BÉROT Violaine | Tombée des nues

Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Tombée des nues de Violaine BÉROT
DISSONANCES #34

Tout d’abord il y a le jeu littéraire, éternelle gourmandise pour les amateurs du genre. À la manière de Marelle de Julio Cortázar, Tombée des nues peut se lire soit de manière linéaire, soit en suivant l’ordre des chapitres indiqué par l’auteure. Deux manières pour le lecteur de pénétrer dans le chaos qui s’empare d’un village de montagne en ce matin de février. Car Marion, la petite Marion, Marionouchette vient d’accoucher dans sa baignoire d’un bébé que personne n’a vu venir, et surtout pas elle. « Même cette date du 29 février est étrange vous ne trouvez pas, un jour qui n’existera plus pendant quatre ans, on voudrait gommer les traces on ne ferait pas mieux, ça se passe donc cette nuit du 28 au 29 et nous on ne se doute de rien, comment voulez-vous que nous puissions nous douter d’une horreur pareille ». Passé le choc et l’incompréhension initiale, tout le village se met en branle pour essayer d’aider. Amis, voisins, sage-femme, chacun à sa manière tente d’apporter sa petite pierre à la reconstruction et de faire sortir la jeune femme de son état de sidération. « On aurait dit une bête qu’a plus le courage de se battre, et quand ça t’arrive, une que t’es pas d’accord pour te la laisser mourir, tu la secoues, tu la bouscules, tu te la frictionnes de partout pour faire circuler le sang, tu veux que la vie lui revienne dans le corps ». Au fil des voix alternées et saccadées que le lecteur apprend rapidement à reconnaître, le récit se met en place de manière dense et subtile. Une belle histoire de résilience individuelle et collective.

éd. Buchet/Chastel, 2018
161 pages
13 €