ESPERET François | Gagneuses

Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Gagneuses de François ESPERET
DISSONANCES #28

gagneuses

« L’objet est beau, très. Sur la couv, Femme qui tire son bas, mon œuvre préférée de Toulouse-Lautrec. Le livre est d’un format plus large et plus haut que ce que l’on trouve habituellement en librairie et il est joliment cousu. Je lis une dizaine de vers très convaincants et file vers la caisse sans avoir percuté qu’Esperet est aussi l’auteur de Larrons, que l’on m’a plusieurs fois chaudement recommandé. Dans la préface, Christophe Mercier évoque un roman-poème. C’est bien de cela qu’il s’agit : une succession de vers libres qui racontent une histoire. Une plongée dans un univers et dans une écriture rarement jetés en pâture aux lecteurs compulsifs avides qu’il se passe enfin quelque chose dans une littérature contemporaine certes foisonnante mais souvent anorgasmique. Trois chapitres : 1/ Six années avec Franck (souteneur est un beau métier), 2 / Six putes qui n’ont pas obtenu un DEA de psycho mais qui en savent davantage que quiconque sur la question des noisettes, 3 / Les condés bandent (enfin !) pour le not very happy end. Crime organisé. Spectres de Villon, Aragon, Piaf… La littérature populaire charge le barillet et Esperet (ancien gendarme si on en croit sa bio) mitraille sa rythmique. C’est Chicago à Moissy-Cramayel. Bandits, caïds, embrouilles, trafics en tout genre, favorites, les dessous des passes comme si vous y étiez, et en cinémascope espertien : « Les soldes à dix euros la pipe avalée vingt vaginal anal à trente et cinquante à nos risques et périls / Les risques envoie ton sida si tu prends ton pied à m’empoisonner ça paiera ma dose ». »

éd. Le Temps des Cerises, 2014
102 pages
10 €