BENITAH Rachel (extraits)

DISSONANCES #32 | DISGRESSION
Maguy Marin l’insoumise
« Qu’est-ce qu’on retient d’un spectacle de danse ?

J’ai été récemment invitée par une revue genevoise à me remémorer des scènes marquantes de spectacles de danse en lien avec la sexualité. Loin de moi l’intention de répondre ici à la vaste question de la représentation sur scène de la sexualité (ce qui en ressort le plus souvent pour le spectateur est plus sensuel ou sensoriel que véritablement sexuel, puis de nombreux ouvrages proposent à ce niveau des analyses passionnantes – pour en citer un : celui de Roland Huesca, La danse des orifices). Cela dit, dans mes souvenirs, je faisais référence à la pièce emblématique Quando l’uomo principale è una donna de l’artiste flamand Jan Fabre. C’est un solo que le chorégraphe a créé pour la sublime danseuse Lisbeth Gruwez : nous sommes en 2004, la jeune femme danse sous un plafond de bouteilles d’huile d’olive, lesquelles vont couler tout d’abord goutte à goutte, puis à flots ; au bout de diverses métamorphoses, Lisbeth Gruwez finit nue dans un bain d’huile, le corps luisant, glissant au sol, produisant une danse extatique, animale, sensuelle. Une pièce magistrale pour une interprète hors du commun qui de1puis est devenue chorégraphe et crée des pièces extrêmement intéressantes.

Mais là j’ai envie de revenir sur mon premier souvenir marquant de spectatrice, et par là-même de rendre hommage à une des chorégraphes les plus remarquables de notre époque : Maguy Marin. Pourquoi elle ? Tout simplement parce que je l’aime : son œuvre… »