CONZALEZ Matthieu (extraits)

DISSONANCES #23 | SUPERSTAR
La mort comme imprésario

« 20 Août 1885. Dorpat. Estonie. Le regard d’Ernst Hartwig se métamorphose soudainement. Ses pupilles se rétractent et son visage prend un air très sérieux. Son pouce et son index droits, qui depuis quelques minutes se baladaient frénétiquement dans les replis de sa moustache, se sont tout à coup arrêtés, comme stoppés en plein élan. C’est une soirée d’été tout ce qu’il y a de plus douce. L’air à l’extérieur véhicule une légère brise. Pas de quoi remuer les arbres. Quelque chose d’enveloppant, de cotonneux. La fenêtre est entrouverte et cette agréable fraîcheur estivale s’enroule autour de son visage, se balade entre ses cheveux coupés court et redescend le long de sa nuque. La sensation en résultant devrait être apaisante. Au lieu de cela, un frisson d’électricité lui parcourt toute la colonne vertébrale. Il n’y a pas un nuage. On voit clairement, depuis l’oeil du télescope, cette clarté plus puissante que les autres. Cette intense et nouvelle tâche de lumière dans un ciel déjà cartographié, c’est SN 1885A, morte il y a plusieurs milliers d’années dans l’immensité de la spirale d’Andromède. Son image ne nous est parvenue qu’aujourd’hui, le temps de traverser l’espace pour imprimer dans le… »