES D’UNE VIE SEXUELLE DÉTONNANTE Ma mémoire est un peu défaillante mais je crois pouvoir comptabiliser une amante ¼. Mon zizi est gros comme celui d’un nouveau-né, ce qui ne m’empêche pas de me débrouiller. En gardant mon froc, je peux faire décoller une fille…Lire la suite DISSONANCES #27 ORGASMES

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couv 27
octobre 2014 / 48 pages / 5 euros
mise en images :
Frédérique LOUTZ

ÉDITO : GRANDES LIGNES D’UNE VIE SEXUELLE DÉTONNANTE

Ma mémoire est un peu défaillante mais je crois pouvoir comptabiliser une amante ¼. Mon zizi est gros comme celui d’un nouveau-né, ce qui ne m’empêche pas de me débrouiller. En gardant mon froc, je peux faire décoller une fille très très haut. La langue d’un poète, pour les orgasmes électriques, c’est hyper pertinent. Il y a quinze ans, j’ai ramé transatlantique pour réveiller ma nana au plumard. J’ai essayé toutes les positions du manuel pour finalement laisser tomber l’affaire. Sa chatte me fascinait, mais elle s’emmerdait tellement pendant les coïts qu’elle me laissait juste faire pendant qu’elle regardait Derrick. Dix ans plus tard, je mis un jour un coup de pied dans un buisson et huit nymphomanes en sortirent. J’ai choisi la plus ronde. A l’acmé, son visage devenait celui d’une suppliciée, elle hurlait comme une bête qu’on éviscère et retombait sur le lit comme morte : je flippais à fond, parce que je croyais vraiment qu’elle était morte, sauf qu’à peine sortie du coma où je l’avais plongée avec mon micro-pénis, elle me disait « Encore ! ». Depuis 2005, ma sexualité est en sommeil. Je pensais même que c’en était fini définitivement quand mon ami Flapp m’a dit « C’est ton tour pour l’édito : Orgasmes ! ». Là, j’ai pensé à nos quatre-cents lectrices-lecteurs, à nos vingt-et-un auteurs, je les ai emboîtés dans tous les sens en une partouze démentielle. Plein de combinaisons possibles. La vision était trop belle : j’ai lâché un petit grognement en polluant mon slibard.

Christophe ESNAULT

DOSSIER « CRÉATION »  : ORGASMES

Samantha BARENDSON : Sex-teto
« Fermement ses mains l’enserrent, caressent ses anches libres, pénètrent dans le cuir, se chauffent et se dilatent au gré des tessitures, baisant le bois, les nacres, l’acier ou le laiton. Une fois encore, Astor s’accouple au bandonéon. Et les groupies argentines… »

Cédric BONFILS : Jouir, tenir
« La nuit se retire / Ton orage de désir insatisfait / Et le mystère de cette hargne haine / Réveillé bandant agité de vertiges et cauchemars / Tes sueurs partout sur l’oreiller la couette / Les murs peut-être humides à force / Le corps flou assemblage comme… »

Xavier BONNIN : Tractus optique
« Homme penché, d’entre les âges, d’entre la terre retournée, tu marches par devers les abîmes, membres croisés puis décroisés. / Glisses le long de la rambarde, manques de t’effondrer, plisses les yeux, puis te redresses et te diriges vers le passage intérieur… »

Thomas BRAUN : Le Chant de sa tête contre le mur
« Elle a posé la bouteille de vodka / Et s’est mise à pleurer. / Le salon était triste et encore rempli / Des cris et des larmes des heures passées. / La nuit était là et détériorait tout / La nuit était atroce et n’en finissait plus / Depuis combien de temps si longue / La… »

Véronique CORME : Plic
« Couloir silencieux. Tomettes. Demi-jour. Femme adossée. Homme à peine appuyé contre elle. Je ne sais pas ce que je fais. Membre dilaté tiré hors de son enveloppe textile. Verge défroquée qui hoquette un orgasme. Foutre tombant sur… »

Sandrine CUZZUCOLI : Organismes vivants
« Or, faire l’amour. Organismes vivants, individus, or dans les corps, corps organisés, menés par les orgues de barbaries qui chantent, chutent les corps mais tendus, bien tendus les gonades enivrées que nous sommes avant l’eau qui coule, avant, l’eau dort, les… »

Charles DESAILLY : Brèche 
« Aimer l’haleine de cette ville / fétide et longue / les murs aux senteurs d’urine / toute cette vulve béante / vomissant des veaux / aux couilles ordurières. / Les ruines graphiques / dressent un décor du désastre. / Nos amours sont lavés par l’ennui / et nous… »

Clément DESPAS : Egoïste
« Ma toute belle se renverse et, m’agrippant aux fesses, elle se fend et m’enfonce, d’un seul coup, jusqu’au bout. J’y ai à peine le temps d’un éblouissement que Tu fais quoi ? elle active : concentrée – les yeux clos – elle reflue, me reprend, me repousse, me… »

Blandine FAURÉ : L’infixable solennité du jouir
« Je n’ai aucun souvenir de mon premier orgasme. Age, partenaire ou absence de partenaire, lieu, position, affiches scotchées au mur, larmes post-coïtales, forme du sexe ou des doigts… C’est la première fois que j’ai à faire à un tel trou noir dans… »

Tristan FELIX : A corps perdus
« – Hors ma vue, résidu de culbute ! Pas d’histoires entre nous. La mort n’en a pas. Tu tripotes encore la vie, avec tes gants de vierge moite. Essaie-les en peau de verge retournée, tu pâliras. Il ne faut avoir d’yeux qu’en face des trous mais toi, tu ne l’as même… »

Jean-Marc FLAPP : Vas-y Jackie ! 
« Il est neuf heures pétantes quand Jackie pousse la porte de la salle de sport. Cinq minutes d’échauffement au rameur bien à fond et, quittant son jogging, Jackie nous apparaît en toute majesté, Venus Musculator au torse colossal auquel… »

Jean-Marc GOUGEON : rgsm
« allez savoir le pourquoi de tant de plaisirs / ils les ont tant cherchés en eux-mêmes / jusqu’à ce que la tête se fende / d’une quête primale / entre les jambes / en bordure des plaisirs planifiés / palpite la peau dès que le cri arrive / à monter si haut qu’il ne… »

Philippe GUERRY : Par où tu passes 
« Tu me parles toujours des mêmes paysages. Un ruisseau qui serpente, qui te chatouille les orteils, puis des ruisseaux, arrivant de partout, qui se concentrent pour faire des vagues, des petites vagues d’abord, qui font frémir tes mollets et font te… »

Virginie HOLAIND : L’appel des appels
« L’orgasme, franchement c’est facile. / Ça crie un peu dans l’entre-jambes, ça se joue appel des appels. / Ben oui, c’est facile. / On craint la lutte, l’échauffement, mais on se brûle. / On s’écoute, on s’affole. Et puis quoi, l’orgasme, c’est le pain du pauvre. / Ça… »

Arielle LACAZZI : Le Pen à jouir
« Je revois le mur sur lequel ces mots peints à la hâte, d’une taille démesurée : « Je suis homme avant d’être Français » et la fierté que je concevais d’en comprendre le sens, chaque fois renouvelée, lorsque notre voiture le longeait, tout près… »

Ghislaine LE DIZÈS : Stellaire
« Elle avait baisé avant, elle avait fait l’amour avant, elle avait joui avant. / Mais c’est lui qui l’a rendue femme. / Il la dilate si fort, si large, et si profond quand il est en elle. Il provoque l’extase des larmes. Il l’entoure, il la protège. De son buste large il l’… »

LE GOLVAN : Something’s got to give
« On est en avril 62, elle fait un passage pulsionnel à Paris pour fuir ses soucis de contrats, les tournages dramatiques, le procès. Lui traîne son ombre sur les quais. Il est tard, il ne veut pas rentrer. Voulait-il se foutre à l’eau, qui sait ? Et là… »

Samuel LÉVÊQUE : Anatomies parallèles 
« Dans les rêves d’Aria, elle courait en robe fourreau, sur un gigantesque green, swinguant avec des battes hypertrophiées dans des balles d’or qui s’élevaient en l’air, répandant paillettes et arcs-en-ciel sur son visage, et sur le visage de cette poupée masculine qui lui ressemblait étrangement… »

Thomas ROUSSOT : Des chiots baveux
« Il prépare sa pipe à défonce, les canettes s’entassent, l’ivresse le couche à l’horizontale, rêve de pénétrations taxées. Préviens-la quand tu vas jouir, il sent que ça vient, elle avale tout, il stoppe sa remembrance. / Quoi de neuf ? Rien. Alors casser l’… »

Catherine SERRE : Six ans et balançoire
« Deux anneaux blancs dans des spirales de fer / Deux cordes rêches sèches coupantes / Balançoire au jardin / Au vent / Et à la force / Promesse d’envolée / Six ans et balançoire / Toute excitée de prunes / Et de ciel / Les caresses du vent / La jupe se… »

WB : Wanking-class hero
« L’embarras de mon pote quand sa copine découvrit la cassette dans le magnétoscope / « c’était un jour où tu n’étais pas là » / l’embarras terrible – mais drôle / quand sa copine m’a demandé mon avis / j’ai toujours bouffé du porno / internet c’est… »

PORTFOLIO : Frédérique LOUTZ

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« Actes jouant un rôle sous le masque de la nudité, les dessins de Frédérique LOUTZ se donnent en spectacle absurde : un secret se dévoile tout en recouvrant ce qu’il veut montrer. Le grotesque tente la grâce : des femmes se saluent de leur chatte, des queues… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un(e) auteur(e) connu(e))  :
Ivar CH’VAVAR

« Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ?Contre. Il me faut écrire contre – les habitudes acquises, les certitudes des poètes, les « savoir-faire » qui nous enferment, le « poétique », les mots qui poussent pour être les premiers, le phrasé « naturel », etc. Contre tout… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
Bréviaire du Chaos (Albert CARACO)
« « J’élève un chant de mort et je salue le chaos montant de l’abîme et la terreur antique revenue du fond des âges ! » De fait : les cent-vingt textes d’une page qui constituent l’ensemble du Bréviaire du chaos sont un sommet inouï de poésie barbare tendance Fin des temps en… »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture)  :
Jérôme BACCELLI : Aujourd’hui l’abîme 
(éd. Le Nouvel Attila, 2014)
Ritta BADDOURA : Arisko Palace
(éd. Plaine Page, 2013)

Diane BRASSEUR : Les jalousies (éd. Allary, 2014)
Jean CAGNARD : Grosses joies (éd. Gaïa, 2014)
Laurent CENNAMO : Pierres que la mer a consumées (éd. Samizdat, 2013)
Thierry CLAIR-VICTOR : Frédérick (éd. De Soledade, 2013)
Yvon Le MEN : En fin de droits (éd. Bruno Doucey, 2014)
Fred SOCHARD : Cordel cheminot (éd. Les Arêtes, 2012)

DISGRESSION (carte blanche sur un domaine autre que la littérature)
Anne MONTEIL-BAUER : Là où nos pas nous mènent (I)  : Judith Scott
« Pris dans le diktat des choses à faire, qu’est-ce qui fait qu’on pousse une porte plutôt qu’une autre ?
Être plume, être fil, presqu’invisible, ne vous frôler que par la caresse.
Pas de tsouin-tsouin, pas d’œillades, pas d’arrières pensées, pas de… »

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JuDi (extraits) https://revuedissonances.com/judi/ Tue, 22 Dec 2015 01:20:13 +0000 http://revuedissonances.com/?p=654 DISSONANCES #28 | AILLEURS Journal de Quelque Part « 20 octobre. Premier jour en CAP cuisine. J’ai fait des crêpes hier soir. Trop pour moi toute seule. Frappé chez la voisine vers 8 heures, il faisait pas bien jour encore. Elle a entrebâillé sa porte juste assez pour l’assiette de crêpes et dissimuler ou découvrir sa petite mine…Lire la suite JuDi (extraits)

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DISSONANCES #28 | AILLEURS
Journal de Quelque Part
« 20 octobre. Premier jour en CAP cuisine. J’ai fait des crêpes hier soir. Trop pour moi toute seule. Frappé chez la voisine vers 8 heures, il faisait pas bien jour encore. Elle a entrebâillé sa porte juste assez pour l’assiette de crêpes et dissimuler ou découvrir sa petite mine au réveil. On habite le même bâtiment HLM, on y est pas mal loties, on a chacune nos raisons d’y être et nos rêves éveillés d’être ailleurs. En formation CAP, on est 8. Motivés : un métier dans les mains, du boulot à la clé. Non sans inquiétude : être à la hauteur, être CAP’. La vie rend modeste, mais on n’est pas cassés. Roseaux.
Courrier du jour : cantine, 191,76 euros pour le premier trimestre. Je l’ai épinglée au mur de la cuisine, à côté de la redevance des ordures ménagères, 94,50 euros à régler avant le 1er novembre. À côté de la taxe d’habitation, 501 euros, à régler au plus tard le… »

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DISSO #28 : Antoine EMAZ https://revuedissonances.com/emaz-antoine-entretien/ Tue, 22 Dec 2015 01:00:44 +0000 http://revuedissonances.com/?p=644 Extrait de l’entretien avec Antoine EMAZ publié dans DISSONANCES #28    Antoine EMAZ (petit) Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? Pour les poèmes, plutôt « contre », « dans », « malgré ». Pour la critique, ce serait plutôt « pour », « hors », « à propos de ». Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ? Nulle.…Lire la suite DISSO #28 : Antoine EMAZ

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Extrait de l’entretien avec Antoine EMAZ publié dans DISSONANCES #28

ae 4   Antoine EMAZ (petit)

Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
Pour les poèmes, plutôt « contre », « dans », « malgré ». Pour la critique, ce serait plutôt « pour », « hors », « à propos de ».

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
Nulle. Par contre, il y a un choix strict entre ce que j’écris et ce que je publie.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Je vis. Quand j’écris aussi, mais doublement.

Qui est votre premier lecteur ?
Moi. En essayant d’être le plus extérieur possible. J’aurais aussi pu répondre : le temps. Les poèmes doivent dormir beaucoup.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Un ami. Un vrai lecteur. Quelqu’un qui n’a pas peur et connaît bien son métier.

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
Publier en revues, avant. Prendre son temps. Lire ce que fabrique l’éditeur souhaité. S’il y a refus ou non-réponse, ne pas se croire nul, et…

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #28

BIO

Né en 1955 à Paris, Antoine EMAZ vit à Angers. Considéré comme un des acteurs principaux de la poésie française contemporaine (la revue Europe lui a consacré un dossier dans son numéro de mars 2015, il a présidé la commission poésie du Centre National du Livre de mars 2009 à 2013), Antoine EMAZ a puissamment interrogé l’acte d’écriture et construit une œuvre (poétique et théorique) qui impressionne à la fois par sa dimension, sa force et sa pureté.

BIBLIO SÉLECTIVE

De peu (éd. Tarabuste, 2014)
Flaquesnotes (éd. Centrifuges, 2013)
Cuisinenotes (éd. Publie.papier, 2012)
Sauf (éd. Tarabuste, 2011)
Poèmes pauvres (éd. AEncrages & Co, 2010)
Lichens, encore notes (éd. Rehauts, 2009)
Peau (éd. Tarabuste, 2008)
Caisse Claire poèmes 1990-1997 (éd. Seuil, 2007)
K.-O. (éd. Inventaire-Invention, 2004)
Boue (éd. Deyrolle, 1997)
Peu importe (éd. Le Dé bleu, 1993)
En deçà (éd. Fourbis, 1990)

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LAMBERT Danielle (extraits) https://revuedissonances.com/lambert-danielle/ Tue, 22 Dec 2015 00:43:31 +0000 http://revuedissonances.com/?p=640 DISSONANCES #28 | AILLEURS Ce qui existe « I / Quelquefois c’est là, voile de mémoire danse, scintille, appelle, effleure. Une joie ancienne, comme une idée de joie s’éparpille. Au-dessus des cadeaux, zébrées de feuilles de gel, les vitres étincellent. Ce que tu étais, tu ne le rejoins plus. Il neigera un silence épais et sans refuge. Le temps…Lire la suite LAMBERT Danielle (extraits)

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DISSONANCES #28 | AILLEURS
Ce qui existe
« I / Quelquefois c’est là, voile de mémoire danse, scintille, appelle, effleure. Une joie ancienne, comme une idée de joie s’éparpille. Au-dessus des cadeaux, zébrées de feuilles de gel, les vitres étincellent.
Ce que tu étais, tu ne le rejoins plus.

Il neigera un silence épais et sans refuge. Le temps s’en emparera.

Il y aura ce coton jaune pâle comme un début de printemps. Une jupe plissée, un corps déporté, de lointains parfums d’aubépine insaisissables à pleurer. Silence bruissant. Rai de lumière en poussières de cathédrale sur une heure immobile.

Puis une autre jupe plissée, à bretelles. Neige qui recouvre sans rien découvrir. Un jour après un autre jour, une année glisse. Te… »

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MÉRAND Sarah (extraits) https://revuedissonances.com/merand-sarah/ Tue, 22 Dec 2015 00:36:10 +0000 http://revuedissonances.com/?p=635 DISSONANCES #28 | AILLEURS Après le dégoût « Maintenant que je suis mort, je vois tout. Alors je te regarde. J’ai été là pour te voir grandir avec l’envie profonde, presque originelle, d’être ailleurs. J’ai été le seul témoin de ton monde froid, vide, inhospitalier et mon inquiétude pour toi ne cessait de croître. Je ne suis pas…Lire la suite MÉRAND Sarah (extraits)

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DISSONANCES #28 | AILLEURS
Après le dégoût
« Maintenant que je suis mort, je vois tout. Alors je te regarde.
J’ai été là pour te voir grandir avec l’envie profonde, presque originelle, d’être ailleurs. J’ai été le seul témoin de ton monde froid, vide, inhospitalier et mon inquiétude pour toi ne cessait de croître. Je ne suis pas mort en paix et la vigilance douloureuse que j’ai toujours eue à ton égard, est le seul lien que je peux maintenir.

Dans l’appartement de ce riche désoeuvré, tu te lèves doucement.
Lui est endormi sur le dos, les mains croisées dans ses poils longs, épais et enchevêtrés comme des mauvaises herbes grasses, sur le dôme rond et blanc de son ventre.
Hier, à peine es-tu arrivée chez lui, qu’il t’a assise sur le canapé. Il voulait parler avant de s’enfoncer frénétiquement entre tes… »

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ROLLAND Annie (extraits) https://revuedissonances.com/rolland-annie/ Tue, 22 Dec 2015 00:27:03 +0000 http://revuedissonances.com/?p=630 DISSONANCES #28 | AILLEURS Au point de n’avoir plus d’âge « J’ai grandi dans la certitude que je tenais le monde dans mes mains en scrutant les cartes que les géographes avaient dessinées. Je devais peut-être cette conviction à mon père qui, par ses longs voyages, me contraignait à le suivre en promenant mes yeux sur les planisphères.…Lire la suite ROLLAND Annie (extraits)

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DISSONANCES #28 | AILLEURS
Au point de n’avoir plus d’âge
« J’ai grandi dans la certitude que je tenais le monde dans mes mains en scrutant les cartes que les géographes avaient dessinées. Je devais peut-être cette conviction à mon père qui, par ses longs voyages, me contraignait à le suivre en promenant mes yeux sur les planisphères. Et parce qu’il dessinait les cartes marines, je tenais pour acquis que l’on n’est jamais perdu tant que l’on peut tracer les lignes méridiennes et encoder la topographie sur une feuille de papier. Au désert, sans carte et sans boussole, j’ai dû apprendre à regarder la forme des pierres, des dunes, des arbres, apprendre à naviguer à vue comme on le fait aussi en mer, non loin des côtes familières. Mais rien n’est naturel, pas plus en mer qu’au désert. La connaissance de l’espace procède d’un héritage ancestral doublé d’un apprentissage quotidien. Le désert ne peut… »

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WOLOWIEC Boris | Nuages https://revuedissonances.com/575-2/ Mon, 21 Dec 2015 19:46:15 +0000 http://revuedissonances.com/?p=575 Coup-de-coeur de David MARSAC pour Nuages de Boris WOLOWIEC DISSONANCES #28 Boris Wolowiec existe. Boris Wolowiec est un mystère. Son œuvre est née là déjà là, d’un coup, au net et sur le net, www, boriswolowiec, point fr. Le livre que nous lisons est l’iceberg inversé des nuages dans le ciel, dans l’en-deçà du ciel, dans le marbre imprimé.…Lire la suite WOLOWIEC Boris | Nuages

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Coup-de-coeur de David MARSAC pour Nuages de Boris WOLOWIEC
DISSONANCES #28

nuages

Boris Wolowiec existe. Boris Wolowiec est un mystère. Son œuvre est née là déjà là, d’un coup, au net et sur le net, www, boriswolowiec, point fr. Le livre que nous lisons est l’iceberg inversé des nuages dans le ciel, dans l’en-deçà du ciel, dans le marbre imprimé. Boris Wolowiec existe. Boris Wolowiec est un mystère. Voyez sa vie. Lisez son œuvre. Celle d’un reclus dans la verdure, d’un écrivain prieur, d’un crâne source-fontaine, d’une hémorragie syntaxique. Nuages, dans l’œuvre déjà profuse, est une ode au génitif, au complément du nom absent de la mère, à l’infini de son bégaiement : « Les nuages lévitent les golgotha de buée somnambule du gris blanc. »
La poésie de Wolowiec est propulsée et retenue par la fureur d’exactitude qui court au cœur inaccessible des mots qui se dérobent et que la main tachée arrache à même le calvaire du crâne : «  Les nuages surgissent abandonnés à oui. Les nuages surgissent abandonnés à l’aveuglement de à oui tu sauf. »
Jamais le lait du langage n’apaisera les halètements du poète nourri au Génitif du Nom. Le lai n’aime ni le lait ni le laïc. L’entraînement de la syntaxe épuise la nonchalance de la définition. Le dictionnaire est une aberration car le poète engendre lui-même sa propre langue, il en est la matrice et la génisse. Le lecteur est prié de lâcher sa tétine et son petit pot de beurre, et d’aller chercher consolation d’un saut éblouissant dans la tendresse à blanc du vide : « Les nuages mangent le ciel par la poitrine de la syncope.  »

éd. Le Cadran ligné, 2014
48 pages
10 euros

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MOURIER-CASILE Pascaline | Paula toute seule https://revuedissonances.com/568-2/ Mon, 21 Dec 2015 19:37:52 +0000 http://revuedissonances.com/?p=568 Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Paula toute seule de Pascaline MOURIER-CASILE DISSONANCES #28 Paula : une seule et même île intérieure mais multipliée au gré des liaisons avec des transfuges d’un moi circonspect : il fait le tour de l’autre, le tient en respect jusqu’à manipuler son désir et l’éconduire, mais ce n’est pas tant lui qui est trompé que la…Lire la suite MOURIER-CASILE Pascaline | Paula toute seule

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Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Paula toute seule de Pascaline MOURIER-CASILE
DISSONANCES #28

paula

Paula : une seule et même île intérieure mais multipliée au gré des liaisons avec des transfuges d’un moi circonspect : il fait le tour de l’autre, le tient en respect jusqu’à manipuler son désir et l’éconduire, mais ce n’est pas tant lui qui est trompé que la solitude, cette fragile tour qui se fortifie après qu’elle a été ébranlée. Alors seulement la vie peut affluer, le corps s’abandonner à la secrète galerie de ses miroirs et enchantements. Le lecteur glisse au cœur des choses : une eau brûlante qui s’évapore, un œil de lézard, le crissement d’une soie jaune, une branche de fenouil aves ses ombelles. L’image poétique tout comme les rencontres amoureuses sont des intercesseurs entre le réel et la merveille qui permet d’accéder à l’autre en soi. La figure de Paula est confiée à différentes instances qui se relaient, s’interceptent, brouillent savamment l’identité comme l’espace-temps : c’est tantôt je tantôt elle et puis à la fin, François, l’ultime amour, le double insulaire, le moi archaïque, l’élu narrateur, a droit, lui, de l’identifier comme  elle  et donc de la mettre en forme, avec son ébauche de roman. Ce stratagème narratif révèle que, par l’abandon aux courants contraires et le décrochage de sa propre narration, le réel, paradoxalement, s’ancre et définit la figure qui tenait l’autre à distance. Le personnage est ainsi pris au sens érotique, organique et intellectuel du terme, jusqu’à être compris, incorporé, enfin rendu à sa matière libre. Il peut désormais veiller, comme l’œil d’un étang sans paupière : « Paula disparue, Paula silencieuse. Paula noyée enfin au creux tiède, visqueux et paisible du vieil étang qui si longtemps la fascina. »

éd. Maurice Nadeau, 2014
251 pages
15 euros

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REYES Alina | Poupée, anale nationale https://revuedissonances.com/reyes-alina-poupee-anale-nationale/ Mon, 21 Dec 2015 19:15:09 +0000 http://revuedissonances.com/?p=564 Regards croisés sur Poupée, anale nationale d’Alina REYES DISSONANCES #28 Jean-Marc FLAPP : Une qui fait non C’est une drôle d’héroïne et une narratrice rare, cette Poupée (jolie ? puisqu’elle nous le dit…) : épouse d’un leader de parti d’extrême-droite qui a comme elle en haine « les bounouilles, les négrichons, les youplaops, les gnangnanquoués, les marxistics, les maçonnics, les…Lire la suite REYES Alina | Poupée, anale nationale

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Regards croisés sur Poupée, anale nationale d’Alina REYES
DISSONANCES #28

zulma 2

Jean-Marc FLAPP :
Une qui fait non
C’est une drôle d’héroïne et une narratrice rare, cette Poupée (jolie ? puisqu’elle nous le dit…) : épouse d’un leader de parti d’extrême-droite qui a comme elle en haine « les bounouilles, les négrichons, les youplaops, les gnangnanquoués, les marxistics, les maçonnics, les politics, les médiatics, les artistics, les sidatics », bloquée et se vautrant (pas seulement en mots) niveau sado-anal, en lutte avec son corps (se lavant et vidant obsessionnellement), horrifiée à l’idée de concevoir un enfant (« Ya des ventres pour ça. De femmes, de brebis, j’en sais rien. Mais pas le mien. »), elle se découvre enceinte et décompense direct, éructant à la face du lecteur fasciné (amusé, dégoûté…) une logorrhée cinglée et très haute en couleurs, comique immédiatement mais vite plus seulement, éclaboussée qu’elle est de phantasmes masochistes, peurs de petite fille et autres faits atroces parmi lesquels fausse-couche, meurtre au ciseau à ongles, extase coprophage… et ça va loin, de fait : « Je sors monembryon de mon soutien-gorge, et je le tends au chien. Enfin il s’intéresse à moi. Il approche sa gueule de ma main, l’attrape, et le boufduncoup. »), ce qui fait de ce livre, beaucoup plus qu’un pamphlet (qu’il fut assurément), en plus d’un coup de maître en matière stylistique, un extrême d’érotisme transgressif et violent à situer (carrément) du côté de Georges Bataille ou de Bernard Noël, l’humour en plus (énorme) et la palpitation : « Marimerdedieu, soipinée entre toutlépétasses et le fruit de tésentrailles fouteleu ma prière foutelaocu je sais pas la faire et je crèverai pas.  » Amen.

Côme FREDAIGUE :
La littérature à l’estomac (et en deçà)
Donner corps à la névrose, expulser le mal être qui colle aux tripes, ainsi pourrait-on présenter Poupée anale nationale qui recourt à une poétique scatologique épousant au plus près les sensations d’une ménagère xénophobe. Au fond, le roman ne peut susciter que deux réactions, le dégoût ou le plaisir régressif tendance pipicaca. Une scène du roman met en abîme cette ambivalence : la narratrice y avale goulûment le contenu excrémentiel des intestins du mari qu’elle vient d’éventrer, en une sorte de cannibalisme coprophage, offrant au lecteur un miroir de son propre rapport au texte. Les uns se boucheront le nez devant cette prose nauséeuse, les autres se pourlécheront, tétant avec délice le « toubonca qui lui coule aufondlagorge, épais et moelleux comme du miel ». Sans doute me dira-t-on que je n’ai rien compris au roman, que je ne perçois pas, derrière la provocation, l’analyse sociopolitique sous-jacente, qu’au fond, si j’avais chaussé mes lunettes lacaniennes, je ne serais pas passé à côté de ce pamphlet dévastateur. C’est possible, mais aborder un tel texte avec la froideur de l’analyste me semble nier le projet d’écriture lui-même, le neutraliser en faisant une allégorie de ce qui est avant tout sang, chair et merde. Je me réjouis du plaisir que certains prendront à cette lecture, car la littérature cela sert aussi à ça, jouir (et faire jouir) du mot sale, transgressif, même si, à titre personnel, je referme le livre comme on referme la cuvette, pour ne pas être incommodé de ce qui, à mes yeux, ne présente pas plus d’intérêt qu’un vomitif.

Anne-Françoise KAVAUVEA :
Rendez-vous manqué
Les œuvres d’Alina Reyes regorgent de tripes exposées, de chairs sanglantes, d’utérus gravides ou non mais qui s’emplissent d’un pénis, d’un fœtus, d’un olisbos, de sexes qui s’emplissent de sang, d’Eros s’effaçant devant Thanatos, de fureur érotique (ou plutôt pornographique) non dénuée d’exultation. Le féminin avec elle s’affranchit du romantisme de bon aloi associé à la littérature « de dames ». Poupée, anale nationale s’inscrit dans cette veine ouverte et paradoxale, puisque la sexualité s’acoquine au politique dans une fusion orgiaque et dégoûtante. A priori, ce pamphlet dénonçant l’extrême-droite à travers un récit grand-guignolesque était alléchant. Poupée, au corps de femme encagé puisque dans cet univers fasciste le monde appartient aux hommes, n’a pour se libérer que l’observation attentive des manifestations corporelles qui la touchent, et le langage qu’elle soumet à ce corps en apparente déliquescence. Pour son mari Primus, chef du « Tronc », parti extrémiste, le contact anatomique (il n’est nullement question d’amour) a pour unique objectif la procréation : origine de la rébellion de Poupée qui refuse d’héberger dans son ventre un « gniardon ». Déluge verbal supposé transcrire la bassesse d’une idéologie, le texte m’apparaît comme prétexte à une création langagière artificielle et sans véritable intérêt noyant le propos dans une sorte de folklore plein de poncifs. Non, Poupée, anale nationale ne satisfait ni ma recherche de liberté dans l’écriture, ni mon envie de découvrir enfin une satire percutante.

Julie PROUST-TANGUY :
Sulfurieuse
Poupée est l’épouse de Primus, le chef d’un parti d’extrême-droite, le Tronc. Rêvant d’être cheftaine « enpolitic » à la place de « Monmari », elle refuse de se plier à ses ordres matrimoniaux. Il est hors de question d’avoir un « polichineldanltiroir  » qui l’envahit et l’empêche de «  rester peinarde  » chez elle à envisager « le grand nettoyage » du pays, celui des étrangers, ces « nouvomorts » pleins d’un « soupçondmerd ». Il n’y a pour elle qu’un seul choix : les « aiguillatricoter », l’expulsion sanguinolente du « fruidemésentrailles », le meurtre scatologique d’un mari et de sa vermine embryonnaire… Réduire « toutenbouillie » ce réel pourri qui dysfonctionne autant que son traître de ventre mutilé.
Alina Reyes fait vomir la langue de son personnage et la fouaille pour en extirper le portrait d’un esprit étriqué. Il y a quelque chose de fascinant, dans cette novela qui tente d’avorter le fascisme de sa voix narrative et qui charcute de la merde idéologique sans parvenir à s’en débarrasser. Reyes a beau dépecer le verbe, celui-ci reste englué dans la charpie des opinions fétides de Poupée, voix « sulfurieuse » de « l’étron national ».
Et le lecteur de rester encrassé, égaré dans ce fatras de croyances ubuesques privées de l’hygiène du politiquement correct, sans trop savoir si Poupée a su le libérer, lui, du contenu sucré de ses convictions parfois trop rose-bonbon ou si, à trop vouloir lui enfoncer le nez dans son ventre écorché de mouche à merde, elle n’a pas tétanisé sa capacité à se détacher du corps monstrueux du texte pour mieux l’apprécier.

éd. Zulma, 1998
96 pages
11,20 euros

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MOREAU | Idiots nos héros https://revuedissonances.com/moreau-idiots-nos-heros/ https://revuedissonances.com/moreau-idiots-nos-heros/#comments Mon, 21 Dec 2015 14:34:44 +0000 http://revuedissonances.com/?p=556 Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Idiots nos héros de MOREAU DISSONANCES #28 « Une famille : deux frères, la mère et le père. De ces quatre-là, Moreau nous fait entendre la voix de trois. Un des garçons d’abord, «  L’UN », qui parle à son frère, « l’autre », la mère ensuite et enfin le père. « Je sais que je suis un idiot / Je sais…Lire la suite MOREAU | Idiots nos héros

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Coup-de-coeur d’Anne VIVIER pour Idiots nos héros de MOREAU
DISSONANCES #28

idiots

« Une famille : deux frères, la mère et le père. De ces quatre-là, Moreau nous fait entendre la voix de trois. Un des garçons d’abord, «  L’UN », qui parle à son frère, « l’autre », la mère ensuite et enfin le père. « Je sais que je suis un idiot / Je sais ça / Je sais / J’ai toujours su ça que je serais ton idiot ». On remonte l’histoire de cette famille à travers ces trois monologues et les ruines des êtres, on reconstitue notamment le puzzle de cette relation ambiguë entre les deux frères que L’Un nous livre dans un premier texte bouleversant. C’est une litanie, une catharsis, la parole longtemps ressassée de L’Un qui se tait et qui est si peu face au jugement, face à la brillance, face à l’éclat de l’Autre : « Et tu parleras de Beckett / Je sais ça / Je sais ça qu’il te faut toujours parler de Beckett ».
Il y a dans ce texte une force étonnante née de la blessure, du silence et de l’ombre. La prise de parole est en elle-même un acte fort et l’écriture de Moreau possède une frontalité et une sincérité déchirées. Ses mots sont posés, des constats, implacables mais presque apaisés, nés d’une longue construction par le regard de l’autre, une construction dans la violence et la douleur silencieuse.
Les trois monologues révèlent ainsi les courants, les vibrations internes individuelles au sein de la cellule familiale et les lignes de forces et de failles qui en relient les membres, des liens qui forgent et détruisent, mais maintiennent en équilibre instable cette famille. Jusqu’à sa rupture : «  Je vous ai regardés. / J’ai compris que quelque chose était détruit  ». »

éd. Théâtre Ouvert, 2013
89 pages
10 €

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LABEDAN Daniel | Central Cosmos https://revuedissonances.com/labedan-daniel-central-cosmos/ Mon, 21 Dec 2015 14:27:51 +0000 http://revuedissonances.com/?p=552 Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Central Cosmos de Daniel LABEDAN DISSONANCES #28 Cosmos est un quartier, une cité, une cage – comme en laboratoire (avec des rats dedans) mais c’est pas fait exprès (« Nous étions persuadés d’être sur la bonne voie, de progresser à la fois dans la conception, la méthode et l’organisation spatiale. […] Jamais je n’aurais pensé que…Lire la suite LABEDAN Daniel | Central Cosmos

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Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Central Cosmos de Daniel LABEDAN
DISSONANCES #28

central

Cosmos est un quartier, une cité, une cage – comme en laboratoire (avec des rats dedans) mais c’est pas fait exprès (« Nous étions persuadés d’être sur la bonne voie, de progresser à la fois dans la conception, la méthode et l’organisation spatiale. […] Jamais je n’aurais pensé que Cosmos deviendrait ça. ») puis ça a tourné mal parce que des rats humains… Cosmos est un mouroir où se croisent, s’échangent, se bousculent, se déchirent les destins et les voix de Franck, 2Shoot, Neuville, Nast ou Princesse Stella qui est un peu de lumière quand elle va au Central danser sur le Velvet et « se fait payer des martinis / par des hommes qui lui racontent / des bobards, / et une fois ivre / trouve n’importe quel plouc / habillé chez Prada / aussi sexy que Steve Mac Queen ». Cosmos est sous tension : coincés entre périph, services sociaux et flics, entassés mais chacun isolé à crever, les rats se sentent mal et ce ne sont pas aux matches de l’Europa F.C. au Victory Stadium ni au centre commercial qu’ils trouvent à se calmer : ils deviennent méchants et se mordent entre eux, au point de se dégoûter (« comment on peut / s’acharner comme ça / sur une fille c’est dingue / complètement dingue / ouais ») alors, au bout du bout du déficit d’espoir, certains mettent le feu qui monte de partout au rythme haletant de textes électriques, coups-de-poing poétiques dont la scansion aspire et projette le lecteur direction l’explosion : palpitant, dense, violent, se lisant d’une traite (presque en secouant la tête) Central Cosmos secoue et se vit du dedans comme on écoute les Stooges : avec la rage, à fond.

éd. La Dragonne, 2009
64 pages
13,5 euros

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ESPERET François | Gagneuses https://revuedissonances.com/esperet-francois/ Mon, 21 Dec 2015 14:15:26 +0000 http://revuedissonances.com/?p=548 Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Gagneuses de François ESPERET DISSONANCES #28 « L’objet est beau, très. Sur la couv, Femme qui tire son bas, mon œuvre préférée de Toulouse-Lautrec. Le livre est d’un format plus large et plus haut que ce que l’on trouve habituellement en librairie et il est joliment cousu. Je lis une dizaine de vers très convaincants…Lire la suite ESPERET François | Gagneuses

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Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Gagneuses de François ESPERET
DISSONANCES #28

gagneuses

« L’objet est beau, très. Sur la couv, Femme qui tire son bas, mon œuvre préférée de Toulouse-Lautrec. Le livre est d’un format plus large et plus haut que ce que l’on trouve habituellement en librairie et il est joliment cousu. Je lis une dizaine de vers très convaincants et file vers la caisse sans avoir percuté qu’Esperet est aussi l’auteur de Larrons, que l’on m’a plusieurs fois chaudement recommandé. Dans la préface, Christophe Mercier évoque un roman-poème. C’est bien de cela qu’il s’agit : une succession de vers libres qui racontent une histoire. Une plongée dans un univers et dans une écriture rarement jetés en pâture aux lecteurs compulsifs avides qu’il se passe enfin quelque chose dans une littérature contemporaine certes foisonnante mais souvent anorgasmique. Trois chapitres : 1/ Six années avec Franck (souteneur est un beau métier), 2 / Six putes qui n’ont pas obtenu un DEA de psycho mais qui en savent davantage que quiconque sur la question des noisettes, 3 / Les condés bandent (enfin !) pour le not very happy end. Crime organisé. Spectres de Villon, Aragon, Piaf… La littérature populaire charge le barillet et Esperet (ancien gendarme si on en croit sa bio) mitraille sa rythmique. C’est Chicago à Moissy-Cramayel. Bandits, caïds, embrouilles, trafics en tout genre, favorites, les dessous des passes comme si vous y étiez, et en cinémascope espertien : « Les soldes à dix euros la pipe avalée vingt vaginal anal à trente et cinquante à nos risques et périls / Les risques envoie ton sida si tu prends ton pied à m’empoisonner ça paiera ma dose ». »

éd. Le Temps des Cerises, 2014
102 pages
10 €

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DIVRY Sophie | La condition pavillonnaire https://revuedissonances.com/divry-sophie-la-condition-pavillonnaire/ Mon, 21 Dec 2015 13:23:31 +0000 http://revuedissonances.com/?p=293 Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour La condition pavillonnaire de Sophie DIVRY DISSONANCES #28 Un poisson rouge dans un bocal, avec un couvercle. C’est ainsi que M.A. perçoit sa vie. M.A. c’est Emma évidemment, reproduction sans fin d’un modèle qui défie toutes les libérations féminines. Adolescente, M.A. est sûre d’une chose : elle ne sera jamais sa mère. « Sur ton lit tu…Lire la suite DIVRY Sophie | La condition pavillonnaire

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Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour La condition pavillonnaire de Sophie DIVRY
DISSONANCES #28

condition

Un poisson rouge dans un bocal, avec un couvercle. C’est ainsi que M.A. perçoit sa vie. M.A. c’est Emma évidemment, reproduction sans fin d’un modèle qui défie toutes les libérations féminines. Adolescente, M.A. est sûre d’une chose : elle ne sera jamais sa mère. « Sur ton lit tu feuillettes un magazine, gribouilles sur une page toujours les mêmes fleurs et penses à l’homme qui t’aimera toujours et ne sentira jamais la sueur. Tout est décidément trop petit pour toi ici, et dans ton corps enfoncé dans les méandres du lit tu te laisses prendre par des rêves de gloire ». Pourtant, brique après brique, M.A. va construire elle-même les murs de sa prison domestique. A coup de petites décisions raisonnables, de renoncements anodins, de rêves de bonheur conjugal et d’accession à la propriété : « Au moins on est chez nous, disais-tu, et c’étaient dans ta bouche des mots magiques. A croire que tu étais la première à faire cette découverte ; être chez soi ; la première à t’installer, défricher, planter, décorer ; oubliant que tes parents avaient déployé la même énergie. » Et soudain il est déjà trop tard, l’amoureux est devenu un gentil mari, la vie a reposé le couvercle sur l’aquarium. L’adultère n’y changera rien. Toujours les enfants, les listes, le bruit du réfrigérateur, le mari en pyjama. Et ce tutoiement entêtant par lequel Sophie Divry nous renvoie à nos propres rêves déçus : « Tu te demandais où était passée ta vie, ce vibrant souffle d’aventure qui t’attendait hors de ta chambre de jeune fille. »

éd. Noir Sur Blanc, 2014
272 pages
17 euros

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CHOPLIN Antoine & MINGARELLI Hubert | L’Incendie https://revuedissonances.com/choplin-antoine-mingarelli-hubert-lincendie/ Mon, 21 Dec 2015 13:12:36 +0000 http://revuedissonances.com/?p=533 Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour L’incendie d’Antoine CHOPLIN et Hubert MINGARELLI DISSONANCES #28 Pavle et Jovan se revoient après des années, celles qui les séparent de la guerre en ex-Yougoslavie. Rencontre fugace, vide, qui ne forme une matière tangible qu’à travers la correspondance qu’ils entament à leur retour. La distance qui les sépare désormais – Pavle vit en…Lire la suite CHOPLIN Antoine & MINGARELLI Hubert | L’Incendie

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Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour L’incendie d’Antoine CHOPLIN et Hubert MINGARELLI
DISSONANCES #28

incendie

Pavle et Jovan se revoient après des années, celles qui les séparent de la guerre en ex-Yougoslavie. Rencontre fugace, vide, qui ne forme une matière tangible qu’à travers la correspondance qu’ils entament à leur retour. La distance qui les sépare désormais – Pavle vit en Argentine, Jovan à Belgrade – dessine une frontière, un territoire impraticable où la compréhension de l’autre s’étire jusqu’au point de rupture. C’est aussi un décalage horaire selon lequel l’un sera toujours plus proche de l’avenir, et l’autre d’un passé dans lequel s’abiment leurs échanges. Les deux anciens soldats cheminent tant bien que mal jusqu’à la mémoire d’une maison calcinée et des événements que le feu n’a pas encore tout à fait consumés. « Ce n’est pas de ta faute, c’est moi qui suis allé là-bas et qui t’en ai parlé. C’est vrai tu ne m’as rien demandé, mais pourquoi me parles-tu du printemps, qu’est-ce que le printemps a à voir avec tout ça. Je te l’ai dit, je ne sais pas encore ce que j’ai ressenti devant la maison, et j’espérais qu’en t’en parlant tu pourrais m’aider, mais toi tu me parles de la sève et des choses vivantes. Tu ne m’as pas compris. » On en revient toujours au bois, celui de la scierie dans laquelle travaille Pavle, celui dont on a fait les archives musicales que classe Jovan à longueur de journée, jusqu’au papier à lettre à la surface duquel s’élabore le récit d’un incendie dont les braises couvent encore sous les non-dits. À travers ces courriers mimétiques, dont les langages se superposent jusqu’à la confusion, Antoine Choplin et Hubert Mingarelli nous renvoient habilement au monologue intérieur que chacun entretient avec ses réalités inavouées.

éd. La Fosse aux Ours, 2015
82 pages
13 euros

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CARRAR Xavier | Erreur 404 https://revuedissonances.com/carrar-xavier-erreur-404/ Mon, 21 Dec 2015 11:23:37 +0000 http://revuedissonances.com/?p=509 Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Erreur 404 de Xavier CARRAR DISSONANCES #28  Huit lycéens d’une cité X. Ils croient voir « un arbre qui marche, en feu ». Leur prof vient de s’immoler en leur « envoyant des bisous » sans autre mot que «  c’est pour vous ». Tandis qu’ils se questionnent sur cet acte, on annonce l’immolation d’un jeune au Maghreb. Le…Lire la suite CARRAR Xavier | Erreur 404

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Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Erreur 404 de Xavier CARRAR
DISSONANCES #28 

erreur

Huit lycéens d’une cité X. Ils croient voir « un arbre qui marche, en feu ». Leur prof vient de s’immoler en leur « envoyant des bisous » sans autre mot que «  c’est pour vous ». Tandis qu’ils se questionnent sur cet acte, on annonce l’immolation d’un jeune au Maghreb. Le texte, ponctué par la radio, les retours de Mme L et le leitmotiv « We are deeply concerned », superpose l’embrasement du monde arabe au sacrifice de la prof, la révolte d’une jeunesse au fatalisme d’une autre. Les adolescents évoquent tour à tour avec lucidité, humour et désenchantement leur avenir, le rôle de l’école (« Qui va nous sauver ? Quand même les profs trouvent pas d’autres solutions que de se cramer ? »), la cité, l’intégration (« Pour mieux s’intégrer faut commencer par avoir honte »), les rêves des parents. Tantôt les voix muent en un florilège choral de discours politiques nauséabonds (karcher, bruit et odeur), tantôt elles se suspendent aux désillusions de la prof sur l’école qui exclut, la société qui étouffe. C’est finalement le devoir de révolution évoqué par la radio qui va éveiller leurs consciences : « Là bas y a un frère qui se crame et ça provoque une révolution. Nous on chiale. On fait une petite marche blanche et on lance des ballons ». Des mots pour nourrir la révolte en germe, pour donner sens aux derniers mots, au geste ultime de Mme L – exister par l’insoumission : « Finie la becquée. Ce n’est plus à moi de dire. C’est à vous d’agir. Soyez enragés ».
Texte théâtral haletant, Erreur 404 fait entendre les voix bouleversantes d’une enseignante et d’une jeunesse à bout de rêves et d’avenir.

Lansman éd., 2014
63 pages
10 euros

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DISSO #29 : Eric PESSAN https://revuedissonances.com/eric-pessan-entretien/ Sun, 20 Dec 2015 20:23:45 +0000 http://revuedissonances.com/?p=411 Extrait de l’entretien avec Eric PESSAN publié dans DISSONANCES #29    Eric PESSAN (petit) Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? Trop longtemps, j’ai tenté d’écrire « contre » : contre mon éducation, contre ma culture que je jugeais bien trop populaire, puis – peu à peu – j’ai appris à écrire « pour »,…Lire la suite DISSO #29 : Eric PESSAN

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Extrait de l’entretien avec Eric PESSAN publié dans DISSONANCES #29

tipessan   Eric PESSAN (petit)

Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
Trop longtemps, j’ai tenté d’écrire « contre » : contre mon éducation, contre ma culture que je jugeais bien trop populaire, puis – peu à peu – j’ai appris à écrire « pour », à respecter le bric-à-brac dont je suis composé. Il n’y a plus qu’en politique où je n’arrive pas à aller « pour ».

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
Beaucoup de contraintes, toujours, mais elles n’intéressent que moi, elles sont les os sous la chair. Elles restent souterraines, sinon elles imposent un formalisme qui tient souvent du simple exploit.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Je cuisine, je marche, je cours dans tous les sens pour animer des ateliers qui me font vivre, je prends des trains à travers la plaine, je saute à l’élastique, je pêche des amphores au fond des criques, je m’occupe de ma famille et je lis.

Qui est votre premier lecteur ?
Cela dépend : ma compagne ou mon éditeur.

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Dans l’absolu, un bon éditeur est celui qui reçoit le texte sans se poser la question de son genre ni de son devenir commercial. Un bon éditeur sait lire le texte en se..

…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #29

BIO

Né en 1970 à Bordeaux, vivant actuellement dans la région de Nantes, Éric PESSAN s’est adonné très tôt – à peu près entièrement et de toutes les façons – à la littérature : écrivain polymorphe (romans, nouvelles, essais, pièces de théâtre, fictions radiophoniques, poésie, littérature jeunesse, articles, textes en collaboration avec des plasticiens), il a été également rédacteur en chef de la revue Éponyme (quatre numéros parus aux éditions Joca Seria), est membre de comités de rédaction (remue.net, Espace(s), 303) et anime des ateliers d’écriture et des rencontres littéraires.

BIBLIO SÉLECTIVE

roman
Muette (éd. Albin Michel, 2013)
nouvelles
Croiser les méduses (éd. In-8, 2011)
essai
Ôter les masques sur Shining de Stephen King (éd. Cécile Defaut, 2012)
collaboration avec des plasticiens
Le livre parfaitavec Pierrick Naud (éd. Circa 1924, 2009)
théâtre
La grande décharge (éd. de l’Amandier, 2011)
poésie
Moi, je suis quand même passé (éd. Cousu Main, 2010)

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HYVERNAUD Georges | La peau et les os https://revuedissonances.com/hyvernaud-georges-la-peau-et-les-os/ Sun, 20 Dec 2015 18:28:36 +0000 http://revuedissonances.com/?p=358 Regards croisés sur La peau et les os de Georges HYVERNAUD DISSONANCES #25 Jean-Marc FLAPP : Table rase « Picolo te reconnaît bien, tu sais, m’a dit Tante Julia. Picolo, c’est le chien. Baveux, chassieux, ignoble, il tremblote sur un coussin. » : dès les premières lignes de La Peau et les os, Hyvernaud dégaine et dégomme, froidement et…Lire la suite HYVERNAUD Georges | La peau et les os

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Regards croisés sur La peau et les os de Georges HYVERNAUD
DISSONANCES #25

00 couv la peau et les os

Jean-Marc FLAPP :
Table rase
« Picolo te reconnaît bien, tu sais, m’a dit Tante Julia. Picolo, c’est le chien. Baveux, chassieux, ignoble, il tremblote sur un coussin. » : dès les premières lignes de La Peau et les os, Hyvernaud dégaine et dégomme, froidement et pas de quartiers… la Famille donc d’abord, bonne bouffe, bonne humeur, bons sentiments, bonheur – tant de bontés l’excluent, l’étouffent, le dégoûtent : les cinq années de camp d’où il vient de rentrer l’ont minéralisé et il n’y a plus en lui que la lucidité de la mémoire crue qui s’enclenche et on y est… dans le piteux troupeau des vaincus hébétés se traînant dans l’été vers la Poméranie ; aux chiottes de l’oflag où par groupes de seize « huit d’un côté, huit de l’autre […] côte à côte, dos à dos […] ensemble dans un gargouillis de paroles, d’urine et de tripes » on se vide vite fait ; dans l’atmosphère épaisse de la piaule où trente hommes ronflent demi-gelés ; à regarder les Russes – fantômes effarés – balancer dans les fosses de pleines charretées de crevés qu’ils piétinent pour plus en entasser… on est là où l’humain révèle ce qu’il est : vilain, faible et foireux. Car ce que pointe ce livre sec et dur comme une trique, écrit au vitriol, totalement habité, ce n’est pas tant la guerre et ses absurdités que notre petitesse et nos méchancetés, que notre solitude, que la vanité de tout. D’une noirceur totale, d’un style éblouissant (pas une once de graisse : chaque mot fulgurant), ce texte halluciné, fracassé, déchirant – à (re)lire absolument – est de ces oeuvres rares dont on sort bouleversé.

Côme FREDAIGUE :
« Un bouquin désolant »
Avec la sècheresse d’une démonstration, Georges Hyvernaud décrit dans La Peau et les os son expérience de la captivité, un effroyable cortège de vexations aboutissant à ce constat sans appel : « la vérité, c’est l’homme humilié ». Tout l’édifice social, culturel, moral sur lequel s’appuie l’idée d’humanité s’évanouit dans l’odeur des cabinets où chacun défèque sous le regard des autres. Le corps emporte tout, devient la seule réalité tangible, une réalité qu’Hyvernaud relate sans ménagement, sans artifice. L’Histoire agit pour lui comme un révélateur : l’homme n’est qu’un animal déguisé en homme, sa dignité supposée relève du mensonge et son héroïsme de la littérature, c’est à dire de l’hypocrisie. Que reste-t-il à cet individu, ce « sac de tripes »  que les camps ont dépouillé de tous ses oripeaux ? « Il n’y a rien » répond laconiquement l’ultime phrase du livre qui se referme en abandonnant le lecteur face à un bloc de nihilisme.
Faut-il lire un tel texte ? La claque est si rude que l’on serait tenté de le déconseiller. On aurait tort. Ce récit met à jour le ressort de toute entreprise de déshumanisation : faire accepter la déchéance à celui qu’on avilit. La Peau et les os est « un bouquin désolant » qu’écrit un homme défait, désormais incapable de croire en sa propre humanité, c’est le livre d’un mutilé qui ne peut plus porter sur son espèce qu’un regard de bête lucide. Soutenir ce regard, prendre la mesure du désastre, c’est peut-être donner une chance à cette fragile part de nous-même sans laquelle nous ne serions pas humains.

Anne-Françoise KAVAUVEA :
Ego te intus et in cute novi…
C’est le récit d’un retour, d’une place à reconquérir dans le quotidien de ceux qui n’ont pas vécu l’exil, la lente, irrémédiable dégradation d’un corps, d’un esprit, de ceux qui ne peuvent partager l’expérience vécue loin d’eux, qui ne peuvent même la comprendre. Piètre Ulysse de retour d’un misérable voyage, reconnu par un chien qui lui ressemble, le narrateur est contraint de taire aux siens l’enfermement tant il prend la mesure de son isolement. En ce stalag où il a vécu cinq ans parmi ses semblables, nulle chaleur, nulle solidarité. Chacun est rentré en lui-même, seuls subsistent les petits travers, l’émiettement d’une personne, sa réduction à une peau repoussante, tavelée, ulcérée, malodorante. Face à la banale furie d’un Lageroffizier ne s’élève aucune révolte. Non, il est juste question de sauver cette peau devenue trop grande pour une chair si médiocre. L’inutilité de gestes répétés rythme une pauvre vie réduite à la satisfaction de piètres besoins. Le camp n’est pas voué à l’extermination ; les hommes cependant s’y trouvent condensés à l’expression de ce qu’ils ont de plus vil. Et la cohorte des Beuret, Chouvin, Ure, Peignade, Pochon, Vignoche se traîne dans l’espoir d’une malheureuse ration de gras, ombres d’humains, cortège dépenaillé et blafard. Les os, eux, demeurent cachés. Nulle gloire pour le soldat de retour ; seule cette peine d’avoir été dépossédé de lui-même sans que personne ne le sache. La voix de Georges Hyvernaud n’ose se faire clameur… Le récit en est d’autant plus poignant.

Julie PROUST-TANGUY :
Contre l’hypocrisie
Toucher la limite inférieure de ce qu’est un être. Renoncer à cette humanité dont on a pu être si fier, pour devenir « des êtres sans frontières, pareils, mêlés, dans l’odeur de leurs déjections ». Dire la captivité, la soumission, le « destin de chair » absorbé par « le destin d’ombre ».
De tous les livres sur les camps, celui-ci est peut-être le plus brutal : il dit sans fard, sans crachat, dans une simplicité crue et concrète, la réalité d’une expérience qui dépouille un homme jusqu’à ne plus lui laisser que la peau, les os et l’obstination de durer. Il étale aussi, avec une lucidité effrayante, l’indifférence de ceux qui voient revenir ces revenants impossibles et qui refusent d’accepter l’horreur de leurs récits, sauf si le pathos en est démultiplié.
Son existentialisme cru fait l’effet d’une douche froide, salutaire : l’abjection commence avec l’hypocrisie sociale, scande la plume claire et directe d’Hyvernaud. Avant et après la régression imposée par les camps, c’est surtout la fausseté de l’espèce humaine qui désorganise le réel, altère la vie et la rend médiocre, nous réduisant au statut de corps perdus dans un univers dépourvu de sens et de dignité.
On referme La Peau et les Os avec la sensation d’avoir lu bien plus qu’un témoignage : un regard lucide et poignant sur la condition humaine.

éd. du Scorpion, 1949 / éd. Le Dilettante, 1995
158 pages
13,57 euros

 

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DISSO #25 : CLARO | entretien intégral https://revuedissonances.com/entretien-claro/ Sun, 20 Dec 2015 18:16:09 +0000 http://revuedissonances.com/?p=360 Entretien avec CLARO (publié dans DISSONANCES #25)    CLARO (petit) Ecrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ? J’écris contre, tout contre, contre la langue et tout contre la langue. C’est un tango satanique, et la piste de danse, comme la page, ne reste pas vierge longtemps. Quelle est la part…Lire la suite DISSO #25 : CLARO | entretien intégral

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Entretien avec CLARO (publié dans DISSONANCES #25)

Claro   CLARO (petit)

Ecrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
J’écris contre, tout contre, contre la langue et tout contre la langue. C’est un tango satanique, et la piste de danse, comme la page, ne reste pas vierge longtemps.

Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
La contrainte est énorme, permanente, double : laisser passer les flux & les contrôler. La contrainte, c’est empêcher le langage commun de phagocyter le dit rare.

Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
Je lis, je cuisine, je perds au Scrabble, j’admire mes enfants, je regarde Le Magicien d’Oz pour la centième fois, mais surtout j’embrasse ma femme.

Qui est votre premier lecteur ?
Ma femme. D’abord elle dit « wow », puis après elle dit « y a un ou deux trucs qui ne vont pas ».

Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
C’est un éditeur qui devine, propose, oriente parfois. Quelqu’un qui vous laisse également aller dans d’autres directions. Quelqu’un qui vous invite à déjeuner même quand vous n’avez pas de manuscrit à lui rendre. Quelqu’un qui a de l’humour – si votre éditeur n’a pas le sens de l’humour, changez d’éditeur.

Que diriez-vous à un auteur cherchant son premier éditeur ?
N’oubliez pas que c’est votre livre qui sera publié, pas vous. Votre éditeur devra être un vrai lecteur, pas un exégète. N’attendez pas qu’il dissèque tout. Et surtout, demandez-lui un bilan santé avant de vous engager dans une grande aventure éditoriale. On ne sait jamais.

Quelle fut votre première grande émotion de lecteur ?
Les Malices de Plick et Plock, de Christophe. La couverture était bizarre, on avait l’impression que les mots palpitaient. Depuis, je recherche toujours cette impression.

Que faut-il lire de vous ?
Aucune idée. Je pense que la meilleure façon de débarquer dans une œuvre, c’est de faire confiance à un ami qui l’a déjà visitée. Lui seul saura si ce voyage est pour vous ou pas. Mais lisez quand même CosmoZ, ça me fera plaisir.

Votre ego d’écrivain vous gêne-t-il pour marcher ?
J’ai l’orgueil de garder ma vanité pour moi. Ecrire, c’est avant tout apprendre à laisser l’ego au vestiaire. Et puis, pour écrire, pas la peine de savoir marcher.

Qu’est-ce que la poésie ?
C’est ce qui reste quand on a tout prosifié.

Trois œuvres qui vous ont sidéré…
Les Géorgiques, de Claude Simon. Le « Marat », de David. « Wozzeck », de Berg.

Qu’est-ce qui vous anime ?
La nécessité d’écrire pour intensifier le sens de cette nécessité.

Comment vivez-vous votre époque ?
Je la vois comme un grand supermarché aux rayons vides dont les néons clignotent au rythme d’une musique qui n’en est même pas une. Bref, j’attends les vandales.

Êtes-vous plutôt « jour » ou « nuit » ?
J’écris le jour, dès le matin, très tôt. La nuit, ma foi, je crois qu’il y a mieux à faire. Et ma femme est assez d’accord avec ça.

Où vous êtes-vous senti le mieux ?
Il m’est impossible de concevoir cette question au passé. Je suis étanche à la nostalgie.

Quelle femme auriez-vous aimé être ?
Louise Colet. J’aurais guetté le facteur tous les jours avec des frissons dans la nuque.

Qu’est-ce qui est pour vous véritablement érotique ?
Je ne vais quand même pas vous filer le 06 de ma femme, ne rêvez pas.

Quelle est votre plus belle réussite ?
J’ai deux grandes fiertés : savoir réparer des chiottes et ne jamais avoir eu de prix littéraire. J’ai trouvé d’ailleurs que les deux expériences entretenaient quelques liens.

Qu’avez-vous vraiment raté ?
Mon deuxième roman. Et une tarte au citron vert. J’avais mis les zestes mais pas le jus. La honte.

Qu’admirez-vous ?
Les gens qui n’ont aucun problème avec les « ouvertures faciles », les gens qui ne renoncent jamais, les gens qui me supportent.

Que vomissez-vous ?
La cuistrerie sous toutes ces formes et la poire williams à forte dose.

Où en êtes-vous avec l’utopie ?
Je la trouve un peu trop terre à terre.

Qu’attendez-vous des autres ?
Leur amour indéfectible. Qu’ils me rendent les livres que je leur prête. Leur sens de l’orientation quand on se promène ensemble. La démonstration régulière de leurs talents culinaires. Bref : leur amour indéfectible.

Quelle pourrait être votre épitaphe ?
« Pensez à faire une sauvegarde. »

Merci Claro.

BIO

CLARO est né à Paris en 1962. Après des études de Lettres, il travaille en librairie et devient correcteur pour différentes maisons d’édition. Il publie son premier roman (Ezzelina) en 1986 aux éditions Arléa et est aujourd’hui l’auteur d’une quinzaine de fictions. Il a par ailleurs traduit de l’américain une centaine d’ouvrages : Vollmann, Gass, Gaddis, Rushdie… Depuis 2004, il est également co-directeur (avec Arnaud Hofmarcher) de la collection « Lot 49 » au Cherche-Midi Editeur ; membre du collectif « Inculte », il tient régulièrement un blog littéraire, « Le Clavier Cannibale ». CLARO vit à Paris avec sa femme, la cinéaste Marion Laine.

BIBLIO SÉLECTIVE

Ezzelina (Arléa, 1986)
Livre XIX (Verticales, 1997)
Enfilades (Verticales, 1998)
Tout son sang brûlant (La Pionnière, 2000)
Bunker anatomie (Verticales, 2004)
Black Box Beatles (Naïve, coll. Naïve sessions, 2007)
Vers la grâce (Association minuscule, Miniatures, 2007)
Madman Bovary (Verticales, 2008)
Le Clavier cannibale (Éditions Inculte, coll. « Temps réel », 2009)
Mille Milliards de Milieux ([(Le Bec en l’Air éditeur)], 2010)
CosmoZ (Actes Sud, 2010)
Tous les diamants du ciel (Actes Sud, 2012)

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FRIBOULET Muriel (extraits) https://revuedissonances.com/friboulet-muriel/ Sun, 20 Dec 2015 17:48:01 +0000 http://revuedissonances.com/?p=351 DISSONANCES #25 | LA PEAU Consolation à Mme D « Sans lever les yeux elle dit : vous êtes jeune et vigoureuse, Ina. C’est enviable, si vous saviez comme c’est enviable. J’ai pensé encore un de ces maux échappés du vase descellé par la Pandora, la fonction de celui-ci est d’attrister les gens de ce que d’autres…Lire la suite FRIBOULET Muriel (extraits)

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DISSONANCES #25 | LA PEAU
Consolation à Mme D
« Sans lever les yeux elle dit : vous êtes jeune et vigoureuse, Ina. C’est enviable, si vous saviez comme c’est enviable. J’ai pensé encore un de ces maux échappés du vase descellé par la Pandora, la fonction de celui-ci est d’attrister les gens de ce que d’autres nés plus tard vivent et jouissent de leurs jeunes années pendant qu’eux-mêmes… qu’y puis-je, pourtant à son âge elle aurait dû s’habituer à cette cruauté, oui on l’enterrera avant ses enfants, avant ceux de ses amies, avant toutes ces belles filles couvertes des robes qu’elle choisit puis achète, saison après saison, non pas tant pour être vêtue plaisamment que devant les miroirs distraire les yeux de ses genoux trop ronds, de ses bras trop charnus, de son cou épaissi, enfin de cette sorte de foisonnement des chairs venu avec l’âge, le temps travaillant les corps féminins comme ces… »

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VINCENT Jacques (extraits) https://revuedissonances.com/vincent-jacques/ Sun, 20 Dec 2015 17:40:49 +0000 http://revuedissonances.com/?p=346 DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR ! Sieste « Des signes de vieillissement sur le corps de l’aimée étonnent son désir quand leurs peaux se découvrent. Renonçant à ses peurs, il l’enlace. Elle accueille son ardeur, la contient par des mots. Rien ne presse maintenant que nous voilà nus et unis. Ils se butinent, bougent à peine et…Lire la suite VINCENT Jacques (extraits)

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DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Sieste
« Des signes de vieillissement sur le corps de l’aimée étonnent son désir quand leurs peaux se découvrent. Renonçant à ses peurs, il l’enlace. Elle accueille son ardeur, la contient par des mots. Rien ne presse maintenant que nous voilà nus et unis. Ils se butinent, bougent à peine et s’insinuent dans un même temps, à l’unisson des bruits et des voix qui montent de la rue.

En fin d’après-midi, sur un banc du parc, ils écoutaient les châtaigniers agiter leurs bras rouillés. Le soir, ils mangèrent des huitres en buvant du Cognac puis regardèrent… »

DISSONANCES #28 | AILLEURS
Littérature de gares
« Elle me dit en plaisantant : tu as peur de te sédentariser et je rêvai que je partais en voyage en laissant ma demeure à ciel ouvert.
L’eau des larmes recueillies avec patience se renverse sur un quai. Un haut-parleur annonce : retard prolongé, sans précision de durée. Les dés sont jetés et surgissent les lignes d’un texte si essentiel qu’il disparaît aussitôt. Dans la salle des pas-perdus le haut-parleur prophétise pendant qu’un horloger oublie l’heure et s’endort sans recoller les morceaux.
Je la regarde s’éloigner en espérant encore mais elle ne se retourne pas et laisse la place à l’écriture.
On dit les ciels de Norvège plus grands encore que ceux de la Porte de Montreuil. Alors que j’entre avec soulagement dans un repli du temps entre Bordeaux et Le Mans, Vladivostok et Los Angeles, Gdansk et… »

DISSONANCES #25 | LA PEAU
Humeurs
« Déboutonnons nos idéaux déshydratés et frottons nos gibouilles, aimons-nous dans la boue comme des hippopotames, léchons-nous lentement comme deux escargots, deux limaçons en rut qui échangent leurs baves, entortillons nos corps de lombrics en spasmes visqueux. Ainsi dévêtue, vous me plaisez Mère Ubu et peut-être… »

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VALETTE Élodie (extraits) https://revuedissonances.com/valette-elodie/ Sun, 20 Dec 2015 17:39:23 +0000 http://revuedissonances.com/?p=343 DISSONANCES #25 | LA PEAU De l’autre côté « La peau ils pensent entaille ils pensent coupure ils pensent que ça s’est déchiré que ça se déchire que ça se déchirera que ça pourrit que ça pourrira quand la peau sous le sol quand la peau dans la terre où plus personne pour la toucher pour…Lire la suite VALETTE Élodie (extraits)

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DISSONANCES #25 | LA PEAU
De l’autre côté
« La peau ils pensent entaille ils pensent coupure ils pensent que ça s’est déchiré que ça se déchire que ça se déchirera que ça pourrit que ça pourrira quand la peau sous le sol quand la peau dans la terre où plus personne pour la toucher pour la gratter pour la faire saigner qu’y a-t-il dessous ?
Ils pensent entaille coupure déchirure pourriture, ils pensent la violence de la peau la saleté de la peau le vieillissement le pourrissement et moi je pense la douceur de la peau je pense cela ne se dit pas je pense ce qui se dit c’est la mort de la peau le dégueulasse de la peau quand ça gratte quand ça saigne quand ça fait des plaques des croutes quand ça cache les os le sang le pus la lymphe.
Sous la peau sous la peau qui pourrira sous la peau qui pourrit déjà il… »

DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
I can’t get no
« Il est tard ils t’attendent ils sont bien plus nombreux que prévu tu as oublié quelle heure il est tu sais très bien quel jour on est tu es sur scène tu es tout près tu t’approches tu es debout les bras levés tu t’approches tu sais que rien ne sera jamais comme avant tu répètes cette phrase dans ta tête mais le sens t’échappe rien ne sera jamais comme avant tu souris rien ne sera jamais comme avant tu agites les mains en direction de la foule tu souris tu voudrais pleurer ce n’est pas le moment tu souris tu leur dis merci et tu le penses tu leur dis merci tu ne sais pas ce que tu penseras demain tu es debout les bras levés tu sais que le moment est unique que le moment est intense tu sens des picotements d’adrénaline dans tes bras et dans tes jambes tu souris tu cherches du regard tes amis tu cherches du regard des jolies filles dans la foule la foule compacte la foule trop nombreuse la foule qui t’aime et tu ne sais pas bien pourquoi tu t’avances debout les bras levés tu ne sais pas s’il fait chaud ou froid tu ne te souviens pas si tu as mangé tu ne sais pas si tu as faim tu as quelques cheveux collés sur les tempes ils chantent ils crient tu vois que c’est un moment de bonheur un moment de bonheur intense un... »

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THÉVENIN Jean-Marc (extraits) https://revuedissonances.com/thevenin-jean-marc/ Sun, 20 Dec 2015 17:36:24 +0000 http://revuedissonances.com/?p=339 DISSONANCES #25 | LA PEAU La peau rousse « Pour planer les falots laiteuse peau des rousses Et farder les scansions La physique des corps dans le savon qui mousse Pour une sédation. Et la peau du crapaud de la peau qu’on retrousse De la relégation Le rêve de l’orange en blondes leurs frimousses Ou des…Lire la suite THÉVENIN Jean-Marc (extraits)

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DISSONANCES #25 | LA PEAU
La peau rousse
« Pour planer les falots laiteuse peau des rousses
Et farder les scansions
La physique des corps dans le savon qui mousse
Pour une sédation.

Et la peau du crapaud de la peau qu’on retrousse
De la relégation
Le rêve de l’orange en blondes leurs frimousses
Ou des demi-portions.

Ses mains sont allongées où la peau se dessèche
Des ballets des oiseaux le crachat de la seiche
C’est comme le vin blanc.

Des mains dans les cheveux quand les soifs se… »

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MENGEL Karl (extraits) https://revuedissonances.com/karl-mengel/ Sun, 20 Dec 2015 17:25:24 +0000 http://revuedissonances.com/?p=329 DISSONANCES #25 | LA PEAU Un type marquant « Il a mal au dos. La minette le regarde avec des yeux de merlan frit. Pas besoin de lever la tête de l’aiguille, il sent la fixité dans la hanche, la raideur de la cuisse qui trahit la proie vraiment bête aux aguets. Encore deux minutes et…Lire la suite MENGEL Karl (extraits)

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DISSONANCES #25 | LA PEAU
Un type marquant
« Il a mal au dos. La minette le regarde avec des yeux de merlan frit. Pas besoin de lever la tête de l’aiguille, il sent la fixité dans la hanche, la raideur de la cuisse qui trahit la proie vraiment bête aux aguets.
Encore deux minutes et elle va parler. Lui poser une question sans intérêt pour embrayer sur elle-même et s’exhiber dans la lumière des phares.
Il y a quand même des jours où il voudrait être surpris. Quoique. Non, c’est mieux comme ça. Le travail à la chaîne endort les souvenirs.
Elle inspire. Pas bon. La tirade arrive, c’est sûr. Elle va lui demander depuis combien de temps il tatoue. Il répondra brièvement, par des faits et rien d’autre, mais elle prendra l’air rêveur et dira que ça doit être bien. Il hochera la tête, enfin juste un peu, froncera légèrement les sourcils et fera sa moue de bonhomme. Viendra le silence habituel, ensuite, dont… »

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LE MOIGNE Frédéric (extraits) https://revuedissonances.com/le-moigne-frederic/ Sun, 20 Dec 2015 17:23:25 +0000 http://revuedissonances.com/?p=326 DISSONANCES #25 | LA PEAU Rêve2 (être tatoué) « Col de la faucille j’ai erré regardant par la fenêtre neiger de beaux bouquetins parfumés la peau piquetée de rose Une carte postale pour le prof., dans la vallée – celui-là, ce n’est pas un stylo qui l’épeure ! (c’était un peu walzérien, ce pub vert-pomme et dehors…Lire la suite LE MOIGNE Frédéric (extraits)

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DISSONANCES #25 | LA PEAU
Rêve2 (être tatoué)
« Col de la faucille
j’ai erré
regardant par la fenêtre
neiger
de beaux bouquetins
parfumés
la peau piquetée de rose

Une carte postale pour le prof., dans la vallée
– celui-là, ce n’est pas un stylo qui l’épeure !
(c’était un peu walzérien, ce pub vert-pomme
et dehors le froid, le tabac, une allumette)

L’isomorphie de la langue courant comme… »

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JOHNEN Françoise (extraits) https://revuedissonances.com/johnen-francoise/ Sun, 20 Dec 2015 17:21:48 +0000 http://revuedissonances.com/?p=324 DISSONANCES #25 | LA PEAU Divergence « On pense aux lambeaux de peau blanche des bouleaux et couchés sur le dos on dit… »

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DISSONANCES #25 | LA PEAU
Divergence
« On pense
aux lambeaux de peau blanche
des bouleaux
et couchés sur le dos on dit… »

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FUSTIER Romain (extraits) https://revuedissonances.com/fustier-romain/ Sun, 20 Dec 2015 17:18:05 +0000 http://revuedissonances.com/?p=320 DISSONANCES #25 | LA PEAU Relevé d’elle « aimes-tu mon corps sous l’orage elle te demande la fenêtre ouverte sur le bruit des premières gouttes qui cliquettent en bas sur la terrasse elle est exquise ainsi menaçant à tout moment d’éclater les jambes sur ton dos ses mains sur tes fesses de tes lèvres étouffant son…Lire la suite FUSTIER Romain (extraits)

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DISSONANCES #25 | LA PEAU
Relevé d’elle
« aimes-tu mon corps sous l’orage elle te demande la fenêtre ouverte sur le bruit des premières gouttes qui cliquettent en bas sur la terrasse

elle est exquise ainsi menaçant à tout moment d’éclater les jambes sur ton dos ses mains sur tes fesses de tes lèvres étouffant son cri

a éclaté violemment au milieu des phénomènes électriques s’endort sous les éclairs écoutant le tonnerre à peine & la pluie & le vent qui

elle a remis ça le lendemain après-midi surlendemain hier soir de moins en moins nuageux chaud indice UV 5 a encore envie de

après sa douche t’attendra sur le lit en nuisette direction du vent nord humidité relative 61 % point de rosée 16 °C la voix plus que troublée

c’était torride a-t-elle dit son corps encore étendu la nuisette remontée sur ses hanches après que tu te sois relevé d’elle sur le… »

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CARRAR Xavier (extraits) https://revuedissonances.com/carrar-xavier/ Sun, 20 Dec 2015 17:16:09 +0000 http://revuedissonances.com/?p=318 DISSONANCES #25 | LA PEAU Douche froide « Ton corps. Nu. Au fond d’un bac à douche. Ton corps nu recroquevillé au fond d’un bac à douche. Blanc. Impeccable. Ta peau nue. Tabassée. Au fond du bac à douche d’une petite maison de centre-ville. Propre et bien entretenue. Avec jardinet. Pour les enfants. Pour respirer. En…Lire la suite CARRAR Xavier (extraits)

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DISSONANCES #25 | LA PEAU
Douche froide
« 
Ton corps.
Nu.
Au fond d’un bac à douche.
Ton corps nu recroquevillé au fond d’un bac à douche.
Blanc.
Impeccable.

Ta peau nue.
Tabassée.
Au fond du bac à douche d’une petite maison de centre-ville.
Propre et bien entretenue.
Avec jardinet. Pour les enfants.
Pour respirer.
En toute quiétude.

Ton corps nu anémié.
Disparu.
Au fond du bac à douche d’une famille modèle.
Parfaite.

Sans toi.
En plus.

En trop.

La peau bleuie de ton corps nu.
Sous la douche froide d’une… »

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BROOKS Lily D. (extraits) https://revuedissonances.com/fondeville-lionel/ Sun, 20 Dec 2015 16:52:40 +0000 http://revuedissonances.com/?p=305 DISSONANCES #25 | LA PEAU Ce qu’il y a de plus profond « Il y a cette phrase : La peau est ce qu’il y a de plus profond. Et des images, quelques images – j’ignore s’il s’agit de souvenirs ou de projections. J’ai eu à plusieurs reprises l’ombre d’un soupçon. Une intuition. Celle d’avoir été abusée…Lire la suite BROOKS Lily D. (extraits)

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DISSONANCES #25 | LA PEAU
Ce qu’il y a de plus profond
« Il y a cette phrase : La peau est ce qu’il y a de plus profond. Et des images, quelques images – j’ignore s’il s’agit de souvenirs ou de projections. J’ai eu à plusieurs reprises l’ombre d’un soupçon. Une intuition. Celle d’avoir été abusée dans l’enfance. J’ignorais d’où me venait cette évidence. Un frisson. Une certitude cutanée. Est-ce vraiment arrivé. Depuis l’annonce de ton décès, je n’arrête pas de me poser la question. Étions-nous proches quand nous étions enfants ? Toi, ton frère et moi. Des souvenirs nets, d’autres flous. L’image d’une chambre plongée dans le noir, ma peur de ne pas pouvoir dormir dans ce lieu étranger, les draps bleus du lit à deux étages, moi en-dessous, ton frère au-dessus. Et toi ? Où étais-tu ?

Notes de travail. La peau. Le dedans, le dehors. La limite entre les deux. Limite poreuse. Égratignures. La peau qui… »

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COLY Jacques (extraits) https://revuedissonances.com/brooks-lily-d/ Sun, 20 Dec 2015 16:47:51 +0000 http://revuedissonances.com/?p=300 DISSONANCES #25 | LA PEAU Photographies désinvoltes « Ötzi, « l’homme des glaces », dont la peau était incisée de traits et de croix. Anciens Égyptiens tatoués de la croix ansée, emblème de la vie et du coït. Prêtres Aztèques qui se perçaient la langue pour communiquer avec les dieux. Galériens français marqués au fer rouge de l’emblème…Lire la suite COLY Jacques (extraits)

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DISSONANCES #25 | LA PEAU
Photographies désinvoltes
« Ötzi, « l’homme des glaces », dont la peau était incisée de traits et de croix. Anciens Égyptiens tatoués de la croix ansée, emblème de la vie et du coït. Prêtres Aztèques qui se perçaient la langue pour communiquer avec les dieux. Galériens français marqués au fer rouge de l’emblème royal de la fleur de lys. Isabeau de Bavière qui se fit percer les mamelons et poser des anneaux reliés entre eux par une chaîne en argent. Lady Randolph Churchill qui arborait un serpent tatoué autour du poignet. Gina Pane, artiste française de l’art corporel, qui s’enfonçait des épines de rose dans le bras et pratiqua des incisions au rasoir dans la paume de sa main. Danseuses thébaines incisées de losanges au-dessus du pubis. Bédouines au visage tatoué d’indigo bleu-vert, en croissant de lune. Nagas du Nord-Est de l’Inde au prépuce ligaturé par des anneaux d’os ou de… »

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BERNARD Stéphane (extraits) https://revuedissonances.com/bernard-stephane/ Sun, 20 Dec 2015 16:37:50 +0000 http://revuedissonances.com/?p=295 DISSONANCES #26 | ANIMAL(S) La préparation du fugu « une sorte de chirurgie pour poisson dans une recette japonaise a décidé pour moi le modus operandi. j’écorne donc cette page sur le fugu d’une main qui s’apprête. personne dans mes plis ne m’a goûté, que moi, car j’y prends garde. c’est pourquoi je m’attèle à la tâche d’une…Lire la suite BERNARD Stéphane (extraits)

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DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
La préparation du fugu

« une sorte de chirurgie pour poisson dans une recette japonaise
a décidé pour moi le modus operandi.
j’écorne donc cette page sur le fugu d’une main qui s’apprête.

personne dans mes plis ne m’a goûté,
que moi, car j’y prends garde.
c’est pourquoi je m’attèle à la tâche d’une langue,

pour vous,

à l’apprentissage d’un art de me bonifier
par la séparation, dans le viscère,
du poison de la nacre des chairs,

à tenter l’ablation de ce quoi
qui infecterait quoi que ce soit qu’il toucherait.

et qui pourtant intouché je… »

DISSONANCES #25 | LA PEAU
Dans le bain
« le renoncement à l’hygiène est un des symptômes.
la crasse isole, met une distance de plus entre soi
et le reste du monde.
les mues s’agrègent, le futur pourrit sur pied.
c’est à ça que je pense, ici, dans mon bain.
l’eau ondule à peine déplacée
par la respiration légère d’un corps à la nervosité vaincue, presque cuit.
le hochement paresseux de mon sexe sous l’eau.
des nappes de peaux mortes à la surface, de poils
et de savon, vivante dentelle opaque,
font disparaître mes jambes par endroits.
frotter. frotter cette peau, la bouillie, la rose.
quitter l’obsolète pénultième peau.
gratter, réduire l’étui qui… »

DISSONANCES #24 | LE MAL
Quelque chose de pourri

« ce nouveau mal, qu’il ait été ou non,
maintenant existe.

l’imaginer lui a donné chair.

pourtant son hypothétique existence
ne fait se former aucune cible, aucun ring.

un combat à vide. ce trou dans les cœurs.

alors, que la mémoire, même atroce, revienne.

qu’elle détruise l’… »

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BERGÈRE Jean-Louis (extraits) https://revuedissonances.com/jean-louis-bergere/ Sun, 20 Dec 2015 16:33:33 +0000 http://revuedissonances.com/?p=291 DISSONANCES #25 | LA PEAU Ta peau « ta peau ta peau ta peau mais arrête un peu avec ça qu’est que tu crois à la fin c’est foutu plié vendu tu la sauveras pas ta peau c’est trop tard depuis le début déjà c’est trop tard t’auras beau t’échiner devant la glace en mettre des tonnes…Lire la suite BERGÈRE Jean-Louis (extraits)

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DISSONANCES #25 | LA PEAU
Ta peau
« ta peau ta peau ta peau mais arrête un peu avec ça qu’est que tu crois à la fin c’est foutu plié vendu tu la sauveras pas ta peau c’est trop tard depuis le début déjà c’est trop tard t’auras beau t’échiner devant la glace en mettre des tonnes et des tonnes crème de jour sérum concentré à la con ta peau c’est mort ta peau c’est de la soie vivante malade en pleine mue dévorée sous le soleil et piégée comme jamais dans un vilain processus irréversible qui distend qui sépare qui désagrège à s’effondrer ta peau à disparaître à se dissoudre comme toutes les autres de la tuffe en miettes en divisions moléculaires qui dégénèrent du vent du silence de l’abîme une écorce empoisonnée et rien au-dessous qui persiste qui résiste aucune cellule vivante qui ne traversera le cosmos ta peau oui ça tient là pour… »

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RAMBOUR Jean-Louis | La vie crue https://revuedissonances.com/rambour-jean-louis-la-vie-crue/ Sun, 20 Dec 2015 15:01:11 +0000 http://revuedissonances.com/?p=241 Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour La vie crue de Jean-Louis RAMBOUR DISSONANCES #25 Vingt proses poétiques de vingt-quatre lignes chacune : optique de haute précision pour explorer, contenir le flux de vingt encres hallucinantes. L’œil du poète, fasciné par les fantasmagories du noir, y voit ses apocalypses : la féérie sablonneuse du Rio Negro, un nanisme à tête d’oiseau, des galaxies renversantes,…Lire la suite RAMBOUR Jean-Louis | La vie crue

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Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour La vie crue de Jean-Louis RAMBOUR
DISSONANCES #25

vie crue - nb

Vingt proses poétiques de vingt-quatre lignes chacune : optique de haute précision pour explorer, contenir le flux de vingt encres hallucinantes. L’œil du poète, fasciné par les fantasmagories du noir, y voit ses apocalypses : la féérie sablonneuse du Rio Negro, un nanisme à tête d’oiseau, des galaxies renversantes, des algues tueuses emportées par Coriolis, les chrysanthèmes noirs à feuilles succulentes de Renoir…
Rêver devant des encres, comme devant d’infernales nuées devient, sous la plume de Rambour, secret poète du Nord, mais témoin délirant d’un vaste savoir scientifique, historique et esthétique, un exercice vertigineux de l’évidence, au sens littéral de vision irrécusable. Les encres de Tréfois sont augures de catastrophes passées et à venir, énoncés sur le ton d’un flegme paradoxalement ému. Un petit rire parfois s’échappe de la profération d’évidences si confondantes : il faut bien lâcher quelques caillots de ces bouches d’ombre. Il débouche aussi, tout à la fin, sur un espoir désabusé : « nous espérons finir notre vie en bordure du grand Nord et de sa blancheur où foisonne la vie ».
Ce recueil, préfacé par Ch’Vavar, a impressionné ma rétine : j’en pleure un sang d’encre.

Encres de Pierre TRÉFOIS.

éd. Corps Puce, 2011
49 pages
11 euros

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RAHMY Philippe | Mouvement par la fin https://revuedissonances.com/rahmy-philippe-mouvement-par-la-fin/ Sun, 20 Dec 2015 14:52:56 +0000 http://revuedissonances.com/?p=238 Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Mouvement par la fin de Philippe RAHMY DISSONANCES #25 « La douleur est un morceau du soleil. Je dis ces mots de l’intérieur de mon corps où la douleur décide l’œuvre à venir. Ma parole n’exprime pas mon mal, elle est mon corps malade. » Philippe Rahmy est un poète atteint d’ostéogenèse imparfaite. La maladie des…Lire la suite RAHMY Philippe | Mouvement par la fin

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Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Mouvement par la fin de Philippe RAHMY
DISSONANCES #25

mouvement

« La douleur est un morceau du soleil. Je dis ces mots de l’intérieur de mon corps où la douleur décide l’œuvre à venir. Ma parole n’exprime pas mon mal, elle est mon corps malade. » Philippe Rahmy est un poète atteint d’ostéogenèse imparfaite. La maladie des os de verre entraîne fractures multiples et opérations chirurgicales à répétition. Le poète est constamment confronté à la douleur : « C’est exilé dans la douleur que je trouve l’oubli, une façon infiniment lente de mourir. J’accède enfin au temps immobile d’une souffrance exprimable.  » Ce livre contient des éclats de blessures. Ce poète a-t-il un autre choix que de se muer en philosophe ? Lors de mes lectures et relectures de ce livre dense, habité et solaire, je me suis surtout attardé sur des fragments de combats alliant beauté et questionnements vitaux. Poésie ou améthyste noire et trop plein de lumière paradoxale ? Je ne suis pas parvenu à épuiser ces textes sur les reflets de la lame. Je ne vais pas me contenter de conseiller vivement ce livre (difficile d’ailleurs d’ajouter un mot pertinent à la postface de Jacques Dupin), je vais à coup sûr y revenir.

éd. Cheyne, 2005
64 pages
16 euros

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MERTEUIL Morgane | Libérez le féminisme ! https://revuedissonances.com/merteuil-morgane-liberez-le-feminisme/ Sun, 20 Dec 2015 14:48:24 +0000 http://revuedissonances.com/?p=236 Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Libérez le féminisme ! de Morgane MERTEUIL DISSONANCES #25 Titulaire d’un master de littérature, secrétaire générale du Strass (syndicat du travail sexuel), Morgane Merteuil est pute et fière de l’être. Exaspérée par les discours moralisateurs qui font des travailleuses du sexe des parias ou des victimes, elle entreprend ici de rétablir la dignité des prostituées…Lire la suite MERTEUIL Morgane | Libérez le féminisme !

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Coup-de-coeur d’Isabelle GUILLOTEAU pour Libérez le féminisme ! de Morgane MERTEUIL
DISSONANCES #25

Libérez le féminisme

Titulaire d’un master de littérature, secrétaire générale du Strass (syndicat du travail sexuel), Morgane Merteuil est pute et fière de l’être. Exaspérée par les discours moralisateurs qui font des travailleuses du sexe des parias ou des victimes, elle entreprend ici de rétablir la dignité des prostituées en réaffirmant la liberté des femmes à disposer de leur corps. Réfutant les théories abolitionnistes qui assimilent la prostitution à l’esclavage, levant clichés et préjugés, Morgane Merteuil révèle l’hypocrisie, l’archaïsme et le dogmatisme du féminisme mainstream. « Le sexe gratuit existe-il ? Les féministes antiprostitution complices du patriarcat ? La pute, avenir de la femme ? » Autant de questions qui donnent à l’essai sa dimension politique : dans une société qui reste patriarcale, la prostitution serait une émancipation. Si elle se réfère à Grisélidis Réal et Virginie Despentes, Morgane Merteuil est une voix authentique qui affirme sa liberté dans une langue sans fioriture : « Je préfère sucer un vieux que le torcher ! ». Plaidoyer pour une prostitution libre, choisie, reconnue, son essai est aussi un manifeste pour un autre féminisme, réaliste, inclusif, tolérant.

éd. L’Éditeur, 2012
144 pages
13 euros

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LE QUERREC Perrine | Le Plancher https://revuedissonances.com/le-querrec-perrine-le-plancher/ Sun, 20 Dec 2015 14:38:03 +0000 http://revuedissonances.com/?p=233 Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Le Plancher de Perrine LE QUERREC DISSONANCES #25 A l’origine, il y a les faits : né en 1939, un jeune paysan est appelé sous les drapeaux en 59 et se retrouve para en pleine Guerre d’Algérie ; il en revient pour reprendre la ferme familiale lorsque son père se suicide ; lorsque sa mère meurt, il…Lire la suite LE QUERREC Perrine | Le Plancher

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Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Le Plancher de Perrine LE QUERREC
DISSONANCES #25

plancher

A l’origine, il y a les faits : né en 1939, un jeune paysan est appelé sous les drapeaux en 59 et se retrouve para en pleine Guerre d’Algérie ; il en revient pour reprendre la ferme familiale lorsque son père se suicide ; lorsque sa mère meurt, il l’enterre dans la maison, cesse de s’alimenter et grave dans le plancher – sur 15 m2 – un texte halluciné sur lequel il mourra sous les yeux de sa soeur, sept mois après sa mère, à l’âge de 33 ans ; découvert en 93 par des brocanteurs, le plancher est acheté par le psychiatre Guy Roux (qui publie en 2005 une Histoire du plancher de Jeannot aux éditions Encre et Lumière) puis vendu à un laboratoire qui le cède à l’Hôpital Sainte Anne devant lequel il est aujourd’hui exposé… Puis il y a Le Plancher de Perrine Le Querrec qui plonge dans les faits et se les approprie et les ramène là vécus de l’intérieur, pure transe poétique d’une urgence absolue et de toute beauté et plus que chant un cri tout en palpitations-syncopes-arythmies (« Creuser là. Pour maman. Pas ailleurs. Ils vont pas nous la prendre. Elle est à nous, à nous, à nous. ») qui nous jette à la face l’enfance fracassée, et l’immense solitude de ceux que leur pureté condamne à la folie : c’est de très haut niveau. Incontournable donc.

éd. Les doigts dans la prose, 2013
130 pages
15 euros

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AUTÉ Rodolphe | Bienvenu au bord https://revuedissonances.com/aute-rodolphe-bienvenu-au-bord/ Sun, 20 Dec 2015 14:13:44 +0000 http://revuedissonances.com/?p=220 Coup-de-coeur de David MARSAC pour Bienvenu au bord de Rodolphe AUTÉ DISSONANCES #25 L’heureux lecteur est le fruit du hasard (ô libraire libre, mon ami). Escarpolette du livre ouvert sur un coin de table, quelques mots qui intriguent, éditeur minuscule : c’est fait. Le livre est acheté, Rodolphe Auté, bataillon inconnu (est-il soldat, marin), on est conquis,…Lire la suite AUTÉ Rodolphe | Bienvenu au bord

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Coup-de-coeur de David MARSAC pour Bienvenu au bord de Rodolphe AUTÉ
DISSONANCES #25

auté

L’heureux lecteur est le fruit du hasard (ô libraire libre, mon ami). Escarpolette du livre ouvert sur un coin de table, quelques mots qui intriguent, éditeur minuscule : c’est fait. Le livre est acheté, Rodolphe Auté, bataillon inconnu (est-il soldat, marin), on est conquis, on est convié – au bord. D’une écriture en inventions grossières et fines (« jouir sur le marque-page »), pour toutes les langues, la belle et la bite : livre d’aphorismes aphrodisiaques, c’est la tête qui se dresse, pas la queue, la muqueuse endormie, c’est l’esprit en alerte sous le ventilateur des pages tournées, « pipi sur l’allumette », c’est une traînée de foutre, salace de crudités, pour s’affranchir la glotte – beauté d’Auté qui sait écrire l’urgence de la montée, l’appétit frais pour les irrigations sanguines, ça fouette la vie, ça crève la panse du romanesque fessu ventru foutu, dont on s’essuie à chaque rentrée. Là, au contraire, ça poète, ça sort, ça sourd, – Comment ? – ça rafraîchit le visage d’un jet  – la bise… Enfin, de l’air ! « L’hymen est un tambour qui n’applaudit qu’une fois. » (Aviez-vous remarqué qu’un livre ouvert figure la forme d’un cul ?)

éd. P, 2011
64 pages
8 euros

 

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LARRUE Arthur | Partir en guerre https://revuedissonances.com/larrue-arthur-partir-en-guerre/ Sun, 20 Dec 2015 14:06:38 +0000 http://revuedissonances.com/?p=216 Coup-de-coeur d’Alban LECUYER pour Partir en guerre d’Arthur LARRUE DISSONANCES #25 L’homme qui vient de quitter sa petite amie pour se réfugier dans l’appartement vacant d’une duchesse géorgienne va bientôt vivre les heures sans fin d’une Russie moribonde. La cuisine est squattée par les membres du groupe anarcho-artistique Voïna (« guerre »), qui luttent contre la Peur à grands éclats…Lire la suite LARRUE Arthur | Partir en guerre

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Coup-de-coeur d’Alban LECUYER pour Partir en guerre d’Arthur LARRUE
DISSONANCES #25

partir

L’homme qui vient de quitter sa petite amie pour se réfugier dans l’appartement vacant d’une duchesse géorgienne va bientôt vivre les heures sans fin d’une Russie moribonde. La cuisine est squattée par les membres du groupe anarcho-artistique Voïna (« guerre »), qui luttent contre la Peur à grands éclats d’un rire à déboulonner les statues. Plus haut dans l’immeuble, une voisine paranoïaque les espionne sans rien y comprendre, parce qu’en définitive l’Histoire échappe toujours à ses contemporains. L’air saturé d’odeurs mouillées encrasse la mécanique du temps et dans le bureau du sergent Komarov, chargé de traquer Voïna, un serrurier inachève sans cesse la réparation d’une poignée de porte. Un récit nocturne, coincé entre la fin de l’été et le début de la saison du chauffage collectif à Saint-Pétersbourg. Les existences se répètent en boucles kafkaïennes et il semblerait que « le monde tourn[e] trop vite pour qu’on l’immobilise en le changeant en idées ». Unique remède au froid et au jour qui ne revient pas, l’ironie acide de l’auteur qui se mêle aux actions hilarantes de Voïna.

éd. Allia, 2013
125 pages
6,20 euros

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WALLON Amandine (extraits) https://revuedissonances.com/wallon-amandine/ Sun, 20 Dec 2015 12:41:58 +0000 http://revuedissonances.com/?p=198 DISSONANCES #29 | TABOU L’intranquille « Il fait noir. Un noir vibrant, profond et comme peuplé de présences. Hostile. Peu à peu, j’oublie où je suis et me voici repartie. Là-bas. Encore une fois. Il règne une chaleur moite, le ventilateur tourne et hoquette, toute la nuit durant ; les pales s’agitent en vain, je suffoque. J’aimerais…Lire la suite WALLON Amandine (extraits)

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DISSONANCES #29 | TABOU
L’intranquille
« Il fait noir. Un noir vibrant, profond et comme peuplé de présences. Hostile. Peu à peu, j’oublie où je suis et me voici repartie. Là-bas. Encore une fois.
Il règne une chaleur moite, le ventilateur tourne et hoquette, toute la nuit durant ; les pales s’agitent en vain, je suffoque. J’aimerais me faufiler jusqu’à la cuisine et me passer de l’eau sur la nuque et le visage. Respirer profondément quelques minutes, les pieds nus sur le carrelage. Regarder par la fenêtre au-dessus de l’évier et tenter de distinguer dans l’obscurité épaisse, au travers des feuilles du figuier, le puits et sa margelle de pierre. Peut-être même ouvrir la porte qui donne sur le jardin et marcher dans l’herbe rase. À cette heure, la chouette pourrait s’étonner de ma présence ici, en plein cœur de la nuit. Personne d’autre ne s’en inquièterait.
Les branches des arbres se refermeraient sur… »

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BÉCUWE Aurélia (extraits) https://revuedissonances.com/196-2/ Sun, 20 Dec 2015 12:40:32 +0000 http://revuedissonances.com/?p=196 DISSONANCES #31 | DÉSORDRES Conjugopathie « Je te reconnais mais je n’en laisse rien paraître. Tu es l’homme avec qui j’ai arpenté l’ennui. Avec qui j’ai procréé et élevé, j’ai acheté et construit, j’ai dépensé et j’ai compté. Je n’aime pas ton regard compassionnel. Il sonne creux. C’est à toi que tu penses car il va te…Lire la suite BÉCUWE Aurélia (extraits)

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DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
Conjugopathie
« Je te reconnais mais je n’en laisse rien paraître. Tu es l’homme avec qui j’ai arpenté l’ennui. Avec qui j’ai procréé et élevé, j’ai acheté et construit, j’ai dépensé et j’ai compté. Je n’aime pas ton regard compassionnel. Il sonne creux. C’est à toi que tu penses car il va te falloir affronter le monde avec à ton bras, une source de désordres incontrôlable. Je vais te soulager, nous détacher, nous désunir, t’affubler de prénoms étranges et saugrenus.

Le gérontologue nous a décrit le processus de détérioration de mon cerveau. Déjà la notion du temps s’effiloche et cela me réjouit. Je suis décidée à brûler les étapes. J’ai égaré les albums photos à la cave. Je sais qu’on m’imposera bientôt de les feuilleter pour vérifier que je n’oublie aucun membre de cette famille dont je suis responsable.
J’aspire à l’oubli de ma survie en milieu conjugal. Je voudrais renaître à l’âge du courage, celui où l’on sait s’enfuir. Où chaque nouvel amour se vit comme le premier et le dernier, même s’il ne dure que quelques secondes. J’espère que mon cerveau n’exhumera pas l’enfance, période de terreur. Je l’ai effacée pour survivre. Je voudrais qu’il... »

DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Adieu Stockholm
« Depuis des années il a éteint la lumière, fermé les volets et décidé que le bonheur, c’est non. Définitivement non. Il a lu Cioran et Schopenhauer. Il a débranché le téléphone et la sonnette de la porte d’entrée. Il s’est isolé méthodiquement. Il est sans famille et sans amis, il hait ses collègues et inversement. Il ouvrira uniquement à l’huissier ou aux infirmiers. Il vit avec des fantômes.

Pourtant un sourire s’immisce. Vite écrasé.

SYRIE PALESTINE EBOLA CURTIS COBAIN PHTISIE DAECH

Il lui faut réagir. Se remémorer les humiliations de l’enfance, l’adolescence toxicomane. Concours de quéquettes à la récré perdu. Mère adorée et haïe. Il a travaillé ses répliques. Il s’est taillé un uniforme de névroses. C’est le plus beau des costumes pour passer à la télé.

Fesses rondes. Seins blancs et lourds.

CORDE RASOIR TCHERNOBYL NAGAZAKI DACHAU DACHAU DACHAU

Ses lèvres rient à… »

DISSONANCES #29 | TABOU
Matrice en cage
« Accroupie dans la cour, elle récure un pot de fer.
La mère accompagne l’homme jusqu’à la porte de la chambre où l’attend le père. Il y est enfermé depuis le matin.
Puis elle entend une voix ferme qui prononce son prénom et elle va, en suspendant sa hâte, les rejoindre. Elle sait qu’il est venu pour elle. Elle a dit oui, elle le veut.

Née, dédaignée, déniée, négligée, utilisée,
Excisée, forcée, violée, engrossée, tétée,
Violée, engrossée, tétée,
Violée, engrossée,
usée, délaissée,
enterrée.

Dans la chambre, elle n’est jamais entrée.
Les persiennes sont closes sur le dehors.
Pas un mouvement d’air dans cette nasse où… »

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DESAILLY Charles (extraits) https://revuedissonances.com/194-2/ Sun, 20 Dec 2015 12:37:01 +0000 http://revuedissonances.com/?p=194 DISSONANCES #29 | TABOU Signes interdits « L’éditeur me demande de revoir un manuscrit plein de foutre et de vie. Il souhaite des poèmes érotiques propres et sans vulgarité. La chambre sent la tombe et les fluides ont perdu leur énergie. Miraculeusement ce soir, Chet Baker m’emporte dans la douceur d’un vieux vinyle. Je pense à…Lire la suite DESAILLY Charles (extraits)

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DISSONANCES #29 | TABOU
Signes interdits

« L’éditeur me demande de revoir un manuscrit plein de foutre et de vie. Il souhaite des poèmes érotiques propres et sans vulgarité. La chambre sent la tombe et les fluides ont perdu leur énergie. Miraculeusement ce soir, Chet Baker m’emporte dans la douceur d’un vieux vinyle. Je pense à notre état de soumission qui n’est plus avouable, à notre vie sociale qui se décompose alors que tout se compose artificiellement.
Le terrorisme du récit produit un consensus moral. Nous aimons les mêmes marchandises aseptisées et refusons notre sauvagerie archaïque alors que nous sommes des barbares sexuels. Nous jouissons de corps passifs. La mort est interne à notre désir. Notre perdition cosmique livre un langage sous contrôle. La violence des mots, la grossièreté sont moins admises qu’un coup de couteau propre et net. Le réel a trop de… »

DISSONANCES #27 | ORGASMES
Brèche

« Aimer l’haleine de cette ville
fétide et longue
les murs aux senteurs d’urine
toute cette vulve béante
vomissant des veaux
aux couilles ordurières.
Les ruines graphiques
dressent un décor du désastre.
Nos amours sont lavés par l’ennui
et nous donnons naissance
à des clones autistes.
Un peu de sperme dans la main
respirer l’odeur
y goûter
pour se... »

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BERTONCINI Marilyne (extraits) https://revuedissonances.com/bertoncini-marilyne/ Sun, 20 Dec 2015 11:31:51 +0000 http://revuedissonances.com/?p=190 DISSONANCES #29 | TABOU Le visage de ta mort « Je n’ai pas vu ton dernier visage – j’ai vu le visage de ta mort. J’étais loin – j’ai eu ta voix au téléphone – une voix d’enfant perdu qui me parlait de moi comme d’une autre. Je n’ai pas vu ton dernier visage. Ton corps…Lire la suite BERTONCINI Marilyne (extraits)

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DISSONANCES #29 | TABOU
Le visage de ta mort
« Je n’ai pas vu ton dernier visage – j’ai vu le visage de ta mort.

J’étais loin – j’ai eu ta voix au téléphone – une voix d’enfant perdu qui me parlait de moi comme d’une autre. Je n’ai pas vu ton dernier visage.
Ton corps était allongé dans un costume qui n’était pas le tien – trop grand pour le corps qui t’avait abrité ces derniers mois. Et j’ai vu le visage de ta mort.
Quelqu’un a dit : il n’est pas beau. Ça m’a blessée, mais ce n’était pas pertinent – la mort n’est ni belle ni laide, et ce n’était pas toi – c’était le visage de ta mort.

Ta mort a un visage d’insecte fragile et froid.
Les mandibules de la mort saillent sous le velin translucide de la peau, cuticule cireuse couvrant un masque indifférent.
Les yeux de la mort sont clos et dessinent deux creux de plomb bleui.
La bouche de la mort est… »

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CARAYON Joël (extraits) https://revuedissonances.com/carayon-joel/ Sun, 20 Dec 2015 11:25:10 +0000 http://revuedissonances.com/?p=179 DISSONANCES #29 | TABOU Souillures « … ta boule ta boule de nerfs tanguera entre le jour et la nuit tant que tant que le temps, temps livresque, tant que ta fresque, ta presque ivresse ne se sera brisée sur la lame du tabou, tant qu’elle ne priera éprise d’un regret, un regret d’absolu, regret d’absolution. Ta…Lire la suite CARAYON Joël (extraits)

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DISSONANCES #29 | TABOU
Souillures
« … ta boule ta boule de nerfs tanguera entre le jour et la nuit tant que tant que le temps, temps livresque, tant que ta fresque, ta presque ivresse ne se sera brisée sur la lame du tabou, tant qu’elle ne priera éprise d’un regret, un regret d’absolu, regret d’absolution. Ta solution n’est pas dans le regret, l’absolution n’est pas dans le secret, la mise au secret de ta faute. Avoue. Ta boule de pêchers – noyau dense danse sur le tabou, dans ce tas de boue où ta boule de nerfs, pelote de secrets recrée à la craie l’âcre poison que le sacré souillé injectera dans ta joue qui bout sous le feu de l’acte.
Et sa chair sous tes doigts, sa chair pas cher payée pour l’outrage endurée, l’outrage sans âge, l’outre passé par où l’homme sans foi ni voix se crèvera les yeux fac’à sa vérité. Le mâle mal, le mâle en proie à son désir s’aveugle s’acharne sa chair contre sa… »

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AZAREL Jean (extraits) https://revuedissonances.com/azarel-jean/ Sun, 20 Dec 2015 11:21:35 +0000 http://revuedissonances.com/?p=176 DISSONANCES #31 | DÉSORDRES Le trou savant « Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements grâce effroi silence criquets pèlerins café gourmand chantilly pardons depuis…Lire la suite AZAREL Jean (extraits)

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DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
Le trou savant
« Depuis le temps qu’on m’en a mis autant que j’en ai mis, par petites touches fournées tractopelle à tire-larigot en giclant en saignant en crémant en mouillant en séchant par grand soleil par tempête par grêle par parapluie gémissements grâce effroi silence criquets pèlerins café gourmand chantilly pardons depuis le temps que j’en suis pleine des psychanalyses des flash-back des coquilles d’œuf du printemps arabe de cotons de térébenthine de la parole de dieu de celle des prophètes du sperme millésimé des amandes effilées du vin jaune des cris des amants des caresses des fiancées des portraits des tableaux des livres des langues des nains en plâtre des vibromasseurs des morilles des étouffements de la gnose la fève dans le gâteau le lierre sur les parois un ressort de matelas les angles morts le clou de girofle dans le périnée le vomi la vodka les cactus la misère les verticales déséquilibrées le tampon les pinceaux les écarteurs les restes de coquillettes la palangre le piquant des chardons qu’ils disaient jonquilles les chemises de soie tournées guenilles depuis le temps que ça prolifère que ça scintille que ça réfléchit que ça schlingue que ça pullule que ça gobe que ça mûrit que ça chauffe que ça pourrit que ça constrictor que ça… »

DISSONANCES #29 | TABOU
Mater Infanticidium 
« Maman, maman
J’humide
Je me lave
L’eau monte et je ne peux pas parler
J’ai froid dedans
Je m’entrechoque
Pourquoi tu m’as mis là
Pourquoi tu ne pleures rien
Maman, maman
L’eau rentre dans mes narines
Elle se répand dans ma gorge, elle court dans mes veines, elle masse mes tétons
C’est tout sombre dans moi ça gonfle dans mon corps
Maman, maman
C’était bien tes câlins, le savon, la poussette, ta… »

DISSONANCES #22 | RITUELS
Démaquillage

« Comme d’habitude, tu t’es réveillé à trois reprises dans la nuit. Une fois parce que quelque chose dont tu ne te souviens jamais au réveil t’a turlupiné. Une autre pour aller pisser. Une dernière pour boire de l’eau. Quand tu ouvres les volets, il fait beau. Dehors, le chat a pris une posture de sphinx face au soleil levant. Il lape ses premiers rayons comme du lait, les yeux plissés, impassible. Comme à l’accoutumée tu racles les cendres du poêle pour les faire tomber dans le rectangle de fer qui sert à les recueillir avant de les répandre dans le jardin. La gelée blanche fait croustiller les feuilles mortes sous tes pas. Puis tu prépares ton café, fait griller trois tranches de pain que tu beurres.
C’est samedi mais si c’était dimanche tu ferais pareil. Décembre te plait bien. Les frimas rendent les choses transparentes. On voit plus loin. Les paysages dévoilent une nudité sage, sereine. Dommage que le froid n’agisse pas pareillement sur les gens. Ils rajoutent des couches de vêtements, disparaissent derrière les bonnets, les écharpes, de longs manteaux. Comme s’ils avaient plein de secrets à cacher. Toi, tu as un... »

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GRIERS Franz (extraits) https://revuedissonances.com/griers-franz/ Sun, 20 Dec 2015 11:20:12 +0000 http://revuedissonances.com/?p=174 DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR ! D’autres visages dans la pénombre « Il était temps que cette semaine s’achève, que ma vie reprenne. Du lundi au vendredi, les affres d’une médiocrité inaltérable, majoritaire, polymorphe. Celle des cafards qui maintiennent la porte fermée entre moi et mes destinations privées, celles que je n’ai pas à justifier, encore moins à…Lire la suite GRIERS Franz (extraits)

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DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
D’autres visages dans la pénombre
« Il était temps que cette semaine s’achève, que ma vie reprenne.
Du lundi au vendredi, les affres d’une médiocrité inaltérable, majoritaire, polymorphe. Celle des cafards qui maintiennent la porte fermée entre moi et mes destinations privées, celles que je n’ai pas à justifier, encore moins à déclarer. Cinq jours à tuméfier mes aspérités, à céder les lueurs, à faire des ronds de jambes aux voleurs. Ce vendredi soir m’appartient enfin, il est un terrain vague pour ma liberté qui durant tant d’heures fut à ma vie ce que ma carte d’identité est à mon identité. Ce soir, j’irai me biturer seul, il y a des périodes comme ça. L’euphorie à laquelle je m’abandonne tient en une phrase ; ce soir, je n’ai que moi, enfin. À petite dose solitaire, je racle le fond avec ma cuiller et je jouis de ne pas partager. Je m’autorise le repli, je rentre dans la case, je suis bien étiqueté, on ne me confond pas avec un colis abandonné. Mais la vraie lecture, personne ne la fait. Le sas de décompression dans lequel je me trouve, personne ne le nomme, qui le connaît ? C’est mon segment noir, mon essentielle ponctuation depuis que je suis en âge de tenir assez droit sur mes guiboles pour m’éloigner des larves de la cour d’école maternelle. Ce soir, c’est mon soir, mon vendredi treize, mon soir premier qui comme moi n’est... »

DISSONANCES #29 | TABOU
Évelyne
« Mon Fabrice,
Quand tu liras cette lettre, je ne serai plus de ce monde.
De moi, il ne restera qu’un sac de viande pendu au lustre Ikea de ce salon glacial où je ne me suis jamais senti chez moi. Ou plutôt un sac à merde aux cervicales brisées gisant aux côtés d’un lustre en miettes. Tu me raconteras.
Vu les événements récents, tu ne t’étonneras pas de trouver cette lettre agrafée à mon prépuce, la seule chose que tu puisses me jalouser.
Je n’ai pas trouvé d’autre moyen de te dire ma douleur. Cette vie à trois que nous avions réussi à inventer avec Évelyne était ce que j’avais de plus cher. Notre bureau était le seul endroit où je me sentais moi-même, sans déguisement, sans avoir à faire semblant d’être un père de famille sûr de lui qui connaît par cœur les résultats de la ligue 1. Toi et moi, nous étions les seuls à voir en Évelyne autre chose qu’une… »

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BENSAÏD David (extraits) https://revuedissonances.com/bensaid-david/ Sun, 20 Dec 2015 11:18:32 +0000 http://revuedissonances.com/?p=172 DISSONANCES #29 | TABOU Mon côté Juif « Je suis sioniste Je sais que c’est mal mais Je ne peux pas m’en empêcher C’est mon côté Juif Je sais aussi que Ce n’est pas bon pour la drague Surtout quand on aime Par-dessus tout Les belles bites dorées arabes Seulement Je ne peux pas m’en empêcher :…Lire la suite BENSAÏD David (extraits)

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DISSONANCES #29 | TABOU
Mon côté Juif
« Je suis sioniste
Je sais que c’est mal mais
Je ne peux pas m’en empêcher
C’est mon côté Juif
Je sais aussi que
Ce n’est pas bon pour la drague
Surtout quand on aime
Par-dessus tout
Les belles bites dorées arabes
Seulement
Je ne peux pas m’en empêcher :
Je suis sioniste

La nuit je rêve
D’une Israël tolérante
Décontractée, ne redoutant plus
La possibilité d’une Shoah nucléaire
D’une Israël avec laquelle la… »

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VARGAS Nicolas (extraits) https://revuedissonances.com/vargas-nicolas/ Sun, 20 Dec 2015 11:17:22 +0000 http://revuedissonances.com/?p=148 DISSONANCES #29 | TABOU Vous êtes de l’arbre de derrière « Tu as accueilli des mineurs, du marié, de l’animal, de l’ado, du novice, du beau-frère, de l’impatience, du refoulé, des générales libidineuses, du masqué, du casqué, de la culotte naine, des dos, de la meilleure amie, des fesses, des vessies, des boyaux de porc, de…Lire la suite VARGAS Nicolas (extraits)

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DISSONANCES #29 | TABOU
Vous êtes de l’arbre de derrière
« Tu as accueilli des mineurs, du marié, de l’animal, de l’ado, du novice, du beau-frère, de l’impatience, du refoulé, des générales libidineuses, du masqué, du casqué, de la culotte naine, des dos, de la meilleure amie, des fesses, des vessies, des boyaux de porc, de la 205, du mouchoir de toutes les couleurs, du jus d’hirondelle, de la salive de rut, du popotin de ville, de la mousse, de la parade, de l’escapade, du 5 à 7, du cercle de danse, des couvertures en laine, du baise-moi, de la gigue, du retour de boîte, de la bite en fleur, de la sortie de baloche, du couple banni, de l’amant carton, de l’amoureuse dollar, de la raie, du routier, des ventres, du condamnable, les blagues de tonton Michel, des dents, des joues, des naturophiles pervers, des sortis de justice, du maniaco en perm’, du toxico en manque, du hanneton aveugle, les VHS de Fabrice, un… »

DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
Ma piste aux étoiles
« Sans être juif ou champion mon grand-père trouvait sa cabane les yeux fermés, son fils ce héros a abattu de sang-froid et pour son bien un faon orphelin, sa femme détroussait les lapins comme des chaussettes, Corrine faisait la moule mieux qu’au resto pendant qu’Hervé conduisait le tracteur à 10 ans.

Papa aussi absent que meilleur vendeur félicité par maman Shiva, les frangins champions d’Armagnac-Bigorre buvaient du Synthol et Sébastien jouait en équipe Une à Sémeac .

Patou et Toto descendaient une quille de rouge et de jaune chaque soir, le feu père de Stéphane avait bu un Perrier cul-sec tandis que Pépite avait dévissé un panneau de départementale, il faut dire que son oncle était capable de soulever mon copain paumes contre tempes plus d’une minute, la fille du patron s’appelait Christelle faisait du 105 E et jouait au volley, Christophe cassait les verres avec ses dents était allé à Saint-Tropez, il prenait les… »

DISSONANCES #21 | LE VIDE
Ma piste aux étoiles
« rienriendutoutnadawaloupaslapeinepaslapeinedallerplusloinvouspouvezsivousvoulezmaisverre
zbienyarienriendutoutduvideouplutôtdubazarpasdespacerienriendutoutpasdairpasdevidepasde
spacecetespacequilfautpourrespirerallezvousenvousallezsuffoquervousennuyezrienàentirersino
nrienallezvacommeunamiunfrerenimportequoidumomentqueçaprendraiticidelaplacejevousledis
allezvousallezperdrepatiencevotretempsvotreairvotreplacelairdevosyeuxlairderienetvousdirefin
alementilavaitpastortlétaitpassimauvaisaufondvoulaitjustefaireuntrucsurlevideaumilieuduntruco
uyennavaitpasalorsvousallezessayerpeutêtrecommeçapourycroirepourdefauxpourattendreperdr
edutempszaviezrienprévudautredeplusinteressantàfairevousvoulezquoipasserletempsvousconv
aincrequevouspouvezquevouspouvezfairequoifinalementallezjetezjetezlépongeyarienrienàvoira
llezvousenpartezdégagezputainmaisquoivouscroyezquoiquejevousmensquejevousmensenplusv
ousmetraitezmemenacezmettezmonhonnêtetéencausemaisçavapasvousvousvoulezquoiménerv
erquejecraquequejemecassequejefassechaisevidedelaplacedelairplutotcrevercestmaplacemone
ndroitjeloccupelaremplitcommejeveuxetjelaveuxpleinesaturéeovertheblockçaseracomme… »

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CLET-WATTELAMNE Lambert (extraits) https://revuedissonances.com/lambert-clet-wattelamne/ Sun, 20 Dec 2015 11:10:18 +0000 http://revuedissonances.com/?p=163 DISSONANCES #29 | TABOU Taire les décombres « Qui éparpille nos traces successives ? Nos sujets émiettés bafouillent et se dédient Projectiles Trajectoires aléatoires parmi les Turbulences Verbes Actions se dépossédant d’elles-mêmes Même nos paresses vacillent Devant cette inconnue qui s’ignore Nos tabous restent en surface Rien ne tombe Ni nos êtres ni de nos êtres Absolution…Lire la suite CLET-WATTELAMNE Lambert (extraits)

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DISSONANCES #29 | TABOU
Taire les décombres
« Qui éparpille nos traces successives ?
Nos sujets émiettés bafouillent et se dédient
Projectiles
Trajectoires aléatoires parmi les Turbulences
Verbes
Actions se dépossédant d’elles-mêmes
Même nos paresses vacillent
Devant cette inconnue qui s’ignore

Nos tabous restent en surface
Rien ne tombe
Ni nos êtres ni de nos êtres
Absolution de la pesanteur
Nords effacés, fins rompues
Nos particules, filles du désert
Ne succèdent plus, ne conjuguent plus.
Dans un sourire
Le maquis rieur dévoile
Le régime de l’atome
Sa Nudité.

Disséminées nos attentes quémandent
une absorption quelconque une… »

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CAUDA Jacques (extraits) https://revuedissonances.com/jacques-cauda/ Sun, 20 Dec 2015 11:08:59 +0000 http://revuedissonances.com/?p=161 DISSONANCES #29 | TABOU Chère maman « Chère maman sais-tu l’exaltation des selles Lorsque tu portes la feuille bise du mûrier Aux lèvres des sentines adonnées au sommeil ? Et quand les feuillées (les moissons du noir Le tourment des essaims les ordures légères) Collent à ton être éperdu d’étrons ? Chère maman sais-tu l’exhalaison des paumes Lorsque…Lire la suite CAUDA Jacques (extraits)

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DISSONANCES #29 | TABOU
Chère maman
« Chère maman sais-tu l’exaltation des selles
Lorsque tu portes la feuille bise du mûrier
Aux lèvres des sentines adonnées au sommeil ?
Et quand les feuillées (les moissons du noir
Le tourment des essaims les ordures légères)
Collent à ton être éperdu d’étrons ?

Chère maman sais-tu l’exhalaison des paumes
Lorsque tu portes la feuille noire du mûrier
Aux lèvres de ton cul abouchées au néant ?
Et quand les feuillées (les étrons des cieux
Le tourment des putains les salopes légères)
Expriment toute l’ordure qui ne passe plus par tes yeux ?

Chère maman sais-tu l’horizon du temps
Lorsque je porte en joie ton groin dans l’outre- tombe
Aux lèvres de ta mort adorable vert feuille ?
Et quand… »

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BOUTONNIER Julien (extraits) https://revuedissonances.com/julien-boutonnier/ Sun, 20 Dec 2015 11:07:39 +0000 http://revuedissonances.com/?p=159 DISSONANCES #29 | TABOU J’ai giclé « C’était l’après-midi. Je me suis caché derrière des buissons. J’ai ouvert mon pantalon. J’ai pris ma queue. Je me suis branlé vite. Un afflux de salive dans ma bouche. J’ai giclé. Après je me suis promené un peu. J’ai tourné autour des jeux pour enfants. J’ai regardé les mamans.…Lire la suite BOUTONNIER Julien (extraits)

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DISSONANCES #29 | TABOU
J’ai giclé
« C’était l’après-midi. Je me suis caché derrière des buissons. J’ai ouvert mon pantalon. J’ai pris ma queue. Je me suis branlé vite. Un afflux de salive dans ma bouche. J’ai giclé.
Après je me suis promené un peu. J’ai tourné autour des jeux pour enfants. J’ai regardé les mamans. J’ai regardé les fesses et les seins. J’ai eu envie de mettre ma queue. Je me suis assis dans l’herbe. Je me suis allongé sur le ventre. J’ai bougé un peu pour frotter ma queue. Ça n’a pas suffit. Je suis retourné derrière des buissons. J’ai ouvert mon pantalon. Je me suis masturbé. Je suis allé très vite. J’ai giclé. Mais j’avais envie de lécher des seins. J’avais envie de pétrir des gros seins. J’avais envie de me glisser entre des gros seins. Je suis resté un moment debout. J’ai imaginé des gros seins qui se balançaient devant ma bouche. J’ai gardé ma…. »

DISSONANCES #25 | LA PEAU
49 pores
« « Il paraît par cette description, dit notre Anatomiste, que la peau ne saurait être regardée comme une partie similaire ; il n’y en a même aucune dans nos corps, hors qu’on ne voulût appeler ainsi la Cuticule, qui puisse passer pour telle : les vaisseaux sanguins, les nerfs, & et les tuyaux lymphatiques sont même des parties composées. »

mardi 04 mars 200…
j’ai froid – je sue – ce que dit la nuit

unificateur solaire
8 actions en un seul geste

mardi 25 mars 200…
avec A – nos peaux dévorées de désir – étreinte – voiture – buée – dehors la neige

prépare et préserve la peau

mardi 8 avril 200…
à travers – peaux – la sueur du… »

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LAPERRIÈRE-MARCHESSAULT Dominic (extraits) https://revuedissonances.com/dominic-laperriere-marchessault/ Sun, 20 Dec 2015 11:03:58 +0000 http://revuedissonances.com/?p=157 DISSONANCES #29 | TABOU Le portrait « Dans la maison familiale au bout du corridor il y a deux portraits un peu jaunis par le soleil et les années des clichés pour taire les noms pour taire l’histoire des clichés comme seul vestige d’une existence comme seule preuve d’une appartenance à un clan qui les renie…Lire la suite LAPERRIÈRE-MARCHESSAULT Dominic (extraits)

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DISSONANCES #29 | TABOU
Le portrait
« Dans la maison familiale au bout du corridor il y a deux portraits un peu jaunis par le soleil et les années des clichés pour taire les noms pour taire l’histoire des clichés comme seul vestige d’une existence comme seule preuve d’une appartenance à un clan qui les renie
il y a d’abord une photographie d’Elle une photographie magnifique comme on en voit dans les films un portrait digne d’une star d’Hollywood on peut presque entendre son rire résonner un rire que j’imagine doux et éclatant à la fois tout ce qu’il y a de plus joyeux et on se demande comment mais comment quelqu’un a réussi à immobiliser ce moment qui semble parfait son sourire ne dit rien de sa fin tragique de son futur inexistant l’image ne montre ni sa maladie ni ses excès ni ses extrêmes l’image n’est qu’image et se tait
il y a aussi une photographie de Lui une… »

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PELLEGRINI Isabelle (extraits) https://revuedissonances.com/isabelle-pellegrini/ Sun, 20 Dec 2015 11:02:03 +0000 http://revuedissonances.com/?p=155 DISSONANCES #29 | TABOU Nue « Des mots, des mots, des mots, tant de mots qui sortent de ma bouche. Et jamais de ce trou. Corps, corps, corps. Proférer le mot jusqu’à n’en plus pouvoir. Le répéter jusqu’à le faire exister. L’enfoncer dans la chair, sans retenue, sans délicatesse. Inflexible. Aller à la racine, mettre les…Lire la suite PELLEGRINI Isabelle (extraits)

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DISSONANCES #29 | TABOU
Nue
« Des mots, des mots, des mots, tant de mots qui sortent de ma bouche. Et jamais de ce trou. Corps, corps, corps. Proférer le mot jusqu’à n’en plus pouvoir. Le répéter jusqu’à le faire exister. L’enfoncer dans la chair, sans retenue, sans délicatesse. Inflexible. Aller à la racine, mettre les os à nu, extraire les nerfs, chaque fibre de chaque muscle. Forer la crevasse jusqu’à. Trouver le mot vide du vide ?
Ecrire.

Au début c’était un corps caché. Mais au milieu des autres habillés je me sentais nue, tout le temps. Tout le monde savait que j’étais nue derrière mes habits. Chacun faisait comme si de rien n’était. Cela me déroutait, je ne disais rien. Mais me sentais toujours plus nue. Et seule. Eperdument seule. Comme si j’étais la seule.
Je me plaquais contre les murs, mains croisées devant mon… »

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CRAM Gilbert (extraits) https://revuedissonances.com/gilbert-cram/ Sun, 20 Dec 2015 10:58:23 +0000 http://revuedissonances.com/?p=150 DISSONANCES #29 | TABOU Tabou, infiniment « « Ah mais vous êtes fou mon ami ! » Imaginons-nous dans une sorte d’amphithéâtre, vers la fin du XIXe siècle. En 1882, pour fixer les idées. Une assemblée d’hommes fort sérieux écoute le discours enflammé d’un tribun au regard de braise. Ce tribun, c’est Georg Ferdinand Ludwig Philipp Cantor, mathématicien de…Lire la suite CRAM Gilbert (extraits)

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DISSONANCES #29 | TABOU
Tabou, infiniment
« « Ah mais vous êtes fou mon ami ! »
Imaginons-nous dans une sorte d’amphithéâtre, vers la fin du XIXe siècle. En 1882, pour fixer les idées. Une assemblée d’hommes fort sérieux écoute le discours enflammé d’un tribun au regard de braise. Ce tribun, c’est Georg Ferdinand Ludwig Philipp Cantor, mathématicien de génie et bientôt homme troublé bipolairement.
« Ce que vous affirmez est une infamie ! Personne ne devrait pouvoir affirmer de telles horreurs ! »
L’homme qui harangue si virulemment notre pauvre tribun n’est autre que Leopold Kronecker, mathématicien de génie et bientôt homme troublant bipolairement. Car, en ce XIXe siècle mourant, il existe certes de nombreux tabous, mais le pire d’entre tous, celui auquel il ne faut pas toucher, c’est naturellement le concept d’infini.
« Je préférerai faire l’amour avec… »

DISSONANCES #24 | LE MAL
Logique du mal 

« Si l’on en croit les registres de la Société des Amis de l’Axiome du Choix (la SAAC pour les feignants), tenus à jour par le secrétaire ou par son faisant fonction (ce dernier était le plus souvent parfaitement illettré, heureusement), le mal s’introduisit sournoisement dans les mathématiques modernes – et donc au sein même des fondements de notre réel – vers le début du XXe siècle. D’aucuns prétendent que c’est en date du 12 mai 1907, vers 15h, que la chose se produisit. Il est permis de rire d’une telle assertion. Toutefois, les historiens s’accordent sur le fait que ce jour-là, vers cette heure-là, approximativement à cet endroit-là, le jeune mathématicien hollandais Luitzen Brouwer, après avoir sacrifié un varan sur l’autel du formalisme, s’écria : « Mort au principe du tiers exclu et à l’existentiel non constructif ! ». Au sein de l’univers apaisé et bien rangé des mathématiques, le mal fit ainsi une entrée fracassante, plus retors que jamais, plus vicieux que le cercle, plus destructeur qu’une bombe à fragmentation. Seul son nom avait changé. Désormais, le mal s’appellerait « Intuitionnisme ».
Ce 12 mai 1907, aux alentours de midi, Alexandre Plusoumoinslinfini, membre de la… »

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WALISZEK Astrid (extraits) https://revuedissonances.com/astrid-waliszek/ Sun, 20 Dec 2015 09:59:57 +0000 http://revuedissonances.com/?p=145 DISSONANCES #29 | TABOU Cher Amour « Dans mon bain tout à l’heure, j’ai vu mes seins changer de forme – était-ce la forme qu’ils avaient à mes quinze ans ? Ces poires parfaites ? Dieu, que ça devait être délicieux ; je regrette de n’en avoir pas profité assez moi-même mais certainement pas d’en avoir fait profiter d’autres…Lire la suite WALISZEK Astrid (extraits)

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DISSONANCES #29 | TABOU
Cher Amour
« Dans mon bain tout à l’heure, j’ai vu mes seins changer de forme – était-ce la forme qu’ils avaient à mes quinze ans ? Ces poires parfaites ? Dieu, que ça devait être délicieux ; je regrette de n’en avoir pas profité assez moi-même mais certainement pas d’en avoir fait profiter d’autres que moi. C’est dommage que vous soyez venu si tard, nous aurions pu en jouir ensemble. Ces poires un peu tombantes vous plaisent-elle ? Il semblerait, au vu de ce que vous en faites quand vous les fouettez : je les regarde partir, à gauche, à droite, puis se remettre en place. Quand j’en agace vos cuisses, lentement, doucement, je vous regarde les regarder – j’ai un malin plaisir, j’adore, vous le savez, redresser votre queue d’une illusion : elle pourrait être entre mes seins mais la dizaine de centimètres qui l’en sépare vous leurre, elle n’est pas entre mes… »

DISSONANCES #25 | LA PEAU
Une broderie
« Ma peau répète tes mains, tes mots. Que ça. C’est rien, ou presque rien. C’est juste de l’écriture. Même pas – c’est juste de l’écriture dans la tête, avant de tracer les mots sur la feuille. La feuille, ma peau, un peu comme celle de Kafka dans La Colonie pénitentiaire, tu te souviens ? La machine qui d’une aiguille imprimait le message sur la peau ? Gravait, plutôt. La feuille, c’est ce mince espace entre moi et pas moi, une peau imaginaire entre le monde et moi.
La peau, ça protège – un peu. Je pense à celle de Mandelstam, qui aurait pu se percer – être perforée par ses os, si pointus. Ce poème c’est sur le morceau de pain qui l’a tué, quand il est revenu des camps, qu’il pesait trente-cinq kilos et qu’il s’est jeté sur ce quignon – personne pour le prévenir, pour l’en empêcher, pour lui enlever le pain de la… »

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CUZZUCOLI Sandrine (extraits) https://revuedissonances.com/sandrine-cuzzucoli/ Sun, 20 Dec 2015 09:54:58 +0000 http://revuedissonances.com/?p=139 DISSONANCES #31 | DÉSORDRES D’après Hans Holbein « Sur des panneaux de chêne la peinture à l’huile recouvre des manches bouffantes des soies de la fourrure différentes sortes de tissus probablement d’odeurs liées à ces tissus des couleurs exubérantes soit mais douces à l’œil sur deux corps plantés là soudés au sol dans le confort d’une amitié…Lire la suite CUZZUCOLI Sandrine (extraits)

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DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
D’après Hans Holbein
« Sur des panneaux de chêne la peinture à l’huile recouvre des manches bouffantes des soies de la fourrure différentes sortes de tissus probablement d’odeurs liées à ces tissus des couleurs exubérantes soit mais douces à l’œil sur deux corps plantés là soudés au sol dans le confort d’une amitié sourde elle aussi soudée à des étagères plusieurs – lourdes d’objets hétéros divers quoi mâles femelles les objets ont un sexe devant un rideau vert flamboyant neuf il n’était pas dit que ces deux ambassadeurs aient l’idée de classer ces objets par ordre alphabétique (et puis quoi encore). Dans la ferveur d’une époque renaissante ravissante on joue du luth de la flûte comme on fait des calculs on regarde les astres sidérés encore sous le choc des découvertes – les ambassadeurs ne se découvrent pas cependant : la barbe austère tel le regard dans nos yeux observateurs amateurs de portraits de personnages doubles oh les coeurs des soldats ! oh les coeurs des religieux ! C’est bien eux ! Paix sur terre pas vraiment l’époque est friable mais on est friands d’objets on est performer avant l’âge d’un siècle trouble on se met devant la caméra un public d’avertis de non avertis et on déballe sa valise on est... »

DISSONANCES #29 | TABOU
Sous le signe de Diane
« je la voyais s’avancer vers moi sa façon de marcher de se faire une tresse en marchant de tenir des fleurs dans l’autre main de s’étendre sur un divan après s’être déshabillée de me regarder lascivement avec derrière elle la fenêtre ouverte et son chien assoupi on était au xvième siècle à venise elle s’appelait venus flora diana artemide elle commandait des bouquins sur amazon. en fait très vite on l’avait poursuivie pistée traquée soit disant l’herboristerie où elle travaillait n’était pas des plus régulières aussi elle chassait des animaux et préparait des onguents. moi qui la regardais nue et qui donc me transformais en cerf un peu plus chaque jour j’étais sans défense sans bois sans voix mais je voyais clair dans son signe de la main soit le v renversé de ses doigts signal de départ d’une… »

DISSONANCES #27 | ORGASMES
Organismes vivants

« Or, faire l’amour. Organismes vivants, individus, or dans les corps, corps organisés, menés par les orgues de barbaries qui chantent, chutent les corps mais tendus, bien tendus les gonades enivrées que nous sommes avant l’eau qui coule, avant, l’eau dort, les os ne sont plus qu’un vieux souvenir. Les points titillés la peau pas tilleul qui parle qui m’entre, j’entrevois une mort, un oubli, un cratère, ça bon ça dure, génuflexion des chevilles, je tire la chevillette, mon cher a de l’or qui tombe, au lit, on ne dort pas, j’ai chaud, tu parles bas, sourd, après on sourit, il faut dire c’est surprenant. Et pourquoi ? Mais on monte vite d’un cran ! plus de têtes, de textes, on fait bloc contre vents et marées, le vide et à la fois on ressent par strates. Ce n’est pas fini, on veut que ça ne soit pas fini, alors si je veux je ne viens pas je reste sur le divan blanc, à te regarder. Faire. T’affairer. Maintenant ce n’est pas drôle, ça n’en finit plus, tricheuse, tripoteur, je pince, corps seul qui pleure. Rapprochement… »

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TAPEH Albane (extraits) https://revuedissonances.com/albane-tapeh/ Sun, 20 Dec 2015 09:46:34 +0000 http://revuedissonances.com/?p=132 DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR ! Posologie du bonheur (cut-up) « Les effets indésirables suivants ont également été rapportés chez des patients traités par PROZAC : Très fréquents (plus d’1 patient sur 10) : insomnies, maux de tête, diarrhée, envie de vomir (nausées), fatigue. Que ce soit à l′intérieur ou à l′extérieur, pour les petits ou pour les grands, de…Lire la suite TAPEH Albane (extraits)

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DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Posologie du bonheur (cut-up)
« Les effets indésirables suivants ont également été rapportés chez des patients traités par PROZAC : Très fréquents (plus d’1 patient sur 10) : insomnies, maux de tête, diarrhée, envie de vomir (nausées), fatigue. Que ce soit à l′intérieur ou à l′extérieur, pour les petits ou pour les grands, de la détente ou de l′action : plus de 60 activités vous attendent à Center Parc. C′est ça qui fait la différence ! Nagez dans l′Aqua Mundo subtropical, inscrivez vos enfants à des activités pour tous les âges, prenez de délicieux repas dans nos restaurants, faites du shopping au Market Dome et essayez une foule d′activités sportives. C′est ça, Center Parc ! Fréquents (entre 1 et 10 patients sur 100) Manque d’appétit, perte de poids, nervosité, anxiété, impatiences, incapacité à se concentrer, sensation de tension, baisse du désir sexuel ou problèmes sexuels (tels que difficultés à conserver une érection suffisante pour une activité sexuelle), troubles du sommeil, rêves inhabituels, fatigue ou somnolence. Offrez-vous une pause dépaysante au cœur d’une jungle tropicale. De nombreux restaurants, bars, boutiques et services sont là pour parfaire votre séjour. Des boutiques de vêtements et de souvenirs ainsi que des restaurants pour tous les goûts. Des animations live pour petits et grands, ainsi que plein d’autres… »

DISSONANCES #29 | TABOU
Ghosts in translation
« Français : Ce peuple [français], qui tombe de plus en plus au niveau des nègres, met sourdement en danger, par l’appui qu’il prête aux Juifs pour atteindre leur but de domination universelle, l’existence de la race blanche en Europe. (Adolf Hitler, Mein Kampf (1924), éd. Nouvelles Editions Latines, 1934, p. 621, traduction Jean Gaudefroy-Demombynes)

Russe  : [Французский] человек, который падает больше негров, тайно положить в опасности, поддержку, придает евреям достичь своей цели мирового господства, существование белой расы в Европе.

Roumain : [Francez] oameni care abandonează mai negri, secret pune în pericol, de sprijin, dă evreilor pentru a atinge obiectivul de dominare a lumii, existența rasei albe din Europa.

Hébreu : אנשים [צרפתים] ששחררו מאיימת, תמיכת הסוד האפלה ביותר, הלבן… »

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GOUGEON Jean-Marc (extraits) https://revuedissonances.com/jean-marc-gougeon/ Sat, 19 Dec 2015 17:58:15 +0000 http://revuedissonances.com/?p=121 DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR ! Que du bonheur quand… « une auto passe à cent à l’heure à cinq centimètres de ta peau et ça te fait du bien de savoir que tu pourras encore vivre ça une autre fois / tu as appris à ta fille de deux ans que patate et pomme de terre sont…Lire la suite GOUGEON Jean-Marc (extraits)

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DISSONANCES #30 | QUE DU BONHEUR !
Que du bonheur quand…
« une auto passe à cent à l’heure
à cinq centimètres de ta peau
et ça te fait du bien
de savoir
que tu pourras encore vivre

ça
une autre fois

/

tu as appris à ta fille de deux ans
que patate et pomme de terre
sont des synonymes
et qu’après en avoir ramassé une… »

DISSONANCES #29 | TABOU
Définition
« Tabou [tabu]. n. m. – pl. taboux [article 8b ter, noms communs se terminant par « -ou », exceptions – correctif de l’arrêté du 27 mai 2015]. Empr. lat. class. subtabula, littéralt ce qui est (caché) sous la table ; dér. de subtabulare, cacher sous la table ; dissimuler, repousser, interdire ; anc. fr. staboule – moy. fr. taboul, puis tabou, 1784, Henriot, pê par croisement avec « tabouret » – à moins que ce soit avec taboulé, mais ça c’est moins sûr, encore que, à vérifier]. Insecte mondialement répandu qu’on reconnaît facilement parce que c’est lui qui se planque sous nos meubles quand on ne veut pas le calculer. Le tabou et la taboue adorent les abris humains à usage domestique : tables, chaises, tabourets, et autres, extérieur comme intérieur, peu leur chaut. C’est là qu’ils se nourrissent de tout ce qui honore le genre humain : trahisons… »

DISSONANCES #28 | AILLEURS
L’ailleurs se vexe 
« L’ailleurs se vexe et se renfrogne si l’importun n’y va pas alors qu’on l’y avait formellement invité.
L’ailleurs retrouve la joie de vivre quand enfin il aide la femme battue à faire ses propres cartons moins bleus.
L’ailleurs suppose qu’on serait mal quelque part au lieu d’être bien là-bas.
L’ailleurs brandit le poing fermé sur fond de drapeau rouge en attendant le grand soir ou juste deux euros de plus.
L’ailleurs prépare des programmes informatiques pour relier les hommes à ce qu’ils ont déjà perdu d’enfance.
L’ailleurs n’a rien à voir avec une chaise vide que l’on déplace sèchement vers du ciel moite.
L’ailleurs regarde juste un peu au-dessus des épaules des jeunes femmes pour voir encore s’il n’est ni trop loin ni trop vieux.
L’ailleurs déteste la déforestation des cerveaux la prolifération des… »

DISSONANCES #27 | ORGASMES
rgsm

« allez savoir le pourquoi de tant de plaisirs
ils les ont tant cherchés en eux-mêmes
jusqu’à ce que la tête se fende
d’une quête primale
entre les jambes
/
en bordure des plaisirs planifiés
palpite la peau dès que le cri arrive
à monter si haut qu’il ne reste plus
que des lambeaux qui tombent
sur les yeux gourds
/
tout finit par tomber de leurs bouches le mégot
de leurs mains le canon de leurs yeux la crainte
du non-plaisir de leurs gorges un cri
qui finalement poncera le… »

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CLARO | Madman Bovary  https://revuedissonances.com/claro-madman-bovary/ Sun, 18 Oct 2015 17:00:11 +0000 http://revuedissonances.com/?p=3101 Regards croisés sur Madman Bovary de CLARO DISSONANCES #20 Jean-Marc FLAPP  : Vous avez dit Mad man ? Estée s’en est allée et son amant largué choit vertigineusement dans le manque absolu, souvenirs et phantasmes lui pilonnant la tête, le vrillant, le vidant, et il en crèverait… sans Madame Bovary, bouée providentielle qu’il saisit au hasard dans sa bibliothèque, nouvelle…Lire la suite CLARO | Madman Bovary 

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Regards croisés sur Madman Bovary de CLARO
DISSONANCES #20

Jean-Marc FLAPP  :
Vous avez dit Mad man ?
Estée s’en est allée et son amant largué choit vertigineusement dans le manque absolu, souvenirs et phantasmes lui pilonnant la tête, le vrillant, le vidant, et il en crèverait… sans Madame Bovary, bouée providentielle qu’il saisit au hasard dans sa bibliothèque, nouvelle dimension (diversion, rédemption) qui l’aspire et on y est : « c’est l’entrée en matière de » Madman Bovary, et ces premières pages sont d’une grande urgence et de toute beauté : « Le souvenir ! le souvenir ! La branche casse, enfin. Je n’ai même pas le temps d’en recueillir la sève et de la porter à mes lèvres se sont refermées sur le nom d’Estée m’a quitté. » La suite est la plongée épique et déjantée (le trip halluciné, descentes et montées s’enchaînant effrénées) de l’amant éconduit dans le roman qu’il lit (cite, revisite, récrit), dans la vie de Flaubert (qu’il rencontre sous terre dans une scène digne du Morwyn de Powys), dans le reste de l’œuvre (douce Félicité traversant ce chaos en toute simplicité), dans l’ici-là de visions éclatant au contact de la littérature et de la réalité. Tout cela techniquement rien moins qu’époustouflant, la mise en place parfaite (de la moindre virgule au texte tout entier) prouvant un vrai métier… et c’est cela sans doute qui fait que ce roman pourtant très étonnant ne m’a pas au final autant bouleversé que ses premières pages me l’ont fait espérer. Trop virtuose et savant, trop sûr de ses effets pour ne pas, selon moi, quelque peu simuler  : pas si fou que ça, le madman

Côme FREDAIGUE :
Pathologie de la lecture
On connaissait le syndrome de Stendhal, cet état de folie, de confusion mentale provoqué par la contemplation d’une oeuvre d’art, Claro invente un syndrome de Flaubert avec un récit qui nous entraîne dans une plongée vertigineuse au cœur de l’univers flaubertien. Madman Bovary raconte une lecture à laquelle s’abandonne un amant délaissé pour se guérir d’une passion. Cure ou pathologie ? C’est du statut même du lecteur dont il est question dans ce livre. L’héroïne de Flaubert, victime de l’illusion mimétique, voulait faire de sa vie un roman, le madman Bovary prolonge l’expérience en faisant du roman le réceptacle de sa propre existence. Mais à la différence d’Emma, ce narrateur fou ne bovaryse pas. Rien de romanesque en effet dans cette oeuvre déroutante où le protagoniste s’identifie moins aux héros de Flaubert qu’il ne les parasite, les transforme en avatars de sa propre pathologie : le texte de Flaubert est vampirisé, son encre coule dans la prose de Claro qui s’en abreuve pour construire son propre univers, singulièrement, magistralement : « mais me voilà inscrit dans Madame Bovary, dans son implacable registre, et qui plus est doté d’un statut étrange, puisque ni personnage – c’eût été plaisant – ni décor – nulle transmigration – mais mouvement même de la lecture. » C’est un exercice de perversion virtuose qui, s’il sollicite une participation active du lecteur, affirme avec force son pouvoir créateur, un livre qui délivre, une invitation à devenir les auteurs de nos lectures.

David CHARIVARI :
Flaubert dégoupillé
À la suite d’une rupture amoureuse fortement symbolique, un narrateur se glisse dans le texte de Flaubert, comme dans un lit. Commence un chassé-croisé jouissif entre la norme et l’écart, l’amour et le deuil. À la suite d’une rupture amoureuse fortement symbolique, un narrateur se glisse dans le texte de Flaubert, comme dans un lit. Commence un chassé-croisé jouissif entre la norme et l’écart, l’amour et le deuil.  Intrigue, personnages, chronologie, linéarité rassurante du roman volent en éclats. Impossible pour l’œuvre d’accéder à la modernité sans rompre avec les normes qui conditionnent son émergence. Roman cherche Duchamp.  Le romanesque se transforme sous les doigts de Claro en espace allusif, saturé de références, de télescopages textuels, brouillard de mots propice aux fantasmagories d’un narrateur auteur lecteur qui travaille la matérialité du livre flaubertien afin d’en montrer le réalisme factice et revenir au réel du texte – le seul tangible.   La spatialité se réorganise à la surface de la page en jeux typographiques et sémantiques, en décalages entre le signifié présent et son référent inaccessible. La temporalité épouse le rythme de la phrase et l’arbitraire des découpages en paragraphes, parties, chapitres. « Je suis le temps des pages tournées de Madame Bovary. Leur maudit tam-tam » (p. 27).  Le roman devient poésie, textualité pure, écran de projection d’un imaginaire parcouru de sensations, d’images, d’une présence narrative fantomatique et – même – de bouts d’histoire (l’étrange père au sexe raide de la page 56). Enfin les « cheveux poussent à l’envers » (p.43).  Dieu n’est pas un artiste. Claro si.

Ariane MOLKHOU :
Échoir : se conjugue avec être
C’est à se demander s’il est mort. Je n’en peux plus. Que voit-il ? Rien, et après ? Toujours rien, alors quoi ? Alors, un livre par lequel tu te sauverais parce que, désormais, ici-là a le goût du dernier baiser d’amour. Un homme se cherche en tous les personnages : ouate, ventouse, infusions, cachets, essences, Charles, Emma, Homais. Il sera le pharmacien, c’est plus sûr. C’est à se demander s’il est mort. Je n’en peux plus. Que voit-il ? Rien, et après ? Toujours rien, alors quoi ? Alors, un livre par lequel tu te sauverais parce que, désormais, ici-là a le goût du dernier baiser d’amour. Un homme se cherche en tous les personnages : ouate, ventouse, infusions, cachets, essences, Charles, Emma, Homais. Il sera le pharmacien, c’est plus sûr.  Si seulement ce n’était qu’une fièvre, c’est une impossibilité de survivre. L’oublier ? Etre un personnage de roman c’est ne pas pouvoir oublier, c’est être condamné à s’oublier soi-même. S’en prendre à l’agonie de sa phrase, bovaryser lentement ses racines, charpie, cautère, pinces, bistouris, oui tu as dit le cœur, tu as dit codéine, chloral, magnésie : les pages se tournent à mesure qu’un homme se détourne de l’intérieur. Combien de temps pour cesser d’aimer ? Jamais, je ne cesserai d’aimer ! la vie ! la vie ! l’entonnoir enfoncé dans la gorge, la vie ! la vie ! Une phrase comme on partirait à la guerre, aloès, sulfate de quinine, une sorte de phrase hurlant la douleur ou la mort, peut-être la mort de la douleur.  Avale Madman Bovary comme tu avalerais avant l’aube un puissant argentier de céramiques possiblement vivantes. Lis ce livre en haute mer suspendu dans l’enfer d’un mât pulvérisé, insiste, cogne, érafle sans quoi tu passerais à côté. La phrase de Claro tourne à la vitesse dont on voit le jour traverser la peau et l’espoir où je pense. ça gicle le crépuscule,

éd. Verticales, 2008
208 pages
17 euros

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DISSONANCES #28 AILLEURS https://revuedissonances.com/7-2/ Wed, 30 Sep 2015 12:01:51 +0000 http://revuedissonances.com/?p=7 avril 2015 / 48 pages / 5 euros mise en images : Laurent NICOLAS – ÉDITO : HORS DE PORTÉE Ailleurs est beaucoup plus que là où je ne suis pas : mon ici est ailleurs pour tout ce qui n’est pas moi et là (selon que c’est le désir ou la peur qui m’inspire) l’herbe serait plus verte, ou m’attend le danger. Ailleurs…Lire la suite DISSONANCES #28 AILLEURS

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Couverture Dissonances #28

avril 2015 / 48 pages / 5 euros
mise en images : 
Laurent NICOLAS

ÉDITO : HORS DE PORTÉE

Ailleurs est beaucoup plus que là où je ne suis pas : mon ici est ailleurs pour tout ce qui n’est pas moi et (selon que c’est le désir ou la peur qui m’inspire) l’herbe serait plus verte, ou m’attend le danger. Ailleurs est subjectif, contrariant, compliqué : c’est l’hors de moi total mais juste dans ma tête, c’est où je ne peux être (forcément) qu’en pensée et où je me projette sans jamais m’y retrouver, ce qui ne s’atteint pas parce que c’est par essence, quoi qu’on fasse, à distance : c’est là mais on ne touche pas. Ailleurs : hors de portée… Cela n’empêchait pas (nous sommes ainsi faits) d’y aller tout de même (et, comme on le verra, pas seulement en pensée) pour en ramener des mots (comme autant de souvenirs) pas pour le circonscrire (ce serait vanité) mais pour ouvrir des portes par lesquelles sortir et faire l’expérience (sans cesse renouvelée) de l’extase poétique : être un temps – celui de lire – en soi et hors de soi.
Ailleurs donc…
On y va ?

Jean-Marc FLAPP

DOSSIER « CRÉATION » : AILLEURS

Justine ARNAL :  L’hôtesse de l’air
« Depuis que je suis hôtesse de l’air je l’ai bien compris / Ce que c’est, la vie, quand ailleurs ne signifie plus rien / Après avoir mangé ailleurs dormi ailleurs été malade ailleurs d’avoir trop bu et trop couché … »

Christophe BARANGER : Traces
« Il y a de l’eau, de l’eau, et ça c’est vrai, et dans ta tête tu boucles, tu boucles, et tu ne fais que boucler sinon il y a du vide, du vide, et ça c’est vrai, mais l’eau, l’eau c’est la seule chose de vrai, que tu boucles, tu… »

Samantha BARENDSON : Varadero
« Segmentation vacancière. À gauche les pauvres, les Cubains, avec dix kilomètres de plages paradisiaques, sable blanc et fin, mer bleue translucide, quelques baraques de roche et paille, des palmiers, des… »

Guillaume BASQUIN : (L)Ivre de papier
« les lettres s’appellent se divisent se multiplient coulent c’est en lisant à voix haute qu’aux tout premiers siècles de notre ère on pénétrait le sens de textes dépourvus eux aussi de ponctuation et même… »

Catherine BÉDARIDA : En partance 
« partir passer par les ailleurs toujours aller respirer ample traverser / le ruban gris d’une route infinie perçant un plateau d’altitude entre des massifs de montagnes mordorées horizon / spacieux sur lequel… »

Anne de BERGH : Apesanteur
« Depuis des jours, nous cheminions, curieux, acharnés ou distraits, abandonnant à chaque aurore l’abri calfeutré des tentes endormies et la tiédeur accumulée au long d’une nuit bienveillante au creux de nos… »

Émeline CHANU : Digression
« Être ailleurs. la tête à autre chose. choses dans la tête. à l’ouest dans les limbes très loin oui très loin on dit dans la lune on dit perdu dans les nuages aux abonnés absents. / Dans le vague. ce terrain familier… »

François CRAITIN : L’automne à Brooklyn
« Je pense à tout ce que les télécommunications ont fait de bien et de mal / à mes relations / Je pense à toutes les fois où je me suis dit « mais non, non, / ça ne peut pas finir là à cause d’une panne de… »

Clément DESPAS : En-deçà
« tu as planté tes griffes, tout ton corps s’est plaqué, tes yeux se sont ouverts sur quelque part très loin (bien au-delà de moi) dont la vision soudaine les a illuminés, ta bouche a fait un oh qui est resté… »

Christophe ESNAULT : Kerouac go home
« Je ne traverserai pas la rue, je m’y refuse. Des jeunes pourraient mettre des drogues dans mon Yop. Je n’y tiens pas. Nul besoin de vérifier que je suis bien du bon côté. Cela fait suffisamment longtemps que je suis… »

Alexis FICHET : Hamlet à Tokyo
« Samedi 24 janvier. Arrivé fatigué, mais aucun problème dans les zones de jonction. Je crains un séjour éprouvant. Nous avons fait dans l’avion le bilan des représentations françaises avec Jean-Christophe. Il faut… »

Aurélia GANTIER : Déracinée
« La dernière image, ce sont des mouchoirs rouges et blancs, qui tournaient au dessus de leur tête comme des hélices. Toutes les couleurs s’envolaient vers le ciel, comme des cerfs-volants, et c’était… »

Jean-Marc GOUGEON : L’ailleurs se vexe
« L’ailleurs se vexe et se renfrogne si l’importun n’y va pas alors qu’on l’y avait formellement invité. / L’ailleurs retrouve la joie de vivre quand enfin il aide la femme battue à faire ses propres cartons moins… »

JuDi : Journal de Quelque Part
« 20 octobre. Premier jour en CAP cuisine. J’ai fait des crêpes hier soir. Trop pour moi toute seule. Frappé chez la voisine vers 8 heures, il faisait pas bien jour encore. Elle a entrebâillé sa porte juste assez pour… »

Danielle LAMBERT : Ce qui existe
« I / Quelquefois c’est là, voile de mémoire danse, scintille, appelle, effleure. Une joie ancienne, comme une idée de joie s’éparpille. Au-dessus des cadeaux, zébrées de feuilles de gel, les vitres… »

Nicolas LE GOLVAN : Béranasi
« C’était le premier jour à Vârânasî, ce Bénarès éveillé, pour quelques heures encore Bénarès. Il n’était que dix heures et nous prenions acte de la chaleur assommante comme un gage attendu au jeu du… »

Sarah MÉRAND : Après le dégoût
« Maintenant que je suis mort, je vois tout. Alors je te regarde. J’ai été là pour te voir grandir avec l’envie profonde, presque originelle, d’être ailleurs. J’ai été le seul témoin de ton monde froid, vide… »

Thomas POURCHAYRE : Pile & Face
« Pile / Ailleurs l’herbe est plus verte. Les moutons sont noirs façon limousines, il pleut moins et ils votent mieux façon responsables. Quelle paix propreté aussi. Quelle ingéniosité et pourtant quelle… »

Annie ROLLAND : Au point de n’avoir plus d’âge
« J’ai grandi dans la certitude que je tenais le monde dans mes mains en scrutant les cartes que les géographes avaient dessinées. Je devais peut-être cette conviction à mon père qui, par ses longs voyages, me… »

Jacques VINCENT : Littérature de gares 
« Elle me dit en plaisantant : tu as peur de te sédentariser et je rêvai que je partais en voyage en laissant ma demeure à ciel ouvert. / L’eau des larmes recueillies avec patience se renverse sur un quai. Un haut… »

PORTFOLIO : Laurent NICOLAS

07 nb

« Je me souviens avoir volé la silhouette d’une fille sur la plage, un dimanche au Lagon. Elle est venue parler longuement, comme si le fait de dessiner son ombre sur ce monde se devait de porter aussi son histoire. Une vie en tropique, sur une île que d’aucuns imaginent… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un(e) auteur(e) connu(e))  :
Antoine EMAZ
« Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ? Pour les poèmes, plutôt « contre », « dans », « malgré ». Pour la critique, ce serait plutôt « pour », « hors » »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
Poupée, anale nationale (Alina REYES)
« Poupée est l’épouse de Primus, le chef d’un parti d’extrême-droite, le Tronc. Rêvant d’être cheftaine « enpolitic » à la place de « Monmari », elle refuse de se plier à ses ordres matrimoniaux. Il est hors de… »

DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture)  :
Xavier CARRAR : Erreur 404 – éd. Lansman, 2014
A. CHOPLIN / H. MINGARELLI : L’Incendie – éd. La Fosse aux Ours, 2015
Sophie DIVRY  : La Condition pavillonnaire – éd. Noir sur Blanc, 2014
François ESPERET  : Gagneuses
– éd. Le Temps des Cerises, 2014
Daniel LABEDAN : Central Cosmos
– éd. La Dragonne, 2009
MOREAU  : Idiots nos héros
– éd. Théâtre ouvert, 2013
Pascaline MOURIER-CASILE : Paula toute seule – éd. Maurice Nadeau, 2014
Boris WOLOWIEC : Nuages – éd. Le Cadran ligné, 2014

DISGRESSION (carte blanche sur un domaine autre que la littérature)
Anne MONTEIL-BAUER : Là où nos pas nous mènent (II) : Art brut, art policé
« Je suis allée vous voir, Judith Scott. / Au Brooklyn Museum, au quatrième étage. / J’ai recouvert mon corps de pull-overs à cause du froid du mois de février, la tête prise dans les filaments du… »

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AZAREL Jean | Marche lente https://revuedissonances.com/azarel-jean-marche-lente/ Wed, 28 Jan 2015 17:05:10 +0000 http://revuedissonances.com/?p=1720 Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Marche lente de Jean AZAREL DISSONANCES #22 Chant d’amour, Marche lente nous dit toute une vie qui est celle de l’aimée de celui qui écrit : elle est la petite fille batifolant céleste à ras de champs de blé et, soudain mise face à la violence des hommes, elle est interloquée ; et puis, le temps passant inéluctablement,…Lire la suite AZAREL Jean | Marche lente

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Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Marche lente de Jean AZAREL
DISSONANCES #22

marche lente

Chant d’amour, Marche lente nous dit toute une vie qui est celle de l’aimée de celui qui écrit : elle est la petite fille batifolant céleste à ras de champs de blé et, soudain mise face à la violence des hommes, elle est interloquée ; et puis, le temps passant inéluctablement, elle est la jeune femme en recherche de sens, l’épouse, la mère, l’amante, et la compagne enfin ; elle avance, mûrit, un jour elle sera vieille mais elle reste la même que celle dans les blés qui est forte et fragile et se fait des histoires et vit dans ses magies. Elle est cette magie qui envoûte Azarel qui, par petites touches, la fait entrer en nous, et chacun des courts textes qui composent cette ode est une déclaration d’une délicatesse et d’une intensité qui ont cette magie qui fait sa poésie imprégnée des beautés, des folies, des saisons, des peines et des joies et des mélancolies d’un monde où il arrive, et c’est comme un miracle – et c’est le cas ici – que « le chagrin des jours cède à l’émoi de la naissance du présent ». On ne s’étonne donc pas qu’apparaissent ça et là Luc Dietrich, Jack Kerouac ou John Cowper Powys, lents marcheurs eux aussi : juste on se joint à eux. Et on en est heureux.

éd. Samizdat, 2011
72 pages
15 euros

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DISSONANCES #25 LA PEAU https://revuedissonances.com/dissonances-25-la-peau/ Tue, 01 Oct 2013 14:22:29 +0000 http://revuedissonances.com/?p=222 octobre 2013 / 40 pages / 4 euros mise en images : Gisèle BONIN – ÉDITO : FRACTURE OUVERTE On peut mentir à sa femme ou abuser ses collègues, on peut disparaître sous la douche ou sous les manches longues, rien à faire : la peau n’oublie pas, la peau raconte, la peau ne peut pas fermer sa gueule. Elle contient et absorbe…Lire la suite DISSONANCES #25 LA PEAU

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couv 25 web

octobre 2013 / 40 pages / 4 euros
mise en images : Gisèle BONIN

ÉDITO : FRACTURE OUVERTE

On peut mentir à sa femme ou abuser ses collègues, on peut disparaître sous la douche ou sous les manches longues, rien à faire : la peau n’oublie pas, la peau raconte, la peau ne peut pas fermer sa gueule. Elle contient et absorbe l’inexplicable, on y surprend nos intimités restées inscrites dans la matière. C’est une séance de peeling à 150 euros bâclée pendant un week-end prolongé, et dont on ne dira pas la déception. C’est la marque honteuse d’un bracelet d’hôtel-club ou celle, javellisée, qui trahit les heures de plonge non déclarées à l’arrière d’un resto de banlieue. C’est aussi tout ce à quoi on ressemble, et qui compose la limite entre le soi et le non-soi. Qu’est-ce que la littérature, après tout, sinon l’épiderme plus ou moins opaque, plus ou moins accidenté derrière lequel on se retranche, par lequel on se soustrait au monde ou, au contraire, qu’on arrache pour enfin hurler nos entrailles ? Le 25e numéro de Dissonances réunit 21 textes qui dépassent la surface vaine des mots pour explorer les limites de ce périmètre dont on ne ressort pas. Le papier que vous tenez entre les mains vieillira, s’abîmera, se froissera peut-être, mais il continuera de raconter nos profondeurs comme une cicatrice ancienne et qui démange encore, longtemps après la disparition du visible.

Alban LÉCUYER

DOSSIER « CRÉATION » : LA PEAU 

Jean-Louis BERGÈRE : Ta peau
« ta peau ta peau ta peau mais arrête un peu avec ça qu’est que tu crois à la fin c’est foutu plié vendu tu la sauveras pas ta peau c’est trop tard depuis le début déjà c’est trop tard t’auras beau t’échiner devant la… »

Stéphane BERNARD : Dans le bain
« le renoncement à l’hygiène est un des symptômes. / la crasse isole, met une distance de plus entre soi / et le reste du monde. / les mues s’agrègent, le futur pourrit sur pied. / c’est à ça que je pense, ici, dans… »

Julien BOUTONNIER : 49 pores
« « Il paraît par cette description, dit notre Anatomiste, que la peau ne saurait être regardée comme une partie similaire ; il n’y en a même aucune dans nos corps, hors qu’on ne voulût appeler ainsi la… »

Lily D. BROOKS : Ce qu’il y a de plus profond
« Il y a cette phrase : La peau est ce qu’il y a de plus profond. Et des images, quelques images – j’ignore s’il s’agit de souvenirs ou de projections. J’ai eu à plusieurs reprises l’ombre d’un soupçon. Une… »

Xavier CARRAR : Douche froide
« Ton corps. / Nu. / Au fond d’un bac à douche. / Ton corps nu recroquevillé au fond d’un bac à douche. / Blanc. / Impeccable. / Ta peau nue. / Tabassée. / Au fond du bac à douche d’une petite maison… »

Jacques COLY : Photographies désinvoltes
« Ötzi, « l’homme des glaces », dont la peau était incisée de traits et de croix. Anciens Égyptiens tatoués de la croix ansée, emblème de la vie et du coït. Prêtres Aztèques qui se perçaient la langue pour… »

Lionel FONDEVILLE : Peaux des naissances
« L’embryon vient par feuilles. D’abord deux : peau et système nerveux / cœur et viscères. Puis s’intercale une troisième feuille : squelette et muscles. Feuilleté, le corps porte jusqu’au bout ce geste pâtissier cent… »

Muriel FRIBOULET : Consolation à Mme D
« Sans lever les yeux elle dit : vous êtes jeune et vigoureuse, Ina. C’est enviable, si vous saviez comme c’est enviable. J’ai pensé encore un de ces maux échappés du vase descellé par la Pandora, la fonction de… »

Romain FUSTIER : Relevé d’elle
« aimes-tu mon corps sous l’orage elle te demande la fenêtre ouverte sur le bruit des premières gouttes qui cliquettent en bas sur la terrasse / elle est exquise ainsi menaçant à tout moment d’éclater les… »

Isabelle GUILLOTEAU : Sauver sa peau
« Depuis quand suis-je ainsi retranchée du monde, affamée, humiliée ? Il y a quelques jours encore, ma mère et mes sœurs tenaient le décompte des journées interminables à assembler des pièces au fond des… »

Françoise JOHNEN : Divergence
« On pense
aux lambeaux de peau blanche
des bouleaux… »

Frédéric LE MOIGNE : Rêve2 (être tatoué)
« Col de la faucille / j’ai erré / regardant par la fenêtre / neiger / de beaux / bouquetins / parfumés / la peau piquetée de rose / Une carte postale pour le prof., dans la vallée / – celui-là, ce n’est pas un stylo qui… »

Karl MENGEL : Un type marquant
« Il a mal au dos. La minette le regarde avec des yeux de merlan frit. Pas besoin de lever la tête de l’aiguille, il sent la fixité dans la hanche, la raideur de la cuisse qui trahit la proie vraiment bête aux… »

Anne MONTEIL-BAUER : Peau [po] n.f. (desquamation du sens)
« Le sac qui maintient mes os tous ensemble / L’endroit où commence la différence entre toi et moi / La terre sur laquelle s’affichent mes chemins / L’étoffe qui plisse un peu plus chaque matin / Le voile qui… »

Derek MUNN : Un texte mal dans sa peau
« La peau. Tout. Rien. En parler, inventer quelque chose. J’avais une idée. Ça commençait : Mon pauvre, un Land Rover s’enliserait dans tes plis. C’est une femme qui parle. Elle parle en faisant son repassage. Elle… « 

Carine PERALS-PUJOL : Tendre écorchée
« tu reposes tandis que j’entame le lent parcours de corps ton corps avec l’instrument léger la lame tranchante et aiguisée du scalpel corps ton corps figé dans son sommeil maintenant profond de plus en plus… »

Jean-Marc THÉVENIN : La peau rousse
« Pour planer les falots laiteuse peau des rousses / Et farder les scansions / La physique des corps dans le savon qui mousse / Pour une sédation. / Et la peau du crapaud de la peau qu’on retrousse / De la… »

Yannick TORLINI : Ici
« ici, nous travaillons l’oubli comme une terre. nous creusons avec nos corps, la roche, la glaise, la racine, l’improbable devenir de. nous creusons la langue, nous creusons, et la guerre creuse notre peau à… »

Élodie VALETTE : De l’autre côté
« La peau ils pensent entaille ils pensent coupure ils pensent que ça s’est déchiré que ça se déchire que ça se déchirera que ça pourrit que ça pourrira quand la peau sous le sol quand la peau dans la terre où plus… »

Jacques VINCENT : Humeurs
« Déboutonnons nos idéaux déshydratés et frottons nos gibouilles, aimons-nous dans la boue comme des hippopotames, léchons-nous lentement comme deux escargots, deux limaçons en rut qui… »

Astrid WALISZEK : Une broderie
« Ma peau répète tes mains, tes mots. Que ça. C’est rien, ou presque rien. C’est juste de l’écriture. Même pas – c’est juste de l’écriture dans la tête, avant de tracer les mots sur la feuille. La feuille, ma peau, un peu… »

PORTFOLIO : Gisèle BONIN

p 4 - nb

« Les productions graphique et picturale de Gisèle BONIN déclinent l’une comme l’autre avec conviction une démarche de plasticienne aussi sensible et méthodique que conceptuelle et prospective en art. […] L’image du corps l’inspire, du corps tel qu’il est de l’extérieur, à… »

RUBRIQUES « CRITIQUE »

DISSECTION (21 questions à un(e) auteur(e) connu(e))  :
CLARO
« Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ? – J’écris contre, tout contre, contre la langue et tout contre la langue. C’est un tango satanique, et la piste… »

DISJONCTION (4 regards croisés sur une oeuvre remarquable)  :
La Peau et les os
(Georges HYVERNAUD)
« «  Picolo te reconnaît bien, tu sais, m’a dit Tante Julia. Picolo, c’est le chien. Baveux, chassieux, ignoble, il tremblote sur un coussin. » : dès les premières lignes de La Peau et les os, Hyvernaud dégaine et… »

DISSIDENCES (6 coups-de-cœur de lecture)  :
Rodolphe AUTÉ : Bienvenu au bord – éd. P, 2011
Arthur LARRUE : Partir en guerre – éd. Allia, 2013
Perrine LE QUERREC : Le Plancher – éd. Les doigts dans la prose, 2013
Morgane MERTEUIL : Libérez le féminisme ! – éd. L’Éditeur, 2012
Philippe RAHMY : Mouvement par la fin – éd. Cheyne, 2005
J.-L. RAMBOUR
(encres : P. TRÉFOIS) : La vie crue – éd. Corps Puce, 2011

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