DIOP Boubacar Boris | Murambi, le livre des ossements

Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Murambi, le livre des ossements de Boubacar Boris DIOP
DISSONANCES #21

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Rwanda 1994 : l’avion du président hutu Habyarimana est abattu en vol et s’ensuivent cent jours d’hystérie collective où un million de tutsis sont atrocement tués au cours du génocide de loin le plus rapide et le plus efficace (10 000 morts par jour) de toute l’Histoire de l’Humanité. Rwanda 1998 : invité avec une dizaine d’autres écrivains africains à venir sur les lieux prendre la mesure et témoigner de ce qui s’est passé, Boubacar Boris Diop subit « le choc et l’effarement » puis rédige Murambi, roman choral vibrant faisant se succéder les voix de personnages et ex-protagonistes disant leurs points de vue (avant-pendant-après / tutsi-hutu-français) sur les événements. Retenue, dure, nue, l’œuvre est impressionnante. La postface publiée dans la réédition qu’en refait là Zulma, réflexion magistrale sur sa genèse, son sens (et donc sur le rapport littérature-réel quand ce dernier s’égare à ce point dans l’horreur), cri de colère soudain qui dénonce et accuse (la France et nous français), humble et brillante, vraie, la prolonge hautement : ce « livre des ossements » est rien moins qu’important.

éd. Zulma, 2011
270 pages
18 euros